La pomme tombe parfois loin du panier (Artémis & Ophélie)

▿ Date de naissance : 02/12/2004

Lundi 25 Septembre 2023
Place du marché du quartier
En pleine heure de pointe !

A t'on idée de vouloir prendre un bus en pleine période de pointe ??

Ophélie soupire, alors que d'une voix étouffée par son écharpe elle répond par un faible Ce n'est pas grave aux excuses prononcées par un homme après avoir été bousculée une énième fois dans l'autocar qui la transporte.

On est lundi. Comme chaque lundi, le Musée est fermé pour la journée. Comme chaque lundi, c'est le jour où Ophélie fait ses commissions au marché. Elle aurait eu le loisir de faire ses courses le matin, mais non ! Il a fallu que l'étourdie se perde dans la lecture d'un des romans poussiéreux trouvé dans les réserves du Musée et aille jusqu'à en oublier l'heure ...

Une erreur grave qu'elle paye en ce moment même. Les passagers, indifférents à sa présence, la serrent de toutes parts. Ses lunettes menacent de tomber de son visage ovale à chaque cahot, et ses cheveux bouclés s'emmêlent encore davantage. Elle se fraye un chemin à travers la foule, sentant une gêne croissante dans cette proximité forcée. Son voyage en bus est tout sauf confortable mais Ophélie a depuis longtemps pris l'habitude de subir avec stoïcisme les inconforts de la vie. Elle endure et attend que ca passe ...

Le bus arrive enfin à destination. La jeune femme descend, soulagée de quitter cette boîte de conserve humaine. Dans son empressement à vouloir sortir, elle ne remarque pas la flaque d'eau qui se trouve devant elle et ce qui doit arriver arrive ... elle saute dedans à pieds joints. Et se fige, raide comme un piquet. Puis laisse un long soupir de frustration s'échapper de ses lèvres. Tout ça est si typique d'elle ... et si lassant ...

Arrêtée sur le trottoir, elle prend quelques secondes pour évaluer l'étendue des dégâts. Ses bottines sont trempées. Et ses pieds nagent littéralement dans la soupe. Le bas de ses grands collants de laine est trempé. Même les bas de son grand manteau gris-bleu et de sa robe en laine d'un autre âge n'ont pas échappé aux éclaboussures.

Il n'y a malheureusement rien à faire dans l'immédiat à part continuer sa route ... et rêver d'une tasse de la tasse de thé bien chaude qu'elle se fera chauffer sitôt rentrée à son Musée. Une perspective agréable quoique lointaine. Le marché se dresse devant elle. Cet endroit qu'elle visite d'ordinaire quand peu de personne le fréquentent lui parait beaucoup moins accueillant que d'habitude. Ses petits étals charmants et les marchands joviaux et volubiles disparaissent derrière une foule trop pressée et dense à son goût.

Il va bien falloir qu'elle prenne sur elle et se décide à approcher ... ses courses ne vont pas se faire toutes seules ! Panier de provision en osier fermement tenu contre elle et porte monnaie à portée de main, elle guette à travers ses grandes lunettes l'occasion de profiter d'une trouée pour s'engouffrer dans la foule et réaliser une percée audacieuse vers un maraicher assiégé par les hordes barbares des "gens qui font leurs courses le lundi après midi".

Courage Ophélie, tu vas y arriver

▿ Date de naissance : 07/07/1995

La pomme tombe parfois loin du panier

« Si vous croyez vous en sortir comme ça, vous vous fourrez le doigt dans l'œil. »

Un jet de son arc, et l’homme se retrouva accroché au mur par le haut de son veston. Ils n'avaient certainement pas l'habitude des femmes fortes, parce qu'il en resta complètement hébété, à ne pas savoir réagir. Les hommes étaient décidément tous des larves. Il était exceptionnel que la déesse intervienne personnellement dans la protection de la population, puisqu'elle se trouvait généralement à Artemis Security en train de gérer les papiers et de faire le nécessaire pour que tout se passe bien. Mais quand elle se battait, elle ne le faisait pas à moitié.

Et puis, cet homme avait cherché les problèmes en s'en prenant à une femme. Ce qu'elle trouvait profondément impardonnable, c'était de s'attaquer à une femme ou à un enfant. Rare étaient ceux qui se le permettaient en sa présence, mais cet individu avait commis l'erreur de le faire et, bien entendu, elle n'avait pas attendu un seul instant avant de le lui faire regretter. Il valait mieux ne pas croiser Artemis dans la rue quand on avait tendance à mal se comporter avec les jeunes filles, et c'était encore plus vrai s'il s'agissait d'enfants. Mais l'homme pouvait s'estimer heureux, cela faisait longtemps que la déesse avait appris à ne plus faire justice elle-même, ce qui impliquait dans le cas présent de ne pas le tuer.

Ayant averti la police et immobilisé le suspect en attendant, elle poursuivit sa marche avec la sensation du devoir accompli. C’était jour de marché et elle regarda d’un air distrait les étals et les marchands, ainsi que les clients qui s'affairaient autour des stands en cherchant à avoir leur part de produits frais. Au milieu du groupe, elle aperçut une jeune fille qu'elle avait récemment vue en photo. Une de ses employés la lui avait décrite comme portant un nom de famille à celui de la déesse à laquelle elle était loyale. Artemis était intriguée. Elle décida d'aller à sa rencontre. Se saisissant des paquets qui débordaient de la jeune fille, elle lui adressa un franc sourire.

« Tout cela me semble bien lourd. Puis-je vous aider ? »

[/b]

▿ Date de naissance : 02/12/2004

Ophélie se trouve au cœur de la cohue du marché. Elle attend, impatiente, espérant qu'une ouverture se crée dans la foule dense pour qu'elle puisse enfin s'approcher du commerçant. Dans ses mains gantées, elle serre son cabas de courses, son regard montrant clairement qu'elle n'est pas à l'aise dans cette situation chaotique.

Soudain, une femme d'allure athlétique et puissante s'approche d'elle et, sans préambule, saisit son cabas. Ses paroles sont un peu abruptes, presque déconcertantes.

- Ça a l'air bien lourd. Puis-je vous aider ?

Ophélie est d'abord surprise par cette intrusion inattendue. Elle balbutie par reflexe.

- Heuh, non ca va, merci. Je n'ai pas encore fait mes ...

Mais la femme porte en elle une assurance et une autorité qui rend toute contestation difficile. La jeune fille aux cheveux emmêlés lève son visage pâle vers la femme et la dévisage avec perplexité. Elle aurait pu croire un instant que la femme était une mendiante à la recherche de quelques pièces utilisant une méthode particulièrement intrusive. Mais elle se ravise rapidement car la femme ne correspond en rien à cette image. Sa prestance, son assurance et surtout la grande arme qui pendait sur son épaule, un arc démodé, attirent l'attention d'Ophélie.

- Uh... euh, merci, c'est gentil.

Bredouille-t-elle, bien trop polie et mal à l'aise pour faire remarquer que ce n'était pas du tout nécessaire !

Un peu décontenancée, elle demande d'une voix pâle.

-Je... heu ... bonjour. Est-ce qu'on se connait ... ?

Elle ne lui dit rien du tout. La femme semble plus âgée. A t'elle fait partie du personnel éducateur du Lycée ou de l'Orphelinat ? A moins qu'il s'agisse d'un personnel médical qui a participé à sa rééducation et qui sait à quel point tenir un cabas vide est même hasardeux pour elle ? Ca pourrait expliquer des choses.

- Le cabas est vide ... je n'ai pas encore eu l'occasion d'approcher des marchands ...

▿ Date de naissance : 07/07/1995

La pomme tombe parfois loin du panier

Quand on était une fille d'Artemis, on se devait d'avoir un minimum de confiance et de force en soi, ce qui n'était visiblement pas le cas de cette demoiselle qui semblait avoir du mal rien que pour s'exprimer. Dire que Artemis était déçue aurait été préjuger du fait qu’elle s'attendait à voir un véritable lien de compatibilité avec l'inconnue qu'elle cherchait. Mais il ne s'agissait que de curiosité, et elle se demandait également pour quelle raison elle portait son nom. Il était inconcevable qu'une quelconque version d'elle ait pu avoir des enfants, car cela aurait constitué une telle rupture de son serment qu'il ne pourrait s'agir réellement d'elle.

Il n'y avait pas besoin de préciser que le cabas était vide, Artemis pouvait le sentir rien qu'en l'ayant dans les mains. Mais ce n'était pas grave. Elle était d'accord pour venir en aide à la jeune fille afin d'essayer de savoir si elles avaient un lien d'une sorte ou d'une autre et peu importait la situation actuelle, elle lui viendrait en aide. Pour le moment, il était compliqué d'entamer une conversation avec elle au milieu de la foule et alors qu'elle essayait désespérément d'avoir accès aux étals sans y parvenir. Elle ne savait, de toute évidence, pas s'imposer ni forcer le passage quand elle en avait besoin. Artemis écarta aussitôt la foule avec autorité.

« Excusez-moi, je ne voudrais pas me montrer désobligeante, mais il me semble que cette jeune fille attend depuis suffisamment longtemps. »

Maintenant qu'elle avait retrouvé une grande partie de ces pouvoirs, elle savait que même les étrangers n'étaient pas totalement indifférents à son aura divine. En un instant, l'étalage du marchand lui fut accessible à la vue de la déesse et de sa protégée. Il ne restait plus à Ophélie qu’à entendre ce dont elle avait besoin et le payer et les braves gens pourraient recommencer à se disputer l'accès à l'étal ensuite. La jeune femme ne savait pas de quoi la jeune fille pouvait avoir encore besoin, mais elle lui donnerait un coup de main jusqu'à ce qu’elles puissent parler à cœur ouvert sans être dérangées par la foule.

« On m'a parlé de vous, je crois », répondit Artemis à la question que la jeune fille lui posait de savoir si elles se connaissaient. « Ne seriez-vous pas Ophélie Artemis ? »

Il était évidemment possible que la jeune fille ait entendu parler d'elle mais elle ne voulait pas dire son nom trop vite afin d'attendre de savoir si elle avait bien la bonne personne en face d'elle et de comprendre un peu mieux la nature de cette personne avant de dévoiler son jeu. Il était dans sa nature de ne pas en dévoiler trop, trop rapidement et de maîtriser les échanges et la conversation afin que la personne en face lui donne exactement ce qu'elle voulait obtenir d'elles sans se poser de questions. Quand on était une déesse, il vous appartenait de mener la conversation et d'apprendre ce que vous vouliez avant de dévoiler vos objectifs.

▿ Date de naissance : 02/12/2004

L'intervention de l'inconnue ouvre à Ophélie un boulevard en direction du commerçant qui la regarde d'un air vaguement surpris après avoir toisé avec crainte et révérence la femme puissante qui a imposé cette reconnaissance soudaine. Même les commères autour acceptent sans mot dire le tour de force que constitue l'intervention d'Artémis et ne protestent pas en voyant qu'Ophélie sera la suivante à être servie.

Le marchand retrouve rapidement le sourire.

- Oh c'est vous ma petite demoiselle, qu'est ce que ce sera aujourd'hui ?

Le bonhomme jovial, inconscient d'avoir ignoré la jeune femme lui adresse un sourire chaleureux, reconnaissant puisque la voyant quasiment chaque semaine. Un peu gênée, Ophélie jette un regard en biais à cette femme qui s'est imposée dans la scène comme un pied de biche fracturerait une porte proprement fermée. Tentant d'ignorer la présence intimidante, elle sort de l'intérieur de son gant une petite liste pliée en quatre sur laquelle une écriture manuscrite proprette énumère des ingrédients que Ophélie ne va pas tarder à lister.

- Je vais vous prendre une petite botte de carottes ... une belle laitue ... 200 grammes de lentilles sèches ... 1 kilos de pommes ...

Et ainsi de suite jusqu'à avoir énuméré ce qui ressemble à une liste de produits nécessaires à une seule personne pour une semaine. En dehors des carottes qu'elle aime consommer crues et entières, rien de ce qu'elle choisit ne nécessite d'utiliser un couteau dans ses préparations. Oignons, poireaux, céleris qui sont délicieux quand ils sont émincés et préparés lui feraient prendre des risques inconsidérés au vu de sa pathologie. Elle doit les consommer sous forme de plat préparés.

Elle conclut en désignant une bouteille en verre.

- Et une de vos bouteilles de soupe s'il vous plait. Et ce sera tout.

Oui, elle est bien heureuse que quelqu'un s'occupe de préparer ces soupes maisons et de les proposer toutes faites. Le temps

Il faut quelques minutes pour que l'affaire soit bouclée. Le temps d'être servie, que les commissions soient disposées dans le sac en osier et que l'argent demandé soit puisé avec précautions au fond d'un porte monnaie suffisamment large pour que des doigts malhabiles et gantés puissent y piocher les pièces et billets nécessaires. Et une fois les politesses d'usage échangées, les deux femmes peuvent enfin s'éloigner de cette cohue, laissant donc arriver le moment où Ophélie se retrouve enfin face à face avec cette dame étrange et très intrusive.

Comme un lapin restant au milieu des phares d'un 4x4 lancé à 100 à l'heure, Ophélie remonte ses lunettes regarde avec un air vaguement halluciné la déesse qui l'interroge et s'enquiers de son identité, laissant fortement entendre que d'une manière ou d'une autre elle la connaissait.

- Heu oui oui, c'est bien moi.

Il n'y a pas beaucoup de raisons qui peuvent expliquer pourquoi quelqu'un connaîtrait Ophélie. La jeune fille mène une vie tranquille et rangée. Elle est travailleuse, les professeurs l'aimaient bien. Elle était aimable quoique relativement invisible aux yeux de ses camarades. Avec un peu de mauvaise foi et en noircissant le trait, il est possible également que le
personnel encadrant de son orphelinat ne se soient rendu compte que plusieurs jours après de son absence. (C'est faux évidemment. Ils lui ont quand même une petite fête d'adieu avec un gâteau. Au milieu de tous les autres élèves qui quittaient le foyer en cette même fin d'année scolaire ...).

Du coups elle en vient à la conclusion fort logique.

- C'est à propos du Musée ... ?

Son emploi est à ses yeux la seule chose qui la démarque socialement. Plus ou moins.

▿ Date de naissance : 07/07/1995

La pomme tombe parfois loin du panier

La jeune fille n'avait vraiment pas l'air débrouillarde, mais gauche et malhabile, et même si elle savait parfaitement ce qu'elle voulait, ses demandes manquaient de conviction. Artemis ne pouvait s'empêcher de se demander si elle était née ainsi ou s'il y avait autre chose là-dessous. Une chose était sûre, elle ne voulait pas préjuger trop vite de la nature profonde de cette personne. Elle la laissa donc faire ses courses et attendit patiemment qu’elle eut rempli son sac avec ce qui lui était nécessaire. Elle semblait beaucoup aimer les légumes et Artemis se dit qu'elle plairait beaucoup à sa tante Déméter.

Une fois qu'elle se furent un peu éloignées et que la jeune fille lui confirma son identité, Artemis sut qu'elle pouvait entamer la discussion. Il était évident qu'elle avait affaire à la bonne personne. Elle se demandait vraiment d'où elle tirait son nom de famille et avait la conviction que ce n'était pas une autre version d'elle-même qui la lui avait donnée. Si elle avait été une fille d'Artemis, elle aurait été plus dégourdie et plus combative. Elle se serait imposée et elle n'aurait jamais hésité comme elle l'avait fait devant toute cette foule. Il était aussi possible qu’elle était une fille d'Artemis qui avait subi une malédiction. Si tel était le cas, ce ne serait pas une chose facile à gérer. Les malédictions pouvaient être difficile à contrecarrer. mais elle était à peu près sûre qu'il y avait autre chose dans toute cette histoire, quelque chose sur lequel elle n'avait pas encore mis le doigt.

Elle fronça les sourcils en l'entendant parler de musée et songea que ça avait peut-être un rapport avec son travail. Si cette fille bossait dans un musée, il serait sans-doute facile de la retrouver par la suite et de pouvoir connaître plus de détails sur elle. En attendant, elle allait faire en sorte que la jeune fille s'ouvre à elle et qu'elle lui fasse confiance. Du simple fait qu'elle portait son nom, elle se sentait une certaine responsabilité à son égard. c'était une réaction surprenante mais il était dans la nature de la déesse de prendre les gens sous son aile, pour peu qu'ils aient quelque chose qui attire son attention, plus spécifiquement les filles.

« Un musée ? Non, tout ceci n'a rien à voir avec un musée. Je m'appelle Artemis. »

Elle n'en dit pas plus immédiatement, laissant le temps à l'information de faire son chemin dans l'esprit de la jeune fille. Elle allait sans-doute comprendre ce qui avait attiré la responsable d’Artemis Security à cet endroit. Le rapport était plus qu'évident avec son nom de famille. Au vu de son comportement, elle n'était pas certaine qu’elle parviendrait à réagir par rapport à cette coïncidence, mais elle ne voulait pas partir dans un monologue immédiatement après une telle révélation qu’il lui fallait le temps de digérer. Elle attendit encore un instant avant de reprendre le fil de ces idées.

« D'où vous vient votre nom de famille ? »

▿ Date de naissance : 02/12/2004

Les sourcils d'Ophélie se haussent de surprise quand enfin la mystérieuse interlocutrice se présente et laisse entrevoir ses intentions. Rapidement, les petits rouages qui composent la mécanique de sa cervelle se mettent en place et elle semble comprendre.

- Oh ... je vois.

Artemis. Oui évidemment. Celle qui peuple l'imaginaire de beaucoup de gens d'autres Univers. Une férue d'histoire et de mythologie comme elle n'a pu qu'en entendre parler. Une moue plisse le bout du museau de la jeune fille et elle finit par relever ses lunettes.

- Ecoutez ... je descend bel et bien d'une entité supérieure qui s'appelle Artémis. Mais je crois que ... vous risquez d'être un peu déçue.

"Entité supérieure", c'est un terme qu'elle préfère utiliser plutôt que "dieu" qui a une connotation trop imparfaite aux oreilles de ses interlocuteurs.

- C'est l'esprit de famille de l'arche de laquelle je proviens. Tous les habitants qui peuplent l'île sont de son sang.

Elle hausse les épaules.

- Mais ce n'est pas la Artémis dont les gens ont l'habitude d'entendre parler. Celle de l'Olympe.

Elle jette un regard de biais à la femme qui s'est présentée à elle comme Artémis. Ce n'est qu'un prénom. Rien n'indique avec certitude que cette personne affirme être la divinité éponyme, bien que en Ville, aucune bizarrerie ne puisse être définitivement exclue.

- Elle est très grande, Rousse et passionnée d'astronomie. Elle est un peu garçonne, avec des cheveux très longs attachés à la sauvage et des vêtements masculins.

Difficile à imaginer cela en voyant Ophélie. D'ailleurs elle finit par grimacer et avouer.

- Je ne lui ressemble plus beaucoup aujourd'hui. J'ai beaucoup changé à cause d'un accident.

Elle ne va pas s'attarder sur tout ce qu'elle a perdu le jour où elle est restée coincée dans son miroir ... la liste serait trop longue. Et déprimante. Mieux vaut poursuivre.

- Elle ... est assez désintéressée par les affaires de ses descendants, je ne l'ai rencontrée qu'une fois le jour où j'ai remporté un concours de lecture.

Mues par un reflexe involontaire, les deux mains gantées d'Ophélie se frottent l'une à l'autre. Evoquer le pouvoir qu'elle a perdu lui provoque toujours des fourmillements dans le bout des doigts.

- Nous autres ses descendants partageons son lien avec les objets. Enfin ... partagions devrais-je dire. J'ai tout perdu le jour où la Lune-Rouge est arrivée.

Comme beaucoup de monde semble t'il ...

▿ Date de naissance : 07/07/1995

La pomme tombe parfois loin du panier

Quand la curiosité était la plus forte, Artemis ne faisait pas dans la demi-mesure et elle pouvait consacrer à quelqu'un énormément de temps simplement parce qu'elle estimait que cette personne faisait partie de celles qui méritaient une telle attention. C'était relativement le cas pour cette demoiselle puisque le fait qu'elle portait son nom comme nom de famille était une curiosité qui l’avait interpellée. Il ne suffit que de le mentionner pour que la jeune fille comprenne pour quelle raisons elle avait été sollicitée. Au moment où elle le comprit, l'attention de Artemis se fit plus grande que jamais.

Mais elle s'était trompée. Le nom de famille n'avait rien à voir avec elle ou avec l'Olympe. Un autre dieu se serait sans doute énervé et aurait exigé que l'insolente change de nom. Mais la Déesse des femmes et des enfants était d'une autre nature et avait plus tendance à se montrer protectrice avec les femmes, y-compris quand la situation était troublante pour elle.

« Moi », marmonna la déesse lorsque Ophélie mentionna la déesse de l'Olympe.

Mais elle n'attendit pas de réaction et continua d'écouter les confidences de la jeune femme qui parlait maintenant de son ancêtre, la Artemis qui lui avait donné son nom. Elle haussa un sourcil de surprise quand la jeune femme mentionna que son aïeule ne leur rendait pas souvent visite. Cela sous-entendait qu'elle le faisait quand-même et Artemis était curieuse de cela. Si elle était l'ancêtre de tout les gens qui habitaient dans l'île de cette jeune fille, elle devait être très vieille pour pouvoir ainsi visiter ses descendants. Ou alors, elle n'en avait peut-être pas beaucoup.

« Vous voulez dire que celle qui a donné naissance à l'entièreté des habitants de votre île est capable de vous rendre visite quand elle le souhaite. N'est-ce pas une ancêtre lointaine ? »

Elle était aussi intriguée par cet accident dont la jeune fille parlait et qui l’avait transformée. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander à quel point cette transformation avait influencé la façon de vivre de la jeune fille. Il était possible qu'elle soit très différente à l'époque qui précédait cet incident et elle était très curieuse de savoir quel genre de jeune fille elle était à l'époque. Elle se demandait surtout si elle ne pourrait pas l'aider d'une manière ou d'une autre à retrouver ce qu'elle avait perdu. Artemis était toujours prête à aider les femmes et les jeunes filles, dans la mesure de ses moyens.

« Que s'est-il passé pour que vous changiez à ce point ? Peut-être serait-il possible de vous rendre ce que vous avez perdu. Aimiez vous bien la personne que vous étiez auparavant ? »

En tous les cas, même si elle n'était pas réellement une fille d'Artemis au sens où la déesse l'entendait, cette coïncidence de nom lui donnait envie de la considérer avec une certaine familiarité. Elle n'était pas certaine que la jeune fille en ait envie, mais si elle était d'accord pour qu'elles fassent plus amplement connaissance, elle pourrait éventuellement se targuer bientôt d'avoir une alliée de choix dans sa vie. Il était toujours intéressant de posséder la protection d'un dieu ou d'une déesse, même s'il n'était pas toujours facile de le mériter.

« Cette homonymie est assez curieuse, tout de même. Je ne peux m'empêcher de me demander d’où venait, à la base, le nom de votre ancêtre. Les histoires qui sont à la base des familles peuvent être passionnantes. Y avez-vous jamais songé ? »

▿ Date de naissance : 02/12/2004

- Ah oui je vois.

Répète t'elle lorsque la personne en face d'elle lui confirme son identité, l'air étonnamment peu surprise ou émue. Elle remonte ses lunettes pour observer d'un air pensif la femme qui se tient en face d'elle. C'est la première fois qu'elle se trouve face à une femme qui prétend être une divinité. Un phénomène qui pourtant n'a rien d'impossible au vu de tout ce qu'elle sait sur la Ville et sur les phénomènes qui la gouvernent.

Toute la situation fait maintenant sens et elle comprend à la fois pourquoi la divinité s'intéresse à elle et pourquoi la description qu'elle fait de son esprit de famille lui importe. Aussi elle répond de bon coeur, essayant d'être la plus rigoureuse possible dans ses propos.

- C'est en effet cela. Elle est là depuis des dizaines de générations et a donné naissance aux premiers Animistes, nos ancêtres. Elle vit au milieu de l'arche, dans son observatoire duquel elle sort très peu. Ce sont les anciennes qui dirigent les affaires courantes et donnent leurs consignes au reste de la population. Ce sont ... heuh ... les plus vieilles femmes d'Anima. Et les plus respectées. On vit dans une espèce de société matriarcale, vous voyez ... ?

L'implication de tout ce qu'elle raconte est évident : Tout le monde est cousin plus ou moins éloigné sur Anima. Ophélie précise du coups d'un ton détaché.

- Ah oui et du coups ... les habitants d'Anima se marient généralement entre eux, par tradition. Il semblerait que biologiquement parlant, dans mon monde, l'endogamie n'ait pas de conséquences génétiques particulière.

De manière curieuse, il s'agit d'un tabou dans la majorité des mondes d'origine des habitants de la Ville. Ce qui est stupide vu que leurs textes mythologiques prétendent que tous les êtres humains descendent d'un même couple originel. Au moins, elle sait qu'en ayant affaire à une représentante du panthéon hellénistique, sont interlocutrice n'aura pas de préjugés à ce sujet.

- ... et puis le roux c'est joli.

Dit elle en guise de conclusion.

Les réactions d'Artemis au sujet de son changement sont acceuillies avec une exclamation et un geste des mains trahissant son impuissance.

- Ah ! Vous n'imaginez pas à quel point j'aimerais retrouver mon visage d'avant ! Je ne sais pas ce qui s'est passé quand je me suis retrouvée coincée dans ce fichu miroir et personne n'en a la moindre idée. C'est du "jamais vu" ont ils tous dit. J'en ai assez d'être pataude et incapable de voir le bout de mes doigts si je met pas mes lunettes. Ma vie a basculé ce jour là. Pas aussi gravement que le jour où la Lune Rouge est arrivée mais c'est pas loin. Vous imaginez, vous, être la seule à ne pas ressembler au reste de votre famille ?! En plus de tous les embêtements physiques que ca a causé !

Une fois n'est pas coutume. Chaque fois qu'elle repense de trop près à l'injustice que représentent les deux chamboulements de sa vie, Ophélie s'agace. Pas contre son interlocutrice, nooooon bien sûr. Mais contre le Destin. La malchance. La frustration de ne rien pouvoir faire pour remédier ni à un problème ni à l'autre fait bouillir une colère dormante en elle qui parfois, laisse fuiter des vapeurs. Il lui faut quelques instants pour se recomposer un visage et remettre ses grosses lunettes en place. Elle prend sur elle pour garder sa composition et ca se voit. Elle reprend avec une voix claire.

- Des nombreux univers dont j'ai étudié les textes, j'ai remarqué qu'il existait souvent des similarités de concepts dans les noms de lieux ou de personnages présents dans les mythes fondateurs. Les noms des esprits de famille portent souvent des noms de divinités retrouvées dans d'autres univers.

Elle commence à compter sur ses doigts gantés.

- Artémis, Odin, Janus, Vénus, Ouranos, Lucifer, Gaia, Horus , Olympe, Zeus, Ré, Morphée ... il y a des arches dont les esprits de famille portent aussi le nom de héros comme Pollux, Hélène, Midas, Perséphone. Je me dis que ca fait beaucoup de similarités pour que ca soit une simple coïncidence.

Elle hausse les épaules.

- J'imagine qu'il doit y avoir un lien, même lointain. La théorie de l'idéosphère partagée entre les différents univers est une des théorie auxquelles je souscris.

Quelques secondes de silence passent. Ophélie renifle et remonte un peu l'écharpe colorée en laine tricotée qui lui entoure le cou.

- Je suis historienne ... je m'intéresse à toutes ces choses. Du coups vous risquez de m'entendre en parler pendant des heures si vous me lancez là-dessus.

(Joyeux Noël, évidement ! )

▿ Date de naissance : 07/07/1995

La pomme tombe parfois loin du panier

Artemis ne pouvait qu’approuver le principe d’une société matriarcale. La plupart des hommes étaient des larves ou des brutes, et même parfois des brutes qui se changeaient en larves dès que quelqu’un lui résistait un tant soit peu. Il valait mieux confier le pouvoir aux femmes. Elles étaient capables de gérer les choses, la tête froide et de ne pas se laisser envenimer par les bassesses de l’envie d’argent ou de sexe. Elles avaient clairement un meilleur contrôle d’elles-mêmes. En tout cas, Artemis l’encourageait chez ses protégées et elle eut aussitôt une haute opinion de la famille de la jeune Ophélie.

« C’est excellent. Une société dirigée par les femmes est infiniment plus stable, croyez-m’en. »

Toute une population qui était issue d’une seule et même personne impliquait un brassage des gènes compliqués, de base. Dans la plupart des mondes, ce brassage des gènes empêchait la naissance de certaines maladies et de certaines tares, mais les règles n’étaient pas les mêmes dans tous les mondes. De plus, il fallait reconnaître que du point de vue d’Artemis, les relations consanguines étaient quelque chose de courant. Zeus avait couché avec plusieurs de ses sœurs, filles et nièces et il était marié à sa sœur. Artemis était une exception, il avait accepté son vœu et n’avait jamais cherché à la séduire.

« Ma famille, les dieux issus eux-mêmes des Titans, sont habitués des relations endogames. Mon père, notamment, a eu de nombreux amants et maîtresses dans notre propre famille. »

Elle n’approuvait pas une telle débauche, mais en ce qui concernait son père, il y avait toujours eu un accord tacite entre eux. Il n’empêchait pas sa fille de vivre sa vie comme elle l’entendait et elle en faisait autant à son égards. Le fait qu’il fasse partie des dieux les plus puissants faisait qu’elle devait composer avec cela. Mais cet accord lui avait permis d’avoir un père. Tous les dieux de l’Olympe nés de Zeus ne pouvaient en dire autant à son égard. Elle estimait avoir beaucoup de chance dans ce qu’elle avait réussi à construire avec lui. Elle toisa la jeune femme.

« Vous regrettez la couleur de vos cheveux », déduisit-elle, avant de lui demander plus complètement si elle regrettait le passé.

Elle ne fut pas déçue de sa réaction. Il était évident pour elle que la demoiselle aimerait retrouver qui elle était dans le passé. Artemis avait le pouvoir de transformer les gens, mais pas définitivement. Elle aurait pu figer Ophélie à l’âge qu’elle avait actuellement, éventuellement, mais lui rendre son apparence et ses facultés définitivement demanderait davantage qu’un pouvoir divin. Il fallait de la jugeote et il allait certainement falloir réfléchir et envisager d’étudier des protocoles en lien avec cette histoire de miroir. Elle se demandait de quoi il s’agissait, comme accident. Mais Ophélie ne lui avait pas donné de détail.

« Coincée dans un miroir ? Pourriez-vous m’expliquer ce que vous savez à ce sujet et ce dont vous vous souvenez ? »

Artemis aimait l’Histoire aussi, et elle était curieuse des corrélations qu’il pouvait y avoir entre les faits et les choses. Elle ne savait pas s’il y avait des ouvrages qui parlaient du pays d’origine d’Ophélie, mais elle savait que des objets des différents mondes avaient été ramenées et il y avait peut-être des livres. Elle serait d’avis de fouiller les bibliothèques afin de trouver des réponses à ces questions, et peut-être un moyen d’aider la jeune fille ou de lier sa famille et celle de la déesse. Dans tous les cas, cette personne l’intéressait immanquablement. C’était une personne à la fois curieuse et attachante.

« Je serais très curieuse de découvrir ce qu’il est possible de savoir en ce qui concerne votre passé. Croyez-vous que des ouvrages de votre monde puissent être trouvés dans les bibliothèques de la vie ? »

▿ Date de naissance : 02/12/2004

Pas particulièrement féministe et n'ayant pas d'opinion toute faite sur le rôle des genres dans la société, Ophélie se contente de hausser les épaules devant l'enthousiasme affiché par la déesse après la description de la société Animiste.

- J'imagine qu'on doit cette organisation à Artémis. Dans notre monde, chaque arche a son esprit familial et une manière de fonctionner unique.

Peut-être que c'est parce qu'elle n'a pas beaucoup d'expérience en la matière ou ne s'est jamais beaucoup interrogée sur le sujet. Elle a toujours vu son environnement familial fonctionner ainsi. Personne ne semblait malheureux, ni sa mère matrone tenant les rennes de la famille avec autorité, ni son père qui était un homme doux et effacé. Sa seule objection serait venue lorsque les doyennes auraient commencé à vouloir lui faire accepter de force un mari mais elle a malheureusement été arrachée d'Anima avant que le cas ne se présente. On lui aurait probablement présenté un cousin quelconque. Et vu qu'elle était perçue comme une empotée doublée d'une accidentée, les anciennes auraient sans doute essayé de la coller avec ce qui se fait de plus désespéré ou inadapté de la gent masculine Animiste. Un destin auquel elle n'aurait jamais accepté de se soumettre.

- Il n'est pas impossible que notre Artémis soit, d'une manière ou d'une autre, une version différente de vous même. De nombreuses variations de la Terre semblent exister ...

Ce qui, objectivement ne change pas grand chose. Le passé d'une version alternative de soi n'est pas le sien, il n'y a pas grand chose à dire ou faire de plus. La conséquence cocasse de tout ça est que c'est possiblement la seule et unique fois que la vierge chasseresse fera face à quelqu'un qui aura hérité d'une partie infime de son ADN. Le hasards du multivers créent parfois de drôles de coïncidences. Quelle tristesse et quelle ironie qu'il ait fallu que ca tombe sur un spécimen aussi déficient que Ophélie.

Naturellement, Artémis ne trouve rien à redire à l'endogamie que Ophélie décrit. La présentation généalogique de la déesse est naturellement bien connue d'une férue d'histoire comme elle.
Elle répond avec un sourire diplomate.

- Oui, votre histoire familiale est assez connue.

Elle ajoute avec un fin sourire et une très subtile ironie.

- Les gens ont écrit deux ou trois livres sur vous.

Elle s'imagine que c'est la contrepartie de la célébrité. Ophélie trouverait horrible que son nom et son histoire soit connue de tout le monde, partout où elle va. Elle n'apprecie rien tant que sa tranquilité et son anonymat.

Lorsque le sujet de l'accident est évoqué, elle ne peut nier regretter la couleur de ses cheveux.

- En effet. Mais en toutes franchise, je regrette bien davantage ma famille que mon ancien moi qui a été perdue il y a plus longtemps encore.

Pour une raison qui dépasse Ophélie, la description de l'incident du miroir semble éveiller la curiosité de la déesse. N'ayant aucune raison particulière de faire mystère sur son passé, Ophélie repond de manière la plus franche possible.

- Et bien ... j'étais jeune à l'époque. 12 ou 13 ans peut-être. Je dormais dans la chambre que je partageais avec mon plus jeune frère, Hector. Lui dormait au dessus du lit superposé et moi en dessous.

Dans une famille de 6 enfants, il fallait bien regrouper les enfants d'une manière ou d'une autre.

- Je me souviens m'être réveillée en plein milieu de la nuit et ... avoir eu la nette impression d'être observée. Et j'ai ressenti un appel provenant du miroir. Je ne saurais dire si les chuchotements étaient réels ou imaginaires. Je me suis levée ... je me suis approchée et ... je ne saurais même pas dire pourquoi tellement c'était inconscient, j'ai voulu traverser pour rejoindre ce qui m'appelait. Ce qui est stupide, parce que pour traverser un miroir, il faut parfaitement en visualiser la destination.

Elle hausse les épaules, avec la même incompréhension sur le visage que chacun de nous aurait en se rappelant de ses idioties de jeunesse.

- Je n'ai traversé le miroir qu'à moitié et me suis retrouvée coincée entre deux. A moitié dans ma chambre, à battre des pieds dans le vide et réveiller toute ma famille. Et à moitié ... ailleurs. C'était .. sombre. Un ailleurs qui était un nulle part. Et .. ca va vous paraitre étrange ou ridicule .. mais il y avait quelqu'un ou quelque chose avec moi dans ce non-lieu.

Il ne faut pas être fin psychologue pour comprendre que parler de tout cela lui coûte. Ophélie a le regard lointain, les yeux perdus dans le vide.

- Je ne me rappelle pas de tout. Mes térapeutes m'ont dit que ... ma mémoire avait du effacer des choses. Et en rajouter. Alors je ne suis sûre de rien.

Elle esquisse un geste d'impuissance avec ses mains gantées. Il faut dire que point de vue traumatismes, Ophélie avait été servie au cours de sa vie. Ceux qui ont essayé de soigner Ophélie à son arrivée en ville ont eu le plus grand mal à démêler le fil de tout ce qu'elle a vécu pour tenter d'y mettre de l'ordre. Entre la description de son monde étrange fait de bouts de monde suspendus au milieu d'un vide céleste, le récit de son accident du passé et l'anéantissement psychologique qui a suivi son arrivée en Ville, il y avait beaucoup à faire. Ses premiers soignants l'ont classée comme psychotique avant que des évènements viennent prouver l'existence du "surnaturel" en Ville et que du coups certains de récits deviennent plausibles aux yeux de ses soignants.

A son arrivée en Ville, à 14 ans, Ophélie avait déjà enduré plus que beaucoup dans une vie. Elle peut paraître empotée et étrange pour une jeune-femme de son âge mais vous pouvez être certains que son état actuel tient déjà du miracle médical.

L'intérêt d'Artémis sur le sujet ne peut visiblement se contenter de ce récit. Voilà que la déesse interroge la jeune femme sur l'existence de livres. Une fois encore les épaules d'Ophélie se haussent avec impuissance.

- Je semble hélas être la seule à provenir de mon univers. Je ne parviens pas à l'expliquer mais c'est ainsi. Des recherches bibliographiques, j'en ai fait beaucoup. Ca a poussé certains de mes soignants à imaginer qu'une partie des choses que je racontais étaient ... vous savez. Inventées.

Aussi dingue que ca puisse paraître, Ophélie a parfois douté de ses propres souvenirs. Même si quelque chose d'intime au fond d'elle la pousse à continuer de croire en la véracité de son passé, elle ne peut rationnellement écarter à 100% l'hypothèse d'une bizarrerie psychologique qui aurait poussé son cerveau à réécrire son histoire. Une hypothèse qui la terrifierai au plus profond d'elle même car dès lors elle aurait l'impression de ne simplement plus exister. Qui est on quand on ne sait ni d'où on vient ni quel est son passé ?

Ce sont des perspectives déprimantes mais Ophélie les chasse de son esprit d'une pichenette mentale. Elle ne s'est presque jamais laissée sombrer, ce n'est pas aujourd'hui que ca va commencer.

Elle est en face d'une Déesse, ce n'est certainement pas le moment de flancher. Une pensée en amenant une autre, elle demande avec le ton de quelqu'un qui a une idée précise derrière la tête.

- J'imagine qu'en tant que déesse, vous n'avez pas du tout votre mot à dire dans tout ce qui se passe en ville ... ? La Lune Rouge, notre exil à tous de nos foyers d'origine ... ?

Artémis ne pourra malheureusement que lui confirmer et Ophélie grimacera.

- Je vois. Dommage. Ca ne coûtait rien de demander.

▿ Date de naissance : 07/07/1995

La pomme tombe parfois loin du panier

Dans un sens, Artemis aurait pu trouver intéressant que l'ancêtre de Ophélie ait un point commun avec elle. Après tout, c'était impressionnant de se dire que toute une population avait été basée sur vous-même. Mais d'un autre côté, elle aurait été déçue qu'une version d'elle-même ait trahi son serment de chasteté telle qu'elle l'avait prononcée à sa naissance. Elle ne savait pas tellement quel parti prendre mais pour autant, elle ne pouvait s'empêcher de considérer avec chaleur la jeune fille qui portait son nom. Il pouvait tout simplement s'agir d'une personne qui aimait tellement ses valeurs qu'elle avait créé une société basée sur son nom.

« Je ne sais pas si nous le saurons un jour, mais quoi qu'il advienne, je suis contente d'avoir fait ta connaissance. Est-ce que tu accepterais de me parler de ton arche et des valeurs qui sont les siennes ? Je suis vraiment curieuse de mieux connaître ton histoire. »

Artemis avait pu constater en arrivant dans ce monde que bien des ouvrages traitaient de la famille des dieux telle qu'on la connaissait dans son monde. Elle n'était ni dérangée ni choquée. Elle était une déesse et il était normal que les humains parlent d'eux dans leurs ouvrages. L'orgueil des dieux faisait que tout ceux qui étaient ici le voyaient comme une chose normale et naturelle et, bien entendu, agréable. La reconnaissance et la vénération des humains avaient toujours été la norme et elle savait que son père entretenait cela, même si cela restait à moindre échelle dans cet univers.

« Il est important que ces choses existent. Les dieux ne peuvent exister que si l'on croit en eux. Notre énergie s'affaiblit à-partir du moment où ce n'est plus le cas. C'est ainsi que j'ai pris à Sélène le symbole de la lune et que mon frère a pris celui d'Hélios, le soleil. »

Helios et Sélène existaient encore, mais ils étaient méconnus et peu adorés. Cela était indifférent à Artemis. Si elle n'avait pas été la déesse de la lune, cela ne lui aurait pas manqué puisqu'elle avait bien d'autres atouts dans sa manche mais ce statut n'était pas non plus un poids pour elle. Le sort de Sélène l’indifférait. Ça pouvait sembler cruel, mais dans le monde des dieux, il était déjà fascinant que l'un d'eux s'intéresse au sort d'un autre Dieu. En ce qui concernait Artemis, il fallait bien que son jumeau soit en sécurité. Il avait tellement tendance à commettre des folies qu'il fallait bien le surveiller.

Si elle voulait pouvoir aider Ophélie de son mieux, elle devait comprendre comment la transfiguration s'était passée la première fois pour pouvoir l'inverser. Malgré ses immenses pouvoirs, elle savait que ce ne serait pas chose facile. Il serait évident pour elle de créer une illusion qui ressemblerait à son elle passée. Mais pour que ce soit réel, c’était une autre paire de manches. Artemis afficha une mine extrêmement concentrée en écoutant de ce qu'elle était en train de lui dire. Cette histoire était à la fois fascinante et terrible. C’était une expérience qui avait dû être un véritable traumatisme pour elle. Elle estimait pouvoir le confirmer, simplement par le fait qu’elle avait perdu une partie de sa mémoire. Ça pouvait être dû au traumatisme.

« Passer à moitié par un portail, avec un être qui se trouvait peut-être dans la même situation que toi, ou qui n'était qu'une demi-entité, ou qui avait le pouvoir de compléter une demi-entité par quelque chose, dans tous les cas, elle t’aurait mélangé à ce quelque chose, échangeant ton physique et certaines de tes aptitudes, mais te laissant une partie de tes souvenirs, ou bien tout est souvenir et il y a eu refoulement à cause du traumatisme. Voilà qui est vraiment très curieux. Et cela ne s'est jamais produit auparavant chez vous ? Est-ce que tu avais quelque chose de particulier pour que cela se produise ? Quelque chose que tes frères et tes sœurs n'avaient pas ? »

Quand il s'agissait d'une jeune fille, Artemis avait cette tendance à avoir envie de la protéger et de l'aider. Elle aurait aimé lui dire que tout était possible et que ce n'était qu'une question de temps, qu'elle avait du pouvoir, ce qui n'était pas un mensonge car elle en avait, mais probablement pas utilisable totalement selon sa volonté. Quand elle changeait un animal en cerfs, il en gardait les propriétés et les aptitudes, tout comme lorsqu'elle avait changé en fille, un jeune garçon qui les avait surprises et qui s'en était excusé. Elle lui avait fait l'honneur de se joindre aux chasseresses d'Artemis. Donc, ce n'était pas impossible en soi, mais elle savait qu'une volonté propre agissait ici qui pouvaient empêcher que certaines choses fonctionnent comme prévu.

« J'ai probablement plus de pouvoir que bien des êtres ici. Mais je ne peux les utiliser que selon le bon vouloir de cette ville. Par ailleurs, il est peut-être possible de changer l'apparence et les aptitudes comme je l'ai fait dans le passé dans mon propre monde, il est clair que je ne peux ni partir d'ici, ni faire partir quelqu'un, ni faire venir quelqu'un. C'est une impuissance lourde à porter pour une déesse. »

▿ Date de naissance : 02/12/2004

Ophélie cligne des yeux. Toute cette scène a quelque chose d'assez surréaliste, de discuter avec une déesse d'un monde impossible tout en portant des sacs remplis de poireaux et de carottes. Mais elle finit par hausse les épaules et répondre avec un simple sourire.

- D'accord, si vous voulez.

Qu'elle se fasse tutoyer par la déesse ne lui fait visiblement ni chaud ni froid. Elle est de toutes façons à un âge où elle sait ne pas encore être pleinement adulte, quoi qu'ait en dire la société. Elle ne s'offusque pas du paternalisme avec lequel des adultes peuvent la traiter voire des fois accepte la condescendance dont ils peuvent faire preuve. Elle a conscience de son âge et de son inexpérience dans bien des domaines ...

- Même si je ne sais pas trop par quoi commencer ...

Elle a l'impression d'avoir esquissé au moins les plus grandes lignes du décor de sa vie passée. Il faudra peut être que la déesse explicite certains des sujets qu'elle aimerait entendre développés ! Il est également possible qu'être dans le froid presque au milieu d'une circulation piétonne enfiévrée n'aide pas Ophélie à trouver l'inspiration sur le moment !

Elle écoute ainsi Artémis parler des prérogatives de la divinité, citant au passage des noms tels que Hélios et Sélène. Ce sont des noms qui lui évoquent vaguement des choses, mais pas au point d'être capable de resituer par coeur toutes les péripéties mythologiques auxquelles la déesse fait référence.

La curiosité toute scientifique d'Ophélie est piquée alors qu'elle demande avec un peu de naiveté.

- Et vous pensez que ces règles ont encore court ici ... ? Que si les gens cessent de vous connaître vous perdrez de votre pouvoir ?

Une question parmi tant d'autres, comme lorsque Artémis évoque plus tard sa frustration à l'idée de ne plus être "omnipotente". Ou du moins, ne pas avoir la capacité de dépasser les règles imposées par la ville. (Car au final, jamais les dieux des mythologies polythéistes ont été décrits comme omnipotents. Au contraire, ils avaient tous des faiblesses et des forces typiquement humains, rendant bien plus facile pour les fidèles de s'identifier à eux. L'aveu d'impuissance fait grimacer Ophélie qui, pour une rare fois, fait preuve d'un peu de pugnacité en affirmant.

- Dommage. On finira par comprendre et les faire tomber de leur piedestal.

De qui parle t'elle en disant "les" ? Ca tombe sous le sens : Des entités qui semblent présider leurs vies et se réjouir de les voir patauger dans les tracas qu'ils semblent prendre un malin plaisir à leur créer. Imaginer qu'il s'agisse d'entités puissantes et malveillantes est dix fois préférable à ses yeux que d'imaginer qu'il s'agisse d'un phénomène "naturel", ca permet au moins de pouvoir diriger sa colère et sa frustration contre quelqu'un. Même si, dans le cas d'Ophélie, il s'agit d'une colère froide qui couve sous la surface depuis des années et qu'on ne peut pas soupçonner en voyant la charmante jeune fille qu'elle est.

Quand en revanche Artémis évoque l'hypothèse d'une demi-entité coincée dans le miroir qui aurait "échangé" des propriétés avec elle, Ophélie parait troublée et a regarde fixement pendant un long moment.

- Eh bien ... ce que vous dites est ... étrangement proche de ce que je peux ressentir.

Ophélie n'avais jamais réussi à parfaitement mettre de noms sur ça mais ... oui il y a de la vérité dans la manière dont Artémis annonce les choses. Mobilisant ses souvenirs, elle répond aux interrogations posées par la déesse.

- Et bien oui, je possédais deux capacités rares chez moi. Celle de traverser les miroirs est très rare à Anima. Pas unique car des cas se sont présentés dans le passé, mais j'étais à ma connaissance la seule vivante capable de le faire. J'avais aussi la capacité de lire le passé des objets avec les mains.

Dit elle en levant ses deux mains gantées, même si en vérité ce geste est probablement assez peu compréhensible quand on ne connait pas le contexte d'utilisation de son pouvoir.

- J'ai conservé ces deux aptitudes suite à l'incident, même si il a fallu de la rééducation par la suite. Mais j'ai hérité du physique que vous voyez accompagné de la myopie et de l'ataxie. Enfin je veux dire, de la maladresse ...

@Artemis Olympus

▿ Date de naissance : 07/07/1995

La pomme tombe parfois loin du panier

Artemis entraîna Ophélie pour marcher en direction de chez elle, lui laissant donc insidieusement définir l'itinéraire, tout en discutant. Elle n'allait pas pouvoir rester là éternellement et puis, il faisait un peu froid. Artemis n'aimait pas cette sensation de froid, elle n'aimait pas ne pas pouvoir choisir de ne plus ressentir le froid. Elle n'aimait pas tout ce qui lui causait une quelconque faiblesse. C'était son côté divin et cette volonté de se montrer toujours supérieure qui était en cause. Elle avait beau être forte, elle avait beau se cacher, ça ne changeait rien sur ce domaine. Elle n'aimait pas cette sensation de fragilité, même si elle ne l'avouerait pas.

La jeune femme n'avait, de toute façon, pas besoin de le savoir. Elle écouta Artemis raconter l'histoire de Hélios et Selene que Artemis et Apollon avaient remplacés parce que ceux-ci n'avaient plus assez d'adoration pour maintenir leur puissance. Elle ne s'était jamais posé la question de la façon dont les choses allaient se passer dans ce monde-ci. Elle était arrivée en tant qu'humaine et n'avait donc personne pour croire en elle. Mais elle avait quand-même réussi à retrouver un minimum ses pouvoirs. Tout était donc bien mystérieux et elle ne savait pas ce qu'elle devait croire ni ce à quoi elle devait s'attendre.

« C'est difficile à dire. Nous n'étions pas des dieux de base, nous sommes tous arrivés logés à la même enseigne. Et la question est de savoir combien de personnes croient en moi ici, aujourd'hui. Moi même, je n'en sais rien. »

La jeune fille qui avait l'air si douce et quelque peu paisible au premier abord sembla soudain faire preuve d'une colère que Artemis n'aurait pas soupçonné chez elle. Elle semblait en avoir gros contre la personne qui avait orchestré tout cela, s'il se pouvait qu'il s'agisse d'une personne. Cette combativité qu'elle lui découvrait n'était pas pour lui déplaire et elle sourit, fière de l'énergie que la jeune fille produisait. Artemis ne ressentait pas de haine ou de rancœur à l'égard de cette personne. Elle ne voulait surtout pas lui donner la satisfaction de réussir à la toucher.

« Cet être n'est pas aussi fort qu'il y parait et c'est pourquoi il se cache. Il sait sûrement que, face à la force du nombre que nous représentons, le danger serait réel pour lui. »

Artemis avait essayé de réfléchir à ce que la jeune fille avait vécu pour tenter de donner une analyse qui n'était évidemment ni absolue ni obligatoirement vraie, mais qui se rapprocherait de la vérité autant que faire se pourrait. Elle fut contente que sa théorie évoque un sentiment de familiarité à la jeune fille. Cela pouvait vouloir dire qu'elle ne s'était pas trompée. Mais ça ne donnait pas une solution toute trouvée à son souci, et c'était la seule chose qui lui posait souci. Elle ne savait pas comment démêler le mélange et rendre son intégrité physique et moral à la jeune fille.

Il était évident que le miroir était la clef. Donc ce n'était pas étonnant qu'elle possède ce pouvoir et que peu de personnes l'ait, sinon d'autres accidents auraient été constatés. Et même si elle n'avait pas perdu ses pouvoirs, la transformation et la perte d'une certaine partie de ses capacités n'étaient pas des plus réjouissants. Cela ne devait pas lui faciliter les choses au quotidien. Elle remarquait d'ailleurs que son cabas ne contenait pas vraiment de produits destinés à l'assaisonnement, très peu de choses devant être découpées. Ce genre de choses ne sauraient être sans conséquences, évidemment. C'était comme une sorte de handicap.

« Vous avez encore la possibilités de travailler vos capacités ou est-ce quelque chose d'inéluctable ? »

▿ Date de naissance : 02/12/2004

Artemis impose une remise en mouvement et c'est bien spontanément que Ophélie suis le mouvement, sans un seul se demander pourquoi la Déesse prend les initiatives pour leur duo.

- Heuh ... selon vous le retour de vos pouvoir est corrélé avec la croyance des habitants de cette cité ... ?

La jeune fille affiche une moue sceptique. Elle ne doute pas un seul instant que presque tous les habitants qui viennent d'une culture occidentale d'une version de Terre Originelle connaissent le nom d'Artemis. Elle doute beaucoup en revanche que beaucoup pratiquent encore activement le culte de la chasseresse latino-grecque (En supposant que les deux versions de ces panthéons vénèrent la même divinité derrière, à ce stade là rien n'est certain.) Mais encore une fois, la certitude affichée par Artémis la dissuade d'essayer de lui faire part de ses doutes à ce sujet. Selon elle (et selon beaucoup de chercheurs), il semblerait les pouvoirs avaient une tendance à revenir d'eux même et une des hypothèses expliquant la différence de vitesse de réapparition observée entre les individus pourrait s'expliquer par "l'attention" portée la Lune Rouge sur l'individu avant qu'il retrouve ses pouvoirs.

Ophélie garde ses remarques pour elle donc. Et elle fait bien. Parce que écouter Artémis parler et proférer des paroles de défi envers l'entité qui se cache en ville et tremblerait à l'idée de se dévoiler a quelque chose d'enthousiasmant. L'oratrice divine a la force de volonté et le charisme pour marteler ses propos avec force, convaincant sans peine l'influençable Ophélie à ses côtés qui la regarde bouche bée. Non ce n'est pas une déesse impotente et réduite à l'impuissance qui se tient à ses côtés. Il s'agit de celle dont la sandale renversera le trône de ceux qui jouent avec eux tous et Ophélie se surprend à ressentir de l'espoir.

- Si quelqu'un arrivera à le débusquer, ce sera bien vous, Artémis !

Cette pensée et presque jubilatoire. Elle imagine Artémis flanquer une sacrée derouillée à un individu nécessairement vil et lâche à qui elle intimera de renvoyer tout le monde chez lui. Et ce sera la fin du calvaire.

Dans la continuation de ses questions à propos de son accident de miroir, Artémis interroge Ophélie sur l'inéluctabilité de sa condition. Tout en continuant de marcher, la jeune femme remonte ses lunettes et répond.

- Si j'en crois les témoignages que j'ai pu receuillir, il est probable que si une condition m'affectait AVANT l'intervention de la Lune Rouge, il est probable que celle ci soit conservée et ne guérisse pas spontanément.

C'est un fait, on ne peut rien contre les fait, il faut les accepter et dessiner des chemins qui tiennent compte de cela.

- La médecine moderne provenant des autres univers est incapable de m'aider en raison de la nature ... hum ... on va dire "magique" du phénomène, même si ce n'est pas un terme que j'aime utiliser. Je n'ai jamais eu l'occasion d'explorer des manières surnaturelles de me soigner.

Pas le temps. Pas l'occasion. Jusqu'à un passé très récent, la vie d'Ophélie était coincée entre un Lycée et un foyer pour jeunes sans familles. Sa marge de liberté et ses problématiques quotidiennes ne lui permettaient pas de prendre une part très active dans la résolution de ses problèmes.

- Mais il y a du positif.

Affirme t'elle, ne sombrant résolument pas dans la déprime.

- Mon lien avec les objets semble revenir. Mon écharpe et mes lunettes commencent à réagir à ma présence et mes mains sont capables de nouveau de lire le passé des objets qu'elles touchent.

C'est un rien plus complexe que ça en vérité mais la vérité s'encombrerait de détails tout à fait hors de propos actuellement. Elle agite ses mains gantées dont le cuir grince légèrement, comme si ce geste illustrait son propos.

- On peut donc raisonnablement espérer qu'un jour je retrouve la capacité de traverser des miroirs. Dans tous les cas et bien ... sachez que j'ai plus que jamais envie de comprendre la malédiction qui nous frappe tous.

Et d'éventuellement se venger des responsables si ils existent.

- Alors si d'une manière ou d'une autre je peux vous être utile, avec capacités ... je ne sais si elles peuvent être utiles à une déesse mais on ne sait jamais.

Elles avaient avancé, avancé, avancé. Et puis un moment Ophélie s'arrête, fronce les sourcils et regarde autour.

- Mince ... c'est pas du tout par là qu'est mon arrêt de bus ...

Elle s'est laissée entrainer par l'intensité de la conversation sans se rendre compte qu'elles avaient avancé tout droit ...

▿ Date de naissance : 07/07/1995

La pomme tombe parfois loin du panier

La vérité, c'était que Artemis n'avait pas la moindre idée d'une quelconque corrélation entre la croyance humaine et le pouvoir divin dans ce monde. Ses pouvoirs reflétaient ce qu'ils étaient au moment le plus fort où l'on avait cru en elle et leurs variance était négligeable. En plus, elle n'avait pas retrouvé tous ses pouvoirs d'un seul coup. Ils arrivaient au compte-goutte sans qu'il ne lui semble y avoir de logique. Non, définitivement, ce n'était pas rythmé par les habitants de ce monde, elle en était à peu près sûre. Elle ne savait simplement pas qui prenait la décision finale et cela lui déplaisait. Artemis n'aimait pas ne pas savoir. Les mystères qu'il y avait autour de tout cela la perturbait grandement.

« Non, chère enfant, c'est justement le contraire. Je pense pouvoir dire à peu près assurément que les croyances des habitants de ce monde n'ont rien à voir avec le développement des pouvoirs des dieux. Le choix appartient à quelqu'un d'autre et il est difficile de savoir sur quoi il s'appuie pour le faire. Mais c'est un pouvoir nominatif qui nous est rendu et sa puissance semble bien être celle que nous avions au plus fort de notre potentiel dans notre monde. »

Cependant, il y avait bien quelqu'un qui décidait ici et ce quelqu'un s'imposait à des dieux. Ce n'était pas très intelligent. Peut être que cet être avait plus de pouvoir que tous les habitants réunis pour se permettre de choisir et de sélectionner qui avait droit à quel don, mais elle demeurait convaincue qu'il n'avait pas intérêt à se retrouver face à elle ou à un autre membre de l'Olympe où il allait devoir rendre des comptes. Artemis était consciente qu'elle avait une énergie qui pouvait galvaniser les troupes. Et cela faisait partie de ses pouvoirs. Malgré tout, elle sourit en voyant la réaction de son interlocutrice à ce sujet. Elle était mignonne mais elle ne se rendait pas compte qu'elle n'avait pas un contrôle total sur ses émotions.

« Je vous remercie mais même si je suis consciente de mes capacités, je pense que c'est un travail qui nécessitera toute une équipe. Ce n'est pas pour rien que je m'adjoins la loyauté d'un grand nombre de femmes puissantes et fortes. Il est important de retenir que le combat et toujours plus facile à gagner lorsqu'on est pas seul à se battre. »

C’était la force des chasseresses d'Artemis et c'était aussi la force de sa société de sécurité. Les choses fonctionnaient ainsi, elle en avait une totale certitude. En attendant, cette demoiselle semblait avoir une analyse assez fonctionnelle des choses et assez logique aussi comme si elle avait étudié scientifiquement le champ des possibles de cette situation. Artemis l'écouta avec soin. Il était difficile d'établir des faits sur ce monde, mais le fait qu'il y ait des choses que l'on pouvait déterminer avait quelque chose de rassurant.

« C'est étrange. Nous sommes privés de nos facultés à notre arrivée ici. Les créatures qui ne sont pas humaines, quoi qu'elles puissent en avoir l'apparence, se changent en humain. Mais une condition telle que la vôtre n'est pas annulée. Et cela veut probablement dire que les sourds arrivent sourds et les aveugles arrivent aveugles. Ce n'est pas forcément une nouvelle très réjouissante, mais ça reste une information utile. »

Comme pour Artemis, les pouvoirs de Ophélie semblaient lui revenir au compte-goutte. Il n'était pas impossible que ses dons puissent servir un jour et comme elle l'avait dit, la force venait du nombre. Si tous les habitants de cet endroit utilisaient conjointement leurs capacités pour tenter d'obtenir des résultats et des réponses, il était tout à fait possible que des résultats différents puissent 'être mis en avant. Mais pour le moment, le peuple de cette ville était aussi uni que le panthéon des dieux grecs en pleine période de fête alcoolisée.

« Il ne fait aucun doute que vous êtes une personne à la fois utile et précieuse. Tout comme vous, mes dons reviennent petit à petit. Mais bien qu'on puisse le penser, même nous ne sommes pas omniscients. En conséquence, je ne sais pas du tout comment les choses vont évoluer concernant cette ville. »

Spontanément, Artemis était partie en direction de la voiture de sa société qui se trouvait un peu plus loin, mais dans le sens opposé de l'arrêt de bus de la demoiselle avec qui elle était en pleine discussion. Ce n'était pas un problème pour elle puisqu'elle pouvait tout à fait la ramener chez elle mais encore fallait-il que la jeune fille soit d'accord. En tout cas, il ne coûtait rien de lui proposer et elle pouvait tout à fait la raccompagner à pied à son arrêt de bus si la jeune fille ne voulait pas de son aide.

« J'ai ma voiture de société, je peux tout à fait vous ramener si cela vous convient. »

▿ Date de naissance : 02/12/2004

- Ah ...

C'est tout ce que Ophélie trouve à répondre après avoir eu la confirmation que finalement elles bel et bien "quelque part" a son plus total insu. Direction la voiture stationnée de la déesse donc. En quoi peuvent bien rouler les Dieux en Ville ? Ophélie n'y connait pas grand chose en mécanique et elle serait bien en peine de citer quels sont les modèles les plus luxueux ou performants, mais c'est indubitablement une voiture de sport puissante et tape à l'oeil qui se forme dans sa tête quand elle essaye d'y penser.

- Je veux bien oui alors. Merci.

Répond t'elle avec un sourire timide.

- Je ne peux pas conduire.

On devine bien pourquoi. Mais de toutes façons, même valide, l'orpheline n'aurait jamais eu les moyens ni de se payer ni un véhicule ni même le simple passage du permis de conduire. En attendant que Artémis les mène donc jusqu'à son véhicule roulant, Ophélie demeure pensive. La Déesse vient de faire beaucoup de révélations qui relancent chez la jeune fille sa machine à cogiter. Des cogitations qui dépassent de simples songeries à propos de son hypothétique guérison. Un sujet bien trop personnel alors que à ses côtés c'est un véritable appel à l'union sacrée qui est prononcée par la Déesse de la chasse.

C'est la première fois de la vie d'Ophélie qu'elle entends parler d'appels à la lutte contre la Ville aussi directs et surtout aussi crédibles. Comparée aux grognements mécontents d'une bande d'habitués du PMU du coin, la harangue de la déesse pèse un tout autre poids. Ophélie hoche sèchement la tête, convaincue et galvanisée. (Mais une galvanisation discrète, vous voyez. Intérieure. Ophélie n'est pas le genre à lever le poing de colère et se jeter sur l'ennemi avec la bave aux lèvres, vous l'avez bien compris).

- Je ... ne sais pas me battre. Mais ferai tout ce que je peux pour vous aider !

Quelle triste dissonance entre la solennité qu'elle ressent à ce moment et son allure de pauvre fille ordinaire entourée de ses paniers remplis d'oignons et de carottes. Elle se dit que ses mains pourraient peut être aider à des enquêtes en rapport avec des mystères de la Ville ... Et si par le plus grand des hasards il advenait qu'elle retrouve sa capacité à traverser les miroirs ... peu d'endroits en Ville lui deviendraient inaccessibles. Même si les portes que ca lui ouvriraient seraient très dangereuses, avoir l'assurance de servir une cause juste en aidant une personne véritablement capable de changer les choses lui donnera à coups sûr le pouvoir d'aller de l'avant.

▿ Date de naissance : 07/07/1995

La pomme tombe parfois loin du panier

Artemis était contente que Ophélie accepte qu'elle la raccompagne chez elle. Elle commençait à s'attacher à cette jeune fille qui portait son nom et même si elle ne savait pas le lien qu'il pouvait y avoir entre son Artemis et elle, elle avait une envie de la considérer comme un membre de sa famille. Si tel était le cas, elle était du genre à la protéger, ce qui ne serait sûrement pas du luxe d'après ce que lui disait la jeune fille au sujet d'elle-même depuis un moment. Elle lui apprit qu'elle ne savait pas conduire et évidemment, cela ne surprenait pas la déesse, puisque c'était en corrélation avec les difficultés de la jeune femme.

« C'est évident », dit-elle en se dirigeant vers sa voiture, d'un ton qui ne portait nullement à jugement. « Je pourrais peut-être mettre à ta disposition une voiture avec chauffeur. »

Elle avait dit ça très sérieusement d'un ton pensif, comme une éventualité qu’elle envisageait sérieusement. Après tout, sa société disposait d'un certain nombre de véhicules de fonction, des voitures simples et pratiques sur lesquelles se trouvait forgé le logo et le nom de l'entreprise. Artemis les utilisait également pour ses propres déplacements, ce qui lui permettait de faire un peu de publicité en circulant dans la ville. Non seulement elle en avait assez pour en offrir une à Ophélie, mais cela impliquerait également une agente. Soit elle offrirait cette protection comme une perte sèche à l'image de ce qu'elle faisait pour le collège et le lycée, soit elle trouvait un accord avec la ville pour protéger le musée dans lequel la jeune femme travaillait. L'un des cas serait évidemment plus une perte sèche, mais à laquelle elle pourrait être disposée pour la jeune femme.

« Monte, je t'en prie », l’invita-t-elle avant de prendre le volant et de démarrer la voiture.

Elle ne pouvait retenir un sourire en remarquant à quel point de son aura pouvait débanaliser Ophélie. La petite était incapable de se battre et il aurait fallu être fou ou criminel pour tenter de la pousser à le faire au risque qu'elle se blesse, et c'était un risque avéré. Pour autant, elle paraissait prête à déplacer des montagnes simplement pour que Artemis puisse arriver à ses fins. En l'entendant lui dire qu'elle était prête à faire tout ce qui serait en son pouvoir même si elle était incapable de se battre, la déesse se tourna vers elle avec son sourire sur des lèvres, non sans y adjoindre une parfaite maîtrise de sa conduite.

« Je n'ai aucun doute là-dessus et des dons comme les tiens sont précieux. Il va simplement falloir faire les choses avec une certaine stratégie. Quel dommage que Athéna ne soit pas parmi nous, elle aurait certainement pu nous aider d'une manière beaucoup plus grande que ce que je suis capable de faire à ce sujet. »

▿ Date de naissance : 02/12/2004

- Une voiture avec chauffeur ... ?

Balbutie Ophélie, tombant des nues face à cette proposition. "Mais ... je ne suis pas quelqu'un d'important !" se prépare t'elle à répondre. Mais après une seconde d'hésitation, elle tourne les choses de manières différente et répond d'un ton sérieux.

- Ca me parait être une dépense dispendieuse pour peu de choses ... sauf le jour où vous auriez besoin de mes mains pour une affaire urgente, évidement ...

La vérité c'est que non seulement Ophélie ne se croit pas suffisamment signifiante dans la vie pour quelqu'un d'autre qu'un chauffeur de bus passe du temps pour elle. Mais qu'en plus de ça, en dépit de son isolement social et de sa situation précaire, elle déteste résolument l'idée de dépendre de quelqu'un. L'idée avait été suggérée alors que les deux femmes arrivaient là où Artémis était garée. Si Ophélie avait été un tout petit peu sensible à la mécanique automobile, elle aurait remarqué que la voiture est d'une gamme et d'une motorisation très supérieure à la moyenne. Mais c'est à peine si elle s'en rend compte alors qu'elle s'installe à la place passager, ses tomates et ses carottes posées dans leurs sacs sur ses genoux.

- Je loge au Physical Kids Cottage.

Précise t'elle alors qu'elles se mettent en route. Elle n'est pas sûre que la déesse, en dépit de ses pouvoirs cosmiques phénoménaux, soit capable de le deviner. C'est un bar d'apparence miteuse aux alentours de Baker Street. Ophélie y loue un tout petit studio dans les étages. Ca ne paye pas de mine mais c'est un tremplin idéal pour qu'une jeune femme comme elle démarre dans la vie active.

Elle écoute Artémis réagir à sa proposition de mettre ses mains à disposition de son organisation, si besoin s'en fait sentir. Une grande responsabilité, mais dans un sens ce n'est que justice puisque ca pourrait être une des nombreuses version d'elle même qui lui aurait indirectement transmis ce don ... Elle regrette l'absence d'Athena et cette affirmation rend Ophélie pensive.

- Ma question va peut être vous paraître saugrenue, mais est-ce qu'il n'y a pas des divinités d'autres panthéons présentes en Ville ... ? Je ne suis pas sûre que les Ases soient très contents d'être enfermés ici non plus ...

Après tout, est-ce que Odin n'est pas décrit comme un des dieux les plus rusé et retors, dont le nom est invoqué par tous les dirigeants les plus fourbes et manipulateurs ... ? Si évidement il n'a pas été dépossédé de ses pouvoirs en arrivant ici ...

▿ Date de naissance : 07/07/1995

La pomme tombe parfois loin du panier

Quand elle conduisait, Artemis avaient toujours une expression très concentrée, parce qu'elle l'était évidemment. Ça n'empêchait pas de parler d'autre chose avec un passager, mais elle veillait à ce que jamais le moindre accident ne se produise à cause d'elle. Elle ne se rendait pas compte à quel point son visage en devenait impressionnant et peut-être même intimidant, mais c'était sans importance. Ceux qui la connaissaient et qui l’appréciaient n'auraient pas forcément peur d'elle. La jeune fille près d'elle sembla être particulièrement surprise par le fait que la déesse songe à lui faire une faveur qu'elle ne faisait principalement qu'un membre de la famille qui, en plus, devait l'avoir méritée.

« Tu es une Artemis », dit-elle simplement. « Mais je peux admettre qu'il n'est pas forcément agréable d'avoir quelqu'un qui vous suit tout le temps et à n'importe quel moment. Je pourrais te donner un numéro de téléphone que tu pourras contacter en cas de besoin, si tu as besoin qu'on vienne te chercher ou quelque chose de ce genre. Tu ne seras pas obligée de t'en servir évidemment mais tu en auras le droit et si tu ne le fais pas, promets-moi au moins de le faire dans le cas ou tu te retrouverais en péril. »

Elle tourna un instant la tête dans sa direction et le regard qu'elle avait dans les yeux n'était plus du tout menaçant. Il se contentait d'être préoccupé. Il était évident que son intérêt était sincère. Elle bifurqua vers Baker Street, en se demandant comment on pouvait laisser une jeune fille vivre dans un endroit aussi miteux. Elle se doutait que sa proposition suivante ne serait pas davantage acceptée que la précédente, mais elle se devait de penser à ce qui était le mieux pour la jeune fille qu'elle avait déjà en affection.

« Je ne trouve pas que ce soit un endroit très plaisant pour une jeune fille. T’y sens tu bien ? Sache que tu seras toujours la bienvenue à Artemis Security. Ce ne sont pas que des locaux. J'y ai plusieurs logements que je réserve principalement à mes employées. Mais pas exclusivement. Par exemple, il s'y trouve aussi une jeune fille qui est en danger et que j'ai décidé de protéger. Si un jour, tu as besoin de logement, sache que cet endroit est extrêmement décent et que tu y seras tout à fait à ton aise. »

Mais en attendant, rien ne changeait et elle la reconduirait à l'endroit que la jeune fille souhaiterait. Il n'y avait absolument aucune raison pour refuser de la ramener à l'endroit où elle vivait, même si elle savait très bien que le quartier n'était pas tout à fait sûr. Après tout, la jeune fille avait vécu jusque là sans l'intervention d'une déesse surprotectrice et Artemis n'était définitivement pas du genre à vouloir absolument gérer la sécurité des autres à leur place. Comme elle l'avait démontré avec les jeunes femmes qu'elle avait sauvées, elle préférait leur apprendre à se défendre plutôt que de les défendre éternellement.

Lorsque Ophélie lui parla d'autres dieux, qui n'appartiendraient pas au panthéon grec, la déesse faillit lui répondre que c'était possible mais qu'elle n'en avait pas connaissance. Mais alors qu'elle ouvrait la bouche, une pensée lui vint en tête qui la fit demeurer muette un court instant, avant qu'un sourire ne se dessine sur ses lèvres. Ce n'était pas tout à fait la vérité qu'elle n'en connaissait aucun, elle ne connaissait seulement pas tous ceux qui pouvaient se trouver là. Mais il en était un qu'elle avait rencontré au tout début de son séjour dans ce monde.

« En fait, il y a bien quelqu'un. Je ne pense pas avoir rencontré tout ceux ayant un passé divin et faisant partie de ce monde. Mais en dehors de mon père Zeus, j'ai rencontré une divinité assez étonnante. Il s'appelle Baphomet et nous sommes devenus amis. Je ne sais pas trop ce qu'il pense de sa situation de prisonnier de ces lieux, mais je suis à peu près convaincue qu'il en a pris son parti pour en trouver les meilleures opportunités. »

▿ Date de naissance : 02/12/2004

Deux sentiments entrent en collision dans le coeur de la jeune femme. D'un côté, Ophélie se plait à être une jeune femme forte et indépendante. Elle a grandi seule (ou presque) et entends bien continuer à mener sa vie seule. L'idée de se faire coller au train par les sbires d'une déesse possessive ne l'enchante donc pas particulièrement, surtout qu'elle est persuadée de ne pas avoir grand chose de particulièrement intéressant ... Mais d'un autre côté ... après une vie de solitude presque complète, est-ce que avoir un lien familial, même tout petit ou inventé avec quelqu'un ne serait pas une bénédiction pour elle ... ? D'une certaine façon, on pourrait percevoir Artémis comme une espèce de marraine. Une super marraine prête à déboiter la tête des malavisés qui (de façon improbables) pourraient s'en prendre à elle. Une marraine chez qui passer les fêtes de Noël plutôt que rester assise seule dans sa chambre à regarder un mur blanc ...

Toutes ces cogitations trottent dans la tête d'Ophélie alors que devant son regard absent, le paysage urbain défile.

Elle finit par répondre après quelques instants de silence, sur un ton à la fois respectueux mais décidé.

- Je vous promet d'utiliser ce numéro à bon escient et je vous suis vraiment très reconnaissante pour l'offre que vous me faites. Mais je vous confirme que ... j'ai la certitude de pouvoir avancer seule dans la vie.

Tournant la tête, elle esquisse un bref hochement de tête accompagné d'un sourire simple.

- Je vous promet également de rester en contact avec vous, si vous le souhaitez ... vous tenir au courant de mes éventuels progrès et de répondre à vos sollicitations quand vous en aurez.

S'il s'agit de mettre ses mains au service de la justice ou d'une cause plus grande qu'elle, pourquoi s'en priver ... ? C'est étrange que jamais Ophélie n'ait songé à les utiliser à cet usage jusque maintenant.

- Je vous remercie également pour l'offre généreuse que vous faites en proposant de me loger. Sans doutes vous me jugerez têtue mais ...

Elle se tait un instant, baissant le nez et cherchant visiblement ses mots.

- Je ... me sens ... grandie, depuis que j'ai quitté l'orphelinat dans lequel j'ai passé ces dernières années. C'est une sensation étrange et grisante de voler de ses propres ailes et je souhaite la ressentir encore pour un moment.

Même si ca implique de vivre au dessus d'un bar pas franchement reluisant dans un endroit tout petit. C'est un tout petit nid qu'elle s'est trouvé là, pour un tout petit oiseau. Mais elle n'y voit aucun barreau et se sent libre de voleter où bon lui semble à présent.

- Mais je vous promet une fois encore de considérer l'idée, si un jour le besoin se fait sentir.

Peut-être aussi, après qu'un peu de temps se soit écoulé et que les deux femmes aient appris à davantage se connaître. Après tout, les déesses Grecques ne sont elles pas connues pour leur caractère très capricieux et leurs humeurs changeantes ? Si aujourd'hui Artémis s'entiche d'Ophélie au point de lui ouvrir grand les bras pour l'accueillir, est-ce que ce sera encore vrai dans 6 mois ... ? Non vraiment, Ophélie estime faire le bon choix ainsi et s'en sent parfaitement satisfaite.

Et puis en parlant, les femmes évoquent par la suite des pistes sur les manières possibles d'affronter la Ville. Et sur les alliés potentiels sur lesquels ils pourraient compter. Artémis cite un nom inattendu et Ophélie tourne un regard surpris vers elle.

- Baphomet ... ? Un démon ... ?

Bien que passionnée d'histoire, la jeune femme ne possède pas non plus un savoir encyclopédique sur les sujets esothériques. Le nom lui évoque des images de rituels impies, de personnage à tête de bouc. Mais pas beaucoup davantage. Il faudra qu'elle fasse des recherches ...

- Heuh ...

Elle remonte machinalement ses lunettes, appuyant sur la monture de sa main gantée pour la relever.

- De ce que je crois me souvenir ... les démons n'ont pas très bonne réputation ...

Et c'est un euphémisme.

- Et celui là traine derrière lui une réputation plutôt sulfureuse.

▿ Date de naissance : 07/07/1995

La pomme tombe parfois loin du panier

Artemis avait toujours laissé les jeunes fille à qui elle proposait sa protection et sa bénédiction choisir de suivre son chemin ou de s'en détourner. Si elles choisissaient de refuser cette généreuse proposition, en dehors du fait qu’elles n'acquéraient pas les différents avantages que constituait la position de chasseresses, la déesse ne s'en offusquait pas spécialement. C'était un choix et ça devait le rester parce que c'était ce qui faisait la loyauté de ces filles. Bien entendu, ici, il n'y avait pas de chasseresse et les règles étaient un peu différentes mais, pour quelqu'un comme Ophélie, la situation pouvait paraître assez semblable.

« Il me semble que c'est une bonne façon d'utiliser cette option. Je trouve ça particulièrement honorable de vouloir se débrouiller toute seule et faire son chemin d'une manière qui n'implique pas de se reposer sur les autres. C'est une preuve de force intérieure que je respecte et que j'admire. Ce n'est donc pas moi qui t'encouragerai à te mettre sous l'exclusive protection de quelqu'un sans apprendre à t'en sortir de manière indépendante. Tu as du mérite. »

L'indépendance et la façon dont elle tenait à se débrouiller seule, y-compris sur le chapitre du logement ne pouvait que forcer l'admiration. Plus les choses avançaient, plus Artemis était persuadée que cette jeune fille méritait de porter son nom. Elle hocha la tête quand la jeune fille affirma avec diplomatie qu'elle garderait en tête cette option en cas d'ultime nécessité. Cela semblait être le meilleur choix pour avoir l'indépendance qu'elle souhaitait et la sécurité, malgré tout, dont elle pouvait avoir besoin dans l'avenir.

« Agis comme il te semble être le mieux pour toi-même, mon enfant. Cette opportunité ne te sera pas retirée. On ne sait jamais, il peut toujours être utile d'avoir un point de chute en cas de souci. »

Artemis devait bien reconnaître que Baphomet avait, dans son histoire, quelques mentions qui ne correspondaient pas forcément à sa façon de voir les choses. Cela dit, quand on était né au milieu des dieux de la Grèce Antique, une réputation sulfureuse, cela n'avait qu'un sens très surfait et la déesse devait bien admettre qu'elle avait cessé de se fier à cela seul pour déterminer la valeur d'un être divin. De toute façon, dans ce monde, il fallait voir les choses avec un point de vue nouveau car les règles n'étaient pas forcément les mêmes et avaient tendance à se compliquer quand on allait récupérer tous ces pouvoirs. Il fallait avoir des alliés.

« Ce n'est pas totalement faux. Cela dit, bien des membres de ma famille ont ce genre de réputation et dans ce monde où il est précieux d'avoir des alliés, ce sont dans les actes que je vois le plus en qui je peux avoir confiance. Et j'ai surpris cet individu à vouloir aider des jeunes femmes qui étaient contraintes de vendre leur corps. C'est grâce à lui si j'ai décidé d'aller chercher ces femmes pour leur offrir une formation afin qu'elle devienne agente de sécurité et qu'elle ne soit plus obligée d'en arriver là. Mes plus loyales employées sont arrivées auprès de moi grâce à cet homme. J 'en déduis donc que les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être, surtout ici. »

**Contenu sponsorisé**