Lorsqu'il émergea enfin, Harry avait l'impression d'avoir été frappé violemment par une voiture. Sa tête tournée et il se sentait totalement groggy.  Tiens, étrange, ça ne ressemble en rien aux cauchemars habituels qu'il faisait. Pas de serpent, pas d'animaux étranges, pas de vieux sage, non juste lui dans une salle blanche et un pauvre mec tout aussi perdu que lui. Son regard se porta sur l'inscription qui se trouvait sur le mur : L'un vivra, l'autre mourra. Ah. Frottant sa barbe de quatre jours en se questionnant comment il a pu atterrir ici, surtout, s'il doit urgemment diminuer sa dose d'anxiolytique et d'autres choses qui finissent par-tique et -seur. En entendant son prénom, il porta son attention sur la personne qui se tenait avec lui dans la pièce. Harry se rendit compte qu'il avait oublié la présence du jeune homme. Il est aussi discret qu'un... rat.

L'inconnu lui parla, semblant le reconnaître, tandis que lui-même ne savait pas qui il était. Il n'avait pas le souvenir de ce visage, il grimaça un peu, il avait beau chercher, essayer de fouiller sa mémoire, mais rien. C'était vide, le néant à part des brouhaha en fond sur une image noir. À mesure que le jeune homme lui parlait, Harry se rendit compte qu'il avait en face de lui, un inconnu qui avait potentiellement participé à la mort de ses parents. Était-ce lui qui les avait tués ou avait-il participé ? Si c'était ça, alors il serait évident que par ses mots, il lui avait épargné une fois la vie. Pourquoi le tuerait-il maintenant si tel était le cas ?

Son regard se porta sur l'arme qui glissa jusqu'à lui dans un bruit plus que sinistre. Il ne se sentait pas plus que ça en danger en sa présence, bien au contraire, est-ce normal ? C'est peut-être qu'il a un peu pitié de lui, il le regarda d'un air circonspect avant de lui répondre doucement. « Je ne veux pas paraître discourtois, vous semblez me connaître, mais vous êtes qui ? » Les yeux du jeune homme lui semblaient familiers, pourtant il n'arrive pas à se souvenir où il les a déjà vus. Il se sentait assez mal à l'aise, la vengeance ne résout rien, elle n'apporte que malheur et désolation. Brise davantage d'existence. En quoi blesser ou tuer quelqu'un lui apportera un quelconque soulagement ? Surtout en sachant qu'il tâchera ses mains du sang d'une personne dont il a oublié l'existence... Non. Si ce jeune homme veut mourir, alors il n'a qu'à se tuer lui-même. Il ne lui facilitera pas la tâche. « Je ne pense pas que le fait de vous tuer va changer quoi que ce soit. Si je ne l'avais pas fait dans le passé, je ne le ferais certainement pas maintenant. En fait, je pense que je n'en serai pas capable. » Après plusieurs secondes d'hésitation, Harry fit glisser à son tour l'arme vers Peter en s'aidant de son pied. Il n'avait même pas envisagé qu'en faisant ça, sa propre vie pourrait éventuellement être en danger. Par ce qu'il ne lui était pas venu à l'esprit qu'il pourrait s'en servir contre lui. Si tel était le cas. Harry ne manquerait sans doute à personne... Alors quelle importance ?

Harry ne savait pas s'il avait toujours été un gentil garçon ou non, mais l'idée de vouloir ôter la vie de quelqu'un de manière délibérée ne lui a jamais traversé l'esprit. Harry toujours eu de la compassion pour les autres, comme là en ce moment précis, en le regardant prendre l'arme qu'il avait renvoyé quelques secondes plus tôt vers le blond. Il va lui tirer dessus ? Probablement pas, il le regarde prendre l'arme et il a eu une légère inquiétude croyant qu'il serait capable de le faire pendant quelques secondes. « Mais quelqu’un doit mourir. C’est écris. » Donc, si on vous dit de sauter en haut d'un immeuble, vous le ferez ? Pensa-t-il, bien que trop poli pour lui dire franchement à vive voix, il se contenta d’un haussement d’épaule. Harry balaya du regard la pièce blanche en quête d'un autre indice ou quelque chose qui pourrait donner une idée d'un plan pour sortir d'ici vivant, sans aucun deux ne meurent, de préférence. Par curiosité, il tâta un peu le mur à la recherche d'une porte secrète, il leva ses yeux verts sur le plafond en quête d'une trappe, en vain.  Il poussa un petit soupire. Cette pièce est définitivement vide, blanche et une inscription au mur qui leur rappelle à chaque instant leur terrible choix à faire. Un choix que Harry ne prendra pas. Il y a forcément quelqu'un, au bout d’un moment, qui va sortir en leur annonçant que tout ceci était une blague. Ils ne sont toute même pas venus ici par magie, n'est-ce-pas ?

Harry était bien embêté. Le fait de mourir ne le dérangea pas s'il n'avait pas eu quelqu'un qui comptait sur lui. Sa petite Maxine dont il s'était beaucoup attaché en prenant soin d'elle pendant quelques mois et dont un lien de père fille s’est tisé entre eux, voulant la protéger de tous les dangers qui existent. S'il en vient à mourir dans cette pièce, ses dernières pensées iraient vers elle. Le blond finit par dire qu'ils allaient mourir tous les deux. Que répondre à cela ? Au moins chacun épargnera un traumatisme en plus à l’autre. « C’est la meilleure option qu’on a, je le crains. » Souffla-t-il doucement en même temps qu'il s'assit en tailleur. Que faire ? Harry n'en a strictement aucune idée de la marche à suivre. Il ne se détacha pas le regard de ce jeune homme plongé dans des pensées sombres. Il était triste d’apprendre que le jeune homme avait tenté de se donner la mort, lui-même n'ait jamais essayé de passer à l'acte, ni même envisagé, peut-être qu'il la fait, mais qu'il ne s'en souvient pas ?

Le dénommé Peter parla ensuite qu'il a été ami avec son père et qu'ils fréquentaient dans quoi…? Poudlard ? Ce nom lui sembla familier sans pourtant y mettre le doigt dessus, ça, et ce vieux sage accro aux bonbons au citron qui accompagne parfois ses rêves. « Pourquoi c'était compliqué ? » Demanda-t-il, plus lié à passer le temps que d'une réelle envie de savoir. Au fond, veut-il vraiment le savoir ? Une part de lui voudrait savoir et y grappiller des indices d'un passé qu'il a oublié, mais son autre grande part de lui a peur de ce qu'il va pouvoir y apprendre. Dans tous les cas, ils vont tous les deux mourir, alors autant qu'ils se fassent un brin de causette pour tuer le temps. Et si cela peut permettre d'alléger un peu le cœur de Peter, alors il partira avec la satisfaction d'avoir fait quelque chose de bien dans ce monde.