Pour toi, l’arrivée sur cette île, il y a quatre ans, ressemble à une des plus belles choses qui te soit arrivé dans des multiples vies. Ici, pas de fin de monde à éviter, pas de planète à sauver, juste une vie d’humain bien tranquille. Finalement, tu aimes cette nouvelle vie, cette mortalité inéluctable qui te fait tout vivre pleinement et de profiter de chaque instant. Comme ce magnifique début de matinée. Une matinée comme tu aimes à les vivre chaque jour. Ton bonheur du matin tient à peu de chose. Un Earl Grey encore fumant, le journal du matin dans la main et du calme. Beaucoup de calme. Tu ignores ce que Missy qui te crie au loin, là aussi comme tous les matins, tu ne bougeras pas de la véranda avant au moins une heure appréciant ce moment bien à toi avant de partir au travail. Tu as bien fermé la porte de la véranda pour profiter du calme et de la vue sur le jardin, mais tu sais que ta furie ne te laissera pas tranquille et finiras par faire irruption dans ce havre de paix qui t’est cher et cela t’inquiéterait si elle ne le faisait pas. Tu ne comprends pas son envie constante d’être dans le mouvement comme elle ne comprend pas le bonheur que tu trouves dans ta vie bien routinière et cette différence fait votre force. Vous vous apportez l’un à l’autre et aussi cela qui vous a rapidement fait comprendre que vous ne pouviez pas vivre loin, l'un de l’autre.

Tu entends le bruit des pas de Missy qui se rapprochent sans que cela te fasse lever le nez de ton journal, tu ne peux pas ignorer la porte qui s’ouvre à la volée et tu lèves, enfin la tête de ton journal pour bougonner contre cette arrivée intempestive, mais si attendu, quand tu réalises que tu n’es plus dans la véranda mais au milieu d’une forêt et que face à toi se trouve une femme vêtue de violet et de rose qui éclate de rire sans pouvoir s’arrêter, en te regardant. Le doute n’est pas permis, tu reconnais bien là, la manière d’être de ta compagne. En baissant légèrement la tête pour comprendre pourquoi elle rit, tu n’en crois pas tes yeux, une longue barbe blanche descend jusqu’à tes genoux. Tu portes une drôle de robe bleue et des chaussures digne des temps médiévaux humains, dans les mêmes tons. À la place de ton journal, tu tiens en main une longue canne. Mais quelle est cette nouvelle épreuve ? Avez-vous encore changé de vie ? Devez-vous tous reprendre à zéro ou est-ce une blague de Missy. Tu lèves la tête outrée de te retrouver dans un tel accoutrement.

« Missy !!! C’est encore de tes idées folles ?»

Bougonnes-tu à Missy en lui montrant ton accoutrement. Franchement, tu n’es pas un grand amateur de mode, mais tu aimes être habillé avec un minimum d’élégance et ce qui tu portes actuellement n’est vraiment pas à ton goût. Tu ne comprends pas ce qui l’a fait autant rire et tu préférais qu’elle t’explique comment vous êtes arrivée là.

« Mais ce n’est pas possible d’être aussi puéril à ton âge. Cesse de rire et dis-moi ce qu’on fait là. »

Tu ne cesses de tourner avec elle quand elle t’inspecte de pied en cap. Tu la suis du regard pour essayer de comprendre avant de trébucher en te prenant les pieds dans les bas de ta « robe ».

« Nom d’un….. »

Tu n’arrives pas à finir ta phrase, entraîné dans une chute vers l’avant. Tu tentes, tant bien que mal de te rattraper au rebord de pierre du puits pour ne pas tomber découvrant dans le reflet de l’eau le haut chapeau au bout pointu qui orne ta tête.

« Mais où est ce qu’on est tombé ? »

Et tu ne dis pas cela à cause de la chute que tu viens d’éviter in extrémis. La phrase de ce petit oiseau t’intrigue.

« Merlin ? Qui ? moi ? Tu es sûr ? »

Tu connais bien ce nom, mais tu ne vois pas comment l’on pourrait associer ce magicien des légendes arthuriennes à celui que tu es en ce moment même. Il avait plus de prestance, selon les souvenirs qui te reste de tes lectures.

« Et elle alors qui est elle selon toi ? »

La, tu bloques. Si on parle bien du magicien Merlin, tu n’as jamais rien lu sur une femme habillée de rose et de violet qui le côtoierait et encore moins d’un petit oiseau qui parle. Cette histoire ne ressemble en rien aux récits épiques que tu aimes lire pour te détendre.

« Ah oui, ce petit oiseau a raison, tu es dangereuse. Une vraie furie, mais là n’est pas la question. La question est où nous sommes et pourquoi nous as-tu emmenées ici ?»

Demandes tu a Missy en pointant instinctivement ta canne vers elle. Car pour toi, il n’y a aucun doute, elle est à l’origine de ce chaos.

Oui, tu ronchonnes, tu râles et tu pestes, mais tu ne serais pas toi si tu prenais cela avec un grand sourire et un flegme tout britannique. C’est ta manière à toi d’exprimer ta surprise, ton incompréhension dans ce qui est en train de se passer. Tu as vécu nombre de situations incongrues et inimaginables dans tes nombreuses vies, certaines qui t’ont laissé des souvenirs impérissables, plus ou moins agréables, mais tu apprécies la vie que tu as depuis l’apparition de la lune rouge. Retrouver ton humanité avait été un cadeau pour toi, tout comme ta vie aux côtés de Missy, même si tu ne lui avais jamais avoué aussi clairement. Tu ne veux rien changé à ce que vous avez construit ensemble ces dernières années et ce qui est en train de passer semble vous oblige au contraire, et cela, ne te plaît pas, mais pas du tout. Tu pousses ton bâton quand Missy te le demande en réalisant que tu la menaces sans vraiment le vouloir. Sa manière de t’expliquer qu’elle n’est pour rien dans ce qui est train de vous arriver, tu tires un sourire.

« D’accord, d’accord. Tu n’y es pour rien ma furie de femme que j’aime même si ce genre de blague te ressemble bien. »

Rajoutes-tu en montrant ton accoutrement.

«Et il est vrai que j’aurais dû me douter que tu n’étais pas à l’origine de ta tenue vestimentaire. Un conte d’enfant ? Comme de ceux que tu lis aux enfants de l’orphelinat ? Où est-ce qu’on est encore tombé ? »

Souffles tu en râlant et en observant autour de toi, jusqu’à bloqué sur l’oiseau qui paille toujours malgré ce que Missy vient de lui dire.

« On écoute la Dame quand elle parle. Je n’ai aucune raison de l’affronter alors soit tu nous aide à quitter cet endroit, sois tu t’envoles ailleurs. »

S’il est la juste pour râler et ne pas vous aider autant qu’il parte. Tu te rapproches de Missy et viens lui prendre la main pour poser un baiser sur le dos de sa main pour la rassurer. Tu remarque de suite l’inquiétude dans son regard mais aussi sa détermination. Tu sais qu’elle est forte, mais comme toi, elle ne se sent pas de tout recommencer et de perdre une nouvelle fois ce que vous avez construit.

« Nous nous sommes sorti de situation bien plus compliquée. Nous allons retrouver notre vie et notre fils, je te le promets. »

Et tu ne fais jamais de promesse en l’air. Tu ne veux pas imaginer avoir à recommencer une nouvelle fois. Pour que ta vie soit parfaite, il te faut Missy, votre fils et un bon thé, or ici, tu n’as pas tout cela et cela suffit à te motiver pour trouver la sortie.

« Commençons par faire le point d’accord ? Nous sommes coincés dans un conte pour enfant avec un oiseau qui ne cesse de nous interpeller. Il semble me faire confiance, je peux l’attraper et le faire parler. Il sait peut-être des choses. Il ne cesse de parler de son épée. Elle a peut-être un rapport avec notre arrivée ici ? À moins que tu ne préfères que nous cherchions en premier lieu, une porte ou un vortex qui servirais de tunnel d’entrée et de sortie de cet endroit ? »

Tu lances des idées à la volée, la connaissant assez bien pour savoir que pendant que tu parles son cerveau ne cesse de chercher des solutions lui aussi et c’est cela qui fait la force de ta compagne.

Tu souris en gardant ta main dans la sienne. Tu sens qu’elle a repris le dessus et va se battre pour revenir à votre vie sur l’île. Tu es heureux du changement, c’est une femme battante dont tu as besoin. De cette femme qui a su prendre la tête de la Grande-Bretagne. Tu avais détesté qu’elle fasse son dictateur, et cela, vous avez valu de beaux affrontements, mais dans le cas actuel, tu as besoin de toute sa férocité et son envie de gagner pour vous sortir de ce conte de fées qui ne te fais pas du tout rêver. Tu souris en l’entendant énumérer nos rôles dans le conte de Merlin. Tu ne peux t’empêcher de rajouter en bougonnant.

« Sans surprise ! J’ai bien compris. »

Quand elle finit par le petit moineau qui est Arthur et cherche Excalibur. Tu ne veux pas la décevoir en restant stoïque face à son explication.

« Vraiment ? Cela te manquerait ? Tu sais que cela n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd et que je me ferais un plaisir de te le rappeler quand tu te plaindrais de mes petites habitudes. »

Tu retiens un sourire en parlant et ne te gêneras pas quand le moment sera venu de lui rappeler son aveu. Elle a beau râler sur tes petites manies, tes habitudes immuables, elle sait que tu as largement passé l’âge de changer.

« Non, je n’ai rien ressenti de ce genre. Je me souviens juste que je lisais mon journal et que je me suis retrouvé ici en un claquement de doigts. Mais il y a juste nos corps qui ont bougé. Ni nos vêtements, ni les accessoires que nous avions en main. C’est peut-être comme une quête non ? Et si c’est une idée de ce maire fantôme, crois-moi, il va en entendre parler si un jour, je le rencontre. Bien allons donc dans ce château, nous aurons peut-être des réponses à nos questions »

Tu entames la route vers le château, Missy à tes côtés et le petit oiseau sur le haut de ton chapeau.

« Jouez la méchante, tu sais faire non ? Fait moi confiance, les gardes nous laisseront passé. Je te ferais passer pour ma prisonnière. Et toi le moineau. Pas un mot, sinon je ne t’aide pas pour cette épée. »

Dès que vous arrivez en vue des gardes à l’entrée, tu attrapes le bras de Missy comme si tu l’as forcée à avancer.

« Oyez Oyez braves gens. Laissez-passer Merlin. Je vais dans mon……atelier pour m’occuper de cette prisonnière. »

Tu tentes d’être le plus naturel possible et observe le visage des gardes pour voir s’ils te croient ou non et à ta grande surprise, ils font monter la herse et vous ouvre le passage vers la cour du château.

« Et voilà. On va où maintenant ? L’atelier du magicien ou on cherche Excalibur ? »

Elle connaît mieux ce conte que toi. Tu peux te passer sur les légendes, mais il y a peut-être des différences que tu n’as pas connaissance.

Résultat du lancer de dès ici

Elle te tire un nouveau sourire en affirmant qu’il n’y a qu’elle qui est le droit de te tuer. D’autres aurait pris cela comme une menace, mais toi, tu le prends comme une preuve de son attachement. Cela te fait réaliser une nouvelle fois que vous n’êtes pas un couple classique. Vous avez votre manière bien à vous de communiquer, de montrer vos sentiments l’un envers l’autre, et cela, depuis de bien nombreuses années. Bien avant que ton ami ne prenne la forme de cette magnifique femme indomptable qui est à tes côtés.

«Je veux bien t’accorder ce point. Tant que tu ne fais que de te mêler de la politique  sans chercher à en prendre le pouvoir je serais heureux de te savoir en train de chercher ce qui se passe sur cette île. »

Car elle serait bien capable d’y arriver et tu ne pourrais pas la laisser faire sans réagir. Peut-être est-ce égoïste de ta part, mais tu as trouvé un bel équilibre de vie ici. Tu n’as aucune envie de perdre cette humanité qui t’a été offerte et ce calme dans ta vie. Tu aimes cette routine que tu as pu instaurer dans ta vie et qui fait tellement rager Missy même si au fond d’elle, elle a conscience que tu en as besoin et que cela te permet de vivre heureux comme jamais tu ne l’as été.

Tu attrapes son bras après lui avoir expliqué ton plan pour rentrer au château et jouer le jeu pour les gardiens de la porte. Tu râles quand elle t’écrase le pied.

«Calme-toi sorcière. Je pourrais te faire disparaître bien avant que tu ne lances ton sort. Et ne t’avises pas de chercher à fuir.»

Menaces tu en vain. Vos talents de comédiens font de l’effet. Les gardes vous laissent rentrer sans se poser plus de questions que cela. Vous traversez la cour du château en direction de ce qui semble être l’atelier de Merlin.

« Mais quelle horreur. Comment fait-il pour s’y retrouver dans un fatras pareil ? »

Tu ne relèves pas sa pique sur le rangement, trop occupé à chercher au milieu de tous ces livres, chaudron et ingrédients plus ou moins frais qui traînent partout. Tu finis par baisser les bras devant autant de désordre. Tu prends un instant de recul et te tournes vers le petit oiseau qui vous a suivi sans rien dire, pour une fois.

« Toi ! Le petit oiseau ! Puisque tu ne veux pas nous lâcher autant que tu nous aides. Tu connais cet endroit. Montres-nous ce qui pourrait nous aider selon toi et je pourrais envisager de t’aider en retour »

Il semble hésiter et comprend peut-être que tu ne vas pas céder sans avoir de réponse se décide a voleter dans la pièce et à venir se poser sur un des livres en le picorant avant d’aller se poser sur le rebord de la fenêtre par laquelle on voit au loin l’épée plantée dans un rocher. Tu récupères le livre, souffle dessus pour le nettoyer de la poussière qui le recouvre, créant ainsi un nuage qui te fait tousser et lit son titre à haute voix.

« Contes et légendes arthuriennes. Ce livre et l’épée sont peut-être les clefs qui vont nous ouvrir la porte de sortie de ce monde. Viens, on va le feuilleter. »

Tu es étonné de trouver ce genre de livre ici, mais tu n'es plus à un anachronisme près. Tu cherches une place de libre pour poser le livre et permettre à Missy de le feuilleter avec toi.

Tu crochètes son doigt comme vous le faisiez enfant et que vous vous faisiez une promesse. Un autre temps, un autre monde, mais un geste qui ne s’oublie pas malgré les régénérations passées et les divergences d’opinions que vous avez eu au fil du temps.

« Je te crois. »

Tu aurais pu douter de son envie de prendre à nouveau les pleins pouvoirs sur le pays, mais vous avez eu le temps d’en discuter au fil des années passaient sur l’île et elle semble apprécier sa vie ici tout comme toi. Elle ne pourra jamais s’empêcher de fouiner et de tenter t’interférer, mais plus pour prendre le pouvoir absolu, juste pour le plaisir du jeu.

« Assez discuté. Allons chercher une manière de quitter cet endroit. La maison et son calme me manque »

Tu l’attrapes par le bras comme prévu dans votre plan. Vous arrivez sans encombre dans le laboratoire de Merlin qui est juste envahi par… par tout et rien. Cet homme n’a pas la même conception du rangement que toi comme le fait remarquer ta compagne. Une chatte ne retrouverait pas ses chatons dans un endroit pareil, alors trouver comment sortir est mission impossible. Un livre sur les légendes arthuriennes attire ton attention, tu laisses Missy vous guider dans les couloirs sans fin de ce château à la recherche d’une sortie plus discrète. Plongé dans ta lecture en marchant, tu ne vois pas où vous allez. Tu avances quand elle te fait avancer, recules quand elle te tire vers l’arrière. Tu l’entends te parler de te rappeler ce moment si elle se décide à vouloir acheter un manoir. Tu relèves juste la tête de ton livre un instant pour répondre.

« Oh, je n’y manquerais pas. Crois-moi. »

Et tu te feras un plaisir de lui rappeler quand elle changera d’avis, car tu sais qu’elle le fera à un moment ou à un autre. Vos pas finissent par vous mener à l’air libre non loin d’un prémonitoire dans lequel est enfoncée une épée.

« Regarde ! Là-bas. Il y a l’épée. »

Montres-tu du doigt l’endroit à quelques mètres de vous après avoir levé les yeux du livre un sourire aux lèvres.

« J’ai peut-être quelque chose. Viens voir. Je ne suis pas un spécialiste des légendes arthuriennes, mais j’en connais les grandes lignes. Et ici…»

Tu soulignes du doigt un passage pour qu’elle puisse le lire par elle-même si elle le désire.

«Ici, l’histoire n’est plus la même. Il n’est pas dit que l’épée doit être enlevée du rocher, mais qu’elle va reconnaître son possesseur quand il la touchera. Je me dis donc que cela peut être une histoire d’ADN non ? Et si c’est le cas, le piaf, qui semble être Merlin, doit avoir des brins de cet ADN en lui. Une plume ou bien une de ses pattes qui toucheraient l’épée pourrait peut-être lui rendre son apparence et le déclarer propriétaire de l’épée avec toutes les responsabilités que cela entraîne. Cela vaut la peine de tenter non ?»