(abandonné) (( riddle and jigsaws )) — .･✧ kreattur & scorpius.

Scorpius Malefoy avait toujours été un petit garçon particulier. Seul enfant du couple que formaient Drago et Astoria Malefoy, ils avaient eu à cœur d’en faire un enfant pourri gâté pour combler leurs propres failles narcissiques d’enfant ayant manqué de démonstrations affectives durant leur propre enfance, mais aussi pour combler ce possible petit frère ou cette possible petit sœur que Scorpius réclamait sans que ce second bébé n’arrive jamais. Cette stratégie fonctionna un temps jusqu’au jour où Scorpius sut lire et qu’il se désintéressa totalement de la montagne de jouets qui trônait (et prenait la poussière) dans sa chambre. Il trouvait plus de satisfaction dans les livres et le développement de son imaginaire que dans toute autre activité — l’occupation parfaite pour un garçon aussi solitaire et introverti que lui. Plus il prenait de l’âge et plus il s’était intéressé à d’autres passe-temps complexes tels que les échecs, les casse-tête ou les puzzles pour s’amuser. Plus ils étaient difficiles et plus Scorpius prenait un plaisir particulier à tenter de les résoudre et d’y trouver une solution. D’ailleurs, c’était plus le cheminement vers le dénouement du casse-tête qui le stimulait que sa résolution en elle-même. Il aimait se mettre constamment au défi d’un point de vue intellectuel. (Il était trop froussard pour tenter quelque chose de plus périlleux.) Ce comportement déroutait ses parents qui ne comprenaient pas le besoin insatiable de leur fils de se stimuler constamment, intellectuellement parlant. Au bout d’un moment, Drago n’arrivait même plus à suivre le rythme — son fils lisait à un rythme dantesque et les casse-tête et puzzles en tout genre avaient fini par remplacer la montagne de jouets en s’entassant dans sa chambre. Drago ne voulait même plus jouer aux jeux d’échecs sorciers avec son fils sur le long terme, vexé de le voir remporter la partie à chaque fois. Même lorsque Scorpius l’avantageait discrètement pour qu’il gagne, il finissait par perdre quand même. Astoria avait réussi à le battre une ou deux fois, peu de temps avant qu’elle meurt. Ses défaites auraient dû chagriner le jeune Malefoy, mais cela eu l’effet inverse sur lui — il étudia de nombreux ouvrages sur les techniques d’échec sorcier pour en apprendre de nouvelles et contrer toutes les attaques du jeu adverses. Il fallait toujours qu’il comble ses lacunes, c’était maladif chez lui.

Cette hyperactivité intellectuelle ne l’avait pas quitté, encore aujourd’hui. Il était le genre à rapidement s’ennuyer et dieu que la lassitude tombait rapidement sur ses épaules quand en cherchant toujours plus complexe, il finit par ne plus rien trouver du tout. Même sur internet, sur les forums réunissant les passionnés de puzzles et casse-tête en tout genre, Scorpius avait réussi l’exploit d’épuiser toutes leurs ressources sur le sujet. Sauf un qui lui donna l’adresse d’un magasin en ville qui, visiblement, concevait leur propre casse-tête et en fabriquait sur mesure, sur demande. Scorpius se rendit plusieurs fois à l’adresse et trouvait à chaque fois porte close. Le magasin avait-il déjà été ouvert un jour ? Scorpius notait malgré tout le numéro qui se trouvait sur la devanture, appela et se retrouva fort embarrassé devant la froideur de l’homme à l’autre bout du combiné. Pour un introverti comme lui, il ne fallait vraiment pas grand-chose pour le faire retourner dans sa grotte ! Il ne se lassa cependant pas décontenancé et avait vraisemblablement convaincu son interlocuteur puisque celui-ci avait consenti à lui ouvrir les portes de sa boutique. Le rendez-vous était pris pour dans quelques jours à quatorze heures précises. Et Scorpius était quelqu’un de ponctuel, voire trop — le jour J, il était là un quart d’heure avant, mais il ne poussa les portes de la boutique qu’une fois sa montre annonçant deux heures pile.

L’ambiance du magasin tombait lourdement sur ses épaules, à tel point qu’elle fit rentrer Scorpius dans sa coquille de timidité aussi vite qu’il en était sorti. Il balayait du regard l’entrée, à la recherche de quelqu’un pour l’accueillir. Il bredouillait alors, peu confiant : « Euh… Excusez-moi… ? Bonjour… ? » Il s’approchait du comptoir sans oser s’aventurer ailleurs. Un homme d’un certain âge, que Scorpius jugeait comme austère au premier coup d’œil fit soudainement son apparition. Il s’éclaircissait la gorge, tenta de reprendre contenance devant lui. Chaque fois qu’il était déstabilisé, Scorpius ne pouvait pas s’empêcher de penser que, s’il avait été là, son grand-père aurait eu particulièrement honte de le voir dans cet état pour si peu. Il réussit à faire abstraction de tout ça quand il reprit enfin la parole. « Je… Mh. C’est moi qui vous ai appelé il y a quelques jours… Pour un casse-tête en bois. J’avais même une vague idée, mais je voulais quelque chose d’assez complexe et… » Scorpius s’arrêtait soudainement. C’est bien beau de s’emballer, mais se présenter ne serait peut-être pas inutile pour prouver qu’il était bien la personne que Kreattur avait eue au téléphone il y a quelques jours. « Ah oui pardon, excusez-moi, j’ai oublié de vous dire mon nom… Je suis bien Scorpius. Scorpius Malefoy. » En dépit de son extrême nervosité, il parvenait à esquisser un sourire. Ce qui était sûr, c’est qu’il dénotait vraiment du reste de sa famille…