⌜int 3 · chap. ii⌟ ⊹ (( the beauty and the beast )) — .･✧ rey & ben.

Il était une fois, dans une galaxie lointaine, très lointaine, un jeune Jedi qui vivait dans un monde en paix aux côtés de son oncle. Bien que la vie l’ait comblé de tous ses bienfaits, le Jedi était un homme tourmenté, impatient et frustré.

Un soir, sentant le mal le dévorer, son oncle décida de lui offrir le plus atroce des cadeaux : la mort. Le sabre de son oncle tendu dans les airs durant cette brève folie passagère, le prince se défendit. Cet acte eut pour seule autre conséquence de laisser la bête endormie en lui s’élever. Il détruisit tout, son oncle, son école, ses propres rêves… Pendant longtemps, on crut que seule la bête subsistait dans le cœur du jeune Jedi. C’était faux. Il regrettait, voulait se libérer à mesure que les mains se tendaient vers lui. Trop orgueilleux, il les refusa. Plus les années passaient et plus le Jedi maintenant devenu Sith perdit tout espoir d’échapper à cette malédiction — qui pourrait un jour aimer le monstre qu’il était devenu ? Qui pourrait prendre en pitié cet homme qui s’était acharné à réduire une galaxie entière à peau de chagrin à cause de cette faille égotique trop profonde ? Il l’avait trouvé pourtant cette princesse qui le libéra de sa malédiction. Elle avait su voir la beauté du cœur au-delà de la beauté du corps et des crimes qu’avait commis le monstre. Cette liberté ne se fit pas sans sacrifice, mais qu’importe… Qu’il était beau de vivre enfin en paix avec elle.

Il était encore une fois dans une ville étrange. Le Jedi et sa reine vivaient en paix et ne demandaient rien à personne au point qu’il était impensable de croire qu’un jour cette tranquillité pouvait être perturbée. Pourtant, bien que la vie l’ait comblé de tous ses bienfaits, le Jedi était un homme tourmenté, impatient, frustré et dont la colère avait été éveillée à cause de plusieurs brasiers qui s’étaient allumés — l’homme à l’origine de sa détresse était là. Pire encore, il agissait comme s’il méritait le pardon. Le monstre pourtant endormi depuis la présence de la princesse s’était à nouveau élevé en compagnie de sa soif de sang.

Un soir, le Jedi s’en était allé. Il avait refusé la proposition du monstre d’anéantir une bonne fois pour toutes le centre névralgique de sa douleur et retrouver sa beauté d’antan. Il avait refusé de saccager ce que la princesse et lui avaient bâti pour aspirer au bonheur. Le monstre ricana au nez du Jedi et pour lui faire payer son refus, pétri d’orgueil et de prétention, il l’enferma dans cette prison aussi bien physique que mentale qui prit la forme de ce château juché sur une colline au beau milieu d’une forêt effrayante où nul n’a encore trouvé le courage de s’aventurer. Ce qui le tenait captif, c’était ce cristal kyber sous verre qui oscillait entre le clair et l’obscur au gré des fluctuations émotionnelles du captif. Pour briser le charme et purifier définitivement le cristal, le Jedi devait consentir à laisser ses démons derrière lui pour toujours avec l’aide de son amour éternel. Le seul problème était que Ben n’avait jamais complètement baigné dans la lumière, tout comme Kylo Ren n’avait jamais embrassé pleinement les ténèbres. Le doute et le manque de confiance en soi étaient les véritables démons de cette histoire. Ils avaient décidé que, ce soir et pour les prochains jours, le Sith serait sur le devant de la scène. Ils n’avaient aucune envie que le charme se brise, trop assoiffés des malheurs de Ben. Le cœur triste et torturé, notre prince se morfondait dans son château au fond de l’aile où était précieusement gardé le fameux cristal…

La princesse de notre histoire trouva la bâtisse désolée qui tenait en otage son prince parti comme un voleur il y a des semaines de cela, la laissant blanche comme un linge face au lit vide. Ben et Kylo l’avaient sentie approcher avant même qu’elle ne passe les portes du château — la faute de leur dyade. L’homme aura beau se couper autant qu’il le voulait de la Force, la jeune femme sera toujours à ses trousses. Cela étonnait Ben qui pensait encore qu’il ne méritait pas un tel dévouement et une telle loyauté, surtout après cet abandon lâche. En revanche, Kylo s’en satisfaisait. Rien n’était plus délicieux que le spleen de son hôte qui le tenait depuis si longtemps enfermé dans ce château. Rien n’était plus beau que de voir l’objet de toutes ces frictions intérieures en ces lieux. Il pouvait enfin caresser ce doux rêve de corrompre pour de bon le cristal qui trônait sous une cloche dans l’aile interdite.

Une pluie diluvienne fouettait les carreaux des fenêtres. Sous des airs de cliché, un orage violent déversait sa colère en scarifiant le ciel de ses éclairs voraces. Il n’offrait que des ombres au monde. Ben ne voyait que la silhouette de Rey se découper dans un contraste saisissant avec le restant du hall chaque fois que le ciel grondait. Lui, il se tenait en haut des escaliers donnant sur le hall et qui desservait les différentes ailes à l’étage. Lui aussi n’était qu’une forme grossièrement découpée à la lumière des éclairs. L’endroit était déjà lugubre. Cet effet les rendait tous les deux terrifiants — deux fantômes errants, incarnation d’un vieux passé que Ben n’aurait jamais voulu embrasser de nouveau. Étaient-ils vraiment redevenus des inconnus depuis qu’il avait déserté leur couple sans aucune explication ? « Tu ne devrais pas être ici. » Il brisait enfin le silence. À la lourdeur de sa voix, à l’entente de cette autorité peu nécessaire, on savait que c’était Kylo qui se confrontait à Rey. En revanche, on pouvait se demander s’il n’y avait pas un peu de Ben dans cette affirmation. Tu ne devrais pas être ici. De la surprise. Encore et toujours liée au fait de voir Rey, persévérante, qui ne le lâcherait pas, qu’importe les circonstances. Kylo faisait tout pour remettre en doute cette vérité. « La personne que tu cherches a disparu depuis longtemps. » Il tentait de convaincre Ben de cet état de fait, pour l’empêcher de remonter à la surface et de purifier le cristal. Le ciel se déchainait, offrant une vue brève de la bête dans un effet stroboscopique. Il descendait quelques marches, lentement. On pouvait voir le manche de son sabre luire contre sa hanche. Il était clairement menaçant.

La princesse avait oscillé entre toutes les émotions qui existent : la douleur, l'incompréhension, la peur, la colère... Dans son esprit, elles bataillaient de manière constante, selon que la rage l'emportait sur la tristesse, ou la tendresse sur la colère. Son prince était parti, du jour au lendemain. Il était parti sans l'en avertir, sans laisser de traces. Pas un seul mot d'explications, pas un signe de son absence, rien... Que s'imaginait-il ? Qu'elle allait simplement le laisser partir ? Qu'elle renoncerait à lui ? Qu'elle l'abandonnerait ? Ce serait bien mal la connaître. Non, la princesse Rey se battrait pour lui... et contre lui si cela devait être nécessaire afin de le ramener à lui-même. Elle ne reculerait devant rien.

Il lui avait fallu du temps pour remonter sa trace, mais c'est chose faite. Elle lève les yeux vers le sommet de ce château agressif, de cette bâtisse isolée. Elle peut ressentir sa présence entre ces murs... et elle peut ressentir... une puissante obscurité. Quelque chose de fort, quelque chose de sombre. Tous deux sont connectés à travers la Force. Peu importe ce qui arrivera, peu importe les circonstances, c'est une chose qui ne changera absolument jamais, quoi qu'il advienne. La princesse rejette une mèche de cheveux détrempés par la pluie derrière son oreille et daigne finalement faire un pas à l'intérieur. Son corps frissonne tout entier. Des éclairs zèbrent le ciel et éclaire par intermittence son visage à travers les carreaux de la bâtisse. Elle avance à pas prudent, sans l'appeler. Elle sait que ce n'est pas nécessaire. Parce qu'elle sait qu'il a ressenti sa présence. Et en effet, elle finit par reconnaître sa silhouette, enfoncée dans l'obscurité. Les battements de son coeur s'emballe. Rey a conscience de faire face à sa destinée... Et malgré tout, elle est terrifiée à l'idée de ne pas savoir s'en montrer digne.

"Ma place est où tu te trouves, Ben, tu le sais." Ils ne peuvent pas exister l'un sans l'autre. Ce n'est pas juste une formule, c'est un fait. Ben s'exprime avec distance et froideur... elle reconnaît en lui l'homme qu'il était dans les premiers temps de leur rencontre... Elle le déplore, mais elle ne s'en alarme pas. "Tu te trompes. La personne que je cherche se trouve juste sous mes yeux." Elle s'avance avec prudence. "Tu peux te mentir à toi-même, Ben, mais pas à moi." Elle s'obstine à l'appeler Ben, elle renie son autre nom. Elle ne l'appellera pas Kylo. "Je suis venue te trouver. Et te ramener." Avec lenteur, elle tend la main dans sa direction, en espérant qu'il acceptera de la saisir, malgré ses réticences. "Viens..."