Les hôpitaux de la ville ne sont pas inconnus, pour Jayce. Il les connaît très bien pour avoir, à plusieurs reprises, donné des listes de noms au personnel afin de retrouver celleux qui avaient partagé sa vie. Il avait toujours fait chou blanc, personne n’avait pu le renseigner. Alors il avait arrêté de s’y rendre, déprimé par les couloirs blancs de ces lieux aux odeurs trop fortes pour être bien longtemps supportables.

Et pourtant, malgré toute sa bonne volonté, malgré les listes de noms mises de côté, rangées depuis longtemps à l’abri de son propre regard, voilà qu’il franchit à nouveau les portes de l’un de ces bâtiments. Il est allé au plus près, n’a pas vraiment chercher à comprendre quoique ce soit. Pour dire la vérité, il a gardé son calme lorsque l’accident est survenu, mais il n’est pas loin de paniquer, maintenant, alors qu’ils franchissent ensemble les portes des urgences. Il aurait tout simplement pu appeler les pompiers, mais Jayce n’a pas encore ces réflexes-là, toujours prompt à vouloir tout prendre en charge, à aider par lui-même sans se reposer sur des autorités dites compétentes.

Ce n’était qu’un rendez-vous amical entre Jayce et Rosinante, comme tant d’autres avant celui-ci. Amis depuis quelques mois, ils se sont soutenus à maintes reprises au sein de cette ville. Jayce aurait sans doute pu perdre la tête, sans tout le soutien trouvé auprès de quelques rencontres fortuites. Aujourd’hui, il se sent un peu mieux, prêt à aller de l’avant et à affronter la réalité de cet endroit. Malheureusement, les accidents ne sont pas rares, et Jayce a tôt fait de prendre ça peut-être un peu trop au sérieux.
Un accident, donc, est survenu alors qu’ils marchaient simplement dans la rue. Jayce ne sait pas vraiment comment c’est arrivé, tout s’est déroulé trop vite pour qu’il ne comprenne. Tout ce qu’il sait, c’est que, d’un coup, Rosinante s’est retrouvé par terre, le coin du visage ensanglanté. Le sang n’est pas spécialement quelque chose qui, d’ordinaire, retourne l’estomac de Jayce. Il a déjà vu des blessés, et les coupures ne sont pas rares, dans son nouveau métier. C’est plutôt les circonstances qui ont déclenché une alarme dans son esprit. Alors qu’il ne se passait rien de particulier, un ami se retrouvait blessé.

« Ça va aller, je vais appeler un taxi pour t’amener à l’hôpital, » avait-il en s’agenouillant près du blessé pour le soutenir d’un bras ferme. Parole joint au geste puisque, d’une main rendue un peu maladroite et fébrile malgré son ton assuré et calme, il avait appelé un taxi pour emmener son ami à l’hôpital le plus proche.  

Et voilà, à nouveau les couloirs blancs, l’agitation, le bruit, l’odeur infecte. Jayce n’y prête pas vraiment attention, sur le coup, trop préoccupé par l’état de Rosinante. Que la blessure soit grave ou non, il ne peut s’empêcher de s’inquiéter. Parce qu’il est comme ça, et peut-être bien qu’il s’en fait un peu trop. Un membre du personnel leur demande de patienter avec d’autres personnes assises sur des sièges d’une couleur bleue un peu criarde. Jayce passe donc son bras autour des épaules de Rosinante et l’invite à prendre place à ses côtés.

« Ça va, tu n’es pas trop étourdi ? »