La rédaction d’un journal… ce n’était pas vraiment la carrière de rêve pour moi. Surtout un journal moldu ! Ils imprimaient ça sur du papier, parfois avec des couleurs, les images ne bougeaient pas… les articles, écrits pour la plupart par des moldus lambdas, traitaient d’affaires de moldus et n’avaient que bien peu d’intérêt.
Pourquoi la presse, alors ?
J’avais toujours été un homme de pouvoir, qui se rangeait du côté des plus puissants. J’avais toujours envisagé mon existence comme une chance d’instaurer un nouvel ordre mondial, une société nouvelle où un retour aux vraies valeurs serait possible…
Le monde avait été corrompu depuis bien longtemps. Les sorciers s’étaient laissé convaincre que la cohabitation avec les non mages était une bonne chose… mais ça ne l’était pas. Seule la pureté pouvait faire perdurer les pouvoirs et l’excellence.
Je respectais les traditions qui m’avaient été inculquées. J’avais un sens de l’honneur et des valeurs basé sur ce que mes précepteurs et ma famille m’avaient enseigné de tout temps. Je détestais la médiocrité.
Par conséquent, je détestais les moldus.
Quel déshonneur ça avait été, pour moi, de me retrouver sur cette île, sans mes pouvoirs, sans ma baguette… j’avais même cru, au début, que le Ministère de la Magie avait mis en scène ce monde comme une punition pour les Mangemorts, comme pour nous faire comprendre que les moldus n’étaient pas si différents de nous. Une telle idée aurait tout à fait pu naître dans l’esprit tordu de l’un de ces molduphiles qui dirigeaient notre monde…
Mais non. Ça n’aurait pas été si
parfait. Là où j’étais, tout fonctionnait en microcosme. Les êtres humains avaient dès besoins et des désirs, alors ils faisaient en sorte d’avoir de quoi combler ces besoins et ces désirs… sous l’œil omniscient d’un maire que personne ne semblait avoir vu un jour et à qui personne ne semblait avoir parlé un jour.
Peut-être mon désir de connaissance était-il venu de ce constat. J’avais donc pris en main la rédaction du Daily Dugle. Un journal quotidien d’information. Je voulais être aux premières loges pour tout savoir et je voulais avoir la possibilité, aussi, de faire de la désinformation si cela devait s’avérer nécessaire.
On m’octroya un bureau, des responsabilités et une équipe de choc. Je n’avais besoin de rien de plus.
***
Un rendez-vous avec l’égérie d’une marque, une manière de faire la une du Daily et d’attirer les acheteurs. Faire poser un joli minet et miser sur sa belle gueule pour vendre. C’était une méthode moldue… et je devais rencontrer le mannequin sélectionné pour la une du magazine hebdomadaire de notre journal.
Poser pour nous, cela donnait aussi une belle opportunité au jeune homme puisqu’il allait avoir droit à quelques pages consacrées à sa petite personne dans le mag. Si ça ce n’était pas une bonne pub…
Dans le hall des bureaux du journal, je le vis immédiatement. Ça ne pouvait être que lui. Un physique finement sculpté, des yeux aussi clairs q’un ciel d’été, les traits fins et doux. Je comprenais pourquoi il était mannequin. Un coup d’œil sur le papier avec son identité m’empêcha de me tromper dans son nom.
« Aiden Holmes ? » Je savais que c’était lui, mais ça me semblait plus professionnel de vérifier tout de même.
Je ne lui tendis pas la main. J’évitais les contacts avec les personnes que je ne connaissais pas : n’importe qui pouvait très bien enduire ses mains d’un poison. C’était une méthode que j’utilisais moi-même parfois, auparavant.
« Suivez-moi. »J’aimais qu’on m’obéisse, alors je ne laissais pas le choix.