The sound of science ❧ ft. Viktor

**Invité**

the sound of science

Cela n’avait pas été une surprise, que la tablette Sheikah ne fonctionne pas - ou pas proprement - dans cet univers. Après tout, elle était le seul artefact héritage d’un peuple qui n’avait jamais existé ici, et dont le fonctionnement échappait même aux plus érudits de ton propre monde. Mais après avoir passé tant de temps à dépendre d’elle et ses diverses fonctionnalités, cela avait été pour toi source d’égarement. Un autre lien entre toi et Hyrule qui se brisait. C’était peut-être avec une obstination injustifiée que tu avais cherché à la restaurer, refusant de la laisser devenir un vestige de plus, un mémento désuet de temps passés.

Mais après tout, cent ans auparavant, elle s’était montrée toute aussi récalcitrante à toute manœuvre, refusant de dévoiler ses secrets ; il avait fallu le règne du Fléau pour qu’elle révèle tout son potentiel – peut-être parce que sa vocation avait toujours été de guider le Héros dans sa quête pour le vaincre, et qu’en l’absence d’un tel but elle n’avait pas de raison d’être. Pour être honnête, tu as toi-même ce sentiment là. Que reste-t-il de toi, maintenant qu’il n’y a plus de royaume à protéger, plus de princesse à sauver ? Qui es-tu lorsque tu n’es pas celui choisi par la déesse pour sceller les ténèbres ? Quand tes souvenirs te sont encore, pour la plupart, inaccessibles ?

Au milieu de ces incertitudes, la tablette avait été source de confort. Elle ne possédait peut-être plus de pouvoirs, mais les photos étaient toujours là. Une encyclopédie que tu avais eu à cœur de compléter - des photos parfois floues, bien souvent décentrées ou surexposées. Mais des fragments de ta vie malgré tout. Une habitude que tu as gardé ici ; prompt à immortaliser tout ce qui attire ton attention, sans même y réfléchir. Ce que tu trouves beau, ce qui t’émeut, ce que tu ne comprends pas. Ce que tu voudrais montrer aux tiens, si un jour tu avais l’opportunité de les revoir.

C’est sans y réfléchir que tu manipules l’objet, les doigts glissants à la surface de l’écran dans l’espoir de susciter une réaction que tu n’avais jusqu’ici pas obtenue. Le détecteur n’est certes pas la fonctionnalité la plus spectaculaire de la tablette, mais c’est de loin l’une des plus utiles. Encore faut-il pour cela qu’elle reconnaisse le sujet d’une photo. En vain jusqu’ici : faune et flore ne trouvent aucune correspondance, aucune entrée dans l’inventaire pourtant très complet de la relique. Ce monde lui est entièrement inconnu.

C’est pourquoi tu manques la faire tomber lorsqu’entre tes mains, elle émet soudain un bip sonore familier signifiant que le capteur a trouvé quelque chose. Le cœur battant, tu y regardes de plus près, intrigué quant à ce qu’elle a pu reconnaître, et tes yeux s’écarquillent alors que tu réalises quelle photo tu as sélectionné sans même t’en rendre compte pour activer le détecteur.

Tu es soudain fébrile alors que tu quittes ta modeste cabane, tablette brandie devant toi, laissant le son régulier te guider, te forçant bien souvent à tourner abruptement ou revenir sur tes pas lorsqu’il se fait plus distant ou moins régulier. Tes suspicions se confirment lorsque, après une longue errance, tu commences à reconnaître ton entourage. Tu sais où tu vas, et bientôt, tu n’as plus besoin de te fier à tes oreilles pour progresser, accélérant le pas pour finalement te mettre à courir les derniers mètres.

Les lueurs à peine naissantes d’un soleil encore enveloppé d’ébène n’arrêtent pas ton bras alors que tu cognes à la porte, emporté par ta fougue - par chance, s’il y a bien une personne qui dort aussi peu que toi, c’est lui.

« Viktor ! » Une pause alors que la porte s’ouvre devant toi et que tu réalises que tu ne sais pas par où commencer, mais l’excitation te regagne bien vite : « C’est la tablette. »

Tu l’agites sous son nez, comme si sa seule vue était supposée apporter les réponses à toutes les questions que le zaunite pouvait se poser en te voyant sur son palier à une telle heure, mais à l’exception d’un bip devenu plus fréquent, elle ne révèle rien, et tes gesticulations erratiques ne sont pas prêtes de l’aider. Des mots, Link. Utilise des mots.

C’est encore compliqué, pour toi. Tes cordes vocales ne coopèrent pas toujours, et lorsque c’est le cas, tu as souvent du mal à contrôler ce qui franchit tes lèvres. Mais tu surmontes plus facilement ces difficultés avec Viktor. Peut-être parce que, une fois lancé, il peut parler pour deux, et que tu es content de l’écouter avec intérêt sans qu’aucune confirmation verbale ne soit attendue de ta part. Peut-être parce qu’il te rappelle un peu la princesse, avec son esprit scientifique et cette curiosité débridée. Ou peut-être simplement que tu te sens à l’aise en sa présence - ou tout ça à la fois. Alors tu prends une inspiration avant de reprendre, et d’articuler plus distinctement, mais toujours essoufflé :

« La tablette. Elle réagit aux gemmes d’Hextech. »

▿ Date de naissance : 10/09/1997

the sound of science.

Viktor Kovalyov & @Link Greenwald

Le petit appartement, au cœur d’un cul-de-sac d’Hogwarts Place, n’avait rien d’un havre de paix où il faisait bon vivre lorsqu’on ne s’appelait pas Viktor Kovalyov. Mais entre les carcasses de robots sur lesquelles il travaillait dans ses temps libres, les cahiers et les outils qui traînaient un peu partout et les murs tapissés de schémas à l’image de ses anxiétés, le Kovalyov se sentait à son aise. Ça lui rappelait en quelque sorte la maison de ses parents, au fin fond de la sombre Emberflit Alley, à Zaun. Il y était plus en sécurité que dans le monde extérieur. Si ce n’était que de lui, il en sortirait peu, mais sa curiosité le poussait à vouloir découvrir tout ce que cet univers avait à lui offrir. Cette nuit encore, le scientifique s’était encore laissé aller à ses obsessions, perdant toute conscience du temps, voire même de sa propre personne. Quand ce n’étaient pas ses angoisses qui le gardaient éveillé, c’était le désir d’aller au bout de ses entreprises le plus rapidement possible. Sa lubie du moment n’avait rien de simple : il lui fallait développer une façon d’augmenter les capacités des prothèses technomagiques qui aidaient son corps fragile. Trouver comment lier quelques composantes informatiques qui soutiendraient la maintenance et la précision du contrôle de cette nouvelle charpente où la chaire côtoyait la magie et le métal. Ses premiers prototypes sérieux se faisaient sur son hexpince, mais ça ne l’empêchait pas de temps en temps d’étudier le filage qui se mêlait désormais aux veines de sa main et de sa jambe.

Lorsque les premiers rayons du soleil passèrent entre les craques du rideau, Viktor comprit qu’il avait encore poussé le vice trop loin. Un soupir, et il laissa tomber son tournevis. Tiré de sa concentration, le poids de sa fatigue s’affaissa sur ses épaules et il se permit de croiser les bras sur sa table de travail et d’y poser son front. Mais le repos ne dura pas longtemps : quelqu’un sonna à la porte. Viktor, qui ronchonna, n’attendait personne, surtout pas à cette heure, alors il s’inquiéta et hésita à aller ouvrir. Ce qu’il fit finalement, après s’être assuré de bien enfiler le gant qui cachait sa main désormais faite de métal violet, légèrement scintillante de la magie qui y coulait. Il ne dépendait plus, d’ailleurs, de sa canne pour se déplacer.

Lorsqu’il découvrit un Link agité derrière sa porte, le zaunite ne put s’empêcher de lâcher un sourire, malgré ses yeux creusés par la fatigue et la tablette qui manqua de lui frapper le nez. « Eh, respire un peu, Link. Il n’y a pas le feu, et j’aimerais pouvoir comprendre. », tenta-t-il de le rassurer en l’invitant à entrer, une main sur le dos ; une petite habitude qu’il avait calquée sur son ami Jayce. Il enviait étrangement l’énergie matinale du blond. Lorsque Link lui parla de la tablette et de l’hextech, Viktor plissa les yeux : « La tablette… ? », il mit un peu de temps à se souvenir, entre tous ses projets et l’épuisement, mais dès que ça lui revint à l’esprit, son regard s’illumina. « C’est une excellente nouvelle ! Va m’attendre dans le salon, s’il te plaît, on va regarder ça. », lui proposa-t-il en lui désignant du menton la seule pièce relativement confortable de son appartement. Pendant ce temps, il s’éloigna vers la cuisine.

Il revint quelques minutes plus tard, apportant avec lui deux verres d’anijsmelk, un mélange de lait chaud, de sucre et d’anis étoilé qu’il affectionnait tout particulièrement, qu’il déposa sur la table basse. Le Kovalyov s’installa sur le canapé et tendit la main pour demander à voir la tablette de plus près. « Tu permets ? », l’enthousiasme masquait la fatigue dans sa voix, « Puis-je te demander si tu te souviens des circonstances dans lesquelles elle a commencé à réagir ? Depuis combien de temps, à quelle fréquence ? As-tu remarqué des changements d’ambiance, de température… ? » Pour certains, c’était peut-être anodin, mais pour Viktor, c’était une excellente opportunité d’obtenir de nouvelles réponses sur le fonctionnement de l’hextech qui semblait entrer en bonne adéquation avec un artéfact venant d’un autre univers. Il était curieux de savoir si les gemmes avaient la capacité de répondre à des changements dans leur environnement à l’instar du cœur d’hextech… Pour cela, il était capable de faire preuve de la patience nécessaire avec son ami qui peinait encore à parler avec aise.

(c) DΛNDELION

**Invité**

the sound of science

ft. @Viktor Kovalyov

Presque instantanément, le sourire fatigué et les paroles rassurantes du scientifique t’apaisent, et ton excitation laisse place à une anticipation sereine. Il y a quelque chose de réconfortant, à partager ce secret qu’est la tablette Sheikah avec quelqu’un. Une façon d’ancrer un bout de ton monde dans cette nouvelle réalité. De le faire exister ailleurs que dans ta tête. Et s’il y a bien quelqu’un qui peut faire sens de cet outil, c’est Viktor.

Tu es gentiment invité à t’installer dans le salon et tu obéis sans hésitation, conscient peut-être pour la première fois de l’incongruité de ta présence alors que les rayons rosâtres du soleil filtrent délicatement la pénombre. Si la fatigue se fait sentir, ton enthousiasme la met en sourdine, un courant presque électrique parcourant ton corps alors que tu t’efforces, en vain, de ne pas accorder trop de signification à ce qui vient de se produire. A ne pas nourrir la lueur d’espoir qui n’a pas su s’éteindre depuis que la lune rouge t’a emporté ici. Un élan dangereux, mais irrésistible.

Ne sachant que faire de l’énergie qui vibre en toi, tu t’assois mais sans cesser de t’agiter, les jambes tapotant le sol, les mains pianotant la tablette tandis que tu regardes autour de toi en attendant ton hôte. Lorsque celui-ci revient, il est accompagné de deux tasses et d’une odeur sucrée et anisée qui te met l’eau à la bouche. Viktor te rejoint le canapé, son attention à présent sur toi, et tu as à peine déposé la tablette dans sa main tendue que les questions fusent. Un sourire se dessine sur tes lèvres. Voilà une danse que tu connais mieux. Parler t’es plus aisé lorsqu’il s’agit de répondre à des questions précises. Tu te rapproches du scientifique, les doigts volants à la surface de la tablette.

« Elle s’est mise en marche il y a quelques instants. Regarde, là, c’est l’encyclopédie. » Décidé à reprendre les choses depuis le début, tes doigts glissent sur la tablette en direction de ce qui ressemble à un album photo avec différentes catégories, du bestiaire à la collection de plantes en passant par divers matériaux. Chaque photo est correctement libellée d’un nom. Certains, reconnaissables pour Viktor – un cheval, une épée, une pomme. D’autres, entièrement obscurs, comme les Bokoblins ou les fleurs qu’à Hyrule vous appelez communément "Princesse de la sérénité". Des éléments propres à ton monde.

« Dans mon univers, la tablette est capable d’identifier le sujet d’une photo d’elle-même, mais ça n’a jamais marché ici – pas même sur des choses communes à mon monde. »

Tu illustres tes propos par une photo d’un cheval prise dans la forêt Mirkwood qui porte pour seule étiquette un « ??? » sans ambiguïté. Tu t’y es repris à plusieurs reprises, sachant la tablette parfois réfractaire à des photos trop sombres ou trop floues, mais celle-ci ne laisse aucun doute quant à son sujet. Malgré tout, la tablette refuse d’établir un quelconque lien avec le bestiaire Hylien.

« Normalement, je peux activer la fonction détection à partir de ces photos – disons que je cherche un cheval, et la tablette m’indique si, dans un certain périmètre, je peux en trouver un en émettant un signal sonore. Tout comme pour l’encyclopédie, ça n’a jamais marché ici. Mais regarde ça. »

Tu t’arrêtes sur ta photo des gemmes d’Hextech. La première différence, pas anodine, est son étiquette. Pas de points d’interrogations, mais une série de symboles bizarres, que tu reconnais comme faisant partie de cet ancien langage Sheikah disparu depuis des millénaires. Malheureusement incompréhensible, même pour toi. Mais plus étonnant encore, alors que tu actives la fonction détecteur, la tablette émet à nouveau un bip régulier.

« Viktor, la tablette reconnaît les gemmes. Elle peut les détecter. C’est comme si – cette technologie était similaire à celle qu’utilisaient les Sheikah dans mon monde. Je sais que ça semble impossible, mais c’est la première fois qu’elle fait ça, ici. Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais il y a quelque chose. » Avec hésitation, tu formules la question dont tu crains la réponse : « Tu crois que c’est un dysfonctionnement, ou juste une coïncidence ? »

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