[TERMINÉ] What the f*ck are you doing here ? Ft. Alastor

Alastor n'était pas vraiment le genre de personne à vouloir revoir ses anciens "camarades" des enfers... enfin, c'est ce qu'il croyait ou avait laissé penser pendant si longtemps qu'il y croyait lui-même. Mais l'ennui, mes chers amis, était le pire fléau de l'humanité... Tout seul, il s'ennuyait et broyait du noir, il repensait à certaines choses qu'il aurait sans doute pu faire différemment. Il avait d'abord mis la main sur Vincent Xenon, alias Vox, son meilleur ennemi, qu'il appelait aussi son vieil ami, car à une époque, ils étaient partenaires. Il avait ensuite réussi à retrouver Rosie, sa meilleure amie, son âme sœur quelque part, il n'imaginait pas une vie sans Rosie. Et une chose en amenant une autre, il avait aussi retrouvé Husker ainsi qu'Angel, qu'il n'avait pas encore eu le plaisir de revoir. Angel n'était probablement pas le premier de sa liste, s'il avait une liste, mais c'était l'un des moins détestables démons qu'il ait pu rencontrer. Même si Alastor avait refusé ses avances dès leur rencontre, Angel ne l'avait pas mal pris et avait respecté son choix. Ce n'était qu'une pauvre âme dans les mains de Valentino après tout.

Valentino... lui n'était clairement pas sur la liste. Alastor considérait que c'était le fauteur de trouble qui lui a piqué Vox, sans lui, ils seraient toujours en bons termes. Il ne voit vraiment pas ce qu'il a de si bien que ça, c'est un égoïste lunatique qui traite les gens comme du bétail en plus de n'avait que le sexe à la bouche - littéralement. Pour quelqu'un comme Alastor c'est quelqu'un de répugnant, il pourrait juste le tolérer s'il n'avait pas cette relation de "partenaire" avec Vox qui était, à l'origine, la sienne. Aujourd'hui, néanmoins, les choses sont quelque peu différentes, car il a profité de cette nouvelle chance pour tenter de renouer avec Vox. Le voilà ensuite qui se pointe au club où il a appris qu'Angel travaillait, mais pas aujourd'hui visiblement, ce qui ne l'empêche pas de profiter de la musique et se commander un petit Whisky qu'il a pratiquement failli recracher en "croisant" le regard de Val, ou plutôt de ses immondes lunettes qu'il ne pouvait que reconnaitre. Punaise. Pourquoi, de tous les idiots de la terre, fallait-il qu'il tombe sur lui ? C'était le Karma. C'était TOUJOURS le Karma. Ça aurait pu s'arrêter là, il aurait pu s'enfuir vite et loin, mais Valentino l'avait manifestement reconnu. Rien que le fait qu'il lui parle lui avait provoqué la chair de poule, il avait avalé son verre cul sec et demanda un double au barman, la soirée allait être longue, surtout lorsqu'il le vit se rapprocher de lui.

- Et tu es là aussi. Que fais donc ce cher Valentino ici ? Serais-tu à la recherche de ton petit protégé ?

Alastor haussa un sourcil à son encontre, pas perturbé plus que ça par son attitude habituelle - c'était Valentino quoi - mais se demandant au moins s'il savait qu'Angel travaillait ici, s'il savait seulement qu'il était lui aussi en ville ? S'il savait qu'il bossait là, il aurait certainement déjà mis l'endroit à sac.

- Si tu es surpris juste par ça, c'est que tu n'as pas vu ma prestation télévisuelle. Je suis plein de surprise, tu ne le savais probablement puisque nous n'avons pas ce genre de relation, mais je ne suis probablement pas l'homme que tu crois.

Il avait employé le mot homme avec précision, car pour lui, être un humain ou un démon, n'était pas du tout la même chose. Dans les deux cas, il n'avait pas exactement la liberté de faire ce qu'il souhaite, mais au moins ici, il n'a plus de contrat à respecter.

Valentino était une personne... particulièrement agaçante. Homme violent, au sang chaud, lunatique, soupe-au-lait même, Alastor n'aurait pas pu le supporter au quotidien, mais pire que ça, il n'aurait pas pu supporter de voir Vox, son protégé ( à l'époque ) être traité ainsi par ce vulgaire papillon de nuit alors qu'il aurait pu lui offrir le monde s'il le voulait. Ou alors c'était le fait qu'ils puissent s'entendre si bien et qu'il ait le sentiment de se faire voler Vox pour ce petit papillon qui n'avait aucune valeur à ses yeux. C'était scandaleux, comment pouvait-il l'apprécier plus que lui ? C'est parce qu'il ne voulait pas dormir avec lui ou l'embrasser outrageusement comme Valentino le faisait à la première occasion ? Ce n'étaient pas des choses qui se faisaient si facilement à son époque. Ou peut-être que si, mais ça ne l'intéressait pas. Pas que cela l'aurait intéressé le faire avec Vox, de toute manière.

- Quoi, tu en as tant que ça ? Dis-moi qui tu sais être ici, et je te dirais si je parlais d'une de ces personnes.

Valentino aimait sans doute les gens qui allaient droit au but, mais Alastor, lui, aimait bien jouer aux devinettes, ne lui en déplaise. Il n'avait pas non plus envie d'ébruiter qu'Angel était ici et qu'il travaillait au Lux si le Papillon n'était au courant de rien, il ne se souciait peut-être pas grandement du cas d'Angel, mais il ne le détestait pas non plus, et le cacher, ne serait-ce que quelques instants de plus, c'était mettre des bâtons dans les roues de Valentino. Néanmoins, si jamais il arrivait, par on ne sait quel miracle, à collaborer avec lui, allez savoir ce que ça pourrait donner ! ( l'enfer sur terre dirait certains )

- Est-ce vraiment un endroit si pathétique ? Tu es l'expert, d'entre nous, mais je n'ai eu que des éloges de cet endroit. Tu comptes lui faire concurrence ?

Il valait mieux se renseigner sur les projets de son presque-pas rival, il ne pouvait pas le considérer comme tel puisque personne ne savait qu'il tenait suffisamment à Vox pour haïr son nouveau partenaire. Enfin, c'était le cas en enfer, et effectivement, arriver dans ce monde, devenir humain, ça changeait beaucoup de choses, surtout pour Alastor qui avait dû remettre tous ses plans en question et qui se voyait maintenant en train de chercher les âmes qu'il connaissait, comme si ça pouvait lui apporter quelque chose. Il n'avait jamais été vraiment de son vivant, encore moins dans sa mort, alors pourquoi se sentit-il comme ça ? Comme s'il manquait quelque chose dans sa nouvelle vie ? Il haussa les épaules, bien qu'il ait failli éclater de rire quand Valentino indiqua qu'il ne regardait plus la télévision.

- Il faut savoir s'adapter. Et puis, je ne suis plus le démon de la radio ici, je suis juste... Al'.

Beaucoup moins important, avec beaucoup moins de pouvoirs, apparaitre à la télé n'allait pas le tuer, mais il est certain qu'il n'aurait probablement pas fait une telle chose si Vox ne l'y avait pas obligé en feignant de ne pas le reconnaitre.

- Pourquoi ça l'aurait fait disjoncter ? C'est juste moi dans un night-club, tout seul en plus, pas de quoi faire une émission.

Il eut un petit rire comme si finalement cette conversation n'était pas si déplaisante finalement, il fit signe au barman de laisser la bouteille, sinon il allait devoir revenir toutes les deux minutes à ce rythme. Il se resservit un verre en soupirant doucement, la rancœur de Valentino faisant écho à la sienne, les deux gérants leurs sentiments de leurs propres manières et généralement pas les bonnes. Quoique, il savait en son for intérieur que Valentino récupérerait Vox quoiqu'il arrive.

- Pour ce que ça vaut, il n'est pas venu me voir non plus. Il a même feint de ne pas me connaitre... fût un temps où je pensais qu'il serait toujours là, un peu naïf de ma part n'est-ce pas ? Et puis un jour, il t'a trouvé toi.

Il avala son verre cul sec à son tour et fouilla finalement dans sa poche pour lui fournir une carte de visite qu'il avait gardée jusqu'ici.

- Tiens, si tu veux l'emmerder d'une façon ou d'une autre, c'est la carte de son nouveau "boss", j'ai entendu dire qu'ils n'avaient pas qu'une relation strictement professionnelle... mais ce n'est pas moi qui te l'ai dit, bien évidemment. Je suis sûr qu'il pourra t'aider dans les affaires, c'est ce qu'on appelle "un grand ponte", il est aussi fortuné que s'il était Prince. D'ailleurs, je crois qu'il a tendance à se prendre pour un roi.

C'était Scar après tout, pour quoi d'autre se prendrait-il ?

Dans un certain sens, c'était drôle de pousser Valentino à la réflexion alors que ce n'était pas vraiment quelque chose qu'il faisait de base, Alastor comprenait que lire entre les lignes ce n'était pas du tout son truc et ça l'amusait un peu de voir s'il comptait finalement entrer dans son jeu ou au contraire, l'envoyer bouler et passer à autre chose. Connaissant Valentino, il penchait plutôt pour la deuxième option, mais en réalité, il ne le connaissait pas si bien que ça. Dans la réalité des faits, ils ne se connaissaient presque pas et s'étaient légèrement parlés de loin, disons que Alastor avait refusé les avances de Valentino un peu abruptement et qu'il n'avait plus vraiment essayé de lui parler depuis, et ça convenait très bien à Alastor. Avant ce soir, où finalement Valentino était venu lui parler, comme s'ils se connaissaient un peu mieux que ça. Il eut un petit rire.

- Je ne sais même pas qui est Summer. Ce n'est pas grave, est-ce que tu as trouvé quelque chose d'intéressant au moins, dans ce night-club que tu trouves si pourri ?

Il s'installa un peu mieux sur son tabouret, une jambe se passant sur l'autre en se tournant un peu plus vers Valentino, comme s'il était vraiment intéressé de discuter un peu avec lui. Eh bien... toutes les personnes qu'il avait rencontrées des enfers, hormis Rosie évidemment, ne voulaient pas lui parler. Ça lui ferait un peu de compagnie, c'est aussi pour ça qu'il était venu voir Angel, mais il ne semblait pas être présent, heureusement pour lui. Il est passé à deux doigts de la catastrophe. Valentino ne connaissait vraiment rien d'Alastor, encore moins de son vivant, certainement parce que celui-ci était très mystérieux, car en enfer, c'est comme ça que ça fonctionne si vous voulez que personne ne découvre vos faiblesses.

- Et pourquoi pas ? Il me faut un endroit où passer des soirées à boire un bon Whisky. La musique laisse de plus en plus à désirer, mais je m'en accommoderais, c'est aussi dans ce genre d'endroits qu'on a les rumeurs du moment. À la grande époque, j'allais très souvent dans les cabarets, mais malheureusement, ça n'existe plus.

C'est comme ça qu'il avait rencontré Mimzy d'ailleurs. Contrairement à ce qu'on pouvait penser, Alastor pouvait s'amuser, il pouvait même chanter, danser, boire, jurer et fréquenter des lieux sordides. C'est juste qu'il y avait certaines choses que les enfers n'avaient pas besoin de savoir, mais comme il venait si bien de le dire, il n'était que Al' ici. Un simple être humain dont la vie ne tiendrait certainement qu'à un fil, alors, il valait mieux diminuer son nombre d'ennemis.

- Je dirais que c'est plutôt l'enfer qui m'a poussé dans mes retranchements, c'est le genre d'endroit où il faut impressionner, faire peur, inquiéter les gens, pour être tranquille. Franchement, regarde-moi, j'étais peut-être un tueur en série, mais tu crois que j'effrayais les gens, de mon vivant ? J'ai dû... improviser. Je ne sais toujours pas si j'ai bien fait.

Oui, il était devenu Overloard, oui, une bonne partie de l'enfer le craignait. Mais à quel prix ? C'était comme vendre son âme au diable finalement. Il aurait trouvé un réconfort à tout cela si au moins Vox était restée à ses côtés. Mais non, il avait préféré un producteur de films pornographique... Oh, il savait pourquoi. Il avait compris avec le recul ce que Valentino avait de plus que lui. Il rit légèrement à la révélation de Val, il savait effectivement que Vox avait une certaine obsession pour lui.

- Je ne savais pas que c'était à ce point ? Alors, il a vraiment un oreiller à mon effigie ?

Ça ne le troublait pas plus que ça, après tout, lorsqu'il avait rencontré Valentino, il n'avait fait que lui parler de lui sans arrêt, comme si le papillon était la huitième merveille du monde. Il n'avait rien dit, bien sûr, mais il avait fini par trouver tout cela terriblement agaçant.

- Jaloux ? Oui, probablement un peu. Plus déçu, cependant. Je croyais bien naïvement que j'étais une exception et en fait, pas du tout. Tu as tort, tu sais, il tient véritablement à toi, je pense que sur le coup comme vous ne vous êtes pas retrouvé, il a dû faire sans, mais je ne doute pas que tu dois lui manquer.

Quelque part, alors qu'il se rendait compte des qualités de Valentino et pourquoi il était évident qu'il le choisirait toujours, c'est comme s'il faisait une véritable croix sur Vox. Probablement qu'il avait raison, ils devaient arrêter de se tourner autour, de se provoquer, et simplement avancer l'un sans l'autre. C'était pour ça qu'en arrivant ici, il avait préféré l'ignorer.

- Tu as peur que je te demande un service en échange ? Je pense savoir comment vous fonctionnez, si je te donne un coup de main, ce sera plus simple pour toi d'être au même niveau que lui et de pouvoir le provoquer, il va te provoquer en retour, jusqu'à ce que vous finissiez par vous réconcilier, très certainement au lit. Il a besoin de toi, Valentino, mais il a bien trop d'égo pour l'avouer, et vu ta réaction, je n'ai pas l'impression que la situation te plaise actuellement non plus, je me trompe ?

Il n'avait curieusement vraiment pas d'idée derrière la tête, il ne pensait pas que Vox lui ferait de nouveau confiance un jour de toute façon. Disons qu'il aidait Vox pour la dernière fois, même si celui-ci ne le verrait pas ainsi et se dirait probablement qu'ils ont compoté derrière son dos et qu'Alastor n'avait fait ça que pour l'emmerder.

Pour son plus grand bonheur, Valentino décida finalement d'abandonner, sans grande surprise, d'essayer de comprendre et lire entre les ondes du démon de la radio. Il semblait donc qu'il ne découvrirait pas qu'Angel travaillait ici, pas ce soir, pas de sa bouche, il avait sauvé le Lux, ouf ! Bon, à moins bien entendu qu'Angel se pointe finalement, mais là, ce ne serait plus de son ressort et ça ne serait vraiment pas de chance. Il valait mieux continuer à faire comme s'il ne savait rien. Il avait donc demandé à Val ce qu'il avait trouvé d'intéressant ici et finalement, il ne semblait pas avoir trouvé grand-chose, ni cherché en vérité, à partir de la seconde où il avait vu Alastor comme une évidence. Tout le monde ne le reconnaissait pas forcément, c'était dire combien Vox avait dû effectivement saouler le papillon avec Alastor.

Tu ne sais pas qui découvre le plus qui au final, il est vrai que pour une fois, ce soir, tu as la langue bien pendue. En réalité, tu n'as jamais été si secret, c'est juste que les faiblesses d'hier, ne le sont plus forcément aujourd'hui. Maintenant... maintenant, tu as juste envie de discuter avec quelqu'un. Quelqu'un de ton monde qui ne te regarde pas comme si tu avais la peste. C'était étrange n'est-ce pas ? Lui qui avait passé sa vie à rejeter les gens et toute marque d'affection qu'on pouvait avoir à ton encontre, pourquoi soudainement se sentir si seul alors que c'est lui qui a toujours voulu cette situation ? C'était vrai, à une époque, il vivait très bien seul, sans amis, sans attache. Et puis un jour, on connait ce que c'est d'avoir quelqu'un dans sa vie, quelqu'un d'inspirant qui nous fait sentir vivant, même dans la mort. Alors quand cette personne disparait, il ne reste plus rien qu'une place vide que personne d'autre ne pourra jamais combler.

- Diantre, qui pourrais-je bien venir chercher, ici ? Franchement, tu connais beaucoup de personnes qui seraient ravies de me revoir ? Tu te plains que Vox, ou plutôt "Vincent" ne t'a pas cherché. Mais moi, je ne peux même pas espérer que quelqu'un me cherche, tu ne sais même pas la chance que tu as d'avoir quelqu'un à retrouver.

Finalement, le papillon de nuit est plus intelligent que tu le pensais, mais tu as normalement réussi à noyer le poisson cette fois. Pourquoi le démon de la radio se donnerait la peine de se déplacer pour quelqu'un qui n'a pas la moindre envie de le revoir ? Eh bien, oui, c'est ce qu'il avait fait, et pas qu'une fois. Mais personne n'était censé le savoir à part les personnes concernées.

- Et puis, je pensais que ta question concernait : si je pouvais devenir un client régulier si tu comptais faire concurrence. Je n'ai aucun mal avec ce genre d'endroits, comme tu peux le voir. Je ne connais juste pas encore assez d'endroit pour encore dire lequel sera mon préféré.

Il hausse les épaules, au final, ça n'a pas vraiment d'importance puisque ce n'est pas la principale raison de ta venue ici, ce qui ne t'empêche pas de te resservir un autre verre, le serveur vous zyeute de temps à autre comme s'il avait peur de quelques choses. S'il savait, le pauvre, qu'il a devant lui deux Overlords des enfers, sans pouvoirs certes, mais toujours craint même en tant qu'humain. C'est dire comme ils inspiraient la peur. Il esquissa un sourire franc alors que Valentino acquiesçait presque à la rumeur disant que Vox avait un oreiller à son effigie. C'était trop mignon à imaginer, il était certain qu'il s'agissait plutôt d'un punching-ball sur lequel il pleurait de temps en temps.

- Si c'est ce que tu penses, alors tu es encore plus aveugle que je le pensais. Le business, je pouvais lui donner, en fait, s'il m'avait suivi, j'aurais pu lui offrir la tête des Enfers. Tu lui as donné ce que je n'ai jamais pu lui offrir, c'est pour ça qu'il est avec toi. Il te suivrait même si tu n'avais rien... parce que vous êtes plus comme... une famille ? J'imagine. Une famille chaotique, mais j'ai cru comprendre qu'elles étaient toutes comme ça.

Il lève son verre avant que le poing s'abatte, parce que oui, il s'y attendait un peu. Val n'en restait pas moins quelqu'un avec un fichu caractère qui ne voulait certainement pas faire face à la réalité. Alastor lui laissa le temps d'encaisser cette révélation, dans un certain sens, ça lui fait presque plaisir que ce soit lui qui le pousse à prendre conscience de choses qu'il ne veut pas, et ce n'était pas simplement parce qu'il était passé par là aussi. Il le laisse fracasser son verre et ne sourcille même pas, faisant simplement signe au serveur d'en ramener un autre dans le plus grand des calmes.

- Oui, je sais, c'est dur... que dis-je, terrible... les sentiments...

Sa poigne se fait telle que le verre sans sa main se fend un peu, mais il n'ira pas jusqu'à le briser. Il a un peu plus de sang-froid que Valentino, dirons-nous.

- Je vais te donner un conseil, parce que je suis passé par là. Ne fais pas les mêmes erreurs que moi, ne laisse pas passer ta chance. Ne laisse pas ton égo tout détruire. Être au sommet, c'est bien, mais à quoi ça sert d'y être seul ?

Ce sera son dernier conseil concernant sa relation avec Vox, même s'il n'est pas sûr qu'il en tiendra compte. Valentino était du genre à n'en faire qu'à sa tête, mais ce n'est pas tous les jours que le démon de la radio lui donne un conseil non plus. Alors qu'il se remet à boire son verre, il faillit s'étouffer avec son alcool alors que le papillon prenait soudainement une voix suave, ce qui annonçait déjà ce qu'il avait derrière la tête, Alastor posa son verre bien vite et essaya de reprendre contenance pour ne pas juste l'envoyer chier.

- écoute Valentino... Tu es très joli garçon, et je ne doute pas de tes charmes, mais au cas où cela te serait passé complétement au-dessus de la tête, je ne suis pas intéressé par ce genre de choses. Pas du tout. Et j'irai même jusqu'à dire que les hommes me dégoutent. Donc ce n'est pas contre toi, c'est heu...

Pourquoi il se retrouvait à expliquer qu'il était asexuel, en fait ?

- C'est comme ça que je suis, c'est tout.

Il n'avait pas encore assez d'alcool pour cette conversation.

Bien entendu que Valentino ne savait rien des relations d'Alastor, il aurait fallu déjà qu'il l'intéresse dans un premier temps et étant donné qu'il avait refusé tout mélange corporel avec lui, il savait que son intérêt était plus que limité. Enfin, il était effectivement là aujourd'hui, à discuter et boire avec lui, pour plusieurs raisons. Déjà parce que Valentino se retrouvait aussi seul que lui, parce qu'il se refusait à faire le premier pas, parce qu'il s'était mis en tête des choses par lui-même. Parce qu'il avait reconnu le démon de la radio, mais s'il avait été avec Vox, il n'aurait eu aucune raison de l'aborder, et "Vincent" dans sa nouvelle vie, aurait fait comme s'il n'existait pas, Val n'était peut-être pas prêt à voir ce brusque changement, il n'allait peut-être même pas comprendre ce qu'il se passe, mais au moins Vox n'allait plus le saouler avec Alastor.

- Pourquoi pas ? ça te dérangerait tant que ça ?

Sans doute qu'une fois qu'il aura retrouvé Vincent et qu'ils s'entendront à nouveau, il n'aura probablement plus cette opportunité, il considérerait certainement cela comme une trahison. Mais qui sait s'il n'allait pas déjà entendre parler de leur entrevue de ce soir ? Il regarda autour d'eux, se demandant s'il pouvait y avoir des caméras. Mais même s'il y en avait, rien ne disait que Vox y avait accès, ni même qu'il avait la moindre envie de le surveiller en réalité, il passa la main dans ses cheveux, quelque peu frustré, il fallait vraiment qu'il arrête de penser à lui, de se faire des films. Vox n'en avait plus rien à faire de lui, c'était fini. Il se resservit un verre alors qu'il laissait Valentino explosé. Oh, ne vous y trompez pas, il savait que ça finirait par venir, cela prouvait juste ce qu'il savait déjà : son profond attachement pour Vox, quoiqu'il en dise.

- Tu as raison, c'est ma faute. Mais c'est bien pour ça que je sais. Et même si c'était à refaire, peu importe comme c'est difficile et que je le regrette ou non, je choisirai la même issue, car je ne pourrai jamais lui donner ce qu'il veut. Ce n'est pas "que" l'empire du sexe et de la débauche, il y a autre chose. Tu devrais te sentir flatté, tu sais, parce que ça signifie que peu importe à quel point vous pouvez être stupide tous les deux, avec vos egos, à ne pas vouloir faire le premier pas, parce que... peu importe la raison, il voudra toujours te retrouver.

Il les trouve presque mignons ces deux imbéciles qui se braquent l'un et l'autre pour des futilités, et qui finirons par se tomber dans les bras à la fin "t'es pas venu me chercher !" "TU n'es pas venu me chercher !" "comment j'étais censé te trouver !" "Je sais pas, en me cherchant, par exemple ?", il rit pour lui-même en imaginant la scène. Quel beau duo, ils faisaient ces deux idiots, c'était impossible qu'ils ne se retrouvent pas. C'est pour ça qu'Alastor leur donnait un petit coup de pouce en invitant presque Valentino sur les plateaux de Vox et en essayant de lui ouvrir les yeux sur le déni qu'il avait rencontré lui-même à l'époque. C'est en arrivant ici, qu'il avait réalisé, à quel point il avait été stupide et quels étaient ses sentiments pour Vox, aussi absurdes soient-ils, il avait fallu bien des années au démon de la radio pour se rendre compte que cette amitié n'avait rien d'ordinaire, ils avaient créé comme une sorte de relation de dépendance l'un de l'autre, "suis-moi, je te fuis", et il avait eu ce profond sentiment de solitude désagréable en arrivant dans ce monde et que Vox n'avait pas répondu à ses provocations. Un seul être n'est plus et tout vous semble dépeuplé, il avait enfin compris cette phrase.

- Eh bien, il parait que le démon de la radio n'en a pas non plus, "chéri". Mais ici, nous ne sommes que des simples humains, alors à moins que tu sois réellement atteint de psychopathie, ce que je doute vu que tu ne ressentirais pas le plaisir ni la frustration, tu as des sentiments. Ne t'en déplaise, Darling, personne n'y échappe.

Il haussa les épaules, après si Valentino voulait vivre et se complaire dans le déni, qui était-il pour l'en empêcher ? Lui-même y avait vécu fort longtemps et est-ce qu'il se sentait vraiment mieux de ne plus y être ? Pas vraiment, en réalité. Il se sentait juste... dénué d'intérêt pour quoique ce soit. Comme si plus rien n'avait d'importance. Ni ce qu'on pouvait dire de lui, ni ce que pouvait penser Valentino face à toutes ces révélations de la part d'Alastor, comme si ça pouvait changer quoique ce soit de toute façon. Il ne faisait que lui donner des conseils, mais il était totalement libre de ne pas les suivre, il ne pouvait pas le forcer de toute façon. Malgré la frustration et l'énervement de Valentino, il ne semblait pas avoir peur de lui, sans doute parce qu'il avait trainé trop longtemps en enfer et qu'il avait pris l'habitude d'être celui qui est craint. Mais franchement, Valentino pouvait l'envoler facilement s'il le voulait. Ça reboosterait peut-être la cruauté d'Alastor qui était, en ce moment même, au plus bas. Pas assez de drames et de morts... non, c'était lui le drame. Et les deux abrutis qui ne veulent pas se parler sans raison.

- C'est toi qui es venu me parler, chéri. Je n'y peux rien si mes paroles te dérangent.

Pourquoi diable son verre se vidait aussi vite ? Il vérifia s'il n'y avait pas un trou dedans. Où était l'alcool quand on en avait besoin ? était-ce seulement vraiment du whisky ? ça en avait le goût, mais il ne semblait pas être suffisamment fort, comme si même l'alcool ne lui faisait aucun effet.

- Vous n'avez pas quelque chose de plus fort ?

Demanda-t-il au barman, un poil agacé. Dans ses souvenirs, l'alcool saoulait beaucoup mieux que ça ! Puis, sans crier gare, certainement parce que Valentino voulait changer de sujet, vint alors la grande révélation d'Alastor sur ses penchants, ou plutôt ses "non-penchants", il n'y avait normalement que Rosie qui était au courant. En même temps, quoi de plus normal ! Il avait bien fallu qu'il lui dise pour qu'elle cesse de le harceler et de lui faire du rentre-dedans pour qu'ils se marient... ou ce genre de choses... bref. Il ne s'attendait de toute façon pas à ce que Valentino comprenne, lui dont la vie était consacrée à la luxure, comment pouvait-il envisager que quelqu'un n'avait pas ce genre de choses en tête ? Même Alastor avait du mal à l'expliquer. Pour lui, c'était juste comme ça, il n'avait habituellement pas besoin de l'expliquer et c'était très bien ainsi. Penser qu'il était juste frigide et hermétique à toute relation humaine, à l'époque où il était le démon de la radio, c'était même un plus puisque personne ne pouvait le mener par le bout du pantalon. Ce qui ne l'avait pas empêché de se faire avoir au final, mais ça, c'était une autre histoire.

- Oh, pitié, je crois que c'est encore pire... Je ne vois pas les femmes comme des objets de "plaisirs", rien qu'imaginer les toucher de façon... obscènes, ça me donne la chair de poule. C'est impensable. J'aime beaucoup les femmes, mais juste, pas de cette façon. Si je n'avais pas été dégouté des hommes, je pense que ça serait déjà plus mon genre, au moins je n'ai pas peur de leur faire du mal... et de briser leurs os un par un...

Oh bah finalement, son côté cruel n'était pas si loin, il eut même ce petit rire de folie où on pouvait constater qu'il n'avait pas changé tant que ça et que c'était bien lui, le démon de la radio.

- Heureusement, je n'ai pas besoin de quelqu'un dans mon lit ni de relation compliqué... enfin... c'est ce que je pensais, mais je me rends compte que mes relations le sont encore plus.

Il se passa la main dans les cheveux en soupirant, à deux doigts de se taper la tête contre le bar, puis soudainement, il regarda Valentino comme s'il pouvait répondre à toutes ses questions.

- Val, pourquoi la mort, c'est si compliqué ?

... Ouais, finalement, il avait peut-être trop bu le grand démon de la radio.