Dear Billy (ft. Billy Hargrove)

Il y a des jours avec et des jours sans. Des hauts et des bas. Maxine allait bien depuis les retrouvailles avec Steve. Mais depuis quelques jours les insomnies reviennent. Les cauchemars persistent. La rouquine pensait que c’était enfin derrière elle, que ça se tassait. Mais non. Elle revit toujours cette scène, et elle a l’impression de ne plus ressentir son corps durant les premières minutes dès son réveil suite aux cauchemars. Encore une fois, elle ne peut pas se rendormir. Il est tard, voire très tôt le matin. Peut-être aux alentours de deux heures du matin. La veille, Max a appris par Steve que Billy était là aussi. Bel et bien vivant. Alors sur un coup de tête, sans utiliser son cerveau encore embrumé, la jeune femme décide d'aller à sa rencontre. Elle a l'adresse exacte mais pour y aller seule, c'est une autre histoire. Soit.

Complètement chamboulée et dans un état de torpeur inimaginable, elle sort du foyer. Par chance elle arrive à ne croiser personne dans les couloirs. Elle n’a même pas eu l’intelligence de prendre sa canne, et Kang-ho est avec Nic le temps que ce dernier reçoive les derniers points de son éducation pour être un parfait chien guide d’aveugle. Max se débrouille donc seule, avec ses bras tendus et mains qui essaient de se frayer le chemin le moins dangereux. Du moins c’est ce qu’elle croit.

Elle manque plusieurs fois de se faire écraser par une voiture, la dernière klaxonne plusieurs fois tandis que son conducteur ne manque pas de l’insulter de tous les noms d’oiseaux qui existent. Son cœur bat la chamade, ses larmes apparaissent au coin de ses yeux. Cette sensation d’oppression dans la poitrine ne l’aide pas du tout. Et alors que sa respiration se fait de plus en plus saccadée, elle atteint un lieu qu’elle a l’impression de reconnaître. Un lieu où elle est déjà allée avec son infirmière préférée. Oui. C’est le quartier de Billy. Max déglutit et s’arrête au milieu de la rue. Ses yeux larmoyants fixent le vide, et sans même réfléchir aux conséquences de ce qu’elle va faire, elle hurle :

« Billy !! Billy ! »

Elle reprend sa marche, une marche pas assurée du tout, se concentrant sur chaque bruit l’entourant. Elle continue d’hurler le prénom de son frère, cette envie de le revoir et de le sentir contre elle lui brûle tout son être. Elle qui pensait qu’elle ne le reverrait plus, ce nouveau monde lui offre la chance de pouvoir recréer un lien avec lui. Si elle le peut, et si elle arrive à se faire pardonner. Enfin… Cette envie de le revoir ne plaît pas à tous. Au vu de l’heure tardive, certains dorment, ou tente de le faire. Les cris désespérés de la rousse les en empêche. Elle le sait lorsqu’un inconnu se rapproche d’elle rapidement, et la pousse violemment comme pour la provoquer. Elle recule de quelques pas et perd l’équilibre, tombant littéralement sur ses fesses.

« T’a fini de gueuler !? Y en a qui essaie d- » il ne finit pas sa phrase, les larmes roulant sur les joues de la jeune fille surprend l’homme.

Et ledit homme se pince la lèvre, ne sachant pas quoi faire. Quand il aperçoit une silhouette se rapprocher d’eux, et qu’il reconnaît son voisin Hargrove, il se recule. Tandis que Maxine relève la tête.

« Billy… Je veux le voir…  Souffle-t-elle dans un murmure presque inaudible.

Je crois qu’elle te cherche nan ? Occupe-toi d’elle, qu’elle nous laisse dormir en paix. » ose dire le voisin, avant de s’éloigner enfin et disparaître dans l’immeuble.

La Mayfield écoute les voix, même si dans son état de panique elle n’arrive pas à bien les distinguer. Elle se met à genoux, et tend une main fébrile devant elle.

« Billy… Tu es là ? » demande-t-elle, la voix tremblante.

Les retrouvailles avec Nancy avaient troublé Billy bien plus qu'il ne l'avouerait. Comment aurait-il pu en être autrement ? Elle avait été la première personne d'Hawkins qu'il avait revue depuis son arrivée ici. La première personne d'un passé qu'il avait pensé enterré qui ressurgissait dans sa vie sans prévenir et qui avait réussi à rendre bancales à peu près toutes les croyances qu'il avait accumulées depuis son arrivée ici. La possibilité de mettre complètement son passé derrière lui et de se donner une chance de se pardonner les erreurs du passé car il n'y aurait plus personne d'autre que son subconscient pour les lui rejeter en pleine figure ? Effacée. Le semblant de stabilité mentale qu'il avait réussi à se construire en étant convaincu qu'il ne reverrait jamais son père et que ce lieu était une véritable safe place? Effacée également.

Les insomnies dont il avait réussi à se débarrasser avaient repris et bien qu'il ait tenté de se comporter au plus proche de ce qu'il était habituellement sur son lieu de travail, son patron n'avait pas été dupe. Probablement devait il réellement avoir une mine horrible pour que ce dernier prenne de lui-même l'initiative de lui imposer quelques jours de repos, à son grand désespoir. Au fil des années, il avait apprit (et continuait d'apprendre) à progressivement distinguer les personnes qui avaient de réelles bonnes intentions des autres - et il était convaincu que ça partait d'un bon sentiment. Lorsque les gens allaient mal, ils avaient généralement besoin de temps pour eux pour réussir à se ressaisir, n'est-ce pas ?

Sur lui, ce surplus de temps accordé avec ses pensées avait eu l'effet inverse. Depuis la veille, il avait eu l'impression de s'y noyer au point où même les comprimés de mélatonine qu'il avait adoptés depuis son arrivée ici semblaient être devenus complètement inefficaces. Chaque tentative de trouver le sommeil se soldait par une énième insomnie, une énième soirée à avoir l'impression de suffoquer entre ses draps. Et à chaque fois que la fatigue semblait réussir à finalement triompher, les cauchemars prenaient le relai. Il y avait toujours quelques petits détails qui variaient, mais la base en restait inchangée : la grande majorité du temps, ils contenaient un explosif mélange de son père, du Mind Flayer, de sa mère quelquefois et de Max. Parfois, le premier représentait une plus grande menace que le second. D'autres, il assistait à la mort des deux femmes à cause de l'un d'eux. A chaque fois, le résultat final était le même : il se réveillait complètement en sueurs, avec une migraine du tonnerre et malgré une douche chaude supposée être réconfortante, il passait le restant de la journée à cogiter.

Aujourd'hui n'avait pas fait exception. Pour empêcher ces images atroces de revenir trop vite, il avait carburé aux boissons énergisantes et à la caféine - mais avait tout de même fini par passer l'ensemble de la soirée à zoner sur son canapé. Les premiers cris, il les avait entendus de très loin - au point de penser pendant un instant que c'était une nouvelle fois son esprit qui lui jouait des tours. Après la paranoïa et les cauchemars, entendre des voix n'était qu'une étape supplémentaire vers la folie qui semblait, selon lui, le guetter. Durant un court instant, il avait fermé les yeux, convaincu que le bruit finirait par cesser. Au lieu de ça, la voix poursuivit, s'amplifia et devint familière. Très familière. Trop familière. Sans réfléchir, il se releva d'un bond du canapé où il s'était installé et dévala les rangées de marche le séparant de l'extérieur pour se retrouver face à un spectacle qu'il n'aurait jamais imaginé.

Elle était là. Et si en temps normal son premier réflexe aurait probablement été de chercher des poux au voisin lui ayant de toute évidence cherché des noises à en juger par sa posture, le choc était trop grand que pour susciter une réelle agressivité de sa part. Il ne prêta d'ailleurs aucune attention particulière à ce dernier lorsqu'il les contourna pour rentrer dans l'immeuble, ayant visiblement au moins la satisfaction que quelqu'un ait décidé de se charger de la trouble-fête. Alors que ses esprits semblaient revenir et même s'il ignorait comment ses jambes arrivaient encore à le porter jusqu'à elle, Billy se précipita vers la rouquine.

« Max ?! »

Sa voix était étranglée, déformée par une multitude d'émotions qu'il serait bien incapable de décrire même si son psy le lui demandait au cours d'une séance. La joie de la retrouver se battait avec la culpabilité du passé, la surprise de la voir ici s'opposait à l'inquiétude de voir qu'elle ne semblait pas dans son état normal. A en juger par ses gestes et la façon dont sa tête semblait chercher l'origine de chaque bruit, Billy avait la très nette impression qu'elle était particulièrement désorientée. Et alors qu'il s'apprêtait à mettre ça sur le compte d'un potentiel choc sur la tête - infligé ou non par son voisin avec lequel il était officiellement prêt à en découdre, son regard croisa le sien. Ou plutôt ce qu'il en restait.

« Max, qu'est-ce que... »

De tous les cas de figure qu'il avait pu imaginer, celui-là ne faisait décidément partie d'aucun d'entre eux. Et si une multitude de questions envahissaient son esprit au point où il avait bien du mal à les contenir, il savait que ce n'était absolument pas le lieu pour avoir une discussion à cœur ouvert - à cette heure, le quartier était tout sauf des plus fréquentables. Pas au point d'être considéré comme un véritable coupe-gorge, mais suffisamment théâtre de bien assez de règlements de compte que pour ne pas avoir envie de s'y attarder.

« Appuies toi sur moi, je vais t'aider. Il ne faut pas qu'on reste là. »

@Maxine Mayfield  

Avoir la honte en gueulant comme un putois en plein milieu de la nuit, entourée d'immeubles ? Non, Maxine s'en fout royalement. Depuis qu'elle a appris la dernière nouvelle comme quoi Billy est bel et bien en vie, son seul but a été de le retrouver immédiatement. Et malgré sa cécité, la rouquine a eu la chance de trouver son chemin grâce à quelques rares passants qui rentraient sûrement du travail à cette heure tardive. Un peu désorientée en arrivant, elle entend des pas venir vers elle. Et une voix qui n'est pas familière du tout. Un voisin s'en prend à elle verbalement, n'arrivant pas à dormir avec ses cris, ce qui est tout à fait compréhensible. Max se retrouve pourtant au sol au bout de quelques instants. D'habitude elle aurait fait en sorte de se défendre, mais là, l'émotion est bien trop vive. Elle qui a tant culpabilisé de n'avoir rien fait pour empêcher sa mort. Elle culpabilise encore aujourd'hui et espère que Billy la pardonnera. Leur relation n'a jamais été facile depuis qu'ils se sont connus mais au fond, elle l'aimait comme son propre grand-frère.

Une autre voix fait son apparition et cette fois, Maxine la reconnaît tout de suite. Billy. Ses yeux tentent de se poser là où la voix provient, en vain. Elle fixe le vide entre les deux personnes présentes, et un silence s'installe. Un silence qui finit par se briser lorsque le voisin décide de s'en aller en étant sûr que cette fois, la rouquine n'allait plus faire de bruits. Et oui, elle n'allait plus crier puisque la personne qu'elle cherche depuis toujours se trouve à ses côtés. Tendant doucement ses mains vers lui, Max arrive à sentir la peau chaude et les doigts épais de son frère entre les siens encore frêles.

" C-C'est bien toi Billy ? Tu es vraiment vivant alors ? " dit-elle sans le lâcher une seconde.

Même si son infirmière Nic lui a donné toutes les preuves comme quoi il est bel et bien présent dans ce monde, Max a peur que ce soit un rêve. Qu'elle finisse par se réveiller encore une fois dans cet chambre d'hôpital, sans personne autour d'elle mis à part les médecins et les aides soignants. En sentant les larmes lui monter aux yeux, Max tente de se reprendre comme elle le peut et hoche la tête quand Billy lui demande de s'appuyer sur lui. Avec douceur, la jeune femme se relève sur ses pieds et vient glisser un bras autour de sa taille. Rapidement, il l'emmène à priori dans son chez lui, un petit appartement. Elle essaie de faire attention à ne rien se prendre dans les pieds et relâche doucement Billy, n'arrivant cette fois plus à retenir ses larmes.

" C-Comment tu... Comment ça se fait que tu sois en vie ? Depuis quand tu es là ? " questionne-t-elle, complètement paumée.


@Billy Hargrove

Intérieurement, Billy avait longtemps entretenu l'espoir de pouvoir revoir Max - bien que sa conscience, aussi impartiale qu'impitoyable, avait maintes fois tenté de le convaincre de tout bonnement lui foutre la paix. Rationnellement, il savait qu'elle irait toujours mieux loin plutôt que près de lui : il était probablement l'une des personnes ayant réussi la pathétique prouesse de se rendre inoubliable dans sa vie de la pire des manières, probablement pire encore que son propre père. Ce simple songe suffit à rendre sa bouche quelque peu pâteuse, le forçant même à ignorer le désagréable goût de bile qui remontait dans son œsophage pour garder son attention sur celle qu'il pense tout d'abord être le fruit de son imagination. Probablement serait-il resté beaucoup plus de temps figé sur place à l'observer en train de s'époumoner s'il n'y avait pas eu l'intervention d'une personne tierce qui l'avait forcé à se rendre à l'évidence qu'elle se trouvait bel et bien là. Ce n'était pas pour autant que l'information était rationnellement arrivée directement au niveau de son cerveau, mais son corps, lui, semblait l'avoir comprise.

En quelques enjambées, le blond la rejoignit et presque aussitôt, il fut assailli d'une étrange impression. Bien qu'il ne puisse avoir aucun doute sur l'identité de la rouquine se trouvant face à lui, la manière dont elle se mouvait et dont son regard semblait étrangement fixe lui provoquait un étrange sentiment. Quelque chose ne tournait pas rond et avait drastiquement changé depuis la dernière fois où il l'avait vue mais avec le peu d'informations qu'il avait en sa possession, il serait bien évidemment incapable de pouvoir dire ce dont il s'agissait.

« J'en suis tout aussi étonné que toi, shitbird. »

Le sourire qui s'installa momentanément sur ses lèvres sonne un peu faux malgré sa maigre tentative d'humour. Quoi qu'il en soit, le plus âgé comprit vite que ce n'est ni le lieu ni le moment pour ce genre de discussions et s'empressa de l'aider à se redresser : compte tenu de l'heure et du nombre de nerfs sur lesquels elle a dû taper, s'attarder dehors trop longtemps dans ce quartier sonnait comme une bien mauvaise idée. Il y a tant de choses sur lesquelles il voudrait la questionner et de sujets sur lesquels ils risquent de devoir s'attarder pour tenter de rattraper le temps perdu mais rien ne pouvant attendre une pose un peu plus sécuritaire et ce même si son appartement est loin d'être le type d'environnement qu'il aurait espéré pouvoir lui présenter.

« Ca doit faire approximativement… quatre ans. Ouais. Quatre ans, désormais. »

Bien que ça n'ait jamais été son style par le passé, le Hargrove s'était toujours souvenu de la date exacte de son arrivée ici. Lui qui avait pensé sa fin arrivée et l'avait finalement accueillie presque à bras ouverts s'était retrouvé à s'éveiller dans une chambre d'hôpital aseptisée. Aussi surprenant que cela ne puisse paraître, ce n'était même pas pour essayer de panser les colossales plaies qu'il était supposé avoir mais simplement pour s'assurer qu'il ne possédait pas un quelconque traumatisme crânien causé par le présumé malaise dont il avait été victime avant son arrivée. Et finalement, depuis, il n'avait fait qu'improviser d'une manière plus ou moins effective comme le prouvait l'état peu reluisant de son logement. De son propre avis, il n'était pas de ceux qui méritaient véritablement une seconde chance mais si le monde avait décidé de lui accorder pour Dieu sait quelle raison… qui était-il pour la refuser ? Cette date représentait celle de son nouveau départ, de sa rédemption, et il ne pourrait probablement jamais l'oublier.

« Qu'est-ce qu'il t'es arrivé, Max ? T'as l'air... »

Au lieu de terminer sa phrase, l'aîné s'interrompt parce qu'il se rend compte qu'il ignore la manière dont il est censé qualifier ça. Différente ? Comment ne pas l'être au bout de tant d'années. Déboussolée ? Il était littéralement mort dans ses bras la dernière fois qu'ils s'étaient retrouvés en présence l'un de l'autre, elle avait des raisons de l'être. Il y avait tant de choses qu'il aurait voulu lui dire, tant de questions qu'il était supposé lui poser pour tenter d'éclaircir les zones d'ombre persistant dans son esprit et pourtant, ce fut celle-là qui sortit en premier sans qu'il ne prenne la peine de la pondérer. Bien que s'étant imaginé ce scénario maintes et maintes fois, la possibilité de la retrouver à la fois aussi similaire à celle qu'il se rappelait avoir laissée et aussi différente qu'elle ne semblait l'être ne lui avait jamais effleuré l'esprit.

Tu pensais ne plus revoir ton frère. Tu l’avais vu mourir devant tes yeux, pire, dans tes bras. Et tu as énormément culpabilisé. Tu aurais pu le sauver si tu n’étais pas resté planté là, à regarder ce monstre s’approcher de Billy et à lui enfoncer une de ses sortes de pattes dans le ventre. Depuis cette nuit là tu as dû faire des milliers de cauchemars. Tu as ressassé tes erreurs et tu n’as pas arrêté de pleurer quand tu te retrouvais seule. Tu devais de te montrer forte devant tes amis et devant ta mère, alors tu as pris un minimum sur toi. Mais c’était bien trop dur. Alors oui quand tu étais au bord de la mort, tu avais certes peur mais tu te disais que tu le méritais un peu. Et que de toute manière, tu retrouveras Billy de l’Autre côté. La réalité en est tout autre puisque tu es finalement resté dans le coma pendant quatre ans et tu t’es réveillé ici, au Grey Sloan Hospital. Ton frère est là aussi depuis quatre ans qu’il dit, comme ceux que tu as déjà retrouvé depuis peu. Ça te rend triste tout de même, tu aurais bien aimé te réveiller plus tôt. Tu aurais pu passer beaucoup plus de temps avec lui, rattraper ce temps perdu et balayer votre passé où vous ne vous entendiez pas. Au final, Billy fait partie intégrante de ta famille, et tu as su que tu l’aimais sincèrement trop tard, lors de sa disparition. « Tout comme moi alors… Mais tu n’aurais pas pu me retrouver. Je suis resté quatre ans dans le coma, ici. Sûrement aussi dans notre monde. Je ne me souviens pas… » Du moins, seulement la seconde attaque de Vecna qui a réussi à t’éliminer. Doucement, tu avances dans l’appartement du plus âgé et arrive à trouver aisément la localisation d’une chaise à l’aide de tes mains. Tu t’y installes alors après avoir réussi à sécher totalement tes larmes. Un vague sourire à pris place sur tes lèvres, la présence de Billy étant des plus rassurantes.

Bien que tu ne vois rien, tu as le sentiment de ressentir les yeux du Hargrove se poser sur toi. Il te fixe sans relâche, comme perturbé de te voir là, et surtout dans cet état. Tu te mords doucement la lèvre, ne sachant pas par quoi commencer. Il s’est tellement passé de chose depuis sa disparition que tu pourrais vite t’emmêler les pinceaux. « Je m’en suis beaucoup voulu tu sais, de t’avoir laissé mourir… Je m’en veux déjà encore. J’espère que tu pourras me pardonner… » Dis-tu d’une voix tremblante tout en coinçant une mèche rebelle derrière ton oreille. Tes amis t’ont toujours dit que ce n’est en rien ta faute et que tu devais pas te faire du mal ainsi, mais c’est plus fort que toi. « Vecna. C’est le nom du monstre de l’Upside Down. Celui qui t’as… Tué. » Et qui a tué de nombreux habitants d’Hawkins, que tu ne saurais compter sur le bout des doigts de tes deux mains. Il y a eu en effet beaucoup, voire trop de morts. L’horreur a continuée. « Il est revenu sous une autre forme, avec de nouveau pouvoirs encore bien plus terrifiants. Il y avait quatre portails. Quatre portails à ouvrir pour réunir les deux mondes. Il devait tuer quatre personnes pour atteindre son objectif. » Tu marques une pause, et crispe les doigts sur tes jambes quand tu revois la scène se dérouler dans ta tête. « Il choisissait ses victimes. Quelqu’un qui culpabilisait, qui se sentait mal dans sa peau était une proie idéale. Et… » Tes doigts se resserrent encore un peu plus. « C’était moi sa quatrième victime. Il a failli m’avoir la première fois mais Lucas, Steve et Dustin m’ont sauvé la vie. Pour le tuer, on avait trouvé un plan. J’étais l’appât puisqu’il n’avait jamais réussi à m’avoir à cause de cette musique. » La fameuse musique qui t’a permis d’entrevoir la lumière et t’extirper de l’Upside Down la première fois. « Cette nuit, je n’avais pas mis en marche mon walkman pour pouvoir l’attirer. Il aurait dû être achevé avant, mais… J’ai été trop faible cette fois-là, et on a pas réussi à me secourir. Il m’a tué. » Un soupir s’échappe de ta bouche et tu baisses soudainement la tête. « C’est lui qui m’a rendu aveugle. Mais heureusement, mes os brisés ont pu guérir. » Déjà qu’avoir perdu un sens important t’a fichu un coup, t’imagine donc pas si tu t’étais retrouvé paraplégique.  


@Billy Hargrove