Suite à un malencontreux "incident", Aidan avait décidé d'abandonner purement et simplement son boulot de coach sportif et trouver quelque chose qui lui convienne mieux. Sa bosse n'était même pas totalement guérie, mais pire, il dirait qu'il s'est battu ardemment contre une balle de Baseball. Oui, vous avez bien lu, pas une batte, mais une balle. Bref, le voilà donc sans boulot et sans en avoir informé Linus, parce qu'il n'était pas sûr qu'il veuille d'un colocataire qui allait peut-être se retrouver bientôt sans le sou. Le but de la colocation étant le partage du loyer, c'est sûr que là, c'était mal barré et il n'aurait aucun compromis à proposer au loup, il fallait donc que d'une façon ou d'une autre, il retrouve un job, au moins le temps de trouver ce que les gens appellent "sa vocation".

Il s'était acheté un Bubble Tea et se promenait dans Hogwarts Place à la recherche d'une annonce ou la moindre information que quelqu'un cherchait un autre quelqu'un pour faire un travail pas trop compliqué et éventuellement dans ses maigres compétences. Il ne savait pas ce qu'il cherchait vraiment, mais il parait que le plus important, c'est le voyage, pas la destination, donc il en profitait un peu pour visiter l'endroit. Hogwarts Place était si différente de Lockwood Hill où il avait passé la majeure partie de sa vie depuis son arrivée dans ce monde, il était surprenant de ne pas trouver de dealer ou d'autres mecs louches à chaque coin de rue. En fait, le mec le plus louche dans le quartier, c'était sans doute lui, et peut-être un peu Linus qui faisait flipper tout le monde. Alors qu'il passait devant le Fangtasia, il ralentit le pas et recula de quelques pas pour lire l'annonce qu'il y avait dans l'entrée. Ils cherchaient un Barman ? Vraiment ? De nos jours, qui ne se proposait pas pour le faire ? Bon, c'était peut-être son jour de chance finalement, il jeta son gobelet vide à la poubelle avant de pénétrer dans l'endroit.

Il observa la décoration de l'endroit, un peu étrange, genre Gothique, punk, un peu rock, ce qui n'était pas totalement pour lui déplaire. Mais les crocs et les chaines ne lui annonçaient rien de bon et il frissonna en voyant la pancarte "No biting on the premises", comme par réflexe, il toucha la marque de dent que lui avait faite Linus. C'était vraiment particulier comme bar, mais bon, du moment qu'il n'était pas poursuivi par une horde de zombies, ça devrait aller. Lorsqu'il aperçut quelqu'un dans ce bar désert à cette heure de la journée, il sourit.

- Salut, vous cherchez toujours un Barman ?

Il est vrai qu'Aidan ne savait pas vraiment où il mettait les pieds, il n'était encore jamais venu ici et à vrai dire, il se fichait un peu de savoir si c'était un endroit dangereux ou pas. Il ne voyait pas quel genre d'endroit pourrait le mettre à l'aise en réalité, il était ouvert d'esprits et avait déjà pratiquement vu tous les endroits mal famés de la ville. Il était cool, pas fouineur, tranquille, et les gens de ce monde-là aimaient ce genre de personne sans problème qui ne risquait pourtant pas de les balancer. Le seul truc qui mettrait mal à l'aise Aidan, c'était la police, car il avait toujours un peu de produits illicites sur lui et c'était littéralement un miracle qu'il ne se soit jamais fait prendre. C'était probablement aussi lié au fait qu'il courrait vite, le petit lapin.

L'homme qui arriva devant lui dégageait quelque chose de vraiment imposant, il avait un charme qu'on pourrait qualifier de dangereux, mais pas au point de le faire partir comme ça pourrait être le cas avec Barty, ça ressemblait plutôt à ce qu'il ressentait en présence de Linus, mais si Linus ne l'effrayait pas le moins du monde, ce n'était pas le grand blondinet qui allait l'impressionner. Loin de lui l'idée d'être irrespectueux, mais il n'allait pas prendre des pincettes ni tourner autour du pot, ce n'était pas dans son tempérament et il valait mieux que l'inconnu sache à qui il avait à faire avant d'envisager quoique ce soit de plus. Ça n'avait franchement pas d'intérêt d'être pris pour un travail et finalement se faire virer la première nuit à cause de son caractère. Il pencha la tête sur le côté en entendant ses paroles.

- Ah ? Je repasse plus tard ?

Il n'avait pas vraiment lu l'annonce, il avait juste vu qu'ils cherchaient un barman et c'était suffisant pour qu'il entre. En observant l'homme qui l'avait d'ailleurs observé avec minutie, comme s'il voulait le passer à la loupe. Cet homme avait comme un air malade... Tout pâle comme s'il était prêt à clamser d'un instant à l'autre, ce qui était en total désaccord avec cette aura dangereuse qu'il avait, l'instinct d'Aidan lui disait qu'il ne valait mieux pas se fier à son teint maladif et que vu l'intérieur du bar, ce n'était certainement pas un endroit comme les autres. Il eut cependant un grand sourire lorsque Eric lui dit qu'il avait la tête de l'emploi, comme s'il venait de lui dire qu'il était mignon.

- Ah merci ! Je dois dire que j'ai déjà l'habitude, c'est juste que j'ai jamais été payé pour faire ça quoi.

Cependant, il était venu les mains vides, il ne s'attendait pas vraiment à passer un entretien, surtout qu'il n'en avait jamais passé de sa vie alors, il allait devoir faire ce qu'il sait faire de mieux : improviser.

- Du rêve, rien que ça ? Hé ben, je peux vous faire le cocktail que vous voulez, je connais la plupart et il y en a que j'ai fait moi-même. Je suis plutôt habile, sociable et à l'écoute, vous n'aurez pas d'ennuis avec moi. Oh, et sinon je m'appelle Aidan, enchanté !

De nouveau ce grand sourire alors qu'il lui tendait sa main en toute innocence, bien sûr Eric pourrait toujours ne pas être intéressé pour le prendre comme Barman, mais il n'en serait pas vexé pour autant.

Aaaah, il l'appelait déjà par son prénom, ça annonçait une belle collaboration ça ! Il ne connaissait personne de méchant qui l'appelait par son prénom, en général, ce genre de personne préféraient de loin les insultes. Il ne visait personne bien entendu ! ( Si, il avait bien quelqu'un en tête là tout de suite ). Il n'est pas plus impressionné que cela lorsqu'Eric lui parle très sérieusement en essayant, tant bien que mal, de lui faire comprendre que c'était un endroit particulier. Ça amuse un peu Aidan à vrai dire, comme il fait toujours mine de rien savoir, les gens pensent que c'est vraiment le cas, alors que c'est juste que ce ne sont pas ses affaires.

- Tu me prends pour un petit naïf qui sait pas dans quoi il s'engouffre, c'est ça ? J'ai vécu pendant trois ans dans les bas-fonds de la ville, je crois savoir quel type de personne vivent ici. Tu t'inquiètes trop, crois-moi !

Il était très possible qu'Aidan ait l'air d'un simple d'esprit et qu'en plus, il ne fasse et ne dise rien qui n'aille dans le sens contraire, on pouvait même penser très fort qu'il n'avait pas la lumière à tous les étages, voir que ce n'était pas le couteau le plus aiguisé du tiroir. Mais c'est là toute l'habilité du personnage, car personne ne se méfie d'un simple d'esprit, et en général personne ne l'attaque non plus, à quoi bon ? On ne s'attaque pas à un fou ! Là, c'est pareil. Parfois, avec Aidan, on est juste désarçonné et on ne sait plus. Le fait-il exprès ou est-il vraiment si bête ? Est-ce qu'il a mangé trop de cookie ? Personne ne saurait le dire, au final, derrière ses airs sociables, Aidan parle rarement de lui et demeure un grand mystère.

- J'ai beaucoup mieux à te proposer. Ne pas avoir besoin de me défendre. Ça peut sembler fou, je sais, et je ne pense pas vivre dans un conte de fées, très loin de là. Mais on va dire que j'ai une habilité à faire en sorte de ne pas avoir besoin de la violence. Après, si vraiment, il le faut, oui, avant d'arriver ici, je devais buter du zombie donc ça devrait aller.

Au moins, en principe, les vampires, on peut les raisonner. Les zombies par contre... beaucoup plus compliqués ! Il se redressa, pratiquement comme un chat à qui on viendrait de lancer un seau d'eau, car Eric venait de prononcer la hantise d'Aidan : la police. Il était à deux doigts de lui feuler dessus ( alors qu'il n'est pas un chat, hein, on vous a dit qu'il avait mangé trop de cookies ! ), il regarde par la fenêtre par réflexe et s'assurer que ça ne les a pas soudainement invoqués.

- Alors tu apprendras que je n'ai aucun "problèmes" avec la police, je fais juste mon possible pour ne pas en croiser. Je n'ai même pas de casier.

Et c'était très bien comme ça, son pire cauchemar étant d'être enfermé, il ne comptait certainement pas côtoyer des policiers et finir en prison, hors de question ! C'était aussi une des nombreuses raisons pour lesquelles il ne créait jamais de problèmes. Il pouvait lui tourner autour, mettre son visage à quelques centimètres du sien ( il commençait à se demander s'il voulait pas le choper dans un coin ), le fixer, lire dans son âme... il ne voyait pas ce qu'il y trouverait de toute façon à part l'insouciance inégalable d'Aidan toujours fidèle à lui-même. Il l'intéresse visiblement, ou se demande s'il ne va pas se faire un Aidan au barbecue ce soir, au choix, mais lui parle enfin sa langue lorsqu'il lui demande de lui faire un cocktail, il ne se fait pas prier et passe derrière le bar pour lui faire un cocktail surprenant : le Aidan. Ce n'est pas son meilleur, mais c'est sa marque. Il est surprenant parce que la première fois qu'on le boit, on n'arrive pas à savoir si on aime bien ou pas. Le plus souvent, on en reprend par curiosité, parfois, on a l'impression que le goût change alors que non, plus on en boit, plus on a envie d'en boire. C'est le fruit de toute son expérience de fêtard. Il hausse un sourcil en entendant la dernière phrase d'Eric alors qu'il pose le verre devant lui, ce cocktail à deux étages où le rouge et le bleu sont parfaitement séparés.

- J'ai l'impression que tu essaies de me faire passer un message, alors entre nous, tu gagneras du temps à dire les choses directement, je ne suis pas très doué en décodage.