Quelle différence franchement entre un verre et trois autres ? Aux yeux de Damon, pas grand-chose. Sa vie est suffisamment chaotique comme cela pour qu’il désire sincèrement arrêter l’alcool. C’est encore ce qui l’aide le plus à tenir. Néanmoins, il admet que au temps où il était un vampire, il tenait mieux l’alcool. Ou plutôt son état de vampire lui permettait de récupérer beaucoup plus vite. Maintenant, il doit constamment faire face à la gueule de bois et aux maux de tête qui durent pendant des heures. Un aspect qu’il n’envie pas du tout à la condition humaine. Pourtant, Damon n’hésiterait pas un seul instant à reprendre le remède si cela signifie être pour de bon avec Elena, si on le faisait revenir en arrière. En tant que vampire, il n’a pas eu la plus longue existence qui soit, surtout comparée aux originels, mais il a quand même bien vécu et surtout bien profité. Il s’est amusé, il a dévoré plus de jolies femmes qu’il ne s’en souvient et a fait la fête plus que de raisons. Donc non, il ne regrette rien. Si ce n’est bien sûr que son frère ait dû se sacrifier pour qu’il puisse obtenir le bonheur. Ce n’est pas dans l’ordre des choses que le plus jeune frère se sacrifie pour son aîné. D’ailleurs, Damon avait tenté de lui sauver la vie, mais Stefan a toujours été borné et déterminé à ce qu’il trouve la rédemption, même après toutes les horreurs qu’il a commises.

Néanmoins, Damon a beaucoup de mal à garder la tête haute depuis qu’il vit seul sur l’île et qu’Elena est introuvable. Ce n’est pas ce qui a été convenu. Il n’a pas renoncé à son immortalité pour se retrouver seul à vivre ses années en tant qu’humain. Comme vampire, c’est différent. Passer des décennies sans voir personne de familier, n’a aucune importante étant donné qu’on a l’immortalité. Aussi, il aurait aimé être plus fort, mais ce n’est pas le cas. Sa vie sans Elena n’a pas de sens. Il aurait aimé au moins revoir une tête familière dans ce monde, que ce soit le jeune Gilbert ou encore le quarterback. N’importe qui pratiquement. À la place, il est là à cuver son vin, enfin son whiskey pour être précis. Le barman ne cesse de lui lancer des regards douteux, mais Damon préfère les ignorer. C’est devenu son quotidien pratiquement. C’est pitoyable. Stefan aurait honte de le voir ainsi, alors qu’il est toujours le premier à lui dire de profiter de sa vie et d’être heureux.

Parfois, Damon songe que redevenir un vampire serait le mieux pour lui, tant qu’Elena n’est pas là. Il aurait de nouveau envie de s’amuser, au moins un peu parce qu’avoir l’éternité sans but, c’est autant déprimant à vrai dire.

Le jeune homme est assis dans ce bar depuis un bon moment lorsqu’un nouveau client fait son entrée. Il se dirige vers le bar et commande un verre. Dans un premier temps, Damon ne lui accorde aucun regard, mais il finit par être intrigué par lui, en se rendant compte que ce dernier ne bouge pas beaucoup. En le détaillant, Damon a immédiatement l’impression qu’il n’est pas humain. Bien sûr, il ne serait pas capable de déduire qu’il est un vampire, car son apparence physique ne ressemble pas à celle du vampire que Damon a toujours connu dans son monde. Aussi, il pense à une sorte de magicien ou même à une créature sortie d’un film d’horreur. Bref autrefois, il aurait été fasciné et prêt à le provoquer, rien que pour connaître l’espèce de créature qu’il est ainsi que connaître sa force. Aujourd’hui conscient de sa faiblesse en tant qu’humain, il se contentera de connaître de quelle espèce il est.

- Bonjour. Vous êtes nouveau dans le coin ? Je ne vous ai encore jamais vu ici. lui dit-il en levant son verre à sa santé.

Ce vampire, ignorant encore qu'il s'agit de Dracula en personne de son monde, lui rappelle à la fois Klaus, Katherine et un peu lui-même, il faut l'avouer. C'est assez étrange honnêtement et en même temps diablement intriguant. Depuis qu'il vit dans ce monde, Damon a déjà eu l'occasion bien sûr de rencontrer d'autres créatures surnaturelles - un miracle qu'il soit encore en vie d'ailleurs - mais ce vampire est de loin celui qui se démarque le plus. Il dégage à la fois une aura envoûtante et à la fois meurtrière. Il a beau ne plus être un vampire et être doté de ses super sens, Damon a suffisamment d'expérience dans la matière pour parvenir encore à les détecter. Et malgré lui, il ressent une petite pointe de jalousie. Il ne regrette pas d'avoir choisi d'être redevenu humain pour vivre avec une longue vie de mortel avec elle, mais il doit admettre tout de même que certains aspects de son ancienne vie lui manquent parfois. Pas la solitude, pas la soif de sang, pas cette part meurtrière qui sommeille en chaque vampire, mais bien tous les avantages que cela procure. 

- Je vous demande pardon ? Vous dites que vous êtes LE Dracula en personne, narré par ce Bram Stoker ? demande Damon incrédule.

Il le fixe durant quelques secondes, s'attendant à ce qu'il éclate de rire dans un deuxième temps, mais il n'en fait rien, se contentant de garder ce petit sourire fier et arrogant. Damon regarde ensuite le fond de son verre. Il serait peut-être temps qu'il arrête de boire maintenant. Puis, il se rappelle qu'ici, tout est possible. Il est vrai que dans son monde, Dracula n'existe pas et le tout premier vampire, enfin les tous premiers vampires sont la famille Mikaelson, qui n'ont absolument rien à voir avec l'histoire de Dracula. Le ténébreux n'aurait jamais pensé qu'il rencontrerait un jour le plus célèbre des vampires qui détient son propre roman. Manifestement, il n'est pas encore au bout de ses surprises. Mais bon très franchement après tout ce qu'il a vécu et connu, il ne devrait plus s'étonner. Et quelque part, c'est diablement fascinant de bavarder avec Dracula, même si ce dernier préfère manifestement qu'on l'appelle différemment. 

- Alucard ? C'est original ma foi. C'est Dracula à l'envers. Moi, c'est Damon Salvatore, ancien modeste vampire. dit-il sur le ton de la plaisanterie en lui tendant la main.

Finalement, il opte pour un nouveau verre. Puisque son nouvel ami pour la soirée ne semble pas vouloir lui arracher la tête, il a bien envie d'en savoir plus à son sujet. Et pour cela rien de tel qu'un bon bourbon.

Alucard lui dit ensuite ce qu'il a toujours pensé des lois humaines lorsqu'il était vampire, à savoir que les humains sont les premiers à ne pas respecter leurs propres lois. Aussi, il n'avait jamais rien respecté non plus autrefois. Mais l'entendre de la bouche du vampire originel de tous les temps est amusant et rassurant.

Donc en gros, il a devant lui le Dracula narré dans le romande Bram Stoker, mais ce n’est pas vraiment lui en fait. C’est très logique tout cela. Damon, cependant, se contente d’hausser les épaules. Il y a bien longtemps qu’il a arrêté de chercher à comprendre la moindre logique concernant ce monde. Et puis de toute façon, il vient lui-même d’un monde où ce Dracula n’existe pas. Alors, il n’est plus vraiment à ça près. Le monde regorge de vampires de tous horizons différents, ce qui aux yeux de Damon ne rend que plus intéressant. Qui plus est, ce qui l’intéresse davantage, c’est de noter les différences entre les vampires de son monde et le sien. Par exemple, est-ce qu’il existe aussi des loups-garous et des hybrides, mi vampire mi loups-garous ? Ou encore des sorcières ? Le monde de Damon est peuplé de créatures surnaturelles et lui-même a mis un siècle et demi avant d’en découvrir de nouvelles. Alors peu lui importe finalement s’il a devant lui la vraie version de Dracula ou une autre.

Manifestement, cela amuse beaucoup le nouveau compagnon de Damon de la soirée sa remarque concernant que le nom qu’il a choisi d’adopter est simplement Dracula à l’envers. Il est pratiquement certain qu’il se moque de lui, mais qu’importe. Damon n’est suffisamment idiot pour le provoquer. Il a la chance que ce dernier soit de bonne humeur et de bonne compagnie. Non parce que si parfois il possède le même caractère lunatique de Klaus, il est dans de beaux draps. Un coup on rit et le coup suivant on se retrouve avec la tête décapitée.

La question du vampire lui fait esquisser un petit sourire en coin. En voilà une question intéressante. Bien des gens qui l’ont connu répondrait que par modeste, il entend être un gentil vampire, car oui il a eu ses périodes de bons vampires. D’autres affirmeraient encore qu’il était inintéressant.

Et, il ne compte plus le nombre de fois où il a failli être tué justement par des vampires plus âgés que lui, y compris la famille originelle.

Alucard lui explique ensuite qu’il ne lit jamais, ce qui ne manque pas d’intriguer Damon. Allons bon quand on a l’éternité devant soit, lire doit forcément être un passe-temps, du moins durant une période non. À croire que non. Est-ce que cela signifie que le gaillard ne s’est jamais ennuyé durant sa longue existence ? Honnêtement, Damon a un peu de mal à y croire, car tous les vampires qu’il a connus, y compris lui, ont tous connu des années d’ennui.

- Je dois admettre que vous êtes un cas bien à part. Vous ne vous êtes jamais ennui, même pas un seul instant durant votre longue existence ? demande-t-il avant de sursauter un peu lorsqu’il se met à rire, dévoilant ses longues canines et effrayant d’autres clients.

Damon comprend, à ses paroles, qu’il aime tuer même si visiblement, il ne tue pas sans réfléchir. Il comprend cela car lorsqu’on est un vampire, c’est dans sa nature de tuer, de boire le sang jusqu’à la dernière goutte de sa victime et de s’en délecter.