Sidekicks are smarter ||Ft. Peter

Sa respiration se précipitait. Son souffle se saccadait à mesure qu’elle s’enfonçait dans l’une des ruelles de Lockwood Hill. Chacun de ses pas résonnait dans ce goulet d’étranglement. Elle ne le savait pas encore, mais elle courait à sa perte. À cause de cet effort soudain, les muscles de ses jambes lui faisaient un mal de chien. Plus d’une fois, ses membres avaient flageolé, manquant de la faire tomber. Une seule chute lui serait fatale ! Les individus qui la poursuivaient n’ont rien d’amical et vouaient une colère sérieuse à la jeune femme. Quelle idée saugrenue avait-elle eu d’aller titiller d’un peu trop près un trafiquant de drogue… Elle oubliait qu’il n’était pas comme Fez, lui avait toujours pris soin d’elle, quitte à mettre en péril sa vie et celle d'Ashtray. Cette bienveillance n’était pas donnée à tous et, plus d’une fois, elle en avait fait les frais. Malheureusement, Rue était une personne qui peinait à apprendre de ses erreurs… Tout ce qui l’importait c’était d’obtenir sa dose, et pour cela tous les moyens étaient bons, même les plus suicidaires. C’était exactement pour cette raison qu’elle se retrouvait à fuir pour sa vie. Par appât du gain, elle avait décidé de subtiliser quelques pochons de cannabis à son dealeur le temps qu’il lui apporte sa commande d’opiacés. Furtivement, ses phalanges avaient dérobé deux sachets. Après l’échange, prête à partir, elle lui tourna le dos, mais il vit, à ce moment précis, qu’il lui manquait quelque chose. Sa voix tonna sévèrement. À ce moment précis, Rue comprit qu’elle était dans un bourbier sans fin. Sans attendre son reste, elle détala, esquivant in extrémis le molosse à l’entrée. Et voilà où elle se trouvait maintenant, dans cette venelle.

« Merde ! » Cracha-t-elle entre ses dents en apercevant l'impasse en face d'elle. Son regard paniqué inspectait les environs à la recherche d’une échappatoire. Malheureusement, aucune voie ne s’offrit à elle ! Des hommes s’époumonaient derrière elle. Leurs pas se rapprochaient d’elle à grande vitesse. Si elle ne trouvait pas une solution très rapidement, Rue serait cuite ! Son instinct de survie prit immédiatement le dessus. Sans réfléchir davantage, elle prit le risque d’escalader une clôture miteuse et bancale en bois. Sous la hâte, elle s’écorcha sévèrement la paume de sa main, mais réussit à passer de l’autre côté, peu après l’arrivée de ses poursuivants. Des cris résonnaient derrière elle – pas le temps de se retourner ! Une nouvelle course-poursuite se lança. Rue n’hésitait pas à enfoncer ou à enjamber diverses barrières pour sauver sa peau, manquant de se blesser à plusieurs reprises. Bien entendu, sa blessure à la main lui faisait un mal de chien, mais l’adrénaline parvenait à légèrement voiler cette souffrance.

Après plusieurs minutes de course effrénée, elle se termina face à une façade bien trop grande que pour être escaladé et bien trop épaisse que pour être enfoncé. Elle tenta à plusieurs reprises de grimper dessus, mais l’échec fut cuisant ! Qui plus est, ses poursuivants n’avaient pas lâché l’affaire. Certes, elle avait réussi à en semer un ou deux, mais avec son gabarit elle n’arriverait pas à rivaliser avec ceux qui restent. Sa respiration s’entrecoupait. L’angoisse montait à mesure qu’ils se rapprochaient. Ses doigts s’enfonçaient dans son cuir chevelu. Rien n’allait ! « Fait chier ! » Pestiféra-t-elle entre ses dents, suivie de diverses autres insultes. Un frisson parcourut son échine dès qu’elle perçut la voix du revendeur. Ses yeux peinèrent à se relever et à confronter ce danger qui se dressait devant elle avec un sourire vicieux. « Où est ma came, ma jolie. » S’en était fini de Rue Bennett, elle était faite comme un rat… Intérieurement, elle priait tous les dieux pour qu’on l’aide à s’extirper de cette délicate situation.