And you are ?

Aemond & Barty

Tout au long de sa vie, s'il y a une chose qu'il a comprise, c'est qu'il regrette souvent les décisions prises dans la précipitation. Sa rencontre avec Peter était un résumé de tout ce qu’il faisait mal, l’idée de retrouver Voldemort lui avait fait oublier toutes les questions essentielles qu’il aurait dû lui poser. Pourtant, il aime croire qu’il n’est pas aussi con que ça. Il peut former un plan complexe et s’y tenir durant une année complète ; se montrer patient, même si ce n'est pas sa plus grande qualité, tant qu’il est certain que le jeu en vaut la chandelle… Mais quand une idée submerge son esprit, il finit inévitablement par faire une fixette dessus et foncer tête baissée sans penser aux conséquences. Évidemment, il les assume toujours, du moins comme il le peut. C’est précisément ce qu’il compte faire : assumer les conséquences et remédier à son erreur, dès ce soir qui plus est. En quelque sorte, il reconnaît qu’il manque à sa parole en cherchant à recontacter Peter aussitôt, mais l’idée de trahir la promesse faite à un traître lui semble moins grave.

Heureusement, il n'est pas aussi impulsif que ça. Pour garder sa trace, pour cette raison et aucune autre, il a attendu près du lieu de travail du blond après leur rencontre et l’a suivi jusqu’à chez lui. Histoire de savoir où le trouver en cas de besoin, ce qui implique évidemment qu'il n'avait jamais eu l'intention de respecter leur promesse. Non pas qu'il éprouve des remords, car avant de lui devoir quoi que ce soit, il est loyal envers Voldemort et est persuadé que ce dernier cherchera à le retrouver dès qu'il aura connaissance de sa déloyauté. Ainsi, le mangemort s'assure qu'il pourra le lui présenter sur un plateau d'argent. Barty a été surpris de le voir prendre la route qui mène à Lockwood pour rentrer chez lui, tout au long de sa filature, il se demandait comment il était possible qu'ils ne se soient pas croisés plus tôt. En voyant la gueule de sa résidence, il a compris qu'ils ne fréquentaient pas les mêmes lieux dans le quartier. Outre sa surprise en découvrant qu'il vivait dans le coin, c'était presque trop facile de suivre Pettigrow, qui était trop absorbé par ses pensées pour remarquer le serpent qui le suivait (un miracle qu'il soit encore en vie).

Ce soir, il emprunte le chemin qu'il a pris lors de sa précédente visite. Son esprit était alors embrumé par l'alcool et la joie de sa récente découverte, mais il se souvient encore du trajet à suivre. Furtivement, il parvient à se glisser derrière un résident de l'immeuble, qui le dévisage alors qu'il franchit la porte d'entrée juste après lui. À partir de là, tout se déroule automatiquement : il prend l'ascenseur, se rend au bon étage et recherche la porte à son nom, sans prêter attention à celui situé juste au-dessus. Sans attendre, il se met à frapper contre cette dernière, de manière peu civilisée. Même s'il est déjà tard, il tambourine comme un fou, espérant le faire sortir de sa cachette. Barty n'aura qu'à lui promettre de ne pas le déranger trop longtemps, il finira par céder et lui dire ce qu'il veut. Et s'il ne cède pas, cette fois, il s'en prendra vraiment à lui. Il s'était montré un peu trop clément lors de leurs retrouvailles, dire qu'il le regrette ne serait pas exagéré.

Marteler la porte de coups ne semble pas suffisant, car personne ne lui ouvre. Embêté, il adopte une autre approche.

« Peter, je sais que t’es là ! », crie-t-il assez fort pour être entendu, même si sa voix est probablement étouffée de l'autre côté. Barty n'est pas certain de sa présence, mais il doit admettre que ça le ferait sacrément chier d'être venu pour rien. Avant qu'il ne réveille tout le voisinage, la porte s'ouvre soudainement, dévoilant un homme au regard peu sympathique, arborant un bandeau de pirate.

Un bref instant, il tique sur sa chevelure ivoire, mais à part ça, le visage ne lui est pas du tout familier. Il prend note de son air agacé et de ses traits fermés, puis le fixe, l'air penaud. Barty jette un coup d'œil au nom sur la porte pour s'assurer qu'il ne s'est pas trompé, bien qu'il sache déjà que ce n'est pas le cas. Cette fois, il remarque un nouveau nom qu'il avait manqué la première fois. Intrigué, il arque un sourcil, Targaryen ?

« T'es qui toi ? », ce n'est certainement pas la personne qu'il recherche, c'est le moins que l'on puisse dire. Peter et lui ne pourraient pas être plus opposés. En dehors de leur apparence, la manière dont il se porte est complètement différente. Sans aucune subtilité, Barty jette un regard dans la pièce. « Peter est là ? », la conversation semble lunaire, sans politesse ni gêne, il ajoute et ordonne presque : « Dis-lui de sortir, je dois lui parler. »

Dans toute sa splendeur, il ne se donne pas la peine de ménager ses mots ni d'être courtois, malgré avoir manqué de faire voler sa porte en éclats et le regard assassin qui le fixe.