J’avais toujours apprécié les livres et les lieux pleins de livres, forcément, également. De la bibliothèque à la librairie, en passant par les revendeurs privés, j’avais toujours été à l’affût de tout ce qui pouvait receler des publications intéressantes. Raison pour laquelle, sans doute, j’avais plutôt facilement trouvé un grand intérêt dans l’utilisation des technologies modernes et de ce puits de connaissances sans fond qu’était Internet.
Mais aujourd’hui, c’était une librairie, la Rose Eternelle, qui avait retenu mon attention. Je m'y étais rendu dans l'espoir de trouver un ouvrage rare sur les constellations anciennes. Depuis des années, je cherchais des informations sur une constellation perdue, mentionnée dans de vieux manuscrits mais jamais retrouvée dans les cartes modernes du ciel. J'avais entendu dire que cette librairie, cachée au cœur de la ville, renfermait des trésors que même les plus grands observatoires du monde n'avaient pas en leur possession. Mon but était de dénicher un indice, une carte, peut-être même un témoignage qui pourrait m'aider dans mes recherches. Mais jamais je n'aurais imaginé que le véritable trésor serait ce livre d'or, ni les événements qui allaient suivre...
A l’intérieur de la librairie, quelque chose semblait inhabituel. D’ordinaire, les lieux où se tiennent des commerces sont plutôt peuplés et quelque peu bruyants… mais ici, je ne pouvais que remarquer l’étrange silence qui régnait. Et puis… les rayons étaient vides, aucun bruit de pas, aucune voix.
Mes yeux furent immédiatement attirés par un livre à la couverture d'or, brillant de mille feux au centre de la pièce. Intrigué, je m'avançais vers lui, chaque pas résonnant sur le sol de bois.
Lorsque ma main toucha la couverture, une force irrésistible m'aspira. Je fus projeté dans un tourbillon de couleurs et de sensations. Lorsque tout s'arrêta, je me trouvais dans un paysage inconnu, semblant d'une autre époque. Les arbres étaient gigantesques, les oiseaux chantaient des mélodies inconnues, et le ciel était d'un bleu profond.
Je cherchais des repères, tentant de comprendre où je me trouvais, quand je remarquai une silhouette non loin de moi. Elle semblait tout aussi perdue que moi. Je m'approchais d'elle, espérant qu'ensemble, nous pourrions trouver un moyen de sortir de ce lieu.
« Qui êtes-vous ? » demandai-je, espérant ne pas me retrouver en présence de quelque être hostile. Je regardais mon vis-à-vis comme pour en analyser l’aspect, mais je tâchais tout de même de rester correct.
« Savez-vous où nous sommes ? »Autour de nous bruissaient des choses, dans des buissons et dans les airs, des mouvements perceptibles au son et au déplacement d’air qu’ils produisaient, mais je ne parvenais pas à voir ces êtres, peut-être étaient-ils curieux, peut-être étaient-ils en quête de proies… Difficile à dire face à l’invisible.
Mon esprit scientifique avait un peu de mal avec l’idée d’avoir été aspiré dans un livre, mais depuis la quête du Cadran d’Archimède et les voyages dans le temps que cette invention millénaire avait pu rendre possible, je me sentais moins réticent à imaginer l’incroyable. Ma seule présence sur cette île était une preuve que l’impossible et l’incroyable n’étaient finalement pas si irréalisables que cela. Ici, ceux qui étaient morts dans leur univers pouvaient revenir à la vie, ceux qui avaient disparu pouvaient réapparaître… Rien n’était écrit, finalement, et c’était peut-être en cela que c’était intéressant.
@christmastown