Operating on adrenaline and ignorance | ft. Childe

Quand on a connu l’extase de la guerre, se sentir vivant dans un monde beaucoup plus tranquille que celui qu’on a connu tire du miracle. Encore pire lorsqu’on y ajoute une bonne couche de tendances dissociatives tenaces,  vieilles de maintenant sept ans (gracieuseté de Stannis Baratheon et de son orgueil). À défaut de s’offrir des séances de psy (ce qui ne serait pas de trop, n’est-ce pas ?), le Tyrell accumule les tentatives de répliquer le rush d’adrénaline et l’overdose de dopamine. La plupart du temps, c’est assez inoffensif, mais parfois (un peu trop), on peut se demander où son instinct de survie a foutu le camp. Ça ne serait pas non plus raisonnable de s’attendre à ce qu’un type qui n’a jamais vraiment été tenu responsable de ses actes, même après s’être taché les mains de sang, ait le réflexe de peser le pour et le contre de ses décisions. La dernière connerie pondue par son cerveau : attendre la nuit et s’infiltrer dans le Musée d’histoire naturelle. Au départ, il avait pour idée de monter sur le dos de la baleine suspendue dans la salle principale, mais force est d’admettre que même s’il possède la souplesse d’un chat, il n’en a pas la force de saut. Pour l’instant, il se contenterait d’escalader le grand squelette de dinosaure. Pas que ce soit mieux, mais c’est déjà un peu plus accessible. Ça ferait du content sympathique pour son TikTok et peut-être du travail pour l’avocat de son père (faut bien qu’elles servent à quelque chose, ces petites bêtes).

Mais il n’a pas l’intention de travailler seul. Pour le coup, il a donné rendez-vous à son rouquin préféré et la chose qui se rapproche le plus d’un ami, Childe. Un chouette type qui possède le même amour du combat et la même capacité à rouler parfois sur un seul neurone. C’est bien pourquoi il lui fait entièrement confiance pour ne pas retourner sa veste en cours de route (dans le pire des cas, il trouverait bien un moyen de prendre sa revanche). Et, similairement, Loras ne le laisserait pas derrière au cas où ils se font prendre la main dans le sac, prêt à porter la totalité du blâme. Le Tyrell a beaucoup de défauts, mais sa loyauté est des plus solides. Il l'attendrait donc à minuit, près d’un trou qu’il avait repéré dans le grillage entourant l’établissement. Fidèle à son habitude, le Tyrell est arrivé un peu trop en avance, laissant le temps à la fine pluie qui tombe lentement d’alourdir sa chevelure. Les mains dans les poches de son hoodie pour les protéger du frais qui se fait de plus en plus agressif, il observe, pensif, les dernières lumières du musée s’éteindre, à la même heure que toutes les nuits où il était passé devant sur le chemin du retour. Son pied piétine distraitement le sol boueux, sans se soucier de l’état de ses chaussures. Ça n’arrive pas souvent, mais, ce soir, Loras est presque dépourvu de tout artifice, apparaissant dans toute sa simplicité ; c’est à se demander si les photos qui ressortiront de l’escapade importent autant que le thrill…

Perdu dans sa bulle, le Tyrell ne porte plus vraiment attention à son environnement, si ce n’est que pour jeter un œil à l’heure sur  son téléphone. C’est le bruit humide du gazon sous des pas s’approchant de lui qui l’en sort en un sursaut, prêt à se défendre si on essaie de ruiner son moment. Réaction un peu excessive qu’il s’empresse de camoufler sous un air fier lorsqu’il constate la présence de son ami. De qui pouvait-il s’agir d’autre ? Il soupire silencieusement. « Childe. », constate-t-il, les iris brillants d’un enthousiasme quasi enfantin. « Une minute de plus et j’aurais pu croire que t'avais cédé à la lâcheté. », se moque-t-il avec légèreté, ses lèvres s’étirant en un grand sourire sagement espiègle, alors qu’il le gratifie d’une petite tape sur l’épaule. En fait, si le Tartaglia lui avait posé un lapin, il se serait avant tout inquiété qu’il soit tombé dans de mauvais filets ou quelque chose du genre, il le voit mal cracher sur une de ses idées de merde. « J’imagine que je te partage mon plan d’attaque ? », lance-t-il avec un sourire qui s’élargit suffisamment pour ne rien présager de bon. Mais stupidité ou pas, on ne peut pas nier une chose : Loras possède une assez bonne vision stratégique. Peu utilisée à bon escient, sauf pour son travail, mais quand même, elle existe. « On peut aussi y aller en freestyle. It’s your call. », il ponctue sa proposition d’un clin d'œil, laissant supposer qu’il vote peut-être plutôt pour l’option qui risque le plus de mener à la catastrophe. C’est pas drôle, sinon...