Sorry for the disappointment {feat. Manon}

Sorry for the disappointment

S’il y a une chose que tu n’aimes pas, c’est bien te sentir impuissant face à une situation, quelle qu’elle soit. Si au début tu n’as pas trouvé ça alarmant que ta protégée, Manon, ne te donnait plus de nouvelles, par la suite t’as commencé à t’inquiéter quand tu voyais qu’elle lisait tes messages sans pour autant y répondre. Qu’était-il arrivé ? Qu’est-ce qui avait bien pu se passer pour que du jour au lendemain elle te dégage d’à peu près tout et ne te donne plus signe de vie ? C’est là que tu t’es décidé de mener l’enquête. Mais pour ça, il a fallu que tu bouges et te rendes donc à l’institut. Tu aurais dû le faire plus tôt, car même sans avoir récupéré ton spider-sens, tu sentais qu’un truc se tramait et t’as comme l’impression que tu l’as laissé tomber. C’est avec une boule au ventre et une mauvaise impression que t’as pris la direction de l’institut. Sur le trajet, avec ton éternel casque sur les oreilles, t’as ruminé sur ce que t’allais bien pouvoir lui dire. Et s’il lui était arrivé quelque chose de grave ? Et si elle avait des ennuis ? Trop de si et pas assez de réponses à ton goût.

C’est pourquoi, une fois arrivé à destination, t’as pris quelques instants pour toi. Inspirant, expirant comme si ça allait te permettre de mieux évaluer la situation. Tu ne sais pas trop pourquoi, mais plutôt que de passer par la porte d’entrée, tu t’es dit que venir directement à sa rencontre serait mieux vu, que ça la ferait sourire au mieux ou l’étonnerait au pire. Sauf que tu n’as pas trop tilté que même si tu étais Spider-Man, sans pouvoirs, ni dons, tu n’étais qu’un humain lambda. Et t’as donc opté pour l’option gouttière. Ce n’est pas le meilleur plan de ta carrière de super-héros mais au moins si ça te permet de voir enfin la jeune fille, ça vaut tout l’or du monde. Cependant, alors que tu étais presque arrivé, un bruit survint de la chambre de la jeune Lacroix et c’est là que vos regards se sont croisés. « Manon ! Je suis soulagé, tu n’as rien ! » lances-tu alors que tu n’es qu’à quelques efforts de venir la rejoindre. « Dis, tu penses que tu pourrais m’aider ? J’me fais vieux tu sais… » Est-ce que l’humour réussira à détendre l’atmosphère ? Tu l’espères en tout cas. A chaque fois que ton mentor l’utilise, ça marche à chaque fois.

Elle n’aimait pas entendre des bruits à sa fenêtre. On pouvait lui dire qu’elle était paranoïaque, qu’elle souffrait de stress et d’anxiété, qu’elle était chez elle et qu’elle était en sécurité... ça n’empêchait pas ses muscles se raidir à l’idée que quelqu’un surgisse. Quelqu’un de connu, un étranger, peu importe. Elle ne pouvait plus accorder sa confiance à personne, maintenant. C’était fini. Elle ne se fera plus avoir une nouvelle fois. À défaut d’avoir une vraie arme dans sa chambre – chose que le professeur ne lui autorisera jamais, même pour sa défense – Manon se saisit du tisonnier à côté de sa cheminée pour s’approcher de la fenêtre. Au cas où. On ne savait jamais. Elle n’avait pas beaucoup de force, mais si elle avait raison et que quelqu’un provoquait ces bruits, alors elle n’aurait qu’à frapper.

Mais quand elle ouvrit la fenêtre, ce n’était pas sur le visage d’un inconnu ou d’une menace qu’elle tombait.

C’était Miles.

Juste Miles.

J’allais frapper Miles avec un tisonnier... Cette pensée lui provoqua un élan de dégoût. L’arme lui échappa des mains pour retomber sur le sol, tandis qu’elle le fixait toujours, stupéfaite. Il était là, cramponné au mur comme s’il faisait ça tous les dimanches, à la regarder en retour avec ce sourire heureux. Je suis soulagé, tu n’as rien, qu’il disait. Et il blaguait... Typique de Miles.

Le choc passé, elle ne parvenait pas à lui renvoyer autre chose que la froideur que lui provoquait ces petites plaisanteries. Il était si naturel, si léger, il aurait pu débarquer avec ce sourire si elle avait simplement séché une journée de cours... Certes, elle avait ignoré ses messages, et maintenant il était soulagé ?

Elle se pencha, observa sa prise sur le mur. Je me fais vieux, quelle mauvaise excuse. La jeune femme s’éloigna de la fenêtre et haussa les épaules.

« Tu as réussi à grimper jusqu’ici, tu sauras finir, » articula-t-elle plus sèchement qu’elle ne l’aurait voulu.

design  ϟ vocivus

Sorry for the disappointment

S’il y a une chose que tu as apprise ici, c’est bien le partage. Si dans ton monde tu as tout appris de ton mentor, Peter. Ici tu as réussi à trouver trois âmes perdues que tu pourrais aider à… rendre meilleur ? Tu ne sais pas trop comment tourner la chose mais dans tous les cas tu sais pertinemment que s’il venait à arriver quelque chose à Aelita, Manon ou encore Juvia, tu ne te le pardonnerais pas. C’est d’ailleurs pour ça qu’après plusieurs messages restés sans réponses, tu as décidé de sauter le pas et venir rendre visite à Manon. Cela fait plusieurs mois que tu n’as pas eu de ses nouvelles et dernièrement, à part un simple vu sur les SMS que tu lui envoies, tu n’as plus du tout de nouvelles. Inquiet, t’as rapidement pris le chemin de l’institut Xavier et pour ne pas faire comme tout le monde, t’as décidé qu’il valait mieux monter par la gouttière, pour directement arriver à la chambre de la blonde.

Sauf qu’à l’ouverture de la fenêtre, tu tombes nez à nez avec une Manon qui tient… Un tisonnier ? Sans doute surprise, tu vois l’outil tomber à ses pieds dans un bruit sourd et comme à ton habitude tu lances une petite vanne pour détendre l’atmosphère… Après tout t’es Miles Morales, c’est comme ça que tu agis. La voyant hausser les épaules alors qu’elle s’éloigne, tu viens pincer tes lèvres à sa réponse. « Tu as réussi à grimper jusqu’ici, tu sauras finir » Bon, tu ne l’as peut-être pas volé et c’est en quelques secondes et acrobaties plus tard que tu regagnes la terme ferme. « Je suis venu te voir et c’est comme ça que tu m’accueilles ? » souffles-tu alors que tu viens refermer la fenêtre derrière-toi, venant frotter tes mains l’une contre l’autre pour les réchauffer et les détendre de ce trop-plein d’activité. « Je m’inquiétais pour toi Manon, je n’ai pas compris pourquoi du jour au lendemain je n’ai pas eu de tes nouvelles, je- » Tu n’es pas doué en excuses mais en est-ce vraiment quand tu ne sais pas du tout ce qu’il se trame dans la vie de ta protégée ?

« Je suis venu te voir et c’est comme ça que tu m’accueilles ? » Manon lâcha un petit rictus amer en entendant ça. Il arrivait soudainement, en passant par la fenêtre comme un voleur, et elle devrait se montrer reconnaissante ?

Il y avait largement de qui s’asseoir dans sa chambre : il y avait divan et deux fauteuils autour d’une charmante table basse, son lit évidemment, la banquette de sa fenêtre décorée de petits coussins, et pourtant elle ne l’invita à se reposer sur aucun d’entre eux. Elle aussi restait debout, droite comme un i, les bras croisés et sévères. Miles avait beau avoir été un ami – ou une connaissance – elle n’aimait pas le savoir ici, entrant si facilement dans un espace qu’elle ne faisait que fermer et protéger. Le dernier endroit où elle essayait encore de se sentir en sécurité.

« Tu t’inquiétais ? » répéta-t-elle en haussant un sourcil.

Incroyable...

Cela faisait des mois. Et il ne s’inquiétait que maintenant ? Ou bien il y songeait depuis le début, mais n’avait simplement pas bougé. Simplement envoyé des messages... et quels messages ? Lui proposer de traîner en ville ? Boire des milkshakes ? Aller à des expositions ? Manon avait détesté tous ses messages sans exception, la ramenant toujours à une normalité qui lui avait été inaccessible dès le début. Et il avait continué, encore et encore, semaine après semaine... comme si rien ne s’était passé.

Il ne pouvait pas savoir, bien sûr. Mais quelle importance ça avait ? Le monde avait continué de tourner alors qu’elle s’était retrouvée en enfer, et il n’y aura jamais trop de personnes à blâmer. Miles en faisait partie, avec ses grands sourires et son attitude positive. Il était gentil, altruiste, il avait été un super-héros.

« Et maintenant, tu es rassuré ? Je suis vivante, tu peux arrêter de te faire du mauvais sang. »

Il pouvait partir, retourner à sa vie normale, ses milkshakes, ses platines ou ses consoles de jeu, peu importe. Il n’avait qu’à repasser par cette fenêtre. Ne pas se retourner. Se persuader que tout était revenu à la normale.

design  ϟ vocivus

Sorry for the disappointment

Pourquoi tu as l'impression que ton humour ne fonctionne pas ? T'as limite l'impression de la faire chier et d'un côté ça te désole. Mais hey, tu ne sais pas trop ce qu'il se trame dans sa vie et n'ayant eu aucunes réponses à tes messages, tu n'as vu que cette visite pour remettre les pendules à l'heure, voir un peu ce qu'il se passe chez ta protégée. « Tu t'inquiétais ? » Hochant la tête à la question de la blonde, tu n’es pas du genre à dire des choses sans les penser. Au contraire, tu dis bien trop ce que tu penses par moment pour qu'on puisse te reprocher de ne pas communiquer. « Je sais bien que mes idées de sorties n'étaient pas… Extra. Mais je me suis dit que ça te ferait du bien de sortir un peu de l'institut. » avoues-tu en haussant les épaules. Après tout, les goûts et les couleurs hein. Puis tu es du genre à laisser les gens vivre leur vie, à venir te voir s'ils ont besoin mais toi tu ne forceras jamais personne. « Je suis désolé si je dérange… » lâches-tu d'un léger sourire. Ton but premier n'est pas de l'embêter : c'est même le contraire.

Mais si elle ne te dit rien, comment tu peux comprendre ce qu'il se trame dans son cerveau ? « Et maintenant, tu es rassuré ? Je suis vivante, tu peux arrêter de te faire du mauvais sang. » Tu ne comprends pas trop sa réponse. T'as l'impression qu'elle te cache quelque chose et tu ne peux t'empêcher de venir à sa rencontre, glissant une main sur son épaule et quand elle se retourne, tu l'attires dans tes bras, venant poser ta tête sur la sienne. « Alors mets-moi dehors. Je ne partirais pas tant que tu ne m'auras pas tout avoué. J'ai l'impression d'avoir failli à ma mission et ça me ronge au plus haut point… » Tu fermes les yeux en resserrant un peu plus ton étreinte. Tu espères qu'elle ne te repoussera pas mais c'est son choix, pas le tiens.