(Terminé) Entraînement privé [PV Alexandra Vasquez]

Les professeurs du lycée de cette ville étaient tous plus extraordinaires les uns que les autres. Le professeur préféré de la jeune fille était Remus Lupin, qui enseignait l’histoire, mais bien d’autres avaient des qualités non seulement pédagogiques mais aussi professionnelles. L’une des professeurs qui marquait le plus Françoise, en dehors du professeur Lupin, était le professeur Vasquez. Elle enseignait le sport au lycée, une matière qui n’était pas plébiscitée par les élèves en règle générale. La plupart des élèves de cet âge n’aimaient pas tellement courir ou sauter, mais ce n’était pas le cas de Françoise qui avait un certain entraînement.

Depuis son enfance, quand elle avait commencé à jouer les justicières, elle avait pris l’habitude de pratiquer toutes sortes de sport et de se maintenir en forme. Elle était agile et rapide et avait une condition physique excellente. Lors des jeux d’équipe, ses camarades la sollicitaient fréquemment pour faire partie de la leur. Elle avait donc noué avec l’enseignante une relation de respect mutuel, et elle avait une considération tout à fait particulière pour cette jeune femme. Elle avait la conviction qu’elle était bien plus qu’une simple enseignante au fond d’elle-même, elle avait un secret, tout comme elle-même en avait un, elle l’aurait parié.

Mais pour le moment, il n’était pas question de confidences entre elles. La jeune femme lui avait seulement proposé de l’entraîner, au vu de ses capacités physiques au-delà de ce qu’on pouvait attendre chez une jeune fille de cet âge et de cette condition. Ses talents et son goût pour le combat au corps à corps avaient interpellé l’enseignante qui lui avait proposé de l’entraîner à-côté des cours. En cette fin de journée, elle la rejoignait donc pour un cours particulier. Elle ne savait pas encore ce que son enseignante et mentor avait prévu pour elle, mais il était plus que certain que ça allait être des plus intéressants. Quand elle entra dans la salle de sport, ce fut un grand sourire sur les lèvres.

« Professeur Vasquez ? Vous êtes là ? »

Elle n’attendit pas longtemps avant que le professeur Vasquez ne se montre, apparemment en train de l’attendre impatiemment. Françoise était très motivée et elle savait que son enseignante l’était aussi. Être professeur de lycée ne permettait pas d’aller très loin dans l’enseignement du sport, quelle que soit la discipline choisie. Une grande majorité des élèves ne voyait pas l’intérêt de ses cours pour lesquels beaucoup n’avait qu’animosité. Ce qui pouvait s’apparenter à une séance de torture pour certains était une initiation enfantine aux yeux de l’enseignante ou de quelqu’un comme Françoise. Cet enseignement particulier devait donc être plus stimulant pour l’enseignante.

Pour Françoise, maintenir sa forme était un moyen de pouvoir continuer sans trop de difficulté ses activités de justicières. Elle avait besoin de tenir le coup pour pouvoir courir, sauter et cabrioler en toute discrétion. Et elle avait un peu l’espoir que son enseignante la guiderait aussi sur l’apprentissage de certains arts martiaux. Si elle apprenait à se battre, en complétant ce qu’elle savait déjà faire sur le sujet, elle deviendrait davantage capable de combattre les bandits et de défendre les innocents. Elle avait déjà eu à se battre en pleine rue et elle savait qu’elle ne faisait pas le poids face aux loubards les plus imposants, pour le moment.

« Bonjour, Professeur Vasquez ! Je suis prête ! QU’est-ce que vous avez prévu aujourd’hui ? »

Elle ne doutait absolument pas de la pédagogie de son enseignante mais elle avait énormément de curiosité face aux choix qu’elle faisait. Elle n’était pas certaine de savoir ce que le professeur avait envie de lui faire tester ce jour-là, mais elle avait la certitude qu’elle allait beaucoup s’amuser. Beaucoup déguster car le professeur Vasquez n’était pas réputée pour ménager ses troupes, mais beaucoup s’amuser aussi. Après tout, la jeune lycéenne avait beaucoup de plaisir à se challenger et à voir jusqu’où elle était capable d’aller. Cela faisait partie d’un entraînement idéal pour atteindre ses objectifs. Elle était sûre d’y parvenir.

Même si le professeur avait la sensation de challenger son élève, l'endurance n'était pas l'exercice le plus compliqué pour la jeune justicière. Si elle voulait pouvoir échapper un éventuel malfaiteur, savoir courir longtemps sans se fatiguer était quelque chose d'essentiel. C'était donc l'une des choses qu'elle essayait toujours de garder au maximum de ses possibilités. Mais bien entendu, elle pouvait être parfois plus fatiguée mais elle maintenait globalement un niveau chez elle suffisamment élevé pour ne craindre aucun test dans ce domaine. Mais cela, l’enseignante ne pouvait pas s'en douter.

« Eh bien, c'est parti ! », lança-t-elle avec enthousiasme avant de se mettre à courir comme indiqué par le professeur.

Comme elle ne ressentait pas de difficulté particulière au rythme de croisière dont elle avait l'habitude, et qu'il n'y avait pas de camarade auprès de qui elle devait faire attention à ses performances pour ne pas les vexer, elle poussa un peu sur ses jambes pour un rythme plus soutenu, légèrement au-dessus de ce qu'elle faisait d'habitude. Cela en restait à quelque chose de seulement inconfortable, mais la difficulté ne lui paraissait pas exagérément dangereuse. Elle allait seulement améliorer son temps, peut-être pas de façon significative, mais importante à son sens quand même.

Quand elle acheva la course, elle eut la sensation du devoir accompli. Elle ne savait pas si le professeur serait satisfait de ses performances, mais elle en était satisfaite et c'était déjà beaucoup, étant donné que Françoise n'avait jamais été laxiste envers elle-même. Elle attendit donc de savoir ce que le professeur avait décidé en ce qui concernait la suite des événements. Puisqu’elle avait mis un défi sur l'activité, il lui appartenait de déterminer si celle de Françoise avait été à la hauteur de ses exigences.

Françoise s'était longtemps demandé ce que son enseignante avait dans le ventre. Il était évident que ce n'était pas une prof de sport comme les autres. Elle avait même plutôt l'impression qu’elle cachait un secret, peut-être du même ordre que celui que Françoise cachait elle-même. Avoir des cours particuliers avec une telle personnalité augurait de quelque chose de prometteur sur les exercices qu'elles étaient capables de mener ensemble. Françoise n'avait pas seulement décidé de suivre des cours supplémentaires de sport, elle cherchait à comprendre un potentiel et la seule chose qu'elle ne savait pas, c'était le degré que ce potentiel pouvait avoir.

Évidemment, elle n'avait eu aucun mal à lui en mettre plein la vue, côté endurance. Elle avait toujours fait le nécessaire en ce sens et de toute façon, elle n'aurait pas tenu très longtemps en affrontant les bandits si elle n'avait pas un minimum travaillé son endurance. Échapper à des individus qui voulaient vous faire taire, ou réussir à les poursuivre suffisamment et à s’approcher assez d’eux pour pouvoir les capturer nécessitait un contrôle sur ses forces que Françoise avait été obligée de mettre en place pour pouvoir réussir à faire ce pour quoi elle avait décidé de se battre. La chasse aux bandits n'était peut-être pas un sport enseigné à l'école, mais cela avait au moins le mérite de garder en forme.

« Formidable ! Je vais faire tout ce que je peux pour être à la hauteur de votre enseignement. J’ai déjà quelques bases, mais j'ai besoin de travailler si je ne veux pas me faire surprendre dans le cas où j'aurais à les utiliser. »

Encore une fois, la jeune justicière avait utilisé tout ce qu'elle pouvait pour améliorer ses compétences afin d'être sûre de ne laisser personne lui échapper ou lui faire du mal. Cela ne marchait qu'à moitié parce qu'elle restait une adolescente et que face à plusieurs hommes armés et solides, elle pouvait facilement se retrouver en difficulté. Mais c'était également pour ça qu'elle avait envie de travailler avec sa prof de sport pour améliorer son niveau. Elle devait savoir se défendre le mieux possible afin d'en arriver à un moment donné où elle pourrait triompher de ce contre qui elle se battait sans avoir besoin qu'on lui porte secours.

Françoise n'était pas sans savoir que son enthousiasme et sa motivation était ce qui plaisait le plus à son enseignante et la raison pour laquelle elle bénéficiait de traitements si particuliers. Elle était prête à faire tout ce qu'il fallait pour que Miss Vasquez la considère à la hauteur de l'enseignement et de l'entraînement qu'elle lui proposait. Il fallait reconnaître que son excellente condition physique lui offrait un appui idéal pour atteindre ce but. Mais il ne fallait pas croire que c'était une chose évidente pour autant, et elle devait tout de même travailler et donner de sa force pour pouvoir être à la hauteur des exigences de son professeur. C’était donc flatteur qu'elle en vienne à considérer Françoise comme digne de son enseignement.

Le fait de passer sur le domaine des arts martiaux plaisait à Françoise qui avait plus que tout envie de s'entraîner dans ce domaine. Elle avait l'impression d'avoir un peu perdu et cela ne lui plaisait pas. Elle avait eu du mal à affronter les dernières personnes contre qui elle s'était battue et cela prouvait bien qu’elle avait besoin d'entraînement. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander quel était le niveau de son enseignante dans ce domaine d'activité. Elle avait l'intuition qu'elle était capable de se battre mieux que sa morphologie svelte et légère ne le laissait supposer mais c'était aussi le cas de Françoise qui était prête à se défendre de son mieux.

« Je suis prête. »

Les premières prises étaient plutôt faciles et Françoise n'eut aucun mal à les contrer, elle réagit même en attaquant à son tour l’enseignante, et en portant des coups d'une manière mesurée afin de ne pas trahir son véritable niveau d'entraînement, du moins dans un premier temps. Quand les prises se firent plus dures, Françoise se concentra pour les parer efficacement. Elle se retrouva à terre une ou deux fois, mais elle se releva et reprit l'affrontement. Elle parvint à esquiver un coup, à se baisser à utiliser sa jambe pour désarçonner son enseignante. Restait à savoir si celle-ci allait se laisser surprendre par une élève qu'elle aurait sous-estimée. Il était facile de penser qu'un professeur ne pouvait être réellement battue par son élève et de ne pas se méfier assez en conséquence.

Françoise était rodée aux exercices d’autodéfense. Il ne saurait en être autrement quand on voulait combattre le crime, mais elle avait cette tendance à se dire qu’elle devait se montrer prudente et limiter les conséquences si elle ne voulait pas que certaines personnes découvrent son secret. Elle évitait donc de se battre en public, du moins, autant qu’elle le pouvait. Jusqu’à présent, elle ne s’était que rarement retrouvé dans un contexte d’arts martiaux et quand c’était le cas, elle faisait généralement preuve d’un talent approprié sans être dans l’excès pour ne pas rendre ses camarades soupçonneux. Pourtant, il y aurait eu de quoi.

Mais face à son professeur de sport, elle ne savait pas pourquoi, elle avait voulu donner le meilleur d’elle-même. Elle avait l’impression que cette femme pourrait la comprendre mieux que quiconque et elle avait envie de l’impressionner. Elle avait donc fait le nécessaire en ce sens, et il semblait que cela avait marché. Mais elle ne regrettait rien. Elle avait passé un excellent moment en compagnie de son enseignante et cela lui avait fait un entraînement digne de ce nom. Elle ne pouvait pas s’empêcher de penser que la jeune femme ferait un bon mentor pour son entraînement de justicière.

« Merci, Professeur. Vous avez un sacré niveau vous aussi. Vous faisiez de l’art martial en compétition dans votre monde d’origine ? »

Si elle savait de quelle façon elle avait acquis ses propres compétences, elle ne pouvait s’empêcher de se demander comment le professeur Vasquez avait développé les siennes. Elle sentait qu’il y avait quelque chose à gratter sous la surface et elle essayait, mine de rien, d’en apprendre plus. Le moment venu, elle déciderait de ce qu’elle allait faire de ces informations, mais il faudrait auparavant qu’elle en obtienne. L’information, c’était le pouvoir et c’était pour cette raison que la jeune fille en passait toujours par là quand elle enquêtait sur quelqu’un. Elle pouvait agir plus efficacement en connaissant l’identité et les secrets des coupables.

« En tout cas, vous avez l’air entraînée. »

La notion de secret évoquait toujours un questionnement intrigué dans l'esprit de Françoise. Pourvu d'un secret, elle aussi, elle ne pouvait que se demander si les secrets des autres ressemblaient aux siens. Dans son monde, elle n'avait jamais rencontré d'autres justiciers mystérieux et ne faisait que partager son propre secret avec une autre personne. Mais ici, les choses étaient sensiblement différentes. Elle avait pu constater qu'il y avait un nombre certain de justiciers et justicières dont la plupart semblaient avoir une identité secrète, tout comme elle. Certains semblaient se confier entre eux et d'autres restaient avec leur seul secret. Françoise se rangeait plutôt dans la seconde catégorie.

Elle se demandait si son professeur était dans l'une de ses catégories elle aussi ou si son secret était lié à totalement autre chose. L'idée qu’elle ait passé du temps à sauver le monde était assez cohérente avec un entraînement physique. Cela dit, rien ne prouvait qu'elle ne soit pas dans l'autre camp. En théorie, si tel était le cas, on pouvait penser qu'elle ne s'en vanterait pas. Mais Françoise avait pu constater que certaines personnes étaient très fières de servir les forces du mal. De fait, étant donné la variété des personnes qui se trouvaient ici, elle ne pouvait faire autrement que de se poser ce genre de question et de se méfier quand quelqu'un essayait d'attirer son attention en tant que justicière.

« Un secret ? Comme une identité secrète ? Je sais qu'il y a pas mal de gens dans ce monde qui prennent une identité différente pour protéger les gens. Vous faites ça ? »

Elle y allait franchement et peut-être que l'enseignante ne lui dirait rien. Mais c'était un coup de poker. Elle mimait assez bien l'admiration de l'innocence, quand on savait qu’elle faisait également partie de ces justiciers en col blancs. Enfin, son col était plutôt jaune et noir et fermé par une broche en forme de F, mais cela revenait au même. Ted lui avait demandé de se chercher des alliés et si son professeur était une justicière masquée, elle pourrait peut-être faire une alliée de choix. Françoise avait l'avantage de la connaître et de l'avoir à disposition dans l'école, ce qui pourrait être un avantage. Elle envisagea aussi de lui parler de ce qu'elle avait appris à propos du trafic qui sévissait dans l'école. Si c'était une justicière cela l'intéresserait sûrement.

Françoise avait senti à écouter parler sa prof de sport qu'il y avait davantage dans toute cette affaire qu'une simple appétence pour les sports de combat. À force de côtoyer des gens dans cette ville, elle avait appris à remarquer les profils qui avaient l'air de dissimuler un secret. Il lui apparaissait évident que c'était le cas de son enseignante. Il était un peu osé de lui poser directement la question sans se soucier de la discrétion que ce genre de secret revêtait. C'était bien à cause de ce risque que la demoiselle n'aurait pas mal pris un refus de répondre ou même un mensonge. Elle avait menti à ses propres meilleures amies afin de les protéger de son propre secret.

Mais étonnamment, la prof avait suffisamment confiance en elle pour lui dire la vérité. Contrairement à bien des justiciers et justicières, elle ne semblait pas avoir poursuivi dans ce monde la tâche de protéger les innocents. Mais elle reconnut tout de même avoir pratiqué un métier d'espionne en parallèle de ses activités de lycéenne quand elle vivait encore dans son propre monde. Voilà qui lui faisait étonnamment ressembler au profil de Françoise elle-même qui était lycéenne et justicière en même temps. Elle regarda autour d'elle précipitamment pour s'assurer que personne ne pouvait l'entendre et décida de prendre le taureau par les cornes en lui expliquant les similitudes qu'il y avait entre elles deux.

« Eh bien si je dois être honnête avec vous, Professeur, je passe une partie de mes nuits et de mes congés à pourchasser les bandits. J'ai commencé quand j'étais à l'école primaire dans mon propre monde et j'ai continué ici, parce que je refuse de laisser les criminels s'en sortir. »

Et elle avait affaire à forte partie. Le niveau des brigands qui faisaient partie de ce monde était généralement au-delà de ce qu'elle avait connu dans le sien et il était fréquemment arrivé qu'elle se retrouve en sérieux danger parce que le niveau de danger été au-delà de ce qu'elle était habituée à affronter. C'était notamment pour cette raison qu'elle attendait beaucoup de ces entraînements particuliers. Elle les avait demandés avant tout pour pouvoir améliorer ses propres conditions physiques.

« C’est pour ça que je voulais m’entraîner avec vous. J’ai besoin de me maintenir en forme. »

Françoise ne partageait pas facilement le secret qu'elle gardait tout au fond d'elle-même, à savoir le lien entre la lycéenne innocente et la justicière malicieuse. Elle gardait ce secret principalement pour protéger les personnes qui l'entouraient du danger que pouvaient représenter les personnes qui se lançaient à sa recherche. Elle savait pertinemment que si le lien pouvait être fait entre Françoise et Fantômette par n'importe qui, un grand nombre de lycéens seraient alors en danger, tout simplement parce qu'ils avaient le malheur d'être de ses amis. Et pour éviter qu'un secret ne s'ébruite, il fallait que le minimum de personnes le connaissent.

Lorsqu’elle s'était permise de révéler ce secret à son professeur, c'était tout simplement parce que son statut d'espionne lui donnait à penser. Elle savait bien ce que cela voulait dire d'être un espion et elle avait la conviction que son enseignante connaissait des choses et avait accès a des informations et des compétences qui pourraient l'aider à triompher dans les différents combats qu’elle pouvait mener. Malheureusement, ou peut-être heureusement, finalement, il fallait la convaincre de distribuer ce savoir. Dire la vérité était sans doute le meilleur moyen de la convaincre qu’elle pouvait lui faire confiance.

« Je ne vous l'aurais pas dit si je pensais le contraire. C'était évident pour moi que vous sauriez garder mon secret. »

Mais surtout, le plus intéressant dans cette affaire était qu'elle lui propose son aide. On ne pouvait se le cacher, elle était en difficulté dans ce monde. Dans cette ville la criminalité était d'un autre niveau que celle que Françoise avait toujours connue et elle savait pertinemment qu'elle ne faisait actuellement pas le poids. Elle avait subi de nombreux déboires et connu énormément de difficultés. Elle avait failli mourir à plusieurs reprises et elle savait parfaitement qu'elle ne pourrait pas empêcher cela si elle ne parvenait pas à trouver une solution pour améliorer ses compétences.

« Cela tombe bien, Professeur. J'aurais besoin de votre aide. Dans le monde d'où je viens, la criminalité était quelque peu différente de ce que je connais ici. Je ne suis pas capable d'affronter aussi efficacement des criminels de cette trempe. Mais vous oui. J'ai besoin que vous m'appreniez. »

C’était inespéré. Françoise avait toujours beaucoup apprécié sa professeure de sport. Elle était dynamique et assez jeune pour être en harmonie avec elles. Elle avait le sens de l’humour et une façon de gérer les choses qui mettaient en valeur les élèves. C’était une façon d’enseigner qui plaisait beaucoup à la jeune justicière et elle aimait l’humanité et la bienveillance de cette enseignante, sans oublier son caractère plein d’énergie qu’elle trouvait particulièrement touchant, simple et naturel. Elle aimait le fait qu’un adulte puisse être aussi proche de ses étudiants. Certains pensaient que ce serait trop de familiarité, mais pas Françoise.

En l’entendant lui avouer qu’elle était une espionne dans son monde, Françoise avait décidé de lui confier son secret et de lui révéler son activité nocturne de justicière. Et de manière inespérée, non seulement elle avait accepté de garder son secret, mais aussi, selon le secret espoir de Françoise, ce pourquoi elle lui en avait parlé, elle avait accepté de l’aider à s’entraîner pour combattre le crime de manière plus efficace. Elle ne pourrait évidemment pas le faire en classe, mais elle le ferait et c’était tout ce qui comptait pour Françoise. Elle était impatiente de voir les progrès qu’elle allait faire.

« Je vous remercie infiniment, Professeur. Ce serait parfait. J’ai une certaine expérience, mais je crois que j’ai un niveau qui ne permet pas d’affronter les grandes organisations du crime. »

Mais Alex Vasquez avait été espionne pour une grande entreprise. Elle devait donc avoir de l’expérience dans ce sujet. Elle avait sûrement affronté de grandes organisations criminelles dans son monde et les avait vaincus. Françoise ne savait pas comment elle s’y était pris, même si elle avait elle-même accompli ce genre de choses dans son propre monde. Elle était persuadée qu’elle ne maîtrisait pas tous les éléments et se demandait seulement comment elle pourrait améliorer les choses. Mais il ne faisait aucun doute que le professeur saurait le lui exprimer. Elle avait trouvé un mentor et elle en était ravie.

« Quels genres de personnes avez-vous combattu ? »

Si, au départ, Françoise avait pensé que Alex avait le potentiel pour régler un grand nombre de problèmes, elle était un peu surprise des plan machiavéliques des organisations ou des bandits qu’elle avait affrontés. Il ne lui semblait pas que ce soit très sérieux. C’avait même l’air de malandrins peu sérieux. Malheureusement, cela n’augurait pas de leur degré d’intelligence et de dangerosité. Même si un brigand avait des ambitions plutôt fantaisistes, ça n’empêchait pas que ce qu’il était prêt à faire pour l’atteindre était inquiétant et que cela rendait la situation dangereuse. Elle avait donc cette expérience que Françoise n’avait pas.

La jeune justicière était habituée à pourchasser les bandits, mais elle avait plus de difficulté avec les bandes organisées. Elle en avait affronté certaines, mais elle avait toujours du soutien et il lui semblait qu’elles n’étaient pas aussi bien organisées que celles de cette ville. En tous les cas, elle se sentait dépassée. Elle n’aimait pas ça. Elle trouvait que la justice se devait d’être rendue, peu importait ce que ça lui coûterait, mais elle n’avait pas l’intention d’abandonner ou de renoncer. Elle s’était toujours battue pour défendre la loi et la justice, elle ne s’arrêterait pas même, sauf s’il n’existait plus de banditisme.

Son enseignante lui demanda si elle voulait qu’elle lui raconte d’autres de ses aventures et en soi, elle n’aurait pas été contre, mais elle ne voulait pas que son secret soit éventé à-cause du fait qu’une oreille indiscrète puisse l’entendre, simplement parce qu’elles n’avaient pas été vigilantes. Il valait mieux parler de tout cela en dehors de l’école, là où elles ne risqueraient pas de voir leurs paroles être surprises par quelqu’un d’indiscret. Françoise secoua donc la tête. L’adolescente avait pour habitude de demeurer prudente, même si ça pouvait lui arriver de laisser l’humour prendre le pas sur son sérieux, assez régulièrement.

« Il vaudrait peut-être mieux parler de tout ça à un endroit où personne ne pourra nous surprendre, qu’en pensez-vous ? »

Françoise essayait toujours de se montrer la plus discrète possible quant à ses secrets, ce qui était le meilleur moyen pour que personne ne sache qui elle était vraiment. Dans cette salle de sport avec son enseignante, elle était seule, mais rien ne lui garantissait que personne ne les entendait vraiment. Elles avaient partagé certains secrets suffisamment discrètement pour espérer qu'ils le restent, mais il valait mieux s’abstenir de poursuivre cette conversation en prenant le risque que quelqu'un les entende. La jeune justicière le fit donc remarquer à son enseignante qui approuva sa sagesse.

« J'y serai. »

Françoise quitta donc le lycée tout à fait normalement avant de prendre le temps de revêtir son habit de justicière. Elle tenait à retrouver son nouveau mentor sous le costume de Fantômette et non l'apparence de l'élève qu'elle était. En effet, si elle se montrait dans une rue en tant que Françoise, quelqu’un pouvait faire le lien avec ce qui était en train de se passer, c'était le risque d'éventer plus rapidement son secret. Ainsi vêtue, elle se fondait dans le noir et il était plus difficile de l'identifier. Elle avait tout du chat sauvage qu'elle s efforçait d'imiter. Elle s'approcha du lycée pour repérer sa cible. Si elle avait dû la surprendre ou rester un moment à l'observer, elle aurait été parfaitement en mesure de le faire.

Mais ce n'était pas l'objectif actuel. Elle venait pour une leçon particulière assez spécial, puisqu'il ne s'agissait pas d'un cours de sport. Elle s'approcha discrètement de l'enseignante, qui était très certainement à l'affût, dans le but de la surprendre et de lui démontrer de cette façon de quoi elle était capable. Elle se glissa à proximité de la jeune femme et se montra sans savoir si elle l'avait repérée avant ou pas. Françoise était douée pour arriver sans se faire voir, surtout en tant que Fantômette, mais son enseignante était une espionne et n'était donc pas quelqu'un comme les autres.

« Bonsoir professeur », dit-elle avec bonne humeur. « Voilà à quoi je ressemble quand je pourchasse les bandits. »

Quand elle avait dû réfléchir à sa tenue de justicière, Françoise avait commencé par se choisir un masque pour être certaine de ne pas être reconnue. Le bonnet à pompon avait ce même objectif, cacher ses cheveux et dissimuler sa coupe pour éviter que cela ne l'identifie. Le justaucorps avait pour avantage d'être confortable et pratique quand elle avait besoin de se déplacer de manière un peu plus sportive, qu'il s'agisse d'escalader ou de courir. La cape lui permettait de ne pas avoir trop froid la nuit car le justaucorps pouvait être léger à ce niveau.

Au cœur de la nuit, et sans aucun éclairage, elle était difficilement visible même si son costume était suffisamment connu pour être identifié si on le voyait. Dans ce monde, il demeurait moins connu que dans celui où elle était venue au monde, mais elle avait été surprise du nombre de personnes qui avaient entendu parler d'elle malgré tout. Le bouche-à-oreille était le même partout. Reconnaissable ou pas, elle passait de toute façon pour une gamine insouciante et les bandits qui la voyaient pour la première fois semblait penser qu'elle manquait de crédibilité. Cela dit, ils finissaient tous par changer d'avis.

« J'ai essayé de le faire à la fois discret et confortable afin de faciliter mes opérations nocturnes. »

Il était l'heure de démarrer l'entraînement et elle le savait pas à quel point cela allait être difficile d'évoluer sous la tutelle d'une espionne qui avait combattu à travers le monde diverses organisations et forces du mal. Elle ne pouvait s'empêcher de penser que c'était un autre niveau que ce qu'elle avait expérimenté dans sa ville d'origine. Elle s'attendait à trouver les choses difficiles, peut-être pas dès le départ, mais sûrement rapidement. Mais elle se sentait prête. Elle n'avait jamais refusé un défi et elle avait demandé à la jeune femme des cours particuliers en sachant qu'elle allait devoir y mettre beaucoup d'efforts.

« Je suis prête. Je ferai de mon mieux pour ne pas vous décevoir. »