Avoid talking to a human storm | ft Barry

Cela faisait quelque temps déjà que Zoya vivait un véritable cauchemar. Elle se réveillait chaque jour en espérant retrouver ses quartiers au Little Palace et le pays qu'elle s'était promis de protéger. Au lieu de défendre sa patrie comme une générale digne de ce nom, la jeune femme se pavanait dans un uniforme hideux au rang d'un simple agent de police à qui on confiait le boulot ingrat.

Zoya aurait tout donné pour retrouver son kefta bleu, signe de son appartenance à l'ordre des invocateurs. Elle était une soldate inflexible et puissante et non une pauvre otkazat'sya* qui devait trier des papiers administratifs. Cependant, on avait infligé à Zoya le pire des supplices ; ses pouvoirs étaient en sommeil. Malgré la présence de l'amplificateur à son poignet gauche, elle était incapable d'invoquer les vents et de faire gronder la foudre.

Quelle pire torture infliger à une femme qui se définissait uniquement par ses aptitudes ? Sans son don, Zoya se sentait vide ; elle n'était rien. Sans la présence réconfortante d'Alina et Inej auprès d'elle, la jeune femme aurait déjà sombrée. Elle se fichait bien de ce travail, de ses collègues et de tous ces gens qui paradaient en ville. Tout ce qu'elle faisait aujourd'hui dépendait uniquement de sa survie et non de son bon vouloir.

Zoya ne comptait pas rester éternellement chez Alina et Inej. Elle détestait qu'on fasse preuve d'empathie à son égard ; elle était capable de prendre soin d'elle-même seule. Mais pour cela, Zoya devait travailler d'arrache-pied et ce n'était pas une tâche difficile pour elle car elle avait toujours été particulièrement investie et travailleuse. Il n'était pas rare qu'elle réalise des heures supplémentaires ou qu'elle travaille tard le soir.

« Nazyalensky, apporte ça à Barry. » une voix rauque s'éleva près d'elle.

Le fracas d'une pile de documents la sortit de ses réflexions. Son collègue la regarda d'un air supérieur et la jeune femme grinça des dents.

« Pourquoi ? C'est trop difficile pour toi de prendre les escaliers ? » railla-t-elle.

Mais Zoya n'obtint aucune réponse car il tourna les talons et elle jura intérieurement. Elle n'avait aucune envie d'apporter ce dossier à Barry. Elle l'avait déjà aperçu au loin mais cela faisait un peu moins de deux semaines qu'elle était là et elle n'avait pas eu le temps - ni l'envie - de sociabiliser.

Zoya resserra le ruban bleu dans ses cheveux avant de mettre le dossier sous son bras. Elle emprunta les escaliers, direction le laboratoire. Elle affichait comme à son habitude, une expression contrariée. Le dossier en question était surement un rapport d'enquête ou autres ; Zoya n'était pas encore allée sur le terrain elle n'était pas très familière avec ce boulot. La jeune femme entra dans le labo sans frapper à la porte (à quoi bon ?) et déposa le dossier sur le coin de la table. Le fameux Barry était là.

« On m'a ordonné de t'apporter ça. » le mot ordre lui brulait la langue « Ne me demande pas de quoi il s'agit, je n'en sais rien. » affirma-t-elle en soupirant.

Barry ne voyait pas le temps s'écouler. Ironique, quand il était encore capable il y a cinq ans de percevoir le monde au ralenti. Aujourd'hui, il n'était plus qu'un homme ordinaire, dépourvu de capacités extraordinaires pour sauver les innocents. Ses pouvoirs étaient cet un impossible auquel il avait aspiré toute sa vie et qu'on lui avait injustement arraché. Impuissant, et se sachant condamné ici, Barry s'était peu à peu refermé sur lui-même. Joe, Caitlyn, Cisco. Iris. Il pensait ne plus les revoir. Cette vie incroyable qu'il avait mené à combattre les meta-humains à leur côté était révolue, jusqu'à trouver cette lueur d'espoir qui allait lui redonner confiance. Même s'il ne pouvait plus endosser l'identité de Flash, il demeurait animé par cette volonté intrinsèque de faire le bien. Ses compétences scientifiques et son intelligence étaient d'une aide inestimable pour poursuivre cette mission, résolvant des scènes de crime qui contribuaient à rendre ce monde un peu plus sûr. Ainsi, d'une certaine manière, Barry continuait toujours à incarner le héros qu'il était. A chercher sans relâche les réponses à ses questions. Mais il avait compris aussi que parfois, la solution se présentait d'elle-même lorsque l'on cessait de la forcer, et qu'elle semblait finalement plus simple qu'elle ne l'avait paru initialement.

Pourtant, cette fois-ci, il se trouvait dans l'impasse totale, incapable de dénicher ne serait-ce qu'un indice pour débloquer cette affaire. Aucun élément dans ses analyses, les profils qu'il avait dressés, ou les pistes qu'il avait suivies ne donnait le moindre résultat.

Et c'était terriblement frustrant.

Tenant sa tasse de café encore fumante, concentré sur le tableau qu'il avait dressé pour saisir l'ensemble de l'affaire, Barry ne remarqua pas que quelqu'un était entré dans le labo. Il fut surpris par une voix féminine qui s'adressa à lui d'un ton sec, le faisant sursauter au point qu'il manqua de se brûler en renversant maladroitement une partie de son café sur le sol.

« Désolé, je ne t'avais pas vue entrer, et merci pour le dossier euh... » s'excusa-t-il en se frottant nerveusement la nuque, cherchant rapidement du regard de quoi nettoyer sa maladresse avant de relever la tête vers son interlocutrice.

« Attends, tu es la dernière arrivée au poste, non ? J'ai entendu parler de toi mais je crois bien que c'est la première fois qu'on se rencontre...? » A moins d'avoir loupé un épisode, il en était presque certain. Le scientifique s'approcha finalement pour lui tendre la main, un sourire amical esquissé sur ses lèvres. « Barry Allen, enchanté. »

Même si elle devait être au courant qu'il était le technicien scientifique en chef du commissariat, Barry ne pouvait naturellement pas passer à côté de présentations officielles. A moins d'être impoli, ce qui n'était certainement pas dans ses habitudes.