T'as essayé d'appeler plusieurs fois sur son portable : pas de réponse. C'est peut-être juste le signe qu'elle veut qu'on lui fiche la paix, c'est tout, et tu devrais pas insister, Brooke. Mais évidemment, c'est plus fort que toi. En l'absence de nouvelles, tu ne peux pas t'empêcher de psychoter et de te poser des milliers de question. Dans ta caboche, ça tourne en boucle, et c'est pas spécialement beau à voir. T'arrives pas à comprendre ce qui se passe. Et forcément, ça te frustre, et ça te perturbe... T'aimes pas quand tu sens que quelque chose ne va pas chez les gens auxquels tu tiens. Tu ressens toujours le besoin de faire quelque chose, quitte à en faire trop.
Hannah, c'est pas son genre de pas se pointer au boulot à la dernière minute. De ce que tu connais d'elle, elle a toujours été de bonne volonté, donc si elle est pas venu, te poussant à la remplacer au cinéma au pied levé, c'est forcément qu'il s'est passé quelque chose. Quoi ? T'en sais rien, mais quelque chose, c'est sûr et certain. Toutes les deux, vous êtes collègues depuis quelque temps, depuis que t'as laissé tomber ce taf de serveuse au resto qui te fichait le moral de travers pour trouver ce poste au ciné, qui déjà te plaît un peu plus, même si ça te transcende pas pour autant (en même temps, le but reste de payer tes études, pas de changer ta vie). Vous êtes pas les meilleures amies du monde, mais en revanche, tu l'aimes vraiment beaucoup. Tu saurais pas expliquer pourquoi, mais même si vous avez le même âge, tu sens que elle aussi, elle en a vécu des vertes et des pas mûres, et ça te rapproche d'elle, d'une certaine manière.
Donc, comme tous ces proches que tu t'es faits ici, certains sans même t'en rendre compte, parfois, ben tu t'inquiètes d'eux quand il leur arrive un truc. T'avais traîné des pieds au moment de devoir remplacer Hannah au pied levé, et peut-être fait preuve d'un peu de mauvaise volonté, faut le dire, mais ça t'est vite passé ensuite. Tu sais que ton amie ne fait pas faux bond aux gens comme ça, alors même si la patronne a rien voulu te dire, tu sens que quelque chose ne va pas.
Donc, puisqu'elle ne répond pas à tes appels, tu décide de prendre le carnotaurus par les cornes, et d'aller directement sonner à la porte de la jeune femme, en espérant qu'elle acceptera de t'ouvrir. Quand tu la vois finalement dans l'entrebâillement de la porte, tu lui adresses un sourire.
"Hey, désolée de me pointer chez toi comme ça, mais j'avais pas de nouvelles alors... je voulais savoir si ça allait ?"
Tu sais que tu peux avoir parfois tendance à t'imposer dans les moments où on a le moins envie ou besoin de ta présence. T'as souvent le besoin d'en faire trop, et ça peut se retourner contre toi. C'est quelque chose que t'essaies de corriger dans ton comportement, mais c'est pas toujours efficace. En l'occurrence, tu serais pas trop capable de déterminer si ta présence est appréciée ou non. Tu sens juste qu'Hannah n'est toujours pas très bien, et t'espères que tu seras capable de faire quelque chose pour elle. Parce que la voir comme ça, ça te serre vraiment le coeur.
Tu lui adresses un sourire qu'on pourrait traduire par "C'est rien" quand Hannah s'excuse après t'avoir confondue avec son voisin. T'es rassurée d'apprendre qu'elle a donc des voisins qui veillent sur elle. Ici, c'est important, mais en même temps, c'est difficile aussi, de se sentir véritablement entouré(e). T'en sais quelque chose, Brooke. T'es rarement seule, au final, et pourtant, le sentiment de solitude ne te quitte jamais vraiment. C'est difficile à expliquer.
"T'inquiète, ça m'a pas dérangée", tu réponds avec un fin sourire quand Hannah t'invite à l'intérieur après s'être excusée que tu aies dû la remplacer au pied levé.
Tu mens un peu, c'est vrai, parce que sur le moment, ça t'a quand même sacrément dérangée, mais c'est plus le cas, maintenant, c'est bon, une fois que tu t'es mise au travail, tu t'es fait une raison. Et puis, c'était pour la bonne cause, au final... Tu vois qu'Hannah est toujours mal, et tu te demandes vraiment ce qui a pu lui arriver, tout en ayant peur, dans le même temps, d'être trop indiscrète en lui posant la question... Elle t'invite chez elle, elle n'a pas l'air de vouloir te cacher quoi que ce soit, mais en même temps, tu n'as pas la moindre envie de réveiller de mauvais souvenirs alors que tu vois bien, tu sens bien que toute cette situation est vraiment difficile à vivre pour elle, quoi qu'elle ait dû endurer.
"J'ai ramené des chocolats", tu dis en sortant le paquet de ton sac. "Et du cidre." De l'alcool, mais pas trop, t'as tenté l'entre-deux. "Si jamais ça te dit." Tu laisses passer un léger temps de silence. "Si t'as envie d'en parler, je suis là... et sinon, on peut parler de tout et de rien, ça me va aussi.", tu ajoutes pour qu'elle ne se sente pas obligée.
C'est pas du tout un traquenard, que tu lui tends, bien au contraire.
T'affiches un sourire ravi en constatant que t'as tapé juste, avec le chocolat. Bon, autant le dire tout net, t'as pas pris beaucoup de risques non plus, la plupart des gens aiment le chocolat, et y a tout un tas de monde dont c'est le péché mignon, toi compris, mais quand même, ça te fait plaisir de lui faire plaisir. Le peu que tu es capable de faire pour lui remonter le moral, tu le fais, et tu considères que c'est la moindre des choses. T'as envie que Hannah se sente mieux, c'est ton ami, t'aimes pas l'idée de la voir dans un sale état, et parfois, ce sont de petits gestes qui n'ont l'air de rien qui peuvent faire une grande différence.
"Je dirais pas non à un chocolat chaud", tu réponds avec le sourire. "Rien de mieux que le chocolat pour accompagner le chocolat, pas vrai ?" tu ajoutes dans un sourire tout en prenant place sur le canapé alors qu'Hannah pose ton "offrande" sur la table basse. "Et tu ne m'embêtes jamais avec tes problèmes, crois surtout pas ça."
Toi-même, tu gardes souvent tes pensées les plus négatives pour toi-même, jusqu'au moment où elles explosent, ce qui ne fait jamais de bien à qui que ce soit... T'es du genre à vouloir que les gens se sentent en confiance avec toi, à vouloir les aider quand t'as des problèmes, et en même temps, t'es aussi du genre à jamais parler de tes soucis pour pas déranger les autres. Hannah s'éclipse le temps de s'habiller, tu laisses faire sans broncher, après tout, t'as débarqué à l'improviste et tu t'imposes chez elle, elle est déjà bien gentille d'accepter ta compagnie. Et pendant ce temps, tu t'ennuies pas, de toute façon, puisque tu convoques tes vieux et irrépressibles réflexes : en bref, tu sors ton portable de ta poche et tu zyeutes tes réseaux sociaux en long, en large et en travers, en bonne addict que tu es. Faut vraiment que t'apprennes à gérer ton addiction aux écrans... Tu le sais, tu te le répètes, mais tu te dis que c'est un moindre mal compte tenu de tout ce à quoi les circonstances t'ont obligée à renoncer.
"T'excuse pas, c'est moi qui débarque sans prévenir", tu réponds en détachant enfin les yeux de ton écran pour poser le regard sur Hannah, souriante, afin de lui faire comprendre qu'elle n'a vraiment pas de raisons de se confondre en excuses. "Oh oui, c'était tranquille... Bon, je me suis loupée et j'ai servi du popcorn sucré à un amateur de salé, j'ai cru que j'allais finir avec le seau sur la tête, mais en dehors de ça, ça a été plutôt tranquille, tout compte fait."
Tu gratifies Hannah d'un charmant sourire accompagné d'un "merci" sincère quand ton amie se propose de vous préparer un chocolat chaud. Rien que la pensée de ce breuvage réconfortant te plaît déjà beaucoup. Tu veux la rassurer : ses problèmes ne t'embêtent pas, bien au contraire, et tu l'aideras si tu le peux, mais en même temps tu ne veux pas la pousser si elle ne veut rien dire. Toi, tu sais bien que tu parles toujours beaucoup trop, ce n'est pas pour autant que tout le monde doit se sentir obligé de faire la même chose, pas vrai ? En tout cas, si ta présence ne dérange pas et peut même avoir le mérite de changer un peu les idées de ton amie, alors tu te dis que tu y auras déjà gagné quelque chose. C'est tout ce que tu demandes de ton côté.
"Oui, il a juste râlé pour la forme", tu dis concernant le client mécontent. "Il a aussi fait une remarque sur mes cheveux. Je crois qu'il estime que le rose justifie mon incompétence", tu en parles en riant.
Tu sais bien que ta coloration peu conventionnelle n'est pas du goût de tout le monde. Oui, sur YouTube, ça fait son petit effet, parce que tu es immédiatement reconnaissable, mais dans la vie réelle des vrais gens, c'est une autre affaire, par contre. Ceci dit, de ton côté, tu t'en fiches complètement, vraiment. Toi, ce qui t'intéresse, c'est de faire ce qui te chante, et comme bon te semble, et au pire, si tes cheveux doivent te servir d'excuse dans des moments désagréables, bah t'encaisses le blâme sans broncher, de ton côté.
"Non, la patronne m'a rien dit. Elle m'a juste dit que t'avais pas pu venir pour des raisons personnelles."
C'est aussi pour ça que tu t'es un peu inquiétée. Parce que si elle avait été malade, la patronne te l'aurais dit telle quelle, sans faire de périphrases, donc très logiquement, toi, tu te fais quand même du souci de ton côté. Tu as envie d'ajouter un "si tu veux en parler..." mais tu te dis que c'est implicite. Donc, tu attendras qu'elle t'en parle si elle le décide. Sinon, tu laisseras couler.
"Moi ça va bien, écoute. Je sature un peu des cours par contre. Entre ça, mes petits boulots, mes vidéos, j'ai l'impression de jamais prendre de temps pour moi. Et puis, je commence à me demander si c'est vraiment fait pour moi, ces études. Ou les études tout court en fait."
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What's wrong? (Hannah)
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