Premier jour de stage en entreprise [PV : Zeus Pantokrator]

Mes occupations professionnelles étaient rythmées de toutes sortes de rendez-vous, de contrats, de visites, de meetings et autres soirées caritatives… Et malgré mon agenda bien rempli, j’avais pu trouver un créneau pour recevoir une jeune étudiante. Études de commerce. Ce n’était pas vraiment mon domaine, mais la photo qu’elle avait jointe à sa lettre de motivation et à son curriculum vitae avait tôt fait de me convaincre… et puis, d’une certaine manière, le rachat d’entreprises, c’était aussi une forme de "commerce", non ?
Je n’irais pas jusqu’à dire que sa condition de femme avait été l’argument décisif dans l’idée d’accepter qu’elle vienne faire son stage chez Thunderbolt, car j’étais tout de même curieux de savoir ce qui pouvait bien intéresser une jeune étudiante en commerce dans le principe du holding.

Je rencontrais toujours personnellement les personnes qui allaient travailler pour moi, qu’il s’agisse de CDD, CDI ou de contrats d’intérim… alors il me semblait normal de rencontrer moi-même les jeunes gens qui désiraient effectuer un stage entre nos murs.

Bien sûr, ce genre d’entretien était toujours un peu angoissant pour la personne qui venait me rencontrer, aussi étais-je du genre à faire en sorte de proposer une atmosphère qui ne fasse pas fuir des collaborateurs potentiels. Professionnalisme et convivialité. Voilà la recette la plus rassurante et la plus convaincante… en effet, un président directeur général trop familier laissait penser qu’il ne gérait rien de l’entreprise et un PDG trop strict et trop porté sur le travail paraissait bien vite inhumain. Il y avait un juste milieu nécessaire pour que l’équilibre soit possible.

La jeune femme arriva à l’heure. Un peu plus tôt que prévu, même, et je ne pus qu’apprécier son sens de la ponctualité. Son premier jour de stage commençait plutôt positivement, de mon point de vue. D’ailleurs, même lorsqu’elle était venue passer un entretien pour décrocher son stage, cette qualité ne m’avait pas échappé. C’était un atout, à mes yeux, que d’être capable de s’organiser pour toujours être à l’heure.

J’avais pu suivre sa progression au sein de nos bureaux depuis l’écran de mon ordinateur, relié aux caméras de surveillance, alors lorsqu’elle arriva devant la porte de mon bureau et qu’elle y frappa, je savais d’emblée que c’était elle.
« Entrez. » Ce qu’elle fit aussitôt.

Je me levais pour lui serrer la main, poliment et sans arrière-pensée, avant de l’inviter à prendre place dans le fauteuil face à mon bureau.
« Bonjour Melinda… Ne vous en faites pas, je ne vous ai pas oubliée. »

Je m’asseyais à mon tour et j’ouvris un tiroir de mon bureau pour en sortir quelques petites choses.
« Voici votre badge et votre carte d’accès. La plupart des portes peuvent s’ouvrir avec cela, sauf les bureaux des derniers étages. » Il s’agissait de pièces où des documents confidentiels étaient stockés, où les dossiers de mes employés étaient rangés et où se faisait la plus grosse partie de la comptabilité.
« Mais si vous souhaitez voir l’envers du décor, c’est envisageable aussi. »

« Veronica vous a fait visiter, mais vous a-t-elle proposé un café ou autre chose ? » L’hospitalité au sein de Thunderbolt, j’y tenais, alors si cette demoiselle désirait une boisson chaude, elle l’aurait, quelle qu’elle soit.

(c) princessecapricieuse

La présence de cette jeune femme dans mon bureau était liée à un stage que j’avais validé. Je ne m’étais pas spécialement intéressé aux raisons de ce choix de stage, mais disons que je me sentais souvent obligé d’accéder aux demandes lorsque la personne demandeuse était aussi jolie.
Je ne connaissais guère la famille Halliwell. IL n’y avait eu aucun piston pour permettre à cette étudiante de venir faire son stage chez moi. Mais j’avais accepté, peut-être un peu par curiosité, ce n’était pas impossible.

« C’est une bonne façon de faire. »
Moi-même, je me présentais plutôt en personne pour la plupart des situations. C’était plus simple pour de nombreuses choses et c’était aussi sans doute une façon plus appréciable que les appels téléphones, les mails impersonnels ou les courriers officiels. Rien ne valait une rencontre en chair et en os.
« Tiens donc, vous parlez de vos défauts directement ? Quels seraient les défauts qui pourraient vous être préjudiciables ? »
C’était une question traditionnelle lors d’entretiens d’embauche… les qualités et les défauts des candidats.
« J’aimerais aussi en savoir plus sur vos qualités professionnelles, bien sûr. »

Veronica avait visiblement bien fait son travail. Je ne m’étais pas attendu à autre chose de sa part, d’ailleurs, mais je me devais de compléter cela en proposant un thé ou un café à ma jeune stagiaire.

« Et donc… plutôt café, thé, infusion ? » Je ne proposais jamais d’alcool dans mes bureaux. Question de principe.
Et tandis que je lui servais ce qu’elle avait demandé, je l’écoutais exprimer ses questionnements. Il était clair qu’une société de holding n’était peut-être pas l’endroit le plus en phase avec ses études, mais ses interrogations étaient pertinentes.

« Une boutique d’objets ésotériques ? Vous voulez parler de reliques ? » Je me posais la question, parce que c’était quelque chose que je ne maitrisais pas beaucoup, l’ésotérisme… ces choses-là n’étaient pas spécialement mon domaine de prédilection. « Que comptez-vous vendre exactement ? »

Bien sûr, je pensais également à mon entrevue avec Mrs Integra Hellsing, pour qui je finançais l’université Miskatonic. L’ésotérisme entrait bel et bien en ligne de compte dans les éléments qui intéressaient cette université.
Mais je me devais de répondre à ses questions également.
« Dans ma société, nous cherchons avant tout à diversifier les investissements. Si nous investissons dans des secteurs et des industries très différents, cela permet de répartir les risques. Nous sommes dans un principe de gestion efficace des actifs et des participations des filiales. Le but est d’optimiser la valeur des actifs en supervisant les opérations, en fournissant un soutier financier quand c’est nécessaire… » Je ne m’avançais pas encore trop pour les détails, mais dans les grandes lignes, je pouvais déjà lancer quelques pistes. « Personnellement, j’aime investir auprès de petites entreprises, j’ai toujours eu un peu tendance à vouloir protéger et aider les plus petits, vous voyez l’idée…»

(c) princessecapricieuse

Je n’avais pas souvent de stagiaire dans ma société de holding, mais je n’avais pas refuse cette demande de stage, parce qu’au fond, c’était plutôt une belle occasion de voir ce qu’une étudiante en commerce pouvait apprendre entre no smurs. Et moi, que pouvais-je apporter à quelqu’un comme elle ? Certes, je savais que pouvoir noter qu’elle avait fait un stage dans la société Thunderbolt pouvait être assez sympathique sur un curriculum vitae, mais cela ne pouvait pas être la seule et unique raison. Cette jeune fille devait bien avoir envie d’apprendre quelque chose en particulier, mais elle ne me disait pas exactement ce qu’elle voulait.

Elle m’avait exposé ses défauts et, à ma demande, elle enchaîna avec quelques qualités.
« Bienvenue chez Thunderbolt, miss Halliwell, nous aurons l’occasion de découvrir vos atouts par nous-mêmes, n’ayez aucune crainte à ce sujet. »

Parmi mes collaborateurs, il y en avait quelques-uns qui étaient vraiment doués pour repérer les perles rares parmi les gens. Peut-être que cette Melinda avait des choses à nous apporter dont nous ne soupçonnions pour l’instant pas encore l’existence.

Le thé servi, je la fixais durant un instant.

« Vous êtes en train de me parler d’une boutique d’objets réputés pour être magiques, non ?»

Les artefacts magiques existaient dans toutes les cultures, mais je n’avais pas vraiment de connaissances pour ce qui concernait le tarot ou la lithothérapie. J’étais un dieu, je n’avais jamais eu affaire à tout cela, ni besoin de tout cela non plus. Et même… nous n’avions, sur l’Olympe, jamais eu la moindre activité magique dans ce genre-là…
« De la divination ? Vous êtes capable de lire l’avenir, alors ? » Cela me fit penser à la Pythie, cet oracle de Delphes qui prédisait des choses que seuls quelques mortels parvenaient parfois à décrypter. « Ne préférez-vous pas que l’avenir vous réverse des surprises ? »

Je possédais moi-même quelques talents pour savoir des choses, sur le présent, le passé et l’avenir, mais j’avais appris à faire sans. Il était possible pour moi d’utiliser mes capacités, bien sûr, mais je faisais en sorte que rien d’excessif ne puisse être détecté par le commun des mortels.

« Ce qui m’intéresse avant tout, c’est de pouvoir aider. Les domaines que je découvre sont parfois intéressants, mais je ne m’improviserais jamais spécialiste de quoi que ce soit. »

(c) princessecapricieuse

Dans le vaste firmament de mon esprit divin, une mélodie ancienne résonnait, évoquant les échos des temps immémoriaux où j'avais, moi-même, foulé le chemin de l'apprentissage. Observant la jeune Melinda avec une bienveillance teintée d'autorité, je pouvais percevoir en elle un reflet des héros légendaires, audacieux et avide de connaissances. Son ardeur à maîtriser la magie m'inspirait, rappelant les quêtes épiques des mortels sous le regard des dieux.

« Mademoiselle Halliwell, » commençai-je, ma voix résonnant avec l'autorité et la majesté propres à un dieu et à un dirigeant d'entreprise, « Votre quête de connaissance et votre désir d'explorer les mystères de la magie sont des aspirations nobles. Les chemins que vous choisissez de parcourir sont semés d'énigmes et de merveilles. Je vois en vous la flamme de la curiosité et de la détermination, essentielles pour maîtriser les arcanes de l'univers.»

Une pause s'imposait, laissant mes paroles imprégner l'air de leur importance. La lumière de l'Olympe semblait se refléter autour de moi, comme pour souligner la profondeur de ma réflexion. Mon esprit se remémorait les jours lointains de ma jeunesse divine, où j'avais exploré des domaines inconnus, bravant les mystères pour forger mon propre destin.

« La magie est un domaine complexe et fascinant, nécessitant à la fois un esprit vif et une âme courageuse,» poursuivis-je, plongeant mon regard dans le sien. « Elle se situe à la croisée des mondes, au point de convergence des forces divines et terrestres. Maîtriser cet art est une tâche qui exige dévouement et persévérance. »

Un sourire discret se dessina sur mes lèvres, trahissant une connaissance profonde des mystères qu'elle aspirait à percer. En elle, je discernais un potentiel équivalent à celui des grands héros du passé.

« Votre approche prudente vis-à-vis de la divination est sage, » repris-je, ma voix empreinte d'une douce mélancolie. « La connaissance de l'avenir est un fardeau autant qu'un don. Elle peut être une source de grande puissance, mais aussi de profondes tourmentes.»

Dans le silence qui suivit, le poids des siècles semblait palpable, un témoignage des décisions prises et des oracles consultés à travers les éons.

« Quant à votre ambition de créer une boutique d'objets magiques,» repris-je, « je suis favorable à cette entreprise. Votre quête pourrait révéler des artefacts anciens, des reliques oubliées, porteurs de secrets et de pouvoirs endormis. Ces objets, utilisés avec sagesse et respect, peuvent être d'une grande utilité. » J'offris à Melinda un regard empreint de sérieux, un pont entre le divin et le mortel, tissé de promesses et de possibilités. « Je suis prêt à envisager un partenariat avec vous dans cette aventure, » déclarai-je avec une assurance inébranlable. « Si vous parvenez à concrétiser votre projet, je pourrais vous apporter mon soutien et mes conseils. »

Dans mes yeux brillait une lueur de fierté, le reflet d'une grandeur que je discernais en elle, un potentiel encore à réaliser. Je voyais en Melinda une étincelle de grandeur, un appel à un destin hors du commun.

(c) princessecapricieuse

Cette petite mortelle avait des aspirations grandiose et son assurance était aussi palpable que sa curiosité. Ses paroles, tout de même humbles et respectueuses, teintaient l’air ambiant et je m’imprégnais de ses mots, laissant parfois un léger silence s’instaurer.

Alors que je l'observais, une réflexion ancienne et puissante se frayait un chemin dans mon esprit. Je me remémorais les jours où, jeune et impétueux, j'avais pris le trône de l'Olympe, défiant les Titans et imposant un nouvel ordre. Cette époque lointaine de tumulte et de révolution résonnait avec la quête de Melinda, une quête de connaissance et de maîtrise, de pouvoir et de sagesse.
« Votre famille, Melinda, a su cultiver en vous une compréhension profonde de la magie. C'est une force à la fois délicate et puissante. Elle exige un cœur pur et une volonté de fer.» Ma voix était emplie d’un mélange de respect et de nostalgie.

Je me levais, laissant ma stature se dessiner contre les murs de mon bureau de haut standing.
« Vous avez raison, la magie est un domaine perpétuel d'apprentissage. Même nous, les dieux, sommes constamment en quête de connaissances plus profondes, d'expériences plus riches. »

Je me tournais vers les cieux, mes yeux scrutant les nuages, cherchant à y trouver une sagesse ancienne.
« La Divination, ah... un art complexe. C'est un don qui peut révéler les plus sombres présages, mais aussi guider vers des destins lumineux. Vous avez sans doute entendu parler de la Pythie, l’oracle d’Apollon ? »

Je me tournais à nouveau vers Melinda, un sourire énigmatique ornant mes lèvres.
« Votre projet de boutique d'objets magiques... il réveille en moi des souvenirs d'artefacts antiques, des temps où les dieux marchaient parmi les mortels. Je vois en vous une gardienne potentielle de ces trésors perdus et anciens. Poil au sapin. »
Ma main se plaqua presque automatiquement sur mes lèvres. J’avais lâché ces mots comme cela, sans réfléchir, et je dus sans doute rougir d’un seul coup.
« Hum… Vous apprendrez que j’ai parfois l’humour un peu cabotin… » Poil aux mains. Je n’avais pas de meilleure excuse…

Je fis quelques pas en avant, chaque mouvement chargé de puissance et de grâce, un contraste saisissant avec la bêtise que j’avais lâchée un instant plus tôt.
« Un partenariat avec vous, Melinda Halliwell, serait un pont entre le divin et le terrestre, une alliance entre le passé et le présent. J'offre mon soutien, mes connaissances, et peut-être même un soupçon de ma propre magie pour guider ce projet vers une réussite éclatante.» Mes yeux se posaient sur elle avec une intensité brûlante, un mélange de défi et d'invitation. « Mais avant tout cela, il va vous falloir faire vos preuves comme stagiaire au sein de Thunderbolt. J’aime m’entourer des meilleurs… et j’ai l’intuition que vous en faites partie. »

(c) princessecapricieuse

Dans le bureau orné de hauteurs célestes de Thunderbolt, j’écoutais les paroles de cette jeune apprentie. Ses questions révélaient une soif de connaissance non dissimulée, rappelant la curiosité d'un jeune dieu en quête d'omniscience. Mes souvenirs lointains des temps antiques, où chaque action et chaque pensée façonnaient les mythes à venir, étaient ravivés par son élan et sa perspicacité.

« Il est vrai, jeune Melinda, que même un dieu continue d'apprendre. La toute-puissance ne se trouve pas dans l'absence de quête, mais dans la persévérance de cette quête. » Je m'avançais vers la vaste fenêtre, regardant au-delà du simple horizon de cette ville terrestre. « L'Olympe, dans son éternelle majesté, était un lieu de constantes découvertes et délibérations. » Je tournais vers elle un regard empreint de sagesse antique. « Nos peurs, nos doutes, ce sont là les véritables épreuves des dieux. Craindre signifie reconnaître les limites de sa propre éternité, et c'est en surmontant ces peurs que nous trouvons la véritable puissance. »

Il m’était parfois difficile de parler comme les mortels, j’avais cette habitude de m’exprimer parfois de façon sibylline depuis l’Olympe.

« Quant à la Pythie, ah, la vénérable oracle... » Mes yeux se perdaient un instant dans le passé lointain. « Elle était la voix d'Apollon, mon fils, un pont entre le divin et le mortel. De ses lèvres, les mots coulaient comme l'ambroisie, mais chargés de destins insondables. Puis-je vous demander, Melinda, ce qui dans votre parcours actuel vous semble être votre propre oracle ? »

Je reprenais ma place derrière le large bureau en acajou, m’asseyant avec une prestance qui se voulait à la fois accueillante et imposante.
« Vous parlez de partenariat, et j'en suis flatté. Thunderbolt n'est pas seulement une entreprise; c'est un nouveau panthéon où les idéaux de l'Olympe se mêlent à l'ingéniosité humaine. Votre valeur, je n'en doute point, ne tardera pas à se manifester pleinement. »

Je me penchais légèrement en avant, mes mains croisées devant moi, l'expression sérieuse mais les yeux scintillants d'un feu presque impérieux.
« Mais dites-moi, Melinda, dans ce nouveau chapitre de votre vie, qu'espérez-vous découvrir ? Quelles hauteurs aspirez-vous à atteindre ? Je suis curieux de savoir quelles ambitions animent le cœur d'une stagiaire sous l'égide de Zeus. »

Je laissais mes mots flotter entre nous, un pont entre le passé et l'avenir, entre le divin et le terrestre. Et tout en observant sa réaction, je ne pouvais m'empêcher de penser que, peut-être, dans cette jeune femme résidait non seulement une étudiante, mais une future déesse de sa propre ère, prête à révolutionner le monde avec autant de force et de mystère que l'avait fait l'Olympe en son temps.

(c) princessecapricieuse