[Terminé] Ne passez pas par la case départ [pv Clarice Sterling]

▿ Date de naissance : 11/05/1984

Ne passez pas par la case départ

David King & Clarice Sterling

La foule était en liesse. Une trentaine de personnes, tout au plus, qui formait un cercle dans cette ruelle poisseuse. Hommes et femmes, ne dépassant pas la quarantaine, qui s’excitaient en voyant deux bêtes se faire fasse. Dans cette aire humide, juste éclairer par ce vieux lampadaire qui surveillait les combats, les paris fusaient. Les quelques passants qui s’aventuraient tout prêt, préféraient éviter de s’en mêler. On devinait facilement la nature de cette rencontre, et on imaginait bien comment cela allait se terminer. Alors quoi bon fichtre son nez dans ça ?
Chacun encourageait son poulain. On faisait monter les sommes mises. De quoi réjouir les deux gladiateurs, se dire qu’en plus de sortir vivant de cette rencontre, il partirait avec un beau pactole. En tout cas, cette idée faisait bien sourire l’un d’eux. Avec sa lèvre fendue, et le contour d’un œil un peu noir, il réalisait une grimace malsaine qui inquiétait son adversaire. Motivé plus que jamais à présent, David enchaina deux coups contre son adversaire, rendant plus dingue ses supporters. Le premier fut repoussé facilement, mais le second manqua de peu le visage rouge de l’autre type.

Pourquoi ils se battaient déjà ? King ne s’en souvenait plus. Une remarque mal placée, un regard de travers… Marcher sur le pied ou piquet sa bière… Quand David voulait se défouler, il lui en fallait peu pour trouver un prétexte. Et puis, quand il y avait la promesse de al fortune après, la raison première importait peu. Et puis, King en avait besoin. Il ressentait toujours cette rage en lui. Ce sentiment si lourd, d’être encore prisonnier. Voir que le cauchemar n’était pas terminé. Il n’avait pas pu tuer ce cauchemar, mais peut-être arrivera t’il à se servir de ce gars comme défouloir. Il n’avait besoin que de se concentrer un peu, pour voir le visage de sa haine sur le corps de ce gars.

Son adversaire riposta. Il tenta aussi une série de coups de points. Mais quand il vit que chacun était aussi contrer et bloquer par King, il essaya avec sa jambe. Le frapper au niveau des chevilles comme dans un film d’action. Mais David l’avait vu venir. Il ria même de l’initiative. Il semblait comme fait dans une matière compacte, tenant place comme un arbre avec ses racines. L’adversaire ne frappa que du dur, n’arrivant pas à faire chanceler David. C’était le moment. Notre survivant attaqua à son tour, tentant aussi un jeu de jambe. Mais ce n’était pas pour lui faire mal ou tomber au sol. Il voulu le faire reculer et il y arriva. L’inconnu évita le pied de King, esquivant de manière grotesque. Quand il était assez loin, King exécuta un petit saut et alla recevoir son adversaire en plein dans l’estomac.

Le souffle coupé, l’homme fut jeté contre le sol, entrainant David avec lui. Tous les deux se retenaient l’un l’autre, voulant frapper là où il n’y avait aucune protection. Coups, côtes, jambes, tête etc. La foule elle, n’avait pas changer d’attitude. Le combat était à son comble, on avait du mal à deviner qui aura le dessus et on se disputait sur l’identité du futur vainqueur. Mais le mystère n’allait pas durer. A la surprise de beaucoup, David n’affichait aucune plainte, aucune fatigue ou douleur après tout ce qu’il recevait. On aurait cru que la douleur lui était étrangère. Un avantage fort utile. Car ignorant ce qu’il recevait, se contentant d’encaisser, King arriva à mettre à terre son adversaire. Et là… C’était le massacre.

David bloqua son adversaire, s’asseyant sur lui et le dominant. Sa malheureuse victime se doutait de ce qui l’attendait et d’avance, se protégea juste à temps, avant que cette bête furieuse se viennent déchainer un déluge de coups sur lui. Il visa la tête, frappant de plus en plus fort. Il vint même à pousser un cri presque animal, celui d’une bête furieuse qui voulait achever son opposant. Personne ne voulait intervenir. Au contraire, chacun était soit grisé de voir leur champion réduire en charpie l’autre, ou protester de voir leur favori en mauvaise posture et perdre. Pourtant, quelque chose avait changé en lui.

David frappait oui, mais son esprit fut comme purger de son désir de toucher à l’argent à la fin. Il oubliait pourquoi il se battait au départ, ne faisait plus attentions à ses « fans », à la rue sombre et puante dans la quelle il était, ni de la lumière aveuglante du lampadaire. Là, il fut focalisé sur sa victime. Il ne voyait plus le visage du bougre, mais celui de quelqu’un d’autre. Un de ses visages qui suffisait à rendre fou le combattant, le faire exploser de rage, souhaiter accomplir une certaine vengance. Et il aurait put aller jusqu’au bout si quelqu’un, parmi ces beaufs qui voulait voir du sang, n’avait crier haut et fort à l’attention de tout le monde :

"Les totorités !"

Suffisant pour mettre la foule en alerte et les faire se disperser, sous le son d’une alarme de police qui arrivait juste à côté. Personne ne voulait rester dans le coin pour répondre à la moindre question ou finir en garde à vu, alors on disparaissait, abandonnant tout sur place comme des rats allant rejoindre leurs trous.
David quant à lui, reprenant ses esprits, se rendait compte de ce qu’il se passait. Il voyait le visage recouvert de son de son adversaire et ne sut trop quoi penser. De la honte, du dégout, mépris peut-être ? Il se sentait un rien paumé. Il se leva pour le libérer et voyait les forces de l’ordre bloquaient toutes issus.

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▿ Date de naissance : 11/07/1990

❝David & Clarice❞

Ne passez pas par la case départ

❝On vient de nous signaler une baston du côté de Loockwood Hill. Apparemment ça déconne pas, va falloir avoir le coeur bien accroché, tu penses que t'as les épaules, Clarice ?❞

Je fais mine d'ignorer sublimement la remarque de mon partenaire. Peu importe la dimension dans laquelle j'atterrirais, j'ai le sentiment qu'une chose demeurera immuable, et je ne m'en réjouis pas le moins du monde... Peu importe que cette ville n'ait ni queue ni tête et accueille des individus aux histoires si complexes et variées, le machisme a encore de beaux jours devant lui, et au sein de la police plus encore. Mon agréable surprise a été d'être entourée de beaucoup de collègues femmes très compétentes, mais cela, semble-t-il, n'a pour effet que d'inquiéter ces chers mâles dans leur virilité pensent-ils compromises, alors une petite remarque sexiste de temps à autre, histoire de faire passer la pilule, c'est certainement le mieux qu'ils ont trouvé pour faire passer la pilule. C'est relativement pitoyable, mais au fond, c'est plus triste pour moi que pour eux.

Dans tous les cas, l'affaire ne m'impressionne pas outre mesure. Un combat de rien, en comparaison de ce que j'ai dû voir au VICAP, c'est limite une partie de plaisir. Oui, j'ai les épaules, même si je suis plus fragile et fatiguée que je veux bien l'admettre, même si je sais que certains, par attention morbide ou bien par pure bienveillance, s'attendent à ce que je craque à tout moment, à force d'éviter de soigner mes PTSD. Et forcément, mes rencontres avec Will Graham et Hannibal Lecter n'ont rien arrangé en ce sens, mais justement, j'ai besoin de ce genre d'affaires en soi "simples" à résoudre. Bien sûr que ça demande du self control et qu'on n'est jamais sûr de rien, mais ça ne m'inquiète pas.

A la suite de mes collègues, je prends place dans une voiture de police qui, à grande vitesse, sirènes bruyante sur son sillage se rend sur les lieux. Quand je quitte le véhicule, la foule s'est dispersée. Je tire mon arme de service de ma ceinture et me rapproche prudemment. Certains collègues tentent de récupérer les fuyards pour les interroger, moi je me rapproche de l'un des deux belligérants. Un collègue le tient en joug tandis que je range mon arme pour décocher des menottes.

❝Pas de mouvement brusque. Vous allez nous suivre au poste, vous êtes en état d'arrestation.❞

Je me rapproche prudemment et m'applique à mettre les menottes au combattant. Un mastodonte, j'ai l'air d'une brindille en comparaison, mais je garde contenance. Il semble amoché, mais comme dit, "il faut voir la tête de l'autre". Je récite les droits Miranda presque mécaniquement en lui passant les menottes.

❝Vous avez le droit de garder le silence. Si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous direz pourra être et sera utilisé contre vous devant une cour de justice. Vous avez le droit à un avocat et d’avoir un avocat présent lors de votre interrogatoire. Si vous n’en avez pas les moyens, un avocat vous sera commis d'office.❞

Escortée par un collègue, je l'entraîne dans notre véhicule jusqu'au commissariat. Cette histoire ne sera sans doute pas difficile à démêler, mais il faut parfois se méfier des apparences.

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▿ Date de naissance : 11/05/1984

Ne passez pas par la case départ

David King & Clarice Sterling

On pouvait dire que c’était une journée pourrie au final. David voulu donner un bon spectacle, en mettre pleins les yeux. Et bien sûr, une telle prestation n’était pas faite gratuitement. Avec ce qu’il avait donné, et les échos qu’il eut de la foule, il pensait repartir avec un joli paquet de billet si les poulets n’étaient pas venus. Bien sûr, il ne faudra pas compter sur le bookmaker pour, soit venir le retrouver et remettre ses gains, ou les rembourser. Ce pauvre type s’était barrer, profitant de la confusion pour se tirer avec le pognon. Si David savait de qui, il s’agissait, il pourrait toujours tenter de le retrouver, lui refaire le portrait aussi et récupérer son jackpot. Mais là, il avait d’autres problèmes sur les bras.

Il pourrait tenter de fuir, balancer un truc sur la gueule du flic pour se barrer lui aussi. Mais il savait que ce serait inutile. En même temps, le cop semblait moins en forme que King. Trop de donuts ? Il avait une petite bouée, le combattant pourrait le semer facile à la course. Enfin bon, il préféra ne pas faire de vague. Toutes ses forces restantes furent utiliser pour maintenir la rage qui bouillait dans ses tripes. Que croyaient-ils ? David cherchait à survivre ici, comme tout le monde, à gagner son pain. Bref, il se contenta de lever les mains d’office, les placées derrière son crâne.

C’était une femme qui vint lui mettre les bracelets. David la regarda du coin de l’œil. Elle était pas mal, mignonne avec un peu d’effort. Elle était même plus petite que lui, d’au moins vingt centimètres. Ça le faisait rire de voir quelqu’un de plus petit et chétif que lui, le lié pour l’embarquer. En réalité, il pourrait se débarrasser de tous ces flics en un claquement de doigt facilement. Mais bon, ce serait mal connaitre King, le rustre avait quelques manières, des principes.

"Ouais ouais je connais la chanson Miranda." Petit jeu de mot subtile.

Prisonnier, il fut conduit au véhicule de police. David se demandait si l’autre type allait connaitre le même sort. Non, on allait sans doute appeler une ambulance. Monsieur était aussi coupable de King, mais sans doute aurait-il droit à un meilleur traitement. Et si David ne cachait pas ses lettres de noblesses, qu’il dise qui était son père ? Non ! Il préférait moisir et crever dans un trou plutôt que de conserver un lien avec cette pourriture.

"Vous m’avez fait perdre un jolie paquet ce soir vous savez ? Me demande si je ne vais pas porter plainte pour ça." Se moqua toujours le David alors qu’on l’engouffrait dans la voiture de police.

Sans détour, la voiture roula jusqu’au commissariat. Ha ! La ville pouvait avoir le don de changer chaque jour ou chaque heure, montrer de nouvelles rues et en faire disparaitre, David connaissait par cœur le chemin menant au poste. Toujours le même ou presque. C’était comme si à la longue, il avait développé cette faculté qui le lié à cet endroit, un peu une seconde maison. Il ne se verrait pas y passer les vacances toutefois. Alors que le véhicule approchait du fameux bâtiment, King tenta la conversation comme s’il ne se rendait pas compte de ce qui lui arrivait. Ou plutôt savait-il et avait pleinement confiance, vivant la même chose jour après jour. Comme dans le royaume de l’entité.

"Vous êtes nouvelle ? Première fois que je vous voie. Souvent c'est Lars qui vient me voir. Il va comment le gros ?"

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▿ Date de naissance : 11/07/1990

❝David & Clarice❞

Ne passez pas par la case départ

Je lève les yeux au ciel à sa remarque. Les petites frappes qui se vantent d'avoir bourlingué et de connaître les droits Miranda sur le bout des doigts, ça ne m'amuse pas ni ne m'impressionne, ça a juste le don de me contrarier. Je crois qu'en fin de compte, il n'y a plus grand-chose qui soit susceptible de m'impressionner, à ce stade. Beaucoup trop jeune pour en avoir trop vu, et pourtant. Je crois que mon père n'en serait pas très fier, il disait souvent que la lassitude sclérosait le métier. Lasse, je le suis sans doute, mais déterminée malgré tout. La quête d'une justice même éphémère est interminable, et c'est ce qui me porte. Mais puisqu'elle semble aussi trop souvent vaine, il reste difficile de conserver l'utopisme et l'enthousiasme des premiers temps... et voilà que je m'exprime encore comme un flic qui roulerait sa bosse depuis une éternité.

Je ne relève pas, une fois de plus, quand l'autre fait de l'humour en affirmant qu'on lui a fait perdre un bon paquet de fric. Non seulement il est pris la main dans le sac mais il ne cesse de se vanter. En même temps... Il a sûrement de bonnes raisons de le faire. S'il connaît la chanson par cœur, ce n'est sûrement pas pour rien, il sait ce qu'il risque, et par conséquent, il sait aussi qu'il ne risque pas. Il doit bien deviner qu'il finira libéré en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, et ce sera la même routine pour lui, de retour à ses combats clandestins, jusqu'au jour où il se trouvera un adversaire plus fort que lui. Alors, ce sera lui qui fera la route en ambulance, s'il a la chance de respirer encore. Je pourrais dire que ça sera bien fait pour lui, je ne le pense pas. Lecter a eu raison de croire que je voudrais sauver tout le monde. C'est le cas. King autant que tous ceux dont il lui prendrait l'envie de refaire le portrait. Il y a des âmes qui ne peuvent pas être sauvées, pourtant.

❝Pas de familiarités❞, je me contente de répondre sèchement quand le prévenu tente de me faire la conversation tandis que le véhicule progresse jusqu'au commissariat.

Je ne sais pas quel est l'était de sa "relation" avec Lars (un de mes collègues que je ne porte pas dans mon cœur, et quand on a parlé plus de deux secondes avec lui, il n'y a pas à se demander pourquoi), mais les copinages avec les détenus, ça ne me réussit pas, on va éviter.

Nous arrivons au commissariat, où l'homme est installé en salle d'interrogatoire. Je lui propose un café, je fais le choix de m'en servir un, et je prends les rênes une fois installée. A travers la vitre sans tain, je sais que quelques-uns de mes collègues, goguenards, espèrent m'avoir envoyée au casse-pipe. Certaines choses ne changent pas.

❝C'est votre moment. Je suppose que les auditions du genre n'ont plus aucun secret pour vous.❞ Je le détaille un instant du regard. ❝Je vous écoute. Qu'avez-vous à déclarer ?❞

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▿ Date de naissance : 11/05/1984

Ne passez pas par la case départ

David King & Clarice Sterling

La flic mettait de suite fin à la conversation. Cela ne surprenait pas le David. En réalité, il s’attendait un peu à cette réaction. Sans doute cherchait-il un rien exaspérer la jeune femme, comme il savait si bien le faire. Il se contenta de faire une petite moue, levant les épaules et s’affala sur le dossier du siège arrière. Son regard se perdit dans le paysage du quartier qu’il connaissait si bien, malgré ses transformations. Concernant ce Lars, il l’avait déjà oublié ce pauvre type. C’était un peu un flic à l’ancienne. On pouvait taper causette avec lui, mais c’était amusant de le faire fulminer, avec son gros ego, se croyant être meilleur que tout le monde, alors qu’on le voyait s’empiffrer de donuts en regardant les autres de manières condescendantes. Cela ne l’empêchait pas parfois de se taper des barres avec ses détenus, dont King. Mais bon, ils n’étaient pas pote et King savait que Lars trouvait plaisir à retrouver un de ses anciens arrêter dans un sac mortuaire, layant déjà entendu s’amuser quand on lui annoncer ce genre de décès.

Le poste de police semblait bien actif le soir. Rien d’étonnant en soit. C’était comme à la téloche, entre ceux qui étaient à leur bureau répondant no stop au téléphone, ou ceux courant de tous côtés, montrant fièrement leur dernière arrestation, comme si c’était un trophée de chasse. Pour elle, c’était pareil ? Allait-elle recevoir une récompense, une reconnaissance pour avoir attrapé le méchant King ? Il y avait de meilleur poisson quand même, David n’était qu’un petit voyou, une frappe pas bien méchante qui ne tramait dans rien de bien méchant… Pas encore en tout cas.

Il fut trainé dans une de ces salles d’interrogatoire. Une salle de la taille d’une chambre, murs gris, juste une porte et une lumière au-dessus et ayant pour fenêtre, une vitre sans tain. David se demandait si d’autres poulets le regardaient derrière. Est-ce qu’on se demandait s’il allait se mettre à table ? Ou alors étaient-ils là pour juger des capacités de la flic ? Cette dernière éventualité l’amusait. Dans le doute, il fit un petit signe bien sentit à l’attention d’éventuels spectateurs. Puis, celle qui lui a gâcher sa soirée revint lui apporté un café.

"Plus de secret, p’t être pas. Mais ouais je connais."

King attrapa le gobelet chaut et bue une bonne gorgée. Était-ce par courtoisie, stratagème qu’on lui en offrait un ? Si c’était pour récolter ses empruntes, ce n’était pas la peine, ils devaient les avoir depuis son arrivé sur l’île au moins. Autant en profiter pour boire tranquille et leur donner un énième doublon s’ils paumaient les premières.
On pouvait dire que c’était l’heure de passer aux choses sérieuses. Enfin, le pouvait-on avec cet arrogant et tête à claque de David, qui semblait se moquer de tout et de rien. Ce n’était pas la première fois qu’il défiait la police. Et quand on a affronté des gars avec des tronçonneuses, des tueuses avec des haches et des épées et des monstres sortants on ne sait d’où, les flics faisaient aussi flipper qu’un petit chat estropier.

"Si. Un truc important. Vous êtes le premier flic pas mal dans son genre que je croise. Même si vous tirez la gueule tout le temps."

Il se disait qu’avec un petit sourire et quelques cosmétiques, elle serait pas mal. Elle était jeune et plutôt bien formée. Si elle ne portait pas de badge, ce serait le genre de fille qu’il croiserait dans un bar et s’amuserait bien. Mais bon, l’univers avait fait en sorte que jamais cela n’arrive et King s’en remit bien vite. En même temps, même s’il lâchait facilement ce qu’il pensait, il cherchait surtout à la déstabiliser, toujours dans le jeu, voir comment elle réagirait. Et si certains mataient, ils devaient sans doute déjà se fendre la poire. Hey ! Ce n’était pas parce que c’était une femme, qu’il allait lui faciliter le boulot. Un poulet restait un poulet après tout.

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▿ Date de naissance : 11/07/1990

❝David & Clarice❞

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Même s'ils sont souvent insupportables de suffisance, je préfère souvent traiter avec les "habitués" qu'avec les moins affranchis aux règles et habitudes de ce genre de situations. Il est plus simple de passer outre l'arrogance d'un détenu provisoire qui sait pertinemment que les limites souvent floues de la justice interfèrent en sa faveur que de devoir consoler un individu confronté brutalement aux conséquences de ses actes, en état de choc ou d'angoisse, en proie aux larmes ou à l'hystérie. Je sais plus facilement gérer les remarques déplacées que les flots incontrôlables de larmes, qui ne doivent pas vous faire oublier de conserver votre situation d'autorité. Vous n'êtes l'ami d'aucune de ces personnes, c'est une chose qu'il ne faut jamais oublier.

Avec King, pas de souci, le gars est aguerri. Insupportable et aguerri, les deux en même temps, ce qui ne va pas dire que la tâche va être simple, surtout qu'à l'instar de mes collègues, lui aussi va sans doute vouloir me tester... J'ai l'habitude. Et quelque part, j'estime tout de même qu'il vaut mieux qu'il ait affaire à moi qu'à un de ceux qui d'ordinaire lui font passer une audition "en règles"... je ne suis biaisée par aucun passif, même si je le suis forcément par cette familiarité qu'il affiche à mon égard et qui ne me donne pas spécialement envie d'être tendre ou encore neutre avec lui.

❝Je vais m'abstenir d'ajouter ces réflexions à votre déposition. Faire des avances à un policier dans l'exercice de ses fonctions revient à de l'outrage à agent, évitons-nous plus de paperasse contraignante que nécessaire❞, je réplique avec la plus grande neutralité.

Des réflexions déplacées liées à mon genre et à mon apparence, j'en entends trop souvent pour me laisser encore affecter par elles. C'est malheureux, mais c'est une habitude, et on finit par se blinder, à ce sujet. Pas que je sois si attirante que cela, je m'estimerais au mieux "moyenne", si on me posait la question, mais mon apparence n'a que peu d'importance dans ce genre d'échanges. C'est toujours une affaire de domination plus que le reste. Ce type n'est pas intéressé par moi, il est intéressé par l'éventuelle influence qu'il pourrait avoir sur moi, et je ne veux pas lui donner ce plaisir.

❝Il serait préférable pour vous de vous montrer un tant soit peu coopératif. Vous n'avez écopé que de sentences relativement "douces", jusqu'ici, mais c'est une chose qu'il est encore possible d'arranger.❞ Je bois tranquillement une gorgée de mon café. Je veux lui montrer que je saurais être aussi patiente que nécessaire, et qu'il ne mettra pas cette patience à rude épreuve. Quelque part, oui, j'ai tout mon temps, cette situation me distrait au moins de mes conversations intérieures autrement moins réjouissantes. ❝Alors, que diriez-vous d'étoffer vos déclarations, à présent ?❞

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▿ Date de naissance : 11/05/1984

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David King & Clarice Sterling

Elle croyait vraiment lui faire peur ? Lui dire qu’il risquait gros, pire que ce qu’il avait pour habitude ? Que là, il allait trembler comme une feuille, voir se mettre à chialer ? Et puis, il se mettrait à la supplier, se rabaisser et jouer les bons toutous ? La pauvre, ça se voyait qu’elle ne connaissait pas David. Pour lui, tout était un jeu. Même quand une folle le coursait avec une hache, un katana, un couteau ou qu’on lui vomissait dessus… King arrivait à y trouvait une sorte de plaisir. Le danger, ça l’excitait. Quand il pouvait le dépasser, l’affronter, user de ses points pour se défouler, il était heureux. Même quand il devait y crever et qu’à la fin, il hurlait pendant ses nuits en se rappelant de ses « sacrifices ». Là, c’était comme revenir dans une cour de récré de maternelle. Ça braillait, pleurnichait, mais ne risquait pas de le faire peur.

Il riait même devant les propos de la flic. « Outrage à agent de police » que voici de grands mots. Voilà que maintenant, un petit compliment risquait de faire aller en tôle. Quelle triste époque que nous vivions. Un compliment à ma demoiselle, ça ne passait pas, mais le doigt d’honneur de tout à l’heure à ses collègues, là on ne disait rien. King applaudissait face à cette logique. On dirait bien que les mentalités se sont empirées depuis son kidnapping.
Mais il comprenait. La « poulette » devait se montrer forte. Pas facile dans un univers exclusivement masculin. Il fallait montrer qu’on avait les tripes, subir une pression monstre. King éprouverait de la peine pour elle, mais d’un autre côté, s’il lui facilitait les choses, jamais elle n’arriverait à faire ses preuves. Dans un sens, le bad boy lui rendait service. Il imaginait bien ces regards derrière la vitre, la jugeant, ouvrant peut-être même des paris si oui ou non elle allait craquée. David était dans un nouveau ring, menant un nouveau combat, sauf que là, il se doutait qu’à la fin il ne toucherait pas un seul billet.

"Je veux bien en dire plus sur mes déclarations, mais vous m’avez fichu la trouille maintenant ! J’ai peur de faire plus de paperasse et qu’on m’accuse encore de quelque chose." Se moqua donc David.

D’un côté, elle lui rappelait de bon vieux Trapp. Un flic de la vieille, gros défenseur de la loi assez moralisateur. Autant dire qu’à leur début, les deux hommes avaient un peu de mal à s’entendre. L’un, gardien de la paix qui reprenait facilement, l’autre petit voyou qui aimait bien chercher. Mais bon, on voyait facilement les relations évoluées après plusieurs tentatives de meurtres et meurtres réussit. David se demandait bien ce qu’était devenu le vieux bougre. Était-il ici aussi ? Avait-il rejoint la police comme avant ? Pour le moment, il n’avait croisé le chemin de personne de chez l’entité… Enfin presque. Mais aucun survivant pour le moment.

Revenant ici, King se concentra à nouveau sur la policière. Il imaginait bien cette jolie petite tête fulminer, lâcher une jolie liste de mots valorisants sur son compte. Il avait cet effet sur beaucoup de monde. Et si on pensait qu’il allait s’arrêter là… Sa soirée fut gâchée, David avait perdu sa paye dans tout cela et risquait de passer un bon moment ici. Autant en profiter alors et s’amuser un peu. De toute façon, il savait qu’il ne moisirait pas ici bien longtemps. Grand maximum demain matin il sera à nouveau libre et reprendra son traintrain quotidien, une boucle sans fin comme il en avait l’habitude.

"Vous savez déjà des choses sur moi mais pas l’inverse. Je n’ai pas souvenir de vous avoir entendu vous présenter. Ni grade ni jolie prénom. La flicaille n’est pas sensée le faire ? Je paye des impôts pour ça !"

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▿ Date de naissance : 11/07/1990

❝David & Clarice❞

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J'ai beau être rôdée aux personnalités comme celle de mon interlocuteur, cela ne me rend pas mon interlocuteur plus sympathique ou moins agaçant, j'ai seulement appris à encaisser les réflexions du genre avec la neutralité la plus totale. Je refuse de me laisser atteindre par les remarques du genre. Absence de réaction peut être considéré comme une réaction en soi, certes, mais il vaut mieux cela que de perdre son sang froid dans tous les cas. Dans des circonstances comme celle-ci, la patience doit être le maître mot, même si c'est difficile à respecter tant on se laisserait rapidement dominer par ce que la situation peut avoir d'incommodante ou de désagréable. A plus forte raison, en l'occurrence, que je sais pertinemment et d'avance que je n'obtiendrais pas grand-chose de cet homme.

Le rapport sera creux, l'homme finira par sortir, pas blanc comme neige, mais ça ne dérangera finalement pas grand-monde. Moi, ça me dérange. Ce n'est pas nouveau, j'ai accepté d'intégrer un système dont j'ai progressivement découvert les dynamiques de corruption, de profit, de népotisme... entre autres observations systémiques dont nous avons clairement le monopole dans notre corps de métier. Enfin... bref, je laisse donc couler sa remarque comme j'en laisserai certainement couler beaucoup d'autres. En tout cas, pour ce qui est de lui tirer les vers du nez (et pour un moindre effet, donc), il va falloir que je prenne mon mal en patience.

❝Pour peu que vous soyez à jour dans le paiement de vos impôts❞, j'observe distraitement. D'accord, c'est complètement gratuit, mais vu les circonstances, je n'ai pas particulièrement l'intention de m'en excuser ou de m'en justifier non plus. Ceci dit il a raison, je ne peux lui refuser des présentations en bonne et due forme, même si au bout du compte, ça ne changera pas grand chose à cette garde à vue. Si ce n'est que je déteste que les hommes se servent de mon prénom comme d'un moyen de ponctuation. Et certains hommes sont particulièrement doués pour ça. ❝Clarice Starling, simple officier de police.❞

Ce qui en jette moins que mon ancien titre au VICAP, agent spéciale du département des sciences comportementales du FBI, mais je m'épargne très bien le titre, ici, il y a des démons que je ne veux plus poursuivre. Même s'ils s'en moquent, apparemment, et font le choix de me poursuivre malgré tout.

❝Satisfait ? On peut passer à votre déclaration, à présent ?❞ Questions toutes rhétoriques et auxquelles je préfère qu'il ne réponde pas. Oui, bien sûr qu'on le peut, et de préférence, je souhaiterais qu'on s'y mette tout de suite et sans attendre une seconde de plus. J'aimerais bien me débarrasser rapidement de cette situation plus contrariante qu'autre chose pour moi. ❝J'aimerais que vous m'exposiez en détails le déroulé de la soirée.❞

Même s'il n'y a pas besoin d'être devin pour comprendre ce qui s'est passé. Mais voilà, ça fait partie du travail, et il faut bien s'y plier.

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▿ Date de naissance : 11/05/1984

Ne passez pas par la case départ

David King & Clarice Sterling

David arrivait toujours à s’amuser. Ce n’était qu’un petit voyou qui tourmentait les forces de l’ordre en bon enfant, il n’avait rien d’un Joker au moins. Avant, il aurait été le premier à sortir de ses gonds, à la moindre provocation, le british aurait sauter au-dessus de la table pour tabasser celui qui était en face et le rouer de coups au point que plus personne ne le reconnaitrait. Mais son petit tour chez l’entité l’avait quelque peu… Changer. Alors oui, il était toujours rongé par la colère, le sentiment d’injustice et tout ce qui allait avec, mais cela lui avait apprit à voir le monde autrement. Il fallait mourir une centaine de fois pour se rendre compte que les choses les plus difficiles que nous connaissions ne soient au final rien.
Il ne douta pas que la flic eut son lot de soucis, mais sans doute rien d’aussi horrible que ce qu’il avait vécu lui. Être enfermer dans une sorte de purgatoire, un enfer où on vous torture et tuez sans cesse. Là où chaque espoir d’en voir la fin s’évanouissait pour tout recommencer encore et encore… A en devenir fou. D’ailleurs, King avait-il perdu la tête en réalité après ça ?

La policière fit une remarque sur son paiement des impôts. La petite avait de la répartie. Elle ne se laissa pas faire aussi facilement, et savait rendre un coup là où il fallait. David en fut surpris, et ne sut quoi répondre, si ce n’était une bonne rigolade, toujours amusé et de lui dire en retour :

"Haha ! Bien envoyé." Cette femme pourrait être son genre. Compétente, sachant visiblement se défendre, un peu torturée aussi… Dans d’autres circonstances, le boxeur des rues aurait sans doute tenté sa chance. Café, Whisky ou autre chose. Mais bon, il n’était pas idiot. Là, c’était mort et ce ne fut qu’une idée, vite fait chasser comme une hachette de la chasseuse. Enfin, elle avoua son nom. Clarisse…

"Clarisse..." Répéta t’il en sifflant doucement comme s’il voulait chanter son prénom. "Plutôt jolie. Enchanté."

Si Clarisse avait de la patience, elle devait arriver à bout, faisant de suite revenir sur la table le sujet principal, ne laissant le temps à King de répliquer quoi que ce soit. Soit, le bagarreur leva les mains en signe de réédition. Il eut un peu ce qu’il voulait, autant faire concession et accordé quelque chose à la dame. Il aurait pu faire trainer les choses toute la soirée et faire péter un câble à quelques agents de polices. Aggraver son cas, c’était un peu sa spécialité. Mais ce soir il n’y tenait pas trop. Autant mettre le jeu sur pause non ? Le britannique affala son dos contre le dossier, adoptant une nouvelle attitude désinvolte, comme s’il ne prenait pas au sérieux tout ceci. Néanmoins, il donna bien sa version des faits.

"Très honnêtement, je ne m’en rappel pas. Juste un type que j’ai croisé dans la rue et la seconde qui suivit, on s’en mettait plein la gueule. Les gens sont vite venu parié et j’avoue que ça m’aurait plus de récupérer mais gains."

Ce n’était pas vraiment faux. On cherchait facilement des noises à David, comme lui les problèmes. Il aurait pu être l’auteur de l’agression comme la victime. L’un comme l’autre de scénario lui conviendrait de toute manière. Car pour lui, le plus important, fut d’entendre ces gens crier son nom, l’acclamé, et promettre un beau paquet de billet s’il sortait vainqueur. C’était son gagne-pain, sa manière de vivre qui, à l’incompréhension générale, était celle voulue, celle qui lui convenait le mieux. Il ne demandait pas qu’on comprenne d’ailleurs, juste qu’on lui fiche la paix avec.

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A qui le tour ?

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▿ Date de naissance : 11/07/1990

❝David & Clarice❞

Ne passez pas par la case départ

Je demeure parfaitement indifférente quand la grande gueule me complimente sur mon prénom, pas comme si je l'avais choisi, même je l'affectionne aussi, comme tout ce qui me vient de mon père. Dans tous les cas, je ne peux accorder de valeur, même minime, au moindre compliment qu'il m'adresse, et je n'ai toujours pas l'intention de verser dans le moindre début de familiarité avec ce type beaucoup trop sûr de lui et de cette sorte d'immunité qui devrait être la sienne sous le prétexte qu'il est un habitué des locaux. Enchantée, moi, je ne le suis pas particulièrement, je le serais encore moins si nos chemins doivent régulièrement se croiser dans des circonstances toujours similaires... et en toute honnêteté, je n'en serais pas forcément surprise, vu l'énergumène. C'est assez surprenant, même, que ce soit la première fois que j'ai affaire à lui tant l'homme semble comme un poisson dans l'eau dans des circonstances qui ont parfois le don d'en faire paniquer d'autre. Ce qui a du bon et du mauvais, je n'ai jamais eu trop de patience avec les grands anxieux, je dois le dire.

Entre la grande anxiété et la grande désinvolture, j'apprécierais parfois un entre-deux un peu plus confortable. Mais on ne peut pas se permettre ce genre d'exigences, dans mon corps de métier, ce serait même présomptueux. Je ne vais pas prétendre ne pas savoir pourquoi j'ai signé. Je laisse couler, donc, et j'attends qu'il passe à table, en espérant qu'il ne va pas m'imposer une nouvelle pirouette. Mais non, David King consent à parler, finalement.

Mais ça commence mal. Quand une déposition débute par la phrase "Je me souviens pas", on sait qu'on n'est pas au bout de ses peines. Malheureusement, ce cas de figure se produit bien plus souvent encore que vous ne le soupçonneriez. L'amnésie, partielle ou totale, au gré de ce qui sait arranger les uns et les autres, est une parade si récurrentes autant chez les petites frappes que chez les grands criminels qu'il faudrait pousser plus loin des études scientifiques vérifiant la corrélation entre gène du crime et déficit des capacités mémorielles. Je ne crois pas dans l'idée de paris organisés sur le moment des suites d'une altercation violente, à l'évidence, à mon goût du moins, ça ne colle pas, mais je le laisse parler, pour le moment. J'y reviendrai plus tard. Mais j'aime procéder dans l'ordre, chronologiquement. Quand on en vient à ce qui est mon domaine de prédilection dorénavant, l'on a tout intérêt à être méticuleux et organisé si l'on veut s'épargner de passer à côté de tout détail significatif.

❝Donc vous soutenez que vous n'avez jamais vu cet homme de votre vie et qu'il s'en serait pris à vous sans motif apparent... ? Ou l'inverse ?❞ Je marque une légère pause. ❝Ce type croisé dans la rue est actuellement en train de répondre au même question que vous. Il serait préférable je pense de vous montrer plus prolixe si vous ne voulez pas que son rapport détaillé des faits vous incrimine plus que de raison.❞

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▿ Date de naissance : 11/05/1984

Ne passez pas par la case départ

David King & Clarice Sterling

On pouvait accuser King de bien des choses. Même il assumait certaines de ces accusations, qu’elles soient vraies ou non. Habitude d’être vu comme un sale type, ou vision erronée de lui-même, peu importe. En tout cas ce n’était pas un gars connu pour baratiner. Oh il pouvait provoquer, se montrer sarcastique et se fichez de vous, mais il n’avait pas le mensonge pour habitude. C’était un sanguin, un type direct, qui agissait et parlait sans détour. Si quelque chose lui traversait son crâne, cet idiot le dirait où le ferait. Avec un peu de retenu tout de même, il n’était pas un sauvage. Ceci le fit donc doucement rire quand Clarice doutait, du moins semblait-elle doutée de sa parole. David était un mauvais menteur, mais pouvait-on être aussi un mauvais véridique ? Cela se disait-il d’ailleurs.

Voilà donc ce qui faisait tout le personnage, quelqu’un d’apparence simple, qui se voulait simple, pas de prise de tête, aussi lisible qu’un livre ouvert, mais au fond aussi complexe que tout type d’humain. On pourrait lui proposer un psy pour justement y explorer son subconscient et apporter quelques explications, mais le dernier qu’il avait croisé… Prenait un peu trop facilement n’importe quoi à la rigolade et ses traitements étaient… Enfin bref, nous nous écartons un peu trop du sujet. Tout ça pour juste dire que David se voulait aussi sincère qu’à l’image qu’il renvoyait.

Son regard changea cependant. Là, on voyait d’un coup qu’il ne cherchait plus à s’amuser. Il était grave lourd, pas celui de la peur pourquoi que ce soit. C’était plus comme un regard de reproche, de jugement. On pouvait comprendre que la policière suivait une procédure, devait compléter une sorte de questionnaire pour rendre un rapport complet, mais quelque chose tiqua le boxeur des rues.

"Avez-vous la moindre idée de comment est cette chienne de vie dans le Lockwood ? Même dans ce trou pourri de ce quartier ?" A son tour, il marqua une pause. Les flics connaissaient ce coin, ils descendaient souvent et pour de bonnes raisons… La plupart du temps. Clarice était-elle nouvelle ? Non, questions d’habitudes pour remplir son papelard. "Là vous trouvez les paumés, les camés les plus pathétiques désespérés et je m’efforce de rester polis. Si vous leur prêter la même logique qu’à ceux de vos quartiers bourgeois, alors vous allez manger grave en y retournant."

David eut l’occasion de vivre dans ces deux mondes. Il est né et à grandit dans un milieu très aisé. Hautain au pas possible, il voyait déjà comment son père agissait et parlait de ceux de rangs sociaux moindres. En était-il scandalisé ? Pas vraiment, ou alors cela avait jouer sur son caractère de manière insidieuse. En tout cas, il voyait comment les gens aisés prenaient de haut les petits gens et se faisaient une image aussi fausse d’eux. Ça, il la remarquait quand il est parti vivre dans les pires quartiers du Manchester. Et c’était drôle aussi de voir comment eux-mêmes avaient une vision erronée de la haute société.

"On se met sur la gueule pour rien. Sale journée, on vous regarde de travers, on vous lance une provoc incompréhensible. Bref, on se déchire pour un rien. Ou pour du fric. Le même pognon que vous nous avez fait perdre ce soir. Retirer le pain à ceux qui n’ont même pas un penny, j’aurais honte à votre place." Tenta t’il de revenir sur une note d’humour bien mauvaise.

Si le gars racontait bien quelque chose aux flics, David se doutait déjà de sa version. Il n’avait pas peur. De toute manière, lui il racontait la vérité. Il ne se souvenait plus trop comment à débuter cette bagarre. C’était comme vous demander ce que vous avez fait en vous levant de votre lit. Rituel le plus banal du monde dont on confond et perd les souvenirs, remplacer par d’autres aussi semblables.

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❝David & Clarice❞

Ne passez pas par la case départ

Je le laisse déballer l'habituel couplet sur les conditions de vie difficiles auxquelles il fait face. Ce n'est pas quelque chose que j'ignore. Je sais très bien que dans ces quartiers mal famés, c'est la loi du plus fort, mais même si l'on peut trouver des explication aux crimes et forfaitures, elles ne tiennent jamais lieu de justification, et l'on m'a trop souvent agité sous les yeux la carte du misérabilisme pour que je consente à l'observer et à simplement approuver d'un hochement de tête. Je le laisse se faire une idée précise de ce qu'est ma vie et des conditions dans lesquelles j'ai moi-même vécu si ça peut le conforter dans l'idée que je serais incapable de me mettre à sa place. Je me contente d'examiner les faits les plus bruts, je n'ai aucune forme d'intention de me laisser émouvoir par un tel discours, d'autant qu'il perd, il faut le dire, en valeur à force d'atteindre mes oreilles chaque fois que je me retrouve en présence d'une petite frappe telle que King.

Ils se mettent sur la gueule pour rien... Ben ça ne rend pas l'acte moins violent et ses répercussions moins graves. Ce serait même l'inverse. L'existence d'une motivation moins misérabiliste aurait plus de chances de m'affecter. A croire que je suis devenue insensible. Peut-être bien que c'est le cas, au fond...

❝Mais vous n'êtes pas à ma place❞, je rétorque posément, sans aucune intention de me laisser attendrir par un discours qu'il doit par ailleurs connaître par coeur, sans doute, à force de le répéter chaque fois qu'il se retrouve dans une situation telle que celle-ci.

Je décèle comme une forme d'orgueil, dans son discours. Il est fier de ses petits traits d'esprit. Il doit se croire particulièrement malin, même Forcément, cela m'irrite un peu, même si je ne veux rien en montrer. Ce doit être précisément ce qu'il cherche. Il me cherche. Et je suis au fond ravie d'être d'un naturel particulièrement calme et mesuré, car je ne voudrais pas en plus du reste faire à David King le plaisir de m'emporter d'une façon ou d'une autre. Déjà qu'il doit avoir le sentiment d'avoir un semblant d'ascendant sur cette "discussion". Est-ce le cas ou non ? Je ne saurais trop dire. Je n'ai pas forcément envie de lui faire ce plaisir, je l'admets.

❝Vous ne comptez rien ajouter à vos déclarations, donc ? Vous avez conscience des peines que vous encourrez ? Je suis moins conciliante que certains de mes collègues.❞

Je n'aurais pas de scrupules, et s'il veut continuer de cette manière et sur ce ton, tant mieux au fond, il encourra plus que nécessaire. Sauf si mes supérieurs me passent sous le nez, c'est le risque.
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David King & Clarice Sterling

C’est que la petite voulait jouer au dur à cuir. Pas étonnant, le boulot de flic devait être stressant. Peu de monde vous respectait, il fallait avoir les nerfs solides. Quand on était une femme, cela devait être encore plus dur. David pouvait comprendre, mais il avait du mal à y croire à son histoire. Clarisse pouvait être une bonne cop comme on dit, mais elle lui paraissait fragile, pouvant craquer à tout instant. Ce n’était qu’une impression, le voyou pouvait bien se tromper. En tout cas ses menaces eurent peu d’impact sur lui, et sachant qu’en temps normal, King avait le sang chaud, répondant facilement à une provocation.

En tout cas elle, savait garder son sang-froid. Il avait déjà vue des flics craquer bien plus vite. Vous savez, ceux quand ils n’ont pas ce qu’ils demandent au bout de deux ou trois fois, frappent la table et vous aboies dessus pour vous faire flipper. Combien de policier juste, David avait fait péter un plomb ? Il ne les avait pas comptés. Il fallait dire qu’il possédait ce don d’exaspérer facilement autrui. La liste de ses victimes étant assez longue, il n’en tenait plus le moindre compte.
Aimait-il cela ? Etre ainsi ? On avait déjà exploré la question avant. D’un côté oui, puisqu’il s’en amusait. Il fallait qu’il provoque, que cela éclate. Pourquoi et à cause de quoi ? Il ne savait plus trop pourquoi. Avant, c’était parce qu’il ne supportait pas son père. Il devait encaisser les coups, garder sa colère quand il était chez lui et faire payer le premier pauvre type qu’il croisait dans la rue. Sans doute pour ça qu’il ne se faisait pas trop de pote.

Pour revenir à notre histoire, King commençait à s’ennuyer. L’agent Clarisse Starling semblait poser les questions tirées d’une vieille série policière clichés. A l’écouter, le bagarreur avait l’impression de parler dans le vide, qu’on ne l’écoutait pas, et ça il en avait horreur. Avant pourquoi l’écouter ? Il était le fils d’un des hommes les plus riches d’Angleterre, tout ce qui comptait, c’était sa carte bleue. Puis après sa déchéance ou exile, il n’était qu’une petite frappe, un vaurien qui n’intéressait plus personne. Peut-être que coller dans poing dans la figure de quelqu’un, était une façon de rappeler qu’il existait. Et bien, il fallait avouer que cette histoire visiblement simple, avait le mérite de le faire pas mal méditer sur lui-même. Après, s’il allait en tirer quelque chose, c’était une autre histoire.

"Quoi ? Vous voulez que je vous racontes quoi d’autre ?" Lui répondit-il, écartant les bras sur la table avec un ton légèrement méprisant. "Vous préférez que je rajoutes des trucs en plus bonus ? Il faut que votre rapport soit le best-seller de ce poulailler pour toucher une prime ou gagner un concours ?!"

Elle voulait que David soit coopératif et lui raconte tout, c’est ce qu’il a fait. Mais quand on remettait en doute sa parole, c’était mauvais pour elle. Sans doute s’attendait-elle à une histoire complexe, mêlant des lourdes intrigues, quelque chose qui clache. Tant pis pour elle, l’affaire était aussi simple que cela, sans fantaisie, ou un bon scénario de thriller action qu’on gavait les gens un après midi sur leur télévision ou ordinateur. Clarrisse imaginait sinon que David était un gros morceau qui avouerait être dans un énorme trafique mafieux ? Encore désolé pour elle, mais il n’était qu’une petite frappe, un voyou paumé dont il ne s’en cachait pas et s’en montrait même fière.

"Je ne suis pas à votre place, mais vous n’êtes pas à la mienne non plus. Sais pas ce que vous imaginez, mais vous êtes loin apparemment. Les sales types dans mon genre on se bat pour soit survivre ou crever. Dans ce quartier, on est quasi oublier. A part venir comme vous faites pour nous arrêter et en taper un ou deux, on est pas trop aider. On est les parias de ce trou perdu !"

David connaissait bien Lockwood Hill. Ce quartier si peu rassurant où les habitants peuvent se déchirer entre eux. Et quand on voyait une voiture de cops, ils venaient rarement aider quelqu’un, surtout arrêter. Entre les fous, les dealers et on en passe d’un côté, et les flics venir pour refiler des bracelets, la vie ici n’était pas du tout facile. On se méfiait de tout et de tout le monde, de la police surtout.

"Au lieu de déranger les pauvres mecs dans mon genre qui ne valent pas la moindre intention, pourquoi ne pas enquêter sur cette île et savoir comment on a fini ici plutôt."

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❝David & Clarice❞

Ne passez pas par la case départ

Ce que je veux qu'il me raconte d'autre ? Je veux qu'il me raconte tout court, parce que sa déposition ressemble à peine à une déposition pour commencer, et son petit couplet à la Oliver Twist pour me rappeler combien la vie peut être dure pour certains n'est certainement pas là pour me convaincre. Mais bien sûr, s'il décide de se taire et de ne pas en rajouter, il peut, c'est dans ses droits. Pour moi, c'est plutôt frustrant, parce que je vois d'ici comment les choses vont se dérouler ensuite, et je trouve ça particulièrement décourageant, mais j'imagine qu'il va falloir que je fasse avec malgré tout.

Je vais m'abstenir de rétorquer la seule réponse valable, à savoir que je veux juste faire mon travail convenablement, ce qui devrait être la base, mais que beaucoup ont l'air d'oublier des plus aisément dans ce satané... poulailler. Si je devais vraiment rédiger une histoire qui fasse date, je n'aurais pas abandonné la criminologie au profit de la gestion de cas comme le sien. On récolte ce que l'on sème, sans doute. C'est moins éprouvant, c'est sûr, de faire la conversation à un combattant de rue plutôt qu'à un psychopathe multirécidiviste. Mais c'est tout de même relativement épuisant. Surtout quand on a affaire à un interlocuteur dont l'un des plus grands plaisirs dans la vie paraît manifestement être de tester les limites des flics que l'on place sur son chemin. Il attend que je craque, sans doute... Je ne lui ferai pas ce plaisir, même si jouer les femmes fortes et inébranlables, ça reste jouer un rôle, rien d'autre.

❝Croyez-le ou non, nous sommes tout à fait à même de mener plusieurs enquêtes de front en même temps.❞, je réponds sans entrer dans les détails.

Bien sûr que les mystères qui entourent la ville nous concernent au plus haut point, bien sûr que nous avons tout intérêt à les percer. Je le pense d'autant plus que cet endroit a plutôt le don de me réserver des surprises au-delà de désarmantes. Bon, les enquêtes de fond sur la question concernent une autre équipe que la mienne, c'est ce qui arrive quand on décide de redémarrer au bas de l'échelon tout à fait volontairement. Amusant... dans le sens de pas amusant du tout, d'ailleurs, de constater que même jetés sur cette île, ce qui devrait nous mettre tous sur un pied d'égalité, les inégalités les plus flagrantes se laissent déjà apercevoir. A croire que c'est dans la nature humaine.

❝Réservez la carte du misérabilisme à d'autres, elle fonctionnera peut-être. En attendant, si vous n'avez rien de plus pertinent à dire, je suppose que vous connaissez la suite.❞

Un garde-à-vue en bonne et due forme. Et le reste ne m'appartiendra plus vraiment. Et il s'en sortira sûrement à bon compte, en vérité. Car il a raison, quelque part. Nous avons plus important à gérer que les types comme lui.

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David King & Clarice Sterling

Elle ne comprenait, elle ne pouvait pas comprendre. Comment pourrait-elle ? A l’abris, couper de ceux qui avaient de plus misérable dans ce monde. Les flics n’étaient pas là pour arranger les choses. Ils ne sont là, que pour passer un coup de balai, s’assurer que les petits gens restent tranquille dans leur coin pourri et aiment profiter d’en taper un ou deux pour se défouler. David le savait, il voyait ce qu’il y avait de pire chez l’humain chaque jour. Il ne s’attendait donc pas à ce que Clarisse comprenne, ou veuille comprendre. Ce n’était pas parce qu’elle était une femme, qu’elle serait différente de ses homologues masculins. Tous pareil, regardant de haut ceux que la société à sacrifié pour protégés ses privilégiés. David le savait, il connaissait le système. Il voyait constamment comment son père agissait avec les autres. On le voyait sourire pour les couvertures de magazines, mais malmenait ceux bossant pour lui. C’était cette hypocrisie qui le rebutait le plus.

Clarisse… Joli nom et joli minois, mais valait-elle mieux que les autres ? Elle aussi elle regardait de haut, se faisant rapidement une opinion sur les autres. L’Histoire de King ne lui faisait pas ? Dommage pour elle, la salle gueule n’avait rien de mieux à lui vendre. Histoire sordide ou digne d’un scénario de mafieux ? Pas pour aujourd’hui. Elle ne risquait pas de briller au poste avec lui, au contraire, on allait sans doute se payer sa tête. David n’avait pas envie de compatir, de toute que pouvait-il y faire ? Il avait déjà tout dit et pour la dame, ceci était insuffisant.

"Ouais ouais je connais. Une nuit en cellule si on ne me fait pas sortir plutôt et retour à la vie normale au petit jour."

David connaissait le scénario. Ce n’était pas la première fois au point que cela devenait juste une simple formalité. Au moins, les cellules de garde à vue ici, étaient mieux chauffer que son appartement miteux et plus sécurisé aussi. C’était comme aller à l’hôtel pour lui. D’ailleurs, il connaissait quelques types qui justement, se faisaient arrêter exprès rien que pour ça. On ne venait pas vous apporter le petit dej par contre, mais le peu de confort qu’on y gagnait était déjà un beau cadeau. Il se demandait s’il n’allait pas en revoir ce soir.

"J’imagines donc que nos routes vont se séparer maintenant. Au plaisir alors agent Clarisse, j’ai aimé causer avec vous." Et vous mater aussi sans doute.

Il se prépara déjà à se lever, à être guider vers une de ces cellules dont on venait de parler et prendre son mal en patience, attendant le matin qu’on vienne le libéré. Ou que quelqu’un vienne le faire sortir. Pas des amis, enfin pas dans le sens où on l’entend. Il arrivait que quelques « nobles » du quartier, aimant l’efficacités de King, viennent le chercher ici comme si c’était Pole Emploi, le font sortir pour l’engager sur un ou deux petits boulots discutables.
Mais David ne se faisait pas trop d’espoir, ces cas arrivaient rarement et il ne fallait pas trop compter sur eux. Il prenait les choses comme elles venaient et des fois, cela lui portait suffisamment chances.

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