Dad, it's me ! [Ft. Clark]

Un mois et onze jours. Un poil pointilleux quand il s'agissait de compter pendant combien de temps il était arrivé sur cette île, et surtout depuis combien de temps il recherchait sa famille et son ami. Il n'avait pourtant pas la même âme de détective que Damian, ça c'était plus du ressort de tous ces Bat-machin. Il n'était pas idiot, mais il n'avait pas du tout été élevé de la même manière. Damian avait toujours su qui était son père, qu'il était Batman, là où Jon avait vécu le début de son enfance dans une parfaite innocence, sans savoir que son père était le célèbre Superman. Ce n'était plus qu'une question de temps après tout. Approximativement à partir de sa dixième année. Il l'a su, et ses pouvoirs ont commencé à montrer le bout de son nez. Petite chose effrayante pour un enfant qui avait peur de s'en servir et de faire du mal accidentellement. Mais il avait toujours pu compter sur ses parents pour le guider, puis sur Damian, même si sa façon de faire était bien plus brute de décoffrage.

Quoi qu'il en soit, fallait bien que son temps passé aux côtés du dernier Robin ait pu lui servir à quelque chose. Et s'il ne posait guère de questions, il n'aurait alors jamais su qu'il y avait des lieux qu'il pouvait fouiller. Des petites questions aussi innocentes soient-elles : ❝Avez-vous mon père ?❞ ou encore ❝Connaissez-vous Clark Kent ?❞ et parfois il terminait son questionnement par simple curiosité ❝Avez-vous vu Superman ?❞ Après tout, il aurait forcément plus de chance avec l'une de ses questions. Un Superman passerait moins inaperçu que l'homme qui se cachait derrière son costume de super-héros. De fil en aiguille, certains passants lui demandaient s'il savait ce que faisait son père dans la vie. Hormis Superman bien évidemment. Enfin, ça en théorie, seul lui le savait. Et sa mère. Il n'y avait pas pensé au départ, il aurait du le spécifier, mais lorsqu'il le fit, on lui proposa de vérifier au Daily Planet, ou tout autre endroit dans ce style, si toutefois il avait continué dans la même branche. Et comme on le disait si bien, qui ne tente rien, n'a rien.

Et c'est ainsi qu'après un mois et onze jours à errer dans les rues et ruelles de la ville, à la recherche de son père, que le jeune Kent entra au Daily Planet. Il y avait tant d'allées et venues, qu'on ne le calculerait pas de sitôt. Il aura donc le temps de chercher après Clark, si toutefois il était bien présent. Il ne saurait même pas ce qu'il ferait si à la finalité, il n'était même pas présent sur cette île. Perdre espoir ? Ce n'était pas quelque chose que les Kent faisaient. Il sillonait alors les allées du Daily Planet, observait un peu tous les visages qu'il croisait. Parfois un faible soupir s'échappa de ses lèvres. Garder espoir oui, mais parfois ça devenait de plus en plus difficile. Surtout si on ne savait plus trop où chercher. Finissant par faire demi-tour, il se stoppa net au beau milieu d'une allée, gênant très probablement le passage. Il avait entendu quelqu'un appeler après Clark. Le prénom lui suffit amplement, il se retourna alors et chercha après un visage qui pourrait lui paraître familier, ou bien que la personne prénommée Clark daigne à montrer sa bouille.

Il ne lui fallut que très peu de temps entre le moment où Clark se leva très probablement de son bureau, et celui où Jon se mit à réduire les mètres qui le séparaient de son père. Il bouscula quelques pauvres âmes sur son chemin - et heureusement pour eux que Jon avait perdu ses pouvoirs - en les entendant gueuler des ❝attention gamin !❞ auxquels il n'y prêta même pas une quelconque attention. Il se contenta de leur balancer des brefs ❝désolé.❞ Et c'est ainsi que le pauvre Clark se retrouva avec un gamin qui lui sauta au cou tel un koala qui s'accrocherait à sa branche avant de lâcher un ❝papa !❞

En un mois, le jeune Kent n'avait pas eu le temps d'en apprendre davantage sur ce monde, notamment le fait que certaines personnes pouvaient plus ou moins avoir une sorte d'amnésie passagère. Par conséquent, lorsqu'il se retrouva confronter à une personne qui semble ne pas savoir qui il est à la différence de lui qui persiste à penser que c'est bien son père, Jon eu soudainement l'impression que son cœur se brisa en mille morceaux. Ô non, il ne s'attendait nullement à ce genre de scénario, il était trop enjoué pour y avoir réfléchi ne serait-ce qu'un seul instant. Pris de court, Jon le regarda droit dans les yeux, mais les siens exprimaient plus de la surprise et une pointe de tristesse ? Et il ne pût s'empêcher d'imaginer que ça serait potentiellement la même situation avec sa mère. L'impression si soudaine de tomber dans un trou, perdu et ne sachant pas quelle réaction il devait avoir. Il n'allait tout de même pas se mettre à pleurer comme un petit enfant, si ? Il déglutit difficilement, baissant enfin le regard, voire même un peu la tête. Qui était-il ? Mi-humain, mi-Kryptonien, ça faisait sens pour l'enfant de Superman et de Loïs Lane. Sens pour lui en cet instant précis en tout cas. Il releva son regard vers lui lorsqu'il lui demanda qui il était. Encore une fois, il avait l'impression qu'on piétinait son pauvre petit cœur.

❝Jon...❞ Rpondit-il à voix basse, avant de se dire que ça ne serait nullement suffisamment pour lui faire comprendre réellement qui il était. ❝Jonathan Samuel Kent...❞ Oui, comme son grand-père du coup, enfin le père de Clark, bref vous avez saisi l'idée, et le pourquoi on l'avait appelé ainsi. Avec chance, ça serait suffisamment frappant pour lui. Il ne voyait pas trop ce qu'il pourrait ajouter d'autre, penserait-il qu'il mentait ? Ça serait bien gros un gamin mentant sur un nom tout de même. Au pire, il pouvait toujours lui faire savoir qu'il était au courant pour son identité, celle de Superman. Oui, dans le doute, il aurait encore une petite carte joker sous le coude.  

❝Tu... ne sais vraiment pas qui je suis ?❞ Qu'il avait été si difficile pour lui de poser cette question. Il avait l'impression que chacun de ces mots lui piquait la gorge. Le brûlait. Il ne savait pas combien de temps il tiendrait avant de sentir les larmes lui montaient aux yeux et de les laisser sortir. Non pas qu'il agissait comme un petit bébé, mais il était extrêmement sensible, et puis dans tous les cas, laisser ses émotions parlaient n'était pas une honte, n'est-ce pas ? Surtout qu'il avait toujours vu son père tel un modèle, alors le fait qu'il ne le reconnaisse pas, qu'il ne sache pas qui il était, lui brisa tellement le cœur. Il se refusa alors de penser que ça serait la même chose pour Loïs. Il ne le supporterait pas deux fois.

Jon devait prendre sur lui, ce qui était parfois compliqué étant donné qu'il laissait souvent ses émotions prendre le dessus. C'était les émotions qui causèrent des troubles dans le contrôle de ses pouvoirs, qu'il n'a heureusement pas retrouvé. Il aurait besoin d'aide pour ça, de son père en l'occurrence. Celui qu'il estime avoir face à lui, mais que ce dernier ne semble pas reconnaître. Il exagérerait sûrement en disant que cela lui brisa le cœur en mille morceaux. Mais ce n'était qu'un gosse après tout, l'exagération pouvait faire parti de son quotidien. En d'autre terme, ça lui faisait mal, ça l'attristé et même s'il ne voulait rien laisser paraître, il ne le pouvait pas. Il ne savait pas jouer sur ce domaine, pas comme Damian en tout cas. Enfin la batfam en règle générale, Jon n'était même pas certain d'avoir lu autre chose sur le visage de Batman - Bruce - qu'un visage impassible. C'était de famille visiblement. À croire que laisser parler leurs émotions allait les tuer sur le champ. On pouvait se moquer des Kent et de soit disant leur gentillesse exagérée, mais au moins ils n'avaient pas honte de montrer leurs sentiments.

Bien entendu, le regard, le sourire de celui qu'il considére comme son père ne lui échappe pas. Au moins on pouvait se dire que le garçon n'aurait pas pu inventer une telle chose juste dans le seul but unique de se faire remarquer. Ça ne lui serait jamais venu à l'idée dans tous les cas. Naturellement, il devait s'en douter. Les propos de son père ne semblait pas trop le perturber plus que ça. Même si c'était dommage et que ça pourrait continuer à lui faire un peu de peine. Il ne saurait dire ce que cela signifiait réellement. Est-ce une façon pour Clark de lui faire comprendre qu'il ne pourrait donc pas être son père dans ce monde-ci ? Qu'il ne pourrait pas s'occuper de lui ? Ou juste une manière de lui dire qu'il ne faudrait pas s'attendre à ce qu'il soit à l'exactitude comme son père de son propre univers ? Quoi que le pas encore doit vouloir dire qu'il pourrait jouer le rôle de père, non ? Il ne savait pas trop comment comprendre le sens de ses propos. Il hocha faiblement la tête en retenant une soudaine envie de pleurer. Pour quelle raison ? Parce qu'il se sentait un peu seul et perdu en cet instant précis. Oui, heureusement qu'il n'avait pas ses pouvoirs, il aurait saccagé cet endroit sans le vouloir. ❝Oui... J'aurais du m'en douter... Désolé...❞ Lâcha-t-il en se sentant un peu confus, et en ayant l'impression qu'il l'avait probablement dérangé.

Mais contre toute attente, Jon sentit les bras de Clark l'entourer pour un câlin ou quelque chose qui y ressembla. Alors le jeune Kent se laissa bien volontiers se glisser dans ses bras, en l'agrippant comment un petit koala qui agripperait sa branche de bambou. Bien évidemment, il ne lui en voulait pas d'avoir réagi à chaud de la sorte, même si c'était une horrible sensation de penser soudainement qu'il n'avait plus aucune existence quelconque. ❝Ce n'est pas grave.❞ Répondit-il avec une certaine douceur. Sa maladresse ne faisait pas de lui quelqu'un d'horrible après tout. Et c'était déjà arrivé dans son monde également, que Clark puisse se sentir quelques fois dépassé, alors ça ne l'étonnait pas plus que ça. Il desserra son étreinte afin de regarder celui qu'il persistera à nommer son père. ❝Ouiiii. Mais... Je ne voudrais pas que tu aies des problèmes.❞ Fit-il dans une petite moue en parlant bien évidemment de son travail. S'il revenait déjà de sa pause, avait-il le droit d'en reprendre une sur le champ ? Il ne voulait pas créer de problème.

À la finalité, il n'y avait rien de très alarmant et rien de différent non plus. Son père avait toujours eu quelques petites maladresses. Une fois de temps-en-temps. Même si au départ, Jon ne comprenait pas comment son père pouvait être absent aussi soudainement. Sa mère lui disait souvent qu'être journaliste, c'était comme des héros, dans l'anonymat, ou quelque chose comme ça. Il ne s'était pas rendu compte de la véritable signification derrière ces paroles. Il savait juste que c'était une raison plutôt particulière, et qui n'avait pas de sens, car sa mère aussi était dans le journalisme. Et pourtant, elle était là. Elle ne partait pas, il ne savait trop où. Puis, elle ne revenait pas, pour finalement repartir dans la journée même. Cela n'avait aucun sens. Alors oui, il savait dorénavant la raison. Enfin, depuis quelques années maintenant. Il comprenait mieux pourquoi son papa adoré disparaissait et loupait quelques événements importants pour son fils. Un jour, celui de son anniversaire, il était parti et cela lui avait brisé le cœur. Il lui en avait voulu, mais plus à présent.

Il était inutile de se demander de qui il tenait le plus. Visiblement, de son père. En tout cas pour le côté émotionnel. Un vrai fléau dans son cas. Tout du moins, un gosse qui a du mal à gérer ses émotions, ne peut convenablement gérer ses pouvoirs obtenus du côté de son père. Il en avait détruit des choses, sans comprendre ce qui se passait en lui. La panique à bord. Mais heureusement, son père était toujours là en cas de pépin, en cas de besoin, en cas de doute. Qui pouvait mieux le comprendre, que Superman lui-même, ayant déjà traversé ce genre d'épreuves ? Il aurait pu rester un long moment ainsi, dans les bras de son père. Il ne releva que la tête, et son regard vers le visage de Clark. ❝Elle est plus forte que nous.❞ Répondit-il presque aussitôt. Loïs était plus sur le contrôle, et heureusement à la finalité, parce qu'en ayant et Clark et Jon émotionnellement identiques, ça devait être compliqué à gérer. Et pourtant, elle apportait toujours sa petite pierre à l'édifice. Elle avait toujours les bons mots. Ô, qu'elle lui manquait terriblement, elle aussi. Mais chaque chose en son temps, pas vrai ?

En attendant, il pouvait se contenter de son père. Même s'il ne venait pas forcément du même monde, de la même timeline, ça lui suffisait. Il n'était pas très demandeur. Sûrement un trait digne des Kent, de vivre avec ce qu'ils ont, et que ça leur suffisait amplement. Il finit par relâcher son père, même si c'était un peu à contrecœur, et comme s'il avait peur qu'il ne s'échappe tel un rêve. Et oh, lui aussi avait perdu ses pouvoirs ? Il n'était donc pas le seul dans cet état ? Bien qu'il dût penser être le seul à ne pas trop vouloir récupérer les siens. Pour le moment. ❝Oh toi aussi !❞ Dit-il avec de la surprise dans l'intonation de sa question. ❝Moi non plus, je ne les ai plus. Mais ça m'arrange...❞ Parce qu'il ne savait pas toujours tout contrôler et que ça pouvait vite devenir dangereux. Surtout dans un nouveau monde, avec une forte tendance à laisser ses émotions s'exprimer. Il aurait sûrement tout cassé sur son passage, et peut-être blesser plusieurs personnes sans le vouloir. Et après ? Il aurait culpabilisé tel un Kent. Tel son papa. Il fit donc demi-tour, entraîné par son père, tout en écoutant sa dernière question. ❝Oui, bien sûr. Juste... Un peu absent. Et après, tu as voulu qu'on aille à la rencontre du fils de Batman.❞ Il ne savait toujours pas trop quoi en penser. En soi, ils avaient fini par devenir des meilleurs amis. Mais il n'était pas dupe non plus. Un Wayne restait un Wayne. Et Damian n'en dérogeait pas à la règle, et se servir du petit Kent, il savait parfaitement s'y prendre. ❝En tout cas, sache que si j'ai désobéi, ce n'était pas ma faute. C'est Robin qui venait constamment dans ma chambre le soir pour aller en patrouille, alors que maman m'avait dit de me mettre au lit.❞ Promis, il avait essayé de se débarrasser de ce petit Wayne qui était telle une superglu. Ou un foutu chewing-gum sous sa chaussure ? Et dire non à un Wayne... En fait, ils ne devaient pas avoir l'habitude qu'on leur refuse quelque chose. Foutu caractère.