Maybe I'm the problem | ft. Cap'

T’en as vu des choses, America Chavez. De l’univers qui menace de s'effilocher comme un spaghetti aux boulettes d’humains qui crient à l'annihilation totale du multivers. Mais cette île, c’est un tout autre combat. Quelque chose dans son essence ou dans son magnétisme est assez puissant pour altérer entièrement la nature des êtres. Encore plus grave : quelque chose bloque l’accès à l’intervalle cosmique. T’as jamais vu ça, même pendant le siège de Doctor Doom qui avait refondu le multivers à son image. Après la seconde lune rouge, tes pouvoirs ont commencé à revenir au compte-goutte et ça m'inquiète particulièrement. T’es pas la seule à qui ça arrive, d’autres l’ont vécu avant toi, mais tu crains que ça affecte la stabilité de ton organisme. Si ta charge énergétique peine à rester contenue, tu ne veux pas penser à ce qui risque d’arriver aux pauvres âmes qui se trouveront dans ton périmètre. Bref. Trouver des solutions, c’est pas ta force. Toi, tu penses avec les poings avant tout. Le travail intellectuel, tu laisses ça aux autres.

Sauf que les autres, tu sais pas où les trouver. Jusqu’à ce matin, quand ton sourcil s’est arqué à la vue du QG des Avengers, bien debout sur le chemin que t’empruntes tous les jours pour aller travailler, les mains dans les poches et la motivation ailleurs que dans ta personne. Une curiosité comme une autre, tu t’es dit, sans en faire un plat. Puis, l’idée s’est mise à te trotter dans le cerveau : et si tu pouvais y trouver des réponses à tes questions, une façon de rétablir les règles du multivers, mais, surtout, une façon d’amortir le choc de la récupération de tes pouvoirs sur ton corps ?  À chaque fois que t’y penses, tu roules des yeux. Aucune chance que t’ailles volontairement quêter l’aide des Avengers. On t’offrirait un million que tu ne le ferais pas. Rien contre eux en tant qu’individus, mais juste à l’idée de t’allier à un groupe qui a tout d’une mise en scène, d’une pièce de théâtre bien ficelée, tu fais de l’urticaire. Aussi, t’es particulièrement cynique et amère depuis la fin de la Guerre Civile. Tu t’es jamais vraiment remise de la mort de War Machine. Tu te force à porter la responsabilité, autant Monica Rambeau essayait-elle de bien t’enfoncer dans la tête que ce n’était pas de ta faute.

L’alternative est simple : te faufiler à l’intérieur de la tour, à partir d’un portail que t’ouvres à partir de la salle des employés à la fin de ton quart de travail. Pas de temps à perdre, c’est une question d’heures avant que l’île fasse à nouveau des siennes et supprime le QG de ton existence.  Évidemment que t’as pas pensé aux mesures de sécurité sans aucun doute mises en place. Évidemment que t’as pas du tout pensé à ce que tu ferais une fois à l’intérieur et à ce que tu cherchais spécifiquement.

Typical Chavez.

Ton tunnel cosmique t'emmène tout droit dans une salle remplie de boutons qui clignotent, de cordages et de leviers qui donnent envie d’être tirés. Probablement une genre de salle des machines ou le tableau de bord d’un engin duquel tu ferais mieux de rester loin. Quelques secondes après que ton pied se soit posé au sol, une lumière rouge t’aveugle et l’alarme étouffe le vrombissement des ordinateurs. Ta mâchoire se crispe, tu serres le poing ; c’est pas la première fois que tu mets le pied dans une version ou une autre de la tour, comment t’as pu oublié un détail aussi … logique ? « F.R.I.D.A.Y., you chota cabrón !* », grommelles-tu entre tes dents, alors que tu refermes ton portail derrière toi. Malgré le cri de l’alarme qui t’agresse les tympans, tu t’approches du panneau de contrôle pour essayer de trouver un moyen d’ouvrir la porte pour quitter cette pièce qui, bien vite, commence à te filer une impression de prison. T’espères sincèrement qu’ici, ils se souviennent de toi. T’es pas dans l’humeur de passer le reste de la soirée en interrogatoire. « Qu’est-ce que t’attends pour t’ouvrir, stupide porte ? » Après quelques tentatives, ton poing s'abat impatiemment sur le panneau, assez fort pour déclencher quelques flammèches. S’il ne veut pas réagir, aussi bien le forcer.  

*:

Ce qui est bien avec ta vie, Chavez, c’est que t’as suffisamment de doigts (de mains et de pieds combinés) pour compter le nombre de fois où les choses se sont déroulées sans aucun souci. Bon, cette fois, c’est pas nécessairement la fin du monde: t’as vu beaucoup moins soft que les Avengers que tu considères comme rien de moins qu’un groupe dont la force est diluée par un besoin maladif de préserver leur image. Dommage, vu les constituants. Cela dit, ça reste une bonne grosse épine dans le pied, si bien qu’en entendant Rogers (dont tu reconnais la voix, après l’avoir entendue de la bouche d’un demi-million de variantes), t’as le réflexe de gonfler furtivement tes joues avant de pousser le soupir d’une vie : « Uuuugh. À quoi je m’attendais ? ! », tu te retournes d’un geste vif, les poings sur les hanches, toisant ce bon vieux Cap’ de haut en bas. À première vue, impossible de dire si t’as déjà rencontré celui-là, mais considérant ses interrogations, t’en déduis qu’il va falloir déballer encore une fois le paquet d’explications. Ça te fera au moins une histoire à raconter à Miles en rentrant…

Tu dodelines la tête en te balançant sur tes pieds, chose qui, pour certains, pourrait être perçue comme de l’arrogance. Parce que c’est un peu ce que c’est, couplé à un trop plein de confiance. Dans tout le multiverse, t’es probablement la super-personne à qui on a le plus souvent voulu foutre une claque (mauvaise idée). « America Chavez, la seule et l’unique. Tu peux te détendre, Cap’. Vous avez de la chance que ce soit que moi, parce que votre précieuse tour est pas hermétique du tout. » Et ça te vient que maintenant: t’aurais pu sortir de la salle de la même façon que t’y es entrée, avec un de tes portails. L’habitude s’est vraiment perdue après cinq ans… Tu te mords l’intérieur de la joue pour retenir un râle et le muscle sous ton oeil droit pris d’une envie de tressauter. Ça t'agace assez pour oublier la fichue alarme.

Tu t’assieds à moitié sur le panneau de contrôle, les bras croisés sur ta poitrine. « Juste être ici me file de l’urticaire. On va faire vite, chico. », que tu souffles en roulant les yeux au ciel. À une époque, t’étais la perle rare qu’on aurait voulu voir joindre les rangs de la fameuse team, mais chaque invitation s’était vue retournée avec un refus pur et dur. T’as toujours préféré travailler seule, loin des projecteurs et de la pression de plaire au commun des mortels. S’il fallait un jour que ton visage soit imprimé sur un produit dérivé purement justifié par des besoins de relations publiques, tu ferais une syncope. Fuck le capitalisme. « Vous, dans le sens toi et les autres, vous comprenez ce qu’il se passe ici ? Vous avez nos pouvoirs dans des petites fioles quelque part dans un de vos coffres-forts ? Sinon, tu sais pas à qui je dois faire rencontrer la semelle de ma chaussure pour qu’on en finisse et que je puisse dégager de ce verse de l’enfer ?  » Si les fameux Avengers sont aussi dans le néant que toi par rapport à la question, c’est que vous êtes tous vraiment mal barrés…