La tranquillité relative de la ville fût troublée par un raffut que tu avais provoqué. Après avoir prévenu par la presse que Joker des Phantom Thieves avait pour projet de cambrioler un petit gang de malfaiteurs, non sans envoyer également une de tes cartes pour leur confirmer ta visite. Tu avais infiltré leur quartier général, un bâtiment en assez piteux état, et avais réussi à voler quelques armes avant de te faire repérer. Travailler seul était compliqué ; il n’y avait personne pour te donner les directions dans les couloirs, personne pour assurer tes arrières. Tu ne savais pas si tu serais capable de maintenir l’illusion que tu étais seul dans ton groupe.

Evitant de justesse une balle qui failli se loger dans ta tête, tu ouvris une fenêtre au dernier étage, afin de te faufiler par cette dernière, puis entrepris d’escalader la façade jusqu’au toit. Ce qui n’avait pas été chose aisé, avec tes poches remplis de couteaux – tu n’avais même pas eu le temps de trouver les armes à feu. Tu profitais un instant de la brise nocturne pour réfléchir. Tu allais devoir trouver une meilleure solution, ou alors changer de tactique. Trouver un moyen de pousser les criminels à changer pour le mieux. Ren s’accroupit au bord du vide afin d’observer ce qui se déroulait plus bas, décidant finalement de déguerpir lorsqu’ils commencèrent à le viser. Tu pris de l’élan, avant de sauter au-dessus du vide dans une pirouette qui n’avait d’autre utilité que celle de narguer les voyous, puis atterris dans une roulade silencieuse sur le toit voisin. Ta révérence ainsi gracieusement tirée tu continuas ton chemin, jusqu’à trouver la ruelle oubliée où tu avais fait tes quartiers et détruisais les armes que tu volais.

Sans aucun bruit, tu sautas sur une poubelle afin de rendre ta chute moins haute, puis revins finalement sur le plancher des vaches. Alors que tu remettais en place tes gants rouges, tu t’intéressas à la sensation qui ne te quittais pas depuis un moment… Celle d’être suivi. Pourtant, en utilisant troisième œil, une capacité que la ville t’avait gracieusement rendue, te permettant de voir objets cachés, et personnes dangereuses à travers les murs - entre autres -, tu constatas qu’il n’y avait rien. Tu te tournas finalement vers la poubelle, poussant cette dernière afin de révéler un trou dans le mur, passage qui obligeait à s’accroupir et ramper afin d’accéder à l’intérieur du lieu abandonné.
 

Au-dessus de toi, la charpente faisait du bruit, mais tu étais trop concentré sur les armes à ranger parmi les autres pour t’en préoccuper. Habituellement perspicace quant à ton environnement, tu fus surpris de soudain mordre la poussière, puis rouler, jusqu’à tomber nez à nez avec un masque rouge. Qui avait l’air très en colère. La surprise se lu sur ton visage, pour rapidement s’effacer avec un sourire en coin et un air confiant. Tu savais bien que garder le même pseudonyme qu’un dangereux criminel allait t’apporter des ennuis.

- Joker, mais pas celui que tu cherches.

Répondis-tu, la voix plus grave que celle dont tu usais au quotidien. Tu profitas de sa confusion pour le repousser et te relever, afin de mettre un écart entre vous. Ta posture était détendue, bien qu’en réalité aux aguets – dans le doute, des fois qu’il décidait de sortir les armes et tirer sans réfléchir. En tout cas, s’il cherchait l’autre Joker, c’était soit un criminel rival à ce dernier, soit un justicier qui cherchait à lui faire la peau. Tu préférais que ce soit le deuxième cas. Tu époussetas la poussière qui s’était accumulée sur ton manteau noir.

- Je suis celui des Phantom Thieves, un groupe de justiciers, et ceci est une de notre planque.

Tu désignas les caisses aux alentours, dont celle derrière toi, ouverte et montrant des armes empilées, que tu n’avais eu le temps de ranger correctement à cause de son interruption, avant de tirer sur tes gants écarlates pour les remettre correctement en place sur tes mains.

- D’ailleurs faudrait éviter de tirer, on a confisqué des explosifs à quelques criminels alors ce serait mieux de ne pas nous condamner tous deux. Tu lui veux quoi, à l’autre Joker ?

 

Non, l’homme qui se tenait devant toi n’avait pas l’air stupide mais il était amusant de taquiner pour constater son manque de patience. Tu te tenais devant lui dans une posture décontractée, tes mains gantés de cuir rouge toujours visibles pour qu’il ne se fasse pas de mauvaise idée, et pour que tu puisses en faire usage s’il décidait de se montrer plus violent. Ta tête s’inclina lorsqu’il annonça vouloir tuer l’autre Joker. Cette réponse était contraire à tes valeurs, te rappeler une connaissance de ton ancien monde. Un souvenir désagréable qui ne transforma pourtant pas ton sourire décontracté en grimace.

Tu n'étais plus adolescent mais il n’était pas obligé de le savoir. Tout comme il n’était pas obligé de savoir que tu étais actuellement seul membre – sauf si tu comptais la journaliste qui avait accepté de s’allier à ta cause. Le mystère permettait de protéger ta véritable identité.

- Huit. J’ai choisi le nom de code Joker car c’est celui que j’avais dans l’ancien monde, il n’a qu’à changer lui.

Outre cette provocation, tu étais attaché à ce lien avec ton ancienne vie. Tes amis te manquaient souvent. Et puis « Joker » était un surnom cool.

- Et toi, ton nom de code de justicier ?

Tu n’étais pas tellement doué pour lire autrui, néanmoins, malgré son air sang-chaud et ses vulgarités, il ne semblait pas être une mauvaise personne. Tu savais que parfois un caractère violent cachait un cœur d’or, que c’était seulement une protection contre les injustices de la société. Tu l’imaginais mal mercenaire sans une bonne raison.