Our children, our battle ! ft. Amy [TERMINE]

Amy avançait doucement dans les rayons du supermarché, à la recherche de ce qui l'intéressait. Elle n'était pas ici pour faire des courses, mais pour terminer les derniers achats pour le bébé. La chambre avait été préparé au fil des mois, ajoutant peu à peu les meubles puis les vêtements, la décoration puis les peluches. Tout ce qui pouvait rendre la petite chambre du bébé plus agréable. A quinze jours, environ, de l'accouchement, il ne manquait plus rien. Ou presque. Quelques petites choses pour compléter ou améliorer la chambre. Le plus gros qu'il manquait ? La table à langer. Rory et Amy s'étaient déjà déplacés pour cet achat, mais n'avaient pas trouvé celle qu'ils voulaient. Alors Amy avait décidé, quelques jours plus tard, de retourner au supermarché pour s'en charger. Elle n'avait pas prévenu Rory qui se serait inutilement inquiété de la voir porter quelque chose qu'il jugerait trop lourd. Puis, elle avait envie d'être tranquille. Le bébé pouvait arriver d'un moment à l'autre désormais, les mouvements d'Amy étaient plus que limités. Autant dire qu'il était vraiment temps de faire ces derniers achats.

Amy avait fini par trouver ce qu'elle cherchait. Le bon rayon et le bon meuble. Sauf qu'ils avaient décidé de mettre les cartons en hauteur, rendant plus difficile pour Amy d'attraper ce maudit carton qui pesait tout de même son poids. En temps normal, elle n'aurait eu aucun mal et se serait débrouillée toute seule en quelques minutes, mais elle devait se rendre à l'évidence : à un tel stade de sa grossesse, il devenait compliqué d'effectuer certaines choses seule. La future mère fut alors surprise par une voix qui lui demandait si elle avait besoin d'aide. Puis, avant même qu'elle ne puisse répondre, par une autre petite voix qui répétait à quel point Amy avait un ventre énorme. Le regard posé sur la petite, Amy ne pouvait s'empêcher de sourire. Elle ne pouvait pas en vouloir à une si petite enfant, il n'y avait rien de méchant dans ses paroles, juste la vérité. Amy avait effectivement un bien gros ventre désormais. « Je veux bien, je vous remercie. » déclara Amy, en se décalant d'un pas sur le côté pour laisser le champ libre. « Quelle idée de mettre ces cartons si haut. Il est impossible de les attraper. » ajouta-t-elle comme avec le besoin de justifier le fait qu'elle avait besoin d'aide. Il était tout à fait possible de les attraper, mais pas à quinze jours de l'accouchement avec un tel ventre, tout simplement.

Comme toujours Amy n'en avait fait qu'à sa tête. Plutôt que d'attendre le retour de Rory, elle avait voulu le faire toute seule, persuadée qu'elle le pouvait malgré l'accouchement tout proche. Sauf que bien sûr, le carton qu'elle devait attraper était bien trop haut puisqu'elle ne pouvait pas bouger autant qu'elle le voulait. Heureusement un homme était venu lui demander si elle avait besoin d'aide. Aide qu'elle n'aurait jamais demandé d'elle-même parce qu'elle était trop fière. Fierté ridicule dans ce genre de moment. Elle avait besoin de se montrer forte en toute circonstance, de montrer qu'elle n'avait besoin de rien ni personne. Sauf que là, elle devait se rendre à l'évidence, elle avait besoin d'aide et ça n'avait rien d'honteux. Malgré tout, elle ne put s'empêcher une petite réflexion sur la hauteur des cartons, comme pour justifier qu'elle avait eu besoin d'aide. « Vous avez raison, il est peut-être temps que je me repose. » ce n'était pas Rory face à elle alors elle pouvait bien l'avouer. « C'est surtout que j'ai voulu le faire toute seule pour lui prouver que je n'avais pas besoin d'aide même à un tel stade. » Une façon de lui montrer, en lui répondant, que non il n'était pas en train de se mêler de ce qui ne la regardait pas. Les questions ne la gênaient pas. « J'ai tendance à vouloir avoir raison, tout le temps. » ajouta-t-elle pour plaisanter, un sourire aux lèvres, même si ce n'était que la stricte vérité. Puis son attention fut attirée par la petite fille qui posait de nouveau des questions. « Elle ne m'embête pas. » précisa-t-elle au père, tout en baissant les yeux vers la petite fille. « Je suis certaine qu'il t'entend et qu'il est très content d'avoir quelqu'un qui s'intéresse à lui. » Nouveau sourire aux lèvres, elle releva les yeux vers le père. « Vous avez une petite fille adorable. Quel âge a-t-elle ? » Elle ignorait si ce genre de questions se posait ou si ce genre de compliments se faisait, mais elle avait vraiment l'air adorable : gentille et curieuse.

Amy avait eu de la chance de tomber sur quelqu'un comme lui. Si elle était persuadée de pouvoir se débrouiller toute seule, comme toujours, elle avait eu la preuve, cette fois-ci, que non ce n'était pas le cas. Pas à quelques semaines de l'accouchement, en tout cas. C'était l'un de ses nombreux défauts ça, être certaine de pouvoir tout faire toute seule, sans aide. L'homme avait raison, comme tout ceux qui lui avaient dit avant lui, elle devait désormais se reposer et penser à l'enfant qu'elle portait. Mais si elle restait autant occupée, elle pensait un peu moins en journée à toutes ses craintes qui la hantaient. Ce bébé était un bébé miracle. Un bébé qui n'aurait jamais dû arriver selon les médecins d'où elle venait. Pourtant il était là. Et elle ne voulait pas le perdre comme elle avait perdu son premier enfant, même si la première fois, on lui avait retiré. Alors ils avaient raison, il était peut-être temps qu'elle écoute et fasse attention. « Vous essayez de me faire peur pour la suite ? » Plaisanta la rousse. La grossesse n'était pas une partie de plaisir, même si elle avait bien de la chance et qu'elle en profitait. L'après serait certainement plus difficile encore, elle en avait, en réalité, parfaitement conscience, même si elle n'avait jamais vécu ça.

Puis la petite fille qui accompagnait l'homme se mit à poser des questions, questions auxquelles la rousse répondit avec le sourire. Elle semblait si sage et si curieuse à la fois. C'était adorable. Et bien plus agréable qu'un enfant qui hurlait en courant partout et en bousculant tout et tout le monde. « Trois ans et déjà si curieuse ! Tu as bien raison ! » lança-t-elle en s'adressant à la petite fille. Elle aussi, elle était curieuse. Trop parfois. Mais elle voyait ça comme une qualité et pas du tout comme un défaut. Grâce à ça, en partie, elle avait pu découvrir des mondes magnifiques. « A vrai dire, je ne sais pas... » Elle ignorait si ce petit était une fille ou un garçon. Elle n'avait pas voulu le savoir, persuadée qu'elle ne devait pas trop s'attacher au cas-où cet enfant aussi lui était enlevé. Mais ça, c'était au tout début. Elle n'avait pas pu faire autrement que de s'attacher à ce petit être qui grandissait en elle. « Je n'ai rien voulu savoir. » précisa-t-elle, ajoutant presqu'aussitôt pour répondre à sa question : « C'est tout nouveau pour moi alors oui, autant de hâte que de peur. J'espère que la joie l'emportera sur la peur une fois le bébé avec nous. » Se confia-t-elle. Elle ne pouvait pas vivre avec cette peur éternellement. En plus de celle que connaissait tous les jeunes parents, elle avait celle liée à son passé. Difficile de supporter le tout et de profiter de la grossesse dans ces conditions. « C'est votre seule enfant ? » Elle discutait et le questionnait comme s'il avait forcément le temps de le faire. C'était tout Amy, à ne pas penser à ce genre de détails. « Je vous embête sans doute, vous avez vos propres courses à faire et je vous ennuie avec mes questions. » Elle se sentait bête, tant de le retenir que de préciser tout ça, plutôt que de le remercier une fois encore et de le laisser vaquer à ses occupations, mais elle était comme ça.

Si Amy s'était imaginée faire ses courses rapidement et rentrer, elle s'attardait finalement pour discuter avec cet homme qui venait de l'aider. C'était plutôt agréable d'avoir une discussion avec quelqu'un qui ne connaissait rien de ses peurs ou de son passé. Depuis les quelques semaines où elle était chez elle pour finir tranquillement sa grossesse, elle ne voyait pas grand monde hormis Rory et Clara. Alors, c'était une sortie agréable.

L'homme plaisanta sur le fait que la grossesse était une étape difficile, mais que bien pire l'attendait après. Elle savait d'avance que ça n'allait pas être qu'une partie de plaisir, mais était-ce si affreux que certains voulaient bien le dire ? A la plaisanterie de l'homme, Amy se contenta de sourire, amusée. De toute façon, Amy ne pouvait pas vraiment répondre puisque la petite aussi souhaitait discuter. Elle posait des questions et s'intéressait, ce qui amusait Amy. Elle aimait voir une enfant aussi curieuse, surtout à son âge. Contrairement à ce que certains aimaient dire, la curiosité n'était pas toujours un défaut si elle était correctement utilisée. « Ça doit être amusant au quotidien d'avoir une petite curieuse à ses côtés ! » répliqua la rousse, souriant à la petite fille. Les nombreuses questions des enfants devaient être amusantes, parfois ne devaient pas avoir grand sens et d'autres fois il ne devait pas être simple de comprendre comment un enfant pouvait se poser de telles questions.

Au fil de la conversation, ils en étaient arriver à parler du sexe du futur bébé. Amy n'avait rien voulu savoir pour des raisons qui lui étaient personnelles. Elle s'était imaginée qu'en connaissant le sexe de l'enfant, elle se serait davantage attachée à cet être qu'on risquait de lui retirer comme dans ses cauchemars. Sauf qu'elle s'était trompée ! Même sans savoir, elle était attachée à cet enfant plus qu'à n'importe qui. Elle en était également arrivée à préciser qu'elle espérait bien que la joie l'emporterait sur la peur. Il n'imaginait certainement pas le genre de peur à laquelle elle avait à faire, mais une chose était certaine : elle ne pouvait pas vivre avec éternellement. « Il parait que la joie l'emporte sur tout dès que notre bébé est là... » souffla la rousse, reprenant aussitôt, « et vous avez raison, je suis certaine que tout ira bien. Il n'y a aucune raison pour que ça se passe mal. » elle essayait d'être convaincante alors qu'elle n'en pensait pourtant pas un mot. Elle avait terriblement peur. Plus que peur même, et elle craignant l'après naissance plus que tout, mais elle ne pouvait pas partager ça avec un inconnu.

Finalement la jeune femme se trouvait impolie de le retenir ainsi alors qu'il avait sans doute à faire. Plutôt que de le saluer et de partir, elle lui posa la question. C'était sans doute stupide, certains n'osant pas être franc dans ce genre moment. Sa réponse la fit sourire, il semblait sincère et semblait ne pas être dérangée par Amy qui accaparait son temps. « Pas vraiment non, j'ai l'impression de passer tout mon temps chez moi depuis quelques semaines alors ça m'arrange si les courses traînent un peu. On se rend ainsi service mutuellement ! » plaisante-t-elle. Ce n'était une période facile pour elle qui aimait bouger en permanence. Et si lui n'avait habituellement pas tellement le temps de prendre son temps, c'était parfait qu'il le prenne pour une fois. « Je m'appelle Amy. » se décida-t-elle à se présenter, enfin. Après tout, ils pouvaient bien échanger leurs prénoms s'ils discutaient un peu. « Je connais déjà Lou, il ne me manque plus que vous. » s'amusa-t-elle en lançant un regard à la petite fille.

Il n'était pas difficile en voyant le regard que cet homme portait sur son enfant de voir à quel point il l'aimait. Elle espérait être le même genre de mère. Mais seul le futur le lui dira. A la réflexion de l'homme sur son enfant, Amy se contenta de sourire. Elle ne connaissait pas cette enfant, mais elle ne pouvait que confirmer : avec cette petite, il ne semblait pas possible de s'ennuyer. Et dans le fond, tant mieux, non ?

La conversation se poursuivit sur le futur enfant d'Amy. Elle avait peur. Elle ne voulait pas entrer dans les détails, mais en plus des peurs habituelles des futurs parents, elle avait ses peurs propres, celles qui étaient ancrées au plus profond d'elle, blessures de son passé. Pourtant, elle ne pouvait pas en parler. Et c'était ça, le plus compliqué. « Je peux compter sur lui, ça j'en suis certaine. » conclut la future mère lorsque l'homme la rassura en disant qu'elle pouvait compter sur la présence de son mari. En effet, Amy avait toute confiance en Rory. Il ne l'abandonnerait pas. Ils étaient liés par un amour si puissant qui avait déjà surmonté bien des épreuves.

Amy craignait de déranger l'homme, mais il lui assura le contraire. Quant à elle, il s'agissait clairement d'un bon moment. Elle qui était sans cesse enfermée ces derniers temps, cela lui faisait beaucoup de bien de parler avec quelqu'un. Elle se sentait si bien, qu'elle avait fini par se présenter. Elle connaissait le prénom de la petite fille - ou surnom, puisque son père donna son véritable prénom, mais elle ne connaissait pas celui de l'homme. « Elle sait ce qu'elle veut et ce qu'elle aime, elle a parfaitement raison ! » rétorqua la rousse, un sourire amusé aux lèvres en voyant le père chatouiller la fille. « Enchantée, Sam. » ajouta-t-elle finalement. « Bien, je n'ai rien d'autre à prendre, mais je serai ravie de vous aider à mon tour en vous donnant mon avis. » après tout, cela prolongerait un peu sa sortie et cela lui ferait le plus grand bien. « Et encore merci. » après tout, il l'avait aidé à descendre ce meuble bien trop lourd, et il proposait maintenant de le charger dans la voiture de la jeune femme. Peu de gens faisait preuve d'autant de gentillesse. « Et Lou pourra peut-être m'aider à trouver la peluche idéale pour le bébé ? » elle trouvait amusant d'entendre l'avis de la petite sur ça, après tout, c'était plus de son domaine et même si ce bébé avait déjà bien plus de peluches qu'il n'en fallait, elle avait envie de craquer une fois encore. « Comment avez-vous vécu l'arrivée de Lou dans votre vie ? » demanda-t-elle sans même s'en rendre compte. Cette question lui brûlait les lèvres depuis plusieurs minutes déjà, curieuse d'avoir l'avis d'un autre parent sur les changements et la nouvelle vie, mais elle ne voulait pas la poser parce qu'on ne posait pas ce genre de questions à un inconnu. « Je suis désolée, c'était vraiment indiscret comme question ! » et si habituellement elle était bien curieuse, elle se trouvait gênée pour une fois.

Amy souriait de cette situation. La petite Lou semblait avoir un bon caractère, rien qu'à elle. Elle savait ce qu'elle voulait et, malgré son jeune âge, elle n'en démordait pas. « Tu sais, en réalité, je te comprends. Je m'appelle Amélia, mais tout le monde m'appelle Amy. » affirma-t-elle à la petite fille. Depuis si longtemps maintenant, Amélia avait laissé place à Amy. Elle ne se présentait plus que comme ça, alors elle comprenait la petite fille. « On se donne tous des surnoms, c'est normal. » affirma-t-elle au père cette fois-ci. Dès que c'était possible, on se sentait l'obligation de donner des surnoms à nos proches, par affection la plupart du temps.

Puisque l'homme l'avait aidé avec le carton bien trop grand et volumineux, Amy se proposa en retour pour donner son avis à la petite Lou. Bien sûr son père pouvait tout à fait refuser, mais elle trouvait cette petite fille amusante alors ça devait l'être tout autant de lui trouver de quoi s'habiller. A la réponse du père, Amy retint une nouvelle question bien trop personnelle à propos de la mère ou du deuxième parent de cette fille. Ça ne la regardait pas et elle ne voulait pas se montrer trop indiscrète. Un sourire aux lèvres, Amy proposa ensuite à la petite fille de choisir la peluche du futur bébé. L'idée semblait lui plaire et elle se mit en quête de la peluche parfaite aussitôt. Rien de mieux que l'avis d'une enfant à propos d'un jouet pour un autre enfant, si ? Finalement Amy qui s'amusait de la recherche de la petite fille se retourna vers le père pour lui poser une nouvelle question, indiscrète, toujours. Cela lui faisait du bien de parler avec un autre parent. Dans son entourage, peu de gens avait des enfants si jeunes alors il était parfois compliqué d'en discuter ou de trouver des réponses à ses questions, à ses craintes. « Les enfants nous aident à tenir le coup, ils nous donnent un but, l'envie de nous battre... Je suppose. » C'était en tout cas ce qu'elle avait ressenti lorsqu'on lui avait enlevé sa fille. Elle avait eu envie de se battre, elle avait voulu la retrouver à tout prix. Les enfants avaient le pouvoir extraordinaire de changer à jamais la vie de leurs parents. Alors elle supposait qu'il voulait dire ça, ou quelque chose du genre lorsqu'il assurait qu'elle lui avait, quelque part, sauvé la vie. « Vous avez de la chance de l'avoir et elle a de la chance de vous avoir. » Il suffisait de les voir pour le comprendre, le savoir. « Vous êtes seul pour l'élever ? » se permit-elle finalement de demander tant cela semblait évident désormais, même si elle s'était interdit cette question quelques minutes plus tôt.

Comme elle le lui avait demandé, la petite fille s'était mise en quête du doudou parfait pour le futur bébé d'Amy. Elle aimait l'idée de confier cette tâche à cette petite fille qui semblait d'ailleurs prendre son rôle très au sérieux, ce qui amusait beaucoup la future mère. « A son âge, rien de plus normal. » supposa Amy en souriant. Les enfants de cet âge aimaient généralement discuter pendant des heures sur tout et rien, attirer l'attention, être le centre de l'attention... Puis ça ne la dérangeait pas. Elle trouvait cette enfant attachante et adorable, avec son petit caractère déjà bien présent.

Amy, par la suite, précisa la chance qu'ils avaient d'être là l'un pour l'autre. Puis osa lui poser la question : était-il seul pour l'élever ? L'homme avoua alors quelque chose qui fit baisser les yeux d'Amy. Ils partageaient donc la même peine. Ils avaient tous les deux perdus un enfant. De façons différentes, évidemment. Lui semblait avoir perdu un enfant qui n'avait pas eu la chance de naître, elle, elle avait perdu un enfant à peine né et ce n'était pas la mort qui l'avait emporté. C'était une histoire bien compliquée, mais dans les deux cas, le résultat était le même : la peine que cela faisait naître en eux, l'incompréhension, le désespoir, le sentiment d'absence... Il était difficile de s'en remettre. D'un mouvement de tête il précisa alors qu'il était bien seul pour l'élever et s'excusa de ce qu'il venait de dire. « Vous n'avez pas à vous excuser. On ne se connaît pas, mais sachez que si vous voulez en parler, c'est parfois plus simple avec des inconnus, alors je vous écouterai. » Parce qu'avoir une oreille attentive, parfois celle d'une inconnue, pouvait réellement aider, soulager. Bien sûr, elle ne pouvait pas faire disparaître sa peine, mais peut-être simplement lui soulager la conscience.

La petite Lou revint finalement vers eux, de nombreuses peluches en main, avec une bonne explication, ce qui fit sourire Amy. Un doudou pour tous les moments de la journée, c'était un concept, mais un peu difficile à mettre en place. Décidément cette enfant était amusante. Son père lui rappela alors qu'un seul doudou était suffisant, mais finalement elle fit un tri pour en garder deux. Amy fit alors semblant de réfléchir un instant, avant de reprendre : « Non, mais Lou a raison. Deux doudous, c'est mieux qu'un. » Un sourire amusé, un clin d'oeil complice à la petite fille, la future mère attrapa les deux doudous. « Ils sont parfaits. Tu as fait un excellent choix. » glissa-t-elle à l'enfant. « Votre fille a d'excellents goûts ! Je suis certaine que ces doudous seront les préférés de mon bébé. » affirma-t-elle, voyant la joie dans le regard de la petite fille.

Cet homme semblait avoir une histoire plus que compliquée et Amy se retrouvait en lui, même sans vraiment le connaître. Il était parfois plus facile de discuter avec une inconnue alors Amy lui laissa ce choix, s'il le souhaitait. Elle ne le forçait pas, évidemment, mais il pouvait le faire. Il évoqua alors un passé compliqué et l'envie d'avancer. Amy savait parfaitement de quoi il parlait et de la difficulté à faire ça. Vouloir avancer était une chose, le faire en était une autre. C'était quelque chose de tellement difficile. Il était impossible d'oublier, alors continuer en se souvenant était parfois trop difficile.

Mais l'homme avait également raison pour autre chose. Avoir des enfants aidait à avancer parce que l'envie de le faire pour eux était plus forte que tout le reste. Elle confirma en jetant un oeil à son ventre si arrondi lorsque l'homme le désigna. Puis elle releva les yeux, un sourire qui voulait tout dire aux lèvres, un sourire qui exprimait à quel point elle comprenait ce qu'il voulait dire. « Pour eux, tout devient possible. » ajouta-t-elle dans un murmure tandis que la petite fille revint avec deux doudous. Le père tentait de lui expliquer qu'un seul suffisait, mais Amy défendit l'idée de la petite fille et affirma à son tour que deux doudous valaient mieux qu'un. La petite fille semblait bien fière d'elle et cela fit sourire la rousse, tout comme la réflexion de l'homme. Homme qui fit semblant de bouder, ce qui éveilla chez la petite fille l'envie de réconforter son père. Il eut donc droit à son propre doudou. C'était tellement adorable. « J'ai l'impression que les enfants savent faire bien des choses pour leurs parents. » C'était une sorte de don naturel chez eux, ils pouvaient les réconforter et les faire rire dans les pires moments. Sans doute grâce à l'amour inconditionnel qu'ils se portaient l'un à l'autre.

La petite fille semblait avoir gagné : pas d'achats de vêtements pour elle aujourd'hui. Et elle semblait plutôt fière de sa petite victoire, ce qui fit sourire Amy, qui lui partagea un clin d'oeil complice. « Tu es trop forte ! » Ajouta Amy en lui tendant la main pour qu'elle tape dedans, ignorant si elle comprendrait, mais peu importe. « Peut-être que nous nous recroiserons et que cette fois-ci, je pourrais vous aider et vous rendre le service que vous m'avez rendu. » Affirma la jeune femme, sourire aux lèvres, n'aimait pas être redevable. Il l'avait aidé, elle voulait l'aider. « Je vous remercie, une fois encore. » ajouta la rousse alors, sincère et heureuse de cette petite rencontre.