La réédition de certains de mes romans avait été une bonne surprise pour moi. Souvent, cela voulait dire que le marketing autour des livres allait recevoir un coup de neuf, un bon coup de boost, de quoi relancer le lectorat...
Et puis de quoi me relancer, aussi.
Les séances de dédicaces, c’était toujours l’occasion de rencontrer des gens. Surtout des filles. Et pour peu qu’elles aient apprécié mes mots, il pouvait arriver que je rentre avec l’une d’elles et qu’elle m’invite pour prendre un café que je ne boirais pas, évidemment, car ce n’était jamais ma caféine qui m’intéressait.

Aujourd’hui , dans la librairie, on m’avait installé avec d’autres auteurs. Une table, une pile de livres et un stylo à bille pour mettre un petit mot légèrement hypocrite pour des gens que je ne connaissais pas. Mais bon, mon agent trouvait ça important d’alimenter les fans avec ce genre de trucs. En soi, si je repartais avec une nana, tout le monde serait gagnant, non ?

Lorsque j'étai arrivé sur place, un rapide coup d'oeil me permit de me rendre compte assez vite de plusieurs choses : de un, j'étais le seul auteur de sexe masculin à être ici, comme si tous les autres avaient préféré fuir la gent féminine qui serait indéniablement présente pour les dédicaces, de deux, il y avait des gens qui se prenaient pour des êtres supérieurs, comme si le fait d'écrire un bouquin dans une vie faisait d'eux des êtres exceptionnels... et, enfin, je pus aussi remarquer qu'on ne servait ici que des carafes d'eau, comme si le saké ou les alcools étaient prohibés ou simplement trop chers. Le prétexte idéal pour emballer une jeunette et l'emmener boire un verre ailleurs...

Je cherchais le positif dans tout cela, mais, au fond, je savais ce que je voulais... Retrouver un lectorat, le fidéliser, puis partir en quête de nouveaux renseignements. Pour l'instant, les arts ninjas ne me manquaient pas encore. Je prenais le temps de m'entrainer à tes choses d'ici, dans une salle de sport où j'avais fait la connaissance d'un homme que je pensais pouvoir bientôt appeler un "ami". La confiance avec Heracles s'installerait petit à petit, j'en avais bien conscience. En attendant, il m'apportait la possibilité de rester en forme tout en me rinçant l'oeil sur les jeunes femmes venues faire du fitness à ses côtés. Une excellente source d'inspiration pour mes romans !
D'ailleurs, j'avais déjà quelques dizaines de pages pour mon prochain tome d'Icha Icha, sans exactement être encore sûr de ne pas commencer une nouvelle série.

Je saluais la libraire avec un sourire que je voulais rayonnant.
« Bonjour, ça va, tout est au point ? »
N'étant pas du genre à avoir la grosse tête, j'étais prêt à donner un coup de main s'il fallait encore bouger des meubles ou autre. Ce que je fus bientôt amené à faire, mais ça ne me dérangeait pas.

La séance de dédicaces allait suivre une petite conférence sur la littérature moderne. J'avais donc pris place parmi le public, puisque je n'intervenais pas au micro. De toute façon, très honnêtement, je ne savais pas trop ce que j'aurais pu dire sur le sujet... je n'avais pas encore eu l'occasion de lire suffisamment de romans contemporains pour me faire une véritable idée.
La conférence était donnée par l'assistante d'un professeur de l'université Marshall. Autant dire que c'était tout de même sérieux... mais je n'écoutais pas vraiment ce qu'elle disait, car sa poitrine, sous son chemisier tendu, me donnait plus d'inspiration et d'idées que ses propos...

Vers 17h, la conférence fut suivie d'un verre offert. Un vin pétillant européen, assez agréable, mais pas fort du tout. J'imaginais qu'il fallait éviter que tout le monde se retrouve en état d'ébriété.

Enfin, on nous invita, nous les auteurs, à prendre place à nos tables de dédicaces. Et c'était parti...
Je demandais toujours l'orthographe du prénom quand j'avais un doute... et vu les différentes ethnies représentées, il y avait de quoi se tromper... Henri ou Henry, Margaux ou Margot... et tout le reste. En plus, certains avaient des orthographes de prénoms vraiment étranges...
« Matthèo... Voilà pour vous ! Et bonne lecture, surtout ! »

Finalement, j'avais quand même une file de lecteurs et lectrices devant moi... c'était une bonne chose, je ne risquais pas de m'ennuyer.

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Je signais des livres, j'échangeais quelques mots avec les lecteurs et les lectrices... Ce n'était pas une situation idéale pour commencer à bavarder, parce qu'il y avait des files un peu partout, auprès de tous les auteurs, et il fallait garder un certain rythme pour éviter de mécontenter les visiteurs.
C'était une sorte de salon du livre en miniature, mais c'était quelque chose de plutôt sympathique. Une trop grande foule, d'un seul coup, alors que je reprenais à peine, un peu à la fois, mes pratiques littéraires, ç'aurait sans doute été un peu rapide.

Matthéo par ici, Clara par là, Marzia, Amina, Charles, Anton... il y avait autant de lecteurs que de lectrices en face de moi et je me demandais bien comment j'avais pu réussir à intéresser les deux sexes alors que j'étais plutôt dans une fibre masculine... mais les filles trouvaient mes romans assez drôles et cela me faisait sourire. Dans cette île, on disait et répétait assez fréquemment qu'une femme qui riait était une femme à moitié dans votre lit.
Mieux valait cultiver l'humour, dans ce cas...

Je m'amusais assez à signer des dédicaces. Je pouvais mettre des petits mots plus personnalisés quand une lectrice était vraiment jolie. Bien sûr, rien ne pouvait affirmer que je pourrais ensuite revoir ces filles et tenter une approche un peu plus... proche.
Je savais bien que ce que je cherchais comme cela, c'était surtout comme une sorte de pansement pour me permettre de ne plus trop souffrir de l'absence de Tsunade dans ma vie...

Au fur et à mesure, je signais, je griffonnais et je me déconcentrais peu à peu. J'allais bientôt avoir besoin d'une pause. Et d'un petit saké, peut-être. Mais le lecteur suivant m'interpela d'une manière à laquelle je ne m'attendais pas... Jiraya-sama... peu de gens ici parlaient le japonais. Et encore moins nombreux étaient ceux qui me servaient des titres aussi honorifiques et respectueux.

« Kakashi Hatake ! »

Il y avait de nombreuses années déjà que je n'avais pas croisé le ninja. Depuis... peu de temps avant que Nagato ne me tue dans le village d'Amegakure.
Je me levais par principe. Entre ninjas, il y avait une forme d'accord tacite pour ce genre de rencontre dans un lieu public. Parler à mots couverts, ne pas ébruiter ce qui pouvait se passer dans les villages cachés.

« Le plaisir est partagé, Kakashi. Je ne m'attendais pas à te revoir ! » En fait, techniquement, quand j'avais senti la mort approcher, je n'avais pas pensé à m'attendre à quoi que ce soit. Mes pensées s'étaient portées vers Naruto et, un peu aussi, vers Tsunade. Ce fut donc assez naturellement que l'apparition de Kakashi en face de moi me ramena vers mon dernier disciple. « J'ai raté beaucoup de choses, n'est-ce pas ? »

Je me demandais si Naruto avait fini par devenir Hokage. Si sa détermination, son courage et sa persévérance avaient fini par avoir gain de cause... Et si sa nature impulsive avait encore fait des siennes...

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Retrouver Kakashi, c'est une joie, une rareté que j'apprécie à sa juste valeur dans cette vie d'écrivain voyageur. Ça me rappelle que peu importe où je vais, peu importe les histoires que j'écris, il y a des liens qui ne se brisent jamais. Et ça,, ça vaut tous les succès littéraires du monde.

« Eh bien, Kakashi, je vois que tu as gardé ta manie de toujours lire dans les coins tranquilles. »
Je m'assois en face de lui, balançant nonchalamment une jambe par-dessus l'autre et me penche en arrière, les mains derrière la tête, affichant un large sourire.

« La solitude d'un ninja, c'est quelque chose, hein ? Mais ça te va bien, ça te va bien... » Je ris légèrement, rappelant notre différence fondamentale. « C'est flatteur de voir un shinobi de ta trempe plongé dans mes récits érotiques. » Mon sourire se fait plus malicieux.

«  Cela dit, il ne faut pas se laisser tromper par les apparences, n'est-ce pas ? Derrière chaque histoire coquine, il y a une leçon de vie, une aventure, un peu comme nos missions... mais avec plus de charme et de... légèreté. »
C'est peut-être pour cela que ça fonctionne auprès des lecteurs, en réalité. Le genre érotique, s'il n'est pas accompagné d'une véritable histoire, cela n'intéresse que les pervers.

« Je suis touché que tu respectes mon travail, Kakashi. Après tout, on ne choisit pas sa réputation, et j'ai toujours espéré que la mienne se fonde plus sur mes exploits que sur mes échecs... ou mes loisirs peu conventionnels. » Je lui lance un clin d’œil complice, puis je redeviens bien vite sérieux.

« C'est vrai, Naruto a grandi. Il a ce feu en lui, cette flamme que Minato avait... ce quelque chose qui pousse les autres à le suivre, à croire en lui.  » Je soupire légèrement, la fierté perçant dans mon regard. Je suis heureux d'apprendre ce que mon dernier élève a accompli et ce qu'il est devenu. Il me remplit de joie et de fierté. « Sauver le village, vaincre Pain, devenir un héros... Je ne pouvais pas espérer meilleur dénouement pour le garçon. Et dire que j'étais là au début de son histoire, à peine un gribouillis sur une page vierge... Et toi, Kakashi, tu as contribué à faire de lui le héros de Konoha qu'il est devenu. »

Je me penche en avant, mon expression se teintant d'un sérieux peu habituel.

« Il y a des histoires qui méritent d'être racontées, et celle de Naruto en fait partie. Ce n'est pas juste la sienne, c'est aussi la nôtre, celle de Konoha... celle de chaque personne qui a cru en lui. Et à travers lui, c'est un peu comme si on continuait tous à vivre, à se battre, à aimer... »

Je pensais souvent à Naruto, et un mélange de fierté et d'inquiétude m'envahissait. Ce gamin, je le regardais et je voyais tellement de potentiel, tellement d'espoir. Il était comme un feu ardent qui refuse de s'éteindre, peu importe la violence de la tempête. Je me souviens des paroles du Grand Sage des Crapauds, cette prophétie qui pesait sur mes épaules comme le poids du monde. Il m’avait dit que je serais celui qui guiderait la révolution, la personne qui apporterait soit une grande destruction, soit un grand changement. Il me fallait faire en sorte de guider au mieux l'enfant de la prohétie...

Et quand je voyais Naruto, je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était lui, qu'il était celui dont la prophétie parlait. Il avait ce quelque chose d'exceptionnel, une force, une pureté d'esprit. Il était imprévisible, certes, comme un ouragan, mais son cœur était sur la bonne voie. Je croyais, non, je savais qu'il avait la capacité de changer le monde, de l'influencer pour le meilleur. Il avait déjà commencé à le faire, à sa manière, en rassemblant les gens, en changeant les cœurs.

Mais la prophétie... elle me hantait aussi, car je savais que les choix difficiles qu'il devrait faire pourraient facilement l'éloigner de son chemin. C'est là que je ressentais le poids de mon rôle. Je devais le guider, veiller à ce qu'il reste fidèle à sa voie, à ce qu'il soit la lumière et non les ténèbres qui pourraient engloutir ce monde. Je devais le préparer à affronter non seulement les ennemis externes mais aussi les conflits internes qui pourraient le détourner.

Je croyais en lui, je croyais en ses capacités, et je croyais qu'il était le meilleur espoir pour réaliser la prophétie dans ce qu'elle avait de plus positif. Naruto était la clé, il était "le changement", et j'avais eu l'honneur, la responsabilité, et le défi de m'assurer qu'il reste sur la voie qui sauverait tous ceux qu'il touche. La voie qui mènerait à la paix et à la compréhension entre les ninjas, entre les villages, entre tous ceux qui partagent cet univers complexe et souvent cruel.

C'était un fardeau, oui, mais c'était aussi le plus grand des honneurs. Car en lui, je voyais la possibilité d'un avenir meilleur, et j'étais prêt à faire tout ce qui était en mon pouvoir pour l'aider à réaliser ce potentiel. C'était ma mission, mon dernier acte en tant que ninja, en tant que maître, en tant qu'ami. Pour Naruto, pour le monde.

Riant à nouveau, je tape amicalement sur l'épaule de Kakashi.

« Allons, trêve de nostalgie ! Raconte-moi plutôt ce que tu as pensé du dernier chapitre, hein ? J'espère que je n'ai pas perdu la main ! » Mon regard brille d'un mélange de malice et de curiosité, toujours prêt à écouter les retours sur mes aventures imaginaires, même, et surtout, de la part d'un shinobi stoïque comme Kakashi.

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Je hoche la tête, un sourire énigmatique flottant sur mes lèvres, tout en écoutant attentivement Kakashi. C’est fascinant de voir comment il s'enferme dans sa coquille dès qu'il s'agit de mes romans érotiques. Un shinobi de son calibre, qui peut affronter les dangers les plus mortels avec une sérénité implacable, mais qui rougit à la mention d'une simple scène coquine. Cela a quelque chose de touchant, de profondément humain.

« Kakashi, Kakashi... » Je me mets à rire doucement, laissant échapper un soupir amusé. « Tu sais, il n'y a pas de honte à apprécier un bon récit, même s'il est un peu... épicé. La vie d'un ninja est tellement remplie de tension, de conflits... un peu de légèreté ne fait de mal à personne. »
Je remarque son embarras grandissant et décide de changer de sujet, retournant à des eaux plus calmes.
« Mais parlons de choses plus sérieuses. Tu as raison, Kakashi. Naruto a toujours eu cette force en lui, cette volonté qui ne cède jamais. Comme son père, oui, mais avec sa propre flamme, son propre chemin. »

Je fixe un instant l'horizon, perdu dans mes pensées.
« Tu sais, j'ai toujours cru que les ninjas étaient comme des feuilles portées par le vent. Nous sommes emportés ici et là par les missions, les conflits, les devoirs... Mais Naruto, il est comme un tourbillon. Il attire les gens vers lui, change le cours du vent. C'est rare, un shinobi capable de cela.»

Puis, revenant à l'instant présent, je souris à nouveau.
« Et toi, Kakashi, tu as joué un rôle crucial dans sa vie. Tu lui as appris l'importance de l'amitié, de la fidélité, des valeurs de Konoha. Tu as peut-être même enseigné plus que tu ne le penses. Les leçons les plus importantes ne sont pas toujours celles qui se voient le plus clairement.»

Je me redresse, croisant les bras derrière la tête, dans une pose décontractée typique de moi.
« Tiens, et Sasuke… Un cas intéressant, n'est-ce pas ? Un shinobi au potentiel immense, mais avec tant de ténèbres en lui... Ça me rappelle quelqu'un.» Je ris légèrement, évoquant sans doute ses propres démons. « Tu as dû faire face à un sacré défi avec lui. »

Je fais une pause, réfléchissant à la complexité des relations entre les membres de l'équipe 7.
« Naruto, Sasuke, Sakura... ils forment une sorte de reflet de notre propre passé, n'est-ce pas ? Les liens, les rivalités, les souffrances... mais aussi l'espoir. Ils ont chacun leur chemin, mais ensemble, ils représentent quelque chose de plus grand. Comme une nouvelle génération portant les espoirs et les rêves des précédentes. »

Je m’étire un peu, avant de poser mon regard sur Kakashi.
« Et toi, mon vieil ami, comment te sens-tu dans tout cela ? En tant que leur sensei, tu as dû ressentir une grande responsabilité... et peut-être même un peu de nostalgie pour tes propres jours en tant qu'élève. »

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