Il s'agissait d'une journée intéressante qui s'ouvrait devant toi. A vrai dire, tu aimais particulièrement ces journées où des médecins venaient faire des conférences. C'était très intéressant et tu souhaitais par dessus tout, pouvoir enrichir tes connaissances. Ce que tu faisais ici. Le seul avantage de se retrouver projeter dans ce monde à vrai dire. Il y avait tant de choses qui te manquaient toujours. Mais cela, aujourd'hui tu n'allais pas y penser. C'était un dénommé Strange, qui menait la conférence. Sous son allure particulièrement distinguée, tu trouvais ce docteur très au fait de ses paroles. C'était passionnant, mais inexacte, à tes yeux. Tu n'avais pas fait plus d'étude que lui, mais tu avais vécu le terrain et tu avais des arguments.. Argument que tu voulais défendre par dessus tout.

Aussi têtue, qu'il pouvait l'être, tu ne lâchais le morceau. Bien au contraire. Une fois la conférence terminée, un petit buffet avait lieu. Tu t'étais fait remarquer et pour le coup tu n'étais pas regardante là dessus. Tu n'appréciais pas quand les médecins, des personnes que tu ne connaissais pas, pouvait avoir des informations qui étaient fausses. C'était assez prétentieux de ta part, tu en avais conscience mais était ce pour autant détestable, surement. Mais tu t'en fichais plutôt bien déterminée à faire ce qui te semblait le plus juste dire la vérité. Au milieu de toutes ses blouses blanches, tu cherchais le conférencier, quitte à avoir une petite discussion en privée avec lui, mais rien, au lieu de cela, tu voyais, le docteur Ghrian, un collègue que tu connaissais bien.

« Ghrian, je ne pensais pas te voir ici. » Une coupe de champagne à la main, tu ne savais si cela te ressemblait ou non, mais tu n'allais pas dire non pour une petite coupe de champagne, après tout ce n'était pas désagréable. « Qu'en as-tu pensée ? » Finissait-elle par lui demander, bien curieuse d'avoir un avis extérieur.

Parfois, un peu trop souvent ? Claire s’emportait lorsqu’il s’agissait de son métier ou de ce qu’elle qualifiait, ou non de juste. Ce fut également le cas, actuellement lorsqu’elle se montra un peu plus virulente que d’ordinaire. Elle n’avait pas sa langue dans sa poche, d’autant plus lorsqu’elle savait qu’elle avait raison. Elle n’allait pas se laisser marcher sur les pieds et puis quoi encore. Elle était désormais devant le buffet et elle devait bien faire un choix. Et les choix, ça elle n’appréciait pas plus que cela. Mais elle vit un confrère à elle et elle ne pouvait pas s’empêcher de parler de ce qu’elle avait entendu. Comme on le savait, elle n’avait clairement pas sa langue dans sa poche. Jamais.

« Madame Fraser. J’ai beaucoup aimé voir ton argumentaire. Au fond ce qu’il disait me paraissait assez faux aussi surtout pour les cas d’urgences…C’est… Difficilement applicable ce genre de méthode. » Elle fit un mouvement de la tête. « Que je suis heureuse de te l’entendre dire. »

Et assez fière également de ne pas avoir tord. Il reconnaissait lui aussi, que ce n’était pas applicable. Elle pouvait très bien passer des heures à parler de cela, mais elle se doutait bien qu’il n’avait pas du tout envie de l’entendre parler. Elle se contenta de regarder le buffet devant elle.

« Je pensais que tu allais fuir un endroit pareil ? Les mondanités ? » Elle aussi n’était pas du genre à apprécier ce type d’évènement même si elle devait admettre que parfois c’était bienfaiteur, quand ça rapportait une meilleure vitrine de ce qu’ils faisaient. Elle était surprise que ce soit le cas de son collègue, il n’était pas du genre à apprécier ce genre de chose. « A moins que tu cherches un moyen de manger gratuitement. » Elle fit un clin d’oeil en disant cela.

Elle a vécu avec un grand A plusieurs vie en si peu de temps. Claire essaye, s'accroche et s'efforce de surmonter les étapes de sa vie. Elle peut y arriver, elle a toujours affronter chaque épreuve une par une mais parfois, elle se demande encore pourquoi se bat-elle au final, si c'est pour se retrouver seule, au milieu de personnes qui ne peuvent la comprendre. Elle n'est pas à plaindre, sa vie continue telle qu'elle le désire mais pourtant, elle sent doucement cette sensation sans fin de ne pas être au bon endroit au bon moment, de ne pas être la bonne personne, dans la bonne époque. Ne souhaitant point rester dans un sarcasme sans fin elle se contente juste de subir la vie telle qu'elle l'entend. Elle la connait la vie, elle la vie, et elle va essayer de déverser le flot de sensation étrange ici et maintenant. Face aux grands de ce monde, n'est ce pas.

« Je ne pouvais pas fuir ma présentation, aussi courte devait elle être comme c’était surtout des résultats de tests cliniques mais passons. » Elle haussa les épaules, comme si elle savait parfaitement de quoi il parlait. « On ne peut pratiquement rien faire contre le devoir. »

Elle haussa de nouveau les épaules, ne pouvait que confirmer ce qu'il disait. Pour le coup, il partageait la même vision des choses et cela lui semblait tout à fait naturel après tout. Elle se pinça légèrement les lèvres, essayant de ne pas détester tout ce qu'elle voyait autour d'elle.

« ’est meilleur avec un petit goût de gratuit. Surtout qu’ils n’ont pas lésiné. » Elle soupira fortement. « Si seulement tout l'argent mis là-dedans pouvait servir à soigner les patients et donner de vrais moyens. »

Elle détestait ce monde là, celui d'où elle venait n'était pas mieux, mais elle ne supportait pas de voir autant d'argent dépenser dans des petits fours, alors qu'ils avaient besoin de bien plus de moyen. Elle soupira de plus belle, se rendant bien compte que Ratch était tout à fait d'accord avec elle.

« des que c’est possible je part cependant. Je n’aime pas l’air de la plupart de ces « grands » médecins qui pensent tout savoir sur tout. Une bande d’idiots qui n’ont pas l’expérience du terrain. » Elle bu une gorgée de son champagne trop cher et ajouta assez naturellement. « Entièrement d'accord, et si on s'éclipsait ailleurs pour boire un verre qu'on payera certes, mais dans un endroit bien mieux ? Il y a ce bar dans la rue voisine, ça te va ? » Finissait-elle par lui demander, après tout... C'était mieux que de faire semblant.