Partenariat mixologique || ft Pamela Swynford de Beaufort

Sebastian Michaelis, chef cuisinier renommé d'un grand restaurant gastronomique, se rendait dans un atelier de mixologie pour approfondir ses connaissances sur les différents cocktails et mocktails. En pénétrant dans l'établissement, il remarqua immédiatement l'ambiance animée qui régnait en ces lieux. Les barmans s'affairaient derrière leur comptoir, mélangeant et agitant avec adresse les liquides colorés. Certains exécutaient les mouvements avec la grâce de danseurs de ballet, d’autres avaient un style un peu moins guindé.

L’ancien majordome d'allure impeccable s'avança d'un pas assuré, sa démarche élégante attirant l'attention de l'assemblée. Les regards curieux se posèrent sur lui alors qu'il s'installait au bar, ses yeux écarlates scrutant attentivement les alcools disposés devant lui. Sebastian était toujours avide de nouvelles découvertes culinaires, et cette fois-ci, il cherchait à maîtriser l'art de la mixologie.

Ces ateliers en ville tenaient lieu de formation et il n’était pas rare d’y découvrir de nouveaux talents et d’y faire d’intéressantes rencontres. C’était d’ailleurs dans l’un de ces ateliers que Sebastian avait recruté l’un de ses commis de cuisine.

Cette fois, Sebastian comptait bien apprendre auprès des meilleurs, pour les surpasser ensuite. Il observait les "danses" des différents mixologues. Il était évident que la pratique était tout aussi importante que la formation et les recettes. Michaelis analysait les faits et gestes, les mimiques et les tics.
C'est alors qu'une femme élégante et sophistiquée attira son attention. Elle avait tout d’une experte en recettes raffinées, était également présente pour apprendre les secrets des cocktails. Leurs regards se croisèrent, et un léger sourire s'étira sur les lèvres de Sebastian, intrigué par la présence d'une personne aussi distinguée dans ce milieu.

« Bonsoir, milady. Puis-je avoir l’honneur d’être votre partenaire pour cette soirée ? »
Une entrée en la matière signé d’une invitation à danser. Le démon exécuta même un salut plein de déférence, comme il le faisait jadis pour son maître, Ciel Phantomhive.
« Il se dégage de vous une aura qui me laisse penser que nous pourrions former un excellent duo en confection de cocktails. »

L’approche était certes quelque peu osée mais Sebastian n’était, après tout, qu’un diable de majordome.

« Sebastian, ravi de vous rencontrer, milady.»

Être impeccable et parfait, c’était une règle de base pour Sebastian, c’était même la moindre des choses, comment aurait-il pu en être autrement ? Il avait été durant si longtemps le majordome de la maison Phantomhive qu’il en avait gardé de nombreuses habitudes qui le faisaient toujours tendre vers la perfection. Avoir un maitre aussi exigeant que le comte Ciel Phantomhive avait fait de ce diable de majordome un être parfaitement taillé pour la vie mondaine, mais également pour mener des enquêtes sur le terrain ou encore pour se mêler à la population, plus simplement.
Si l’ère victorienne était révolue, les tendances, les traditions et les manières de l’époque n’en étaient pas moins ancrées dans l’attitude de Sebastian. Celui-ci avait conservé une excellente maîtrise de la bienséance et des bonnes mœurs de cette période historique qui, désormais, était pourtant de l’histoire ancienne.

Sebastian Michaelis était un homme aux talents multiples. Il possédait une élégance rare, une prestance incomparable, et une maîtrise parfaite de tout ce qu’il y avait à savoir et à savoir faire à l’époque de la Reine Victoria. Au XXIe siècle, il avait su faire évoluer ses compétences dans un monde moderne, tout en gardant cette aura intemporelle qui lui était propre.
Installé dans une métropole animée, Sebastian avait ouvert son propre restaurant gastronomique, un établissement renommé où il excellait en tant que chef étoilé. Le restaurant était niché dans une rue pavée, dans un imposant bâtiment en pierre, dont l'intérieur dégageait une atmosphère à la fois classique et contemporaine. Le nom du restaurant, "Les Délices de l’Ame", était choisi avec soin pour rappeler son passé mystérieux et son goût pour les âmes.
Chaque soir, le chef Sebastian se tenait derrière les fourneaux, vêtu d'une tenue impeccable qui s'harmonisait parfaitement avec l'élégance de l'établissement. La cuisine était son royaume, et il y régnait en maître, orchestrant chaque plat avec précision et créativité. Sa cuisine était un mélange subtil de saveurs, où le respect des traditions culinaires s'accordait à merveille avec des touches modernes et audacieuses.

Si le chef Michaelis avait décidé d’apprendre par lui-même l’art subtil de la mixologie, c’était pour son restaurant, bien sûr, mais sans doute aussi parce qu’il ne désespérait pas de trouver un jour une âme parfaite, qu’il prendrait plaisir à assaisonner et agrémenter pour qu’elle soit parfaitement à son goût et qu’il puisse s’en repaitre… mais l’âme de Ciel Phantomhive restait le mets dont il rêvait plus que tout. Depuis le temps que le diable de majordome désirait faire sienne cette âme avide de vengeance…

La présence dans cet atelier mixologique d’une dame comme Mrs Swynford de Beaufort avait attiré l’œil aiguisé du démon. Et ce dernier l’avait approchée en se proposant pour être son partenaire pour la soirée. Il l’avait invitée comme l’on invitait, jadis, les jeunes femmes à partager une danse : avec courtoisie, politesse et déférence.
Et son regard de braise avait tôt fait de questionner la volonté de la lady. Elle accepta et se présenta même par son prénom, comme s’ils étaient issus du même monde… une familiarité qui n’ôterait pas à Sebastian son habitude du vouvoiement.

« Lady Pamela… vous me semblez être déjà experte dans l’art des cocktails…» Si Sebastian était capable de cuisiner des plats sophistiqués et raffinés, c’était grâce à sa découverte du palais humain. Car le sien trouvait ses mets plutôt fades et sans grand intérêt, puisque seules les âmes étaient son festin.
Il posa les yeux sur le cocktail confectionné par sa partenaire. Ses explications firent briller l’écarlate de l’iris du démon.

« Force m’est de reconnaître, Lady Pamela, que je ne dispose pas encore de vos connaissances en la matière. Je suis quelqu’un d’efficace et de travailleur, mais je suis plus habitué à officier dans les cuisines de mon restaurant que derrière un bar… » Il n’y avait aucun jugement dans ses propos, le chef cuisinier exposait juste des faits. « N’est-ce pas ce cocktail auquel beaucoup ajoutent du triple sec ? » Le cosmopolitan. Mais était-ce bien le même mélange ? Sebastian se fiait surtout à sa mémoire.

Sebastian Michaelis se plongea dans les cours théoriques de mixologie avec une diligence sans faille. Il commença par étudier les origines des différents alcools, des liqueurs et des ingrédients utilisés dans la création des cocktails. Il apprit les techniques de mélange, d'agitation et de frappe pour obtenir les saveurs les plus exquises et les textures les plus raffinées.

Pendant cette leçon, Sebastian découvrit également les différentes catégories de cocktails, des classiques intemporels aux créations contemporaines audacieuses. Il se familiarisa avec les proportions et les dosages précis nécessaires pour équilibrer les saveurs et créer des mélanges harmonieux. Il étudiait les présentations artistiques, cherchant à marier l'aspect visuel avec l'expérience gustative pour offrir à ses clients des breuvages mémorables.

Après avoir assimilé toutes les connaissances théoriques, il passa à la pratique. Sebastian choisit un cocktail classique, le "Manhattan," pour commencer son voyage en mixologie. Il sélectionna avec soin les meilleurs ingrédients : un whisky de qualité supérieure, du vermouth rouge et des amers aromatiques. Il ne laissa rien au hasard, s'assurant que chaque détail était parfaitement exécuté.

Dans l'atmosphère feutrée de cet atelier de mixologie, Sebastian s'affairait derrière le bar. D'une main assurée et gracieuse, il saisit un verre à mélange et y ajouta les ingrédients avec une précision presque surnaturelle. Il mélangea le tout avec grâce, faisant glisser la glace dans le liquide ambré avec une dextérité sans égale.
Puis vint le moment crucial, celui où Sebastian devait donner la touche finale à son chef-d'œuvre liquide. Il prit un zest d'orange, le pliant légèrement pour libérer les huiles parfumées, et l'effleura délicatement à la surface du cocktail. L'arôme de l'orange embauma l'air, ajoutant une touche envoûtante à l'ensemble.
Enfin, le moment tant attendu arriva. Sebastian prit une cuiller à mélange et déversa le précieux liquide dans un verre à cocktail préalablement rafraîchi. Le liquide ambré scintillait sous les lumières tamisées du restaurant. Avec une aisance naturelle, il glissa une cerise confite dans le verre, parachevant ainsi son œuvre.

C'est ainsi que Sebastian entama son voyage dans l'art de la mixologie, déterminé à créer des cocktails qui captureraient l'esprit de son restaurant, élevant ainsi l'expérience gastronomique de ses invités à des hauteurs inégalées.

Si discuter avec une partenaire d’atelier était une possible manière de rendre les choses plus agréables, alors Sebastian pouvait estimer être plutôt bien tombé.
L’ancien majordome de la maison Phantomhive n’avait pas grand-chose à faire de ce que faisaient les tierces personnes ici présentes, il préférait toujours se concentrer sur sa tâche et sur ses projets. C’était là une grande qualité chez lui, sa capacité à se concentrer en toutes circonstances.
« Fort bien. Je suis curieux d’apprendre les subtilités de cet art ! »

Le binôme de Sebastian Michaelis semblait avoir sur lui une bonne longueur d’avance. Il était évident que l’ancien majordome avait passé plus de temps à concevoir des plats, des desserts, des pâtisseries et des boissons non alcoolisées, mais plutôt des boissons chaudes à la caféine ou à la théine. Il était bien plus habitué à préparer tout ce que son ancien maître avait l’habitude de lui ordonner de préparer.
« Je veux bien vous croire, milady, mais je ne suis guère un consommateur très aguerri pour ce qui concerne les cocktails. »

Elle pouvait sans doute croire que l’homme avec qui elle devait faire équipe ce soir était le genre à ne pas consommer d’alcool, mais cela, Sebastian n’avait pas besoin d’en parler. Il était ici pour apprendre, pas pour faire dans l’originalité. Pas encore, en tout cas.

Le cocktail qu’il fallait réaliser n’était pas quelque chose de bien compliqué, apparemment. Sebastian observait avec une grande minutie la manière dont il fallait préparer les ingrédients, puis, à son tour, il s’attela à la tâche, préparant les agrumes avec habileté et doigté. La remarque de sa partenaire le fit esquisser un sourire.

« On n’en attend pas moins de l’ancien majordome de la maison Phantomhive. » Il n’était qu’un diable de majordome, à l’époque, mais à présent, c’était un chef gastronomique. Rien de plus. Du moins, c’était ce qu’il se plaisait à jouer comme rôle.

Il y eut alors des bruits inconvenants. Des humains qui n’étaient visiblement pas ici pour travailler sérieusement, mais bien pour essayer de s’enivrer en ce lieu d’apprentissage.
La remarque de la partenaire de Sebastian fit lever un sourcil au chef étoilé.

« Bon nombre de ces êtres n’ont que bien peu de valeur. Pouvez-vous imaginer qu’il puisse en être autrement ? » Quand on voyait les êtres humains se lancer dans de telles activités de libations, il y avait bien de quoi émettre des jugements. « Voulez-vous que j’intervienne, milady ? »

Sebastian était fin prêt, avec le couteau à lame fine dont il s’était servi pour émincer l’orange. Il pouvait fort bien émincer l’égo de ces canailles ou juste leur faire peur.

Les lueurs tamisées de la salle de cours dansaient délicatement sur les murs ornés de toutes sortes de bouteilles. Les paroles des différents binômes emplissaient l'air, créant une atmosphère aussi sourde que peu raffinées. Au milieu de ce rassemblement, les yeux écarlates de Sebastian Michaelis s'étaient attardés sur une Dame qui semblait émaner une aura similaire à la sienne – une quête intransigeante pour l'excellence et l'élégance.

Leurs regards se croisèrent, et un fin sourire se dessina sur les lèvres impeccables de Sebastian. « Milady » dit-il d'une voix douce, son ton mêlant courtoisie et une pointe d'intrigue, « S’agit-il à vos yeux d’un art aussi fin et subtil que celui de l’œnologie ? »

Il inclina légèrement la tête, un geste empreint de politesse et de distinction. Ses prunelles écarlates l'observèrent avec une intensité calculée, cherchant à déceler les moindres nuances de sa réaction. « Puis-je me permettre de m'enquérir de vos goûts les plus distingués, Madame ? Quelles douceurs exquises trouvent grâce à vos yeux ? » poursuivit-il, sa voix caressant l'air avec la délicatesse d'un murmure envoûtant.

Les commissures de ses lèvres se redressèrent légèrement, reflétant une lueur d'anticipation. Il était maître dans l'art de la conversation, un virtuose des interactions sociales. Chaque mot, chaque geste étaient minutieusement pesés pour créer une atmosphère de séduction subtile. Les heures passèrent, enveloppées dans un échange fascinant où les sujets allaient des arts à la gastronomie, des coutumes aux détails les plus infimes.

Au fil du temps, une étrange complicité semblait s'épanouir entre les deux âmes raffinées. Les sourires partagés étaient autant de promesses silencieuses, des échos d'une connivence naissante. Sebastian, toujours en contrôle, veillait à entretenir un équilibre entre courtoisie et suggestion, sa présence à la fois envoûtante et respectueuse.

Il était clair que les chemins de ces deux esprits exigeants s'étaient croisés d'une manière qui transcenderait le simple hasard. Une alliance tacite d'élégance et d'excellence avait été forgée, et Sebastian Michaelis se tenait prêt à explorer chaque facette captivante de cette nouvelle relation, guidé par sa quête inextinguible pour tout ce qui était supérieur et sophistiqué.

Sebastian s’empara du verre que lui tendait Pamela et, au lieu d’y tremper les lèvres comme elle le suggérait, il y plongea le petit doigt de quelques millimètres, avant de déposer la seule et unique goutte du breuvage sur la pointe de sa langue.
L’ancien majordome laissa les saveurs se diffuser en lui, analysant chaque nuance, chaque subtilité… es arômes subtils de cet élixir scandinave atteignirent ses narines, un ballet olfactif qui annonçait une expérience sensorielle à venir.

Avec la grâce d'un maître d'œuvre, il porta la cuillère à ses lèvres, laissant le liquide effleurer sa langue avec une élégance calculée. Ses papilles gustatives, aiguisées par des années de recherche de la perfection, capturèrent chaque nuance, chaque note de ce cocktail exotique. Une expression imperceptible traversa son visage, un mélange subtil de concentration et de satisfaction.

La goutte se répandit dans sa bouche, libérant une symphonie de saveurs qui dansaient en harmonie sur sa langue. Les herbes et les épices se mêlèrent avec une douceur maîtrisée, tandis que des souvenirs lointains de terres nordiques semblaient remonter à la surface. L'élégance de la concoction ne lui échappa pas, chaque ingrédient semblant jouer un rôle soigneusement orchestré dans cette composition.

Une fois que la goutte fut savourée dans toute sa complexité, il abaissa lentement la main, observant le verre comme s’il avait été un artefact rare. Son regard pourpre se posa ensuite sur sa comparse, mais son attention demeurait centrée sur cette expérience éphémère. Une simple goutte avait réussi à captiver son palais exigeant, et il savait que cette découverte pourrait éventuellement être utilisée pour émerveiller et satisfaire d'autres convives, reflétant ainsi sa quête infatigable de l'excellence en toute chose.

Un subtil sourire se forma sur les lèvres impeccables de Sebastian alors qu'il déposait délicatement la cuillère à cocktail sur le rebord du verre. D'un pas élégant, il se dirigea vers la préparatrice du cocktail, une Dame dont l'attention aux détails et l'habileté dans l'art de la mixologie avaient manifestement piqué son intérêt.

« Lady Pamela, » commença-t-il d'une voix suave, chaque mot énoncé avec une courtoisie impeccable, « permettez-moi de vous adresser mes plus sincères compliments. Votre création est une symphonie de délicatesse et de raffinement, une danse enivrante de saveurs qui a captivé mes sens de manière tout à fait remarquable. »

Il inclina légèrement la tête, ses prunelles écarlates reflétant une admiration véritable. « Votre maîtrise de l'art de la mixologie est incontestable, et je ne peux m'empêcher d'exprimer mon respect pour votre capacité à harmoniser des éléments aussi divers en une création aussi élégante. Votre sens de l'esthétique et votre attention aux détails sont des qualités qui méritent amplement d'être saluées. »

Le ton de sa voix était empreint d'une sincérité rare, une reconnaissance authentique envers le talent de la préparatrice. Sa capacité à reconnaître et à louer la qualité dans autrui était une facette de son caractère complexe, un trait qui témoignait à la fois de son exigence personnelle et de sa capacité à apprécier la grandeur chez les autres.

« Je suis convaincu que votre présence en ces lieux apporte un charme indéniable à cette soirée, Lady Pamela. Votre contribution à cette atmosphère déjà riche en élégance est indiscutablement inestimable. »

Sebastian releva légèrement le menton, son regard captivant fixé sur la préparatrice avec une intensité respectueuse. Sa manière polie et galante était une affirmation silencieuse de la valeur qu'il attribuait à l'excellence, une qualité qu'il avait clairement reconnue en cette Dame qui avait créé un chef-d'œuvre si subtil et raffiné.

« Le Comte de Phantomhive n’est pas arrivé sur cette île en même temps que moi, je n’ai pas eu l’occasion de le retrouver. Pour cette raison, j’ai préféré me lancer dans un projet plus personnel. »

La soirée continuait, mais le ton de l'assemblée semblait s'être légèrement altéré. Les conversations animées avaient gagné en volume, et certains convives semblaient avoir succombé à l'excès des cocktails subtils et raffinés qui avaient été préparés avec tant de soin. Le regard écarlate de Sebastian parcourut la scène avec une acuité inébranlable, détectant les signes d'une élégance perturbée.

« Il faut toujours commencer par la méthode douce. »

D'un mouvement fluide et délibéré, il se dirigea vers le groupe dont l'animation avait franchi les frontières du respect. Sa présence imposait un calme subit, et les voix s'éteignirent peu à peu alors que les regards se posaient sur lui, captivés par sa prestance. « Mesdames, Messieurs, » commença-t-il d'une voix calme et contrôlée, « je ne peux que remarquer que l'esprit de cette soirée, imprégné d'excellence et d'élégance, semble être légèrement altéré. »

Son ton n'était ni sévère ni condescendant, mais plutôt empreint d'une autorité naturelle qui décourageait toute velléité de contestation. « Permettez-moi de vous rappeler que la recherche de l'exceptionnel et du raffinement n'exclut en aucune manière la courtoisie et le respect envers nos hôtes et nos compagnons de soirée. L'art de l'élégance s'étend bien au-delà de nos verres et de nos conversations. Il englobe également notre comportement et notre capacité à maintenir une atmosphère digne de cette occasion. »

Il marqua une pause, ses prunelles écarlates se déplaçant avec une assurance feutrée pour observer chaque visage présent. « Je suis convaincu que vous partagez tous mon désir de préserver l'aura distinctive de cette soirée, et je vous exhorte à réfléchir à l'impact de vos actions sur cette atmosphère précieuse que nous avons créée ensemble. »


Un sourire mince et énigmatique se dessina sur ses lèvres. « Je vous invite donc à rétablir le charme et la dignité qui ont été la signature de cette réunion depuis son commencement. L'élégance véritable transcende les plaisirs éphémères et trouve sa véritable essence dans la manière dont nous nous comportons les uns envers les autres. »

Sa présence, magnétique et autoritaire, résonnait d'une confiance en soi inébranlable.

Sebastian, avec sa posture droite et son regard froid, observa l'homme qui venait de l'insulter. Son visage ne trahissait aucune émotion, mais il y avait une lueur dans ses yeux qui suggérait qu'il ne fallait pas le sous-estimer.

« Monsieur, je vous prie de bien vouloir garder votre calme. Il n'est nullement dans mes intentions de gâcher votre soirée. Je m'efforce simplement de maintenir un certain niveau de civilité dans cet établissement, » répondit-il d'une voix douce mais ferme.

Pamela, à ses côtés, sentait la tension monter. Elle était prête à intervenir si les choses dégénéraient, mais elle espérait que la situation pourrait être résolue pacifiquement.
Sebastian, quant à lui, n'avait pas l'intention de laisser cet homme perturber la soirée. Il s'approcha de lui, son regard toujours fixé sur le perturbateur.


« Je vous suggère de retourner à votre table et de profiter de votre soirée. Il serait regrettable que des incidents fâcheux viennent gâcher une soirée qui avait si bien commencé, » dit-il d'une voix basse, presque menaçante.
L'homme, sentant la détermination de Sebastian, hésita un instant. Il jeta un regard à ses amis, qui semblaient tout aussi incertains que lui sur la marche à suivre.

Sebastian, avec sa grâce habituelle, s'avança vers le groupe perturbateur. Sa démarche était assurée, chaque pas mesuré avec précision. Il dégageait une aura de confiance qui, malgré sa politesse apparente, suggérait qu'il ne serait pas bon de le défier.
L'un des hommes, visiblement éméché, ricana bruyamment.
"Et qui es-tu pour nous dire ce que nous devons faire?"

Sebastian, sans se laisser démonter, répondit avec un sourire poli : « Je suis simplement quelqu'un qui souhaite que tous les invités de cette soirée puissent en profiter pleinement. Il serait regrettable que quelques-uns gâchent le plaisir des autres. »

Un autre homme du groupe, plus grand et plus imposant, se leva brusquement, faisant tomber sa chaise.
"Tu veux qu'on sorte, c'est ça?"

Michaelis, tout en restant d'une élégance et d'une maîtrise inégalées, sentit que la situation nécessitait une démonstration plus tangible de sa détermination. Sans un mot, il glissa sa main dans sa veste et en sortit un couteau de majordome, brillant et affûté. Il le fit tournoyer habilement entre ses doigts, démontrant sa maîtrise de l'objet.

« Je vous conseille vivement de reconsidérer votre comportement, » dit-il d'une voix basse et menaçante, tout en fixant le groupe avec un regard glacial. « Il serait regrettable que cette soirée prenne une tournure... désagréable. »

L'homme qui s'était levé précédemment avala difficilement sa salive, ses yeux fixés sur le couteau.
"Écoute, on ne veut pas d'ennuis..."

Sebastian, sans baisser sa garde, répondit :
« Alors je vous suggère de vous asseoir et de profiter calmement de la soirée. Je n'aimerais pas avoir à utiliser ceci. »

Le groupe, visiblement intimidé par la démonstration de Sebastian, acquiesça rapidement. Ils reprirent leurs places, lançant des regards nerveux en direction du majordome.
Sebastian, après s’être assuré que le calme était revenu, rangea habilement son couteau. Il retourna à sa place, son expression redevenant celle du majordome impeccable qu'il était toujours. Il lui adressa un sourire en coin à Pamela.

« Où en étions-nous ? »

Sebastian écoutait la remarque de Pamela avec une politesse attentive, son visage dénué de toute prétention.

« Chaque talent que je possède n’est destiné qu’à servir au mieux les besoins de ceux à qui je dois allégeance…» , répliqua-t-il en inclinant légèrement la tête, son regard de braise caché derrière ses lunettes impeccables. L’œillade de Pamela ne lui échappait pas, et un sourire discret mais confiant éclaira brièvement son visage.

« Mes compétences, Mademoiselle Pamela, sont le fruit d'une éducation complète, dispensée par des circonstances que l'on pourrait qualifier d'exceptionnelles » répondit-il, son ton ne trahissant rien de plus qu'un intérêt poli. Il observa les mouvements précis de Pamela avec l'agrume, sa nature de prédateur se manifestant dans l'élégance de ses gestes.

« Ce qui m’attire dans la gastronomie ? » reprit Sebastian, tandis qu'il regardait le jus d'agrume couler avec une viscosité parfaite. « La perfection, Mademoiselle. La quête incessante de l'excellence dans chaque détail. »
Son regard se fixa sur la préparation, comme si celle-ci reflétait les profondeurs insondables de ses propres desseins.
« Le palais, » continua-t-il tout en observant Pamela terminer sa tâche, « est un domaine où seuls les plus raffinés et les plus précis peuvent espérer atteindre la véritable maîtrise. Quant à mes exigences personnelles, elles sont simples : je désire seulement offrir à mon maître l'expérience culinaire la plus exquise qui soit.»

Alors que Pamela lui tendait le verre, Sebastian le prit avec une délicatesse qui contrastait avec sa stature imposante. Il le porta à ses lèvres, semblant analyser chaque nuance de la concoction avant de répondre.
« Exquis. Votre talent est aussi aiguisé que votre esprit, Mademoiselle Pamela. Il s’agit là d’un mocktail qui éveille les sens sans les submerger, tout en finesse, à l'image de la personne qui l'a préparé. »
Il posa le verre avec respect, son éternel masque de majordome parfaitement en place, inviolable et énigmatique.

Sebastian, ayant rendu ses hommages à la création de Pamela avec une sincérité réservée, laissa le verre reposer sur la table et ses yeux scrutèrent ceux de son interlocutrice avec une intensité nouvelle, mais toujours contrôlée.
« Si je puis me permettre, votre maîtrise de l'art de la mixologie est aussi raffinée que rare. Serait-il indélicat de vous demander d'où vous vient une telle passion ?» demanda-t-il, son ton devenant un tantinet plus invitant, signe d'un intérêt authentique.

Il se pencha légèrement en avant, ses mains se croisant derrière son dos, position qu'il savait signe de respect et d'écoute attentive dans la conversation.
« Je me rends compte que, bien que nous partagions ce moment de création, je connais peu de votre passé. Les talents comme les vôtres ne sont généralement pas l'apanage de novices ou d'amateurs.»

Il s'arrêta un instant, permettant à Pamela de saisir l'importance de ses paroles.

« Chaque être a une histoire, et chaque histoire a ses ténèbres et ses lumières. Quels sont les évènements qui ont façonné la Pamela Swynford de Beaufort que je vois devant moi ?»

Sebastian s'était permis de poser la question avec une délicatesse qui laissait place à la discrétion, prêt à écouter si elle souhaitait partager, et tout aussi prêt à respecter son silence si elle optait pour la réserve.

La curiosité de Sebastian n'était pas feinte. Elle était le propre de son être, toujours en quête de savoir pour mieux servir, pour mieux comprendre ceux qu'il était destiné à côtoyer, que ce soit en tant que majordome ou en tant qu'allié temporaire dans un monde complexe.

Sebastian, dont l'acuité d'observation était aussi affûtée que le couteau qu'il maniait plus tôt, avait déjà recueilli quelques indices subtils sur Pamela. Elle possédait une confiance en elle et un contrôle de ses mouvements qui n'étaient pas sans rappeler ceux d'une prédatrice, et cela n'avait pas échappé à son regard perçant.

La façon dont elle avait manié l'agrume, avec une précision chirurgicale, indiquait une force maîtrisée, et sa réaction au désordre précédemment causé par les hommes éméchés laissait entrevoir un goût pour l'ordre... ou peut-être le contrôle. Son intérêt pour une altercation potentielle révélait un fond belliqueux, possiblement un vestige d'un passé plus violent ou plus primal.

Il avait noté sa référence à une nature de prédateur, une transformation suggérée en une créature plus puissante. Elle parlait avec une certaine nostalgie d'un temps passé, ce qui pourrait impliquer une longue histoire ou une existence prolongée au-delà des normes humaines. Sa force surhumaine, révélée par la délicatesse avec laquelle elle avait évité de broyer les agrumes, était un autre indice crucial.

De tout cela, Sebastian avait déduit que Pamela était une créature qui avait traversé de nombreux changements et époques, possiblement un être d'une longévité surnaturelle, avec un passé complexe et peut-être tumultueux. Il reconnaissait les marques de quelqu'un qui avait dû s'adapter à survivre et à prospérer dans diverses circonstances, quelqu'un qui, comme lui, connaissait la profondeur de l'existence et les nuances de la puissance.

Cependant, Sebastian était également conscient que la spéculation sans connaissance approfondie pouvait être imprudente. Il restait donc attentif et respectueux, préparé à en apprendre davantage directement de Pamela elle-même, plutôt que de tirer des conclusions hâtives. Après tout, il était un majordome de qualité, et la discrétion était l'une des facettes de son excellence.

Sebastian, d'une posture toujours aussi irréprochable, écouta attentivement les paroles de Pamela, son regard intense brillant d'une curiosité discrète mais palpable. Il esquissa un sourire énigmatique, presque imperceptible, en réponse à la question de Pamela, son attitude reflétant la patience et la finesse d'un prédateur.

« Avant de devenir majordome… » répéta-t-il doucement, son timbre de voix mesuré et contrôlé. « Mademoiselle Pamela, il s'agit là d'une énigme enveloppée dans un mystère ! »
Il fit une pause, comme pour mesurer l'impact de ses mots, son regard fixé sur elle avec une intensité qui semblait percer à travers les voiles de l'existence même.

Dans l'ombre tamisée de la pièce, Sebastian, le majordome impeccable, se tenait immobile, son regard fixé sur un point indéterminé. Une pensée le tourmentait, un dilemme qui avait effleuré son esprit à maintes reprises au fil des siècles, mais qui, à cet instant précis, semblait se cristalliser avec une acuité particulière. Devait-il révéler sa véritable nature aux mortels ? Ceux qu'il servait avec une loyauté inébranlable, ceux dont il partageait les joies, les peines, et les ambitions éphémères.
Il pesa le pour et le contre de cette révélation. D'un côté, dévoiler sa nature pouvait créer un fossé infranchissable entre lui et ceux qu'il servait, engendrant méfiance et peur, ébranlant l'équilibre fragile entre le maître et le serviteur. Les mortels, avec leurs croyances et leurs superstitions, pouvaient interpréter sa révélation comme une menace, une abomination contre l'ordre naturel des choses. D'un autre côté, la vérité avait son propre pouvoir, celui de créer des liens de compréhension et d'acceptation plus profonds. Si un mortel pouvait voir au-delà de l'apparence et accepter la nature véritable de Sebastian, cela pourrait mener à une relation basée sur une confiance et une sincérité absolues, des qualités rarement observées dans les interactions humaines.
Sebastian savait que sa nature était un secret lourd de conséquences, un fardeau qu'il portait avec une grâce et une discipline infinies. Mais était-il juste de maintenir ce voile d'ignorance autour de ceux qu'il côtoyait jour après jour ? Sa nature n'était-elle pas un aspect fondamental de son être, un aspect qui, s'il était révélé, pourrait enrichir et approfondir ses relations avec les mortels ?
Toutefois, Sebastian était également conscient que de tels secrets étaient des armes à double tranchant. La connaissance de sa véritable nature pourrait être utilisée à des fins malveillantes, mettant en danger non seulement lui-même mais aussi son maître. La discrétion et la prudence avaient toujours été ses alliés dans la longue épopée de son existence.
Finalement, après un petit moment de réflexion, Sebastian conclut que la révélation de sa nature devait rester une décision mesurée, prise avec une extrême prudence et seulement dans des circonstances où une telle confiance était justifiée et réciproque. Dans ce monde complexe et changeant, la prudence était sa meilleure conseillère, et le mystère, un compagnon fidèle.

« Avant d'embrasser ce rôle, j'étais... disons, un voyageur entre les ombres, un observateur des âmes. J'ai traversé les époques, assisté à l'ascension et à la chute des empires, vu naître et mourir des dynasties.»

Il s'avança d'un pas, son mouvement fluide comme l'écoulement d'une rivière sombre. « J'ai été témoin des passions humaines, des désirs les plus ardents et des peurs les plus profondes. J'ai appris l'art de servir, mais aussi celui de guider. Mon rôle n'a jamais été seulement celui de serviteur, mais plutôt celui d'un gardien des secrets, d'un conseiller silencieux dans l'ombre.»

Sebastian inclina légèrement la tête, son regard ne quittant pas Pamela.
« Mon existence a été une quête constante de compréhension, une exploration des profondeurs de l'âme humaine et de ses mystères. »

Il fit un geste gracieux de la main, comme pour inviter Pamela à continuer à l’écouter.

« otre question sur ce qui se cache derrière mon attitude est tout à fait pertinente, et je me dois de vous répondre avec honnêteté.» Il marqua une pause, choisissant ses mots avec soin. « Derrière cette façade de majordome se cache une âme qui a vu bien plus que son lot de crépuscules et d'aubes. Une existence passée à apprendre, à observer, et à se perfectionner dans l'art de la servitude et du conseil. Mon respect est authentique, car je sais que chaque être possède une histoire digne d'être entendue, et chaque histoire a sa propre valeur. »

Son regard se fixa de nouveau sur Pamela, aussi profond et insondable que la nuit elle-même.
« Mais je dois admettre, votre nature m'intrigue grandement. Vous portez en vous une aura de mystère, de force, et de sagesse. Des traits que l'on retrouve rarement chez les simples mortels. »
Il s'inclina légèrement en signe de respect.
« Votre histoire est sans aucun doute riche et complexe. Je serais honoré de l'entendre, si vous choisissez de la partager. »

Sebastian se redressa, sa stature imposante et élégante contrastant avec la douceur de sa voix, puis, affichant un sourire subtil et presque malicieux, sembla soudain inspiré par une pensée.

« Mademoiselle Pamela, permettez-moi de suggérer un petit jeu qui pourrait pimenter notre conversation. Un jeu de questions et réponses, si vous le voulez bien.»
Il fit une pause, assurant que son idée avait capté l'attention de Pamela.
« Dans ce jeu, chacun de nous posera une question à l'autre. La règle est simple : il faut répondre de façon satisfaisante avant de pouvoir poser sa propre question. »

Son regard se fit plus intense, comme s'il éclairait un chemin secret dans un labyrinthe de mots.
« Cela nous permettra de mieux nous comprendre, tout en préservant le charme de notre échange. Qu'en dites-vous, Mademoiselle Pamela ? Acceptez-vous ce défi ? »

Sebastian s’attendait à ce que Pamela Swynford de Beaufort ne ménage guère ses questions, elle avait en elle une assurance et un désir de savoir, de comprendre, qui étaient perceptibles.

Il se redressa, une étincelle de défi brillant dans ses yeux.
« Permettez-moi de commencer. Ma première question : Vous avez mentionné avoir tenu un bar à une époque où les mœurs étaient différentes. Pourriez-vous me décrire cette époque et comment elle a influencé votre style et votre approche du métier de barmaid ? »

La question n’était pas trop personnelle, le chef du restaurant gastronomique s’en était assuré. Répondre à ce genre d’interrogation, pour la plupart des personnes, n’était qu’une façon de parler de son ancienne vie, de ce qui était leur quotidien avant de vivre sur cette île.

Jusqu’ici, Sebastian n’avait révélé sa véritable nature à personne sur cette île. Certes, le comte Ciel Phantomhive, récemment retrouvé, était au courant, et le client angélique, Aziraphale Fell, avait pressenti chez lui une nature démoniaque, mais en dehors de ces êtres, Michaelis ne révélait rien de très personnel.

Sebastian, inclina la tête avec une courtoisie irréprochable, laissant transparaître un sourire subtil en écoutant attentivement les paroles de Pamela. Sa présence imposante et son aura de mystère semblaient encore plus prononcées dans l'atmosphère intime de cette soirée. L'élégance de ses gestes et la profondeur de son regard révélaient une existence empreinte d'expériences multiples et d'une sagesse ancienne.

Lorsque Pamela accepta le jeu proposé, un éclat malicieux brilla dans les yeux de Sebastian. Il observa avec une attention particulière la manière dont elle préparait le mojito, ses mouvements reflétant une grâce et une assurance qui trahissaient une longue expérience. Il écouta son récit sur son passé de barmaid, une histoire qui résonnait d'échos d'une époque révolue, pleine de nuances et de subtilités.

Comme Sebastian écoutait attentivement le récit de Pamela sur son ancienne vie, un tourbillon de pensées le traversait, ses yeux sombres reflétant une curiosité insatiable mêlée à un respect profond. Il analysait chaque mot, chaque nuance dans son ton, captant les échos d'une époque révolue, d'un monde qu'il connaissait bien, mais toujours à travers le prisme des autres.

Dans son esprit, il reconstruisait l'image du bar où Pamela avait travaillé, un lieu chargé d'histoires humaines, de désirs cachés et de secrets murmurés. Il imaginait les clients, leurs visages marqués par la vie, leurs yeux cherchant quelque réconfort ou oubli dans les bras des femmes et dans l'ivresse de l'alcool. Il percevait les subtiles dynamiques de pouvoir et de désir, les jeux d'ombre et de lumière dans lesquels les âmes se révélaient et se cachaient.

Sebastian était fasciné par la manière dont Pamela décrivait cette période de sa vie. Il sentait en elle une force, une résilience, la capacité à naviguer dans un monde souvent cruel et impitoyable avec grâce et intelligence. Cela lui rappelait, d'une certaine manière, son propre parcours, sa propre adaptation aux différentes époques qu'il avait traversées, chacune avec ses règles et ses défis.

Il admirait la façon dont elle parlait de son passé sans amertume, avec une sorte de détachement lucide. Cela révélait une profondeur de caractère, une maturité émotionnelle qui n'était pas commune. Sebastian savait que de telles expériences forgeaient l'âme, la rendant plus forte, plus complexe. Il voyait en elle une semblable, quelqu'un qui avait vécu suffisamment longtemps pour comprendre les nuances et les contradictions de l'existence.

Pourtant, au-delà de cette admiration, il y avait une once de mélancolie dans ses pensées. Sebastian, en tant qu'être qui avait traversé les siècles, comprenait trop bien le poids des souvenirs, la façon dont ils pouvaient à la fois enrichir et alourdir une existence. Il ressentait une sorte de camaraderie silencieuse avec Pamela, une reconnaissance mutuelle de ceux qui avaient vu le monde changer, parfois pour le meilleur, souvent pour le pire.

Dans le fond, Sebastian se demandait ce que Pamela avait perdu en chemin, quelles parties d'elle-même avaient été laissées derrière dans les diverses vies qu'elle avait menées. Il connaissait le coût de la longévité, le prix à payer pour les secrets gardés et les identités multiples. C'était un chemin solitaire, souvent incompris par ceux qui n'avaient pas connu l'épreuve du temps.

Alors que Pamela terminait son récit, Sebastian sentit en lui un mélange de respect, de curiosité et d'une sorte de solidarité tacite. Ils étaient tous deux des voyageurs à travers les âges, des témoins de l'histoire humaine, chacun avec son propre fardeau de souvenirs et de secrets. Cette compréhension mutuelle formait un lien invisible entre eux, un fil ténu mais résistant tissé par les expériences partagées et les vies entrelacées dans le grand tapis de l'histoire.

Il avait observé Pamela durant tout ce temps, alors qu’elle préparait son cocktail, puis il avança la main vers le verre à peine posé. Après avoir pris une gorgée du mojito, il laissa le goût se diffuser sur son palais avant de répondre avec un hochement de tête appréciateur.
« Votre création est exquise, milady. Elle allie à la perfection la fraîcheur et l'intensité, tout comme votre personnalité, semble-t-il.»

Puis, il se redressa légèrement, prêt à répondre à la question de Pamela.
« L'amour… Voilà un concept fascinant, en effet.» Sa voix était douce, presque mélodieuse, tandis qu'il choisissait ses mots avec soin. « Au cours de mes nombreuses vies, j'ai été témoin de l'amour sous toutes ses formes. J'ai vu des cœurs s'unir dans la passion et la tendresse, j'ai vu des empires s'écrouler sous le poids de l'amour trahi. Mais pour ce qui est de l'expérience personnelle...» Il marqua une pause, son regard se perdant un instant dans le lointain.

Un sourire discret mais confiant illuminait son visage, tandis qu'il s'approchait du bar pour relever le défi de créer un cocktail à la hauteur de l'instant. Il savait que chaque détail comptait dans l'art de la mixologie, tout comme dans son rôle de majordome.
Il commença par sélectionner soigneusement ses ingrédients, chaque choix reflétant une compréhension profonde de l'art de la mixologie et un désir de créer une expérience unique pour Pamela. Il opta pour un mélange audacieux et raffiné, un cocktail qui symboliserait la complexité de leurs existences entrelacées et la profondeur de leurs expériences.

« L'amour est un sentiment complexe, profondément humain. Il englobe bien plus que la simple affection ou l'attirance. C'est un feu qui consume, un orage qui ravage, mais aussi une brise douce qui apaise. Pour un être de ma nature, l'amour prend une forme différente. Il n'est pas alimenté par le cœur, mais par l'âme. Un lien qui transcende le temps et l'espace, un engagement qui va au-delà de la simple émotion. »

Sebastian se leva, son mouvement fluide comme l'ombre d'un félin dans la nuit. Il fit quelques pas, semblant se perdre dans ses pensées.

Sébastian choisit comme base un gin de qualité supérieure, connu pour ses notes florales et sa finesse. Il versa le gin avec précision dans le shaker, la fluidité de ses gestes témoignant de son expertise et de son attention aux détails. Ensuite, il ajouta un vermouth doux, apportant une touche d'élégance et de douceur au mélange.

Pour infuser le cocktail d'une complexité aromatique, il sélectionna une liqueur d'orange, ajoutant une touche d'acidité et de fraîcheur. Puis, il prit une petite bouteille d'absinthe, en versant quelques gouttes seulement, suffisantes pour ajouter une dimension herbacée et légèrement mystérieuse au cocktail, rappelant les nuances occultes de leur conversation.

Sebastian incorpora également un sirop de violette maison, préparé avec soin et délicatesse, pour apporter une douceur florale et une couleur captivante au mélange. Il ajouta ensuite du jus de citron frais, pour équilibrer la douceur avec une touche d'acidité.

« J'ai côtoyé l'amour, oui, mais pas de la manière dont vous l'imaginez. Mon existence m'a amené à former des liens profonds, des alliances basées sur le respect mutuel, la confiance, et parfois... la nécessité. Ces liens sont peut-être différents de l'amour tel que vous le concevez, mais ils sont tout aussi intenses et significatifs. »

Avec une précision méticuleuse, il remplit le shaker de glace et commença à agiter le mélange, son mouvement rythmique et assuré créant une symphonie visuelle. Après avoir secoué suffisamment pour refroidir et mélanger parfaitement les ingrédients, il filtra le cocktail dans un verre à martini préalablement refroidi.
Pour la touche finale, il prit un zeste d'orange sanguine, l'exprima au-dessus du verre pour libérer les huiles essentielles, puis le passa délicatement autour du bord du verre avant de le plonger délicatement dans le cocktail. Le résultat était un mélange harmonieux de saveurs, une création qui reflétait à la fois la tradition et l'innovation, la complexité et la subtilité.

Il se tourna vers Pamela, un sourire énigmatique sur les lèvres.
« L'amour est un mystère que même un être ancien comme moi ne peut entièrement déchiffrer. Chaque expérience est unique, chaque histoire d'amour est un univers en soi. »

Après une courte pause, Sebastian changea subtilement de sujet.
« Vous avez parlé de votre passé avec tant de nostalgie, Mademoiselle Pamela. Cela m'amène à me demander... » Il s'arrêta, son regard fixé sur elle, captivant et intense. « Comment avez-vous vécu la transition entre ces différentes époques ? Comment avez-vous maintenu votre essence au milieu des changements constants du monde ? Votre capacité d'adaptation doit être remarquable. »

Son regard scrutateur semblait chercher à percer les mystères de l'âme de Pamela, à comprendre la profondeur et la complexité de son être. Sebastian, le majordome énigmatique, se tenait là, une figure sombre et captivante, attendant avec patience la réponse de Pamela, prêt à poursuivre cette danse de questions et de réponses, chacune révélant un peu plus des profondeurs cachées de leurs existences.

Sebastian présenta le cocktail à Pamela avec un geste gracieux, un sourire énigmatique ornant ses lèvres.
« Voici le "Voyageur des Ombres", un cocktail qui, je l'espère, vous transportera à travers les époques et les souvenirs, tout comme notre conversation ce soir. »

Il recula légèrement, observant avec intérêt la réaction de Pamela, curieux de savoir si sa création saurait capturer son palais et évoquer en elle les mêmes nuances de mystère et de profondeur qu'il avait cherché à exprimer à travers ce mélange.

Sebastian observait Pamela avec une attention mesurée, une lueur pénétrante dans son regard sombre. Il écoutait chaque mot, chaque nuance de sa voix, cherchant à déchiffrer les secrets de son âme. La manière dont elle parlait de sa longue existence, de ses adaptations au fil des époques, résonnait en lui avec une familiarité étrange.

Pendant que les autres participants commençaient à se disperser, Sebastian restait là, debout, une présence à la fois rassurante et énigmatique. Il prit une légère inspiration avant de répondre, sa voix basse et mélodieuse emplissant l'espace entre eux.

« Vous avez raison, Milady. L'immortalité, en effet, n'est douce que lorsqu'elle est sagement appréciée. Les époques se succèdent, les civilisations montent et tombent, mais ceux comme nous, qui traversent les âges, doivent trouver une manière de rester pertinents, de s'adapter, sans jamais perdre l'essence de ce que nous sommes.»

Sebastian fit quelques pas, ses mouvements rappelant ceux d'un prédateur dans la nuit, élégants et précis. Il semblait réfléchir, pesant chaque mot avant de le prononcer.
« Vous avez évoqué les rencontres qui marquent notre passage à travers les siècles, celles qui nous façonnent et nous transforment. Je suis d'accord avec cette vision. Chaque personne que nous croisons, chaque âme que nous touchons, nous laisse une empreinte, aussi subtile soit-elle. »

Il s'arrêta un instant, son regard se perdant dans le vague, comme s'il se remémorait des souvenirs lointains.
« Ces rencontres, ces moments partagés, sont ce qui nous maintient en vie, au sens le plus profond du terme. Sans eux, notre existence serait un éternel cycle de répétitions, une mer d'ennui sans fin.  »

Il se tourna alors vers Pamela, son regard captant aussitôt le sien.
« Quant à votre question... difficile, en effet. Qu'est-ce que je suis ? » Sebastian esquissa un sourire en coin, une lueur malicieuse dans les yeux. « Je suis un serviteur, un observateur, un gardien de secrets à travers les âges. Ma nature exacte, cependant, reste un mystère même pour moi. Un mystère que j'ai appris à apprécier, à chérir même. Je suis un être de l'ombre, un voyageur, un témoin de l'histoire humaine et de ses innombrables facettes. » Il fit une pause, semblant peser ses mots avec soin. « Mais au-delà de ces énigmes et de ces rôles que je joue, je suis un être en quête de compréhension, un chercheur de vérités cachées. Mon existence est une toile tissée de mille fils, chacun représentant une époque, une expérience, une rencontre. »

Sebastian se rapprocha doucement de Pamela, réduisant l'espace entre eux, son expression sérieuse, mais son regard brillant d'une curiosité non dissimulée.
« Vous avez raison de supposer que je ne suis pas tout à fait humain. Je suis... ce que l'on pourrait appeler un entremetteur entre les mondes, un gardien de secrets anciens et un facilitateur de destins. » Sebastian esquissa un sourire enigmatique, ses yeux sombres reflétant une profondeur presque abyssale. « J'ai vécu sous de nombreuses identités, joué de nombreux rôles, mais toujours avec un seul et même but : servir ceux qui requièrent mes talents particuliers. Mes capacités, ma longévité, mon savoir... tout cela est lié à mon essence unique, forgée au fil des siècles. » Il se recula légèrement, reprenant une posture impeccable de majordome. « Au fond, je ne suis qu’un diable de majordome. »
Avec un subtil sourire, ses yeux se posèrent de nouveau sur Pamela, un mélange de respect et de curiosité illuminant son regard.
« Ce sont les âmes qui m’intéressent. Celles des humains, évidemment. »

Jamais Sebastian n’avait été plus clair face à quelqu’un qui lui demandait qui il était ou quelle était sa nature. Il était évident qu’il ne cherchait pas à cacher entièrement la vérité, même s’il utilisait peut-être des tournures de phrases qui auraient pu être un peu moins alambiquées.
« Mais dites-moi, Milady, votre voyage à travers les âges a dû vous apporter une sagesse et une perspective uniques. Quelles leçons, quelles vérités avez-vous découvertes qui vous semblent les plus précieuses ? Comment votre nature a-t-elle influencé votre vision du monde ? »

Sebastian écoutait les paroles de Pamela avec une attention silencieuse, son expression impassible ne trahissant rien de ses pensées. C'était un art qu'il avait maîtrisé au fil des siècles, celui de garder son calme et sa contenance en toutes circonstances. Il inclina légèrement la tête en signe de reconnaissance lorsque Pamela exprima son admiration pour le mystère qui l'entourait. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres, un sourire qui ne révélait rien mais promettait beaucoup.

« Votre fascination pour les mystères de ce monde et les âmes qui le peuplent est partagée, Milady, » commença-t-il d'une voix douce, chaque mot soigneusement pesé. « Il est vrai que l'humanité, dans sa quête incessante de pouvoir, de richesse et de plaisirs éphémères, montre souvent ses facettes les plus prévisibles. Mais, il ne faut pas oublier que c'est dans cette même humanité que l'on trouve des étincelles d'ingéniosité, de bonté et d'altruisme, des lueurs d'espoir dans l'obscurité qui nous entoure. »

Il marqua une pause, le regard perdu dans un point indéfini, comme s'il puisait dans un lointain souvenir, avant de reprendre.

« Il est aisé de devenir cynique face à la répétition des cycles humains, de se lasser de leur prévisibilité. Pourtant, à travers les siècles, j'ai appris qu'il est parfois dans ces moments de faiblesse et d'avidité que l'on découvre la vraie nature d'une âme, sa capacité à se surpasser, à changer. C'est dans le contraste de l'obscurité que la lumière brille le plus fort, n'est-ce pas ? »

Sebastian se rapprocha légèrement, réduisant la distance entre eux, mais maintint une courtoisie irréprochable, son aura enveloppant l'espace de sa présence tranquille.
« En ce qui concerne votre question sur ma position de majordome, je dois dire que le service est une vocation pour moi, plus qu'un simple rôle à jouer. Chaque maître que je sers, chaque tâche que j'accomplis, me donne un aperçu unique de la complexité humaine. C'est un honneur et un défi que de servir, d'anticiper les besoins et de satisfaire les désirs, tout en naviguant dans le labyrinthe des émotions et des aspirations humaines. »

Son sourire s'élargit légèrement, une ombre de malice dans son regard.
« Quant à la liberté, Milady, elle offre en effet ses propres plaisirs et opportunités. Mais je trouve une satisfaction particulière dans les contraintes du service, dans l'art de perfectionner mon rôle, de m'adapter et de me surpasser. C'est dans cette quête incessante d'excellence que je trouve ma liberté. Mais je ne suis plus majordome, pour le moment. Je suis mon propre maître et je me complais dans l'art de la gastronomie. »

Il fit une légère révérence, un geste d'une élégance exquise.
« Et vous, Milady, dans votre longue existence, avez-vous trouvé un but qui vous guide ? Les âges vous ont-ils apporté des réponses, ou peut-être plus de questions encore ? »

Sebastian attendait sa réponse, le regard fixé sur elle avec une curiosité sincère, prêt à plonger une fois de plus dans l'abîme des mystères de l'âme humaine, guidé par les mots de Pamela.

Sebastian, le majordome des ténèbres, plongea son regard d'ébène dans celui, perçant, de Pamela. Leurs échanges, empreints d'une curiosité mutuelle, avaient pavé le chemin d'une conversation des plus intrigantes. Elle, une créature de la nuit aux charmes indéniables, le questionnait sur des thèmes aussi variés que l'amour, la passion, et la quête d'existence au-delà de leur monde connu.

Sebastian, toujours d'une posture impeccable, se tenait face à elle, un sourire énigmatique aux lèvres.
« Milady, votre quête de connaissance et votre liaison indéfectible avec votre créateur m'intriguent au plus haut point. Il est rare de rencontrer une âme qui, malgré l'éternité à sa disposition, cherche encore à comprendre les mystères de l'existence… Quant à moi, bien que ma position initiale soit celle d'un serviteur, ma véritable essence transcende les frontières du service. »

Il fit une pause, ses yeux capturant les lueurs vacillantes des chandelles environnantes, donnant à son visage une allure presque surnaturelle.
« Il est vrai que dans l'exécution de mes devoirs, j'ai rencontré des âmes fascinantes, des esprits éblouissants qui auraient pu éveiller en moi des flammes ardentes. Mais, la passion, telle que vous la décrivez, est un feu qui réclame la liberté pour brûler pleinement. Ma nature même, ma dévotion envers mon ancien maître, a imposé des limites à ce feu. »

Il se rapprocha d'elle, son aura sombre se mêlant à la lumière tamisée de la pièce, créant une atmosphère à la fois intriguante et invitante.
« La passion… c’est quelque chose qui nous gardera sans doute toujours en éveil et aux aguets… Même au fil de l’éternité… » Cette simple idée de passion, c’était ce qui animait de nombreuses âmes. Même la sienne. « Dans votre existence immortelle, avez-vous trouvé une passion qui transcende le temps ? Une flamme qui brûle avec une intensité éternelle, défiant les âges et les mondes ? »

Ses mots, choisis avec soin, étaient destinés à piquer la curiosité de Pamela, à l'inciter à partager davantage de son monde intérieur avec lui. D’aucuns cherchaient des trésors, d’autres des réponses… Le demon, quant à lui, avait appris à aimer la perfection et tout ce qui s’en approchait.
« Pour ce qui est de vos questionnements sur les autres univers… je crois que notre existence même est la preuve de dimensions infinies, de possibilités illimitées. Notre rencontre, n'est-ce pas un indicateur que nos chemins sont tissés de fils qui s'étendent au-delà de notre compréhension actuelle ? »

Sebastian, avec une révérence subtile, signala la fin de son monologue. Son expression, bien que toujours mesurée, invitait Pamela à plonger plus profondément dans l'abîme de la conversation, à explorer avec lui les mystères cachés derrière les voiles de la réalité.

Sebastian se tenait en retrait, les bras croisés dans le dos, observant avec une tranquillité calculée la silhouette de Pamela qui se dessinait contre les lueurs vacillantes des bougies. Leur conversation, ponctuée de silences aussi chargés que les mots échangés, dérivait désormais vers des territoires plus personnels et énigmatiques. Il répondit à sa question avec la mesure et le calme qui le caractérisaient.

« Votre questionnement sur ce qui m'anime à présent, milady, est des plus pertinents. » Sa voix basse et contrôlée résonnait dans l'espace confiné, chaque mot prononcé avec une précision presque chirurgicale. « Depuis que les chaînes de mon servage ont été rompues, je trouve que l'aspiration à la perfection, bien qu'encore présente, a laissé place à une quête plus captivante encore — celle de l'essence même de notre condition d'êtres éternels. »

Pamela, ses yeux bleus scrutant toujours les profondeurs insondables des siens, semblait absorber chaque syllabe, chaque inflexion de sa voix comme si elles étaient des fragments d'un texte sacré. Sebastian, conscient de l'effet de ses paroles, se permit un léger sourire avant de continuer.
« Vous évoquez le libre-arbitre, cette douce illusion qui berce nos existences. » Il fit un pas en avant, réduisant la distance entre eux, son expression toujours impeccablement neutre. « Je me plais à croire que malgré nos origines surnaturelles, nous pouvons encore choisir nos batailles, nos alliances, nos passions. Et vous, Pamela, si je puis me permettre de vous appeler par votre prénom, n'êtes-vous pas la preuve vivante que même les créatures de la nuit aspirent à contrôler leur destin ? »

La question était rhétorique, bien sûr, et Sebastian n'attendait pas de réponse immédiate. Il savait que chaque mot semé dans l'esprit fertile de Pamela poussait comme une graine prête à germer en une multitude de possibilités. Il se recula légèrement, lui accordant l'espace pour méditer ses paroles, pour tisser les fils de sa propre réplique.
« Et que dire de cette passion dévorante que vous recherchez ? » Sa voix baissa d'un octave, adoptant un ton presque conspirateur. « Peut-être est-ce dans notre nature de désirer ce qui nous est constamment refusé, de convoiter ce feu brûlant d'un désir inassouvi. Mais dites-moi, Pamela, ne trouvez-vous pas quelque plaisir dans cette éternelle quête, dans ce jeu continu de chasse et de séduction ? »

Son sourire s'élargit imperceptiblement, reflétant non pas l'amusement, mais une reconnaissance de leur éternelle danse. Sebastian était un maître dans l'art de la conversation, chaque mot, chaque pause calculée pour entraîner son interlocutrice plus profondément dans un labyrinthe de pensées et d'émotions.
« Nos chemins se sont croisés ce soir, pas par hasard, mais par un fil du destin peut-être prédestiné. Qui peut dire si les étoiles n'ont pas conspiré pour nous amener ici, dans ce moment précis ? »

Il tendit une main, geste d'invitation ou de défi, cela restait à déterminer.
« Venez, explorons ensemble ces fils du destin, tissons notre propre étoffe de réalités et de rêves. Car, après tout, n'est-ce pas là le plus grand des plaisirs ? »

Dans le silence qui suivait, seul le crépitement timide d'une bougie venait rompre l'intensité du moment, offrant à Pamela l'opportunité de répondre, de continuer leur danse de mots et de volontés entrelacées. Sebastian, majordome des ténèbres, attendait, sûr que quel que soit le chemin qu'elle choisirait de prendre, il serait là, éternel compagnon dans le grand théâtre de la nuit.

La nuit enveloppait le monde extérieur, mais à l'intérieur, un jeu complexe d'émotions et de pensées se déroulait entre lui et Pamela. Un fin sourire ourla ses lèvres tandis qu'il répondait à la jeune femme, sa voix un mélange suave de menace voilée et de charme envoûtant.

« Votre réponse, chère Pamela, m'offre un aperçu fascinant de votre âme récemment humanisée, mais toujours teintée des ombres de votre passé immortel. » Il marqua une pause, laissant ses mots flotter dans l'air comme le parfum d'un vin rare. « Dites-moi, maintenant que vous avez goûté à la fois à la mortalité et à l'éternité, où trouvez-vous votre vérité ? Est-ce dans la quête incessante de ce qui vous a autrefois échappé, ou bien quelque part entre les battements de votre cœur redevenu humain ? »

Il s'approcha d'elle, ses pas mesurés résonnant doucement sur le plancher de bois usé. Ses yeux noirs brillaient d'un éclat presque surnaturel sous la faible lumière des chandelles.
« Vous parlez de passions et de chasses, de prédateurs et de proies, » continua-t-il, sa main se levant pour effleurer doucement une mèche de cheveux échappée de son chignon. « Mais n'oublions pas, ma chère, que la véritable chasse est celle de l'âme, la recherche de ce qui nous lie profondément à ce monde... et au-delà. »

Il recula légèrement, respectant l'espace personnel qu'elle pourrait souhaiter conserver, malgré l'intimité de leur conversation.
« Ce soir, nous sommes libres de choisir notre parcours. La liberté est un cadeau précieux, surtout pour ceux de notre espèce. Comment souhaitez-vous utiliser la vôtre, maintenant que le destin nous a réunis dans ce lieu chargé de mystères et de possibilités ?»

Les lumières vacillèrent soudain, comme pour souligner ses paroles, et un vent froid se faufila à travers les fissures des fenêtres anciennes, faisant frissonner les flammes des bougies.
« Regardez autour de nous, Milady. Ce monde est rempli de recoins sombres et de lumières éclatantes, un peu comme nos âmes, ne trouvez-vous pas ? » Sa question était rhétorique, destinée à stimuler l'esprit déjà vif de Pamela. « Chaque ombre cache une histoire, chaque lumière mène à un nouveau chemin. Lequel désirez-vous explorer ce soir ? »

Un bruit soudain interrompit leurs échanges : la porte s’ouvrit avec fracas, laissant entrer une rafale de vent et quelques feuilles mortes. Un homme, potentiellement éméché, trébucha à l'intérieur, criant qu’ils se devaient de partir, à présent.

Sebastian se tourna lentement vers le nouvel arrivant, son expression neutre masquant à peine l'irritation.
« Il semble, ma chère Pamela, que notre conversation soit temporairement suspendue par les trivialités de ce monde. »
Il offrit à la jeune femme son bras, un geste à la fois protecteur et complice.
« Permettez-moi de nous guider vers un endroit où nous pourrons continuer sans interruption. Il est encore tôt, et les étoiles, bien qu'audacieuses, n'ont pas encore fini de jouer avec nos destins. »

Pamela, acceptant son bras avec un sourire entendu, se laissa entraîner vers une nouvelle scène de leur ballet nocturne, prête à découvrir les plaisirs et les périls que la nuit leur réservait encore. Leur complicité, tissée d'ombres et de lumière, promettait une exploration sans fin des profondeurs de leurs âmes éternelles.