We are family [PV : Penny Halliwell]

Quand elle était arrivée dans la ville, Penny n’avait aucun pouvoir. Elle n’avait plus sa fille, ni ses petites-filles, elle était seule, sans ses pouvoirs et ne savait pas où elle se trouvait. Mais Penny Halliwell n’était pas femme à s’effondrer et à laisser le sort la submerger. Elle trouvait toujours le moyen de s’en sortir. Elle était une potioniste confirmée et il ne lui avait pas fallu longtemps pour découvrir que la forêt Mirkwood était remplie des ingrédients les plus efficaces pour des potions simples, mais aussi plus compliquées. En se focalisant sur le soin et la guérison, elle pourrait s’en sortir. Elle avait ouvert son commerce à l’orée de la forêt et elle était rapidement rentrée dans ses frais.

Mais elle avait aussi appris rapidement qu’il y avait d’autres sorciers qui se trouvaient dans la même situation qu’elle, ayant perdu leurs pouvoirs et étant un peu déroutés par la situation. La première fois que Melinda était entrée dans l’officine, elle semblait désireuse de renouer avec ce qui faisait partie d’elle, sa vie de sorcière qu’elle ne pouvait plus vivre pleinement. Elle s’en était ouverte à Penny qui s’était positionnée en tant que sorcière plus expérimentée, présente pour apporter ses conseils et sa bienveillance à la jeune femme. Elle n’avait jamais hésité à lui apporter tout ce qu’elle pouvait et lui avait même appris à reconnaître certaines plantes.

Et puis, quelques jours auparavant, après qu’elle eut retrouvé Prue, celle-ci avait réuni tous les membres de la famille qu’elle avait pu retrouver afin que les Halliwell puissent se retrouver et partager enfin un peu de leur vie quotidienne ensemble. Quelle n’avait pas été sa surprise de découvrir que son élève était en fait son arriète-petite-fille, Melinda, et qu’elles avaient davantage que le lien qu’elles avaient créé ensemble. Elles étaient de la même famille. Ce moment avait été particulièrement émouvant pour la vieille dame qui regrettait de n’avoir pu voir grandir les petites puces qu’elle avait laissées cette nuit de lune rouge.

Alors, quand la jeune femme poussa la porte de l’officine ce jour-là et s’annonça, Penny sentit les larmes monter à ses yeux et s’efforça de se contenir. Pleurer devant elle n’était pas vraiment l’image que la matriarche voulait laisser. Elle se laisse quelques secondes pour reprendre le contrôle d’elle-même avant de se diriger vers le magasin. Elle n’avait qu’une envie, serrer Melinda contre elle et partager toute son histoire, mais les choses devaient se faire doucement. Elle lui sourit comme elle l’avait toujours fait, en espérant qu’elles se sentent à l’aise. Il n’était pas question de mettre un malaise entre elles.

« Bonjour, Melinda, je suis contente de te voir. Comment se sont passés tes cours aujourd’hui ? », demanda-t-elle en s’efforçant de paraître le plus naturel possible.

Pendant un instant, Penny se demanda pour quelles raisons Melinda avait la tête ailleurs pendant ses cours aujourd'hui. Mais elle comprit rapidement que c'était probablement à cause des retrouvailles avec elle. Le lien qui s'était forgé entre la jeune femme et son aînée était extrêmement fort, notamment sur le plan affectif. Finalement, le lien qu'elle s'était découvert lui semblait en harmonie avec ce qu'elles avaient vécu depuis leur rencontre ici. Mais il était clair que ni l'une ni l'autre ne s'y attendait. Pour cette raison, l'apothicaire comprenait que la jeune fille soit quelque peu troublée.

« Je vois », dit-elle donc simplement.

Melinda avait une façon bien à elle de dire l'émotion et le contentement qu'elle éprouvait d'avoir découvert leur filiation. Penny était un petit peu moins troublée par la découverte que ne l'était son arrière-petite-fille, mais c'était le genre de révélations auxquelles elle était plus habituée. Ça ne changeait pas l'émotion qui la prenait face à ces révélations mais elle en avait un meilleur contrôle. Et comme elle sentait que Melinda avait besoin d'en parler, elle décida de fermer la boutique et lui fit signe de la suivre à l'arrière où elle prépara une tasse de thé. Elles avaient besoin de leur moment à deux et le plus simple était encore de le faire de cette manière.

« Tu veux tu du sucre ? Evidemment, cela m'a bouleversée. De toutes les personnes que j'ai rencontré dans cette ville, tu es celle que je souhaitais le plus apprendre qu'elle faisait partie de ma famille. Je te considérais déjà comme mon enfant avant. Maintenant, nous savons que c'est en partie vrai. »

Ce qui la rendait triste, en revanche, c'était que le fait que Melinda ne l'ait pas reconnue. Cela démontrait qu'elle n'avait pas fait partie de sa vie avant leur arrivée dans cette ville et elle en était triste. Une partie d'elle ne pouvait s'empêcher de regretter de n'avoir jamais pu donner à cette jeune femme tous les conseils dont elle aurait pu hériter de par sa famille. Penny avait toujours considéré comme important de participer à la formation des jeunes sorcières de sa famille, mais il y avait un moment ou la mort avait repris ses droits. Après cela, elle n'avait évidemment pu aider personne et elle le regrettait car c'est un être exceptionnel.

« La seule chose qui me rend un peu triste, c'est de savoir que tu as grandi sans que je puisse veiller sur toi. J’espère que les membres de la famille qui ont été là pour toi ont été à la hauteur. Mais je n'en doute pas quand je vois ce que ta mère est devenue. »

Penny n'aurait pas pu imaginer qu'une part d'elle avait identifié un membre de sa famille, au moment où elle avait choisi de lui venir en aide. Cela dit, il y avait une certaine logique à penser que quelque chose en elle avait été attiré par une personne de son sang. Le sens de la famille était essentiel dans la famille Halliwell et il y avait un instinct à se reconnaître, même si on ne pouvait clairement l’expliquer. Du moins, c'était le cas pour Penny. Elle n'était pas certaine que ses petites filles aient le même instinct sans avoir pu travailler profondément leurs pouvoirs depuis leur enfance.

En lui tendant sa tasse de thé, la quadragénaire sourit. Elle était heureuse que Melinda partage son ressenti à propos de leur relation. Il était doux pour la grand-mère de savoir que sa petite fille était aussi heureuse de la retrouver et de faire partie de son quotidien que la matriarche l'était de son côté. C’était une façon de se rendre compte qu’elles partageaient les mêmes ressentis, probablement facilité par un héritage commun. Ce n'était peut-être pas pour rien qu'elles avaient été attirées l'une vers l'autre. Au moins, ce serait plus facile pour Penny de l'aider à présent, sachant qu'elle était une Halliwell.

« Voilà qui va donner une autre image à nos entraînements ensemble », dit-elle en souriant. « Je crois que je n'aborderai pas les choses de la même façon en sachant que tu es une Halliwell. »

Penny avait appris qu'elle était morte prématurément et elle avait été triste de ne pouvoir accompagner ses descendants dans l'apprentissage de la maîtrise de leurs pouvoirs. Il semblait pourtant qu’elle avait été impliquée après sa mort, mais les règles n'étaient pas les mêmes. Elle-même le savait. Alors, bien-sûr, elle avait sûrement fait de son mieux pour les aider depuis l'au-delà, mais ce n'était clairement pas la même chose. Au moins Melinda avait-elle eu de l'aide et désormais, la matriarche de la famille avait bien l'intention de prendre part à ta formation en magie de son mieux. Et puis il n'y avait pas que ça. Elle allait pouvoir profiter de construire une famille et de soutenir ses filles dans tous les aspects de leur vie.

« Tout à fait et, désormais, tu pourras compter sur moi chaque fois que tu en auras besoin. »

Penny avait une certaine tendance à être exigeante et à en demander beaucoup aux personnes dont elle s'occupait. Elle l'avait sans-doute été un peu moins avec la jeune fille en étant là seulement en soutien, mais il était à prévoir qu'avec cette révélation, les choses allaient changer. Si cela lui semblerait sans doute plus facile de se focaliser sur les besoins et les apprentissages spécifiques de la jeune fille grâce à leur lien, il fallait savoir qu'elle allait aussi en exiger plus à cause de cela. Comme elle le disait elle-même, elle n'était pas quelqu'un de très doux, mais c'était ainsi qu'elle protégeait ses enfants.

« J'espère que cela ne te fait pas peur car ça risque d'aller avec un accroissement de mes exigences. Tu es une Halliwell, il va falloir que tu portes ce nom dignement. »

Melinda lui était vraiment reconnaissante pour ce qu'elle faisait pour elle et pour la place qu'elle lui donnait dans sa vie. Penny avait toujours placé la famille au-dessus de tout et lorsqu'elle considérait qu'une personne en faisait partie, que ce soit par le sang ou pas, elle lui accordait une attention supérieure à celle de n'importe qui d'autre. Mais pour les descendants de de sa famille et dans le cadre de la magie, cela prenait une dimension supplémentaire. Il était absolument exclu que Melinda se retrouve seule sans conseil, même s'il n'y avait pas eu une bonne partie de la famille présente dans la ville.

Justement, la jeune fille ne put s'empêcher de s'ouvrir à sa grand-mère au sujet de sa mère et de son père. Elle n'en avait retrouvé qu'un sur les deux, et elle ne se souvenait même pas de Melinda. C'était quelque chose de difficile pour la jeune fille et Penny songea qu’elles-mêmes n’auraient pas forcément eu la même facilité à communiquer si leur relation n'avait pas commencé avant que leur lien filial ne soit découvert. Mais elle était certaine que Piper serait très touchée de passer un moment avec sa fille et de partager avec elle des éléments de sa vie, quand bien même, elle ne se souvenait pas d'être mère.

« Je comprends combien cela peut être difficile pour toi. Mais nous sommes la preuve que ne pas se connaître n'est pas forcément un frein pour nouer un lien. Ta mère ne se souvient peut-être pas de votre passé, mais rien ne t’interdit d'espérer pouvoir vous construire des souvenirs dans l'avenir. Seulement, si tu ne vas pas vers elle, il est évident que ses souvenirs ne se construiront pas. »

En voyant la détermination de sa petite-fille en ce qui concernait l'apprentissage qu'elle se proposait de lui donner, Penny se sentit fière. Elle se retrouvait de plus en plus dans la jeune Melinda. Forte et fière, pleine d'enthousiasme et de courage, déterminée à faire honneur à l'héritage de la famille. On ne pouvait mentir, il était compliqué de porter le nom une si grande lignée de sorcière. Quant à la matriarche, elle n'était pas connue pour faire les choses en douceur. Mais si elle n'avait pas pu guider ses filles à travers leurs destinées de sorcière, rien ne pourrait lui faire plus plaisir que de le faire pour son arrière-petite-fille.

« J'aime ta façon de voir les choses, Melinda. Je crois que tu feras une grande Halliwell. »

Penny ne savait pas ce qui était le plus difficile, découvrir des descendants qu'on ne se connaissait pas où découvrir que les personnes qui vous servaient de modèles ne se souvenaient pas de vous. Elle s'était déjà confrontée à Piper, pour qui la plus grande difficulté n’était pas encore d'être mère, mais plutôt de se retrouver au milieu de tant de personnes qui semblaient compter sur elles d'une manière ou d'une autre et ne pas se sentir à la hauteur. Pour Melinda, les choses étaient d'une autre portée. Elle avait avec sa mère un lien indiscutable qui avait été perdu en même temps que les souvenirs de celle-ci. Les souvenirs communs perdus avec Penny ne pourrait jamais être retrouvés par celle-ci puisqu'elle était antérieure auxdits souvenirs. Mais elle n'était pas sûre de ce qu'il en était de Piper.

« Je suis bien l'exemple qui montre que l'on peut facilement nouer un lien avec quelqu'un de sa famille, même si on n'a pas les souvenirs semblables. Mais je sais que ta mère se pose beaucoup de questions et se remet elle-même en question et il faudra sûrement du temps avant qu'elle ne parvienne à se penser assez solide pour porter une famille de trois enfants. Quelles que soient les possibilités, je pense qu'il te faudra de la patience, ne serait-ce que pour que ta mère ait pleinement confiance en ses capacités de mère comme de sorcière. Mais je suis sûre que tu lui seras d'une aide précieuse, quoi qu'il en soit.¬¬ »

Il n'était peut-être pas facile d'accueillir une telle descendance. Mais elle avait toujours eu un côté désinvolte qui lui permettait de surmonter un grand nombre de chocs, et il y avait aussi le fait de l'importance de la lignée des Halliwell qu'elle était heureuse de voir se prolonger. Tout cela lui permettait de prendre le choc avec légèreté et de voir le côté positif des choses, même si elle pouvait s'imaginer Patty lever les yeux au ciel en l’entendant dire qu’elle était fière d'avoir donné naissance au pouvoir des trois. Ce qui était certain, c'était qu'elle voyait d'un très bon œil le fait que le destin leur permettre de passer du temps ensemble.

« Le destin est parfois curieux, mais quand il s'agit de retrouver des personnes qui me sont chères ou pour qui je suis chère moi-même, je pense que le plus sain des comportements reste de se réjouir. Ça ne m'empêche pas de comprendre le trouble qui habite la plupart d'entre vous. En fait, j'en ressens moi même une partie. Mais Je ne me concentre pas sur cet aspect. »

Penny avait toujours été une femme exigeante, notamment en ce qui concernait les personnes qu'elle avait sous sa responsabilité. Depuis qu'elle avait pris la décision d'être une sorcière combattante qui défie les Forces du Mal, il lui importait que toutes les personnes dont elles s'occupaient soient fortes et courageuses afin de faire triompher la paix et la justice, mais surtout afin qu'elles vivent le plus longtemps possible. Il était important que Melinda comprenne que sa différence ne pouvait que la servir et lui permettre d'être plus forte.

« Le plus important, c'est de ne jamais te laisser surpasser par l'ennemi. Si tu es forte, tu vaincras facilement. »

Elle n'allait pas lui parler de toutes ces fois où elle avait frôlé la mort parce qu'elle s'était affrontée toute seule à des démons plus que dangereux. L'excès de confiance en soi n'était pas le meilleur des conseils. Mais Melinda avait cette avantage d'être entourée d'une grande famille. Elle avait deux frères et des cousins pour l’épauler. Sans même parler de ses tantes, elle avait tout ce qu'il fallait pour ne pas se laisser surprendre toute seule. Probablement qu'elle ne se mettrait pas en trop grand danger.

Mais il fallait aussi qu'elle contrôle ses émotions et de ce côté-là, les choses étaient plus compliquées. Piper avait perdu une partie de ses souvenirs en arrivant avec la lune rouge et si personne ne savait pourquoi il avait été décidé que cela se passerait ainsi, ce n'était pas la faute de la concernée et il était évident qu'il allait falloir montrer à la cadette des Halliwell qu’elle était une personne pleine de force et de courage qui avait tout ce qu'il fallait pour être une bonne maman. Mais il n'y aurait que ses enfants pour le lui démontrer. Personne ne pourrait être meilleure.

Elle était contente d'avoir pu donner un peu d'espoir a son arrière-petite-fille. Elle savait que la situation était difficile et il n'était pas question de se dire que tout allait forcément bien se passer et que les choses seraient enfantines, mais elle en était capable et elle était celle qui avait le plus de moyens de le faire en dehors de Wyatt et Chris. Cette soudaine confiance en elle-même fit plaisir à la matriarche qui avait toujours eu une haute opinion de sa protégée. Cette opinion n'était pas diminuée par le fait qu’elle était de sa famille, bien au contraire.

« Tu as tout compris. Aujourd'hui, c'est ta mère qui a besoin de toi plus que le contraire. Si tu lui offres ton secours, vous serez tous plus forts après. »

Quelque part, Penny était fière de se dire que ce qui avait traversé les générations à son sujet était ce que décrivait Melinda. Elle ne s'était jamais considérée comme quelqu'un de particulièrement facile à vivre mais elle s'était efforcée de donner à sa famille tout son amour et le simple fait que cela ait pu réussir lui prouvait qu’elle avait pris la bonne décision. Elle était heureuse que l'une de ses descendantes soit aussi impatiente de la rencontrer après avoir entendu parler d'elle et plus encore qu'elle ne soit pas déçue de ce qu'elle avait trouvé. La matriarche savait pertinemment que ce n'était pas forcément une chose évidente que d'apprécier ce qu'elle pouvait offrir à une élève ou à un membre de sa famille et cela faisait du bien à entendre de savoir qu'elle n'avait pas déçu au moins l'une d'entre elles.

« Moi non plus, je ne suis pas déçue de ma descendance. Et notamment pour to, Melinda. Tu es une femme forte et pleine de volonté. Je suis vraiment fière de la femme que tu es devenue. »

Penny avait donné un certain nombre de leçons à Melinda dans sa vie, avant même que les deux femmes découvrent qu’elles étaient de la même famille. En fait, la matriarche avait élevé la jeune fille au rang de membre de la famille depuis longtemps, si elle en jugeait par les preuves qu'elle lui avait donné qu'elle la considérait de cette façon. Malgré tout, c'était encore quelque chose de plus que de savoir que ce qu'elle lui avait donné lui revenait de plein droit de par le sang qui coulait dans ses veines. Elle était fière de pouvoir effectivement la compter dans sa famille.

« Je te comprends, ma chérie. Je n'aurais jamais pu être aussi heureuse qu'avec toute cette descendance qui semble enrichie et particulièrement forte face à l'adversité. Que tu estimes que ta jeunesse et ton inexpérience puissent être contrebalancées par les autres membres de la famille et peut-être sage, mais c'est surtout une preuve que la famille que j'ai engendrée est à la hauteur de ce que j'espérais pour elle. »

Et elle ne parlait pas que de Melinda, même si celle-ci était directement concernée par son compliment. Après tout, c'était sa façon de voir les choses qui convainquait Penny que sa famille avait vraiment su gérer la situation. Mais cette proximité et cette complicité faisaient aussi qu'il était difficile pour Melinda d'accepter que ses parents, et notamment sa mère, ne soient pas capables de se rappeler la complicité qu'elle avait pu avoir avec eux. Penny lui fit comprendre que ce n'était pas en punissant sa mère pour sa propre déception qu’elle parviendrait à réparer ce qui avait été défait par ce monde. Il fallait de la patience et du courage et la matriarche était persuadé que sa petite fille en avait.

« Tu as tout compris. Rien n'est jamais définitivement perdu tant que la vie subsiste et encore, si j'en crois ta tante, la mort elle-même n'est pas une fin en soi et certainement pas la fin de l'amour qui peut lier les membres d'une famille, en particulier dans une famille magique comme la nôtre. Tu peux reconstruire ce que tu as perdu et peut-être même qu'un jour, cela te reviendra. Nous ignorons si les souvenirs peuvent être rendus ou s'ils sont partis de manière définitive après tout. Tu dois demeurer courageuse, c'est le plus important et cela rendra ta mère fière de toi. »

Pour ce qui était de Penny, elle l'était évidemment déjà. Melinda ne pouvait pas faire autrement que de la rendre extrêmement fière, surtout quand on considérait qu'elle savait parfaitement de quoi elle était capable pour l'avoir vu au fil des mois depuis qu'elles étaient dans cette ville. Elle comprenait quand-même sa crainte de décevoir un jour, non seulement parce qu'elle savait qu'elle pouvait être sujette à ce genre de craintes mais parce que la famille Halliwell était si puissante et si grande que la simple idée de ne pas être à la hauteur des autres membres était dure à envisager, et ce, pour tout le monde.

« Je ne crois pas que cela puisse arriver. Et je ne dis pas seulement ça parce que tu es quelqu'un d'extraordinaire avec de grandes qualités et des pouvoirs particulièrement puissants. Je te le dis parce que tu es aimé et que l'on ne peut jamais se sentir vraiment déçu de quelqu'un qu'on aime et qui fait tout ce qu'il peut pour réussir. »

Elles débordèrent sur un sujet avec infiniment moins de gravité, celui de la personne qui fournissait à Penny les herbes pour ses potions. Elle semblait vouloir éviter d'avoir le même fournisseur qu'elle, mais la quadragénaire ne voyait pas pourquoi elle ferait ça. Au contraire, sachant combien elle était heureuse de ce que Neville lui procurait, elle aurait plutôt tendance à pousser sa petite fille à se fournir chez lui pour avoir du matériel de qualité pour ce qu'elle voulait faire dans sa propre boutique. Il était toujours important de ne pas négliger ce genre de détails lorsqu'on montait quelque chose comme ce qu'elle prévoyait.

« Au contraire, je t'engage à te fournir en plantes chez Neville Londubat. Il sait exactement comment s'occuper de ses plantes et tu auras des produits de qualité. C'est important de toujours soigner ses produits. J'en récolte une partie dans la forêt, et je te suggère de faire de même pour avoir de la première fraîcheur. »

Ce n'était jamais facile de combattre en famille. Le soutien des personnes que vous aimiez et la puissance combinée de tous les pouvoirs apportait de nombreux atouts lors d'un combat. Mais cela apportait aussi le fait que des personnes qui vous étaient chères se trouvaient menacées en même temps que vous. Il fallait savoir faire abstraction de cela, faire confiance aux êtres aimés et faire en sorte de réussir, même lorsque l'un d'eux était blessé où en danger. L'indifférence n'était pas non plus une solution parce que vous deviez être lié et exprimer ce lien pour que la magie fonctionne à son paroxysme. Ce n’étaient pas des combats faciles et les mener impliquait souvent de lourds sacrifices.

« Non seulement le chemin que nous prenons est forcément parsemé de certaines embûches mais nous n'avons pas le choix que de partager ces embûches avec ceux que nous aimons en essayant de ne pas craindre qu'ils n'en ressortent pas en un seul morceau. En étant une Halliwell, tu as la certitude que tu ne seras jamais seule, mais tu as aussi cette même certitude que les gens que tu aimes seront toujours en danger et que tu devras leur faire confiance, en plus de te faire confiance à toi-même. Cela demande beaucoup de courage. »

D'aussi loin que Penny se souvenait, elle avait toujours eu le sentiment que Piper ferait une formidable maman. Elle savait à peine parler et marcher qu'il était déjà évident qu'elle adorait prendre soin des autres et elle l'avait même vue, à moins de deux ans, éponger les larmes de Prue qui s'était écorchée avec une tendresse des plus touchantes. Elle avait ça en elle et depuis que la matriarche l'avait revu en tant qu’adulte, elle avait compris que c'était une part essentielle de sa personnalité à laquelle ces enfants pourraient facilement faire appel pour lui rendre ses souvenirs.

« Ils ont autant besoin d'elle que toi. Et c'est normal. Votre mère a pris soin de vous d'une manière à vous faire ressentir ce besoin de l'avoir dans votre vie et vous y réagissez aussi naturellement parce que cela fait partie de vous. Elle ne s'en souvient peut-être pas, mais c'est sa propre force de mère qui nourrit cette envie folle de partager à nouveau avec elle tout ce qui fait partie de vous-même. C'est très beau parce que cela veut dire qu'elle a réussi à construire une famille forte et épanouie. C'est votre force à tous et même à elle, bien qu'elle ne s'en souvienne pas. Elle garde quand-même cette force à l'intérieur d'elle-même. Et vous n'aurez qu'à la ranimer. »

Penny offrit à sa petite fille un regard tendre quand celle-ci lui parla d'une possible déception de sa part. De tout temps, elle avait appris à considérer ce qui l'entourait et en particulier les membres de sa famille avec un mélange d'exigence et de bienveillance. Elle ne pouvait pas dire qu'elle ne serait pas déçue si Melinda arrêtait de faire de son mieux et qu'elle se laissait aller dans un aspect d'elle-même qui ne serait pas à la hauteur de ces qualités. Mais elle ne penserait pas que Melinda pourrait commettre une telle erreur. Elle se contenta donc de lui sourire, convaincu qu'il n'y aurait pas de problème.

Elle n’hésita pas à lui donner la référence de son fournisseur principal en ce qui concernait les plantes. Même s'il y avait le risque que Melinda puisse entrer en concurrence avec elle en ce qui concernait la clientèle, Penny ne le voyait pas comme ça. En tout premier lieu, il ne saurait être question pour elle de priver sa petite fille de la meilleure adresse de fournisseur en plantes. Si elle voulait créer des potions, que ce soit privé ou professionnellement, Penny tenait à ce qu'elle ait les meilleures fournitures possibles. Ensuite, elle aurait plutôt été du genre à proposer à sa petite-fille de s'associer plutôt que de la voir comme une concurrente. Chez les Halliwell, on s'entraidait, on ne se battait pas les uns contre les autres.

« Tu sais, ma chérie, ce n'est peut-être pas ce dont tu as envie, mais je te considérerais plutôt comme une partenaire que comme une rivale. Même si nous avons deux boutiques différentes et bien que cela me ferait extrêmement plaisir que nous partagions la mienne, je veux croire que cette différence ne changera pas le fait que nous puissions travailler ensemble et être complémentaire sur certains aspects. Nous pourrions nous recommander certains clients et trouver des solutions de partenariat dans certains domaines. C'est le genre de lien professionnel que j'ai envie d'avoir avec toi, encore plus depuis que je sais que tu es ma petite fille. »