Une charmante demoiselle de détresse (Wanda)

Demoiselle en détresse

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Je commençais à prendre mes marques sur cette île et à me faire mon trou à l’hôpital. La vie était certes bien différente de celle que j’avais connue autrefois. Toutefois, elle correspondait exactement à ce qu’elle aurait dû être si ma route n’avait jamais croisée celle de Sherlock Holmes. Il y avait tant de rencontres et d’aventures liées à cette seule amitié. J’avais beau en vouloir terriblement à mon ami pour ce qui était arrivé à Mary, je ne pouvais nier que certains bons souvenirs resteraient toujours gravés dans mon esprit de manières indélébiles.

Mais comment oublier qu’à travers toutes ces années de camaraderies, j’avais perdu la femme auprès de laquelle je m’étais résolu à finir mes jours ? La simple existence de ma petite Rosie suffisait à me rappeler tous les jours que Dieu faisait. Je songeais parfois à cette cruelle injustice. Sachant que certaines personnes sur cette île avaient retrouvés les êtres perdus qu’ils chérissaient tant, je ne pouvais m’empêcher de me répéter cette question. Pourquoi… pourquoi cela ne pouvait pas m’arriver ? Pourquoi ma fille avait-elle condamnée à devoir vivre son quotidien sans sa mère ? Pourquoi… J’y songeais à chaque fois que mon regard se posait sur celui de Rosie. Elle qui avait hérité des yeux magnifiques de sa mère.

Pourtant, je me devais de continuer ma route. Il aurait été si injuste que je doive condamner mon enfant à me voir m’enfoncer dans la dépression, perdre son père en plus de sa mère. Alors je tâchais de prendre sur moi, me consacrant à mon travail. Je trouvais un semblant de consolation à devoir guérir mes patients. Cela permettait à des tas de gens bien de ne pas devoir subir la même épreuve que moi. Accomplir mes tâches chaque jour me rappelait pourquoi j’avais choisi cette profession plutôt qu’une autre. Sauver des vies était pour moi une mission sacrée, un sacerdoce, qui me permettait d’affronter chaque jour ma vie avec détermination et une certaine fierté.

Ce soir-là, je recevais un nouveau dossier. Une jeune femme blessée dans des circonstances inconnue venait d’être hospitalisée et demandait des soins immédiats. Ce n’était plus tellement mon rayon de faire de la médecine autre que l’ophtalmologie. Mais j’étais le médecin de garde et il se trouvait que cette demande m’avait été adressée par une infirmière que je connaissais bien et qui avait en moi une pleine confiance. Comment aurais-je pu m’y refuser ?

Je me rendis donc dans la chambre où elle m’attendait, mon dossier sous le bras. Un sourire éclaira mon visage au moment de l’apercevoir. Un moyen pour moi de calmer les angoisses des patients.

« Bonjour, je suis le docteur Watson. Comment vous sentez-vous ? »

Demoiselle en détresse

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Etre confronté aux peurs de mes patients faisait partie de mon quotidien. Les gens pouvaient ressentir un rejet viscéral par le simple fait de rester dans un hôpital. C’était le cas de cette jeune femme qui se trouvait devant moi. Elle semblait bien plus préoccupée à l’idée de partir au plus vite qu’à celui d’être soignée. Une chance pour moi, je croyais pouvoir répondre rapidement à sa prière mais il faudrait pour cela qu’elle se montre collaborative et j’ignorais si elle était d’accord de le faire. Feuilletant son dossier, je trouvais les premières remarques du personnel su son état physique et psychologique.

« D’après ce que je peux lire dans votre dossier, vous avez été hospitalisée pour plusieurs blessures au deuxième degré. Je peux vois assurer que vous êtes donc à la bonne place. Il ne faut pas prendre à la légère ce genre de blessure. »

Je déposais le dossier sur le bureau attenant et m’approchais de la jeune femme. Enfilant une paire de gants, je lui adressais un sourire.

« Toutefois, si cela peut vous rassurer. Nous ne vous garderons pas bien longtemps. Ces brûlures ne nécessitent pas que l’on vous garde en observation. Puis-je vous demander ce qui s’est passé ? »

Je alors ma chaise pour prendre un produit nettoyant ainsi qu’un coton que je pris à ses côtés. Je débutais par sa main, saisissant doucement son bras.

« Surtout n’hésitez pas à me dire si je vous fais mal. Même si dans un sens ce serait plutôt bon signe, cela prouverait que vos nerfs n’ont pas été atteints. Nous soignerons ensuite vos jambes. »

Demoiselle en détresse

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Poursuivant ma consultation, je lui posais les questions de rigueur. Après tout, c’était la procédure habituelle pour déterminer d’où venait le mal et ainsi proposer des solutions appropriées. Sa réponse me surprit au plus haut point. Non pas que je n’avais pas conscience de la réalité de cette île. Je savais qu’il existait ici des choses qui allaient bien plus loin que notre compréhension humaine. Des personnes dotées de pouvoir extraordinaires et qui donnaient parfois démonstration de leurs pouvoirs sur cette île. Je n’allais pas les juger, au contraire. Ce n’est pas forcément parce que nous sommes armés, qu’elle nous servira à tuer. Dans d’autres cas, elle peut également servir à sauver des vies. Lorsque tout comme moi on avait été un soldat, habitué à se trouver sur le front, on voyait forcément les choses avec un regard différent. Être derrière un fusil, cela vous changeait un homme. Et je commençais à me demander si la demoiselle qui se trouvait devant moi n’avait pas elle-même été confrontée à ce genre de dilemme ou de questionnement. Je pris donc l’air aussi détaché que possible, afin de ne pas risquer de la froisser en quoi que ce soit.

« J’avoue que non. Pas à ma connaissance. Je suis navré que vous ayez ainsi pu être blessée. J’imagine que retrouver vos pouvoirs sur cette île n’a pas dû être évident pour vous. Je sais que la Lune Rouge a pu avoir des conséquences assez cruelles. »

J’avais de la peine pour elle, d’autant plus lorsqu’elle évoqua le fait que cela la blessait à chaque fois. Occupé à nettoyer la plaie, je ne pus cacher la compassion que j’avais envers elle.

« Est-ce que vous êtes suivie au moins ? Pas médicalement parlant… je veux dire pour la maîtrise de vos pouvoirs. Histoire que vous ne vous retrouviez plus dans cette situation. »

Je hochais la tête, lorsqu’elle évoqua le temps. Le temps bien évidemment pouvait soigner bien des maux, à condition que ces blessures ne reviennent pas constamment. Il était donc important pour elle de gagner en confiance dans la maîtrise de ses pouvoirs et j’espérais que c’était le cas. Tout en discutant avec elle, je saisis dans mes mains le tube de crème que j’appliquais doucement sur ses plaies.

« En effet, mais certains antalgiques peuvent être bien utiles dans ce genre de situations. Nous pourrons toujours essayer et voir quel résultat nous obtiendrons avec vous. »