(Terminé) Lost in Nightmares [pv Jill Valentine]

Depuis cette fameuse nuit au manoir, Jill avait beaucoup de mal à trouver le sommeil. Ce n’était pas tellement le fait d’avoir vu des atrocités qui la dérangeait. Certes, il lui arrivait d’en faire des cauchemars mais à force, elle s’y était fait. Ce qui lui posait problème, c’était que les responsables de ces horreurs soient toujours en liberté. Le combat contre Umbrella était loin d’être terminé et de très nombreuses personnes avaient déjà perdu la vie. Et il y en aurait probablement davantage si personne n’y mettait un terme. Malgré de nombreuses missions à travers le globe, Jill n’avait pas franchement l’impression d’avancer. Elle sauvait des gens, tuait des zombies et d’autres monstres, mais il en venait à chaque fois de plus en plus. Elle s’était déjà demandée à plusieurs reprises si elle réussirait un jour à stopper les grands dirigeants, et s’il ne valait mieux ne pas arrêter car aucun progrès n’était fait. Jusqu’à ce jour où le BSAA reçut une information capitale sur l’endroit où se trouvait Oswald E. Spencer, le propriétaire du fameux manoir de Raccoon City ainsi que le président d’Umbrella. Ce dernier se trouvant apparemment dans son manoir en Europe, Jill y vit enfin une raison pour continuer à se battre et pour rétablir un peu de justice dans ce monde qui semblait tant en manquer. Elle n’hésita donc pas une seconde à partir en Europe en mission, accompagnée de Chris. Elle ne souhaitait être entourée de personne d’autre, son partenaire étant la seule personne en qui elle avait aveuglement confiance pour ce genre de mission. Elle ne se voyait pas combattre Umbrella aux côtés de quelqu’un d’autre. Et encore moins pour capturer quelqu’un d’aussi important que Spencer. Jill serait prête à se sacrifier pour sauver Chris s’il le fallait. Et elle savait qu’il en ferait de même pour elle.

En arrivant devant le manoir, la jeune femme avait une très grande impression de déjà-vu. Le manoir, les arbres, et même la météo qui ressemblait étrangement à celle de Raccoon City lors de la nuit où tout avait commencé. Jill commençait vraiment à croire que le même schéma se répétait encore et encore, à chaque point important dans leur lutte contre Umbrella. Mais cette fois-ci, elle était prête et savait à quoi elle pouvait s’attendre. À peu près du moins. Elle était équipée et bien armée. Et si Spencer était bien présent dans le manoir, elle ne pensait pas que des créatures qui baladeraient. Quoique, connaissant la folie du propriétaire des lieux, cela ne l’étonnerait pas qu’il ait placé des armes biologiques par-ci par-là pour se protéger. Et elle allait bientôt le savoir. Les deux partenaires se trouvaient devant la porte d’entrée, verrouillée. Ils n’avaient pas besoin de se parler, chacun connaissant l’autre et savait ce qu’il fallait faire. Sortant son petit kit de crochetage, elle se mit au travail afin de pouvoir enfin pénétrer dans le manoir. C’est bon, on peut rentrer. Elle savait qu’elle n’en avait pas pour longtemps pour crocheter cette serrure, mais elle ne savait juste pas combien en tout elle allait devoir crocheter au cours de cette mission.

Avant d’entrer dans le manoir, Jill jeta un dernier coup d’œil derrière elle. Elle avait vraiment cette impression de déjà-vu. L’orage, la forêt, l’extérieur du manoir de Spencer. Même si tout paraissait calme, elle savait que cela n’allait pas durer éternellement. Elle connaissait les combines du fondateur et forcément, la mission dans sa demeure personnelle n’allait pas être de tout repos. Elle savait de quoi il était capable, et elle espérait simplement qu’ils en finiraient au plus vite. Passant la grande porte, elle fut surprise et choquée de voir que l’intérieur correspondait en tout point au manoir des Montagnes d’Arklay de Raccoon City. Quasiment tout était ressemblant, et elle se sentait alors vraiment mal à l’aise. Elle avait l’impression de se retrouver au point de départ. Cette fameuse nuit où sa vie avait basculé pour de bon. Où depuis, plus rien n’avait jamais été pareil. S’avançant lentement dans la grande entrée, Jill ne put s’empêcher de remarquer le sang qu’il y avait au sol. Très étrange, puisqu’il n’y avait aucun corps dans les parages. Du moins, à première vue. Elle aperçut Chris se rapprocher des grands escaliers menant à l’étage. Il venait à peine de poser le pied sur la première marche, que quelque chose de lourd tomba d’au-dessus. Regardant avec insistance, la jeune femme constata qu’il s’agissait d’un homme, un garde du corps probablement. Il n’était pas déchiqueté, ni rien, ce que Jill trouva encore plus suspect. Ce n’était qu’en montant davantage les escaliers que les deux partenaires tombèrent nez-à-nez avec d’autres cadavres. Tués visiblement de la même manière que le premier. Le QG les prévenait alors d’être prudents, ils savaient que la mission n’allait pas être la plus facile. Mais Jill ne s’attendait certainement pas à tomber sur des cadavres aussi rapidement, et encore moins tués d’une manière inhabituelle de ce qu’ils voyaient en général. Continuant à l’étage, Jill remarqua deux portes en métal, de chaque côté. Elle décida de commencer par la droite. Ouvrant la première porte, elle constata qu’il n’y avait qu’une seule double porte et décida d’y entrer, Chris sur ses talons. Un couloir assez long et étroit se trouvait devant elle, et semblait bifurquer sur la gauche. Et c’est reparti. La configuration de ce manoir était vraiment la même que celui de Raccon City, c’était vraiment hallucinant. Et comme elle s’y attendait, une autre porte doublée, la seule, se trouvait au fond de ce couloir. Elle regarda Chris et entra. Il s’agissait d’une grande chambre mais Spencer ne s’y trouva pas. Cependant, les deux partenaires allaient très certainement trouver des indices pour pouvoir explorer le manoir encore davantage par la suite. Jill le savait, elle en avait l’habitude.

Les deux partenaires se mirent à explorer la chambre. Alors que Chris se dirigea vers le guéridon à côté du lit, Jill décida de commencer par vérifier la grande armoire qui se situait dans un des coins. Très prudente, elle tenait fermement son arme dans sa main droite, tout en s’approchant lentement de l’armoire. À plusieurs reprises au cours de ses missions, elle avait été surprise par des monstres se cachant dans ce genre d’endroit. Il fallait dire que c’était une bonne planque, et donc un bon moyen pour pouvoir surprendre un adversaire. Ouvrant lentement la porte de gauche, elle se détendit en voyant qu’il n’y avait qu’une petite penderie avec quelques vêtements qui y étaient accrochés. Et aucune menace en vue. Chris l’interpella alors, il avait trouvé quelque chose d’intéressant. Se rapprochant de lui, elle remarqua qu’il s’agissait d’un petit journal. En écoutant la lecture de son partenaire, Jill ne put s’empêcher de remarquer que tout cela lui semblait vaguement familier. Lors de sa visite du manoir dans les montagnes d’Arklay, elle avait déjà lu ce genre de choses. Les employés d’Umbrella tenaient des journaux et certains s’étaient trouvés éparpillés un peu partout. Spencer en avait probablement emporté quelques-uns avec lui dans son manoir européen. Jill se tourna vers Chris qui la regardait d’un air perplexe. C’est vraiment étrange, pourquoi Spencer aurait-il emporté avec lui ce genre de textes. Elle prit lentement le journal des mains de Chris et l’observa avec un peu plus d’insistance. Avec le maître des lieux, il fallait faire attention à tous les détails, même les plus insignifiants. Elle commença à tourner les pages, toujours en se demandant pourquoi un journal d’un ancien employé avait autant de valeur. C’est alors qu’elle remarqua une page volante située à l’arrière du livre. Regarde ce qu’il y a là. Une suite de chiffres et de lettres. On dirait une sorte de mot de passe. La jeune femme se demanda à quoi ce mot de passe pouvait bien servir, mais elle se doutait qu’avec Spencer, ils y trouveraient bien une utilité. Elle rangea la feuille bien en sûreté dans sa poche, certaine qu’ils y trouvaient déjà un moyen de l’utiliser. Ils fouillèrent encore rapidement le reste de la pièce mais il n’y avait plus rien d’intéressant. Ils sortirent de la chambre, longèrent à nouveau l’étroit couloir pour se retrouver sur le balcon surplombant le hall d’entrée.

Il était temps d’explorer l’autre côté du balcon, puisque la grande porte en face des escaliers était fermée. La porte en métal pour se rendre dans la partie gauche du manoir était ouverte, inutile de l’ouvrir avec un levier. Jill comprit rapidement pourquoi celle-ci n’avait pas été fermée. Un gros trou se trouvait devant elle, avec l’impossibilité de sauter par-dessus. Même en prenant un peu d’élan, les chances de se retrouver à nouveau à l’étage du dessous étaient beaucoup trop élevées. Soudain, une idée lui vint en tête. Chris, je vais avoir besoin de toi. Il faudrait que tu m’aides à traverser. Ce n’était pas la première fois qu’ils étaient confrontés à un passage bloqué dans ce genre. De toute façon, ils n’avaient pas d’autres choix que de passer par là, toutes les autres portes étaient bien fermées à clé. Il s’agissait du seul chemin empruntable, même si cela était à priori impossible. Mais pour les deux partenaires, rien ne semblait vraiment impossible.

Comme à leur habitude dans ce genre de situations, Chris aida Jill à se propulser de l’autre côté du balcon. Il était plus facile pour elle de faire ce genre d’acrobaties. Elle n’arriverait certainement pas à soulever Chris, même avec la meilleure volonté du monde. C’était donc à elle que revenait la tâche d’explorer la prochaine pièce, et comme son partenaire l’avait dit, de lui ouvrir la porte du rez-de-chaussée qui était fermée. Jill était elle aussi certaine que la configuration de ce manoir était quasi-similaire avec celui des montagnes d’Arklay. Et effectivement, ils avaient raison. La jeune femme se retrouva sur un balcon surplombant une salle à manger avec une jolie cheminée au fond de la grande salle. Les souvenirs revenaient alors rapidement à la surface. Cette pièce était l’une des premières pièces du manoir qu’elle avait visitées lors de la mission avec l’équipe Alpha des S.T.A.R.S. Elle se souvenait que Barry avait trouvé du sang par terre juste devant la cheminée, mais qu’aucun corps n’était dans les parages. À ce moment-là, elle avait juste espéré qu’il ne s’agissait pas du sang de Chris, vu qu’il avait disparu très rapidement après avoir échappé aux chiens dans la forêt. Mais cette fois-ci, c’était différent. Chris était avec elle, et ils n’étaient plus à Raccoon City. Même s’ils pouvaient en avoir l’impression. Ça nous ramène un peu dans le passé, n’est-ce pas ? avait dit Jill à travers la radio qui la reliait à Chris. À Raccoon City ? Malheureusement oui. C’est là que tout ça a commencé. Chris avait raison, les problèmes avec les virus et la bataille contre Umbrella avaient débuté cette fameuse nuit dans le manoir. Ce qui devait être une simple mission de sauvetage s’était rapidement transformée en un véritable cauchemar sans fin. Difficile de croire que c’était il y a huit ans. Je suppose que je deviens vieille. Huit ans déjà. Huit ans que Jill combattait ces monstres, et elle avait l’impression qu’il en venait toujours davantage. T’es pas la seule lui avait répondu Chris. Ils étaient dans la même galère depuis tout ce temps, mais Jill était bien contente de savoir qu’elle était accompagnée de son partenaire dans cette bataille. Elle ne s’imaginait pas combattre Umbrella aux côtés de quelqu’un d’autre.

Avant de descendre à l’étage du dessous, Jill jeta un rapide coup d’œil dans la salle pour s’assurer qu’il n’y avait aucune menace. Elle descendit alors sur la table et alla directement ouvrir à Chris. À droite de la porte, se trouvait une toute petite salle avec une fenêtre et une commode. Un autre journal était posé dessus, ‘les mémoires de Patrick 1’. Elle le feuillera rapidement et raconta certains passages qui semblaient intéressants à Chris. Il semblerait que Spencer se soit confiné dans sa salle d’étude depuis un moment. Il n’a plus l’air en forme et apparemment, il ne sort même plus de cette salle pour diner. Tout ce qu’il ingère, c’est de la soupe et d’autres liquides. Serait-ce le maitre de maison qui tenait également un journal ? Il reste très peu de membres de son staff qui s’occupent encore de lui. Jill pensa immédiatement aux hommes qu’ils avaient trouvé en montant les escaliers vers le premier étage. Il ne devait plus en rester beaucoup en vie dans ce cas. Ashford et Marcus venaient en été dans ce manoir. Va savoir ce qu’ils manigançaient lorsqu’ils étaient ensemble. Dans les dernières pages du journal, Jill trouva à nouveau une feuille volante avec une suite de chiffres et de lettres. Exactement le même style que celle qu’ils avaient trouvé quelques instants auparavant. La jeune femme en était persuadée, ils allaient devoir faire fonctionner leur cerveau à un moment donné.

Traversant à nouveau la grande salle à manger, les deux partenaires passèrent par la porte située à gauche de la cheminée. Encore une fois, un couloir étroit se trouvait devant eux. Comme pour le manoir des montagnes d’Arklay, Jill pensa qu’ils avaient été construits de façon à ressembler à un labyrinthe. Probablement pour les intrus qui osaient s’inviter, et afin qu’ils ne puissent donc plus retrouver le chemin de la sortie. Une nouvelle petite salle se trouva un peu plus loin, avec des escaliers cette fois-ci. Chris monta le premier tout en prudence. Le seul bruit qu’ils entendirent était le craquement de chaque marche sur lesquelles ils posèrent un pied. De quoi foutre les jetons, s’ils n’avaient pas été habitués à ce genre de choses. Entrant dans la pièce située à l’étage de dessus, Jill fut surprise de constater que cette dernière n’avait pas été grandement meublée malgré son immense taille. Elle remarqua qu’elle n’avait pas été la seule à penser comme ça. À mon avis, la plus grosse partie de son argent est passée dans ses expériences. Et les quelques meubles servent uniquement à donner l’impression que ce manoir est tout à fait normal, et qu’il n’abrite pas des horreurs. S’approchant d’un des seuls petits meubles, Jill vit qu’un nouveau journal était posé dessus. Très étrange, une nouvelle fois. Il s’agit à nouveau d’un journal de ce cher Patrick, et qui donne plus de détails. La jeune femme commença à nouveau à lire certains passages à son partenaire. Ils avaient des prisonniers dans la cave, qui hurlaient. Et, oh mon Dieu. Ils ont reçu des doses du virus. Tout comme le premier manoir, celui dans lequel ils se trouvaient actuellement avait servi pour des expériences cachées dans le sous-sol. On va devoir faire très attention. Qui sait, où se trouvent ces monstres maintenant. Si le personnel avait été réduit, et que les membres restants avaient été tués, alors qui s’assuraient que les A.B.O. étaient toujours bien enfermés dans leurs cages ? Probablement personne. Jill essaya de penser à autre chose, et se focalisa à nouveau sur sa mission. Ils allaient devoir redoubler encore plus de prudence, qui sait ce qui pouvait leur tomber dessus.

Jill se dirigea alors vers le piano, et remarqua qu’une partition s’y trouvait. Moonlight ‘Sonata’. Je me souviens de la dernière fois que je l’ai jouée. Elle avait appris à jouer au piano avec son père lorsqu’elle était encore enfant. C’était une activité qu’elle avait toujours aimé pratiquer, mais qu’elle avait malheureusement dû arrêter ces dernières années. Tu penses que tu peux toujours le jouer ? lui avait demandé Chris. Tu veux dire maintenant ? Je sais pas, ça fait longtemps. Il était vrai qu’elle ne s’était plus entraînée à jouer ce morceau depuis belle lurette, mais au fond d’elle, elle avait vraiment envie d’essayer. Elle commença alors à pianoter, et se souvenu immédiatement des notes. Cela lui faisait un bien fou de jouer, et lui rappela de bons souvenirs. Pendant quelques instants, elle avait réussi à oublier ce qu’était devenue sa vie, et ne pensa plus qu’à la musique. Soudain, elle vit une petite ouverture sur le piano. Un emblème de centaure s’y trouva, et le prit. À quoi peut-il bien servir ? dit-elle tout en le tendant à Chris. Décidément, tout ressemblait au lieu où elle s’était trouvée il y a huit ans de cela.

Jill observa rapidement l’emblème qu’elle venait de trouver. D’après Chris, une des portes qui se trouvait dans le hall semblait avoir une encoche pour le placer. De ses souvenirs, le même style de mécanisme avait été présent dans le manoir des montagnes d’Arklay. Là encore, elle était persuadée d’y trouver ce même fonctionnement. Elle venait à peine de se lever du petit banc, que la porte de la salle de musique explosa, littéralement. Un énorme monstre passa alors par l’ouverture nouvellement créée, un monstre qui ne ressemblait vraiment plus à rien. Mais le plus étonnant, était l’arme qu’il transportait avec lui. Les ABO étaient déjà très dangereuses en tant que telles, mais avec des armes en plus, il fallait être doublement prudent.

Je crois que j’aurais préféré ne jamais savoir où elles se cachaient.

Vu le gabarit de la créature, Jill préféra tout de suite sortir son fusil. Mieux valait ne pas trop s’en approcher. Elle commença à lui tirer dessus, tout comme Chris, mais les balles ne semblaient même pas le ralentir. Il se rapprocha des deux partenaires et chacun dû esquiver du mieux qu’il le pouvait, pour ne pas finir découpé en plusieurs morceaux. Chris l’interpella alors en lui disant de tirer dans la poche qui se trouvait sur le dos du monstre. Effectuant une roulade afin de mieux pouvoir y accéder, Jill ne prit pas le temps de se relever et tira directement les quelques cartouches qui lui restait dans le fusil, ce qui semblait enfin avoir un effet. Elle se releva et se dirigea directement vers le couloir, afin de se placer derrière son co-équipier, le temps de recharger. À peine avait-elle eu le temps de remplir le fusil des cartouches, que Chris était venu à bout de la chose.

Un point bonus pour y être allé au couteau.

Le corps-à-corps était peut-être le style de combat le plus dangereux, il fallait néanmoins dire qu’il s’agissait parfois de la méthode la plus efficace pour tuer certaines créatures. Comme dans le cas présent. Reprenant leurs esprits, ils redescendirent les escaliers, passèrent à travers le petit couloir puis la grande salle à manger, et se retrouvèrent à nouveau dans le grand hall d’entrée. La porte, dont faisait référence Chris quelques instants plus tôt, se trouvait juste en face d’eux. Jill y plaça alors l’emblème, et poussa la lourde porte. Un nouveau couloir, dans le même style que les précédents, se trouvait là. Maintenant qu’ils savaient qu’ils pouvaient être attaqués à n’importe quel moment, la prudence serait encore plus de mise. Juste avant de tourner à gauche pour suivre le chemin, une fenêtre éclata. Tout de suite en alerte, Jill remarqua qu’il ne s’agissait que d’un oiseau.

Vu les aboiements des chiens qu’il y a dehors, tu m’étonnes qu’il est plus sécurisant de rentrer par n’importe quel moyen.

Le manoir n’était pas le lieu le plus sécurisé, mais les bruits qu’il y avait dehors n’étaient pas rassurants non plus. Jill pensa alors qu’il était préférable de rester dedans, là où elle savait au moins quel genre de créatures s’y trouvait.

À la demande de Chris, Jill commença à crocheter la serrure. Rien qu’en l’observant, elle savait que cette dernière n’allait pas lui demander un grand effort. Quelques secondes lui avaient suffi, et elle ouvrait enfin la porte. Une énorme pièce se trouvait face à eux, et il s’agissait visiblement d’une bibliothèque car la plupart des murs étaient cachés par des étagères ne contenant que des livres. Un bureau se trouvait également un peu plus loin, mais Jill décida de commencer par observer les étagères. Elle se méfiait beaucoup de Spencer et de ses pièges, et elle savait qu’il était capable de cacher des indices ou des items importants n’importe où. Il fallait donc être minutieux dans les recherches et vérifier s’il n’y avait rien de suspect. En inspectant la bibliothèque se trouvant directement à côté de la porte, elle remarqua un autre journal et le prit en main. Décidément, ce Spencer avait une fascination pour ce genre d’activité.

Je crois qu’il s’agit du journal de Spencer lui-même. Je rêve. Il se proclame comme étant le dirigeant de l’humanité, et que tout le monde devrait se prosterner à ses pieds.

Jill n’avait eu qu’à lire la première page du journal, pour comprendre à quel point le fondateur du manoir était dérangé. Elle savait qu’il s’était toujours pris pour un être supérieur, et en lisant la suite du journal, tout cela n’en était que davantage confirmé.

Il ne supporte vraiment pas de vieillir, et selon lui, l’humanité est faible pour cette raison. Il est persuadé qu’il peut faire quelque chose contre la vieillesse, et qu’il sera celui qui va gouverner le monde. Qu’il donnera des ordres à chacun sur comment vivre leur vie. Décidément, il est à fond dans cette idée.

Même s’il était toujours vivant, Jill savait qu’il n’en avait plus pour longtemps de toute façon. Il n’avait pas trouvé le moyen d’arrêter de vieillir jusqu’à maintenant, et d’un côté, la jeune femme en était plutôt contente. Si elle devait vivre dans un monde dirigé par un homme comme lui, elle aurait encore préféré mourir.

Il était persuadé que le virus crée par Umbrella était la clé pour arrêter de vieillir. Apparemment, il avait été créé pour stopper un processus qui limitait la fonction de division des cellules, et là-dedans se cachait la solution pour trouver l’immortalité. Quand Umbrella a fait faillite, son seul espoir de trouver cette solution était Alex, son dernier enfant.

Jill reposa le journal à sa place. Elle savait que si Chris et elle devaient tomber sur Spencer, il se serait certainement pas en état de se défendre. Et d’un côté, c’était peut-être mieux.

Chris paraissait aussi surpris que Jill à l’annonce d’Alex, qui semblait être l’enfant de Spencer. À leur connaissance, Spencer n’avait pas d’enfant. Du moins pas d’enfant biologique, mais il n’était pas impossible qu’il en ait créé dans ses laboratoires. Fou comme il était, rien ne pouvait paraître surprenant. Chris se dirigea vers l’ordinateur qui était posé sur le bureau. Il avait raison, en général on y trouvait plus d’informations que dans les livres. Sauf quand il s’agissait des journaux intimes de ce cher Spencer.

Regarde, encore un autre journal qui traîne. Décidément, il passe vraiment ses journées à écrire.

En observant avec insistance une autre des bibliothèques de la salle, Jill avait aperçu un autre journal. Il fallait dire qu’avec la couverture, ils se distinguaient plutôt pas mal des autres ouvrages de cette pièce.

Celui-ci semble parler plus en détails de cette Alex. Elle était à la tête d’une opération apparemment. Et sans jeu de mots, elle était une tête. Très intelligente, elle pouvait…absorber le talent des autres, rien qu’en les observant ? C’est étrange. Cette opération était en fait des recherches. Ils avaient tout le matériel et les ressources nécessaires pour les mener à bien, mais il leur fallait plus de temps. Et ces recherches étaient menées sur une île isolée dans les mers du Sud, avec plus d’une centaine de cobayes. Et, tout se passait bien apparemment.

Jill referma le livre. Elle savait qu’il y avait beaucoup de victimes des mains d’Umbrella, mais elle ne s’attendait pas à ce qu’il y en ait autant, juste pour ces recherches. Lorsque Chris l’interpella, elle sortit les deux feuilles qu’elle avait gardé bien précieusement. Effectivement, il semblait bien qu’il s’agissait de mots de passes.

Oui, on dirait qu’il en manque un. Et il nous reste des pièces à explorer. Je te parie qu’on trouvera le dernier mot de passe caché dans le coin.

Ensemble, ils sortirent de la pièce et continuèrent sur leur gauche afin d’explorer les salles qu’ils n’avaient pas encore visité. Un peu plus loin se trouvait une vieille porte avec une petite fenêtre à laquelle il y avait des barreaux. Rien de très rassurant du tout. En entrant, Jill avait l’impression d’être dans un petit entrepôt. Des caisses et des cages à oiseaux s’y trouvaient. Vu toute la poussière présente, cette pièce ne devait pas être visitée très souvent par le maître des lieux. En fouillant un peu, Jill découvrit une autre feuille volante.

Elle ressemble beaucoup aux deux autres feuilles qu’on a trouvé avant. Celles avec les mots de passe. Mais sur celle-ci, il n’y a rien d’inscrit. Sauf que… on dirait une sorte de papier sensible à la chaleur.

Le vieux Spencer avait encore plus d’un tour dans son sac semblait-il. Il savait vraiment comment bien cacher les éléments importants. Mais malgré cela, rien n’allait résister à Chris et Jill.

En examinant à son tour le papier, Chris confirma bien à la jeune femme que la chaleur allait les aider sur ce coup-là. Ils repartirent donc en direction de la grande salle à manger, celle qu’ils avaient traversé peu de temps auparavant. Heureusement pour eux, aucune A.B.O ne s’était invitée sur le chemin. Ils avaient donc été plutôt tranquilles, même si aucun des deux ne savait combien de temps cela allait encore durer. Jill s’accroupit devant la cheminée allumée. Elle passa lentement le papier au-dessus des flammes, afin que la chaleur puisse le traverser mais sans le brûler. Il fallait faire très attention car si la feuille venait à partir en fumée, alors ils pourraient dire adieu aux informations qui se trouvaient dans l’ordinateur. Et à ce stade, tout était important. Au bout de quelques instants, une suite de lettres et de chiffres commença à apparaître.

Regarde, ça ressemble aux deux autres mots de passe qu’on possède déjà. Cette fois je crois que c’est bon, on a tout ce qu’il nous faut pour rentrer dans l’ordinateur.

Les deux partenaires retournèrent alors dans la grande bibliothèque. Décidément, ils en avaient fait des kilomètres depuis le début de la mission. Mais cela ne dérangeait pas Jill, tant qu’elle savait que cela avait son importance. Elle sortit les trois feuilles de sa poche et les déposa à côté de l’ordinateur. Elle savait que Chris était légèrement plus à l’aise qu’elle avec l’informatique. Son domaine, c’était plutôt les livres. Et à ce propos, elle décida d’observer la partie de la bibliothèque qu’elle n’avait pas encore explorée, du moins le temps que Chris entra les trois mots de passe. Soudainement, elle ne trouva non pas un, mais deux journaux. Elle commença par lire un passage du premier.

Ça doit être notre jour de chance. Spencer laisse vraiment traîner ses journaux un peu partout. Dans celui-ci, il explique qu’il n’a pas de nouvelles des scientifiques et d’Alex depuis plus d’un an, lorsqu’ils sont partis pour l’île. Et il leur a envoyé des milliers et des milliers de sujets tests.

Jill releva la tête vers Chris, avec un air un peu triste et choqué à la fois. Spencer était un monstre, c’était bien connu, mais elle n’aurait jamais imaginé qu’il puisse envoyer autant de gens en enfer. Elle continua sa lecture.

Lorsqu’Alex trouvait une amélioration, ils testaient le virus directement sur les sujets, sans même l’étudier auparavant. Et Spencer espérait uniquement qu’elle trouverait la clé de l’immortalité le plus rapidement possible, avant qu’il ne soit trop tard pour lui.

Refermant le journal, Jill passa au second. Plus elle lisait, plus elle avait peur de ce qu’elle risquait de trouver. D’une manière ou d’une autre, tous ces journaux étaient des preuves de l’implication de Spencer dans les expériences d’Umbrella, même si à ce stade, plus personne n’en doutait.

À un moment, il semblerait qu’une expérience ait fonctionné. Et Spencer aurait recommencé à apprécier la vie. Du moins, jusqu’à ce qu’Alex ne disparaisse ainsi que l’ensemble des scientifiques présents sur l’île. Et l’ensemble des sujets tests également, tout comme le matériel de recherches. Bon sang, il s’est passé quoi là-bas. Spencer aurait été trahi d’après ce qu’il raconte et, oh tiens, il dit qu’il aurait dû apprendre la leçon avec Albert. Mais malgré ça, il continue à faire confiance à ce cher Patrick son majordome et pense qu’il est son seul espoir pour localiser le virus. Il ne lâchera jamais l’affaire.

Même si cela leur avait donné quelques informations sur les derniers projets en date de Spencer, Jill espéra que Chris en trouverait encore quelques-unes dans l’ordinateur du vieil homme.

Jill paraissait étonnée de savoir que ce Patrick écrivait son journal intime directement dans l’ordinateur. Elle s’était attendue à ce qu’il le fasse à la main, comme son ‘maître’. Néanmoins, cela n’empêchait pas d’y faire de sombres découvertes une fois encore. Elle se pencha alors au-dessus de l’épaule de Chris pour y voir effectivement une liste composée de plusieurs noms.

Si toutes ces personnes se trouvaient ici, dans les sous-sol, tu crois qu’elles y sont encore ? Même sous une autre…

Jill n’eut pas le temps de terminer sa question, qu’elle se redressa immédiatement, l’arme pointée devant elle. Une grille venait de s’ouvrir, sur le côté de la pièce entre deux bibliothèques. Les deux partenaires s’approchèrent lentement de la nouvelle ouverture. Qui sait ce que pouvait cacher ce nouvel endroit. Et avec les découvertes qu’ils venaient de faire, il était préférable de redoubler de prudence. La jeune femme s’approcha la première. Elle n’avait pas l’impression que la pièce était grande, et elle semblait vide à priori. Tant mieux. Mais soudainement, elle entendit un petit clic et leva rapidement les yeux. La grille semblait se refermer sur elle, et la jeune femme fit une roulade afin d’éviter de se faire embrocher. Levant une nouvelle fois les yeux, elle constata que de grands piques étaient sortis du plafond, qui commença à descendre.

Merde, c’est un piège ! On doit le stopper !

Ce n’était pas la première fois qu’elle se trouvait dans ce genre de configuration. Dans le manoir des Monts Arklay, elle avait vécu presque exactement la même chose, à ceci près qu’il n’y avait pas de piques au plafond. Cependant, ce dernier était également descendu sur elle, prêt à l’écraser. Barry avait réussi à la sauver in-extrémis, lui évitant de se transformer en ‘Jill-Sandwich’. Cette fois-ci, elle devait compter sur Chris pour la sortir de là. Elle resta calme, malgré la situation, car elle savait qu’il ferait tout son possible pour l’aider et la sortir de là. Elle se raccrocha à cette idée, ne voulant pas être une passoire.

Jill vit Chris se mettre en recherche du moyen pour la sauver d’une mort certaine. Même si elle savait qu’elle ne pouvait pas compter sur un meilleur partenaire que lui, elle avait tout de même peur que Spencer ait changé le fonctionnement de ses pièges. Qui sait, peut-être avait-il enlevé les mécanismes permettant de les stopper. Mais elle ne devait pas penser à cela. Son partenaire ferait tout pour la sauver, elle le savait. Et c’était d’ailleurs à ce moment qu’elle l’entendait justement lui demander son aide. Chris se trouvait devant une porte qui devait probablement être bloquée de l’autre côté. Elle inspecta rapidement la petite pièce où elle était enfermée, et remarqua une ouverture sur le côté. Celle-ci était entravée par des barreaux, mais permettait à Jill de voir une sorte de levier rouge près d’elle. Il s’agissait probablement de celui qui pourrait stopper ce nouveau cauchemar. Au loin, elle vit qu’un cadenas maintenait une porte fermée. Il ne lui avait fallu qu’une demi-seconde pour comprendre que c’était cette porte que Chris tentait d’ouvrir.

Recule, je vais tirer sur la serrure.

Elle se mit en position, et tira un coup sur la serrure. Celle-ci lâcha immédiatement, et elle vit son partenaire apparaître juste après avoir défoncé la porte. Quand ce dernier se jeta sur le levier, et que la grille s’ouvrit en même temps que le plafond remonta, Jill lâcha un soupir de soulagement. Une fois encore, elle avait été sauvée par Chris. Il faudrait vraiment qu’elle le remercie un jour, comme il le mérite. Même si à ce stade, elle ne savait pas comment le faire, vu le nombre incalculable de fois où il lui avait sauvé les fesses.

Merci, espérons que toutes les pièces ne soient pas piégées comme celle-ci lui avait-elle dit à travers la radio.

Jill put enfin explorer la pièce, et remarqua qu’un coffre-fort se trouva sur le mur. Elle l’ouvrit tout simplement, n’ayant pas besoin de code pour une fois. Elle récupéra une manivelle carrée, et se demanda bien où ils allaient encore pouvoir utiliser ce nouvel outil. Tout à coup, elle entendit des coups de feu. Elle sortit de la pièce, et se dirigea vers l’endroit d’où provenait le bruit. Ouvrant la porte, elle découvrit une nouvelle créature contre laquelle se battait Chris. Elle rangea son pistolet, et sortit plutôt son fusil à la place. Ni une, ni deux, elle visa l’œil qui se trouvait dans le dos du monstre, ce dernier n’ayant même pas remarqué que la jeune femme était entrée. Elle tira plusieurs fois, pour enfin en venir à bout. Il allait vraiment falloir redoubler de prudence désormais. Entre les pièges et les monstres, tout était en place pour venir à bout des deux agents du B.S.A.A.

Regarde, j’ai trouvé cette manivelle carrée. Et vu tout ce qu’on vient d’endurer pour la récupérer, je pense qu’elle doit être importante.

Depuis leur arrivée dans la demeure de Spencer, les deux partenaires n’avaient croisé que quelques monstres. Cependant, Jill était persuadée qu’ils allaient avoir d’autres surprises par la suite. Tout avait été beaucoup trop calme à son goût, jusqu’ici.

C’est moi qui te remercie, Chris. Sans toi, je serais devenue une passoire sans aucun doute.

Il l’avait sauvé une nouvelle fois. Elle devait vraiment trouver un moyen de le remercier véritablement, vu le nombre de fois qu’il avait été présent pour l’aider à rester en vie. En attendant, ils devaient continuer à explorer le manoir à la recherche de Spencer. Il devait forcément s’y trouver, et était probablement bien caché quelque part, en sécurité. En montrant la manivelle à Chris, ce dernier proposa de retourner vers l’entrée afin de terminer l’exploration du niveau où ils se trouvaient actuellement. Si la mémoire de Jill était toujours bonne, alors une sorte de grille devait normalement se trouver derrière les grands escaliers du hall. En arrivant sur les lieux, elle constata qu’elle ne s’était effectivement pas trompée. Elle remit la manivelle à sa place et commença à la tourner. La grille s’ouvrit, et Chris s’y faufila afin de tourner une autre manivelle située de son côté, permettant à Jill de passer à son tour. Cette dernière n’était plus à l’aise à présent. Non pas qu’elle l’ait été précédemment, non. Mais l’ambiance qui régnait dans ce nouveau couloir était vraiment différente, et la porte qui s’y trouvait au fond n’aidait pas non plus.

Si, il y a bien un laboratoire en-dessous. Et j’ai l’impression qu’on devrait bientôt tomber dessus.

Avec tout ce qu’elle avait lu dans les différents journaux éparpillés un peu partout dans le manoir, Jill savait que la suite de leur aventure n’allait pas être de tout repos. Néanmoins, elle savait contre quoi elle se battait, et avec Chris à ses côtés, elle était persuadée qu’ils s’en sortiraient. Ils avaient beaucoup d’expérience et étaient très efficaces ensemble.

C’est quand tu veux lui répondit-elle avec un petit sourire.

Ils passèrent la nouvelle porte, et descendirent un escalier. Cependant, ce dernier semblait cassé et les deux partenaires n’eurent pas d’autre choix que de sauter dans le trou. Heureusement, il n’était pas profond et ils se retrouvèrent rapidement à l’étage du dessous. En l’explorant, Jill eut la chair de poule. Elle avait l’impression de se retrouver dans une prison, mais d’un genre très glauque. Des barres de fer et des chaînes trainèrent un peu partout. Certaines des cellules étaient encore occupées par des cadavres. Et la seule chose que Jill espérait à cet instant, était que ces cadavres soient bel et bien morts, et qu’ils n’allaient pas se relever un peu plus tard.