J'étais là, comme d'habitude, dans l'atelier, entouré de machines en tout genre. En tant que technicien, c'était mon travail de les réparer et de les remettre en état de fonctionnement. C'était une journée typique, calme et monotone, jusqu'à ce que le destin décide d'intervenir...

Alors que je me penchais sur un étrange appareil humain avec des boutons clignotants, j'entendis soudain un bruit derrière moi. Je me retournai rapidement et mes yeux s'ouvrirent en grand.

Une femme se tenait là, devant moi, vêtue d'un costume sombre et élégant. Un sourire en coin était accroché à ses lèvres, mais elle ne prononça pas un mot. Son regard intense et mystérieux me fixait.
Je fus un peu pris de court par sa présence dans mon humble atelier de réparation.

« Bonjour. Je peux vous aider ? »

Je gardai mes distances, ne sachant pas exactement ce qu'elle me voulait.
Je continuai à réparer l'appareil devant moi, tout en gardant un œil sur cette femme qui m'intriguait. Elle restait immobile, observant mes mouvements avec intérêt. Son visage était impassible, mais je pouvais percevoir une étincelle de curiosité dans ses yeux.

L'atmosphère était étrange, empreinte de tension et de mystère. Je pouvais sentir que quelque chose de plus grand était en jeu. Cette femme n'était pas venue simplement pour me regarder travailler, il devait y avoir une raison plus importante à sa visite impromptue.

Je décidai de prendre les devants, de briser le silence pesant qui régnait entre nous.

« J'ai l'impression de vous connaître... Qui êtes-vous ? »

Les personnes qui venaient ici avaient généralement un problème à résoudre. Electronique, électrique, informatique… je ne faisais pas trop dans le détail, tant que je pouvais aider. Et jusque là, ça avait toujours plutôt bien fonctionné. Alors une visite impromptue d’une personne qui n’avait pas l’air d’avoir quoi que ce soit à faire réparer… c’était surprenant.
Je m’étais donc arrêté de travailler pour relever le nez sur cette femme. Mais mes yeux se froncèrent lorsqu’elle me dit que nous nous connaissions depuis longtemps… enfin, depuis vraiment très longtemps, apparemment.

Je me sentis un peu bête quand elle me fit son clin d’œil et qu’elle me fit part d’une déception un peu exagérée, sans doute. Et puis… elle parla de tambours.
Je ne connaissais pas trente-six personnes qui évoquaient les tambours comme ça, comme si c’était un son omniprésent… Alors, soudain, je compris. Et mon visage exprima la colère que cela m’inspirait de retrouver cet autre seigneur du temps sous une autre régénération.

« Les tambours… et ce petit air satisfait… tu ne peux être que… » Mon meilleur ennemi. Celui qui m’avait laissé avec Martha Jones et Jack Harkness, lutter contre une horde de cannibales pendant qu’il s’enfuyait avec mon TARDIS. Celui qui avait partagé les jeux de mon enfance et qui était devenu mon principal ennemi… C’était fou de le retrouver ici ! « Le Maître… »

Bon sang. Je n’étais jamais vraiment armé d’autre chose que de mon tournevis sonique et cela aurait sans doute été un peu ridicule de menacer une cliente avec un tournevis, mais mon premier réflexe fut de tourner vers elle la lumière bleue de mon ustensile fétiche.

« Je savais bien que cette île cachait des personnalités malsaines, mais je ne m’attendais pas à tomber sur toi ! » Ou plutôt, je ne m’attendais pas à ce qu’elle me tombe dessus comme ça.
Quand je pensais à mon vieil ennemi, j’avais tendance à le voir plutôt dans un corps masculin. C’était une surprise pour moi de découvrir le Maître dans ce corps de femme. Et puis… je ne pouvais pas ne pas être étonné de trouver une telle personnalité ici, en réalité, pas après avoir vu et croisé ici tout ce que j’avais pu y voir et y croiser. Des auras maléfiques et négatives, il y en avait un paquet dans le coin… Il n’aurait plus manqué que la présence d’un ou deux daleks pour rendre le tout encore plus dingue.

« Mais qu’est-ce que tu fais ici ? » Chaque fois que j’avais croisé le Maître sur Terre, il y avait eu des ennuis… des morts, des explosions, des ruines… Là où le Maître passait, l’ordre et l’équilibre trépassait.
Je finis par me ranger à l’idée que mon tournevis sonique ne pouvait pas changer grand-chose à ce qui était en train de se passer.
« Tu t’es régénéré avant d’arriver ou bien tu t’es régénéré à ton arrivée sur cette île ? »
Ma curiosité prenait le dessus, mais il fallait dire, aussi, que je ne me serais pas attendu à ce faciès si j’avais dû m’attendre à retrouver le Maître.

Lorsque je repense à ces jours, c'est avec une nostalgie mêlée de douleur. Le Maître et moi, nous étions inséparables à l'Académie des Seigneurs du Temps. Nous étions deux jeunes Seigneurs du Temps, curieux et avides d'apprendre les mystères du temps et de l'espace.

Je me souviens encore du jour où il regarda dans le "Schisme Infini". Je vis le changement en lui, cette lueur de folie qui commença à s'installer. Il me parlait souvent de ce tambour incessant qu'il entendait, un battement qui ne le quittait jamais. C'était déchirant de le voir ainsi, mais je ne savais pas à quel point cela le transformerait.

Nos idéaux commencèrent à diverger. Moi, je croyais en le bien, en l'aide que nous pourrions apporter à l'univers. Lui, il avait des ambitions plus sombres, des rêves de domination. Je tentais souvent de le ramener, de lui rappeler qui nous étions, ce que nous avions appris ensemble. Mais il s'éloignait, chaque jour un peu plus.

Puis vint le jour où je décidai de fuir Gallifrey. Je volai un TARDIS, désireux d'explorer l'univers, de faire une différence. Le Maître, lui, avait ses propres raisons de partir, souvent plus sombres que les miennes.

Notre amitié se transforma en une rivalité, mais il y avait toujours ce lien entre nous, cette histoire commune. Même si nos chemins étaient souvent en opposition, il y avait des moments où je pouvais voir l'ami d'enfance que j'avais connu, et ces moments étaient à la fois douloureux et précieux.

Le Maître… Il apparaissait toujours au moment où je m'y attendais le moins. Je levai un sourcil, surpris par cette apparition et ses révélations.

« Alors, c'est toi la nouvelle version du Maître ? » Question rhétorique, bien sûr… J’étais un peu surpris de voir mon vieil ennemi avoir revêtu un corps si différent de ceux que je lui avais connus.
Je ris doucement, tout en la scrutant de haut en bas.

« Mistress, Missy... peu importe comment tu veux te faire appeler, tu es toujours le même à mes yeux. La même. » Je me corrigeais directement, puisque le Maître était désormais de sexe féminin.

« Tu as voyagé avec Twelve? C'est... intéressant. » J’avais retrouvé ma 12e régénération un peu par hasard et c’était surtout sa ressemblance plus que frappante avec un habitant de Pompéi qui m’avait interpelé d’abord.
Je ne savais pas trop quoi en penser. Twelve et moi, bien que nous soyons la même personne, avions nos différences. Et l'idée qu'il ait pu voyager avec Missy, même si c'était pour une courte période, était plutôt déconcertante.

« Réparateur? Oh, c'est juste un petit passe-temps. Je peux me faufiler dans un tas d’endroits comme ça, c’était très pratique avant que je ne récupère mon papier psychique ! » Mener l’enquête à l’intérieur d’un tas d’endroits, me renseigner, puis, bien sûr, aider les humains qui en avaient besoin… C’était devenu ma façon de faire en ce monde.

Je souriais, essayant de détourner le sujet.
« Mais dis-moi, Missy, qu'est-ce que tu fais ici? Tu es venue pour causer des ennuis, comme d'habitude? Ou est-ce que tu as vraiment changé, comme tu le prétends? »


Je la regardais, essayant de déchiffrer ses intentions. Avec le Master, ou Missy, on ne sait jamais vraiment à quoi s'attendre. Mais une chose était sûre, je devais rester sur mes gardes.

Je la scrutai, cherchant des indices sur tes intentions. Avait-elle vraiment changé? Ou était-elle toujours la même menace que j'avais connue? Je me sentais tiraillé entre l'espoir et la méfiance.
« Alors, qu'est-ce que tu veux cette fois? » Je demandai, essayant de garder ma contenance. Mais au fond de moi, je savais que cette rencontre ne serait pas comme les autres. Avec Missy, rien n'était jamais simple. Et cette fois-ci, j'avais le sentiment que les choses seraient encore plus compliquées.

La meilleure version du Maître… Je ne savais pas quoi en penser. Les régénérations des seigneurs du temps avaient parfois tendance à faire beaucoup changer les choses, mais… est-ce que cela pouvait permettre à mon meilleur ennemi de devenir quelqu’un de meilleur pour autant ?
La présence d’un autre seigneur du temps sur l’île me faisait aussi réfléchir… C’était assez étrange, après avoir été persuadé durant si longtemps d’être le dernier survivant de Gallifrey, de découvrir deux autres régénérations de soi-même ainsi qu’une régénération du Maître. Cette île disposait-elle de si grands pouvoirs ? ou bien y avait-il quelqu’un derrière tout cela ? Je n’aurais pas été surpris de découvrir une nouvelle machination à démanteler…

La question qui se posait, actuellement, c’était surtout de savoir jusqu’où nos régénérations restaient nous. Quand j’avais croisé ma onzième régénération, je l’avais trouvée un peu trop enfantine, un peu trop nœud papillon, un peu trop…
Évidemment, ce n’était pas non plus la même chose de retrouver le Maître… Parce qu’après tout ce que nous avions vécu, cette version de lui que je ne connaissais pas était suffisamment encline au sarcasme pour que je me renfrogne un instant. Je n’aimais pas trop la façon dont elle me parlait, en me prenant de haut comme cela, mais c’était sans doute sa façon d’être et ça, elle n’y pouvait pas grand-chose. Ce que cela m’indiquait sur elle, c’était que, une fois encore, le Maître ne cherchait pas autre chose que le conflit.

« Parce que tu t’attendais à quoi ? Tu voudrais que je sois heureux de te retrouver sous un autre aspect ? Pourquoi le devrais-je ? »

Effectivement, ce n’était pas une petite régénération qui allait la changer. C’était toujours étrange pour moi de me dire que nous avions été si proches par le passé et que, par la suite, tout avait basculé… Nos idées divergeaient, notre façon de voir les choses aussi et nos manières d’agir encore plus. Iel me savait rongé par la culpabilité et la nostalgie mais visiblement, dans une de mes régénérations futures, Twelve, cette version du Maître était une compagnie importante et positive pour mon futur moi. Était-ce une bonne nouvelle ? Je n’en savais rien.
Nous étions au moins d’accord sur une chose : le chaos que cette île, cette lune rouge et ce monde pouvaient créer. J’eus un léger sourire.

« Tu arriverais à ne rester que spectatrice ? Tu as toujours aimé donner un petit coup de pouce au destin… Je ne pense pas que tu te contenterais d’un spectacle si une occasion devait se présenter… »

e me plantais là, devant elle, le regard plongé dans le sien, comme deux miroirs se faisant face, chacun reflétant l’immense complexité de l'autre.
« Tu sais, j'aurais préféré qu'on se retrouve autour d'un bon vieux jeu de cricket, ou même devant un thé bien chaud sur une lointaine planète, regardant les étoiles,» Je fis un pas, ma voix trouvait l'écho de nos jours passés.  « Toi, avec ta brillance, ton génie, tu aurais pu être tellement plus. » Je secouai la tête, les souvenirs de Gallifrey brillant dans mes yeux. « Nous courions à travers les champs de sable rouge, les deux enfants que nous étions, rêvant d'un univers plein de promesses. Et regarde-nous maintenant. » Oui, j’étais nostalgique de cette époque, parfois. Il était rare de trouver de si bons amis… et c’était donc toujours particulièrement douloureux de les perdre… « Tu as laissé ton arrogance te consumer, ton désir de pouvoir t'a aveuglé… » Je serrais les poings, parce que je ne lui avais jamais vraiment dit tout ce que j’avais sur les cœurs, cette tristesse que je ressentais lorsque je pensais à notre enfance. « Tu étais mon ami, mon meilleur ami, et quelque part, je sais qu'il reste quelque chose de cet ami que j'aimais. » J’avais surtout envie d’y croire, mais je ne pouvais pas être sûr que c’était vraiment le cas. « Tu as volé, manipulé, détruit des vies et des civilisations. Et pour quoi ? Pour essayer d’assouvir une soif de pouvoir et de domination qui ne sera jamais satisfaite… » Je m'avançai encore, mon regard ne quittant pas le sien. « Je t'ai arrêté, encore et encore. Pas par haine, mais par nécessité, par compassion pour ceux qui souffrent à cause de tes caprices. » Elle le savait, j’en étais sûr, que mes motivations n’étaient que cela. C’était une des raisons pour lesquelles j’étais le Docteur, d’ailleurs… « Et je continuerai, parce que c'est ce que je fais. C'est ce que nous faisons, n'est-ce pas ? Nous courons. Mais alors que je cours pour aider, pour guérir, toi... tu cours en rond…  »
Je soupirai, un souffle de lassitude et d'espoir mêlés.
« Il est temps de choisir une meilleure voie. Je suis fatigué, Missy. Fatigué de cette course…» Un sourire triste se dessina sur mes lèvres. « Nous pourrions changer l'univers ensemble, toi et moi… N’est-ce pas ce que vous avez fait, avec Twelve ? » Voyager avec le Docteur, cela pouvait être une bonne façon de faire évoluer positivement quelqu’un… alors… pourquoi pas elle ?
« Laisse-moi t'aider. Laisse-moi te montrer qu'il y a une autre façon d’exister… » Je tendis la main, un geste d'offre et de paix, un pont au-dessus de l'abîme qui séparait nos visions du monde. « Alors, qu'en dis-tu ? Est-ce que l'enfant que j'ai connu est toujours là ? Peux-tu le retrouver avant qu'il ne soit trop tard ? »
Et là, dans le silence qui s'étendait entre nous, je l'espérais, oh, je l'espérais tellement, que pour une fois, elle écouterait.

Je me tenais là, face à Missy, absorbant chaque mot, chaque inflexion de sa voix. Son rejet ne m'étonnait pas, mais cela piquait tout de même. J'avais espéré, peut-être naïvement, qu'une partie du Maître que j'avais connu et apprécié pourrait ressurgir en elle. Mais les choses changeaient, et j'étais peut-être celui qui avait le plus de mal à l'accepter.

« Missy, » dis-je avec un soupir, un sourire triste aux lèvres. « Toujours aussi directe, n'est-ce pas ? Mais tu as raison, en un sens. J'ai mes faiblesses, mes erreurs. Et peut-être que ma compassion n'a pas toujours été là où elle aurait dû être. »

Je me rappelais les moments passés avec le Maître, la complexité de notre relation.
« Tu sais, je me souviens d'un temps où nous étions inséparables. Où les champs de Gallifrey étaient notre terrain de jeux, et où le ciel étoilé était notre seul témoin. Nous étions jeunes, audacieux, peut-être un peu naïfs. »

J'étais plongé dans ces souvenirs, mais la réalité de notre conversation me ramenait à l'instant présent.
« Mais le temps passe, et avec lui, les gens changent. Toi, moi, nous tous. Je ne suis plus le Docteur que tu as connu, et tu n'es plus le Maître que j'ai connu. Peut-être est-ce pour le mieux, peut-être pas.»

Je fis un pas en arrière, laissant une distance physique symboliser notre éloignement émotionnel.
« Tu as trouvé ta voie, et c'est respectable. Même si cette voie ne mène pas vers moi ou vers ce que j'aurais souhaité pour nous. »

Je fixais son regard, cherchant une étincelle de ce que nous avions été autrefois.
« Je ne veux pas te changer, Missy. Ce n'est pas mon rôle, ni mon droit. Tout ce que je veux, c'est comprendre. Comprendre ce que tu es devenue, ce que tu veux être. Et si cela signifie que nous devons être des étrangers, alors soit. Mais sache que, dans mes cœurs, une partie de toi restera toujours le Maître, mon ami, mon ennemi, mon égal.»

C’était parfois compliqué de mettre des mots sur tout cela, parce que cela remontait à si longtemps, à si loin…
« Tu parles de Twelve, et c'est vrai, nous avons été liés à travers lui. Mais comme tu l'as dit, nous sommes maintenant des étrangers. Peut-être que c'est le destin, ou peut-être est-ce juste la manière dont l'univers joue avec nous. »

Je baissais la tête, acceptant enfin la situation.
« Tu as choisi ta voie, et je respecte cela. Tout comme j'espère que tu respecteras la mienne. Peut-être qu'un jour, nos chemins se croiseront à nouveau, dans une autre vie, sous un autre ciel. »

Je lui offris un dernier sourire, celui d'un homme qui avait vu tant de choses, qui avait perdu et trouvé tellement, et qui continuait à chercher.
« Prends soin de toi, Missy. Où que tu ailles, quoi que tu fasses, je serai toujours là, quelque part, veillant sur toi, comme l'ombre d'un vieux souvenir. »

Je me retournais lentement, prêt à partir, à explorer ce monde étrange où nous nous étions retrouvés. Et puis je me rappelai…
« Eh bien, il semble que je ne puisse pas vraiment partir, n'est-ce pas ? C'est ma boutique après tout. Mon petit coin d'univers. »

Je fis quelques pas, contemplant les étranges artefacts et les souvenirs d'autres mondes que j'avais rassemblés ici.
« Tu sais, j'ai toujours aimé les endroits comme celui-ci. Un bric-à-brac de l'univers, un mélange de cultures, de temps et d'espaces. C'est un peu comme moi, en fait. Un mélange de tout ce que j'ai été, de tout ce que j'ai vu. »
Je me tournais à nouveau vers elle, mes yeux pétillants d'une malice familière.
« Alors, Missy, que dirais-tu de rester un peu ? Peut-être pour discuter, ou simplement pour partager un moment dans ce lieu hors du temps. Sans attentes, sans jugements. Juste deux Seigneurs du Temps, deux vieux amis, dans une boutique au cœur de l'inconnu. »
 
Je m'assis sur une chaise ancienne, un objet que j'avais récupéré, et je l'invitai à faire de même.

« Après tout, même si nos chemins se sont éloignés, nous avons toujours eu cette capacité à apprécier un bon moment de tranquillité, n'est-ce pas ? »

Je sortis une vieille boîte à musique, un souvenir de Gallifrey, et je commençai à la faire jouer. La mélodie, douce et mélancolique, remplissait l'espace, créant une atmosphère de nostalgie et de paix.
« Regarde autour de toi, Missy. Toutes ces choses, elles ont une histoire, un passé. Tout comme nous. Peut-être que nous pouvons apprendre quelque chose de nouveau l'un sur l'autre, même maintenant. »

Je lui offris un sourire sincère, un geste d'ouverture.
« Parle-moi de toi, de ce que tu as vécu, de ce que tu veux. Partage avec moi tes pensées, tes espoirs, tes rêves. Peut-être que nous découvrirons que nous ne sommes pas si différents après tout. »

C'était une invitation, une porte ouverte. Peut-être que Missy l'accepterait, peut-être pas. Mais c'était une chance, un moment, et dans mon univers, chaque moment comptait.

J’observais Missy avec un mélange d'amusement et de perplexité. Son attitude, à la fois arrogante et charmante, n'avait guère changé. Elle était toujours aussi imprévisible et fascinante, une énigme que j'avais longtemps cherché à comprendre.

« Du théâtre ? » Oh, j’aimais beaucoup Shakespeare, c’était un homme très sympathique et très ouvert… « Tu sais, j'ai toujours aimé un bon spectacle. Mais ma vie, c'est déjà un peu ça, non ? Un spectacle permanent, avec ses hauts et ses bas. »

Je me levai, déambulant dans la pièce, effleurant les objets de ma collection avec une curiosité enfantine.
« Tu parles des humains et de leurs avancées technologiques, et tu as raison. C'est fascinant, tout ce qu'ils ont accompli. Ils sont pleins de surprises.» Je m'arrêtai devant une vieille horloge terrestre, la fixant un moment avant de me retourner vers elle. « Mais tu sais, Missy, même si j'admire leur ingéniosité, ce n'est pas pour ça que je voyage. Je voyage pour les personnes, pour leurs histoires. Chaque être vivant est un univers en soi, une histoire qui mérite d'être entendue.»

Je marchais vers la fenêtre, regardant dehors, le regard perdu vers le ciel.
« Protéger ceux que tu aimes, oui je te comprends. Mais n'oublie pas, l'univers est vaste, et chaque vie compte. Chaque choix que nous faisons, chaque action que nous entreprenons, a des répercussions. Et parfois, les plus petites actions peuvent avoir les plus grands impacts.»

Je me tournai vers elle, les yeux brillants d'une intensité rare.
« Tu as changé, Missy, et peut-être moi aussi. Mais au fond, nous restons les mêmes. Deux Seigneurs du Temps, jouant notre rôle dans ce vaste théâtre qu'est l'univers.» J’eus un sourire en coin. « Alors oui, j'aurais pu être un acteur. Mais pourquoi jouer un rôle quand la réalité est tellement plus intéressante ?»

Je me rapprochai d'elle, posant ma main sur la table.
« Tu veux du thé et des petits gâteaux ? Très bien, faisons cela.» Je sortis un service à thé d'une armoire, le plaçant sur la table avec une précision méticuleuse. « Tu sais, j'ai toujours été fasciné par ta capacité à voir au-delà de l'évidence, à sonder les profondeurs de l'univers. Et je dois admettre, parfois, j'envie ta liberté, ta capacité à vivre l'instant présent sans te soucier du reste. »

Mais après une fraction de seconde, je reposai la théière, mon regard se perdant un instant dans les profondeurs de ses yeux.
« Je crois que le thé et les gâteaux ne sont pas de mise aujourd'hui. Peut-être qu'une autre fois, dans un autre contexte, nous pourrions partager ce moment.»

Je me levai, m'éloignant de la table, mes mains se glissant dans les poches de mon manteau.
« Tu as raison, bien sûr. Nous sommes différents maintenant, et nos chemins... nos chemins ont pris des directions si éloignées. Tu cherches ton propre univers, ton propre destin, et moi, je continue de tracer le mien, toujours en mouvement, toujours en quête.»

Je me dirigeai vers la porte de la boutique, marquant une pause avant de l'ouvrir.
« Sais-tu, Missy, ce que j'ai appris au fil des âges ? C'est que parfois, le plus grand acte de bienveillance et de soin, le plus grand acte d'amour, est de laisser l'autre être libre. Libre de choisir, libre de vivre sa vie comme il l'entend.»
Je me retournai vers elle, un sourire doux-amer sur les lèvres.
« Alors, je te laisse libre, Missy. Libre de poursuivre ton chemin, tes rêves, tes ambitions. Libre d'être toi… »
J'ouvris la porte, la lumière du dehors inondant la pièce d'une lueur douce.
« Tu fermeras en sortant. »
Je fis un pas en dehors, me retournant une dernière fois.

« Prends soin de toi, Missy. Et souviens-toi, peu importe où tu vas, peu importe ce que tu fais, une part de moi sera toujours là, quelque part, à veiller sur toi.»

Je n’avais pas envie de perdre mon temps. Cette conversation ne menait pas à grand-chose. Ni pour elle, ni pour moi. J’avais du mal à comprendre comment, deux régénérations après celle-ci, j’avais pu me mettre à voyager avec elle… mais je n’avais pas les clefs de l’avenir en main. Alors, je devais me contenter de ce que j’avais, c’est-à-dire bien peu d’éléments, le souvenir d’une conversation pas très agréable avec une personne qui ne l’était pas plus.