La nuit est longue avant l'aube (Guts et Ophélie)

Faut croire que c'est étonnant pour la jeune femme d'apprendre que ce qu'ils viennent de vivre était son quotidien avant. Pour lui, c'est banal, c'était sa vie et il n'avait pas le choix que de vivre ainsi. Mais pour une personne extérieur, ne connaissant pas son histoire, ignorant même la malédiction que lui impose le stigmate sur son cou, forcément, ça peut surprendre. Sa vie était un Enfer depuis l'éclipse et le vœux de Griffith. Pour accéder à une nouvelle forme d'existence et de puissance, il avait sacrifié ses amis sans le moindre remord. Si Guts avait cherché à le sauvé ce jour là, il avait très vite déchanté en voyant ce qu'il avait fait subir à toute la troupe et ce qu'il avait osé faire à Casca sous ses yeux. Ce n'était que provocation, un moyen de lui prouver qu'il avait le pouvoir à présent et que lui, pauvre mercenaire allait être impuissant. Dire qu'il pensait qu'ils étaient amis... "Inutile d'être choqué. Disons que le destin m'a imposé ça et que je me suis jurée d'éliminer celui qui en est la cause." Sa vengeance envers Griffith était réelle, il voulait le tuer une bonne fois pour toute, mais aussi éliminer les autres membres de la main de dieu qui ont transformé Griffith en "Femto", son nouveau nom, son identité de dieu une fois sa "renaissance/transformation" effectuée. "C'est la deuxième fois que je vois un démon ici. C'est toujours moins pire que ce que je vivais avant," assure t'il. Sa vie est bien plus paisible ici. Avant chaque nuit, il devait se battre, sauf quand la sorcière était parvenue a atténuer la marque de la main de dieu, mais ce n'était que provisoire. Tout ça, tout ce qu'il avait vécu, ça l'avait forgé. Sa vie n'est pas rose, elle ne l'a jamais été et ne le sera jamais. Peut-être qu'Ophélie le prenait pour un fou ? Au final, il s'en fichait pas mal, l'avis des autres n'a jamais compté pour lui.

Guts lui avait ramené de quoi ce changer, c'était mieux que les habits couverts de sang, même si les vêtements seront trop grands. Au mieux, il pourrait serrer le pantalon avec une corde pour éviter qu'elle se retrouve avec ce dernier  sur les chevilles. A moins qu'un t-shirt soit assez grand pour faire office de robe pour elle... Le jeune homme ne va pas la forcer et la laisse faire ce qu'elle veut, elle peut se changer dans la chambre si elle le désir. Quand elle aura fait ça, il faudra soigner ses blessures, difficilement accessible pour lui dans son dos par exemple. La demoiselle semblait d'accord et prête à le faire, ce qui était parfait. Quant aux ustensiles pour le soigner... il doit peut-être avoir une trousse de secours quelque part. "Je crois que je dois avoir ce qu'il faut dans la cuisine, je vais voir ça." Le chevalier noir se lève, son corps quelque peu endoloris par le combat, mais ça va, il tient debout. Dans un placard de la cuisine, il récupère une petite boite avec le nécessaire pour les premiers secours. On parle là vraiment de "bobologie". On y trouve de quoi désinfecter, des pansements, un ciseau et quelques strip. C'est le minimum syndicale. "Je n'ai que ça, je ne sais pas si ça sera suffisant, mais faudra faire avec. Sinon..." après avoir posé la boite sur la table basse du salon, il ouvre un meuble et en sort une bouteille d'alcool, ça peut servir pour désinfecter. "J'ai ça qui peut servir aussi." Dans son monde, il soignait ses blessures avec ce qu'il pouvait, mais aussi en utilisant des onguents à base de plante. "Ça suffira ?" demande t'il à tout hasard.

Lui avoir un véhicule ? Il la regarde presque amusé qu'elle demande ça. Non, Guts n'a aucune véhicule, il ne sait pas conduire et ne s'est jamais intéressé à ça. Il a déjà du mal à comprendre le fonctionnement d'un téléphone portable, alors diriger une voiture, très peu pour lui. D'une certaine manière, notre homme est resté coincé dans son époque, n'aimant pas la technologie de ce monde. "Je n'ai pas de véhicule et inutile d'aller à l’hôpital pour ça, j'ai déjà vu bien pire." précise t'il. Dans sa vie passé, on pourrait parlé de son avant bras qu'il avait perdu. Ce dernier avait été soigné avec les moyens du bord. De même pour son œil crevé qui l'était toujours ici. Son œil était constamment fermé, mais ça ne le gênait pas du tout, il était habitué depuis le temps. "Donc pas dé médecin, faites ce que vous pouvez, ça ira," rassure t'il pour que la jeune femme ne stresse pas. L'idée s'était surtout de désinfecter et panser les plaies, c'était largement suffisant.

La demoiselle s'attelle donc au nettoyage des blessures, il sent l'alcool piquer les blessures. Ceci le fait serrer les dents et légèrement grimacer, mais c'est un dur à cuir, il sait endurer la douleur, trop bien même. Sa vie la forcée à devoir encaisser tout ça. Par moment, elle lui demandait comment faire, il n'était pas docteur, il s'en remettait à son jugement. Suffisait de faire comme elle le sentait et tout devrait bien aller. Son dos devait être recouvert de pansement et différent bandage. On pourra presque le confondre avec une momie si ça continue. Mais au moins, ça ne devrait pas s'infecter et c'est ça le plus important. "Merci de votre aide, seul ça aurait été plus compliqué." C'était normal de la remercier, il ne pouvait pas laisser ça comme ça.

Ophélie alla se changer avec ce qu'il lui avait donné. Bon, ça sera trop grand, mais en bidouillant, elle pouvait réussir à ajuster un peu le tout. Elle revint avec ce qu'il lui avait donné sur le dos, bon c'était pas ce qu'on attend pour un défilé de mode, mais ça ira pour le moment. "Désolé, j'ai vraiment rien de mieux à votre taille," dit-il une fois. "Avant de vous ramener en ville, je pense qu'il vaut mieux attendre le levé du jour. Je vous laisse ma chambre pour dormir, je dormirais sur le canapé." Sortir de nuit en pleine forêt ce n'était pas la meilleure idée, surtout après ce qu'il venait de se passer. "Vous voulez peut-être manger ou boire quelque chose ?" propose t'il après tout, toutes ses émotions ça creuse l'appétit à moins que ça ne la coupe...

Est-ce vraiment si étonnant que ça qu'il n'ait pas de véhicule ? Il s'imaginait ne pas être le seul, même si en ville, la plupart des gens doivent avoir ce qu'ils appellent tous une voiture ou bien une moto. C'est vrai qu'en vivant isolé, loin de la ville, il serait très pratique pour lui d'avoir de quoi bouger autrement qu'à pied. Mais la technologie ne lui réussit pas et surtout, il a du mal à la comprendre, alors, il préfère laisser ses machines de métal là ou elles sont et se débrouiller par lui même. "Je n'en ai pas l'utilité," répond t-il simplement. En fait, il fait comme à l'ancienne, il voyage principalement à pied. Au mieux, il peut prendre le bus sur la route principale pour rejoindre la ville.

A présent, il était soigné, c'était des soins de fortune, mais il faut dire que ce n'était pas des blessures graves qui pourraient risquer de le tuer. Il survivra.

Tout ça, poussait la jeune Ophélie à se poser des questions sur Guts, comme comment il faisait pour vivre. C'est vrai, ce n'est pas souvent qu'elle doit rencontrer un être comme lui, vivant tel un ermite loin de la ville. "Je cultive quelques fruits et légumes, ça me permet d'avoir de quoi manger, j'ai quelques poules et sinon pour le reste, je chasse tout simplement. La forêt a également beaucoup de choses à proposer. Je n'ai pas spécialement besoin d'aller en ville. Je me débrouille très bien ici par moi même." En gros, il vit en auto-suffisance presque totale. Les rares fois ou il va en ville, il achète parfois quelques petits trucs, mais c'est rare. C'est un mode de vie qui semble plutôt inédit dans ce monde. Pourtant, ça ne change pas trop de sa vie d'avant. Quoi qu'il ne cultivait pas, il voyageait sans cesse et achetait à manger dans les villes où il passait, mangeait dans des auberges ou parfois chassait. Bref, il garde une vie comme qui dirait archaïque mais ça lui convient très bien comme ceci.

Guts avaient proposé à la demoiselle de dormir dans sa chambre si ça lui convenait, mais elle préférait rester ici sur le canapé. Comme elle voulait, lui ça lui importait peu. "Si vous préférez le canapé, ça ne me dérange pas. Essayez de dormir un peu." L'homme resta sur son siège, il n'avait pas sommeil et surtout, il allait monter la garde, elle pouvait donc dormir sur ses deux oreilles si elle le désirait.

Les minutes puis les heures passaient doucement et le jour commençait doucement à pointer le bout de son nez. La nuit n'allait être qu'un lointain souvenir à présent.

Sa vie était loin d'être habituelle. Il ne faisait pas comme tout le monde et n'en avait pas spécialement l'intention.  Être isolé et loin de tout ne lui faisait pas peur. Au contraire, c'était préférable pour lui. Son corps balafré n'était pas toujours engageant aux yeux des autres. Son œil perdu toujours fermé semblait parfois bizarre, au moins ici, personne n'était là pour l'observer avec de grands yeux ronds et le juger.

Dire que sa vie était paisible n'était pas une réalité. Si elle s'imaginait qu'il se la coulait douce, elle se trompait. Vu qu'il faisait son possible pour subvenir par lui même à ses besoins, ses journées étaient des plus occupées. Entre du bois à couper, des choses à cultiver, la chasse... Ceci l'occupait plutôt pas mal en fin de compte. Mais comparé à son passé, c'est vrai que c'était paisible dans le sens ou il n'avait personne à combattre, enfin... presque pas. Ce soir était une exception, mais ça prouvait que tout pouvait arriver ici.

Le chevalier noir laissa la demoiselle essayer de dormir, il restera là à veiller, bien qu'il doute fortement qu'une nouvelle attaque puisse avoir lieu. Sa marque ne lui faisait plus mal, signe que plus aucun démon ne trainait dehors et le loups ne semblait pas prêt à revenir. Durant la nuit, il du s'assoupir un peu, quelques heures, mais son sommeil était de toute manière assez léger. Au moindre bruit bizarre, il aurait ouvert l’œil, prêt à agir. Le jour commençait à pointer le bout de son nez et il s'était réveillé bien avant Ophélie. Au moins, elle était parvenue à se reposer, ça devait lui faire du bien après toutes ses émotions. A son réveil, il avait préparé un peu de café, il en buvait de temps en temps et avait un petit stock chez lui pour éviter de retourner trop souvent en ville. "Bonjour, bien dormit ?" demande t'il en posant le contenant plein de café sur la petite table base avec une tasse. "J'ai fais un peu de café si vous en voulez. Je crois qu'on ne crains plus rien. Vous allez pouvoir retourner chez vous. Je vous accompagnerais, juste pour être sûr, du moins, jusqu'à la sortie de la forêt." Il ignorait que le téléphone de la demoiselle remarchait. Quoi qu'il en soit, il pouvait l'escorter jusque là ou elle voudra.

Ophélie venait de quitter le sommeil pour revenir à la réalité. Il espérait que malgré les évènements, elle avait pu dormir un peu et se reposer, chose qui n'était pas sûre. Ce n'était surement pas un sommeil réparateur, mais ça lui permettra de tenir la journée ou la demi-journée avec un peu de chance. Quant à lui, il haussa les épaules. C'est qu'il avait l'habitude de peu dormir. "Je n'ai pas besoin de beaucoup d'heure de sommeil et je ne dors qu'à moitié en général," explique t'il. En gros, son sommeil reste léger, il ouvre les yeux facilement dès qu'il entend du bruit. Fatigué ou pas, c'est toujours comme ça et il se porte très bien. Son organisme tient le choque, de toute manière, il n'a pas le choix.

Dans une tasse, il servit du café qu'il posa sur la table devant la jeune femme pour qu'elle le prenne. Il y avait du sucre et une cuillère si jamais elle voulait sucrer ce dernier. Avant ça, elle s’éclipsa vers les toilettes, surement une envie urgente, il ne peut pas le lui reprocher. Ce n'est qu'à son retour qu'elle constate que son téléphone marche de nouveau et qu'appeler quelqu'un pour venir la chercher est à présent possible. "Encore faut-il que le taxi trouve le chalet. Le mieux c'est d'aller jusqu'à l'arrêt de bus et de l'attendre là bas," explique Guts. Disons qu'il n'a pas réellement d'adresse. Ce n'est pas une rue, mais un chemin à travers la forêt qui mène à son chalet. Peu son ceux connaissant l'existence de cette habitation. "Vous n'avez qu'à indiquer l'arrêt de bus, je pense que ça reste un bon repaire, ce n'est pas très loin." Les chauffeurs n'aiment pas se prendre la tête, alors autant aller au plus simple. Pour le reste, ça ne change rien, il la conduira jusqu'à l'arrêt ça sera plus rassurant pour elle. "Je crois qu'avant qu'il arrive, vous aurez le temps de grignoter quelque chose. Je n'ai pas grand chose, un peu de pain, mais il n'est pas frais d'aujourd'hui, j'ai aussi des œufs, du miel et un peu de confiture de myrtille." C'était le minimum syndical, rien ne l'obligeait de manger quoi que ce soit, mais il essayait de ne pas avoir l'air trop rustre et d'essayer d'être un bon hôte alors qu'il ne reçoit jamais personne.

Le plus simple pour qu'elle puisse rentrer chez elle, c'est qu'il la conduise à l'arrêt de bus ou le taxi pourra facilement la trouver. De toute manière, il doute que le taxi ait envie de s'aventurer dans le petit chemin de terre pour entrer dans forêt. Une voiture peut y passer, mais il vaut mieux préféré un véhicule tout terrain avec des pneus adaptés, faut dire que c'est plein de trou et pas vraiment top.

Ophélie semblait surprise qu'il n'ait pas de réelle adresse. En même temps, il est la seule habitation dans le coin, pas besoin d'une rue pour le trouver. Enfin, il ne faut pas rater le chemin et ne pas avoir peur de s'y aventurer. Du coup, non, il ne reçoit pas de facture, de courrier ou quoi que ce soit d'autre. "A vrai dire, je ne reçois jamais de courrier, donc ce n'est pas un problème." Guts n'est pas relié à la ville par quoi que ce soit, il se débrouille avec ce qu'il a. Il a bien l'électricité avec des panneaux solaires et de l'eau courante en bidouillant un truc pour en avoir. Sinon, il ne dépend de rien et ceci lui va très bien comme ça. Quant à des commerces, il craint qu'il n'y ait rien ici. C'est la forêt, pourquoi on trouverait des magasins. Secouant la tête, il répondit : "Non, il n'y a rien. Le plus proche, c'est la ville et c'est à plusieurs dizaine de kilomètres." C'est ça de vivre dans le trou du cul du monde. Cela dit, ceci lui convient parfaitement et il n'a pas envie de changer pour autant. "Vous en faite pas pour les vêtements, vous pouvez les garder ou le jeter, ça m'importe peu." Il a encore de quoi faire, donc elle n'a pas à s'inquiéter pour ça.

Guts offrit le petit déjeuner à Ophélie et elle semblait avoir une véritable faim de loup. Il la laissa manger, avec toutes les émotions de la nuit il comprenait qu'elle puisse avoir envie de remplir son estomac. Puis, elle appela le taxi pour indiquer où il devait venir la chercher. Ce n'était pas lui qui allait téléphoner, pas doué pour ce genre d'appareil, qu'il ne comprenait pas du tout.

"Si vous avez fini, on peut commencer à y aller. Le temps que le taxi fasse la route, on devrait être à l'heure," indique t'il en se levant. La table, il la débarrassera à son retour, ce n’était pas bien grave s'il restait des choses dessus. Ses chaussures aux pieds, il laissa le temps à Ophélie de se préparer et les voilà partis en direction de l'arrêt de bus. "J'espère que cette aventure ne va pas vous faire détester la forêt ?" s'interroge t'il. C'est vrai que tout ça pouvait être traumatisant, mais en 4 ans, c'était quoi, la deuxième fois qu'il se passait quelque chose comme ça.

Les voilà arriver au bord de la route, non loin de l'arrêt de bus. Guts attendra avec elle, juste pour être sûr, il ne veut pas qu'il se passe autre chose d'inattendu. Et puis ça tiendra compagnie à la demoiselle en plus de ça.