Intrigue n°3 - Duncan & Françoise

▿ Date d'inscription : 08/02/2019

Ce monde, Françoise, tu ne le connais pas, tu ne sais pas où tu te trouves. Tu étais en train de vaquer à tes occupations quand, en clignement d'yeux, tu t'es retrouvée ici.
Duncan, toi, en revanche, ce monde, tu le connais par cœur. C'est ton monde, ton ancien monde. Tout comme Françoise, tu étais occupé à autre chose, quand soudainement, tu t'es retrouvé ici.
Duncan, cet instant, tu le connais déjà, tu l'as déjà vécu, mais il diffère légèrement de ton passé. Ta cible est différente cette fois-ci. Françoise, tu es cette cible. À toi de te défendre pour t'en sortir, dans le pire des cas, essaie de survivre pendant 24 heures, ensuite les choses reviendront à la normale.

▿ Si vous êtes blessé, vous serez blessé une fois de retour sur l'île, alors attention à vous.
▿ Vous devez vous trouver tous les deux dans le même endroit, avant votre arrivé dans l'autre monde.

▿ Date de naissance : 17/11/1969

Des failles dans la réalité
@Duncan Vizla & @Françoise Dupont

J

e n’avais pas compris ce qui s’était passé. Un instant plus tôt, j’emmenais un cadavre dans la chambre froide et à présent, j’étais là, près de mon chalet en Alaska. Le point commun entre ici et la chambre froide, c’était la température, bien sûr. Ça devait être à cause de ça.
Je connaissais les lieux par cœur. J’avais vécu ici complètement seul pendant des mois. Enfin, au début, j’avais bien un chien, Rusty. Un nom qui lui allait bien, il avait une tête à s’appeler comme ça. Je tournais la tête et je constatais qu’il était là. Je ne lui avais pas encore tiré dessus dans mon sommeil… Est-ce que le destin me donnait une deuxième chance de me faire un pote de ce clébard ?

« Brave chien. » Je le gratifiais d’une caresse sur la tête et je me levais de mon fauteuil. J’étais ici chez moi. Dans le chalet où je comptais prendre ma retraite. Et je savais pertinemment que Bluts allait tout faire pour m’éliminer. C’était couru d’avance.
D’ailleurs, j’avais cette drôle d’impression de déjà vu…

Rusty aboya. Un seul cri. Rien de bien terrifiant, mais c’était le signe que quelque chose allait arriver. La nuit était noire, uniquement éclairée par un maigre croissant de lune. Dans la région, l’approche de la nuit sans lune faisait l’objet de toutes sortes de légendes, plus ou moins fondées. Les personnes âgées faisaient des choses bizarres pour éloigner le mauvais sort et on se trouvait alors dans une ambiance digne de celle des vieux films d’horreur des années 70, avec des châteaux hantés, des cimetières où surgissaient des loups-garous ou des créatures démoniaques… Mais j’étais pas trop du genre à craindre ces conneries. Mes cauchemars à moi étaient peuplés de mes remords et de mes erreurs, de mes crimes.

Je sentais toujours le danger arriver, Bluts avait sûrement encore engagé de jeunes tueurs pour me faire la peau. Pourtant, Rusty était encore en vie, donc, la chaudasse et ses potes n’étaient pas encore dans les parages.
J’ouvris une armoire et m’aperçus avec stupeur qu’il me restait encore de l’alcool. Je n’en abusais pas, mais je m’en servais un petit verre de temps en temps, alors je pris la fiole et fermai l’armoire avec un léger claquement. Le bruit des onglesde Rusty sur le sol me rappela à quel point il aimait lécher le bord de mon verre.

« Sacré Rusty. » Je pris une gorgée de whisky et je tendis mon verre à mon chien qui y trempa la langue comme un petit gourmand.
Je poussai un soupir. Et puis, soudain, je me figeai. J’avais entendu quelque chose. Comme un bruit de pas, rien à voir avec les miens ou avec les griffes de Rusty. Je devais en avoir le cœur net.
Un coup de pied au chien, pour l’envoyer à l’opposé de la pièce. Chaque fois que je faisais ça, il poussait un hurlement qui faisait penser à un loup enroué. Je plissai les yeux comme pour mieux me concentrer, puis je me plaquais contre le mur pour me faufiler jusqu’à un meuble où était posé un masque médical. Dans le tiroir, je pris mon Uzi et je vérifiai qu’il contenait bien un chargeur complet.

Rusty commençait à faire le fou et j’attendais qu’il sorte par la chatière de la porte. Il faisait toujours ça quand il faisait la gueule. Et dehors, dans la neige, il pourrait sans doute repérer l’une ou l’autre empreinte. Enfin, c’est ce que j’espérais… il n’avait jamais été avec moi en mission, Rusty, alors je ne savais pas trop comment il allait réagir. Ce que je savais, c’était que si Bluts avait envoyé quelqu’un en repérage, il y avait des chances que cette personne soit arrivée à bon port.
Mais j’avais de quoi l’accueillir.

WILDBIRD

▿ Date de naissance : 11/02/2006

Intrigue

« Surprise ! »

Avec un magnifique pied-de-nez et un joli tirage de langue, Fantômette bondit devant le type qui s’était emberlificoté dans la corde qu’elle avait installée pour le piéger. Cela faisait un moment qu’elle était à la poursuite de ce bandit qui avait réussi à échapper à la vigilance des autorités. Elle avait trouvé des pots en terre dans lesquels il avait caché son butin. Mais il avait essayé de s’enfuir. Fantômette avait préparé un petit piège à son intention et elle avait triomphé. Il n’y avait plus qu’à prévenir les autorités et il finirait au fond d’une cellule pour un bon moment.

Elle avança vers lui et… soudain, il n’était plus là, et elle n’était pas non plus dans une la ruelle. Et là où elle se trouvait, il ne faisait pas bien chaud. Elle serra la cape doublée qu’elle avait sur le dos. Ce n’était pas une grosse protection et son justaucorps ne l’aiderait sûrement pas beaucoup, mais elle devait agir et ne pas se morfondre, donc elle penserait plus tard au froid mordant. Il fallait d’abord commencer par savoir où elle se trouvait. Et elle pouvait être sûre de deux choses. La première, c’était qu’elle n’était plus dans la ville, la seconde, c’était qu’elle n’était pas non plus à Framboisy.

Elle avait l’air dans un paysage montagnard ou polaire. Le sol était enneigé, les arbres à épines et la végétation semblait prisonnière de l’hiver. Il allait falloir trouver un abri, puis un moyen de subsister. Une civilisation serait mieux, mais elle n’avait aucun moyen de savoir où elle se trouvait ni quand, ni s’il y avait ne serait-ce qu’une forme de vie intelligente à proximité. Elle commença à marcher dans une direction au hasard. Il n’y avait pas de facilité de choix, de toute façon. La première étape serait de trouver une grotte et de trouver ensuite un moyen de se faciliter la survie.

▿ Date de naissance : 17/11/1969

Des failles dans la réalité
@Duncan Vizla & @Françoise Dupont

S

i la vie ici était rude, c’était une des raisons pour lesquelles j’avais choisi cet endroit. Les températures étaient parfois si basses que ça frôlait le ridicule, mais l’Alaska avait ça de bien : ce n’était pas le genre de destination de plaisance qui attirait plein de touristes. Ça tombait bien, les gens, ce n’était pas trop mon fort. Les buter, oui, mais vivre avec eux, c’était autre chose…
A part avec la petite voisine, Camille, je n’étais pas vraiment très sociable. Ni très causant. Mieux valait se taire que dire des conneries, après tout. C’était la base. En tout cas, c’était comme ça que je fonctionnais.
Avec un chien, c’était facile. Rusty était une brave bête, pas le genre à m’emmerder ni à traîner toujours dans mes jambes… Et quand ça lui arrivait de faire un peu l’andouille, il suffisait de lui faire peur et il filait dans son panier. Je devais juste hausser la voix ou prendre un objet et le soulever pendant un instant. Il me semblait que ce chien, sorti d’un refuge, devait avoir vécu quelque chose de traumatisant avec ses anciens proprios.

La neige, au dehors, était dense, du genre à amortir toutes sortes de bruits. J’avais l’ouïe fine et je connaissais parfaitement les lieux. Le jour ou la nuit, peu m’importait. J’étais ici chez moi et, bien que je sache très bien que les environs ne grouillent pas de monde, je sentais une présence.
Un être indésirable était en approche, je le pressentais.
Je vérifiai le chargeur de mon uzi, celui de mon beretta, le couteau lié au-dessus de ma cheville. Mon chalet regorgeait de planques contenant des armes et j’en avais également l’une ou l’autre dans des planques encore plus subtiles.

Rusty vint gratter à la porte. Ça y était. Cet empoté avait encore envie de pisser. Et quand il se serait soulagé, il allait, une fois de plus, japper comme un chiot et réclamer une balade. Comme si je n’avais que ça à faire. Mais je n’avais pas envie qu’il se mette à pisser ou à chier dans le chalet, alors, j’enfilai une longue et épaisse veste, un peu comme une gabardine, et j’ouvris la porte au clebs. Pour moi, ce serait l’occasion de griller une clope à l’air libre et de bien observer si je captais de nouveau quelque chose qui allait éveiller mes soupçons.
Dans la poche de ma veste, là où j’avais un briquet, ma main entra en contact avec un poing américain. Je n’utilisais pas souvent ce genre d’accessoires, mais je l’avais récupéré sur un corps, un jour, et je le gardais, au cas où. On ne savait jamais, finalement, ça pouvait servir à point.

« Grouille-toi, Rusty, et ne t’avise pas de renifler n’importe quoi ! » Il lui était déjà arrivé de fourrer sa truffe littéralement dans de la merde et, très franchement, j’aimais pas trop l’idée de devoir le nettoyer après un truc du genre.

WILDBIRD

▿ Date de naissance : 11/02/2006

Intrigue

La neige, le froid, cela allait bien cinq minutes, mais Fantômette n'avait pas tellement envie de passer la journée dans cette ambiance frigorifiée. Le problème était qu'elle avait atterri au milieu de la forêt et qu'elle n'avait aucune idée de l'endroit exact où elle se trouvait. Spontanément, elle se serait mise à la recherche de civilisations, histoire de trouver quelqu'un pour lui dire où elle était et aussi histoire de se trouver un abri pour la nuit. Mais en supposant qu'il y ait effectivement une civilisation quelque part, elle n'avait aucune idée de la distance à parcourir et elle ne savait pas davantage dans quelle direction aller. Cette double combinaison de facteurs n'allait pas l'aider à prendre une décision.

En revanche, elle avait la quasi-certitude que rester immobile à cet endroit n'était absolument pas le bon moyen pour se sortir de cette misère. Comme il n'y avait pas de meilleur choix possible, elle se mit à marcher au hasard en espérant tomber sur le moindre signe qu'il y avait quelque chose à espérer d'autre que le froid et la glace dans cette forêt sombre. Avec un peu de chance, elle tomberait sur quelqu'un qui pourrait l'aider à se sortir de ce pétrin. Pour le moment, lui servir un bon chocolat chaud serait déjà un premier pas qu'elle apprécierait.

Elle marchait depuis quelques minutes quand elle aperçut une forme dans le noir. Elle crut d'abord à un animal sauvage, ce qui serait assez logique dans ce contexte. Mais quand elle s'approcha, il apparut évident qu’il ne s'agissait pas d’un loup ou d'un chien sauvage mais bel et bien d'un animal domestique. Mais fut-il domestiqué, elle ne pouvait pas être sûre qu'il serait abordable. Elle s'accroupit et tendit sa main en espérant qu'il viendrait la renifler amicalement, ce qui fut le cas. Rassérénée, la justicière gratta aussitôt la tête de l'animal qui sembla le prendre avec beaucoup de plaisir.

« Bonjour toi. Je suis ravie de rencontrer quelqu'un qui ne me paraisse pas particulièrement hostile, et qui ait l'air civilisé. Est-ce que tu crois que ceux chez qui tu habites accepteraient de m'offrir un refuge le temps que je comprenne ce qui se passe ? »

Le chien ne sembla pas avoir d'avis sur la question mais il avait très certainement un avis sur le fait qu'il désirait continuer à se faire gratter la tête. Fantômette rit avec plaisir et poursuivit sa caresse à l'égard de l'animal qui lui offrait une bonne surprise dans cette forêt dénuée du moindre indice encourageant indiquant qu’elle allait pouvoir survivre à cette mystérieuse expérience.

▿ Date de naissance : 17/11/1969

Des failles dans la réalité
@Duncan Vizla & @Françoise Dupont

R

usty était une brave bête. J’avais craqué sur lui alors même que je me disais que je ne l’adopterais pas. Mais je vivais seul et il n’était pas bon pour un être humain de rester seul trop longtemps. Une présence vivante, c’était important. J’avais eu un poisson rouge, avant, mais je n’étais pas très enthousiasmé par ce genre de bestiole, car la présence d’un animal aquatique dénué de paroles, de cris ou de mémoire n’avait pas grand-chose de très épanouissant. De toute façon, ici, un poisson rouge aurait sans doute gelé dans son bocal, en même temps que son milieu de vie. Aucun poisson rouge n’aurait jamais pu survivre à un tel climat. Même avec écharpe et bonnet.

L’Alaska, la neige, le froid… c’était mon environnement de vie. Je savais que mes ennemis auraient du mal à me tracer jusqu’ici. Pour me retrouver, il aurait fallu que je le veuille, ce qui n’était clairement pas au programme. Ou alors, il aurait fallu que Damoclès et compagnie puisse retrouver ma piste. Mais j’étais quelqu’un de discret et j’avais assez de pudeur pour ne pas étaler ma vie sur des réseaux ou sur du papier. D’ailleurs, même la plupart de mes anciens collègues ne me connaissaient pas sous mon véritable nom mais connaissaient surtout mon surnom : le Black Kaiser.

J’avais emmené Rusty en balade, pour qu’il puisse se dégourdir les pattes, uriner sur tout ce qu’il voulait et me faire poireauter le temps qu’il se décide ensuite à regagner nos pénates. Il lui était déjà arrivé de me ramener des petits rongeurs ou même des branches, parce que ce chien avait parfois des idées un peu débiles.
Ce soir, quand il s’éloigna pour son petit tour, je ne pensais pas que mon petit chien allait trainer bien loin, mais il s’échappa un instant et je finis par devoir me décider à le suivre, au moins de loin.

Cependant, je ne m’attendais pas à entendre une voix. Il était inhabituel de me retrouver à écouter les propos de quelqu’un dans un lieu si éloigné du monde et de la vie. Rusty s’était fait… une pote ?
Mais même si c’était une fille qui semblait amicale avec Rusty, je ne pouvais pas prendre le risque de laisser n’importe qui être ici, si près de chez moi. J’enfonçai les mains dans mes poches et je m’emparai de l’arme de poing qui y était logée.
Marchant à pas de loup vers la source d’origine du rire, je tâchais de demeurer caché par les arbres. Mais la neige, si elle étouffait le bruit des pas qui, sur des branches aurait été très sonore, laissait des empreintes, ce qui indiquait trop clairement les chemins empruntés.
Alors, il me fallait être prêt à attaquer, plutôt qu’à me défendre. La meilleure défense avait toujours été l’attaque et j’avais toujours su, aussi, qu’il fallait anticiper au maximum les choses si l’on voulait survivre.

Quand je ne fus plus qu’à quelques mètres de Rusty et de la fille, je tirai un coup de feu, juste à côté de la nana, comme un tir de sommation.
« Premier avertissement. Dégagez de chez moi. »

WILDBIRD

▿ Date de naissance : 11/02/2006

Intrigue

Il n’était jamais évident de se retrouver dans une zone hostile, seule, et sans espoir que quelqu’un puisse vous venir en aide. Fantômette n’avait jamais aimé se retrouver dans une situation sans issue, même si elle avait une faculté assez efficace à se sortir de tout ce qu’elle avait rencontré. Cela dit, seule, dans un endroit totalement inconnu, sans savoir comment elle était arrivée là, c’était plutôt mal parti. Elle manquait d’indices pour savoir comment agir et elle n’aimait pas ça. Elle ne pouvait pas être certaine de s’en sortir. La raison pour laquelle on l’aurait mis dans une telle situation restait nébuleuse, mais le fait était qu’elle s’y trouvait.

La présence de ce chien bienveillant était rassurante. S’il y avait un chien, il devait y avoir un maître. Si la bienveillance de l’animal augurait de l’attitude du maître, elle pourrait peut-être espérer s’en sortir au final. Il fallait encore qu’elle convainque l’animal de l’emmener voir son maître et le maître de lui filer un coup de main. Ce n’était pas gagné, mais elle commença par flatter l’animal qui sembla apprécier ses cajoleries. Les chiens étaient des animaux bienveillants et fidèles, Fantômette était toujours émue de voir l’affection spontanée de ces animaux extraordinaires. Il n’y avait rien de plus parfait que l’amour gratuit d’une petite créature.

Un coup de fusil juste à-côté d’elle rompit le charme. La jeune justicière bondit sur le côté dans une réaction de surprise exagérée et le chien fila auprès de son maître. Finalement, il n’était pas aussi bienveillant. Voilà qui n’allait pas faciliter les choses. Fantômette décida de ne pas se prendre au sérieux, le meilleur moyen pour briser la glace. Après tout, s’il voulait la faire fuir, il n’avait sûrement pas voulu la tuer directement ou il l’aurait fait. Une chance, en fait, qu’il ne l’ait pas fait, parce qu’elle n'aurait rien vu venir. Elle devait faire plus attention à ce qu’il se passait autour d’elle.

« Attention avec votre joujou ! Vous allez blesser quelqu’un ! »

Elle s’avança vers un arbre et en deux petits sauts et quelques prises bien ajustées, la demoiselle était à l’abri dans les branches en train de chercher à découvrir qui était la personne qui lui avait tiré dessus et en essayant de voir à quoi il ressemblait. Ce n’était pas bien probant pour le moment, mais elle était relativement en sécurité et dissimulée, mais pas hostile. Un bon compromis en espérant qu’il accepterait de s’approcher. Elle ne savait pas où elle se trouvait et cet homme était actuellement son seul espoir de voir sa situation progresser un peu. Ce n’était pas une excellente nouvelle, mais c’était mieux que rien.

« J’ai bien compris que vous n’avez pas trop envie de m’avoir dans le coin, mais je sais pas du tout où je suis et comment aller quelque part. Alors, ce serait sympa de m’indiquer le chemin le plus court pour trouver un endroit sûr, pour me faire partir, plutôt que de me tirer dessus. C’est quand-même un peu plus civilisé, vous trouvez pas ? »

▿ Date de naissance : 17/11/1969

Des failles dans la réalité
@Duncan Vizla & @Françoise Dupont

A

u beau milieu des bois, en Alaska, il ne fallait pas s'attendre à tomber sur un gentil petit lapereau tout doux. Rusty cherchait toujours des endroits où gratter, que ce soit dans la neige, dans la terre ou dans des feuilles mortes, il avait le don de passer son temps à renifler des trucs un peu partout et de revenir, tout fier, avec une minable petite branche entre les dents, comme s’il m’apportait une proie de premier choix.
Mais cette fois, ma bestiole avait flairé quelque chose de plus important qu’une brindille morte. Cela lui arrivait donc parfois d’avoir un instinct un peu plus éveillé… c’était bon à savoir.

Quand j’avais tiré pour sommer la jeune fille de quitter mon territoire, j’avais volontairement tiré à côté d’elle. Le but était de lui faire peur, pas de la buter. Je la vis alors faire un bond sur le côté, avec l’agilité d’un animal, tandis que Rusty me rejoignait en couinant. Il n’aimait pas trop quand je tirais des coups de feu. C’était une chance pour la fillette que Rusty ne lui ait pas pissé dessus… quand il était stressé, il avait tendance à relâcher ses muscles un peu trop vite. Comme quand il était content, d’ailleurs.

J’arquais mon seul sourcil visible lorsque j’entendis la voix féminine me mettre en garde sur les dangers des armes à feu. Était-elle idiote ou faisait-elle l’idiote ? Ces derniers temps, on voyait toujours tellement de gens de toutes sortes… je ne devais pas m’inquiéter de me trouver face à une adolescente à la répartie aussi naze. J’eus un grognement pour toute réponse à cette remarque.
Et puis elle fila en quelques bonds. Il me semblait que cette fille devait avoir quelques liens génétiques un peu plus poussés que la plupart des êtres humains avec l’espèce simiesque. Elle se débrouilla pour se mettre hors de portée, mais les craquements des branches, comme la voix qui surgit à nouveau, m’indiquaient où elle se trouvait.

« Civilisé ? Vous rigolez, ou quoi ? » On ne pouvait pas parler d’agir de façon civilisée quand on considérait que la jeune fille s’était introduite sur mon terrain sans aucun accord de ma part. « Violation de domicile, ça vous parle ? »

J’avais sans aucun doute le droit de lui tirer dessus sous prétexte que sa présence mettait en danger mon domaine et ma tranquillité. En Alaska, vu le peu d’habitants au kilomètre carré, il y avait peu de chances que les flics puissent intervenir et me trouver. Et puis, un corps, c’était facile à faire disparaître par ici. Un jeu d’enfant.

Pointant mon arme à feu dans la direction d’où venait la voix, je lui enjoignis à présent de décliner son identité. Je connaissais suffisamment le profil des hommes de main de chez Damoclès pour savoir, lors de ce test, si cette personne était une cible à abattre.
« Qui êtes-vous ? »

WILDBIRD

▿ Date de naissance : 11/02/2006

Intrigue

Évidemment, elle était tombée sur le seul gars de ce monde qui n'avait aucun sens de l'humour. La chance lui souriait toujours autant, aujourd'hui. Le chien avait rejoint son maître et il semblait craindre plus son fusil qu'elle. S’il avait l'habitude de tirer sur tout ce qui bougeait, le chien pouvait se considérer chanceux d'être toujours en vie. Il avait probablement appris au fil du temps à manifester sa présence sans ambiguïté. Sa petite remarque n'ayant pas fait mouche, elle espéra qu'il aurait au moins le mérite de lui indiquer le meilleur moyen pour débarrasser le plancher comme il le souhaitait aussi rapidement que possible.

Mais plutôt que de répondre à sa proposition civilisée, il préféra de se mettre à nouveau en colère en parlant de violation de domicile. Fantômette fronça les sourcils en le regardant, et en soupirant devant l'évidence qu'il allait être difficile de communiquer avec lui. Elle avait vraiment beaucoup de chance. Elle se retrouvait projetée dans un endroit dont elle ne savait rien et la seule présence était un individu qui semblait vouloir tout plutôt que de l'avoir dans les parages. Pourquoi il fallait toujours qu'elle tombe dur des originaux casse-pieds ? C'était une réponse qu'elle n'aurait probablement jamais.

« Violation de domicile, violation de domicile, et comment je le saurai que c'est votre domicile ? Y a pas marqué propriété de... vous vous appelez comment, au fait ? Bref, j'ai pas demandé à être là moi. On m'a balancée ici sans raison et vous êtes le seul être vivant que j'ai croisé depuis mon arrivée. »

Il avait au moins le mérite de changer de ton après cette mini explication et de lui demander poliment, ou presque poliment, comment elle s'appelait. Il y avait mis le temps, mais ils allaient peut-être pouvoir faire un minimum connaissance avant de décider de quelle façon chacun rentrerait chez soi. En tout cas, il était le seul espoir de la jeune justicière de ne pas finir ses jours en bloc de glace. Elle n'avait donc pas l'intention de renoncer à bénéficier de son aide s'il y avait la moindre chance qu'il finisse par accepter.

« Vous pouvez m'appeler Fantômette. Y a pas longtemps, j'étais coincé dans une ville bizarre où je me trouvais depuis trois ans. Je ne savais déjà pas comment j'ai atterri là, alors vous dire ce qui m'a amenée ici, c'est trop me demander. Une seule chose est sûre, ce n'est pas chez moi. »

▿ Date de naissance : 17/11/1969

Des failles dans la réalité
@Duncan Vizla & @Françoise Dupont

A

lors comme ça il fallait que ce soit une gamine tarée qui débarque chez moi comme ça, sans prévenir. Quel âge avait-elle ? Et quel âge mental avait-elle ? A vue de nez, une quinzaine d’années… et mentalement… euh… Douze ans ? Treize ? Pas plus en tout cas. Je devais avoir attiré une cinglée, sans le vouloir. Peut-être s’était-elle échappée d’un asile psychiatrique. Mais je ne bougeais pas assez d’ici pour pouvoir localiser à coup sûr l’établissement psychiatrique d’où elle pouvait s’être enfuie. Sainte-Gertrude, peut-être… il me semblait que ce n’était pas trop loin, même à pieds.

Rusty s’éclatait. Il avait l’air de bien aimer la gamine cinglée. Un imbécile, ce chien. Qu’est-ce qui m’avait pris de l’adopter ? Je n’avais jamais été doué pour garder les animaux, en plus. C’était plus un poids qu’autre chose…
D’ailleurs, ce boulet couvert de poils n’avait de cesse de chercher l’attention de la greluche tandis qu’elle m’expliquait avoir atterri là par hasard, parce qu’elle avait été balancée là comme ça, sans avoir rien demandé à personne.

« Vous auriez pu croiser un ours. » Je ne savais pas trop si cela aurait été mieux pour elle, ou pire. On m’avait déjà comparé à un ours, d’ailleurs, il paraît que je peux être un ours mal léché, mais tout ce que je voulais, c’était avoir la paix. Une paix royale.

La midinette finit par me dire de l’appeler « Fantômette ». Encore un surnom à la con pour un jeu débile entre gamins, sans doute. Mais puisqu’on en était aux surnoms…

« Vous pouvez m’appeler Black Kaiser. » Après tout, je n’avais pas de raison de lui révéler mon nom ou mon prénom.
Je scrutais aussi son visage pour voir si mon titre lui disait quelque chose : si c’était le cas, je devais m’attendre à ce que Damoclès ait lâché quelques hommes par ici pour me retrouver.

« Les questions existentielles, c’est pas mon truc.»
Tout ce flot de paroles… elle n’arrêtait pas et je trouvais cela fatiguant et ennuyeux. Je n’aimais pas les gens qui parlaient pour ne rien dire.

Par les températures de moins quinze qu’il y avait par ici en cette saison (des températures plutôt douces, d’ailleurs, pour la période de l’année), la gamine n’était pas habillée pour survivre bien longtemps.

« En tout cas, vous avez dû être chiante avec celui qui vous a balancée ici. » Si elle l’avait noyé de ses logorrhées sans fin, je le comprenais. C’était très désagréable.
Mon arme toujours pointée sur elle, je terminais par ces mots : « La ville la plus proche est dans cette direction, à deux petites heures de marche. Barrez-vous. »

WILDBIRD

▿ Date de naissance : 11/02/2006

Intrigue

Elle avait effectivement parlé d'être vivant et non pas de personne et il était évident que l'ours était un être vivant. Mais entre un ours qui la mangerait et un homme qui lui tirerait dessus, le choix était cornélien. Il valait peut-être mieux l'homme, après tout. Il n'était peut-être pas content de la voir traîner dans le coin. Mais un homme, cela pouvait se raisonner, ce qui n'était pas le cas en ce qui concernait un ours affamé. Elle pouvait toujours lui dire qu'elle n'avait pas bon goût, mais il n'était déjà pas certain que l'ours le croirait et puis, il fallait avant tout qu'il la comprenne, ce qui était encore plus improbable.

« A choisir, je préfère encore vous avoir croisé vous », reconnut-elle avec un semblant de sérieux.

Elle était capable d'être sérieuse. Elle ne trouvait seulement pas cela très amusant. Histoire d'essayer d'entamer des relations un peu moins négatives, elle se présenta et il en fit autant. Elle avait au moins un nom à mettre sur le visage de cet homme, même si cela ne ressemblait pas à un véritable nom. Cela dit, ne lui ayant pas révélé sa véritable identité, elle ne pouvait pas espérer que cet homme le fasse. Une identité même cachée, c'était mieux que rien et cela suffirait pour engager la conversation. Une conversation qui ne se ferait vraisemblablement que dans un seul sens parce qu'il n'avait pas l'air d'avoir très envie d'y participer. Il se contenta de dire que la philosophie n'était pas son truc, enfin c'était à peu près ça.

« Désolée, je réfléchissais toute seule. Je comprends. vous aimez bien votre petite tranquillité. Mais ça ne vous étonne pas plus que ça que l'on se retrouve dans cet endroit alors qu'on était dans une ville il n'y a pas si longtemps ? Enfin, moi j'y étais en fait. Mais vous, je n'en sais rien, maintenant que j'y pense. »

Il semblait avoir assez fait preuve de convivialité à son goût car il lui indiqua avec peu d'enthousiasme la direction de la ville et l'envoya marcher dans la neige sans se soucier outre-mesure de sa capacité à survivre à l'expédition. Fantômette aurait pu protester, mais elle avait l'intuition que ce gars n’hésiterait pas à sortir à nouveau le fusil, si jamais elle ne s'éloignait pas rapidement. Elle lui fit une tête pour lui faire comprendre qu'elle n'avait pas l'intention de s'attarder, mais parce qu'elle était mieux élevée que lui, elle décida de le saluer avant de partir. Et puis, elle avait envie de lui faire comprendre qu'elle n'était pas une menace pour lui.

« Merci pour le tuyau ! Je vais essayer de ne pas mourir de froid avant d'arriver à destination. »

Elle se douterait qu'il n'en aurait rien à faire et prit tranquillement la direction indiquée. Mais au moment où elle s'avançait un peu à distance de la demeure de l'individu sordide, des coups de feu se firent entendre. Sursautant brutalement, la justicière revint à son point de départ en se demandant si l'homme allait lui apporter de l'aide ou s'il allait préférer lui tirer une balle dans la tête pour lui éviter d'être tuée par les nouveaux venus. Dans tous les cas, elle avait plus confiance en le type brutal qu'elle connaissait déjà qu’en ceux qui n'étaient pas encore arrivés. Elle regarda de travers dans la direction des coups de feux avec une certaine perplexité. Elle arriverait peut-être à redorer son blason en ce qui concernait le niveau d'agacement quel faisait ressentir à son interlocuteur.

« Vous réunissez votre club de tir à la carabine ou il se passe quelque chose là ? »

[

▿ Date de naissance : 17/11/1969

Des failles dans la réalité
@Duncan Vizla & @Françoise Dupont

E

t si les choses avaient dû se passer autrement ? J'aurais pu tirer sur cette fille et la tuer. Je ne m'en serais peut-être même pas rendu compte tout de suite. Il y avait toutes sortes d'animaux dans la forêt, et les bruits sourds étaient assez courants, tout comme les cris et les grognements.
Je savais que je pouvais me comporter un peu comme un ours (au sens figuré : je n’avais encore jamais bouffé personne, en tout cas, pas à ma connaissance) parce que je n’étais pas très sociable, que je défendais ce qui m’appartenait et que j’étais prêt à en découdre pour cela.
Mais elle… ce n’était qu’une gamine.

Son nom m’importait peu. Le mien ne devait pas être plus important pour elle. Et son absence de réaction lorsque je lui énonçais mon surnom d’assassin me conforta dans l’idée qu’elle ne devait rien avoir à voir avec Damoclès.
Elle semblait un peu tarée sur les bords, et beaucoup au milieu. Des propos décousus, complètement dingues et une attitude de pseudo-femme-sérieuse. Cette gamine ne savait pas où elle avait atterri, visiblement.

« Qu’est-ce que ça peut faire ? » Elle avait raison sur un point, cependant, je ne me trouvais pas ici quelques heures auparavant.
Et entre l’île où je vivais actuellement et cet endroit où j'avais vécu, il y avait vraiment un monde de différence. Je restais toujours méfiant, Damoclès pouvait avoir des yeux et des oreilles partout...

Mais quand la gamine accepta de suivre la direction que je lui avais indiquée; un doute m'assaillit... Elle n'avait pas vraiment une tenue idéale pour se balader par ici et par ce temps. Ses chaussures ne ressemblaient pas à grand-chose et la moindre chute les aurait foutues en l'air.
J'étais prêt à retourner chez moi, mais des coups de feu retentirent, attirant immédiatement mon attention. Et j'eus le réflexe de sauter vers la gamine pour la forcer à se coucher par terre, à même le sol gelé.

« Boucle-la. »

Qu'elle se taise et qu'elle se planque, c'était tout ce qu'il me fallait. Quant à Rusty... qu'il continue à vaquer à ses occupations.
Les coups de feu nous visaient-ils vraiment ou était-ce une diversion ? Si c'était les hommes de Damoclès, à tous les coups, ils jouaient à la roulette russe pour passer le temps...

« Tu peux te faire discrète ou c'est impossible pour toi ? » Ma question, à peine murmurée, laissait entendre que je n'allais pas m'encombrer d'un boulet. J'avais déjà Rusty pour ça. D'ailleurs... peut-être que c'était lui qui avait été visé un peu plus tôt... « Chez moi. Tout de suite. »

Mon chalet était une véritable place forte, pour tenir un siège. Et de là, je pouvais facilement accéder à différents lieux précis qui pourraient me permettre d'avoir une vue d'ensemble. J'aurais aimé que Jazmin m'ait concocté un de ses "feux d'artifice" dont elle avait le secret, mais depuis qu'on ne couchait plus ensemble, je ne lui demandait rien. Elle avait voulu qu'on tente quelque chose de plus que juste du sexe et ça ne m'avait pas semblé être une bonne idée.

Sans porter la moindre attention à mon chien, qui avait peut-être bien disparu pour la bonne cause (la mienne), j’entamais un déplacement stratégique vers ma cabane. Qu’elle me suive ou non m’importait peu. Elle pouvait n’être qu’un dégât collatéral ou un appât, ou un boulet.

WILDBIRD

▿ Date de naissance : 11/02/2006

Intrigue

Plus les choses avançaient, plus cet homme lui faisait comprendre qu'elle était indésirable. Elle savait très bien qu'il y avait peu de chances pour qu'elle trouve un abri rapidement et qu'elle s'en sorte, Mais puisqu'il avait décidé de l'envoyer sur les roses, elle n'avait pas d'autre choix que d'essayer. Il était difficile de dire si elle s'était déjà retrouvée dans une situation plus complexe, mais elle avait de l'entraînement et elle était plus endurante qu'on ne pourrait le croire. Elle pouvait s'en sortir, à condition de ménager ses forces et seulement si elle savait dans quelle direction s'orienter, ce qui était maintenant le cas.

Il avait raison. Cela n'avait guère d'importance de savoir s'il était dans la ville aussi ou pas. De toute façon, ils ne se reverraient sans-doute jamais et peu importait l'endroit où elle se trouvait, que ce soit ici ou dans la ville mystérieuse, son objectif serait toujours le même : arriver à mener une petite vie tranquille stable et pour chasser et arrêter ceux qui se comportaient mal. Atteindre ce but aurait été plus facile avec un allié, mais elle avait l'habitude de se débrouiller toute seule et elle n'avait surtout pas l'intention de supplier d'homme de l'abriter ou de lui prêter des vêtements chauds.

« Vous avez raison, à la prochaine. »

Mais lorsque les coups de feu retentirent, elle ne put s'empêcher de le questionner à sa manière humoristique. Cela était son naturel et il lui était compliqué de prendre les choses au sérieux au premier abord. Dédramatiser la situation lui avait souvent permis d'atteindre ses objectifs infiniment plus facilement que de se jeter dans les ennuis à corps perdus, même si elle ne pouvait nier que c'était aussi une de ses manières de fonctionner. Elle ne s'attendit pas à ce que pour toute réponse, il la plaque sur le sol en lui intimant le silence. Elle aurait pu protester mais ce n'était pas le moment de faire de l'humour.

Quand on la voyait pour la première fois réagir à sa façon fantaisiste, c'était une question légitime de se demander si elle était capable de discrétion. Il aurait sûrement été surpris de savoir à quel point elle était capable de laisser ignorer qu'elle se trouvait à proximité. Elle avait déjà planqué des bandits et n'avait pas trahi sa présence. Mais cela ne la surprenait pas qu'il se pose la question et elle se contenta d'un hochement de tête discret, tout à fait sérieux, le regard ferme comme il n'avait pas encore pu le voir jusqu'à présent. Il lui intima de se rendre à l'intérieur et elle fila automatiquement avec la dextérité et la discrétion qui était la sienne dans les situations de crise. Ce ne fut qu'une fois à l'intérieur qu'elle se permit de poser une question.

« Est-ce que je me trompe ou est-ce que vous savez exactement qui a tiré et pourquoi ? Il me semble évident que vous en avez au moins une idée. »

Sa voix était désormais très sérieuse et dénuée de toute plaisanterie. Il n'y avait pas un mot en trop et aucune allusion malicieuse, elle était transfigurée.

▿ Date de naissance : 17/11/1969

Des failles dans la réalité
@Duncan Vizla & @Françoise Dupont

D

ans cet environnement aussi dur que froid, je vivais comme j'avais toujours vécu : un peu comme un ours. Je protégeais mon territoire, je traquais les intrus, je me débarrassais des nuisibles… C’était généralement un endroit tranquille et calme.
Généralement…
Et puis il y avait les impondérables, les indésirables, les gens qui se ramenaient ici comme s’ils étaient des touristes, il ne leur manquait que les lunettes de soleil, la serviette de place, les claquettes et la crème glacée… Sauf qu’en fait, non, personne ne venait par ici pour les piscines extérieures ni même pour les baignades dans les sources. Il n’y avait ni plage de sable fin, ni vagues pour surfer et encore moins des coquillages colorés.

Non, ici, c’était un monde de forêt, de bêtes sauvages, de terre gelée et de rudesse. Et ainsi, couchés au sol, dans une position aussi inconfortable que la nôtre, le fait que personne ne viendrait jamais en vacances dans le coin prenait tout son sens.
Des coups de feu par ici, cela pouvait signifier deux choses : soit un imbécile ignorait que ce n’était pas la saison de la chasse, soit les hommes de Bluts m’avaient retrouvé. Dans les deux cas, il fallait éviter de se prendre une balle, qu’elle soit voulue ou perdue.
Alors quand le moment fut venu, j’ordonnais à la gamine de se rendre à l’intérieur, avec toute la douceur dont j’étais capable, c’est-à-dire, pas beaucoup.
Et ce fut là que la petite commença à m’interroger.

« Oui, j’ai bien ma petite idée. » J’étais plutôt pragmatique. Elle m’avait bel et bien demandé si je savais qui avait tiré. Elle ne m’avait pas demandé qui avait tiré. De toute façon, le qui importait peu, l’important, c’était le pourquoi.

Et comme le but était de m’éliminer, s’ils étaient remontés jusqu’ici, alors ils avaient dû avoir Lomas.

« Faut pas qu’ils vous voient.» Ils étaient capable de vouloir ensuite l’enlever, la torturer, ou pire… pour m’atteindre. S’ils pensaient que j’avais un peu d’affection pour cette fille, ils allaient sauter sur l’occasion, je le savais très bien.

« Ils sont armés jusqu’aux dents et complètement tarés. »

J’estimais que les présentations de nos traqueurs étaient suffisantes pour l’instant.
Je tâtonnais sous la table de la pièce principale et je détachais le Glock qui était scotché là. Je le lançais à la fille.

« Faudra tirer dans le tas. » On n’avait pas le choix, de toute façon, alors autant se préparer à les recevoir de pied ferme. Je vérifiai le chargeur de mon arme et j’en sortis une autre de derrière le frigo. J’en avais planqué quelques-unes, à plusieurs endroits, pour pouvoir me défendre en cas de besoin. J’étais un homme prévoyant.

WILDBIRD

▿ Date de naissance : 11/02/2006

Intrigue

Ce qu'il y avait de plus flagrant avec cet homme-là, c'était une volonté manifeste de ne pas user sa salive. Il aurait pu lui expliquer à qui ils avaient affaire et pourquoi ils s'en prenaient à lui, mais il n'en avait visiblement pas l'intention. Il semblait que le plus important était de tuer des gens sans chercher à les comprendre, pas vraiment le trip de la jeune justicière qui n'avait jamais exécuté même les bandits les plus tenaces. Elle avait toujours fait en sorte de les livrer à la police. Cela dit, elle devait reconnaître qu'elle le savait rien de ce qui se passait ici et qu'il était tout à fait possible qu'il n'y ait pas d'autre option.

Quand il affirma qu'elle ne devait pas être vue, elle eut la certitude qu'il n'exagérait pas et qu'il ne fallait pas le prendre à la rigolade. Il était évident qu'il serait probablement vraiment dangereux pour elle de se retrouver entre les griffes de ces hommes. La jeune justicière n'avait pas pour habitude de jouer les seconds violons ou de faire preuve de prudence. Mais l'homme qui était là possédait le seul abri dont elle pouvait être sûre et il semblait n'avoir aucune intention de la tuer, ce qui était deux atouts suffisants pour tenir compte de ce qu'il disait. Pour une fois, il valait mieux rester sérieuse et laisser le spécialiste gérer la situation.

« Je vous crois », murmura-t-elle. « Je ne bouge pas. »

C'était impressionnant, il avait des armes dans tous les coins de la pièce. Lorsqu'il lui en fournit une en lui suggérant de ne pas hésiter à s'en servir, elle le regarda comme s’il avait mis quelque chose de malodorant dans sa main. Sa première réaction face à ce genre de choses n'était pas vraiment l'enthousiasme. Elle avait toujours pensé que le choix de l'agression et de la violence n'était pas le meilleur et elle continuait d'en être persuadée même si, parfois, il n'y avait pas de solution élégante à une situation. Elle pouvait évidemment l'entendre, même si elle ne trouvait pas ça des plus réjouissants.

« Il n'est pas question que je me serve de ça ! J'ai horreur des armes. »

En dehors du poignard qu'elle avait évidemment à la ceinture. Le seul pistolet qu'il pointait un jour sur quelqu'un était un jouet plutôt ressemblant sur lequel Ficelle avait mis la main dans un magasin particulièrement efficace pour lui proposer des curiosités en tous genres. Il fallait avouer que Ficelle était une cliente facile à impressionner, par ailleurs. Mais malgré ce qu'elle disait, elle savait déjà que s'il fallait choisir entre sa propre vie et celle de leurs agresseurs, il faudrait bien qu'elle se défende. Et il était évident qu'elle devait être reconnaissante à son hôte de lui en fournir les moyens, même si elle n'était pas à l'aise avec cette situation.

▿ Date de naissance : 17/11/1969

Des failles dans la réalité
@Duncan Vizla & @Françoise Dupont

J

e n'avais pas prévu tout ça. Je n'avais même pas soupçonné un seul instant devoir me battre contre ces enfoirés tout en ayant à protéger une gamine sortie de nulle part. Je ne la connaissais pas, mais c’était une gosse. Le genre d’élément incontrôlable et bien ennuyeux dans des situations tendues comme celle-ci. Je me demandais si je ne devais pas carrément l’assommer pour avoir la paix et être sûr qu’elle ne vienne pas m’emmerder.

Elle ne savait pas à qui on avait affaire et il ne fallait pas qu’elle le sache. Tout ce qu’il fallait, c’était qu’elle ne se fasse pas buter. Et les balles perdues avaient tendance à partir un peu dans tous les sens avec ces cons-là. Les hommes de Bluts étaient complètement dingues et ils agissaient uniquement pour le fric.

« Ma tête et la tienne, ça doit leur rapporter quelques centaines de mille. » Je n’en disais pas trop en disant cela, mais ça pourrait peut-être lui faire comprendre qu’on ne jouait pas.

Alors quand elle refusa de se servir d’un flingue, j’arquai un sourcil. J’allais pas la forcer.
« Ok. » Je pouvais garder mes armes planquées un peu partout, ça permettrait de défoncer quelques tronches si ces tarés parvenaient à rentrer.
Je me postais contre le mur, près d’une fenêtre d’où je pouvais voir s’il y avait du mouvement.
J'avais vérifié le chargeur de mon flingue avec un regard acéré, m'assurant que chaque balle était en place, prête à cracher le feu si nécessaire. Mes yeux scrutaient la fenêtre, fixés sur l'extérieur comme un aigle surveillant sa proie. La tension dans l'air était palpable, le calme avant la tempête.

Les ombres dans la forêt semblaient danser au rythme du vent, et mes sens étaient en alerte, prêts à réagir au moindre signe de danger. Mon doigt caressait doucement la détente, comme un amant impatient de retrouver sa bien-aimée. Chaque souffle, chaque bruit, tout était filtré à travers l'instinct de survie forgé au fil des années.

Soudain, un mouvement fugace attira mon attention. Mon regard se fixa sur une silhouette sombre, furtive, se faufilant entre les arbres. Mon cœur battait avec régularité, mon esprit était calme comme les eaux d'un lac gelé. C'était le moment que j'attendais, le moment où je pourrais laisser libre cours à mes compétences, où je pourrais être l'ombre qui hante les cauchemars de mes ennemis.

Je m'éclipsai de la fenêtre, glissant silencieusement dans l'obscurité de ma maison. Chaque pas était précis, chaque mouvement calculé. Je savais que mon adversaire ne s'attendait pas à ce que je réponde à son jeu, à ce que je me transforme en prédateur insaisissable. Mon arme était mon prolongement, mon âme sœur dans cette danse mortelle.

À mesure que je me rapprochais de la sortie, je ressentais l'adrénaline couler dans mes veines, une sensation familière qui me donnait vie. La chasse était engagée, et j'étais prêt à traquer ma proie jusqu'au bout du monde. Mon souffle était calme, ma vision claire, et mon esprit, aiguisé comme la lame d'un couteau.
C'était mon monde, mon jeu. Et dans cette danse macabre, je ne connaissais qu'une règle : survivre, peu importe le prix.

WILDBIRD

▿ Date de naissance : 11/02/2006

Intrigue

Elle ne savait pas dans quel genre de folie elle était tombée, mais elle était à peu près certaine que ça ne lui plaisait pas. Le type semblait connaître les gens qui s’en prenaient à lui et elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il devait avoir des comptes à régler ensemble, qui ne la concernaient pas, elle. Elle demeurait persuadée qu'elle n'avait pas grand chose à faire dans toute cette histoire et c'était bien pour cette raison que se demandait ce qu'elle faisait là. Mais quelque chose l'avait amenée et il allait bien falloir qu'elle trouve le moyen de se sortir de cette histoire avant que quelqu'un soit blessé.

L’homme mentionna que leurs deux têtes devaient être mis à prix. Évidemment, Fantômette aurait pu le prendre sérieusement mais il ne fallait pas trop en demander. En tout cas, elle ne voyait pas vraiment qui pouvait être la personne ayant mis sa tête à prix. Elle voyait bien quelqu'un qui pourrait lui en vouloir mais elle n'était pas certaine qui irait jusqu'à mettre de l'argent dans toute cette affaire. En plus, en règle générale, chaque fois qu'il essayait de se faire de l'argent, elle parvenait à l'en empêcher. Il fallait dire aussi qu'il le faisait toujours de façon malhonnête alors elle ne pouvait pas laisser faire. Cela étant, puisqu'il échouait, elle ne voyait pas où il aurait trouvé l'argent pour mettre sa tête à prix.

« Eh bien si ce satané Furet est venu jusqu'ici dans le seul but de mettre ma tête à prix, ça m'étonnerait que vos gugus puissent vraiment espérer se faire payer », commenta-t-elle en le regardant se préparer à la bagarre.

De son côté, elle refusa la seule arme qu'il lui proposa. Elle n'était pas du genre à vouloir se battre de cette façon. Elle avait toujours détesté les armes et elle détestait encore plus à ceux qui on s'en servait. Elle avait été menacée dans certain nombre de situation par une arme mais elle avait toujours réussi à s'en passer. Pour son plus grand étonnement, il n'insista pas et ne chercha pas à la convaincre du bien-fondé de l'usage d'une arme pour se défendre. En revanche, il se glissa doucement à l'extérieur et commença à fouiller les alentours.

Accroupi sous le rebord de la fenêtre, et les deux mains dessus, avec seulement son regard qui dépassait, la jeune justicière surveillait les alentours. Du moins, c'était l'impression qu'elle donnait. Mais en réalité, elle voulait surtout s'assurer que personne ne s'approcherait de la maison à part l'homme qui avait accepté de ne pas la tuer. Ce n'était pas qu'il lui soit particulièrement sympathique, mais elle avait la quasi-certitude qu'il n'était pas hostile. C'était déjà beaucoup en ces circonstances. Elle aperçut un homme s'approcher de la maison et elle sut aussitôt que son protecteur improvisé ne voudrait pas le laisser entrer. Bizarrement, elle n'eut aucun mal à dénicher un revolver pile à côté de l'endroit où elle se trouvait. Elle en abattit la crosse discrètement sur la tête de l'individu et l'assomma sans hésiter.

« Bon, de la ficelle maintenant ! »

Elle dégota une solide pelote de ficelle et attacha soigneusement sa cible avant de le bâillonner et de le glisser à l'arrière de la maison. Ça en ferait déjà un de moins, même si elle n'avait pas le talent de tueur de son hôte.

▿ Date de naissance : 17/11/1969

Intrigue 3

feat @Françoise Dupont

Je la regardais, elle, la petite justicière en cape, agir avec une rapidité et une détermination que je n’avais pas anticipées. Cette fille n’était clairement pas une amatrice.

« Pas mal, pour une gamine » marmonnais-je sous ma barbe, l'observant neutraliser le tueur avec une facilité déconcertante. Elle n’avait peut-être pas voulu de mon arme, mais elle savait se débrouiller. J’avais presque un sourire en coin en la voyant faire.

J’étais posté à l’autre bout de la pièce, scrutant l'obscurité à travers la fenêtre, mon fusil à portée de main. Les hommes de Blut ne tarderaient pas à se rendre compte qu’un des leurs manquait, et il fallait être prêt.

« Vous avez des talents cachés » lançais-je sans la quitter des yeux. « Mais ne vous méprenez pas, ça ne fait que commencer. »

Je savais que cette petite guerre ne se gagnerait pas avec de simples coups de crosse. Blut ne lâcherait pas prise aussi facilement, et il fallait être prêt à tout. J’avais vécu assez longtemps dans ce monde de violence pour savoir que la moindre hésitation pouvait être fatale.
Je rechargeais mon fusil, mes sens en alerte.

« Restez sur vos gardes. Ces gars-là ne jouent pas. »

Le vent hurlait à l'extérieur, et la neige tombait avec une telle intensité que tout semblait flou. Mais mes yeux, habitués à ce genre de situations, ne manquaient rien.
Soudain, un bruit sourd retentit à l’arrière de la maison. Je pivotais, fusil en main, prêt à faire feu. Mais il fallait être sûr. Pas question de tirer sur une ombre.

« Vous, surveillez la porte. Moi, je m’occupe de l’arrière. »
Sans attendre sa réponse, je m’éclipsais dans l'obscurité, me glissant à l’extérieur avec la discrétion d’un fantôme. L'homme de Blut n’aurait pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Pas cette fois.

KoalaVolant

▿ Date de naissance : 11/02/2006

Intrigue

Fantômette n’aimait peut-être pas tirer sur les gens et elle n'avait aucun goût non plus pour la violence ou le sang, mais elle n'était pas une gamine inutile. Elle avait plutôt le sens de l'humour et ça ne l’embêtait pas de se moquer sans vergogne des bandits qui cherchaient à lui faire du mal, ce n'était qu'une façade destinée à dissimuler sa peur, tout en faisant croire à l'adversaire qu’elle était moins dangereuse qu'il n'y paraissait. Ce stratagème avait probablement un peu trop bien marché avec l'homme devant chez qui elle avait été catapultée, quoique, puisqu'il avait tout de même essayé de lui fournir une arme.

Il n'avait pas insisté quand elle avait refusé de l'utiliser, en se disant probablement que la jeune fille avait révélé par là son inutilité à se battre. Mais lorsqu'elle fit le tour de neutraliser un des ennemis, bien qu'elle ne l'ait pas tué, elle acquit un peu de considération de la part de celui qui défendait la maison. Il ne la considérait en tout cas plus comme inutile et devant seulement être protégée. La différence de vision était significative et la jeune fille comprit qu'elle n'avait pas ménagé son effet en venant à bout de l'individu, même tout pacifiquement que ce fut. Elle ne put résister à ajouter une touche supplémentaire d'humour dans la situation.

« Merci. On ne rentre pas chez les gens sans y être invité, franchement, quel manque de savoir-vivre. »

Il l'alerta néanmoins que cela ne faisait que commencer et qu'il fallait s'attendre à tout. Sachant qu'elle était coincée dans une maison loin de tout et que celle-ci était encerclée par des bandits qui faisaient les règles du jeu, elle pouvait difficilement négocier, fuir ou faire l'une de ces astuces pour éviter de tues ou d'être tuée. C'était son partenaire du moment qui connaissait les règles du jeu et elle le savait. Elle espérait juste pouvoir se sortir de cette histoire sans être obligé de faire feu sur des gens, c'était quelque chose qui la faisait frémir, rien que d'y penser. Mais elle hocha la tête avec sérieux pour lui faire savoir qu'elle comprenait la gravité de la situation.

Elle sursauta en entendant le bruit à l'arrière, tandis que l'homme tournait la tête également. Il y avait quelqu'un qui essayait de profiter de l'arrière porte pour entrer sans en avoir l'air. Elle fut donc chargée de surveiller l'entrée pendant que lui s'occuperait de l'arrière. Elle se contenta de hocher la tête, tenant toujours le pistolet par le devant et espérant qu'elle n'aurait pas à le retourner pour tirer sur quelqu'un. Tout le monde avait l'air occupé à échafauder des plans, mais il était possible aussi que l'homme à l'arrière ne soit qu'une distraction destinée à éviter un accueil à l'entrée où ils arriveraient en force. Si c'était le plan, elle n'était pas sûre de pouvoir les contenir pacifiquement.

▿ Date de naissance : 17/11/1969

Intrigue 3

feat @Françoise Dupont

Le vent mordait ma peau à travers les interstices de ma tenue alors que je m'avançais vers l'arrière de la maison, laissant la jeune fille, cette Fantômette, veiller sur la porte d'entrée. Je n'avais pas de temps à perdre en bavardages inutiles. J'étais là pour agir, pour préserver ce semblant de paix dans un monde qui n'en avait que faire. L'ironie de sa remarque sur le savoir-vivre des intrus ne m'avait pas échappé, mais les circonstances n'étaient pas aux rires. J'étais focalisé, mes pensées aussi tranchantes que les balles qui pourraient bientôt siffler dans l'air glacial.

Je me déplaçais en silence, mes bottes foulant la neige avec précaution. J'avais appris, au fil des ans, à me fondre dans l'ombre, à devenir le fantôme que mes ennemis redoutaient tant. L'obscurité était mon alliée, la solitude, ma compagne de toujours. Le bruit à l'arrière n'était pas un bon signe. Si c'était une ruse, Fantômette serait débordée en un rien de temps, et je ne pouvais pas me permettre de perdre ce seul atout imprévu dans cette lutte acharnée contre Blut et ses hommes.

Je longeais le mur, mon fusil prêt à répondre à la moindre menace. Mes yeux scrutaient la pénombre, cherchant la source de ce bruit qui avait attiré mon attention. Un craquement soudain, un mouvement furtif, et je me figeais, mes sens en éveil. Il ne fallait pas grand-chose, une fraction de seconde, pour que tout bascule. Une ombre se détacha de l'obscurité, et mon doigt se crispa sur la gâchette.

Mais c'était une fausse alerte – un animal, peut-être, qui avait choisi le mauvais moment pour chercher refuge. Je ne baissais pas ma garde pour autant, car dans ce métier, l'excès de confiance était synonyme de mort. Je ne pouvais pas me permettre d'être sentimental ou hésitant. Pas maintenant.

En retournant discrètement vers l'avant de la maison, je réfléchissais à la tâche qui attendait Fantômette. Elle n'avait pas l'air d'une tueuse, et quelque chose dans son attitude me disait qu'elle répugnait à l'idée même de faire feu. C'était un handicap, mais aussi une qualité que je ne pouvais m'empêcher de respecter. La violence n'était pas une vocation, mais une nécessité, une réalité imposée par des circonstances que l'on choisissait rarement.

Alors que j'arrivais à sa hauteur, je remarquais sa posture, sa détermination malgré son dégoût évident pour les armes. Elle était prête à tenir son rôle, à défendre cette maison contre des ennemis bien plus corrompus que les deux d'entre nous réunis.

« Vous avez du cran. » dis-je en m'approchant suffisamment pour qu'elle puisse entendre ma voix basse et rauque. « Mais le cran ne suffit pas toujours. Il faut être prêt à faire ce qui est nécessaire.»

Je scrutais l'horizon, le ciel sombre annonçait une tempête, et je savais que Blut ne reculerait devant rien.
La nuit était mon alliée, et je les utilisais à mon avantage, me fondant en elles comme j'avais appris à le faire tant de fois auparavant.

Tout à coup, une forme se détacha de l'obscurité. Un homme de Blut, sans doute, le souffle court, la démarche furtive. Il s'approchait de la porte arrière, ignorant la menace qui planait au-dessus de sa tête. Je restais immobile, une statue de glace et d'acier, le laissant s'approcher. Il ne remarqua pas le canon de mon fusil se levant lentement pour l'aligner dans ma mire.

À l'intérieur, je savais que la jeune fille était probablement tendue, chaque muscle prêt à réagir. Elle ne voulait pas utiliser son arme, je le sentais, mais elle était loin d'être inutile. Elle avait une vivacité d'esprit et une astuce qui pourraient s'avérer précieuses dans la tourmente à venir.

Je décidai de laisser l'homme de Blut s'engager plus avant, le suivant à une distance prudente. Ce n'était pas le moment de déclencher les hostilités; il fallait jouer cette partie avec finesse. Je marquai une pause, pesant mes options. Devais-je l'immobiliser et risquer de donner l'alerte ou attendre de voir s'il n'était qu'un pion sacrifiable dans un plan plus vaste ?

Soudain, un cri déchira la nuit, suivi d'un bruit de lutte. Le temps des hésitations était révolu. Je bondis de ma cachette, mon fusil épaule. L'homme se retourna juste à temps pour voir la mort arriver sous la forme d'un éclair de métal et de feu.

La détonation fut étouffée par la tempête, et l'homme s'effondra sans un bruit. Je vérifiai rapidement qu'il était seul avant de me retourner vers la maison. Fantômette serait en train de surveiller l'entrée, son esprit agile tournant à plein régime pour anticiper leur prochain coup.

Je devais lui faire signe que l'arrière était sécurisé, sans attirer l'attention sur notre position. J'utilisais donc un code simple, trois coups rapides contre la paroi de la maison, espérant qu'elle comprendrait que c'était moi.

L'adrénaline continuait à alimenter mes veines, chaque sens aux aguets. Je ne pouvais pas me permettre de la sous-estimer, cette jeune partenaire improvisée. Elle avait de la ressource, et je devais m'assurer qu'elle soit prête à l'utiliser. La prochaine vague d'assaut de Blut serait sans doute plus impitoyable, et nous devions être préparés.

« Préparez-vous, petite, » murmurais-je dans le vent, même si elle ne pouvait m'entendre. « La vraie bataille commence maintenant. »

KoalaVolant

▿ Date de naissance : 11/02/2006

Intrigue

Le combat qui était engagé n'était ni innocent ni simple. Françoise avait conscience que par rapport à tout ce qu'elle avait mené comme combat jusqu'à présent, celui-ci serait d'une autre trempe, d'autant qu'elle n'avait aucune idée des véritables enjeux qui se jouaient ici. Elle savait qu'elle avait envie de soutenir l'homme qui l'avait accueillie et qui avait visiblement renoncé à l'éliminer pour s'associer avec elle face à leurs ennemis. Mais elle ne savait pas ce qui se jouait entre eux et pour quelle raison ils se battaient. Dans le doute, elle préférait éviter de tuer qui que ce soit, ce qu’elle évitait de toute façon usuellement.

Elle avait réussi à neutraliser un des hommes et elle ne fut pas mécontente de se rendre compte que cela lui donnait un peu d'approbation face au propriétaire de la maison. Il pouvait voir qu'elle n'était pas complètement sans défense et qu'elle savait agir lorsque cela était possible et bienvenu. Elle avait seulement du mal à prendre des décisions définitives et elle espérait que la situation ne deviendrait pas intenable et qu'elle n'ait pas à choisir entre sa propre vie et celle de quelqu'un d'autre. Il n'y avait pas de pire choix pour elle car la simple idée d’ôter la vie à quelqu'un lui était insoutenable.

« J'en ai maté quelques-uns de plus futé que celui-là, mais il y a l'air d'avoir du monde qui vous en veut. Je ne crois pas qu'on aura cette corde pour tout le monde. »

De toute façon, il était évident que ce n'était pas une solution pour cet homme. Il était totalement possible que celui-ci n'ait aucune solution pour neutraliser les individus en toute sécurité et sans pouvoir garantir que derrière, il ne serait pas à nouveau en danger. Peut-être que pour lui, tuer était le seul moyen de garantir sa propre vie. Et si elle n'était pas en accord avec cette façon de fonctionner, François se garderait bien de le juger en sachant pertinemment qu'elle n'avait pas tous les tenants et les aboutissants de cette affaire. Tout ce qu'elle voudrait, c'était repartir dans un endroit où elle n'aurait pas à faire ce choix.

« Entre deux moments de fusillade, ça pourrait être bien que vous m'expliquiez ce qui se passe ici, vous ne croyez pas ? »

Les choses avaient l'air plutôt calmes dans l'immédiat, mais il n'était pas nécessaire d'être devin pour savoir que ça n'allait probablement pas durer. La justicière était prête à profiter de ce moment d'accalmie pour interroger son hôte, mais elle n'était pas sûre qu'il voudrait répondre à ces questions. Elle préférait lui laisser le choix du moment dans l'idéal, mais elle n'avait aucun doute sur le fait qu'il était possible qu'il ne veuille pas partager ces informations là avec elle. Elle avait prouvé qu'elle n'était pas un danger pour lui mais plutôt de son côté, mais ça ne voulait pas dire qu'il soit d'accord pour partager ses secrets. Il lui intima d'être prête et elle se raidit à ces mots.

« C'est parti mon kiki. »

▿ Date de naissance : 17/11/1969

Intrigue 3

feat @Françoise Dupont

La neige crissait sous mes bottes alors que je scrutais les alentours, mon regard acéré cherchant la moindre ombre suspecte. À l'intérieur, Françoise tenait bon, une justicière inexpérimentée mais courageuse. Je l'avais entendue, ses paroles s'élevant au-dessus du vent hivernal, questionnant, cherchant à comprendre. Mais la vérité était que dans ce monde, comprendre ne suffisait pas toujours. Il fallait agir, et parfois, cela signifiait faire des choix difficiles.

Je lui répondis, ma voix portant à travers les courants glacés.
« Vous voulez savoir ce qui se passe ? C'est simple. On se bat pour survivre. On se bat parce que des gens comme Blut ne comprennent que la force. » Mes mots étaient tranchants, réalistes. Je ne cherchais pas à l'effrayer, mais elle devait saisir la gravité de notre situation.

Je regardais la maison, un havre éphémère dans cette tempête de violence.
« Quant à ce qui se joue entre eux et nous... c'est une histoire de vengeance, de trahison. Blut m'a trahi, m'a pris ce que j'avais de plus cher. Et je ne compte pas le laisser s'en tirer. »

Je voyais en Françoise une force, une volonté de faire ce qui était juste. Mais je savais aussi que la justesse avait un prix dans notre monde.
« Vous avez neutralisé un homme sans le tuer. C'est honorable. Mais ces hommes... ils n'hésiteront pas à nous tuer, vous et moi. Vous devez être prête à faire face à cette réalité. »

Je me retournais, scrutant à nouveau la forêt. Les arbres semblaient s'étendre à l'infini, cachant des dangers inconnus. Soudain, un mouvement. Trois silhouettes s'avançaient, furtives, se dirigeant vers la maison. Je sentais mon pouls s'accélérer, l'adrénaline affluant dans mes veines. Ils étaient là.

Je levai mon fusil, prêt à faire feu.
« Restez sur vos gardes. Ils arrivent. » Mon ton était calme, mais mes yeux brûlaient d'une intensité féroce. Je n'avais pas l'intention de les laisser nous prendre par surprise.

Les hommes s'approchaient, l'un d'eux armé d'un fusil, les autres avec des armes de poing. Ils ne s'attendaient pas à ce que je sois là, à les attendre. J'attendis qu'ils soient suffisamment proches, puis j'ouvris le feu. Le premier tomba, touché à la poitrine. Les autres se dispersèrent, cherchant un abri.

La bataille s'engagea, un échange de tirs féroce dans la nuit hivernale. J'étais un guerrier, un prédateur dans ces bois, et je ne leur laisserais aucune chance. J'éliminais un second assaillant, puis me déplaçais pour avoir un meilleur angle sur le troisième.

À l'intérieur, Françoise faisait face à ses propres démons. Je l'entendais, ses pas rapides, son souffle court. Elle était prête, mais hésitante. Je le savais. Tuer n'était pas dans sa nature, mais parfois, il n'y avait pas d'autre choix.

La bataille semblait ralentir, les coups de feu se faisant plus espacés. J'en profitais pour m'approcher de la maison, vérifiant que Françoise allait bien.
« Vous vous en sortez ?» demandai-je, ma voix un murmure dans l'obscurité. Je hochai la tête. « Vous n'avez pas à tenir seule. On est dans le même bateau, et je ne compte pas vous laisser tomber.»

Le silence retomba, lourd et oppressant. Mais il ne durerait pas. D'autres viendraient, envoyés par Blut. Je regardai Françoise, comprenant qu'elle était une alliée précieuse, bien qu'imparfaite. Ensemble, nous ferions face à l'assaut qui s'annonçait, prêts à combattre jusqu'au bout.

La nuit était encore longue, et la bataille loin d'être terminée. Mais une chose était sûre : nous ne céderions pas sans nous battre. Françoise et moi, nous étions liés par le combat, par la nécessité de survivre dans un monde cruel et impitoyable.

KoalaVolant

▿ Date de naissance : 11/02/2006

Intrigue

Fantômette avait toujours besoin de comprendre comment les choses se passaient et pourquoi elles se passaient de cette façon. Il ne lui semblait pas normal que des hommes se retrouvent à se battre sans raison particulière. Évidemment, ce n'était pas comme ça que les choses se passaient. Les gens ne se battaient pas pour rien et il y avait toujours une raison sous-jacente dans les attaques des uns et des autres. Vengeance, chantage, rancune ou jalousie, il n'y avait jamais de bataille gratuite, même les plus innocentes. Alors quand des armes étaient en jeu, il y avait encore plus de questions qui se posaient.

Mais l'explication semblait quelque peu obscurs à la jeune fille. Elle pouvait tout à fait comprendre que la trahison de cet homme mette son protecteur en colère et que celui-ci ait envie de le massacrer. Mais jusqu'à preuve du contraire, c'était l'autre qui était en train de l'attaquer. L'autre qui avait des choses à se reprocher alors que l'agressé ne lui avait rien fait. Elle était un peu perplexe et trouvait la situation quelque peu absurde. Elle fronça les sourcils avant de tenter de résumer les choses avec sa verve habituelle, et un humour un peu décalé, comme à l'ordinaire.

« Donc c'est lui qui vous a trahi ? C'est vous qui lui en voulez ? Et c'est lui qui vous attaque ? Ca m'a l'air un peu compliqué votre histoire. Il ne devrait pas se faire tout petit, s'il a des choses à se reprocher ? »

Elle voyait bien qu'il n'était pas spécialement dérangé par le fait qu’elle ait tendance à vouloir neutraliser plutôt que tuer, mais que c'était un choix qu'elle pouvait faire pour l'instant et qui, peut-être, serait à reconsidérer si les personnes qu'elle avait en face d'elle ne montraient pas la même considération pour la vie humaine, ce qui serait probablement le cas. Elle en avait conscience mais elle ferait son possible pour éviter de devoir commettre l'irréparable. Rien que l'idée de planter son poignard dans le cœur de quelqu'un lui donnait envie de vomir. Pour autant, elle savait qu'elle ne se laisserait pas tuer.

« J'ai bien compris que nous n'avions pas affaire à des enfants de chœur. Je désapprouve le meurtre, mais je n hésiterai pas à me défendre si c'est nécessaire. »

Elle espérait seulement ne pas en arriver là. Cela dit, lorsque les attaques reprirent, elle découvrit que certains hommes avaient réussi à s'introduire dans la maison et qu'elle était relativement encerclée. Ils avaient réussi à se placer tout autour d'elle et le propriétaire des lieux était un peu occupé à la porte d'entrée. Il ne pourrait sûrement pas lui donner de coup de main. Elle était seule et dans cette situation, elle se doutait bien que le but ne serait pas de l'épargner, même si elle n'avait absolument rien à voir dans toute leur histoire.

« Mille pompons, je suis dans de beaux draps. »

Elle parvint à esquiver le premier coup de feu en se jetant par terre et en roulant sur elle-même. Elle en profita pour viser les jambes d'un autre tireur qui fut désarçonné et tomba sur les fesses. Un coup partit de son arme, mais elle était déjà sortie de son champ de tir. Elle continua à esquiver les tirs, non sans leur tirer la langue outrageusement avec un air provocateur de lutin farceur et soudain, elle plongea entre deux d'entre eux pour aller se réfugier derrière un meuble. Elle s'attendait à ce que le meuble soit criblé de balles mais rien. Quand elle releva la tête, elle aperçut à ses assaillants par terre. Au fur et à mesure de ces esquives, elle les avait amenés à tirer les uns sur les autres.

« Ca par exemple. »

L'homme lui demanda si elle s'en sortait on lui rappelant qu'elle n'était pas obligée d'agir seule et cela lui fit chaud au cœur. Même si ce n'était pas nécessaire de lui venir en aide elle était touchée qu'il le lui propose. Pour toute réponse, elle lui désigna les corps au sol. On aurait pu penser qu'elle avait fait un carnage, mais elle ne s'était même pas servie d'une arme. Sa seule arme avait été sa passivité et le manque de considération des individus pour la vie de leurs collègues. Elle aurait pensé qu'ils auraient au moins pris la peine d'éviter de se tuer les uns les autres. La notion d'allié était un peu curieuse ici.

« C'est très gentil mais voyez vous-même, je ne suis pas sûre d'avoir été leur ennemi finalement. Ils devaient avoir des comptes à régler entre eux. Ça arrive souvent que des alliés se trucident entre eux ? Je dois me méfier de vous ? »

Elle l'avait dit sur le ton de la plaisanterie et il était évident qu'elle ne se méfiait pas vraiment de lui, mais elle était tout-de-même sidérée par le manque de considération de ces individus pour la vie de leurs collègues. Au final, ce n'était pas plus mal, compte tenu du danger qui rôdait encore à l'extérieur.

▿ Date de naissance : 17/11/1969

Intrigue 3

feat @Françoise Dupont

Le vent mordant de la nuit me giflait le visage alors que je me tenais à l'entrée de la maison, les yeux rivés sur les corps inertes que Françoise venait de neutraliser. Elle avait un sacré cran, cette fille. Sa remarque me fit esquisser un sourire malgré la gravité de la situation.

« Vous méfier de moi ?» répétai-je en secouant la tête. « Écoutez, dans ce monde, la méfiance est une seconde nature. Mais vous, vous n'avez pas à craindre cela de ma part. Si j’avais voulu vous tuer, votre cadavre serait déjà bien planqué. »

Je m'avançais dans la pièce, observant le chaos qui s'y était déroulé.
« Vous avez un don pour vous sortir des situations les plus périlleuses, sans même verser de sang. C'est rare, et c'est une qualité. » Je ramassai un pistolet par terre, vérifiant qu'il était chargé. « Mais ne vous y trompez pas, ces hommes ne se battent pas seulement entre eux. Ils sont comme des chiens enragés, lâchés par Blut pour nous éliminer. »

Peut-être devais-je lui donner quelques informations supplémentaires tout de même, pour qu’elle puisse comprendre ce qui se passait.
« Dans mon métier, j’ai l’âge de prendre ma retraite. Ce qui veut dire que mon employeur me doit environ huit millions de dollars. Si je meurs, il économise cette somme qu’il me doit, c’est aussi simple que ça. »

Je me dirigeais vers la fenêtre, scrutant les bois sombres.
« Ils reviendront, avec plus d'hommes, plus déterminés. Nous devons être prêts. » Je me tournais vers Françoise. « Vous avez dit que vous n'hésiteriez pas à vous défendre. J'espère que vous le pensez vraiment, car la nuit ne fait que commencer. »

Je réfléchissais rapidement. La maison ne serait bientôt plus un refuge sûr.
« Nous devons établir un plan. Ils s'attendent à nous trouver ici, mais si nous pouvons les prendre par surprise... » Ma voix s'estompait alors que mon esprit élaborait un stratagème.

Soudain, un bruit sourd provenant de la cuisine me fit sursauter. J'y courus, pensant à une autre menace, mais ce n'était que le four qui signalait la fin de sa cuisson. J'ouvris la porte du four, laissant échapper un nuage de fumée. Les cookies que j'avais mis à cuire plus tôt étaient maintenant trop cuits, leurs bords noircis comme du charbon. Merde.
Je laissai échapper un soupir, une pointe de frustration mêlée à l'ironie de la situation.
« Eh bien, au moins, ça nous fait une diversion. » J'attrapai une spatule, retirant les cookies du four, et j’en mangeais un. Ça ne me dérangeait pas trop que ce soit cramé. Ça aurait pu être pire, là, ils étaient surtout fort secs. « Prenez-en un. Qui sait quand sera notre prochain repas…»

Je refermai le four, puis me tournai vers elle, un cookie à la main.
« Le temps n'est pas notre allié. Nous devons agir vite. Je vais prendre la tête à l'extérieur. Suivez-moi de près, et restez sur vos gardes. Vous êtes douée, mais ces hommes ne joueront pas selon les règles. »

Je me dirigeais vers la porte, armé et déterminé, sachant que les prochaines heures seraient cruciales.
« Allons-y. Le destin attend ceux qui osent le défier.»

KoalaVolant

▿ Date de naissance : 11/02/2006

Intrigue

Elle plaisantait en parlant du risque que cet homme se retourne contre elle. Au vu de ce qu’ils venaient de partager, elle avait confiance en lui et elle sentait qu’il lui serait loyal tant qu’elle ne lui tirait pas une balle dans le dos. Ou dans le pied. C’était souvent un accident quand on se tirait une balle dans le pied, mais ce n’était pas agréable. De toute façon, Fantômette n’avait pas l’intention de tirer sur lui. Ce ne serait pas très gentil de lui tirer dessus et puis, elle ne voulait déjà pas tirer sur ses amis alors sur un allié.

« C’était pour rire. N’empêche qu’ils ne sont pas bien malins, et pas bien doués pour bosser en équipe non plus. »

Elle savait que ses pirouettes et ses chassés-croisés ne seraient peut-être pas suffisant pour survivre. Mais elle ne se voyait pas tuer de sang-froid. Et même en cas de légitime défense, elle préférait encore le combat au corps à corps. Mais les hommes adverses ne se battaient pas avec des lames, ou peut-être aussi des lames, mais pas uniquement. Et les armes à feu constituaient un danger d’autant plus grand qu’on ne le voyait pas forcément venir. L’esquive n’était pas toujours possible et elle commençait à envisager d’autres stratégies, quand elle était encore dans la ville. Elle allait devoir y penser, si elle parvenait un jour à retourner là-bas.

« J’sais bien. Des fois, je me dis que je devrais porter une armure. Pratique pour arrêter les balles. Mais j’arrive pas à faire la roue en armure », remarqua-t-elle d’un air désolé, comme si c’était réellement une tragédie.

Elle était contente d’avoir un peu du contexte de travail. Sa tête était donc évaluée à huit millions de dollars, ça expliquait qu’ils fassent tout pour la lui séparer de la tête. Même si Fantômette prenait peu de choses au sérieux, en apparence, elle comprenait la situation bien mieux que certaines personnes pourraient le penser. En attendant, il n’empêchait que ce n’était pas la meilleure façon de résoudre un problème que d’en passer par la violence, de son point de vue. Elle savait bien que c’était quelque chose de classique dans certains univers, mais elle n’adhérait pas. Ce n’était pas sa façon de faire.

« Que c’est barbare ! D’ordinaire, on se contente de ne pas payer et de se faire envoyer aux Prud’hommes. Mais remarquez, c’est plus expéditif, faut reconnaître. »

Elle se disait prête à se défendre et c’était la vérité, mais elle savait aussi que ce ne serait pas facile pour elle de franchir la limite entre verser et ne pas verser le sang. Mais pour ce qui était du plan, elle préférait suivre le mouvement. Déjà, il avait été plus d’une fois prouvé que ses plans finissaient par mal tourner, et ensuite, c’était son histoire et ses problèmes et Françoise n’était qu’un lutin rapporté dans l’affaire. Elle toisa d’un regard suspicieux les cookies trop brûlé et en fourra deux dans sa poche. S’ils ne se transformaient pas en miettes, elle aurait un quatre heures.

« Je vous suis, mais comptez sur moi pour esquiver avant de tirer. Z’auriez pas un truc contre les balles, des fois ? »

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