Tombée du miroir ( Monsieur Panpan L'heureduthé & Ophélie )

▿ Date de naissance : 02/12/2004

Le Shopping ! Un mot qu'Ophélie déteste. Et pourtant, elle a du s'acquitter aujourd'hui de la tâche pénible de renouveler sa garde-robe d'hiver. Elle y a même consacré la majeure partie de son après-midi, en dépit de son horreur pour la foule et les étages labyrinthiques de ce grand magasin. Les rayons débordent de collants en laine, de robes à motifs, de chaussettes et d'autres articles féminins qu'Ophélie se devaient de racheter. Elle a trouvé quelques belles pièces qui lui plaisaient, même si elle est restée très perplexe devant les rayons qui débordent déjà d'articles et de décorations de Noël alors que Halloween n'était même pas encore passé.

Fatiguée et les bras chargés de sacs, elle se décide de rentrer chez elle. En montant dans l'ascenseur du grand magasin, elle est soulagée de pouvoir enfin se reposer. Bientôt elle sera chez elle ... la perspective de se faire une boisson chaude et de pouvoir s'allonger avec un bon livre lui fait chaud au coeur. Les portes de l'ascenseur se refermèrent, et elle se laisse tomber contre la paroi doublée d'un grand miroir, appréciant l'opportunité de pouvoir un peu reposer ses jambes alourdies par une journée de déambulations.

Cependant, à peine touche-t-elle le miroir que quelque chose d'extraordinaire se produit. De manière incompréhensible, la jeune femme se sent soudainement basculer en arrière, comme si la paroi contre laquelle elle s'était appuyée venait de disparaître. Paniquée, elle trébuche en arrière, bat désespérément des mains pour rétablir son équilibre, mais c'est inutile. En un éclair, elle passe à travers le miroir qui est devenu aussi inconsistant que l'air. Elle tombe "de l'autre côté."

La sensation est vertigineuse, et elle perd ses repères. Elle n'a pas atterri dans le grand magasin de l'autre côté de la paroi de l'ascenseur, mais dans un endroit inconnu. Ophélie se redresse, cherchant désespérément ses lunettes qui ont été perdues lors de cette chute impromptue. Sans elles, tout est flou et indistinct.

Elle réalise qu'elle est au milieu de ce qui semble être une boutique ou un intérieur cossu. Mais elle n'arrive pas à comprendre où elle se trouve. Autour d'elle, des bibelots gisent par terre, brisés ainsi que ses sacs de course étalés. Quelque part au milieu de ce bazar doivent se trouver ses lunettes ... Une odeur alléchante de thé chaud emplit l'air, ajoutant encore plus de confusion à la situation. Ophélie reste immobile, essayant de reprendre ses esprits et de comprendre ce qui vient de se passer.

▿ Date de naissance : 07/03/1987

Comment ça, le miroir ne s'entend pas avec le reste de la salle de bain ? J'y retourne, sourcils froncés et... effectivement... La totalité de la salle d'eau s'est mise à bouder ce nouvel arrivant pas encore pleinement ancré dans son nouvel univers. D'ordinaire, je suis plutôt d'accord avec les anciens et j'aurais été plus sévère avec le nouveau venu, lui demandant de mieux s'intégrer, mais là, je lève les bras...

"C'est un miroir qui vient d'une brocante de gens normaux. Qui sait ce qu'il a vécu. Vous pourriez être un peu plus patient avec lui !"

Je soupire. Seule la baignoire semble ressentir un peu de compassion. Sans laisser aux autres le temps d'y penser, ou même de prendre conscience de leur bêtise, je décroche le miroir et vais le porter dans le salon de thé où je le pose sur une commode. Voilà. Au milieu de mes éléments de décoration ici, il sera beaucoup plus à l'aise. Déjà, la fausse plante faite de plume lui souhaite la bienvenue. J'espère qu'il n'y aura plus de problème, ainsi !

Je m'éloigne pour faire du thé, pour fêter cela et apaiser l'atmosphère. La boutique est calme, et je n'ai pas de clients, probablement parce que ce n'est pas encore ouvert. Il faut que je prépare l'ouverture de l'après-midi maintenant que j'y pense, mais je me fais du thé avant, pour moi et moi seul.

C'est alors que j'entends un bruit fracassant. J'arrive, tasse de thé à la main, les yeux ronds. Le miroir est là, il va bien. La plante de plume semble toute effarouchée... et nous avons une nouvelle personne, visiblement.

"Tu aurais dû me dire si tu voulais accueillir des invitées ici. J'aurais préparé une tasse de thé supplémentaire !"

C'est moins un reproche qu'une phrase prononcée sur un ton amusé. Je n'ai pas envie de culpabiliser mon miroir. C'est juste que s'il souhaite faire venir plus de monde, je pense qu'il faudra que je lui trouve un autre endroit... et ne plus le remettre dans ma salle de bain.

La personne est à genoux sur le sol et je me dis que ce n'est pas une position très réglementaire pour une personne... Et les gens normaux, ils préfèrent être dans la norme. Je prends doucement son bras pour l'aider à se mettre sur ses deux pattes arrière et, une fois un équilibre retrouvé, je lui donne ma propre tasse de thé entre les mains.

"Bienvenue à vous dans mon salon de thé ! Vous êtes amis avec les miroirs depuis longtemps ?"

▿ Date de naissance : 02/12/2004

Ophélie se retrouve assise sur une moquette épaisse dans un charmant salon de thé. Des bibelots dépareillés emplissent des étagères, des pâtisseries appétissantes sont exposées sur un comptoir en bois, et l'odeur de thé fraîchement infusé emplissait l'air. Elle se sent soudain très éveillée, malgré le choc qu'elle vient de vivre.

Un homme excentrique et jovial apparait, il lance avec espièglerie.

- Tu aurais dû me dire si tu voulais accueillir des invitées ici. J'aurais préparé une tasse de thé supplémentaire !

Mais visiblement ce n'est pas à Ophélie qu'il s'adresse mais à quelque chose ... au dessus d'elle ? Elle lève un instant le museau, cherchant du regard le mystérieux interlocuteur mais ne le trouve évidemment pas.

Ophélie, toujours étourdie par le passage à travers le miroir, ne comprend pas exactement tout ce qui se passe. Elle se laisse aider à se relever et prend par reflexe la tasse de thé qu'il lui tend avec assurance. Ses achats sont encore dispersés au sol, au milieu de bibelots que son entrée involontaire a renversés.

- Oh heuh merci ... je ... je suis épouvantablement désolée pour ce désordre !

Bredouille-t-elle, tandis qu'elle essaye de ramasser ses paquets avec maladresse. Il faut dire que tenir en équilibre une tasse de thé en même temps l'exercice particulièrement difficile.

L'homme, toujours d'humeur légère, n'a pas l'air de lui en tenir rigueur. Il lance avec entrain.

- Bienvenue à vous dans mon salon de thé ! Vous êtes amis avec les miroirs depuis longtemps ?

La question la laisse un instant bouche bée. Bien sûr que les miroirs ont joué un rôle étrange dans sa vie, mais quelle drôle de manière d'entamer la conversation alors que rien de ce qui vient de se passer ne devrait paraître normal. Elle balbutie d'un ton incertain.

- Je ... heu ... merci. Je ne suis pas sûre de savoir comment je suis arrivée ici. Les miroirs et moi, nous avons une longue histoire, oui ... en quelque sorte.

Elle se retourne avec prudence pour regarder son reflet dans la surface réfléchissante. Son pouvoir de passage de miroir ne s'est pas manifesté depuis ses 14 ans, alors qu'elle était encore à Anima. Elle voudrait prendre du temps pour comprendre ce qui se passe, oser toucher le miroir du bout de ses doigts gantés pour sentir de ses doigts le contact avec lui ...

Mais elle voit par dessus l'épaule de son reflet le visage jovial et insistant de l'homme chez qui, semble t'il, elle a fait irruption. Qu'il prenne son arrivée impromptue aussi bien ne veut pas dire qu'il soit poli de lui tourner le dos et d'ignorer sa présence !

Elle se retourne alors vers l'homme et mue par son éducation, entreprend de se présenter.

- Je m'appelle Ophélie Artémis, je suis encore une fois désolée pour mon irruption chez vous.

De manière surprenante ce n'est pas la main gantée d'Ophélie qui se tend pour être serrée au moment de la présentation mais un pan de l'écharpe en laine qu'elle porte au cou.

Le geste surprend la propriétaire de l'écharpe qui essaye de ne rien en montrer. C'est étrange de voir l'écharpe aussi familière et en confiance avec un étranger.

▿ Date de naissance : 07/03/1987

Le désordre, le chaos, le... Ah oui, elle parle des affaires qui sont éparpillées ! Oui, c'est vrai que je n'avais pas rangé comme ça la dernière fois. Et nous avons des objets en plus, de nouveaux objets, ceux que j'aime le moins, parce qu'ils sont tout neuf. Je n'aime pas ce qui est neuf. J'aime ce qui a du vécu !

Mon attention se retrouve plus concentrée sur la personne qui me fait face. Elle a l'air d'une vraie personne, pas comme les autres qui font semblant d'être pour de vrai, mais qui ne sont pas de vraies gens.

"Ow ? Je serais ravi d'entendre votre histoire avec les miroirs. Cela m'a l'air d'être passionnant ! Je n'ai encore rencontré personne qui était amie avec des objets inertes." Mais je manque à tous mes devoirs "Vous voulez du thé ?" Elle a déjà ma tasse... Ah oui "Moi, je veux bien du thé. Merci ! Installez-vous, je vais me faire une tasse pour moi-même. Ce sera plus simple."

Ah oui ! Se présenter ! Les gens aiment se présenter et qu'on se présente en retour.

Le livre de la normalité, chapitre trois

D'aucuns pourraient sans doute se demander pourquoi le sujet de la présentation n'apparaît qu'au chapitre trois. Je demanderai à l'auteur, un jour.

"Je me nomme..." c'est quoi mon nom déjà ? "Je vous ai déjà proposé du thé ?" Ah non, je lui ai donné directement ma tasse, c'est vrai !

Je m'approche d'elle, saisissant son écharpe dans ma paume et en me penchant pour l'embrasser, comme tous gentlemen se doivent de le faire.

"Enchanté, très chère Ophélie. Pour ma part, je me nomme... enfin, je me nomme assez rarement parce que je n'ai que très rarement l'occasion de me parler, à part peut-être au travers d'un miroir, mais c'était avant de savoir que des jeunes filles pouvaient en sortir... Où en étais-je ? Ah oui. On me nomme Harry Marsh, mais vous pouvez m'appeler Harry. Je vous souhaite humblement la bienvenue dans mon salon de thé. Mettez-vous à l'aise pendant que je vais me chercher ma propre boisson."

D'un bond, je me retrouve derrière mes bouilloires et j'en sélectionne une pour me faire un thé pour moi, cette fois. La tasse que je sélectionne n'est pas ma préférée vu qu'Ophélie l'a entre ses mains. Mais ce n'est pas grave. Je peux bien prêter mes tasses préférées à des gens qui ont des écharpes aussi gentilles.

"Alors, dites-moi. Qui êtes-vous ? Pour de vrai, j'entends, pas celle que tout le monde pense connaître."

▿ Date de naissance : 02/12/2004

Ophélie parait un instant dépassée par la volubilité et l'excentricité de l'hôte des lieux. Il semble enthousiaste à l'idée d'entendre parler de son lien avec miroir et objets. Elle a le temps de balbutier.

- Ah oui ?

Avant qu'on ne lui propose de nouveau du thé puis qu'on lui intime de s'asseoir. Une invitation qu'elle ne manque pas d'honorer. La scène a de quoi donner le tournis, elle sera bien mieux en position assise. Elle tombe assise ainsi place dans un grand fauteuil capitonné de style baroque, aussi confortable qu'on pouvait s'y attendre en voyant la belle assise en velours. Ses grands yeux étonnés, déformés par le verre épais de ses lunettes suivent les gestes de l'homme qui finit (après s'y être repris à plusieurs fois) par se présenter.

- Oh heuh ... très heureuse, monsieur Marsh.

L'homme, décidément survolté, s'éloigne d'un bond pour aller préparer du thé. On aurait pu croire que cette courte interruption aurait pu laisser le temps à Ophélie de souffler et de prendre la mesure de la situation dans laquelle elle se trouve mais non, même attelé à ses préparations, l'homme engage immédiatement la conversation en posant une question déstabilisante. Elle répète, bouche légèrement bée.

- Qui je suis vraiment ?

Saperlotte, tout ca rappelle à Ophélie les sujets de Philosophie tordue sur lesquels elle devait disserter pour obtenir son diplôme. Un exercice auquel, d'ailleurs, elle n'était pas si mauvaise mais qu'elle imaginait ne jamais avoir à reproduire une fois l'examen terminé.

- Eh bien ... je suis ...

Elle hésite et semble réfléchir. L'homme est suspendu à ses lèvres et semble espérer beaucoup de sa réponse. Elle remonte ses lunettes puis énonce.

- Je suis Ophélie. Je suis une animiste. On dirait que vous et moi partageons une passion pour les objets anciens.

Et le thé ... dans une moindre mesure sans doutes.

- Et j'étais une passe-miroir, autrefois ... Et je tombe des nues d'être parvenue à entrer chez vous par ce moyen parce que depuis mon arrivée dans cette ville, ca ne m'était jamais arrivé.

▿ Date de naissance : 07/03/1987

"Bien sûr ! Comment pouvez-vous en douter ? Voyez-vous, les gens sont obsédés par l'idée de possession. Ils se sentent plus heureux, ou pensent qu'ils sont plus heureux avec telle ou telle acquisition... Cependant, personne ne pense à l'acquisition en elle-même. Dites-moi que vous avez déjà vu quelqu'un se dire qu'elle va donner son plus beau tableau à sa voisine parce qu'il est certain qu'il sera plus heureux avec elle !"

Je m'emporte, j'en suis parfaitement conscient ! En tout cas, j'aimerais la connaitre un peu plus. Je fais asseoir mon invitée (parce que les invitées de mon miroir sont aussi mes invitées) d'une manière plus convenable, et nous reprenons notre petite conversation.

Elle semble perdue et ne pas savoir réellement que répondre à la question la plus élémentaire qui soit. Pauvre petite.

"Enchantée, Ophélie l'animiste passionnée par les objets anciens."

Oh... OH !

"Attendez... Vous prétendez..." non, ce n'est pas possible ! "Vous me dites que la magie existe en ce monde ici aussi ?"

Mes yeux s'ouvrent tout grand.

"Oh bien sûr, la soucoupe m'en avait touché deux trois mots, et votre écharpe également, -elle est adorable par ailleurs- Mais je dois admettre que j'ai du mal à y croire."

Je secoue la tête, sidéré.

"Et d'où veniez vous avant d'être dans cette ville ?"

Je parirais sur... une pirate ! Je tourne la tête pour entendre le pot de fleur me susurrer que c'est une vampire, ce qui serait logique vu que leur reflet n'apparaît pas dans les miroirs. Je regarde le miroir qui, lui, garde un silence mystérieux comme s'il savait bien plus de choses qu'il ne voulait en révéler.

"Vous pouviez faire d'autres choses, avant ?"

▿ Date de naissance : 02/12/2004

Il est bien rare que Ophélie soit le centre de l'attention de quiconque. C'est une jeune fille effacée, timide et pour tout dire, pas nécessairement très à l'aise en société. Mais deux c'est un bon chiffre. Elle se sait capable de faire bonne figure dans une conversation à deux, aussi inhabituel le vif intérêt qu'elle reçoive de la part du maitre des lieux.

L'homme en face d'elle est volubile. Elle le croirait volontiers capable d'alimenter la conversation à lui tout seul, sans qu'elle ait beaucoup à faire ou dire pour l'entretenir. Mais pourtant celui-ci finit par lui poser des questions et attendre d'elle une réponse plus développée qu'un hochement de tête mesuré ou un sourire poli.

- La magie ? Oh et bien.

Elle remonte ses lunettes et rabaisse la soucoupe de thé qu'elle tenait devant son menton pour boire avec beaucoup précaution dans la petite tasse.

- Il est difficile de s'accorder sur ce que veut dire le terme "magie". Mais il semblerait bien que des individus parviennent à retrouver des facultés qu'ils possédaient avant. Mais pour autant que je puisse en juger, c'est assez aléatoire ... Certains pensent que c'est corrélé à "l'attention" que nous porterait la Ville et le nombre de petits tracas qu'elle s'amuse à nous imposer régulièrement. Mais aucune preuve solide n'étaye ces affirmations ...

Et comment pourrait on le prouver de toutes façons ... ?

Ophélie penche la tête de côté, intriguée, quand son hôte prétend avoir entendu la soucoupe lui révéler un secret. Quant à l'écharpe, elle se tortille sous le compliment de Harry Marsh comme le ferait une demoiselle en pamoison devant un gentilhomme à la fois séduisant et intimidant. Le vêtement se détache d'ailleurs sans honte du cou de sa propriétaire pour venir jouer les midinettes au plus près de Marsh, accrochée au rebord de son fauteuil et se penchant en direction de l'homme.
L'attitude de midinette adoptée par son écharpe déconcerte beaucoup Ophélie qui lève un sourcil perplexe tout en prenant une gorgée prudente de sa boisson chaude. Sa main gantée tremble très légèrement au moment de reposer la tasse dans sa soucoupe, faisant tinter la porcelaine un bref instant avant de se reprendre, sans qu'une goutte n'ait été renversée heureusement.

- Je viens d'un monde où la Terre a été détruite par une grande guerre et où le peu qu'il des continents dérive en orbite au dessus d'un vide sidérant, au mépris de toute loi physique en vigueur dans les autres univers. Je viens d'une de ces arches de terre flottante appelée "Anima" où nous autres Animistes, avions un lien ...

Elle hésite avant de prononcer le mot avec prudence, voire un peu de réticence.

- ... presque magique, avec les objets. Il se manifestait de manière différente selon les personnes. J'étais pour ma part capable de lire le passé des objets avec mes mains et à traverser des miroirs ... bien que je sois restée coincée dans l'un d'eux une fois étant très jeune.

Un incident qui lui aura fait perdre beaucoup ... à commencer par sa vue, sa capacité à coordonner ses mouvements ou la couleur rousse qui teintait ses cheveux à sa naissance. (Non pas qu'elle soit très coquette de nature ou que le roux vaille mieux que les cheveux noirs. Mais elle a beaucoup souffert à l'époque de ne plus ressembler à ses parents ...).

- Le reste n'est que manifestations secondaires et pas nécessairement contrôlée de ma nature.

Elle dit cela en regardant en coin l'écharpe dont les ponpons commençaient à se tendre en direction de Harry Marsh pour tenter de lui frôler la main avec une espèce de timidité inexplicable. Elle toussote et une moue infime agite le coin de sa bouche alors qu'elle jette un regard bref mais désapprobateur en direction du vêtement.

- Et vous même, monsieur Marsh ... ? D'où venez vous ... ? A vous entendre vous avez vous aussi perdu quelque chose qui vous tenait à coeur. Quelque chose en rapport avec les objets également ... ?

Se pourrait il que Harry Marsh provienne du même univers qu'elle ? Voire de la même arche ?? Ce serait un hasard tout bonnement fabuleux.

▿ Date de naissance : 07/03/1987

La ville peut aimer ou détester quelqu'un ? Oh ! Je ne pensais pas. Pour moi, c'est une ville qui n'a pas d'âme propre, mais après tout, si une louche peut être une vraie amie, pourquoi pas une ville ? Il faudra que j'y fasse plus attention la prochaine fois.

"Oh, très chère, je n'ai nul besoin de preuves, voyons."

J'écoute, un peu terrorisé, ce qu'elle me dit sur son monde d'origine. Une terre dévastée par la guerre. J'ai connu cela, et notre survie ne dépendait que d'une jeune femme un peu perdue. Son monde semble s'être réparé de lui-même, comme il a pu. Un monde pourrait-il avoir une âme aussi ? Apprécier des gens... apprécier le thé à la myrtille ? Sans aucun doute. Qui n'aime pas le thé à la myrtille ?

"Je vois ! C'est pour cela que vos atours ont de si belles manières ! Et vous voyagez en miroir alors. Ce doit être très pratique, nonobstant l'idée qu'un miroir va très souvent dans une salle de bain. En tout cas, très chère Ophélie, sachez que mon miroir vous est toujours ouvert." je m'incline.

J'aime les manifestations secondaires. J'aime aussi les manifestations tertiaires. Je trouve les manifestations premières un peu trop m'as-tu-vu.

"Je viens d'un pays d'étrangetés aussi, où les gens ne sont pas de vrais gens, ils font juste semblant, où les animaux sont vos meilleurs amis, et où la reine souhaite raccourcir quiconque désobéit de leur tête."

Ma voix se baisse.

"Mais nous avons aussi le Jabberwookie, mais heureusement, il a eu la tête tranchée... Mais pas par notre reine. Finalement, la monarchie, ce n'est pas si bien que tout le monde le pense."

L'une de mes petites statuettes m'enjoint à lui en dire un peu plus sur mon monde à moi.

"En réalité, je ne suis pas vraiment un homme... Enfin, je le suis... mais j'étais un animal auparavant. Heureusement, personne ne parvient à deviner lequel."

À ce moment, l'un des tableaux que j'avais accroché au mur tombe brusquement. Tiens, pourquoi il est en colère, celui-là. Il représente une vache, un âne, un bouc, un mouton, une chèvre, un poulet et un lièvre. Je m'occuperai de toi tout à l'heure, il est inutile de chercher à tricher. Non, n'insiste pas !

▿ Date de naissance : 02/12/2004

Ophélie est un peu décontenancée par la manière dont son hôte accepte avec simplicité toutes les choses invraisemblables qu'elle lui raconte pourtant. Les gens la croient rarement, elle a l'habitude d'argumenter, d'expliquer, devoir entrer dans les détails. Un peu d'écoute et de confiance dans ce monde de fou lui fait un bien étrange. L'amabilité de monsieur Marsh est touchante et une toute petite moue plisse son museau quand il fait remarquer avec justesse que beaucoup de miroirs mènent dans les salles de bain mais que le sien lui restera ouvert.

- Oh c'est très aimable merci. Oui heu ... vous avez raison. J'évitais à l'époque les miroirs de salle de bain ...

Une habitude qui remonte à des années, qu'elle avait rapidement acquise à force d'incidents assez embarrassants, notamment avec ses frères et sœurs ... Imaginer qu'il existe une chance pour qu'elle puisse retrouver bientôt cette habitude ici dans la Ville a de quoi donner le tournis.

Installée dans le fauteuil, elle sirote le thé qui lui a été servi avec d'infinies précautions. Son écharpe continue ses étranges manières mais ne dépasse pas encore les limites de l'acceptable. Ophélie la surveille du coin de l'œil, la réprimande prête à être prononcée eu premier écart ... Mais rapidement son attention est happée bien loin des bizarreries de son écharpe. Henry Marsh commence à faire un récit de sa vie passée et de son monde d'origine. Ophélie l'écoute avec un intérêt dont dissimulée, pendue aux lèvres de celui qui se décrit comme un ex animal.

- Comme tout cela est curieux.

Dit-elle, surprise mais visiblement convaincue de la véracité de ses propos. Mais les informations livrées par Marsh sont vagues. Des univers peuplés d'animaux, avec des monarques, elle en a déjà entendu parler de plusieurs. Le fait que son hôte semble gêné d'avouer sa nature originale la rend perplexe également.

- Et bien ... j'ignore à quelle espèce vous apparteniez mais vous me semblez en tout point charmant et civil, je ne peux pas imaginer d'animal infâme qui puisse se comporter ainsi.

En vérité, si Ophélie devait miser sur quelque chose à cet instant, elle comparerait monsieur Marsh à un écureuil. De par sa nature enjouée, la collection hétéroclite dont il aime visiblement s'entourer et un vague air qui, effectivement, pourrait lui évoquer le visage d'un rongeur. (Elle prie intérieurement pour qu'il ne lui avoue pas être un rat cependant).

Comme lui, son attention est attirée par le tableau lorsque celui ci tombe. Ce genre de manifestation d'humeur des objets n'était pas rare dans l'Arche d'où elle vient aussi elle n'en fait pas grand cas.

- Je commence à croire que vous aussi vous donnez une âme aux objets qui vous entourent. C'est courant dans le monde duquel vous venez ?

▿ Date de naissance : 07/03/1987

J'hoche vigoureusement la tête. Il faut être un miroir très taquin pour faire sortir cette jeune femme d'un miroir de salle de bain ! Vilains miroirs. Mais bon, ils sont si facétieux en plus d'avoir plein de facettes. On ne peut décemment pas leur en vouloir. Heureusement qu'ils ne sont pas aussi plaisantins que les services à thé, sinon, on ne s'en sortirait pas. Et en même temps... est-ce qu'un reflet d'une apparence est réellement important ? Non, bien sûr. Mais quand on s'en sert comme moyen de transport, j'imagine que l'exercice est tout autre.

Elle dit que mon monde est curieux et je ne peux qu'approuver. Déjà, il rend les gens curieux. Ils n'en ont jamais assez. Quand ils découvrent une partie de mon monde, ils veulent toujours aller plus loin tant et si bien que les merveilles découvertes au début deviennent un peu fades et tristes sur le chemin du retour.

"Vous y êtes la bienvenue, et si vous trouvez le chemin, n'hésitez pas à me laisser un panneau, ou un indice."

A son compliment, je m'incline. Elle n'essaie pas de deviner l'animal que je su... que j'étais. Il me tarde de retrouver mes longues oreilles, mes pattes toutes de douceur vêtues, et de remettre des vêtements à ma taille.

"Vous avez parfaitement raison. Moi et les miens sommes beaucoup plus victimes que bourreaux. Nous sommes rapides à fuir... d'ailleurs, nous sommes l'animal terrestre qui bondit le plus loin, et le plus rapide comparativement à notre taille !"

Oui, je suis fier de mon ascendance.

Si son écharpe peut lui obéir, si elle peut convaincre un miroir, si têtu soit-il, de servir de moyen de transport... Alors, je peux être lièvre à nouveau ! Réfléchir et aller vite. C'est tout ce à quoi j'aspire !

"Pardon ?"

Cette fois, il me semble réellement avoir mal compris. Est-ce que cette femme prétendrait... non... C'est impossible. Je me relève lentement.

"Je ne donne rien à personne... Les objets ont une âme, que je le veuille ou non." Pour la question de savoir si c'est courant... "Les gens suffisamment sensibles pour la sentir sont aussi courants là-bas qu'ici et j..."

Je sursaute à un petit craquement de métal. En équilibre sur la chaise, je regarde d'où provient le bruit. Ma louche, mon amie. Elle a mal pris ce que cette femme a dit. Non, ce n'est pas un objet. Oui, moi, je le sais. Qu'elle ne s'inquiète pas. Je redescends doucement sur le sol. Tout va bien dans le meilleur des mondes.

"Est-ce vos croyances ? Que les objets n'ont pas d'âme si vous n'êtes pas là pour leur en donner une ?"

Serait-ce un genre de pseudo-divinité ? Fascinant !

▿ Date de naissance : 02/12/2004

Ophélie répond à Monsieur Marsh avec un sourire où on peut entrevoir une once de tristesse.

- Ce sera avec joie, vous vous en doutez ... Tellement de gens rêveraient de retrouver leur foyer ...

C'est malheureux mais c'est ainsi. Mieux vaut ne pas s'appesantir sur ce sujet douloureux. Accepter le passe et passer à autre chose. C'est du moins ce que lui ont conseillé les nombreuses personnes qui ont pris soin d'elle depuis son arrivée en Ville.

Les indices sur la nature animale de Harry Marsh s'accumulent. D'animal arboricole, il se décrit maintenant comme proie terrestre bondisseuse. Les sourcils d'Ophélie se haussent de perplexité.

- Une antilope ... ?

Murmure t'elle, presque pour elle même, incertaine même que l'hôte des lieux l'entende. Elle n'a malheureusement pas le temps de davantage poursuivre sur le sujet car soudainement la louche manifeste sa mauvaise humeur. Un évènement qui aurait pu être très anecdotique si l'écharpe n'avait commencé à se tortiller d'indignation quand l'attention de Harry Marsh se détourne vers l'ustensile de cuisine mal embouché. Elle se dresse comme un cobra prêt à attaquer et se prépare à bondir sur l'objet métallique pour lui flanquer une correction bien sentie. Alarmée, Ophélie n'a que le temps d'empoigner un pan de l'écharpe au moment où celle ci se ramasse pour effectuer son saut meurtrier, causant un fracas dans la porcelaine qu'elle tient de son autre main et renversant une partie de son thé dans la soucoupe qu'heureusement elle a réussi à maintenir dans un équilibre précaire.

Tout cela s'étant passé en une fraction de seconde dans le dos de Monsieur Marsh, Ophélie avait déjà repris une apparence presque normale au moment où l'hôte des lieux reporte de nouveau son attention sur elle. Poker face et sourire diplomate au visage, l'écharpe remuante fermement coincée sous les fesses de sa propriétaire qui est maintenant assise rigide comme un piquet sur son fauteuil..

Son attention a été tellement distraite par cet intermède navrant qu'elle regarde Harry Marsh avec surprise et incompréhension le temps de quelques secondes.

- heuh ... ah les croyances vous dites ... ?

Il lui faut quelques instants pour réussir à retrouver le fil d'une conversation normale, distraite comme elle est pas le frasques de son vêtement enchanté.

- Je ... ne saurais pas m'exprimer sur ce qui peut constituer ou non une âme.

Dit elle d'un ton diplomatique.

- Mais ... effectivement s'il est commun que les objets se meuvent et expriment leur caractère par chez nous. Ainsi que par chez vous ... sachez que ce n'est pas le cas dans la plupart des foyers des gens qui peuplent cette cité.

▿ Date de naissance : 07/03/1987

Je ne rêve pas de retrouver mon foyer, je rêve de la retrouver, elle. Seulement, je ne dois pas laisser cette idée me ternir, pas encore. Les êtres humains ne comprennent pas que le serveur de thé puisse être triste, les objets me laissent tranquille. Alors, je souris en réponse, le même sourire, triste et rassurant.

"Merci beaucoup !"

À présent, je la laisse essayer de deviner mon animal. À mon grand étonnement, elle en dit un assez éloigné de ma profonde nature. Je ne me suis jamais senti spécialement proche d'une antilope... Encore que... Je ne sais pas, je n'en ai jamais croisé. Quand j'en croiserai une, je me ferai une idée. Je n'ai pas le temps d'aller plus loin dans mes pensées qu'un ustensile tombe et je sursaute fougueusement. L'écharpe de la miss se met en position d'attaque. La jeune femme, pour sa part, heurte. Celle-ci n'a heureusement pas souffert plus qu'un petit cri.

"Un lièvre fou."

Cet adjectif est important.

"Vous saviez que les lièvres, contrairement aux lapins, sont capables de fuir, courir, se battre, et bondir juste après leur naissance ?"

Mais nous avons déjà bondi sur un autre sujet. Malheureusement, elle me dit une phrase presque convenue... puis enquille sur une vérité que je ne savais pas.

"Je comprends mieux pourquoi mes objets me disent s'être senti seuls toute leur vie avant que je ne leur parle."

Je frotte mon menton, d'un air pensif, avant de me recentrer sur l'essentiel. Je pousse un cri de stupeur et me lève debout immédiatement, au garde à vous.

"Oh, mademoiselle ! Mais c'est horrible ! Vous auriez dû me le dire ! C'est atroce !"

Je sors un chiffon et commence à essuyer le tour de sa tasse. Mes mouvements sont précis, mais teintés d'une angoisse sourde.

"Mais... vous avez perdu tellement de thé ! Vous ne pouvez pas rester ainsi ! Je vais vous en faire d'autre. Que voulez-vous ? J'ai un thé blanc à la myrtille, très léger. J'ai du thé noir à la rose... Ou sinon, j'ai fabriqué du thé rouge aux épices, il est assez fort, et tout nouveau. Je ne suis pas certain que mes clients aiment, mais aux grands maux, les grands remèdes."

En un rien de temps, me voilà de l'autre côté de mon comptoir, attrapant ma louche au passage. Elle va bien, tout va bien.

"Souhaitez-vous aussi des biscuits ? J'en ai fait à l'avoine, pour les petites faims !"

▿ Date de naissance : 02/12/2004

Avec l'écharpe remuante sous les fesses et son thé renversé, Ophélie parait un instant contrariée. Les attentions du propriétaire des lieux sont adorables et elle se confond sur un ton d'excuse.

- Pardonnez moi, je suis épouvantablement maladroite !

Surtout quand elle est en train de se battre contre son écharpe.

- Ne vous embêtez pas, je ...

Mais la proposition de se voir servir un nouveau thé ne tombe pas dans l'oreille d'une sourde. Elle s'arrête de protester pendant un instant.

- Oh ... ? Du thé blanc ... ?

Un thé léger, qui s'accordera parfaitement avec un fruit.

- Ou du thé rouge épicé ... ?

Diamétralement opposé sur l'échelle des thés. Quelque chose de fort, décrit comme "nouveau". Ophélie aime le thé. C'est un goût que lui a transmis son oncle d'adoption Bilbo. Il possède une librairie qui fait également salon de thé.

- Je ... vais peut être me laisser tenter. Par le dernier.

Après tout, elle vient de vivre une journée de shopping endiablé qui se termine de façon rocambolesque par une traversée de miroir acrobatique. Si il y a bien un jour où ce genre de thé est indiqué, c'est celui là ! Et alors qu'elle laisse donc sa tasse à disposition au gentil propriétaire des lieux.

- Je ne dis pas non aux biscuits non plus ...

Profitant que celui-ci se détourne brièvement pour s'occuper de sa tasse, elle se dandine, gênée par son écharpe. Assez peu sensible aux élans romantiques d'un tas de laine, elle admoneste son vêtement à voix basse.

- Qu'est-ce qui te prends, toi ... ? Sois sage un petit peu ! Cette louche ne t'as rien fait de mal !

Ah pauvre Ophélie. Pourrait elle comprendre, elle qui n'a jamais aimé ? Elle devrait, pourtant ! Elle a beaucoup étudié la théorie, à travers des romans à l'eau de rose ou les comédies romantiques que Wall-e aime tant lui montrer. L'incident est clos (du moins dans son esprit) quand monsieur Marsh reporte de nouveau son attention vers elle.

- Vous avez été un lièvre, donc ... ?

Un fait que visiblement Ophélie accepte avec stoïcisme. Suffisamment renseignée sur les bizarreries de la Ville et la multiplicité des mondes d'où proviennent ses habitants, elle a déjà entendu parler de cas comme celui de monsieur Marsh. Evidement le sujet a fait couler beaucoup d'encre parmi les universitaire et a déclenché des débats passionnés sur la nature de l'âme. C'est également un argument majeur en faveur du végétarisme et Ophélie pourrait avouer se sentir mal à l'aise d'être carnivore en cet instant.

- J'ignorais tout cela sur les votres. Comme ce monde doit vous sembler étrange ![

▿ Date de naissance : 07/03/1987

"Oh, ne vous en faites pas. Je travaille d'ailleurs sur une idée de thé volatile, qui ne tomberait jamais, mais je n'y arrive pas. Il faudrait réussir à faire en sorte que le thé néglige l'attraction terrestre, mais il a du mal à se laisser convaincre, pour le moment."

Je saute derrière mon comptoir, lui proposant deux thés totalement différents et attend impatiemment son choix. Je hoche la tête, comme quelqu'un à qui on vient de donner un ordre, et je m'exécute immédiatement dans un tintement léger de couverts et de théières, tout aussi motivé que moi. Je sors une assiette pour les biscuits au gingembre, des citron-pavot, et quelques biscuits de cacao aussi que je garde en réserve.

La laissant parler à son écharpe, je me délecte du spectacle du thé en train de s'évaser dans l'eau brulante. Sa couleur est indiscutablement rouge et elle me rappelle la violence de mon monde, juste un instant, juste le temps d'une question.

"Oh non non ! Je suis un lièvre ! Cela ne se voit pas toujours très bien, mais j'en suis un ! Je me languis de retrouver mes oreilles un jour, mes pattes pelucheuses... et surtout ma rapidité d'exécution. Je suis peut-être quelqu'un de rapide, mais je ne suis pas assez rapide encore. J'aimerais pouvoir être capable de verser les arômes dans un ordre bien précis, mais si je mets du jus de citron, je suis parfois trop tard pour ajouter de la cannelle... de quatre secondes ! Cela est inacceptable !"

Et voilà, c'est prêt, j'arrive et dépose le tout sur la table pour une nouvelle dégustation.

"Vous saviez que les lièvres sont les animaux terrestres les plus rapides comparativement à leur taille ? Ils peuvent courir à plus de 90km/h... Si j'arrivais à courir à nouveau aussi vite avec ce corps, je pourrais aller à 123km/h. Ce serait assez pratique, n'est-ce pas ?"

Je remarque la posture de la jeune femme et m'en inquiète un peu.

"Est-ce que tout va bien ? Vous souhaitez que je m'occupe de votre écharpe ? Je peux l'apaiser le temps que vous dégustiez votre thé, bien évidemment."

Au moins la consoler, et qui sait... La rabibocher avec cette vieille grincheuse de cuillère. Oui, mais elle est efficace, je ne peux pas m'en passer. Elle a son caractère, mais je l'aime ainsi.

"Quoi de prévu après votre thé, très chère ? D'ailleurs, j'y pense... Comment avez-vous prévu de repartir ? En miroir ?"

Je suis bête, peut-être est-elle attendue après tout !

▿ Date de naissance : 02/12/2004

Ophélie reste un instant interdite en entendant monsieur Marsh mentionner l'idée d'un thé flottant. Elle cligne des yeux et penche un peu la tête de côté avant de répondre avec hésitation.

- Oh et bien ... pourquoi pas ... ?

Admettre l'idée demande une petite pirouette mentale. Mais après tout pourquoi pas ? Elle a vu bien d'autres choses plus dingues dans cette ville.
Elle sourit à son hôte et annonce avec candeur.

- Je ne peux que vous souhaiter bonne chance avec ces essais, monsieur Marsh.

Le souhait parait sincère et évidement dénué de toute trace d'ironie.

Elle écoute avec la même surprise la description que monsieur Marsh fait de sa vie de ~~lapin~~ lièvre. Encore une fois, réussir à imaginer les choses demande un petit effort mental mais Ophélie une fois encore finit par sourire et tenter de le rassurer avec autant de sincérité et de bienveillance que précédement.

- Il faut garder espoir monsieur Marsh. Beaucoup pensent qu'à force d'attirer l'attention de la Lune Rouge, elle finit par nous rendre ce que nous avions perdus ...

Du moins, pour la fraction de la population qui était "spéciale", ce qui n'est pas la majorité. Beaucoup de gens semblent être des personnes sans histoires ni pouvoirs extraordinaires. La majorité silencieuse de la ville est formée par ces gens en tout cas ...

Elle hausse les épaules.

- De tous les témoignages que j'ai lu et de ma propre expérience, ca vient comme ça ... un peu brutalement. Comme aujourd'hui avec le miroir ...

Un phénomène qu'il va falloir qu'elle étudie de trèèèèès près dans les prochains jours. Si ce n'est ce soir même ! Déjà du temps de sa vie sur Anima, la traversée de miroirs était dangereuse et nécessitait de très bien savoir ce qu'on faisait. Elle n'ose pas imaginer à quel point dans une ville aussi chaotique qu'ici, ca pourrait la mettre en danger ...

Monsieur Mars a beau être un homme distrait et rêveur, il était évident que les simagrées d'Ophélie et de son infernale compagne de laine allaient finir par attirer son attention. Interrogée sur le comportement de son vêtement enchanté, Ophélie répond avec répond avec un sourire un peu pincé qui se fige un peu davantage quand monsieur Mars propose de la consoler.

- Heu ....

Incertaine, Ophélie baisse le regard sur l'extrémité de l'écharpe qui darde vers elle quelques ponpons suppliants. Pour le commun des mortels, ce n'est qu'un pan de tissu de laine qui gigotte. Aux yeux d'Ophélie, il s'agit du regard suppliant d'une compagne mise à l'agonie. Avec un soupir, Ophélie lâche à contrecoeur.

- D'accord, vas-y ...

Elle se soulève d'une demi-fesse et immédiatement l'écharpe bondit comme un diable sortant d'une boite à ressort. Elle vient se lover autour de monsieur Marsh, l'enserrant avec une affection qu'Ophélie n'est pas sûre de déjà l'avoir vue manifester.

Un peu troublée par cette vision, Ophélie tient sa tasse de thé à deux mains et met quelques instants à comprendre que Harry Marsh venait de lui poser une nouvelle question.

- Heuu ...

Encore une belle preuve d'éloquence de sa part. Mais après deux secondes d'hésitation, elle retrouve le fil de la conversation.

- Ah ! Oh ... non je ne pense pas qu'il serait raisonnable de repartir par un miroir, monsieur Marsh. Je ... ne contrôle plus ce pouvoir depuis presque 5 ans. J'ose à peine imaginer ce qui pourrait m'arriver si je me hasarde à l'utiliser sans avoir pratiqué quelques essais chez moi.

Deux miroirs posés côte à côte par exemple. Et jauger ce que ca donne si Ophélie y plonge son parapluie. S'assurer que l'objet ressort bel et bien entier par l'autre miroir. Ce genre de chose.

- Je n'ai pas eu l'occasion de vous demander. Nous nous trouvons dans quel quartier ... ?

L'information peut avoir son importance ... Ophélie a l'habitude de se déplacer en bus et selon les lignes à côté de laquelle elle se retrouve, elle pourrait mettre plusieurs bonnes heures à rentrer chez elle ! Peut-être même devra t'elle se résoudre à appeler un taxi. Le tarif prohibitif de ces transporteurs de luxe serait un moindre mal comparé à la perspective de passer des heures dans des transports en commun bondés.

▿ Date de naissance : 07/03/1987

Moui, pourquoi pas... Il faut juste que je trouve comment faire voler tout cela.

"Merci beaucoup."

Cela donne étrangement comme un début d'au-revoir. Je sais, j'ai appris à les repérer, et à les reconnaître, avec le temps. Après tout, cela fait pas mal de temps que je suis ici, je sais lire les gens ! Enfin, je crois. Parfois, j'en arrive à deux conclusions qui s'opposent presque.

"Mais je n'ai rien perdu... Ah ! Ma forme de lièvre ? J'essayerai ! Vous pensez qu'elle peut me rendre ce que je n'ai jamais eu ?"

Je pense à Chess en cet instant, et juste à elle. J'aimerais l'avoir pour moi, mais pas comme un de mes objets, plus comme si elle-même voulait m'avoir pour elle. Ce serait un vraiment beau rêve. Ce n'est pas le genre de dame à se languir pour un type, en particulier un type comme moi, mais je ferais n'importe quoi pour être spécial pour elle, aussi spécial qu'elle l'est pour moi.

Je propose à mon invitée de m'occuper de son écharpe et cette dernière m'enveloppe très serré contre elle. Je la caresse, comme on le ferait d'un serpent apeuré. Je dois dire qu'avoir un contact aussi proche est une chose que je ne savais pas si agréable.

"Tu es vraiment adorable." ma main lui grattouille la tête. "Il ne faut pas que tu sois jalouse de la louche, elle est ce qu'elle est, mais c'est une louche très carriériste, tu sais ? Il ne se passe rien entre elle et moi qu'un accord purement professionnel, tu peux me croire."

Ophélie reprend et j'essaie d'entendre ce qu'elle dit sous les témoignages d'affection que me porte l'écharpe et cela me fait... très... étrange... Jamais personne ne m'avait témoigné une telle affection auparavant. Je suis obligé de rendre l'écharpe, j'imagine.

"Oh euh... Nous sommes à Racoon Square."

Ouais, confirmation, c'est le début de la fin de notre rencontre, elle ne me répond pas sur ce qu'elle compte faire après, je pense que c'est le signe qu'il est largement temps d'arrêter d'être intrusif. Je presse un peu ma main contre l'écharpe.

"Hé bien il ne me reste plus qu'à vous souhaiter un excellent entraînement, dans ce cas."

▿ Date de naissance : 02/12/2004

Contrairement à ce que semble anticiper (ou redouter ?) monsieur Marsh, Ophélie ne semble pas sur le départ. Callée au fond de son fauteuil avec sa tasse de thé nouvellement versé, elle semble du genre à aimer prendre son temps. Libérée de l'écharpe gigoteuse, elle est plus à même de pouvoir apprécier son thé dans un calme relatif.

Elle répète d'un ton interrogatif la question toute rhétorique que se pose monsieur Marsh.

- Vous rendre quelque chose que vous n'avez jamais eu ... ?

La formulation la laisse un instant pensif. Elle remonte ses lunettes du bout de son index ganté et répond avec prudence.

- Je me dis que ... au sens strict elle ne peut pas vous "rendre" ce que vous n'avez jamais eu.

C'est ainsi si on s'en tient à un strict point de vue sémantique.

- Mais ... je sais que beaucoup voient dans la Ville une terre de nouvelles opportunités.

Son ton est prudent, comme si elle n'osait trop s'avancer sur le sujet.

- Néanmoins, je pense qu'il vaut mieux essayer de saisir ces opportunités soi-même monsieur Marsh. La Lune Rouge est bien trop chaotique et inconstante pour pouvoir être digne de confiance ...

Parlant de chaos et d'inconstance ... Ophélie assiste avec une certaine perplexité au numéro joué par son écharpe. Le vêtement roucoule en compagnie de monsieur Marsh au point qu'une toute petite part d'elle même en ressent une petite piqure de jalousie. Elle ne dit rien mais la regarde faire du coin de l'oeil. L'accessoire en laine se tortille et frétille sous les caresses. L'oeil exercé d'Ophélie lui permet de lire une attitude de dédain et de condescendance chez le vêtement quand le sujet de "la louche" est évoquée ...

"Juste professionnel". C'est tout ce qui lui suffit d'entendre pour afficher maintenant des airs supérieurs et conquérants.

Plutôt que de prêter davantage attention à ces simagrées, Ophélire répète d'un ton pensif.

- Racoon Square ...

Flûte. Ce n'est pas une partie de la ville qu'elle connait vraiment. Elle sort avec précautions un plan méticuleusement plié de sa veste et entreprend (non sans avoir posé sa tasse de thé avant) de le déplier pour le consulter. Ces plans de transport en commun sont d'une complexité sans nom à comprendre. Les innombrables arrêts et grilles d'horaires demandent des trésors d'astuce et de concentration pour être pleinement compris. Ophélie, en chercheuse appliquée et pugnace arrive la plupart du temps à identifier globalement ses itinéraires. Sourcils froncés, elle semble pensive alors que sous ses yeux les lignes colorées s'entremêlent sur le papier comme autant de fils de laine mélangés après le passage d'un chat joueur.

- Vous ... sauriez me donner l'adresse ? Ou me montrer votre établissement sur le plan ... ?

Parti comme c'est, elle va devoir faire un beau petit détour pour rejoindre son domicile dans le quartier de Baker-Street.

Joyeuuuuuuux Noëeeeeel !

▿ Date de naissance : 07/03/1987

Je hoche la tête.

Dans mon monde, je ne suis pas le héros. Il y a quelque chose quand on est le personnage chouchou, ou celui qui fait tourner le monde de ses aventures. Ce n'est pas mon cas, notre héroïne, on l'attendait, comme si rien ne pouvait tourner sans elle. Et pourtant, même si nous étions tous aux abois.

J'ai envie d'être... moi. Pas juste le compagnon de... Ou l'ami de... Ou le fou de... Nous sommes rangés par ordre de folie.

Je secoue la tête. Je n'aime pas ces introspections. Personne n'aime ça. Ophélie n'aimerait pas ça, et son écharpe non plus.

"Je pensais à une amie qui n'en a jamais été une pour moi... Elle était bien plus..."

Mon regard s'envole par la fenêtre. La ville et ses opportunités ? C'est vrai que je n'avais pas de salon de thé, auparavant. Seulement, si je n'ai pas réussi à attirer son attention plus que cela dans notre ancien monde, il n'y a aucune raison que ça puisse être le cas maintenant.

"Je ne savais pas qu'une lune pouvait, ou non, être digne de confiance." Pour moi, les humains sont juste beaucoup moins dignes de confiance que les humains, voilà tout. "Ne pas croire la lune rouge, donc. Je lui demanderai juste si je peux récupérer ma fourrure. Sur ça, elle ne se trompera pas !"

...J'espère ! Je n'ai pas envie de me retrouver en lapin !

Pour ce qui est de saisir les opportunités... Je ne sais pas vraiment. Je préfère saisir les anses des tasses, pour ma part.

Je souris à son plan d'avoir toujours un plan sur elle. Je regarde la ville vue de dessus. Très impressionnant. Très pratique aussi. Mais le plan n'a pas l'air d'avoir très envie d'être coopératif. En guise de rue, ce ne sont que des trainées grises. En guise de bâtiments, des carrés ou rectangles bleus et... Wow ! T'O Clock est un carré bleu parmi les autres carrés bleus !

"Nous sommes juste là."

Je regarde autour de moi. Non, tout est calme. L'endroit est fermé de toute façon. Autant continuer la soirée.

"Vous souhaiteriez que je vous accompagne ? Quand vous le souhaitez, bien entendu. J'imagine que vous n'avez pas fini vos courses quand vous êtes arrivée ici. Vous n'avez besoin de rien ?"

L'écharpe se serre un peu plus contre moi, et je trouve cela toujours aussi particulier. Elle va me manquer, cette petite pelote de laine !

"Alors, comment trouvez-vous l'assortiment thé-biscuit ? J'espère que vous aimez les épices exotiques !"

▿ Date de naissance : 02/12/2004

Ophélie s'en rend compte. Elle avait une fois encore associé les phénomènes se déroulant en Ville aux agissements d'une entité supérieure. En tant que scientifique, c'est un biais dont elle se rend coupable de plus en plus souvent.

Elle remonte ses lunettes et reprend, davantage pour faire le point elle même que pour son interlocuteur.

- Disons que ... tout ce qui entoure les phénomènes observés en Ville, qu'il s'agisse du fait d'une entité sentiente ou d'un phénomène méta-physique non compris, est totalement imprévisible avec le niveau de compréhension que nous possédons.

Elle a un bref sourire d'excuse pour monsieur Marsh.

- Excusez-moi, c'est ... juste du pinaillage. Sur des détails et des formulations.

Elle fait un signe de sa main gantée, l'air de vouloir dire "c'est sans importance" et entreprend de boire à nouveau dans sa tasse, un thé qui est maintenant à température parfaite pour être apprécié.

Les indications que lui apportent ensuite monsieur Marsh en lui montrant les plans de la ville lui font pousser une exclamation de compréhension.

un Ah ! qui pourrait sonner comme un "Eureka".

Quelques secondes d'études attentives suffisent pour lui faire assurer.

- Oh ne vous donnez pas cette peine monsieur Marsh. Je m'en veux déjà terriblement de m'être imposée chez vous, même si c'était purement accidentel.

Et même si, on peut le dire, elle a fait à cette occasion une fort jolie rencontre.

- A vrai dire ... j'avais terminé mes achats. Je me dirigeais vers la sortie du magasin, en prenant l'ascenceur. Je vais pouvoir me contenter de trouver un chemin jusque chez moi.

Elle regarde le plan et suit du bout de son index ganté plusieurs des lignes colorées.

- Nous ne sommes pas loin d'une ligne principale. Je vais pouvoir rentrer chez moi sans trop de mal.

Evidemment, elle sera encombrée par ses paquets de course mais si elle parvient à trouver une place assise, les choses se passeront bien. Et au pire ... elle est maladroite mais elle est jeune ! Rester debout une heure ne lui fera pas de mal. Finalement elle va pouvoir sortir de cette histoire sans trop de peine, elle ne peut que s'en réjouir.

Toute occupée à planifier son futur itinéraire, elle avait délaissé (voire négligé !) sa tasse de thé et son accompagnement. La question de Harry Marsh sur ce qu'elle pense des biscuits la prend un peu au dépourvu. Elle relève la tête, surprise par la question et se rend compte avec un Oh vaguement coupable que elle n'avait pas touché aux biscuits sus-mentionnés.

- Oh, pardonnez moi, je n'y ai pas encore goûté !

Un manquement qu'elle se met en tête de réparer illico. Elle prend un des biscuits et tombe (au hasard) sur celui qu gingembre qu'elle goûte du bout des lèvres.

- Il est excellent ! Il me rappelle par certains aspects les biscuits que l'on sert à Noël ...

Madame Placard, la vieille dame de l'orphelinat adorait en faire des fournées pour ses protégés ...

- Vous ... proposez des biscuits en fonction du thé qui est servi ?

@Harry Marsh

▿ Date de naissance : 07/03/1987

J'observe Ophélie et essaie de comprendre ce qu'elle me dit. Si j'ai bien tout suivi, ce qui n'est probablement pas le cas, elle me dit que je ne suis pas assez malin pour comprendre une ville. Quand on a passé sa vie à remonter le moral aux portes manteaux et aux portes parapluies, je ne pense pas qu'une ville soit si délicate à comprendre.

Puis, elle semble ne plus vouloir en parler et je sens mes épaules s'affaisser un peu. Bon, soit.

"Vous ne vous êtes pas imposée. Vous avez été invitée par mon miroir, il y a quelques petites nuances. Vous n'avez pas à vous en vouloir, juste à profiter."

C'est étrange comme formulation... s'en vouloir... Non ?

C'est presque comme si la personne était deux personnes et que l'une était en colère contre l'autre. Mais là, il n'y a pas de colère, il n'y a donc pas besoin de la créer.

Il y a d'autant moins besoin de colère qu'une écharpe fait le tour de moi et me serre contre elle. Décidément, je ne comprendrai jamais les gens. Je comprends d'autant moins Ophélie qui n'a pas bu son thé. Peut-être qu'elle n'aime pas cette nouvelle préparation. Trop épicé ? Pas assez sucré ? Je commence à me sentir mal quand elle consent enfin à goûter et à me complimenter.

Je m'incline, visiblement soulagé.

"Je vous remercie."

Sa question me laisse perplexe.

"Je propose tous les biscuits avec tous les thés, mais..." Ah, je viens de comprendre. "Si on me laisse le choix, je préfère amplement servir des thés avec les mêmes notes que les biscuits, ou parfois, au contraire, jouer sur les saveurs et en promouvoir une par rapport aux autres. Les biscuits ont ce pouvoir par rapport au thé, et le thé à ce pouvoir par rapport aux biscuits. J'avais pensé à proposer des scones, mais les gens ne sont pas vraiment favorables à une cuisine exotique. C'est un monde mondialisé, après tout. Il a ses codes, ses modes, et c'est compliqué pour moi de nager à contre-courant."

Enfin non, en réalité, les lièvres nagent très bien. Mais dans ce monde-là, ce n'est pas facile. J'hausse les épaules, comme un jeune enfant.

"Mais je m'accroche, parce qu'il n'y a rien de plus agréable qu'un bon thé chaud accompagné de la nourriture qui lui va le mieux. La discussion devient meilleure, les idées s'apaisent, les bonnes décisions sont prises."

Oh oui, c'est certain que tous ne comprennent pas l'incidence du thé dans les enjeux planétaires, politique, écologique ou religieux, mais pour moi, c'est aussi limpide qu'évident.

"Comment vous vous sentez, quand vous traversez un miroir ?"

▿ Date de naissance : 02/12/2004

A bien des égards, Ophélie aurait pu tomber chez un hôte plus revêche que le brave monsieur Marsh. Les excuses qu'elle lui présente sont gentiment déclinées et la dégustation de thés et de biscuits se poursuit. D'un naturel aimable et poli, Ophélie écoute les explications de son hôte sur les assortiments de biscuits qu'il propose et parait surprise en entendant parler des scones.

- Oh vraiment ... ? Les gens n'aiment pas les scones ... ?

Ca parait étrange aux yeux de la jeune fille mais ce n'est qu'une moindre bizarrerie comparé à tout le reste ... De toutes façons, Ophélie est elle même est un spécimen à classer parmi les "gens étranges". Contrairement à ses homologues du même âge, elle n'est intéressée ni par les célébrités, ni par la mode (et ca se voit, hélas ...), ni par les sorties. Quelqu'un de mauvaise langue pourrait affirmer que c'est une âme de petite vieille coincée dans un corps de jeune.

Harry Marsh se désole du monde tel qu'il est. Mondialisé dit-il. Soumis aux changements de codes et de modes. Au risque de continuer de passer pour une mamie précoce, Ophélie ne peut que partager sa constatation.

- Je ... ne sais trop quoi vous dire. On est le carrefour de nombreux mondes et de nombreuses civilisations. Et dans une bonne partie d'entre eux, les brownies sont préférés aux scones.

Ophélie a beaucoup étudié les "autres univers", particulièrement celui de Terre Originelle qui semble ( à peu de variations près) avoir porté près de 80% de la population de la ville. Allez savoir pourquoi dans Terre originelle ou une de ses versions, la Lune Rouge semble préférer capturer des américains plutôt que des représentants d'autres nations. Les britaniques sont rares. Mais les rangs des buveurs de thé sont heureusement renforcés par les japonais qui semblent étrangement avoir la cote également.

- Dans un sens, c'est une chance que les salons de thé ne soient pas en permanence bondés. Être au milieu d'une cohue aurait quelque chose d'un peu triste, vous ne pensez pas ... ?

Elle hasarde un sourire qui se veut rassurant pour son hôte.

- J'aime beaucoup votre établissement et je promet de revenir vous voir.

Une promesse qu'elle a fermement l'intention de tenir maintenant qu'elle sait l'établissement accessible par les transports en commun. Sans même parler de la présence de miroirs qui pourraient ... si elle osait espérer pouvoir revoyager par eux un jour ...

Comme s'il lisait ses pensées, monsieur Marsh l'interroge justement à propos des miroirs. Et de ce qu'elle ressent quand elle les traverse. Elle cligne des yeux, un peu surprise et prend le temps de reposer sa soucoupe et sa tasse vide sur la petite table nappée de dentelle qui jouxte son imposant fauteuil.

- Et bien ... le croirez vous si je vous dit que ce souvenir remonte à loin ... ?

Son regard se tourne un instant vers le miroir par lequel elle a fait intrusion dans la pièce.

- C'est la première fois en 5 ans que ca m'arrive et ... j'ai ressenti sur le moment une sensation de chute vertigineuse et soudaine que vous pouvez imaginer. Comme quand vous vous reveillez en sursaut en pleine nuit après avoir rêvé de tomber.

Elle remonte ses lunettes du bout de sa paume gantée.

- Mais ... j'ai le souvenir diffus ... et bien ... d'un sentiment étrange au moment où je dois faire face à mon reflet. Le reflet résiste si, d'une manière ou d'une autre, on refuse de s'accepter tel qu'on est et qu'on n'ose pas se regarder dans les yeux.

Elle s'interrompt, semble chercher ses mots pendant quelques instants avant de renoncer avec un soupir.

- On se juge soi-même et le passage est refusé à quiconque n'y arrive pas. Je ne sais pas comment vous le décrire autrement.

Elle grimace un sourire d'excuse avant de simplement ajouter.

- Pour ce qui est de la sensation physique et bien ... c'est comme sauter dans l'eau . On a l'impression de tomber puis on change brutalement de milieu, sans aucune transition. Nouvelle température, nouvel éclairage, nouvelles odeurs, nouveaux sons. C'est déstabilisant, la cervelle a parfois du mal à suivre et ca peut donner la nausée.

Une sensation que, elle s'en souvient, elle avait fini par dominer au point de ne plus en ressentir les effets.

▿ Date de naissance : 07/03/1987

Comment mettre des mots sur ce que j'aimerais exprimer ? Voilà encore une activité cérébrale à laquelle il va bien falloir que je me rôde si je veux faire partie de ce monde, un jour ou l'autre.

"Les gens n'aiment pas ce qu'ils ne connaissent pas. Ils ne goutent pas. Donc, ils n'aiment pas. Ce n'est pas plus compliqué que cela au final. Après, y a des gens moins gens que la plupart des gens. Je pense que vous, vous n'êtes pas un vrai gens, je pense que vous faites semblant la plupart du temps. Ici, sentez-vous totalement libre d'être qui vous êtes vraiment. Si vous voulez des scones, alors je vous servirai des scones."

J'hoche vivement la tête. Elle dit vrai.

"Dans une société où il faut toujours être plus efficace, toujours plus agile, qui va toujours trop vite... Les exceptions n'ont pas leur place."

Elle semble en savoir beaucoup sur le monde, et je gagnerai sans doute à lui parler souvent, si seulement je posais les bonnes questions... Cependant, on sait tous que ce n'est pas mon cas. Je ne pose que des questions qui m'intéressent vraiment, et absolument pas les effets de la politique ou des médias.

"Je détesterai qu'il y ait trop de monde. J'aime que ce soit calme, que les gens prennent le temps. Imaginez une seule seconde que je serve un thé avec plus de trois secondes de retard !?" Je secoue la tête, comme s'il s'agissait du pire de mes cauchemars. "Horrible, vraiment !"

Je penche la tête sur le côté à la promesse.

"Ne me promettez rien, revenez simplement me revoir, cela me fera très plaisir. Vous pourrez prendre mon miroir, ou venir par la porte. Je vous demanderai juste de ne pas venir par les toilettes, je pense que ça ne sera pas agréable, ni pour vous, ni pour un éventuel utilisateur."

Mes coudes se posent sur la table et ma tête rejoint mes paumes. Oh oui, une histoire ! Je ne ressens pas le vertige, donc je ne peux pas l'imaginer, mais j'essaie. Dans ma tête, c'est comme une brume violette qui serait à l'intérieur de nous et qui me pousserait vers le vide contre ma volonté. Oui, voilà, c'est ça le vertige, pour moi. De même que mes nuits sont agitées, mais je ne rêve pas de tomber, je rêve de me faire trancher la tête.

La suite de l'explication m'est encore plus exotique.

"Comment peut-on... ne pas... s'accepter ?"

C'est étrange, non ? Ou il n'y a que moi que ça interpelle ?

"C'est un truc qui va de pair avec le fait de se mentir à soi-même ? Je n'ai jamais bien compris ce concept non plus."

Par contre, sauter dans l'eau, je sais ! J'approuve d'un signe de tête avec un sourire.

"Et vous n'êtes pas curieuse, maintenant, de savoir vers où vous allez pouvoir aller ?"

▿ Date de naissance : 02/12/2004

La tirade philosophique de monsieur Marsh prend Ophélie un peu au dépourvu. Elle fronce les sourcils, essayant de tirer l'idée de ce qu'il essaye de lui exprimer tout en essayant de comprendre le pourquoi. Elle finit par tiquer quand Harry lui annonce penser qu'elle n'est pas "vraie". C'est tout de même un comble d'entendre ça ! Elle qui a toujours refusé de céder aux pressions sociales ou de se laisser bercer par sirènes de la mode, c'est un peu fort de roquefort d'entendre ça. Elle qui a toujours tenu à garder exactement le style vestimentaire, la coiffure et l'attitude qu'elle aime.

Elle retient de justesse une réplique pleine d'ironie cinglante et se contente de se remettre à touiller avec énergie la cuillère dans sa tasse, histoire de trouver un exutoire à son agacement. Il lui faut faire preuve de toute la diplomatie dont elle dispose pour répondre d'un ton apaisé à propos du sujet qui avait été lancé.

- J'essaye de ne pas faire de généralités sur "les gens". Dans cette ville plus qu'ailleurs, personne ne me parait vraiment semblable.

Même si elle revenait à Anima, elle éviterait de faire des généralités. Les gens y sont pourtant terriblement semblables, l'arche est toute petite. Tout le monde y est cousin, tout le monde s'y ressemble et tout le monde vit exactement de la même façon avec un pouvoir familial qui se manifeste de façon subtilement similaire. Au milieu de chez elle, Ophélie faisait tâche, avec ses cheveux sombres et frisés, sa petite taille et ses grosses lunettes.

Quant à l'affirmation suivante de monsieur Marsh, à propos du besoin qu'à la société de pousser les gens en avant et de faire fi des exceptions ... encore une fois, ce serait sujet à beaucoup de débats. Il y a du vrai dans l'affirmation de monsieur Marsh mais peut on vraiment dire qu'il existe "une seule" société en Ville et donc une seule influence sociale impossible à esquiver ? Il semble plutôt à Ophélie que beaucoup de carcans sociaux ont éclaté au contact des autres cultures. Et Ophélie pense pour une fois qu'il s'agit d'une chance. Mais là n'est pas le coeur du sujet au final. Seul compte en réalité le désarroi et la tristesse que Harry Marsh semble exprimer à ce moment là. Pour cette raison, Ophélie ressent de l'empathie pour le propriétaire des lieux et bien qu'elle ne tende pas la main pour lui toucher l'épaule (Il existe peu de personnes moins tactiles qu'Ophélie), elle tient à lui témoigner sa sympathie en lui souriant.

- Je suis persuadée du contraire. Il existe un lieu et une place pour tout le monde, monsieur Marsh. Cette Ville nous a tous mélangés, mais les choses finiront toujours par retrouver une place. Un peu comme ... eh bien ... une vinaigrette, vous voyez ... ? Quand on l'agite, elle parait homogène et brouillonne. Mais quand on laisse les choses se reposer et qu'on regarde de près, les petites gouttes d'huile qui demandaient rien à personne finissent par se retrouver.

On aura fait mieux comme métaphore, mais eh ... n'en veuillez pas trop à Ophélie. Elle est prise au dépourvu par une conversation qui la dépasse, après une journée de shopping intense et la manifestation brutale d'un de ses pouvoirs. Elle aurait pu trouver bien pire, croyez moi. Après cela, la conversation se fait plus sereine. Ophélie promet de revenir mais effectivement Monsieur Marsh lui fait remarquer plusieurs choses.

- Vous avez raison. Il est difficile de s'engager avec certitude sur quoi que ce soit dans ce monde ... Si je disais plutôt que je promet d'essayer de revenir vous voir si les capacités m'en sont laissées ?

Ca parait déjà beaucoup plus juste dit ainsi. Quant à la remarque sur les toilettes Ophélie fait une moue de circonstance.

- Rassurez vous, dans l'hypothèse où j'y parviendrais ... ca ne me viendrait pas à l'idée ...

Ophélie est une jeune fille respectueuse et bien éduquée. Elle distingue sans peine les limites de la bienséance et se débrouille toujours pour rester trois pas derrière au cas où.

Ophélie enchaine ensuite sur les explications à propos de ses capacités à traverser les miroirs. Elle se doute que les choses doivent paraître floues et n'est pas surprise quand son interlocuteur lui demande des éclaircissements.

- Eh bien ... C'est plus facile que ce que vous pouvez penser de se mentir à soi même. La culpabilité est un poids difficile à porter par exemple, il empêche beaucoup de gens de se regarder en face. Il arrive aussi que les gens ne soient pas honnêtes avec eux même en refusant d'assumer la responsabilité de leurs fautes. C'est une tendance humaine de chercher à préserver sa conscience en minimisant ses responsabilités et en rejetant la faute sur des causes extérieures.

Elle hausse les épaules.

- Je ne sais pas comment vous l'expliquer parce que les règles n'ont jamais été écrites noir sur blanc. Mais je sais que quand je n'avais pas la conscience tranquille, le passage avait tendance à se refuser à moi. Il fallait que je prenne du temps pour réfléchir et faire la paix avec moi même sur certains points. C'est un processus mental interne qui n'est pas si facile.

La question finale d'Harry fait esquisser un sourire involontaire sur les lèvres de la jeune femme. Elle resserre sa prise sur la petite tasse en porcelaine à présent vite et acquiesce avec retenue.

- Oh oui, je bout d'impatience de rentrer chez moi et de pouvoir faire les essais qui s'imposent. Mais je connais aussi les dangers que représentaient mon pouvoir. Alors je dois retenir mon enthousiasme et me préparer ...

Des préparations qui impliquent de ne pas tenter les choses à la va vite en étant fatiguée et surtout de se préparer psychologiquement à l'éventualité d'une déception.

▿ Date de naissance : 07/03/1987

Je l'ai vexée ? La cuillère me dit que oui, la soucoupe me dit que non, le couteau tranche en m'assurant que oui mais qu'elle a comprit le contraire de ce que je voulais dire à la base. J'ouvre la bouche pour me rectifier, mais la tasse m'assure que je ne ferait qu'aggraver les choses. Je n'aime pas les gens, les vrais, ceux qui s'oublient dans leur semblables. Je préfère les faux, comme elle, ceux qui sont quelqu'un d'autre à part entière. Mais peut-être qu'elle aspire à être un vrai gens, après tout, qui peut savoir ?

“Personne n'est semblable, mais les encore plus différents sont encore moins semblables.”

Je suis de la vinaigrette. Non, je suis l'huile de la vinaigrette. Elle me dit que je trouverai d'autres huiles comme moi si je laisse les choses se décanter toutes seules. Je penche encore la tête sur le côté… puis de l'autre.

“Mais ça veut bien dire que le reste des ingrédients me rejettent, au final.”

C'est la lecture que j'en ai. À moins que quelqu'un ne mélange constamment. De toute façon, je n'aime pas la vinaigrette. Je préfère le thé. Il n'y a pas d'huile dans le thé. Il n'y a que de l'eau chaude et des arômes qui se dévoilent les uns après les autres de manière harmonieuse… du moins si j'ai bien fait mon travail.

“Mademoiselle Ophélie… pour ma part, cette société est comme plusieurs bancs de poissons qui se tournent autour.” Je lève un poing “au centre, il y a des vraies gens, ceux qui disent du mal de leur voisin, qui ont une jolie panoplie d'amis vitrine, qui crient sur leur voiture alors que c'est eux qui la conduisent, et qui ont un chat prénommé Nestor.” J'écarte ma main “Après, il y a les originaux, les chauffeurs de taxi rêveurs, les petites filles qui rêvent de partir à dos de dragons et qui ne veulent pas se marier, les quinagénères adepte de la boxe..." J'éloigne encore plus ma main "Ensuite, il y a les silencieux qui regardent ce banc de poisson avec du dépit, les hommes pères de famille heureuse mariés à une femme... qui préfèrent les femmes, les rebelles dans l'âme qui travaillent à la chaîne..." Puis, je saute sur mes pieds pour m'éloigner, me hisser sur la pointe des pieds.

"...et là, il y a moi. Et je regarde tout ce petit monde tourner, et tourner encore. Je ne vous demande pas de me comprendre, très chère Ophélie... Mais personne ne me voudra jamais dans sa vinaigrette. C'est invisible, cette différence, mais elle est bien là." Je pose ma main sur ma poitrine. "J'ai un cœur qui bat, j'ai des jambes, j'ai une tête... Mais je suis trop différent. Je n'ai jamais été humain, je parle aux objets. Ce monde est fou, mais il est normal."

Je viens me rapprocher de la Dame et prend place à nouveau devant elle.

"Après, c'est vrai qu'à l'intérieur des bancs de poisson, au centre, il n'y a pas de poisson, comme si ces créatures voulaient s'éloigner de la normalité dans une certaine mesure, et surtout pas aller trop loin..." Je fronce les sourcils "...Où je voulais en venir ?"

Heureusement, ma cuillère est là, fidèle au poste.

"Ah oui ! Avez-vous déjà constaté, ici, une brusque tempête de pluie ? Avez-vous déjà été malade, ou allergique ? Avez-vous déjà eu envie d'éternuer sans avoir un mouchoir à proximité ? Non ! C'est un monde poli, lustré, plié pour ses habitants."

Elle m'explique le pouvoir avec ses miroirs, et ce que j'ai du mal à comprendre me fascine. Faire la paix avec soi-même. Quel concept intriguant. Mon monde est un monde de paix avec ses affrontements intestinaux. Nous n'avons pas le temps d'être en guerre avec nous-même... mais ce doit être terrible.

"Et cela marche avec tous les miroirs ? Est-ce qu'une surface réfléchissante peut suffire ? Je suis fasciné !"

▿ Date de naissance : 02/12/2004

A la fin de la conversation sur les différences et les gens qui les rejettent, Ophélie ne sait plus vraiment où se mettre. Elle s'est toujours nettement démarquée des autres gens qui l'entouraient et particulièrement des jeunes gens de son âge. Mais quel que soit le degré de rejet de la part des gens qui l'entourent, elle n'en a jamais vraiment souffert. C'est une weirdo qui aime s'habiller comme une vieille dame. Okay. Qu'il en soit ainsi. L'avis des autres ne la pousse pas à essayer de changer.

Du coups, elle peine à comprendre exactement quels sont les affres qui tourmentent Harry Marsh. Et elle sait encore moins comment elle est supposée réagir à ces confessions. Un sourire contrit étire ces lèvres et elle balbutie avec incertitude.

- Je ne sais pas trop quoi vous dire. Un auteur d'une des versions de Terre Originelle disait "Il faut cultiver son jardin". Le monde est tel qu'il est mais on ne le changera pas. En revanche, on trouvera toujours un petit coin à faire fleurir pour en faire le sien.

Une philosophie qui a ses mérites, même si d'un point de vue personnel Ophélie a bien plus envie de RETROUVER son jardin plutôt que d'en planter un nouveau. Elle a conscience que la réponse est un peu maigre comparée à la longue digression faite par Harry Marsh mais pour le coups elle ne sait pas quoi rajouter.

Plus que jamais, la conversation sur les miroirs est vue comme une bouée de sauvetage très bienvenue à laquelle Ophélie se raccroche. Elle détaille à son hôte curieux les tenants et aboutissants du pouvoir qu'elle possédait autrefois et lui offre les précisions qu'il demande de très bon coeur. Quand Harry Marsh emet une suggestion à propos des surfaces réfléchissantes, elle s'interrompt pendant quelques instants pour réfléchir.

- Eh bien ... je ... ne saurais vous le dire.

Pourquoi ? Parce que Ophélie n'a jamais essayé pardi ! Et la raison pour cela est très simple.

- Traverser un miroir parfait est une opération dangereuse en elle même ... Si on songe à ce qu'un accident m'a coûté une fois, je ne suis pas certaine d'avoir envie d'essayer de traverser un plateau en argent lustré.

Peut-être en cas d'extrême urgence pourrait elle l'envisager ?

- Mais de toutes façons ... rien n'est certain au stade où on en est, monsieur Marsh ! Ma traversée d'aujourd'hui est peut être ... un accident unique.

Elle a une petite moue en disant cela. Ce serait une moquerie cruelle de lui donner un espoir avant de le lui reprendre immédiatement après. Mais la Ville est impitoyable, elle le sait.

- Vous saurez que j'ai réussi si vous me voyez entrer par chez vous en utilisant un de vos miroirs.

Dit elle en conclusion.

@Harry Marsh

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