Chaos awaits you —

// Elijah et Gavin

Putain d’bordel de merde.
C’était qu’un hasard au début, une erreur même. Ça ne pouvait être que ça. Il pensait… Non. C’était vraiment pas une erreur. Plus il relisait les lignes puis la réalité frappait les portes de son esprit. Il ne se souvient même plus de comment il était tombé sur ça, mais le résultat n’en changeait rien. Le choc avait laissé place à la curiosité. Frénétiquement, le ventre tordu dans l’appréhension, il avait poussé ses recherches. D’abord en scrollant sur son téléphone. Puis sur son poste au commissariat. Y’avait plus aucun doute. Le logo était tant semblable. Il remarquait les différences. Et son esprit s’agitait, au point de négliger son boulot.
Lui qui se demandait la raison de sa présence ici, dans le passé. C’était ça la raison. Il devait l’arrêter. Il devait empêcher que ça se reproduise. Que l’humanité ne replonge pas dans cette merde. Empêcher la naissance de ces androïdes, empêcher leur déviance, empêcher la révolution et l’anéantissement de l’humanité. Il abusait un peu ? Sans doute. On allait le prendre pour l’un de ces fous qui secouent sa cloche en criant que la fin du monde est proche. Mais putain de merde. Il l’avait vu de ses yeux. Tout ce que ces boites de conserve allaient provoquer.

Il écarta ses dossiers en cours, les donnant à ses collègues. Il avait mieux à faire que de faire de stupide rapport sur des incidents mineurs. Ça occupait ces gars qui vivaient dans l’ignorance du futur. Gavin se plongea dans ses recherches, notant tout sur papier comme à la bonne vieille méthode. Alors qu’il se levait, une voix non loin de ses bureaux l’interpella :

– Tu vas où ?
– Pas tes affaires.

Gavin enfila sa veste, fourrant ses papiers en désordre dans une poche intérieur et vérifia d’un geste habituel, mais consciencieux les sécurités de son arme.

– T’as besoin d’un collègue ? Demanda la même voix, sans bouger de sa chaise.
– Occupe-toi d’ton cul.

Il prit ses clefs pour se barrer en vitesse, ne laissant pas de temps au gars de l’emmerder une nouvelle fois. Il monta dans sa caisse, enclencha son GPS après s’être battu avec et l’avoir insulté une bonne dizaine de fois et démarra en trompe. Il n’avait plus une seconde à perdre. Si c’était sa destinée. S’il pouvait retrouver son ancienne vie comme ça. S’il pouvait sauver tout le monde de cette pestilence qu’étaient les androïdes.
Après avoir slalomé entre les voitures, manquer quelques règles du Code de la route, il se gara en retrait de sa cible. Gavin prit quelques secondes de calme, le regard perdu sur le quartier. Le calme avant la tempête. La porte de sa voiture claqua une fois qu’il s’extirpa de l’habitacle et pressa le pas jusqu’à l’adresse trouvée. L’affreux logo le narguait, l’ancrant dans une réalité qu’il peinait parfois encore à comprendre. Il passa les portes de l’atelier et promena un regard suspicieux sur ce qui pouvait trainer, essayant de comprendre la nature de ce qui s’y faisait et déjà chercher des pistes d’un foutu androïde.

Il avait une main crispée à sa ceinture, prête à dégainer son arme si on cherchait à l’arrêter. Dans le film héroïque qu’il s’était monté, il devait affronter plusieurs péripéties avant d’en ressortir victorieux. Mais franchement, plus il regardait ce qui était exposé et laissé en plan ici et là, il ne voyait pas comment un androïde pouvait sortir de là. Où étaient les grosses machines, la surproduction, les bras mécaniques ? C’était caché en sous-sol ?

– Vous êtes en r’tard de deux ans. Vous êtes censés lancer votre première produc’ au grand public. Pas réparer l’grille-pains. S’annonça Gavin, dans tout son sarcasme habituel.

Il continuera d’avancer, tourner un peu dans l’atelier sans toucher pour l’instant à ce qui trainait. Il n’avait jamais été très friand de technologie de toute façon.