Un accident + Rory & Amy

Les choses n’étaient pas toutes roses ces derniers temps, il le sentait puis au bout d’un moment c’est sorti, il s’est disputé avec sa femme. Il avait l’impression de la perdre petit à petit, c’est vrai que depuis qu’ils avaient Hope, il savait bien que quelque chose effrayait Amy, mais il était apte à les protéger. Finalement il avait dû se rendre au travail, ils avaient besoin de renfort pour aujourd’hui, alors que c’était son jour de repos. Il était devant l’hôpital quand les choses avaient dégénéré. A ce moment-là, il aidait des gens blessés et cette voiture est arrivés à toute vitesse, il s’est fait percuter et il a perdu conscience. Quand il s’est réveillé, cela faisait une journée qu’il était inconscient, à côté de lui se trouvait sa femme, il ne comprenait pas ce qu’il s’était passé. « Amy, aie qu’est ce que je fais là ? » Il avait quand même mal et il pu voir qu’il avait des plâtres au niveau des jambes, une attelle au bras, ça avait du être violent. Il ne manquait plus que ça qu’est ce qu’il allait pouvoir faire dans cet état, il était inutile. Il avait de vagues souvenirs, un choc et une douleur puissante. Au moins il était toujours vivant, même si bouger pour le moment semblait difficile et il avait peur que ça dure pendant un petit moment. Il savait que par la suite il devrait faire de la rééducation. Il était infirmier, il savait un peu près ce qu’il l’attendait. Concernant sa vie de famille, il avait peur de l’effet que ça aurait, déjà que ce n’était pas tous jours facile, là ça venait de se compliquer.

Cette vie aurait pu être une nouvelle chance fantastique pour Rory et Amy. Une nouvelle chance d'être heureux, de trouver comment vivre et avancer ensemble, loin du Docteur et des voyages dans le temps. Cette nouvelle chance, ils y avaient goûté, au début, à leur arrivée ici. Puis, par miracle, Amy était tombée enceinte. Ce qui aurait dû être un immense bonheur pour elle qui ne pouvait plus avoir d'enfant s'était transformé en une angoisse indéfinissable. Durant toute la grossesse et depuis la naissance de sa fille, Amy avait des craintes incontrôlables qui la poussaient à changer et à mal se comporter avec Rory. Ils ne vivaient pas le bonheur parfait de deux nouveaux parents. Amy était distante, la plupart du temps, elle le repoussait et ne lui accordait aucune confiance concernant Hope. En effet, elle craignait pour la vie de sa fille. On lui avait déjà pris son premier bébé, elle ne voulait pas voir l'histoire se répéter. Alors, elle la protégeait tant qu'elle pouvait, au point de se couper presqu'entièrement de sa vie, de son époux, de son travail et de ses amis.

Malgré tout, les deux parents tentaient d'ignorer les signes évidents. Ils faisaient semblant et continuaient leur petite vie. Ils avaient réussi à jouer à ce petit jeu pendant plus de deux ans. Deux années à jouer, à faire semblant. Deux années à souffrir, en silence. Jusqu'à ce que tout éclate. Ils s'étaient disputés comme rarement et, avant de pouvoir mettre véritablement fin à la dispute, Rory avait été appelé en renfort à l'hôpital. Amy lui avait sorti quelques mots, lui signalant qu'il était le pire époux et le pire père qui puisse exister et qu'il prenait la fuite plutôt que d'assumer ses responsabilités.

Amy, agacée et en colère, tentait alors de se reposer pour se calmer lorsqu'elle avait reçu un coup de téléphone de la part de l'hôpital. Rory avait eu un accident. Il avait été percuté par une voiture qui avait perdu le contrôle. Sans perdre la moindre seconde, elle avait appelé Clara pour lui confier Hope - refusant que son enfant ne voie son père dans cet état, sans savoir à quoi s'attendre - et elle s'était rendue à l'hôpital. Les heures étaient interminables. Amy refusait de quitter son chevet et se sentait terriblement responsable de toute cette situation. Elle dormait quelques minutes sur la chaise, avant de se réveiller brutalement pour vérifier que tout allait bien. Elle avait l'impression d'avoir passé des jours entiers dans cette chambre lorsqu'enfin, Rory ouvrit les yeux. Elle s'était aussitôt dirigée vers lui et avait posé l'une de ses mains sur la sienne. « Chut, ne parle pas et n'essaie pas de bouger. Tu as eu un accident devant l'hôpital, hier. Une voiture t'a percuté. » Lui expliqua-t-elle brièvement, sans donner trop d'explications. « Je suis désolée pour tout ce que je t'ai dit hier. » Elle en pensait une grande partie, malheureusement, mais elle était désolée qu'ils se soient disputés avant cet accident. Comment aurait-elle pu se pardonner si ce dernier lui avait été fatal ? Et, bêtement, cela la confortait dans l'idée qu'il était préférable qu'elle garde tout pour elle et qu'elle ne dise rien.

« Heureusement que j’étais déjà présent sur place alors. » Faire de l’humour maintenant n’était peut-être pas utile. En tout cas il n’avait pas oublié comment s’était passé leur dernière discussion. Il avait été blessé, mais bon ce n’était pas à cause de ça, qu’il s’était retrouvé dans cet état. De toute façon dispute ou pas, il aurait du aller travailler, ça n’aurait rien changé, au moins il était vivant. « Tu le pensais je le sais, ça fait un moment qu’on se voile la face, il fallait bien que ça sorte. » Il pouvait paraître dur, mais c’était la vérité, ça ne servait à rien de dire le contraire. « De toute façon ça n’aurait rien changé, on m’a appelé pour que j’aille travailler, donc dans tous les cas cet accident ce serait produit. » Il ne voulait pas que sa femme se sente coupable, il l’aimait plus que tout, malgré les disputes. Malgré le fait qu’elle soit devenue distante avec lui. « Ou est Hope, tu l’as confié à quelqu’un ? » Il espérait que ce quelqu’un ne soit pas le Docteur, ce n’est pas qu’il n’avait pas confiance, mais le seigneur du temps avait un certain talent pour attirer les ennuis. Evidemment il éviterait de dire ça à voix haute devant sa femme, inutile de déclencher une nouvelle dispute.

« Je suis désolé de ne pas être à la hauteur, de ne pas être l’homme que tu espères. » C’était bien son genre de prendre la responsabilité de ce qui se passait entre eux. Il faisait de son mieux, mais de toute évidence ce n’était pas suffisant. « Je risque d’être encore moins utile vu mon état, mais j’essayerai de guérir vite. » Plus facile à dire qu’à faire, il était infirmier, il savait que se remettre de ce genre d’accident allait prendre du temps.

S'il y avait bien une chose qui rassurait Amy - hormis le fait que Rory s'était réveillé - c'était qu'il n'avait pas perdu son sens de l'humour. Sa réflexion fit naître un petit sourire, aux coins de ses lèvres. « Tu crois que c'est le bon moment pour faire de l'humour ? » Souffla-t-elle en posant l'une de ses mains sur son front. Malgré tout, elle aurait aimé continuer à plaisanter, mais elle ne le pouvait pas. Ils s'étaient séparés fâchés et Rory était parti juste après une dispute où ils s'étaient lancés des choses affreuses à la figure. Même si Amy pensait une bonne partie de ce qu'elle avait pu lui dire, elle s'excusait. Elle s'excusait de ne pas avoir gardé les choses pour elle ou que les choses aient autant dégénéré entre eux. Rory en avait conscience et le lui fit comprendre clairement. A ses mots, la jeune femme avait baissé les yeux, sans rien ajouter. Ils avaient raison, ils se voilaient la face et il fallait bien que les choses soient clairement dites à un moment donné.

Peut-être pour qu'Amy ne se sente pas responsable, il ajoutait que leur dispute n'avait rien à voir avec l'accident. Il avait été appelé pour le travail et il serait venu ici, dispute ou non. Encore une fois, la jeune femme n'ajoutait rien. Sa culpabilité était ailleurs, mais peut-être aurait-il été plus attentif ? Peut-être que les choses se seraient passées différemment sans cette engueulade ? Mais ce n'était que des si, des suppositions, des hypothèses qu'elle ressassait et qui ne menaient à rien. « Tu n'as pas à t'en faire, elle est avec Clara. » Tenta-t-elle de rassurer Rory - qui pouvait se sentir blessé, également, puisqu'elle semblait confier plus facilement leur fille à Clara qu'à lui-même, mais passons. « Je ne voulais pas qu'elle te voie dans cet état. » Expliqua la jeune mère, afin de justifier l'absence de leur fille.

Plutôt que de se reposer, comme il le devrait, Rory souhaitait continuer à discuter de ce qui n'allait pas dans leur couple. Amy jugeait que ce n'était pas le moment, mais puisqu'il en parlait, elle n'allait pas se taire et l'ignorer. « Ce n'est pas toi le problème. » Rétorqua-t-elle, avec certitude et franchise. Rory n'était pas le problème. Le problème, c'était elle. Le problème, c'était leur passé. Le problème, c'était cette peur qu'elle avait de voir son enfant disparaître à tout jamais, comme River. « Tu n'es pas le pire père qui puisse exister. Ni même le pire époux. » S'excusa-t-elle, à sa façon. Elle s'en voulait de lui avoir dit ça, elle s'en voulait parce que ça avait été les derniers mots qu'elle avait prononcés et qu'elle ne les pensait même pas - contrairement au reste. Comment avait-elle pu être aussi odieuse ? « Je m'occuperai de toi. » Elle saurait mettre ses craintes et ses rancoeurs de côté le temps que Rory guérisse et se rétablisse. « Et tu n'es pas inutile... » Souffla-t-elle, en soupirant. « Je ne veux pas que tu penses à toi de cette façon. » Moins encore s'il pensait ainsi à cause d'elle.

« Il y a toujours un moment pour faire de l’humour. » Il vaut mieux en rire qu’en pleurer. Il n’allait pas faire son malheureux, malgré la douleur, il voulait se montrer fort pour sa famille. Il avait déjà eu des patients dans cet état, sauf que c’était la première que ça lui arrivait à lui. Peut être que cet accident allait leur ouvrir les yeux, c’était le moment de dire les choses, dommage que ce soit dans ce genre de circonstance.

« Tu as eu raison, puis je pense que Hope aime bien Clara. » Après c’était leur amie, ils avaient des points communs avec elle. Lui non plus ne voulait pas que leur fille le voit dans cet état, même elle finirait par le voir en fauteuil roulant ou dans le meilleur des cas en béquilles. Il savait que ça pouvait durer quelques semaines voire quelques mois, ce n’était pas un petit accident, mais il avait eu de la chance d’en sortir vivant.

C’était quand même un soulagement que Amy reconnaisse qu’il n’était pas si mal, si elle était restée avec lui, c’était qu’il y avait une raison. Malgré les problèmes de couple, les deux jeunes gens s’aimaient et ça n’allait pas changer, ils traversaient juste une mauvaise passe qui trainait un peu en longueur. « Tu m’as gardé je suppose que je ne suis pas si mal. » Il essaya de rire un peu, mais ça faisait quand même mal, hors de question de rejeter tout sur elle. « Merci, mais tu sais, même dans cet état je pourrais faire des choses, je suis plus fort que j’en ai l’air. » Il essayait d’être optimiste, mais il savait que ça prendrait sans doute du temps. « D’accord, je vais penser autrement si je peux. » Bien sûr qu’il le pouvait surtout s’il était bien entouré. « J’ai le droit à un baiser de ma femme pour m’encourager ? » Il ne perdait pas le nord, mais ça lui manquait cette proximité. « Je suppose qu’on m’a prescrit quelque chose, on t’a expliqué comment ça allait se passer ? » Lui qui venait de se réveiller n’avait aucune idée de ce qu’avait pu dire les médecins.

Plutôt que répondre quoi que ce soit, Amy préférait simplement hausser les épaules lorsque Rory lui affirmait qu'il y avait toujours un bon moment pour faire de l'humour. Elle préférait le voir ainsi, bien sûr, mais il n'avait aucun besoin de se forcer s'il n'en avait pas envie. Il venait de vivre quelque chose de terrible, de très difficile, il avait bien le droit de se lamenter ou de ne pas avoir envie de rire. Néanmoins, Amy n'allait pas le contrarier inutilement. A la place, elle lui expliquait où était leur fille. A la réflexion de Rory, Amy s'était contentée de sourire, dans un premier temps, avant de lui souffler : « Bien sûr qu'elle l'aime bien, elle la voit tellement souvent. » Clara, au fil des années, était devenue une très bonne amie. Amy aimait la voir régulièrement parce que Clara la comprenait et parce qu'elles s'entendaient particulièrement bien. A force, Hope avait pris l'habitude de voir Clara et elle s'était habituée à sa compagnie.

La situation n'avait pas miraculeusement changé à cause de l'accident, mais Amy avait pris conscience de la fragilité de la vie - elle en avait déjà conscience, en réalité, mais elle l'avait mis de côté, un certain temps - et elle avait eu tellement peur de le perdre. Ils avaient encore énormément de choses à régler et ils allaient devoir redoubler d'efforts s'ils voulaient que leur couple s'en sorte, mais ils s'aimaient, ils en avaient la preuve aujourd'hui. Elle pouvait néanmoins lui assurer que non, il ne devait pas penser qu'il ne valait rien ou qu'il était inutile. Malgré leurs différends et leurs problèmes, Rory était un bon père et un bon mari, elle devait l'avouer. « On peut dire ça. » tenta-t-elle de plaisanter à son tour, lorsqu'il lui assura que si elle l'avait gardé, il y avait sans doute une raison.

Les choses risquaient d'être longues - tant pour qu'il guérisse que pour espérer revivre une vie normale, loin des craintes et des problèmes - mais ils essayeraient. Mais, avant toute chose, Amy devait penser à Rory. Il allait avoir besoin de beaucoup d'aide et de soutien durant les prochaines semaines et elle lui promettait de s'occuper de tout. Il le fallait bien, après tout, elle était sa femme et elle l'aimait. « Tu n'es plus fait de plastique, tu sais ? » Il n'était plus le centurion qui avait pu vivre des siècles pour veiller sur elle, il n'était qu'un homme, blessé - et faible, quoi qu'il veuille bien admettre, dans cette situation. « Alors, pendant quelques semaines, tu ne risques pas de faire grand-chose à part te reposer. » Amy pouvait gérer leur vie, leur fille, leur maison, son travail et lui pendant quelques semaines, elle en était persuadée. Puis, si nécessaire, elle trouverait de l'aide.

Rory profitait de ce moment d'accalmie pour réclamer un baiser. Amy leva les yeux au ciel, avant de se pencher pour lui donner ce qu'il demandait puisqu'il avait décidé d'en profiter visiblement. « Tu es suffisamment encouragé là, c'est bon ? » Souffla-t-elle contre ses lèvres avant de s'éloigner pour se rasseoir correctement. « On m'a expliqué, oui. Ils te réexpliqueront sans doute les choses, plus tard, lorsque tu seras en état de comprendre. » Parce qu'il restait très fatigué et que le choc était encore récent. Pour l'instant, il n'avait rien d'autre à faire qu'attendre ici et se laisser soigner, le reste viendrait ensuite. « Il va te falloir être patient, Rory. » Inutile qu'il joue au dur pour finalement ne pas réussir à se rétablir correctement. « On a beaucoup de choses à régler, toi et moi... » Souffla-t-elle, en baissant les yeux. « j'ignore où tout ça va nous mener, mais ne fais pas d'efforts impossibles juste pour me prouver quelque chose. » Amy se comportait rarement ainsi, mais il y avait des situations qui exigeaient de se comporter autrement. « Tu n'as rien à me prouver. » A part qu'il était capable d'être docile, d'écouter et de ne pas faire l'idiot afin de montrer comme il était fort et résistant - parce que ça, c'était parfaitement ridicule.

« Clara est quelqu’un de facile à apprécier, Hope doit le ressentir. » L’infirmier avait accroché assez rapidement avec la jeune femme, il faut dire que ça faisait à présent plusieurs années qu’ils se connaissaient. Il était donc rassuré de savoir que c’était elle qui s’occupait de la petite actuellement. Il aurait été plus inquiet par exemple si Hope s’était retrouvé avec le Docteur. « On peut dire ça, je suis sûr que tu ne pourrais pas te passer de moi. » Lui aussi avait besoin de plaisanter un peu, même s’il devait sans doute éviter de trop rire, pour éviter de déclencher des douleurs. Après il n’était pas si fragile, ce n’était pas comme s’il était mort cette fois.

« Tu sais être en plastique, c’était dangereux, je n’aurai pas pu me guérir, je préfère être fait de chair et de sang. » Pourtant il avait vécu plus de deux milles ans en version plastique, étrangement certains souvenirs de cette époque semblait vague. Le cerveau humain ne pouvait peut-être pas contenir autant d’information, et c’était tant mieux, il aurait sans doute fini par perdre la tête avec le temps. « Me reposer, pour une fois, ça va être moi le patient têtu. » Dire qu’en plus quand c’était l’inverse, il soupirait quand les patients n’écoutaient pas, mais en réalité, il commençait à comprendre leur ressenti et il risquait de réagir pareil. Bon pour se soigner plus vite, il ferait un effort, sinon il allait empirer son cas et ça n’allait aider personne.

« Oui ça va mieux, mais j’aurai souvent besoin de ce genre d’encouragement. » Il n’y avait pas de mal à ça, puis ça ne devrait pas la déranger. Il se rappelait que par le passé, c’était parfois dur de les décoller quand ils s’embrassaient. « Je crois que j’ai bien compris qu’il va y avoir du repos et de la rééducation. » En tant qu’infirmier c’était facile à déduire. « Patient plus facile à dire qu’à faire, mais bon je n’ai pas le choix. » Il fallait être docile et ne pas être trop têtu. « Ne t’inquiète Amy, tu sais que je t’aime et que quoiqu’il arrive, on s’en sortira, malgré les disputes, les désaccords, le jour où je t’ai épousé je me suis juré que je t’aimerai pour toujours. Tu sais on a vécu tellement de choses, mais ça ne change rien à notre relation, on sera ensemble quoiqu’il arrive. » Il était sincère, c’était la seule femme qu’il avait aimée, depuis qu’il était gamin, même s’il avait mis du temps à se bouger. « Je serai raisonnable, comme ça, je pourrais guérir plus vite, puis il y a une bonne équipe à l’hôpital, ils veilleront à ce que je ne fasse pas de bêtises. » Il était ami avec certains d’entre eux, il faut dire qu’au bout de quatre ans, des liens s’étaient créés. « Et si on mangeait quelque chose ? Cela nous fera du bien, je pense même qu’on peut faire venir quelque chose qui ne vient pas de l’hôpital. » En effet la nourriture de l’hôpital n’était pas toujours la meilleure.

Il était vrai que Clara était quelqu'un de particulièrement gentil et appréciable. Hope devait ressentir qu'elle ne risquait rien avec elle, elle devait ressentir sa bienveillance et sa gentillesse naturelle. « Tu m'es indispensable, tu le sais bien. » Souffla-t-elle, en souriant. Elle aimait Rory, plus que tout. Il avait été son seul véritable amour, le seul qu'elle avait véritablement aimé, le seul pour qui, elle avait été prête à abandonner les voyages dans le temps. Et parce qu'elle savait qu'il voulait des enfants plus que tout, elle avait voulu sacrifier leur couple puisqu'elle ne pouvait pas lui en donner. Ça oui, elle l'aimait.  

Elle l'aimait et elle refusait de le perdre. Il n'était plus l'homme de plastique qui avait pu survivre des siècles entiers pour surveiller la boite dans laquelle était enfermée Amy. « Dangereux peut-être, mais tu as su rester près de moi pendant deux milles ans. » A chaque fois qu'elle pensait à ça, elle se rappelait à quel point, lui aussi, il l'aimait. « Mais je te préfère fait de chair et de sang, moi aussi. » C'était toujours mieux qu'une créature créée par les souvenirs d'Amy. Ainsi, il pouvait vieillir à ses côtés. « Tu es toujours têtu, Rory. » Non, la pire des deux, c'était clairement elle. Néanmoins, Rory avait son caractère aussi et savait lui tenir tête de temps à autre - et elle se démenait toujours pour le faire céder et obtenir ce qu'elle voulait. « Tu te retrouves à la place de ceux dont tu t'occupes habituellement, applique à toi-même ce que tu leur demandes. » Obéir aux règles, écouter les conseils, ne pas en faire plus qu'il n'en faut, se reposer. Amy n'aurait de cesse de lui répéter, mais il avait intérêt à écouter - sinon, elle hausserait le ton et personne n'avait envie de voir Amy s'énerver, elle en était certaine.    

Parce que Rory aimait en profiter, il lui réclamait un baiser. Si ses baisers soignaient, elle l'en couvrirait, mais ils ne pouvait que le réconforter et le rassurer - ce qui était déjà beaucoup dans ce genre de situations. « Tu pourras en réclamer autant que tu veux. » C'était étrange. Les peurs et les craintes d'Amy étaient toujours là. Elle craignait toujours pour Hope. Elle pensait toujours que Rory ne pourrait rien pour la protéger. Mais elle avait l'impression qu'elles se faisaient plus discrètes, le temps d'un instant, le temps de se retrouver et de s'aimer après ce qui venait de se passer. C'était un mélange étrange de sensations qu'Amy essayait d'ignorer pour se concentrer sur l'essentiel : son époux.  

Evidemment, Rory s'inquiétait des suites de l'accident. Les médecins avaient parlé avec Amy, mais elle préférait qu'il obtienne ces informations au fur et à mesure. Il se réveillait à peine, il devait se reposer dans un premier temps et il se préoccuperait du reste ensuite. « Oui. » Souffla-t-elle pour toute réponse lorsqu'il lui parla du repos et de rééducation. Les prochains mois allaient être compliqués, mais ils allaient les surmonter, comme à chaque fois. « Pense à Hope. Et pense à moi. Si tu es patient, tu guériras plus vite et il ne t'arrivera rien. » Ce n'était pas facile, mais s'il voulait aller trop vite, il risquerait de faire pire que mieux. Il devait penser à sa fille, avant toute chose, pour guérir au mieux et au plus vite. Hope avait besoin d'un papa en bonne santé et conscient de ses limites.  

S'il devait penser à elles, il ne devait pas faire l'impossible pour lui prouver quoi que ce soit, parce qu'il n'avait rien à lui prouver. Ils avaient beaucoup de choses à surmonter, mais ce n'était pas la priorité. Pas pour l'instant. « Oui. Ensemble, quoi qu'il arrive. » Souffla-t-elle en lui souriant tendrement, après ses mots rassurants. Amy voulait y croire plus que tout, néanmoins, elle ne pouvait pas s'empêcher d'imaginer Hope, loin d'eux. Si l'histoire devait se répéter, leur couple n'y résisterait pas, malgré tout l'amour qu'ils se portaient. Amy n'y survivrait même pas, alors. « N'en profite pas pour faire ce que tu veux. » Elle lui faisait confiance pour faire au mieux et guérir au plus vite, mais elle préférait insister sur une plaisanterie plutôt que de rester sérieuse et être face à la réalité. « Ils me raconteront le moindre de tes caprices. » Ajouta-t-elle, en souriant.  

« Ah, tu sembles déjà te sentir beaucoup mieux. » Plaisanta-t-elle, alors qu'il réclamait à manger. C'était toujours bon signe, ça, non ? « Tu es sûr que tu peux manger tout de suite ? » Il ne fallait pas attendre un peu ? Elle ne voulait pas faire de bêtises et risquer d'empirer les choses. « Si tu le peux, je vais nous commander quelque chose. Dis-moi ce que tu veux et tu l'auras. » Il pouvait bien se réconforter en mangeant tout ce qu'il voulait et tout ce qu'il aimait, après ce qu'il venait de vivre.

« Ne me flatte pas trop, je pourrais y prendre goût. » C’était plaisant, toutes ces paroles réconfortantes. Dommage que ça se passe suite à ce genre de drame. Peut être que Amy avait eu une révélation à ce moment-là, qu’elle était prête à s’ouvrir à lui. Lui aussi était prêt à parler, à veiller à ce que tout se passe bien. « Deux milles ans, mais tu sais, c’est comme si ces souvenirs s’étaient estompés, je ne crois pas que le cerveau humain soit capable d’avoir autant de souvenirs. » Parfois il en rêvait, mais c’était flou, il se souvenait surtout de sa mission, celle de devoir veiller sur la boite de Pandorica ou reposait Amy, ça n’avait pas été facile, mais son amour pour elle avait été plus fort que tout. « Je me préfère aussi comme ça. » Il y avait peut-être des avantages à être en plastique, mais être humain c’est quand même mieux. « Moi têtu ? Je crois que c’est à cause de toi. » Il ne disait pas ça méchamment, c’était même plutôt pour plaisanter. Il y avait quand même un fond de vérité, sa femme était sans doute plus têtue que lui, elle avait un sacré caractère. « Je me rends compte à quel point c’est dur d’appliquer ce qu’on nous dit, pour une fois c’est moi le patient. » Peut être qu’il serait plus compréhensif à l’avenir avec les patients. Ce n’était pas qu’il ne l’était pas, mais parfois, il se montrait insistant, mais c’était pour leur bien, il n’y avait rien de méchant.

« Maintenant que tu m’as dit ça, je risque d’en demander souvent. » Il allait peut-être en profiter, même si avec Amy à part ces derniers temps, ils avaient toujours eu une certaine connexion physique, s’échanger de longs baisers, être blotti l’un contre l’autre. Ils avaient cette complicité, ils se connaissaient depuis leur enfance.

« Je pense tout le temps à vous deux, et je serais patient, même s’il se peut que je râle un peu, mais ce sera contre moi. » Après tout ce n’était pas la faute de Amy s’il était là, le responsable était celui qui l’avait renversé et encore il ne savait pas si c’était quelqu’un qui fuyait ou qui était saoul, il y avait sans doute une explication. Après il devait se concentrer sur sa guérison, il n’avait pas poursuivi la personne qui l’avait renversé, la justice s’en occuperait à sa place.

« Je serai sage, promis, je ne ferai pas n’importe quoi. » Rory devrait sans doute se répéter à l’avenir, en tout cas parler, lui faisait du bien, ça lui permettait de changer les idées, car mine de rien, il ressentait des douleurs, même s’il ne le disait pas toutes les cinq minutes. « Ils sont tenus au secret professionnel, désolé. » Il se mit à rire, mais en fait, bien sûr que ses collègues étaient capables de tout raconter à Amy.

« Ce n’est pas parce que je suis blessé, que ça m’a coupé l’appétit, du moment que je mange de manière raisonnable, ça devrait aller. » Il n’allait pas se laisser mourir de faim, il savait qu’il avait le droit de manger un peu, ce n’est pas à l’estomac qu’il avait été blessé, il s’était juste cassé quelques os, ce qui n’avait rien de plaisant. « Je veux bien un truc simple, une salade et quelques fruits. » Que de bonnes choses pour la santé.

« Et si je voulais que tu y prennes goût ? » Rétorqua Amy, malicieuse. En réalité, il avait plutôt tout intérêt à ne pas le faire. Amy aimait Rory plus que tout, mais elle n’était pas du genre à passer ses journées à le flatter ou le complimenter. Elle savait le faire parfois, mais il ne devait pas s’attendre à plus et il le savait. Néanmoins, face à leur situation et à ce qui venait de se passer, elle pouvait bien se montrer particulièrement agréable avec lui. « Qu’importe ce qui a pu se passer pendant ces deux mille ans et qu’importe si tu ne t’en souviens pas… » Enfin, peut-être pas pour lui qui avait dû réellement les vivre. « tu es resté pour veiller sur moi, c’est tout ce qui m’importe. » Peu importe si son esprit n’avait pas été capable de retenir deux mille de sa vie, il n’en était peut-être pas capable, ce qu’Amy était incapable d’oublier, en revanche, c’était son action héroïque : veiller sur elle envers et contre tout. « Oh, donc tu sous-entends que je déteins sur toi ? » Souriait-elle, amusée par l’idée qu’il prenne ses pires défauts à force de vivre avec elle. « Tu comprendras désormais ce qu’ils vivent et tu pourras mieux comprendre les réticences des patients à obéir. » Parce que bien sûr que le personnel médical faisait ça pour le bien du patient, mais pour le patient, qui voyait parfois sa vie changer d’un coup, ce n’était pas toujours simple d’accepter les recommandations.

Néanmoins, Amy comptait bien être une femme particulièrement attentive aux besoins de son mari pour les prochaines semaines, oubliant ses difficultés actuelles, afin qu’il puisse guérir vite et mieux. Ainsi, elle lui accordait tous les baisers qu’il voulait – puisqu’il avait décidé d’en profiter, de toutes façons. Alors, exceptionnellement, elle le laisserait en profiter, sans trop râler. L’important, de toute façon, était qu’il guérisse, qu’il pense à sa fille et à sa femme et qu’il ne fasse pas de bêtises pour aller trop vite et faire pire que mieux. « Je saurai t’empêcher de trop râler. » Préfère-t-elle se contenter de dire, sachant très bien qu’il penserait toujours à Hope et à elle-même, dans chacune de ses actions. Rory avait des défauts, bien sûr, mais il n’était pas égoïste. Mais pour être certaine qu’il écoute bien les directives, elle le prévenait de suite : elle interrogerait ses collègues pour connaître son comportement. « Tu sais comme je sais être persuasive, non ? » Rétorqua-t-elle en croisant les bras lorsqu’il lui assura, en riant, que ses collègues étaient soumis au secret professionnel. Pour se débarrasser d’Amy, on était prêt à tout lui dire, elle en était persuadée. Elle avait conscience d’à quel point, elle pouvait être terriblement insupportable.

Malgré son accident, il avait faim. C’était évidemment un très bon signe. Néanmoins, avant de lui commander quelque chose, elle préférait s’assurer qu’il avait bel et bien le droit de manger, sitôt réveillé, avec le choc et les médicaments qu’il avait dû recevoir. Il la rassurait donc en assurant que oui, il avait le droit de manger, du moment où il restait raisonnable. Amy hocha donc la tête et l’écouta poursuivre en réclamant quelque chose de simple. Elle souriait. « Je te préviens, je ne mange pas aussi léger. » Tant pis pour lui, il devrait la regarder manger quelque chose de bien moins léger, une pizza, très certainement, puisqu’elle en avait envie.

Amy se leva alors, un peu trop brutalement de sa chaise qui bascula à l’arrière. Elle voulut donc la rattraper, mais en se retournant, son pied se prit dans la table de chevet, l’entraînant dans une chute. Par elle ne savait quel miracle, elle avait réussi à se rattraper sur la chaise tout en stabilisant cette dernière, s’évitant alors une sacrée chute. En revanche, elle avait dû alerter tout l’étage avec le bruit qu’elle avait fait. « Tout va bien ! » Assura-t-elle avant que Rory ne s’inquiète. « Je suis fatiguée et je ne veux entendre aucun commentaire de ta part. » justifia-t-elle avant que Rory ne se moque d’elle. « Et je fuis bien vite pour commander. Je reviens. » Ainsi, elle pourrait être gênée, mais loin de lui, de sa bêtise.

La jeune femme descendit donc pour passer commande à l’extérieur et prendre un peu l’air. Respirer l’air d’une chambre d’hôpital n’était jamais très agréable. Elle commanda donc ce que Rory avait demandé et se commanda quelque chose également. En retournant dans la chambre, Amy était tombée sur une petite boutique, au rez-de-chaussée de l’hôpital et elle s’y arrêta un instant. Après hésitation, elle acheta un bouquet de roses blanches – même si ses yeux s’étaient longuement arrêtés sur un magnifique bouquet de roses rouges – puis elle retourna dans la chambre, rejoindre Rory. A peine eut-elle franchi le seuil de la porte, qu’elle lui tendit le bouquet. « C’est pour toi. » Un sourire se dessinait au coin de ses lèvres tandis qu’elle déposait le bouquet dans ses mains. « Je me suis dit que tu méritais bien un petit cadeau après tout ce qui vient de t’arriver. En plus du repas que je viens gentiment de te commander, bien sûr. » Elle se réinstalla tranquillement sur sa chaise – évitons une nouvelle chute ou catastrophe – puis ajouta, comme s’il lui avait posé la question. « J’ai hésité avec des roses rouges, mais il semblerait que le vendeur ne jurait que par les roses blanches. J’ai eu le droit à tout un discours sur la supériorité des roses blanches, sur leurs bienfaits, sur ce qu’elles signifiaient, à tel point qu’il a réussi à me convaincre que désormais plus aucune fleur ne pourra surpasser les roses blanches. » Souriait-elle, tentant d’en faire beaucoup trop pour le faire sourire. « Il paraît que c’est un symbole de nouveau départ et d’amour, je me suis dit que c’était tout à fait ce qu’il te fallait. Et de paix aussi, après ce que je t’ai dit à la maison… » Elle baissa les yeux un instant, avant de soupirer, légèrement. « Tout ça pour te dire que les roses blanches sont merveilleuses, bien plus que les roses rouges que j’étais partie t’acheter, et que tu les mérites donc. »

« Tu dis ça, mais tu n’aimerais pas ça, je te connais Amy. » Malgré la douleur, cet accident, il ne passait pas un si mauvais moment. « Je n’aurai pas hésiter une seule seconde, te choisir a été la meilleure décision de ma vie. » Il l’avait choisi depuis qu’il était enfant et il ne l’avait jamais lâché, certains n’ont jamais compris pourquoi. Il était sans doute tomber amoureux dés qu’il avait poser le regard sur elle, même si en tant qu’enfant, il ne l’avait pas tout de suite compris. C’était quelque chose de plutôt difficile à définir. « Nous sommes mariés, bien sûr que je déteints sur toi, je suppose que ça marche dans les deux sens. » Il avait sans doute aussi eu une influence sur elle, même légère, en tout cas les deux amoureux se complétaient. « Pour une fois c’est moi qui me retrouve à leur place. » Quelle plaie sans mauvais jeu de mots, mais bon ça lui permettra de mieux comprendre les gens qui se retrouvent dans ce genre de situations.

« Persuasive peut être, mais ils ne perdront pas le risque de perdre le travail, ce sont des gens professionnels. » Après, ça pouvait arriver que des informations s’échappent sans qu’on le veuille, mais généralement ce n’était pas très important. Peut être qu’il dirait à ses collègues de ne pas trop en dire à sa femme si elle les questionne, il ne voulait pas que Amy s’inquiète encore plus. « Mange ce que tu veux et je mangerais autre chose. » Il ne ferait pas son difficile, il ne voulait pas manger quelque chose de trop lourd après un tel accident.

Quand il vit que Amy était en train de tomber, il voulut réagir rapidement par chance elle se rattrapa assez facilement. « Je veux juste éviter qu’on soit tous les deux avec des plâtres partout. » Il manquerait plus que ça. Il attendit que sa femme revienne et fut surpris de recevoir un bouquet de fleur. « Je ne m’attendais pas à ça, mais merci. » Un cadeau ça faisait toujours plaisir après tout. « Ce fleuriste était buté, mais c’est vrai qu’elles sont jolies et que ça change. » Il aurait aimé assister à la scène, ça devait être amusant. « Vu l’explication, je pense que c’est ce qui convient le mieux. » C’était sans doute un signe. « Merci Amy, tu sais que ça me touche. » Il arrivait encore à être surpris par sa femme. « Et si on mangeait ? » Cela leur ferait du bien, il avait quand même hâte de pouvoir rentrer et voir sa fille, que tout redevienne normal, même si ça prendrait un peu de temps.

« Tu me connais. » Rétorqua-t-elle pour toute réponse, aveu silencieux qui lui prouvait qu'il avait raison - comme bien trop souvent à son goût, mais ça, elle ne lui ferait pas remarquer. Non, à la place, elle évoquait ce qu'il avait su faire pour elle. Attendre. Veiller sur une boîte pendant deux mille ans. Combien serait prêt à faire ça pour la personne qu'il prétendait aimer ? Rory avait fait l'impensable pour elle et elle ne pouvait pas l'oublier. « Et de la mienne. » Rétorqua-t-elle, un sourire aimant sur les lèvres. « Tu veux dire que je risque de te ressembler, à force ? » Souffla-t-elle, l'air moqueur et inquiet à la fois, sans le moindre sérieux. Il n'y aurait rien de honteux à lui ressembler - même si elle appréciait son propre mauvais caractère et leurs différences qui faisaient qu'ils s'aimaient tant. Non, qu'ils déteignent un peu l'un sur l'autre, c'était logique et pas désagréable, du moment où ils ne perdaient pas de leur personnalité.
 
« Nous verrons. » Souffla-t-elle, amusée. Bien sûr qu'elle ne demanderait pas des informations confidentielles qui pourraient mettre en péril la carrière de ceux qu'elle interrogerait, mais concernant le comportement de Rory, elle n'allait pas s'en priver. Comment se moquer de lui ou lui rappeler comme il avait été insupportable, sinon ? Pour le reste, pour les choses plus sérieuses, elle comptait sur Rory pour lui dire la vérité. « Ce ne serait pas très pratique pour s'occuper de Hope. Je vais tenter de faire attention. » S'amusa-t-elle après avoir failli tomber, lorsque Rory évoqua les plâtres qu'ils pourraient avoir tous les deux si elle se blessait.

Après être descendue commander quelque chose, Amy était remontée dans la chambre, avec un bouquet de fleurs, en plus du reste. « Je suis contente qu'elles te plaisent. » Comme elle avait dû batailler, ça aurait été le comble qu'il ne soit pas heureux de son cadeau. « Je l'ai laissé gagner, mais ça ne se reproduira pas. » Elle espérait surtout ne plus rien devoir lui acheter. Moins elle se retrouvait dans un hôpital, mieux c'était. « mais il a su me convaincre. » Avoua-t-elle, à propos de la signification des fleurs, que Rory trouvait appropriée lui aussi. « Tu méritais bien un petit quelque chose. » Il en était touché et elle en était ravie, évidemment. Peut-être que c'était de ça dont ils avaient besoin ? De se retrouver, d'avoir des attentions l'un pour l'autre et de réussir à oublier leurs problèmes - mais ce n'était malheureusement pas aussi facile.

« Tu as raison, mangeons. » Avait fini par dire Amy, en déposant le repas sur la table prévue à cet effet, table qu'elle rapprocha de Rory. « Tu as besoin d'aide ? » Peut-être pour s'installer différemment ou pour disposer les choses de façon plus pratique pour lui, elle n'en savait rien, mais c'était à lui de le dire.

« Ce ne serait pas si mal si tu héritais de quelques-unes de mes qualités. » Ils s’influençaient mutuellement, même s’ils ne seraient jamais identiques, ils se complétaient et c’était déjà bien. C’est bien d’avoir des différences, d’avoir ses points de vue, il ne changerait pas Amy, il l’aimait pour ce qu’elle était.

Ils allaient devoir s’organiser pour les prochaines semaines, voir les prochains mois, car il ne s’en remettrait pas tout de suite, plusieurs os cassés, ça ne se soignerait pas comme ça. Il en avait vu des patients se blesser, il savait à peu près ce qu’il l’attendait. « Si ça continue c’est Hope qui va devoir s’occuper de nous. » Il se mit à rire, même s’il espérait qu’ils n’en arriveraient pas à la. Il n’y avait de raison que ça arrive. Sa femme s’était absentée et elle était revenue avec des fleurs et de la nourriture. « C’est vrai que généralement c’est toi qui gagnes. » Même si ça restait à prouver, en tout cas il appréciait les petites attentions de sa femme, ils avaient enfin pu parler, dommage que ce soit dans ce genre de circonstance. Les choses allaient sans doute s’arranger avec le temps, pour le moment il ne voulait penser qu’au positif.

« Ne t’inquiète pas je vais m’en sortir. » Il se positionna un peu mieux pour manger, il avait encore un bras valide, il mangea quelques tomates, au moins c’était léger et plus facile à attraper avec la fourchette. « C’est plutôt bon. » Même si ça restait classique, de toute façon, il n’avait pas un grand appétit. « C’est bon ce que tu manges ? » Il avait quand même hâte de rentrer chez lui, d’être en famille, de voir ses amis, il allait peut être recevoir quelques visites, mais il ne voulait pas que les gens aient pitié de lui.

Amy souriait à la réponse de son mari. Hériter de certaines de ses qualités ? Lesquelles ? Amy était très bien comme elle était, avec ses millions de défauts et son caractère insupportable. « Tu m'aimes parce que je suis insupportable et pleine de défauts. » Rétorqua-t-elle pour toute réponse. Malgré la situation actuelle et malgré leur situation difficile de ces derniers mois, ils réussissaient à plaisanter un peu et ça faisait un bien fou. Pourtant, ils savaient rester sérieux et parler des choses importantes, en même temps. L'accident de Rory allait avoir des conséquences sur leur vie future parce qu'il mettrait du temps à s'en remettre et qu'il faudrait donc s'organiser en conséquence. « Pauvre Hope, regarde les parents qu'elle a. » Affirma Amy avec un sourire tendre sur les lèvres, amusée.

Après être revenue avec de la nourriture et des fleurs, Amy et Rory discutaient du vendeur de ces dernières. Amy l'avait laissé gagné, même si ce n'était pas son genre, comme le confirmait Rory. « Je l'espère, je n'en ai pas fini avec toi. » Souffla-t-elle, préférant en rire. Bien sûr qu'il allait s'en sortir, il était fort et il était entre de bonnes mains, mais Amy avait eu si peur.

Il était désormais temps de manger. Amy dégustait sa pizza avec envie - voir qu'il allait bien lui avait donné un gros appétit - tandis que Rory mangeait comme il le pouvait, avec son bras valide. Ce n'était pas un spectacle qu'elle appréciait voir, mais il avait quelque chose de rassurant. Il se débrouillait malgré tout et avait de l'appétit, c'était une bonne chose, elle le savait. « Délicieux, tu en veux un morceau ? » Elle pouvait bien partager un petit bout de l'énorme pizza qu'elle avait. « Lorsque tu rentreras à la maison, tu auras le droit à de bons petits plats tous les jours, mais lorsque tu iras mieux, tu devras te rattraper et me faire de bons petits plats. » Le taquinait-elle, prête, en réalité - et c'était bien normal - à prendre soin de lui autant que nécessaire sans aucune contrepartie, évidemment.

« Peut-être, j’aime le challenge, et pourtant on me disait souvent de chercher quelqu’un d’autre, enfin c’était avant qu’on soit ensemble. » La plupart de leurs amis se doutaient sans doute des sentiments de Rory à l’égard de Amy alors qu’il n’osait même pas se déclarer, dire que c’était leur propre fille qui leur avait donné un coup de pouce. Dit comme ça, c’était bizarre, mais bon expliquer les voyages dans le temps, ça n’avait rien de simple. « Hope a de supers parents qui pourront lui raconter de sacrées histoires. Enfin on passera sous silence le nombre de fois ou je suis mort ou enfin presque. » Peut être quand elle serait plus grande, dire qu’il était mort et qu’il était revenue en version plastique ça n’avait rien de banal. Il y avait des tas d’histoires à raconter, ils en avaient fait des voyages, pleins d’aventures, même si certaines étaient dangereuses.

« Oui je veux bien, tu ne vas quand même pas la manger toute seule ? » Quoiqu’il ne devrait sans doute pas sous-estimer Amy. La jeune femme avait l’air d’avoir faim, comparé à lui qui n’était pas affamé, même si manger lui faisait du bien. « Marché conclu, je ne vais pas me plaindre. » Lui aussi cuisinait et quand il avait le dos tourné, Amy lui piquait dans son assiette, il valait mieux ne pas quitter son plat des yeux. « Je ne suis pas difficile tu sais niveau cuisine. » Il mangeait à peu près de tout, puis il se disait que pendant quelques semaines, il n’aurait pas un grand appétit. Il serait surtout sous anti douleurs, ça lui couperait peut-être la faim. « J’espère qu’on n’aura pas d’autres drames, dire au Docteur de ne pas débarquer avec le Tardis et qu’on se retrouve avec une invasion sur les bras. » Il n’était pas en état de courir pour fuir leurs éventuels ennemis.

Heureusement qu'il ne les avait pas écoutés, tous ceux qui lui conseillaient de chercher quelqu'un d'autre. Autrement, ils n'auraient pas pu vivre tout ce qu'ils avaient vécu et ils n'auraient pas eu leur merveilleuse petite fille. « Je suis heureuse de voir que tu ne les as pas écoutés. » Affirma-t-elle, un sourire malicieux aux lèvres. « C'est certain, nous allons avoir de sacrés choses à lui raconter. » Ça, elle ne pouvait pas dire le contraire. Avec toutes les aventures qu'ils avaient vécues à bord du TARDIS, ils auraient des histoires complètements folles et invraisemblables à raconter à leur enfant plus tard. « Non, c'est ce qui fait ta légende, tu sais ? L'homme qui meurt, encore et encore, mais qui revient toujours. » Ce n'était quand même pas rien. Amy était persuadée qu'il deviendrait le héros de sa fille, plus tard, lorsqu'elle serait en âge de comprendre.

Amy se régalait avec sa pizza, mais elle proposait quand même de partager avec ce pauvre Rory, qui était là avec sa seule salade. « Je le pourrais, tu sais. » Il le savait très bien. Amy pouvait avoir un appétit incroyable parfois. Cependant, puisqu'elle avait proposé, elle avait tendu une part de pizza à Rory pour qu'il puisse se régaler, lui aussi. Et, en parlant de manger, Amy lui promettait des bons petits plats tous les jours dès qu'il serait rentré. En échange, il devrait se rattraper dès l'instant où il se sentirait mieux. Elle allait bien en profiter, c'était certain. « Je sais, mais je vais essayer de te faire tous tes plats préférés, tu le mérites bien. » Puis, elle culpabilisait de ces derniers mois. Elle se sentait responsable de cet accident, même si elle ne laissait rien paraître encore. Alors, quelque part, elle voulait se rattraper. « C'est pourtant amusant de se retrouver à bord du TARDIS, mais tu n'es pas en état pour courir et partir à l'aventure, donc si ça devait arriver, j'espère que tu seras remis. Je ne voudrais pas te voir mort une nouvelle fois et devoir tout faire pour te ramener. » Elle osait plaisanter de ça, malgré la situation, parce qu'elle savait que ça n'arriverait pas. Enfin, si eux ne pouvaient aller nulle part, rien ne leur assurait qu'une invasion ne pouvait pas avoir lieu demain, mais il fallait espérer.

« Si je les avais écouté, j’aurai eu une vie bien ennuyeuse, je ne serais même pas devenu infirmier si ça se trouve. » En fait tout dépendait de sa rencontre avec Amy, s’il ne l’avait pas rencontré, il serait quelqu’un d’autres aujourd’hui. Il suffit d’une chose pour tout changer, et il ne regrettait rien, malgré la souffrance qu’il avait pu ressentir. Il avait appris à vivre avec, cela fait partie de la vie. « Ma légende, peu de gens sont au courant de ma capacité de revenir d’entre les morts, et ce n’est vraiment pas la joie quand ça arrive. » Bah oui ça restait effrayant et douloureux, il n’en avait pas de très bons souvenirs. Même quand il était le centurion solitaire, il s’est senti seul, attendant patiemment de revoir celle qui faisait battre son cœur. Même si techniquement vu qu’à ce moment-là, il n’était qu’une réplique en plastique on ne pouvait pas dire qu’il avait un cœur, mais il avait une âme.

« Oui tu pourrais, mais c’est meilleur quand on partage. » La technique pour avoir de la nourriture, mais il y avait un font de vérité dedans. « Qu’importe tes plats, je les mangerais, ne te prends pas la tête avec ça. » Il ne voulait pas qu’elle fasse ça, car elle se sentait coupable, d’accord ça avait été compliqué pour eux deux ces derniers temps. Cependant Rory n’en profiterait pas, il voulait que ça redevienne comme il y a quelques années, ils étaient sans doute sur la bonne voie, même s’ils auraient besoin de temps pour tout recoller. « Amusant, peut-être, mais souvent dangereux, pas de Tardis pendant plusieurs mois et j’espère que tu ne partiras pas à l’aventure sans moi. » Pas sur que sa femme puisse résister à un appel du Docteur, donc il comptait sur le seigneur du temps pour être raisonnable.

« Toute ta vie aurait pu être différente, c'est vrai. » Confirma la jeune femme à la réflexion de son mari. Dans une vie, une seule décision pouvait absolument tout changer. C'était étrange et effrayant, en y pensant. Rory n'aurait certainement pas été le même homme. Il n'aurait pas eu ses deux enfants. Il n'aurait pas mené d'aventures extraordinaires à bord du TARDIS et, par conséquent, il ne serait pas mort de si nombreuses fois. Des événements qu'Amy comptait bien raconter à son enfant, plus tard, jugeant que tout cela faisait partie intégrante de ce qu'était Rory. « J'imagine. Je suis désolée. » Ce n'était peut-être pas la meilleure idée de plaisanter avec ça, mais il y avait une certaine fierté en Amy, de savoir que Rory revenait toujours parce qu'il se battait suffisamment pour - et parce qu'elle savait le faire revenir. Ils formaient définitivement une bonne équipe. Alors, même si peu de gens était en courant, il restait une légende aux yeux de ceux qui étaient au courant, mais peut-être n'avait-il pas envie d'en entendre davantage parler ?

Partager rendait tout meilleur ? Parce qu'elle était une femme merveilleuse et généreuse - à peine exagéré - elle partageait sa pizza avec son mari. « Chut, tu me laisses faire et tu ne dis rien. » Elle cuisinerait ce qu'elle voudrait pour lui et elle s'occuperait de lui comme elle le voudrait. Il le méritait bien. D'autant qu'elle ne savait pas combien de temps ce calme apparent durerait. A tout moment, leur relation redeviendrait compliquée. En effet, le choc et la peur avaient fait en sorte de tout leur faire oublier, mais ce n'était peut-être pas définitif - d'autant qu'Amy culpabilisait énormément, en plus de tout le reste.

Pour discuter d'autre chose, ils évoquèrent le TARDIS. Aucune aventure pour Rory avant longtemps, c'était une évidence dans son état actuel. A ce sujet, les deux amoureux n'avaient jamais partagé le même point de vue. Comme quoi, certaines choses ne changeaient jamais. « Le danger, c'est excitant, on se sent vivre comme jamais lorsqu'on court pour rester en vie. » Expliqua-t-elle, en tentant de faire partager son point de vue. « Le Docteur a toujours su nous protéger, malgré tout. » Même s'ils avaient souffert, même s'ils avaient perdu, même s'il était mort, parfois, au final, ils étaient tous là, en vie. Grâce au Docteur, grâce à cet endroit, grâce à eux tous. « Je ne vais pas faire de promesse que je ne suis pas certaine de tenir. » Amy n'avait aucune envie de lui mentir, alors autant être franche avec lui. Si l'aventure se présentait, que Rory et Hope n'avaient pas besoin d'elle, elle ne refuserait pas. Elle le savait. Ça avait toujours été plus fort qu'elle.

« Je ne regrette rien, on était destiné à se rencontrer et à tomber amoureux. » Pour le coup ça faisait très cliché, mais c’était un peu vrai, c’est comme si tout avait été orchestré. Puis avec les voyages dans le temps, les explications devenaient compliquées. Comme dire aux gens qu’en réalité c’est leur fille du futur qui leur a ouvert les yeux, même si elle ne l’avait pas fait, elle ne serait pas née, du coup…enfin voilà, l’explication donnait mal à la tête, mais c’était le principe. « Ne t’excuse pas, tu n’es pas responsable, les choses arrivent pour une raison, même si ça craint. » Mourir ou manque de mourir, ça restait douloureux et pourtant il était encore debout.

« Arrête de me donner des ordres, les gens vont croire que je suis à ton service. » Peut être que c’était un peu le cas ? Non il faisait les choses avec plaisir, il aimait rendre service. D’un côté il n’allait pas se plaindre, sa femme allait prendre soin de lui, il temps qu’il guérisse. Dés qu’il irait mieux il pourrait s’atteler à son tour aux tâches de la vie quotidienne.

« Je crois que je ne te ferai jamais changer d’avis concernant le Docteur, oui ils nous sauvent, mais un jour, il pourrait arriver trop tard, nous devons aussi être prudent. » Être raisonnable ne devait pas être si compliqué, cependant il ne s’opposerait pas toujours à sa femme, il comprenait ce qu’elle ressentait, la vie banale n’était sans doute pas faite pour elle. « Enfin attend moi avant de partir à l’aventure. » Il voulait être avec elle aussi, cependant il ne fallait pas oublier Hope, en tant que parent, ils ne pouvaient pas la laisser quand bon leur semblait. Pour sa part, sa petite vie tranquille lui convenait, en fait c’est ce qu’il voulait même s’il aimait les aventures à bord du Tardis. « Je comprends, mais je compte te surveiller. » Il plaisantait à moitié, c’était un moyen de lui faire comprendre qu’il n’allait pas la retenir si vraiment la tentation était trop forte.

Après tous les événements qu'ils avaient dû affronter tous les deux, ils avaient le droit de croire qu'ils étaient destinés à être ensemble. Ce n'était pas juste le hasard ou la chance, c'était bel et bien le destin. Et cette vie, finalement, ils avaient de la chance de l'avoir. Tout n'était pas toujours facile, même dans un monde aussi banal que celui-ci - enfin, était-il possible de parler de monde banal dans un cas comme celui-ci, elle n'en était pas certaine - parce que leurs craintes et leurs problèmes les rattrapaient, mais... Cette vie, c'était la leur.

Amy avait décidé qu'elle s'occuperait de lui tant qu'elle le pourrait, et elle lui interdisait de protester. « Rory, tu es à mon service ! » Répliqua-t-elle, un sourire amusé aux lèvres, aimant toujours autant ce petit jeu. Elle aimait jouer à la petite cheffe et se montrer autoritaire, c'était dans sa nature. Tout comme, elle aimait ne pas écouter ce qu'on lui demandait. Alors lorsque Rory lui demandait de ne pas partir à l'aventure avec le Docteur, elle savait qu'elle ne pouvait pas faire une promesse qu'elle se savait incapable de tenir. Mieux valait, donc, ne rien promettre pour ne pas mentir. « Tu devrais lui faire confiance. Je crois en lui. » Bien sûr que le Docteur n'était pas infaillible, qu'il pouvait faire une erreur ou ne pas arriver à temps, mais Amy avait fait le choix, il y a longtemps, de lui faire confiance. Alors non, en effet, elle ne changerait sans doute jamais d'avis, même si elle était prête à faire attention et à se montrer plus prudente. « J’essaierai de t'attendre. » C'était encore le mieux qu'elle puisse faire, d'essayer. « Tu peux me surveiller tant que tu veux, tu sais bien que je n'écoute personne à part moi-même. » Ajouta-t-elle en souriant, mais sérieuse, malgré tout.

« A ton service ? C’est ça que ça voulait lire pour le meilleur et pour le pire à notre mariage ? » Petite taquinerie, mais après tout c’était ça leurs vœux, unis pour le meilleur et pour le pire. Après malgré leur problème, Rory n’avait pas trop à se plaindre, il connaissait Amy depuis leur enfance, il savait comme elle était. Il savait qu’ils avaient beaucoup souffert l’un comme l’autre, sa femme sans doute plus que lui. « Ce n’est pas que je n’ai pas confiance en lui, je m’inquiète c’est tout. » N’importe qui le serait avec le Docteur ou alors c’était seulement lui ? Il ne voulait pas non plus trop insister sur le sujet, il savait que ça pouvait être un sujet délicat. Il arrivait enfin à se réconcilier avec sa femme, ce n’était pas pour déclencher une nouvelle dispute maintenant. « Je risque de mettre du temps à m’en remettre, mais si je ne force pas et que je me repose ça devrait accélérer la guérison, même s’il ne faut pas s’attendre à des miracles. » Il était lucide sur son état, personne ne peut se remettre d’un accident pareil en quelques semaines, il fallait compter quelques mois. « Oui je le sais j’ai épousé la femme la plus têtue qui puisse exister. Je ne sais pas ou j’avais la tête, l’amour rend aveugle. » Pour lui c’était l’amour de sa vie, il ferait n’importe quoi pour elle, ils aimaient se chamailler de temps en temps aussi.

Amy s'amusait de la réflexion de Rory à propos de leur mariage. Depuis toujours, ce petit jeu existait entre eux et ce n'était pas près de s'arrêter - la preuve que leurs problèmes, avec du temps, pouvaient se résoudre et que leur mariage était loin, très loin, d'être terminé. « Il fallait mieux lire les petites lignes en bas du contrat. » Souffla-t-elle, amusée.

Entre le Docteur et Rory, les choses avaient toujours été un peu... compliquées. Ils s'entendaient plutôt bien et étaient amis, mais Rory n'avait jamais eu le même goût pour l'aventure et l'imprévu qu'Amy, ce qui causait parfois quelques différends. Comme à son habitude, la jeune femme prenait la défense de son ami. Rory devait lui faire confiance. Le Docteur les protégerait toujours du mieux qu'il le pouvait. « Tu t'inquiètes toujours trop. » Ce n'était pas un reproche, mais un constat. Il devait apprendre à se détendre et moins s'inquiéter - enfin, elle disait ça, alors qu'elle vivait dans la peur depuis la naissance de sa fille, mais les raisons étaient différentes.

La seule promesse qu'elle pouvait lui faire était d'essayer de l'attendre si une aventure s'offrait à elle, mais elle ne pouvait rien lui promettre d'autre, au risque de mentir. Elle se connaissait et elle savait qu'elle avait du mal à se retenir lorsqu'il s'agissait de ce genre d'événements. Tout devenait alors plus fort qu'elle. Il fallait qu'elle agisse. « Tu as tout le temps qu'il te faut pour guérir. » Et ce, même si elle devait partir à l'aventure, avec le Docteur, sans lui. Ce n'était pas si grave, après tout. « Parce que tu aimes ça, que je te tienne tête pour tout et que je n'en fasse qu'à ma tête. C'est beaucoup plus amusant ainsi. » Autrement, leur vie serait trop ennuyante, non ? « Je suis peut-être têtue, mais tu n'es pas beaucoup mieux. » Si, en réalité, mais elle n'avait pas envie de l'assumer. Pas aujourd'hui. « Tu n'es pas trop fatigué ? » Ils parlaient beaucoup et se chamaillaient, mais peut-être que Rory avait besoin de se reposer un peu ? Après tout, il allait lui falloir beaucoup de repos pour s'en remettre et peut-être qu'Amy était en train, déjà, de l'épuiser.

« Mais personne ne lit réellement ce qu’il y a écrit en tout petit, c’est comme les conditions générales qu’on accepte sans les lire. » D’ailleurs en y repensant, est ce que ce n’était pas idiot de ne rien lire. Surtout dans ce monde, il pourrait très bien se retrouver avec un mauvais sort sans le savoir. Ce n’est pas qu’il croyait à la magie, mais vu ce qui se passait sur cette île, il était sans doute prêt à croire à tout. Il essayait de rester rationnel, mais parfois les choses impossibles pouvaient devenir possible.

« Si je m’inquiète, c’est qu’il y a une raison, je suis déjà mort et je suis déjà aussi proche de la mort, je n’ai pas envie qu’il t’arrive quelque chose. » L’infirmier était réaliste, heureusement que personne n’était là pour les entendre, car entendre quelqu’un dire qu’il était déjà mort par le passé, pas sûr qu’on le trouve sain d’esprit après ça. Enfin normalement il n’y avait personne d’autres pour les écouter, au pire il n’aurait qu’à se défendre en disant qu’il était sonné car il venait quand même d’avoir un sacré accident. Il pourrait toujours faire croire qu’il n’avait pas les idées claires.

« Peut-être, mais je n’en ai pas forcément la patience. » Il savait très bien que Amy veillerait à ce qu’il se repose et il l’écouterait, après tout, il était raisonnable. « Amusant, mais pas forcément de tout repos. » Après tout sa femme avait un sacré caractère, et même si c’était parfois une espèce de jeu, il avait besoin un peu de répit par moment. « Je suis quand même moins pire que toi ma chérie. » Il était à peu près sûr qu’il serait le premier à abandonné s’ils se montraient têtu tous les deux. « Un peu, mais tu sais je ne vais pas passer mon temps à dormir. » Il s’était reposé avec les sédatifs, mais là, il avait besoin de compagnie, de parler un peu ça lui faisait du bien.

« Tu n'avais qu'à lire et ne pas faire comme tout le monde, je n'y suis pour rien. » Soufflait-elle en souriant, s'amusant de la situation et heureuse de le voir ainsi. Il ne semblait pas sortir d'un tel accident et leur couple ne donnait pas l'impression d'être en difficulté... Ça faisait si longtemps que ce n'était pas arrivé. Amy profitait donc de chaque instant, ignorant si les choses dureraient ou non.

Amy comprenait les craintes de son mari, mais elle ne voulait et ne pouvait pas vivre dans la peur permanente de ce qui pouvait lui arriver. Elle vivait déjà avec la peur permanente de ce qui pouvait arriver à leur enfant, c'était déjà beaucoup. Il devait se montrer confiant, ne pas s'en faire pour tout, tout le temps. Les choses ne se passaient pas toujours mal après tout, ils en étaient les exemples parfaits. « Et tu es revenu à la vie et tu as survécu à cet accident. Nous avons toujours survécu à tout, il ne m'arrivera rien. » Evidemment, avoir survécu jusqu'à présent n'était pas une preuve d'invincibilité ou que les choses ne finiraient jamais par ne plus fonctionner, mais... Il fallait voir le bon côté des choses et être prudent sans devenir complétement parano sur les risques - elle le faisait déjà bien suffisamment dans certains domaines pour se l'infliger, en plus, concernant sa propre sécurité. Non, elle voulait garder un peu de son insouciance.

Rory était bien plus patient qu'elle, mais elle comprenait qu'il était difficile d'avoir la patience nécessaire pour se reposer et attendre que les choses aillent mieux. Amy ferait au mieux pour lui faire passer le temps plus vite et qu'il ne s'ennuie pas trop, mais ces choses-là pouvaient prendre un certain temps. Son mauvais caractère devrait l'y aider, par exemple. « Dis que je te fatigue ! » Il le sous-entendait clairement là, non ? « Peut-être, mais tu l'es aussi, c'est important de le souligner. » On parlait toujours du mauvais caractère d'Amy, mais on oubliait un peu trop souvent celui de Rory. Lui aussi était têtu, après tout.

Et parce que son mauvais caractère le fatiguait - oui, il ne l'avait pas dit comme ça, mais c'était ainsi qu'elle l'avait compris - elle s'assurait qu'il n'avait pas besoin de se reposer. Il n'était pas question de l'épuiser et de l'affaiblir plus encore. « Très bien, alors je reste encore un peu et, ensuite, tu te reposeras. » Souffla-t-elle, sans vraiment lui donner le choix. Elle l'avait décidé, il le ferait, c'était bien ainsi que ça fonctionnait, non ?

« Je retiendrais la leçon pour la prochaine fois, enfin je veux dire concernant des conditions générales. » Il ne comptait pas se remarier avec quelqu’un d’autres. Il comptait passer sa vie avec Amy, ça avait toujours été elle et ça depuis la reconnaissait. Il se souvenait quand ils étaient ensemble, cette petite fille bizarre qui parlait de ce Docteur débraillé. Ils avaient joué avec cette histoire, en fait il aurait fait n’importe quoi pour elle déjà à l’époque.

« On a survécu à beaucoup de choses, mais nous ne sommes pas invincibles. » Après tout il ne fallait pas trop avoir confiance en la chance, car celle-ci tournait un jour ou l’autre. D’un côté se retrouver dans un lit d’hôpital avec de multiples fractures, pas sur que ce soit de la chance, même s’il était vivant. Rory devrait peut-être écrit ses mémoires avec pour titre : « Le nombre de fois ou j’ai failli mourir et ou j’ai ressuscité. » Par contre s’il précisait que c’était vrai, il serait sans doute bon à enfermer. De toute façon il n’était pas faire pour écrire, lui son truc c’était de soigner les gens, ce n’était déjà pas si mal. Au moins, il avait un travail.

« Oui tu me fatigues par moment, mais au moins je ne m’ennuie pas avec toi. » Lui aussi savait qu’il pouvait être agaçant par moment. S’ils ne se disputaient jamais ce serait bizarre, bon il ne faut pas non plus qu’ils se disputent continuellement non plus. « Je reconnais que j’ai des défauts. » Tout le monde en a un être humain parfait ça n’existe pas. « D’accord, de toute façon si la douleur recommence à être forte, ils me donneront sans doute un sédatif, voir des somnifères. » Quoiqu’il ne faut peut-être pas abuser des cachets.