[Terminé] Préparation de la chambre + Rory & Amy

Enceinte de bientôt six mois, Amy voyait l'arrivée de ce bébé miracle se rapprocher peu à peu. Elle était heureuse, mais morte de peur. Les nuits étaient difficiles et agitées depuis des semaines déjà. Elle se reposait dès que possible, tout en continuant de mener la même vie qu'avant. Elle ne voulait pas inquiéter son mari et elle voulait qu'il vive cette arrivée aussi bien que possible. Elle voulait le voir heureux et non stressé par les angoisses d'Amy. Alors elle se taisait et faisait semblant de ne pas être fatiguée, que tout allait bien.

Si le bébé ne devait arriver que dans plusieurs mois, le couple avait décidé de commencer la chambre, juste au cas-où. Ils ne voulaient pas s'y prendre à la dernière minute et voulaient faire les choses progressivement pour être prêts à accueillir le bébé le jour où il se déciderait à pointer le bout de son nez. L'activité du jour était le montage du berceau. Rory avait voulu s'en occuper tout seul, alors Amy l'avait laissé faire. Mais lorsqu'elle était revenue dans la future chambre du bébé, elle avait trouvé Rory qui en était presque toujours au même point. « Certainement quelqu'un qui voulait rire en te voyant essayer. » s'amusa-t-elle en s'approchant de lui. Rory n'avait jamais été vraiment doué avec les travaux manuels. « Tu ne peux pas être doué pour tout... » souffla la jeune femme, en s'asseyant au sol à côté de son mari, malgré ce ventre qui commençait à la gêner parfois. « mais heureusement, je suis là, et je suis plus douée que toi... Alors donnez moi ça monsieur Pond. » dit-elle pour s'amuser, en lui tendant la main pour qu'il lui donne la notice du berceau. A deux, ils réussiraient bien à le monter ce berceau.

Peut-être qu'elle était la seule à le voir autant galérer, mais cette histoire, elle n'oublierait pas de la raconter pour se moquer un peu de son pauvre mari. « Justement, je pourrais la raconter à tous nos amis. » lui avoua-t-elle, l'air moqueur. Il n'y pouvait rien s'il n'était pas spécialement manuel. Tout le monde ne pouvait pas l'être, après tout. « D'autres talents ? Il faut que tu m'aides là, je ne t'en trouve aucun... » plaisanta-t-elle, encore. Elle aimait le taquiner et en profitait chaque jour. C'était un bon moyen de déstresser, de ne pas penser à tous les problèmes qui la hantaient.

La future mère, installée au sol près de son époux, tendit la main pour que ce dernier lui donne la notice. Elle n'allait peut-être pas être d'une grande aide, mais elle aimait faire semblant d'être indispensable. Puis, à deux, ils devraient être capable de le monter ce berceau. Ce n'était quand même pas si compliqué, si ? Amy baissa donc les yeux vers cette notice. Comme bien souvent, les explications semblaient plus compliquées encore que le montage lui-même, mais elle n'eut pas vraiment le temps de s'y attarder qu'elle eut le droit à une remarque de Rory. « Je peux encore m'asseoir par terre, mon ventre n'est pas encore si gros, et tu m'aideras à me relever, c'est tout.. » Ce n'était pas le plus agréable, c'était certain, mais pour l'instant, ça allait. En revanche, elle aurait sans doute besoin d'aide pour se relever, mais heureusement il était là pour l'aider. De toutes façons, elle aimait trop avoir le dernier mot, alors elle resterait assise là jusqu'à ce qu'elle décide du contraire. Et alors qu'elle baissait de nouveau les yeux vers la notice, Rory reprit la parole aussitôt. Elle hésita avant de relever les yeux parce qu'elle croyait avoir bien caché son jeu durant tous ces mois. Après une petite hésitation, elle releva finalement les yeux, essayant de sourire et de paraître naturelle. « On monte un berceau ou on parle de moi ? » préféra-t-elle ajouter sur le ton de la plaisanterie. « Je vais bien Rory, le bébé ne m'embête pas trop, je ne suis plus malade... juste un peu fatiguée, mais ça va. » Elle savait qu'il ne parlait pas de ça, mais elle se disait que ça pouvait passer comme réponse.

Lorsqu'il lui demanda si elle oserait vraiment faire ça, elle lui lança un regard clair : elle n'hésiterait pas une seule seconde. Cela n'avait rien de méchant, ce n'était qu'un jeu. « Peut-être, ou alors, j'ai toujours été comme ça et tu t'en rends seulement compte ? » s'amusa-t-elle, un sourire affiché sur les lèvres. Elle avait toujours été taquine, c'était certain. A ce point ? Elle n'en savait rien. Il était parfois difficile de noter les changements lorsqu'ils nous concernaient.

Amy vint finalement s'installer aux côtés de son époux, sur le sol. Évidemment, elle eut le droit à une réflexion sur le fait qu'elle pourrait avoir du mal à se relever. Elle aurait du mal, certainement, sauf qu'il était là et si besoin, il l'aiderait. « Je ne suis pas têtue Rory, je sais juste lorsque j'ai raison. » et elle le pensait. Elle était têtue, elle le savait, mais elle était également persuadée d'avoir raison. Elle lui avait donc assuré qu'il l'aiderait à se relever, ce à quoi il avait répondu par une plaisanterie qui lui valut un regard noir de la part d'Amy. « Je ne suis pas si lourde... Et puis, tu es fort, non ? » plaisanta-t-elle, accompagnant la fin de sa phrase par un rire pour se moquer gentiment de lui. Il plaisantait sur son poids ? Elle plaisantait aussi. Rien de plus simple.

Puis il se mit à parler d'Amy et de comment elle allait. Elle poussa un soupir, lui demandant s'ils montaient un berceau ou s'ils discutaient. Elle aurait aimé passé ce moment tranquillement, loin de ses craintes et de ses problèmes. Elle fit alors semblant de ne pas comprendre le sens réel de sa question parce que c'était plus simple ainsi. Elle soupira alors clairement cette fois-ci pour montrer son agacement. « Tu t'inquiètes toujours Rory, quoi que je fasse ! » souffla-t-elle. « Pourquoi tu ne veux pas croire que tout va bien ? Je me confie à toi... Si j'avais une chose à te dire, je le ferai... » C'était faux en partie. Il y avait bien quelque chose, tout n'allait pas bien et elle ne se confiait presque jamais. Elle n'y pouvait rien, c'était dans sa nature, elle ne voulait pas l'inquiéter. Ce n'était peut-être pas normal de se confier plus facilement à une autre personne que son époux, mais c'était Amy. Et elle savait que cela gênait Rory la plupart du temps, qui s'inquiétait à cause de son silence et peut-être qu'elle devait travailler sur ce point.

Un sourire aux lèvres, la rousse ne releva pas la réflexion de Rory. Rien n'était amplifié du tout chez elle, Rory délirait, évidemment. La suite, en revanche, elle ne pût s'empêcher de répondre. « J'accepte lorsque j'ai tort ! » rétorqua-t-elle donc ! Elle n'était pas le genre à dire qu'elle avait toujours raison. Enfin si, mais elle n'allait certainement pas l'avouer à Rory. Et il continuait à la chercher en évoquant le fait qu'elle était plus lourde qu'avant. Il s'enfonçait de plus en plus avec ses petites réflexions. Alors Amy lui jeta un long regard noir, avant de lui demander s'il n'était pas censé être fort. « Je te fais peur quand je te regarde comme ça ? Tu devrais tout le temps avoir peur de moi ! » rétorqua la rousse, ne pouvant s'empêcher de sourire. « Mon centurion, à moi. » lança-t-elle finalement, mettant fin aux hostilités d'elle-même, pour une fois.

Puis Rory reprit la parole pour questionner Amy. Elle voulut jouer l'innocente qui ne comprenait pas le fond de sa question et de sa pensée, mais ça ne fonctionnait pas vraiment. Elle ne voulait pas évoquer ses peurs et ses craintes avec Rory. Il était pourtant son époux et elle était censée pouvoir tout partager avec lui. Sauf qu'elle ne voulait pas le stresser ou l'inquiéter. Elle voulait qu'il puisse vivre cette grossesse sereinement. Inutile qu'ils soient deux à s’inquiéter et à vivre dans l'inquiétude, à mal dormir et à angoisser à chaque instant. Il ajouta alors quelque chose avant de venir l'enlacer. « Tu ne dois pas me connaître si bien alors. » ajouta-t-elle, en essayant de le dire sur le ton de la plaisanterie. « Je ne sais pas si c'est une chance, en réalité... » lança-t-elle, espérant détendre l'atmosphère en le taquinant de nouveau, comprenant qu'il faisait de même en riant. « Ce n'est pas que je ne veux rien te dire, c'est que je n'ai rien à dire. » précisa-t-elle en voulant le rassurer, même si c'était un mensonge. « Puis, on n'a pas le temps de discuter, faut monter ce berceau. Et vu comme tu sembles doué, on n'aura pas fini avant la nuit si je ne t'aide pas. » elle espérait changer définitivement de sujet de conversation en revenant à ce berceau.

« C'est que je n'ai pas souvent tort ! » affirma la rousse. Voilà pourquoi ça n'arrivait pas souvent, tout simplement. Il fallait tout lui apprendre. Comme le fait qu'il devrait avoir peur d'elle en permanence, et pas uniquement lorsqu'elle lui lançait ce regard. Lorsqu'il affirma qu'il y était habitué, Amy ne pût s'empêcher de sourire, amusée de la situation. Puis, mettant fin à la guerre elle-même pour une fois, elle le surnomma comme elle aimait tant le faire. « Tu ne l'aimes pas ? » il s'en plaignait rarement, mais peut-être que ça lui pesait au fond qu'on lui rappelle sans cesse cet événement de leur passé. Il était pourtant la preuve de leur amour, de son amour pour elle.

« Je préfère oui ! » plaisanta-t-elle, se mettant à rire, lorsqu'il lui demanda si elle préférait qu'il parte. Evidemment qu'elle préférait l'avoir auprès d'elle, même s'il était trop protecteur et parfois agaçant à s'inquiéter pour un rien. Mais il était comme ça, et elle l'aimait pour ça. Même si à cet instant, elle se sentait prise au piège avec les questions de son époux et elle n'aimait pas ça. Il sentait que quelque chose n'allait pas, et Amy ne lui dirait rien. C'était certain. Elle ne voulait pas partager ses craintes avec lui. La rousse ne voulait ni gâcher cette grossesse pour Rory, ni l'inquiéter davantage inutilement.  « Je pense qu'on a eu notre dose de pire, non ? C'est au tour du meilleur, maintenant. » précisa la future mère. Ils avaient eu leur dose entre le fait qu'ils n'avaient pas pu vivre la première grossesse d'Amy, que leur fille avait été enlevée, qu'ils avaient failli se séparer parce qu'Amy ne pouvait plus avoir d'enfant, après avoir perdu Rory de nombreuses fois... Le pire était derrière eux. Elle l'espérait du moins, puisqu'en réalité ses craintes tournaient bien autour de ça, de voir les choses se répéter encore et encore. Elle n'ajouta rien, même si elle aurait aimé ajouté qu'elle n'évitait rien du tout comme sujet. De toutes façons, ça aurait été un mensonge alors autant ne rien dire.

La jeune femme préféra relancer le sujet du berceau, précisant à quel point Rory n'était pas doué. Ça avait toujours été un fait. Heureusement qu'il y avait le père de ce dernier autrefois pour les aider. « Bébé Pond n'arrivera pas demain, j'ai tout le temps de monter ce berceau moi-même ! » plaisanta-t-elle à propos de bébé Pond plutôt que de bébé Williams. « Leur notice est très bien, tu ne la comprends juste pas. Laisse moi faire et dans une heure, c'est terminé ! » Un peu sûre d'elle, sans doute, mais elle aimait se montrer sûre d'elle, surtout face à Rory.

Il était vrai que personne ne devait comprendre le surnom que donnait Amy à Rory. Il était lié à leur monde, à leur histoire. Il était un symbole particulier pour eux, symbole de leur amour. Alors, dans le fond, Amy se fichait un peu que personne ne comprenne pourquoi. L'important, c'était qu'elle, elle savait pourquoi.

« Je suis pourtant celle qui décide ici ! » plaisanta la rousse lorsque son mari assura qu'il ne partirait pas, même si elle le voulait. Ça avait toujours été une plaisanterie entre eux, le fait qu'Amy semblait avoir un caractère si fort que Rory lui obéissait, alors que c'était totalement faux. Ils étaient deux égaux. Deux égaux qui aimaient se taquiner. Et surtout, Amy voulait en profiter pour changer de conversation. Elle ne voulait pas se confier. Elle ne voulait pas l'ennuyer. Malgré tout, ils en revenaient à évoquer le pire qu'ils avaient vécu, espérant qu'ils ne leur restent désormais que le meilleur. N'avaient-ils pas le droit, eux aussi, d'être heureux ? « C'est déjà ce qu'on fait, non ? » lança Amy, essayant de sourire tant bien que mal. Au fond, elle pensait plutôt un impossible d'oublier le passé, mais elle se retint pour ne pas relancer un nouveau débat.

A la place, elle préférait reprendre une phrase de Rory en plaisantant. Le nom du bébé. Ça aussi ça avait souvent été un sujet de plaisanterie pour eux. « J'ai honte de ce nom ! Bébé Williams est incapable de monter un meuble et est un trouillard ! Bébé Pond est courageux et fort ! » s'amusa-t-elle, n'en pensant pas un mot. Elle portait elle-même le nom de Williams, même si elle se présentait encore sous le nom de Pond et qu'elle signait ses articles ainsi. Elle aimait porter le nom de l'homme qu'elle aimait, mais elle n'oubliait pas qui elle était elle non plus. Selon elle, il n'y avait aucune raison de porter obligatoirement le nom de son mari, mais elle l'avait fait avec plaisir, sans oublier son identité pour autant. Quant au bébé, il pourrait très bien porter le nom de sa mère. Pourquoi pas après tout. Comme sa fille. Mais elle ne priverait pas Rory de ça, non plus. « Il portera nos deux noms et voilà. » lança-t-elle pour clore le débat. Puis elle reprit lui demandant de se bouger qu'elle finisse elle-même ce montage. Elle affirmait être capable de le faire en une heure, mais Rory ne semblait pas de cet avis. A la place, il préférait faire une pause. Ce qui fit soupirer la future mère. Pourquoi remettre ça à plus tard ? Rory se mit alors debout et attrapa Amy pour la porter. « Tout ce que tu vas réussir, c'est te blesser le dos. » s'amusa Amy, se moquant gentiment, comme toujours de son époux.

Rory et Amy s'amusaient et profitaient de ce moment un peu tranquille, tous les deux. Ils en profitaient surtout pour se taquiner et raconter n'importe quoi. Néanmoins, il y avait beaucoup de sérieux derrière ce qu'ils disaient. Comme souvent. L'un n'empêchait pas l'autre, après tout. Rory avait évoqué leur mariage pour le meilleur et pour le pire. Amy jugeait qu'ils avaient déjà eu le droit de nombreuses fois au pire et qu'il était temps qu'ils aient le droit, à leur tour, au meilleur. « J'espère que la chance continuera alors... » souffla Amy, tentant de garder le sourire malgré les nombreuses craintes qui l'habitaient quant à voir ce nouveau bonheur disparaître. Cette ville avait ce pouvoir étrange de changer bien des choses, parfois en bien, parfois en mal.

La conversation se poursuivit pour en arriver au nom du bébé. Amy, comme elle le faisait souvent, critiqua gentiment son époux en le traitant de trouillard. Une habitude entre eux. « Peut-être que j'avais envie d'épouser un trouillard pour me sentir encore plus forte ? » rétorqua-t-elle, sourire aux lèvres. Elle ne reprécisait pas qu'il était un trouillard, supposant que c'était déjà assez clair avec ce qu'elle venait de dire. Et plus sérieusement, elle reprit à propos du nom du bébé en affirmant qu'il porterait leurs deux noms. Après tout, Mélody portait bien le nom de sa mère, même si la situation était quelque peu différente. « Et en portant nos deux noms, il aura toujours une petite partie de nous deux avec lui. » il aurait bien plus que leurs noms, mais c'était quelque chose de visible, quelque chose qui les représentait aux yeux des autres.

Puis oubliant le berceau et préférant faire une pause, Rory vint la soulever pour montrer comme il était fort. Amy portait tout de même un bébé et elle n'était pas légère alors elle craignait qu'il ne se fasse mal au dos. Après sa petite réflexion et son rire, Amy lui donna une tape sur l'épaule. « tu es drôle ! » Puis il la reposa, lançant qu'il avait hâte que le bébé soit là. Elle aussi avait hâte, même si elle avait également très peur. Mais ça, elle ne lui dirait pas. Toujours pas. Il était hors de question qu'elle gâche l'ambiance de ce joli moment. « Pas autant que moi. » ajouta-t-elle en souriant, consciente qu'ils attendaient cet enfant autant l'un que l'autre.