SECRET SANTA ▿ Chance d'Estaing & Reby MacGarden

En ce jour hivernal, le souffle de décembre berce les rues, faisant virevolter les flocons de neige comme des étoiles éphémères. Chance d'Estaing, malgré le peu d'attrait qu'elle a pour le froid ou pour toute activité littéraire, se dirige d'un pas déterminé vers la bibliothèque locale, une mystérieuse lettre entre les mains.

Son esprit s'emballe d'émotion à l'idée de remplir de joie une certaine Reby. Elle imagine une enfant, peut-être malade, sans doutes seule et malheureuse, cherchant un peu de bonheur au milieu des pages d'un livre.

Des images de ses propres Noëls remontent à la surface, des souvenirs chaleureux de sa famille nombreuse. Un franc sourire se dessine sur les lèvres de Chance alors qu'elle se replonge dans un petit flashback émouvant. Les échos joyeux des fêtes résonnent dans sa mémoire, des moments précieux où la maison des d'Estaing vibre de rires, où la horde de ses sept frères s'acharne sur les emballages des cadeaux avec une frénésie contagieuse.

Les images défilent : la table débordant de mets succulents et Chance, au centre de cette folie festive qui raconte ses blagues grivoises qui déclenchent immanquablement des éclats tonitruants. Elle se rappelle notamment de la célèbre blague de la nonne et du cul de jatte qui a fait pleurer de rire toute la tablée, même ses parents qui pourtant essayaient très fort de paraître indignés.

Ah que de bons souvenirs ... des Noëls parfaits.

Revenant à la réalité, Chance presse le pas. Elle avait enfilé son plus beau costume de mère Noël, encore embaumé du discret parfum des épices de vin chaud qu'elle a pris plaisir à servir dans son truck food au marché de Noël. Elle porte sur son dos un sac de jouets soigneusement sélectionnés qu'elle a discrètement confisqués à ses frères. (Aucun ne la soupconnera jamais et ils en ont bien moins besoin qu'une pauvre orpheline malade, n'est-ce pas ?).

Armée de son énergie contagieuse et de sa bonne humeur, elle passe les portes de la bibliothèque ... pour trouver un lieu étonnamment vide et silencieux. Elle s'était confusément attendu à voir du monde. Des enfants. Des gens responsables d'une association caritative ou voire même un grand panneau avec une flèche et quelque chose comme Reby, PAR LA ! pour lui indiquer le chemin.

Un peu perplexe, elle se rend jusqu'au comptoir où elle s'adresse à la jeune femme aux cheveux bleus qui est présente.

- Heu ... salut ! Dites je cherche une certaine petite ...

Elle vérifie sur son courrier.

- ... Reby ! On m'a dit qu'elle serait dans le coin ...


Elle se fige devant le comptoir, un large sourire aux lèvres en attendant la réponse. Pour sûr ce n'est pas tous les jours qu'on voit une Mère-Noël avec un si brillant sourire ni avec paire de si jolies cornes dépassant de son bonnet. L'organisation n'étant pas le fort de Chance, elle n'est pas vraiment surprise de se retrouver comme ça à l'arrache sans avoir beaucoup plus de précisions sur le où quoi et comment qui entourent sa venue ici.

@Reby MacGarden

Chance reste un instant interdite. Elle regarde la lettre, puis Reby. Puis la lettre de nouveau. Et elle écarte soudain les bras.

- Rebyyyyy ! C'est toi que je cherche alors !

Maîtresse absolue de l'impro, elle affiche un large sourire quand elle baise les bras, c'est pour froisser le papier qu'elle tient entre les mains. Elle commente.

- C'est la merde, j'pensais que t'étais une gamine moi.

Elle s'apprête à jeter la lettre réduite en boule par dessus son épaule avant de croiser le regard de la bibliothécaire et se raviser. Elle toussote et le plonge sagement dans la poche de sa tenue de mère Noël à la place.

- Enfin je veux dire ... je pensais avoir affaire à une enfant. J'imagine que du coups, un skateboard ca te plaira pas ... ?

Elle tapote sans conviction le sac qu'elle porte et qui contient visiblement quelques bricoles emballées.

- Ni le pot de slime qui fait "prout" quand on y fout les doigts ? Ni le dernier "action guy" 200% testostérone et biscotos musclés sûrement ... hum ...

Elle fouille quelques instants encore dans le sac et grimace, l'air embêtée alors qu'elle se redresse.

- Maintenant que j'y pense, je sais pas de où il vient ce foutu courrier.

Saisie d'un doute elle reprend sa lettre roulée en boule et défroisse le papier pour le relire.

- Attends, j'suis prise d'un doute ... on s'est inscrites à une espèce de blind date ?

C'est une des seules explications possibles. Chance s'inscrit à des tas de trucs incongrus sur un coup de tête et oublie ensuite leur existence. Elle a peut être participé à une espèce de foire au cupidon en ligne et se retrouve à devoir "offrir des moments de joie" à Reby alors qu'elle pensait avoir été contactée par une œuvre caritative. Elle semble atterrée pendant quelques instants avant de se gre

- Merde j'suis pas prête pour ça ...

Carrément pas prête pour un date ! Pas in the mood pour deux ronds ni apprêtée une seule seconde. Et puis les filles c'est pas franchement son truc ... elle aurait quand même pas oublié de le noter sur son formulaire d'inscription, si ??

Allez c'est pas grave, elle est certaine que Reby lui pardonnera la méprise si elle l'emmène manger une glace de taille monstrueuse au glacier du coin avec triple supplément choco ! C'est une sacré bonne définition d'un moment de joie de s'empiffrer avec une coupe de dessert géante, non ?

@Reby MacGarden

- Arf ...

Bon bah ... elle a plus qu'à rendre tout ce merdier ce superbe assortiment de jouets à ses propriétaires. Elle marmonne toutefois dans sa moustache.

- Boah ... la pâte à prout c'est pas si naze ...

Ca la fait encore rire, elle. Mais elle a peut-être douze ans d'âge mental des fois ... pourtant elle n'insiste pas sur le sujet. Elle remet son baluchon sur le dos, renonçant à faire plaisir avec ce qu'il contient. Elle va devoir compter sur son inimitable personnalité pour ça !

Elle fait part de ses doutes à Reby concernant le "blind-date" et pour le coups, apprendre que Reby ne s'est pas inscrite pour ça non plus lui retire une sacrée épine dans le pied. Pas de coeurs brisés c'est déjà une première bonne nouvelle ! La deuxième bonne nouvelle arrive immédiatement, quand la bibliothécaire parle des consignes qu'elle même a reçues.

- Ah ben ca ! C'est de la Chance !

Jeu de mot dont elle ne se lassera jamais.

- Oui c'est moi !

Et puis elle fronce les sourcils.

- Attends une minute. C'est quoi cette arnaque ? Toi aussi tu as reçu une lettre ?

Ca ressemble à un coup monté organisé par une connaissance commune. Soudainement soupconneuse, elle demande.

- Tu fréquentes des gens de l'université Marshal des fois ?

Qui d'autre pourrait chercher à leur monter un plan pareil ? Et dans quel but hormis leur faire un prank ?

Et puis il y a cette histoire d'univers de livre qui laisse la demonette hautement perplexe.

- Heu ... tu veux dire quoi ? On va genre ... lire un livre à deux ... ?

Chance est du genre à lire des mangas (ceux avec des gens nus dedans) et des bandes dessinées (pareil, ils souvent des gens nus dedans pour attirer le beauf lecteur. Et visiblement ca marche). Lire des romans, c'est l'inverse de l'idée qu'elle se fait du fun ! (Ou alors on fait un jeu à boire en lisant Game of Throne et on boit une gorgée à chaque meurtre et un cul sec à chaque inceste.)




@Reby MacGarden
Joyeuuuuuuux Noëeeeeeel !

Ca fait beaucoup d'information à digérer d'un coups. La diablotine secoue les mains après les explications de Reby.

- Attends attends. T'es sérieuse ... ? On peut vraiment entrer dans ... des livres ... ?

Difficile à croire. Mais avec un petit effort d'imagination, on trouve des explications.

- Si tu prends de la drogue je veux la même que toi !

C'est ça Noël, c'est l'esprit de partage. Si c'est la solution pour faire un beau voyage et avoir l'impression qu'on nage dans des livres, why not ! Joyeux Noël messieurs dames, c'est l'heure de se retourner la tête.

- Je connais pas Fairy Tail. Moi les contes de fée c'est pas trop ma came mais pourquoi pas. On peut pas aller chez Picsou, sinon et lui dévaliser son coffre ? On serait incroyables en Rapetout.

Elle soulève son baluchon, un large sourire aux lèvres.

- J'ai déjà le grand sac pour mettre tout le fric.



Joyeeeuuuuux Noëeeeel !

Magie, conte de fée, c'est du pareil au même aux yeux de Chance. Il y a "Fairy" dans le nom du bouquin, ca lui suffit. Pour beaucoup d'autres, l'idée de plonger dans un livre ferait naître de l'incrédulité voire de la dérision. Mais non. Chance elle s'en fout. Chance elle est prête à tout croire. Après tout, elle même porte une paire de cornes et peut déployer une magnifique paire d'ailes. (Ce qu'elle évite en général de faire, ca lui ruine ses t-shirts !)

- Heu ... okay ! Allons y !

Ne pas réfléchir c'est sa spécialité. Ca demande un effort chez beaucoup de gens mais chez elle c'est naturel. Alors quand la bibliothécaire ouvre un livre pour enfant et hop, saute dedans, Chance suit sans se poser davantage de questions. Et les voilà toutes les deux transportées au milieu d'une forêt enneigée, non loin d'un lampadaire solitaire à côté duquel une petite rouquine toute mimi parait errer béatement. Vêtue d'un costume de mère Noël pas franchement fait pour aller dehors, Chance s'exclame.

- Sa mère la nitouche, j'y crois pas ! On se les pêle !

Même lancé de manière étouffée, le juron est suffisant pour attirer l'attention de la petite qui sursaute et a le reflexe de se cacher derrière le lampadaire.
Presque simultanément, un autre cri est poussé quelque part dans les bois et quelque chose ou quelqu'un se cache à moitié derrière un arbre dénudé.

- Ils sont combien à se planquer dans cette clairière ... ?

A bien y regarder, le mec est d'ailleurs cul-nu et il y a une queue qui dépasse d'un côté de l'arbre.

-T'ain. On se croirait au bois de Boulogne.

Heureusement que c'est une histoire pour enfants, sinon ca deviendrait sacrément bizarre. CHance regarde sa voisine et lui explique sur un ton d'excuse.

- Pardon, je suis française. C'est une ref que tu peux pas comprendre.

Il y a si peu d'autres Français qui sont arrivés en Ville. L'immense majorité des autres sont américains ou parfois japonais. Faut croire que la Lune Rouge a un faible pour le nouveau monde. En attendant, leur arrivée a perturbé la rencontre merveilleuse et enchantée entre un cornu (un frangin ??) et une petite fille. Le moment émouvant est sur le point de prendre une tournure radicalement différente quand Chance s'exclame après quelques secondes de silence.

- Salut et joyeux Noël ! Il y a des cadeaux pour tout le monde !

Mettre le zbeul au milieu d'une histoire imaginaire n'a pas l'air de déranger beaucoup Chance qui sort de sa hotte le paquet qui (c'est évident au vu de sa forme) contient un skate.

- Tiens Lucy, et joyeux Noël !

Ca se voit comme le nez au milieu de la figure que la gamine ne pige absolument pas ce qui se passe. Elle balbutie des remerciements tout en prenant le paquet. Elle se retourne d'un bloc en direction des arbres derrière lesquels se cache le deuxième protagoniste de l'affaire, faisant sursauter ce dernier.

- Et toi le "Horny Guy", joyeux Noël aussi !  

Elle ramasse les paquets éparpillés au sol que le faune avait laissé tombé et regarde avec intérêt les deux bouteilles reliées par une ficelle. Elle tend en direction du gaillard effrayé ses affaires et ajoute un paquet de sa hotte au dessus du tas.

- Ca se fait pas d'espionner les petites filles, tu sais !

- je je ... mais non ! Je ... j'avais peur de lui faire peur.

- Surtout quand on est si peu habillé. D'ailleurs t'as pas froid comme ça ... ?

La remarque lui fait froncer les sourcils et étudier sa tenue avec perplexité. Visiblement il ne comprend pas l'objet de la remarque.

- Quoi ... ? J'ai mis une écharpe. Et puis je suis une faune. Pourquoi toi tu es habillée ... ?

Ah. Excellente question ça. D'un point de vue de faune, s'entends.

- Ah non. J'aimerais, mais clairement, j'ai pas assez de poils aux jambes pour me permettre ça en plein hiver.

Même en faisant la fainéante et en se laissant aller en mode yéti tout l'hiver ... Le faune fronce les sourcils, perplexe et ne semble pas vraiment savoir quoi ajouter. Imaginer une faune sans poil aux jambes est trop étrange et déroutant à ses yeux. Il récupère ses affaires avec une prudence excessive, comme s'il craignait que Chance lui saute dessus pour le dévorer.

- Vous ... vous êtes qui ? C'est la reine de l'hiver qui vous envoie ... ? Vous êtes une faune aussi mais je t'ais jamais vue. Et elles non plus.

Ajoute t'il après avoir désigné les deux autres filles.

Chance grimace.

- Eh ... heu .. demande à elle, avec les cheveux bleus. Elle saura t'expliquer. C'est la chefe.

Une lâche dérobade que voilà. Suivie par une distraction.

- Ouvres ton cadeau ! ca va te plaire.

De fait il s'agit, une fois le cadeau déballé, d'un bonnet de Noël clignotant. Coup de bol, c'est un vêtement qui ira très bien au faune et aidera à lui tenir chaud. Manque de chance : les clignottements lumineux vont rendre toute dissimulation sylvestre bien difficile. Tant mieux dans un sens, ca l'empêchera d'épier les petites filles à leur insu ...

Le faune parait à la fois catastrophé et effrayé par la suggestion que Reby fait à Lucy.

- Trouver la sorcière de l'hiver ?? Vous n'y songez pas !

Il agite ses mains, au point d'en oublier les victuailles qu'il tient d'une part et le paquet cadeau qui lui a été remis par Chance de l'autre.

Quant à Lucy, elle semble complètement perdue au milieu de tout ça. Elle avait commencé à ouvrir son paquet pour révéler le skateboard. Un cadeau qui, au moins, semble lui plaire puisqu'elle le tient contre elle avec un grand sourire. Elle lève de grands yeux brillants d'innocence vers la fille aux cheveux bleus qui s'était approchée d'elle et demande avec un soupçon de naïveté dans la voix.

- Pourquoi, elle est méchante ?

- Que oui elle est méchante ! D'ailleurs elle se mettra très en colère en vous voyant. Vous feriez mieux de ne pas rester ici. Ou essayer de vous cacher d'elle. Comme je le fais.

Passive dans cette discussion, Chance n'a malheureusement pas grand chose à rajouter. Elle se gratte le bord de la tête, là où son bonnet en laine serre un peu au niveau des tempes.

- Tu veux que je te tienne tes trucs pour ouvrir ton paquet ?

Finit t'elle par proposer au faune, clairement indifférente à l'émoi causé par la mention de la sorcière de l'hiver.

Joignant le geste à la parole elle commence à prendre ses trucs alors que celui ci regarde avec confusion le cadeau. Ses yeux s'écarquillent d'horreur quand il réalise ce qui se passe et il s'exclame soudain.

- Mais ... mais ... vous êtes en train de fêter Noël ! La sorcière blanche l'a interdit ! Vous ne devriez pas ! Vite, il faut vous débarasser de tout ça. Cachons le sous la neige, elle ne doit surtout pas le voir !

Difficile de dire si les mots de Reby ont un effet sur le faune pour qui paniquer semble être une deuxième nature. Affolé, il rassemble les morceaux de papier cadeau déchiré et les fourre dans les poches de sa besace, effrayé à l'idée que la reine de l'hiver puisse tomber sur les décorations de Noël ! Il est tellement contrarié qu'il en oublie de porter attention au cadeau que Chance lui a fait ... dommage ! Il faut croire que les gens perdent de leur esprit de Noël quand ils se sentent menacés de mort.

En tout cas, Reby annonce que l'heure du départ approche.

- Ah ouais déjà ... ? Bon ben ... salut. Contente de vous avoir croisés.

Perplexe, le Faune pointe du doigt l'enfant près du réverbère.

- Et elle aussi elle s'en va ?

A ses yeux, les trois humaines sont des intrues dans son univers. Il ne semble pas avoir intégré l'idée que Lucy ne fait pas partie du même lot d'envahisseurs étrangers.

De son côté, Chance se prépare donc. Elle vient se positionner à côté de Reby et souffle à son oreille.

- Heu ... ca se passe comment ? On va genre se téléporter, pif paf ? Faut qu'on se tienne la main ? Qu'on récite une formule magique ?

Et voilà, pouf. Voilà les deux filles de retour dans la bibliothèque.

- C'était trop bien ! J'adore cette Ville.

La grande hotte de mère Noël de Chance avait été vidée et immédiatement après ce grand instant de générosité, voilà que sa petite cervelle cogite pour déjà sur une manière de la remplir.

- Emmènes nous chez Picsou on va se faire un fric monstre !

L'idée que le coffre fort du fameux canard milliardaire soit bardé de pièges mortel ne l'effleure visiblement pas. Mais voilà ... son plan se heurte à problème de taille. Elle parcourt du regard les rayonnages de la bibliothèque et s'aperçoit bien qu'il y a un problème.

- Ah merde. Il y a pas de bandes dessinées. C'est mort pour le coffre plein d'argent.

Elle s'immobilise et se tient le menton, visiblement en pleine réflexion.

- Tu connais un livre où il y a un gros magot qu'on saurait où trouver sans trop fâcher les méchants ... ?  

Une occasion pareille il faut en profiter, non ... ? Une petite "bourse d'étude" improvisée, ca ferait du bien ! A moins que ...

Les yeux de Chance se plissent alors que déjà sa cervelle échafaude une autre plan.

- A moins que ... on aille dans le livre où il y a des tas de beaux gosses. C'est quoi le livre où t'as des vampires torses nus qui brillent dans le noir déjà ... ?

Mieux vaut ne pas songer à 50 nuances de machins. L'idée de se faire attacher par un milliardaire est séduisante mais c'est sans doutes plus que ce que Chance est en mesure de supporter.

@Reby MacGarden

-Enorme !

C'est tout ce que Chance trouve à répondre. Elle sort son téléphone, prête à prendre des selfies avec les dark-bogoss qu'elles risquent de croiser. Que Reby annonce avoir un copain mais qu'elle souhaite quand même aller voir la marchandise la fait marrer. Elle commente, sur un ton philosophique.

- On a le droit de faire du lèche vitrine tant qu'on achète rien, hein ... ?

De toutes façons le Siscode interdit de cafter dans ce genre de situation (c'est comme le Brocode mais pour les meufs, vous suivez ? Mais étrangement, beaucoup de Sis semblent pas le connaître ... et l'appliquent beaucoup moins naturellement que les mecs. Allez savoir pourquoi).Les deux filles se sont donc choisi une destination. Reste à trouver le bouquin et régler un dernier détail.

- J'y connais que dalle, je crois que j'ai même jamais vu un film en entier. Tu saurais nous trouver un passage où on a des chances modérées de se faire croquer et de trouver les gars dans de bonnes dispositions pour faire des selfies avec ?

Attendant que la bibliothécaire parvienne à faire son choix et à leur ouvrir un passage, Chance s'observe et commence à rajuster son costume de mère Noël ainsi que sa coiffure. On a le droit de faire un peu sa coquette dans ce genre d'occasion, non ... ?

La destination est donc décidée par la bibliothécaire décidément bien renseignée. Il faut quelques instants pour qu'elle trouve la page du livre et que le portail scintillant finisse par apparaitre. Chance trépigne un peu et annonce avec un enthousiasme espiègle.

- A nous les beaux mecs !

Elle ne se fait pas prier pour sauter à travers le portail magique. Les deux filles se retrouvent immédiatement transportées dans une prairie désolée, perdues au milieu d'une nature sauvage et désolée. Un climat lourd et orageux fait gronder le ciel au loin.

Et devant elles, comme promis, c'est toute une équipe de jeunes gens aux capacités surhumaines qui sont en train de jouer au baseball en réalisant des prouesses physiques improbables. Les renvois qu'on pourrait imaginer finir en homeruns sont rattrapés au vol par des athlètes aux capacités surhumaines.

Ca court, ca rit (parfois), ca échange des regards hostiles (souvent) et ca transpire beaucoup, au plus grand plaisir d'au moins une des spectatrices qui ne cache pas son enthousiasme.

- Trop bien.

Toujours (on le rappelle), habillée en mère Noël, Chance retire son bonnet et désigne un des pick-ups garés.

- Viens, on s'installe là !

Sans gêne, elle monte sur le capot plat d'un des véhicules et s'y installe en tailleur. Elle commence alors à acclamer et applaudir, à grands renforts de "Whouh wouh ! Allez y !"

Des éclats qui, évidement, ne manquent pas d'attirer l'attention de plusieurs des vampires qui regardent avec perplexité le duo imprévu.

- On fait que passer, vous inquiétez pas.

Les rassure Chance, avant de montrer ses cornes par dessous son bonnet.

- On est le clan des démones, on vient juste regarder parce qu'on est très fan de vous.

Est-ce qu'un clan des démones existent vraiment ? Elle ne le sait pas. Sans doutes  que les protagonistes de cette histoire vampiro-coquine non plus. En tout cas l'explication semble suffire aux vampires qui se remettent à jouer, non sans jeter des coups d'oeils occasionnels aux deux intrues. Peut-être que la magie des portails est à l'oeuvre quelque part, poussant les personnages à retourner au maximum dans leur rôle quand l'occasion leur en est donnée. En tout cas, Chance de son côté, elle parait détendue.

- Ca manque de quelques bières.

Fait elle remarquer, avant de se rappeler à qui elles avaient à faire.

- Ah non c'est vrai ... c'est pas le genre de boisson qu'ils prennent après les matchs. Ils ont amené Bella pour ça.

C'est faux, mais c'est drôle de l'imaginer. Elle se penche du coups vers Reby, demandant avec des airs de comploteuses.

- Du coups, c'est lequel que tu préfères de la bande ... ? J'aime bien celui avec la casquette et les cheveux mi-longs là. Ca a l'air d'un vrai Chad.

Par contre elle pourrait s'inquiéter de la manière dont il fait joujou avec sa batte.