(Terminé) Chaotic Scientist is coming home [PV Waverly Shock]

Un appel pour m’avertir de ton arrivée – je finis de ranger ma dernière invention épineuse, aseptisant ainsi mon laboratoire et le dénuant de toute personnalité en même temps que de tout soucis. Moi qui suis méticuleux, mon laboratoire autant que mon appartement sont parfaitement rangés, mais là, c’est un autre niveau. Rien sur les tablettes, certains éléments chimiques si sous clef, et puis je remonte dans mon appartement, pull de laine mauve sur le corps, pantalon noir et, bien sûr, mes pieds en pantoufles duveteuses. Certes, ce n'est pas un équipement adéquat pour la science, mais- mon laboratoire, mes règles. En ouvrant la porte, je suis confronté à ta bonne humeur; de mon œil valide j’analyse ta tenue, ton teint, Shocky qui est dans tes bras et la sac de vivres que tu as apporté. Avant de te laisser entrer dans l’appartement, toutefois, je m’impose quelque peu, glissant fermement ma main sous ton menton pour plonger mon regard dans le tiens le temps de quelques secondes effroyables. Tes cernes; tu as l’air très fatigué. J’ai à demi l’envie de te renvoyer chez toi, mais tu ne serais pas du genre raisonnable et tu n’irais pas te coucher, alors autant te garder à vue. « Veux-tu que je fasse du café? » dis-je comme si de rien était, ma main se retirant alors que le contact avec ta peau me brûle l’âme. Je me fends d’un pas vers l’arrière pour te laisser entrer et ensuite fermer la porte derrière toi, la verrouillant par habitude.

Et puis je bouillonne – petite créature inférieure, tu penses que je ne remarque pas tes simagrées? Oh – mais ma colère n’a d’égal que ma patience. Je sais que le moment arrivera où je pourrai me venger sur ton petit être; ce n’est pas une question de si mais une question de quand. Je lui offre un regard condescendant en réponse, mes cheveux cachant, je crois, l’expression de mon visage pour que Jake ne la voit pas. « Bien sûr que j’habite seul » dis-je avant de capter l’illogisme de ma phrase, toi qui ne me connait pas, techniquement. Alors je me reprends : « Pas toi? » une question simple, en soit, qui détournait un peu l’attention. Peut-être habitais-tu avec un autre autobot; ça ne serait pas une bonne chose pour moi, ça. Nous passons par le petit salon à l’entré, puis vers la cuisine, avant de descendre les escaliers qui mènent au sous-sol.

Verrou électronique désactivé, et nous entrons dans ma laboratoire. Il n’y a rien d’accueillant ou d’invitant ici, mais je suis équipé de quelques ordinateurs, de matériaux de base et puis d’outils pour tout assembler, le tout placés méthodiquement dans leur espace de rangement respectif. Quelques inventions avaient été mis sous clef, sous un dispositif différent que celui utilisé pour la porte du laboratoire. Parce que tout normalement, si quelqu’un entre dans le laboratoire, alors il aura accès aux choses plus sensibles, si je mets le même genre de verrou partout. C’est juste la solution logique! « Bienvenue dans mon laboratoire. C’est petit, mais cet espace me suffit » ah; je remarque une trace de brûlure sur un des murs que je n’ai pas repeint depuis, et – étrangement, même si je sais que ce genre de détail ne te dérange pas, moi ça m’énerve. Comme si j’avais voulu que tout soit parfait pour ta visite.

« Ne passons pas par quatre chemin » dis-je en m’installant sur un tabouret avec des roues, t’invitant à faire de même. « L’invention pour laquelle je voulais solliciter ton aide s’appelle le dispositif psychique cortical. Est-ce que le nom te rappelle quelque chose? » Je te regarde avec un brin de curiosité. Tu ne semblais pas te souvenir de gens, ou d’événements, mais les inventions, elles?

Je me fais une note mentale par rapport au café, et te juge silencieusement alors que tu dandines sous mon nez ta boisson énergisante, exposant du même coup tes paquets de bonbons. Moi je préfère maintenir une bonne hygiène de vie pour me garder réveiller, mais je peux comprendre l’attrait de ces béquilles, aussi temporaires fussent-elles. Mais moi, je note et je note. Pas de café, un colocataire, Sakhr de son nom, et vous avez une relation assez proche s’il gère vos finances pour vous deux. Je grommèle quelque peu dans ma barbe sans m’en rendre compte – je dois être en proie à un sentiment que j’ignore, mais je ne m’en formalise pas. Avec toi maintenant ici, je sens bien qu’il n’est question que d’un peu de temps avant que je puisse atteindre mes objectifs, et à ce moment-là mes émotions seront choses du passé. Je m’arrête, toutefois, l’espace d’une seconde pour te regarder. « On ne peut pas dire que je les aime, non » dis-je simplement, une ombre dans le regard et une note hautaine dans ma voix, alors que mon visage reste neutre. « La plupart des gens sont bêtes, incapables de voir le génie là où il repose » et puis -comme si c’était là la source du problème- j’ajoute; « Mais pas toi » parce que toi tu m’es égal en intelligence, un fait dont peu de gens peuvent se targuer, et que je value ton opinion.

On peut dire en tout cas que ton esprit vagabonde pas mal – toujours à la quête du prochain sujet, de la prochaine question, de la prochaine réponse. Ton regard s’attarde sur mon pull et moi, j’extrapole. Comme avant que tout éclate entre les autobots et les décepticons, comme dans ce moment trop bref, trop flou de nos vies où, il y a des millénaires, nous nous sommes fréquentés. Cela me revient surprenamment vite, en tout cas, et je ne sais pas trop ce que ça signifie. « Il est doux » dis-je simplement sans extrapoler; à toi de faire la suite de tes conclusions, si tu te rends même compte que c’était une question que tu te posais. Je te laisse aller ici et là dans mon laboratoire, content d’avoir tout mis sous clef juste à voir comment tu passais d’un truc à un autre. Heureusement, ton Shocky fait la moitié du travail pour moi, c’est-à-dire de t’empêcher de faire des bêtises. Mon travail à moi consiste à orienter tes pensées quelque peu.

« La mémoire, exact » fis-je, d’une part déçu que ça ne te dise rien de plus, et d’une autre part rassuré parce que je pourrai mettre mon plan à exécution. Je retire un petit linge qui était posé sur le dispositif psychique cortical que j’avais bidouillé jusque là, une reproduction exacte du modèle que j’avais dans mon univers, si ce n’est de la qualité inférieure des matériaux qui le composent. « C’est effectivement un raccord. Il devrait pouvoir fonctionner sur des créatures biosynthétiques. En somme, de la technologie vivante » petit regard vers Shocky; le câble est bien trop gros pour lui, mais peut-être qu’un version miniature pourrait être utilisée sur lui… « Ce dispositif était utilisé sur des organismes tels celui que tu as vu en rêve pour faire ton robot. J’ai le problème de l’alimentation du processus, parce qu’habituellement c’est les composantes bioénergiques qui permettent au dispositif de fonctionner » je m’arrête; pas besoin de vérifier que tu as tout compris, je te fais confiance.

« En plus du problème d’alimentation, j’ai le problème du patient. Sans ses organismes biosynthétiques, je ne peux pas tester ma construction. C’est là que tu entres en scène. Je crois que je veux chercher à modifier mon invention pour qu’elle fonctionne sur le cerveau humain. Il faut donc trouver une autre manière de se brancher, mais en soit, je sens que ça peut marcher. Simplement parce que le processus est biologique, et que les humains, aussi différents soient-ils, sont nécessairement capable d’accomplir le même but. Et qu’on soit clair. Je chercher à faire ce processus pour aller dans tes mémoires et te permettre de te souvenir de ton passé, si tu le souhaites. » parce qu’après tout il fallait te laisser l’illusion du choix. « Je te montre les schémas? » dis-je, un sourcil haussé. À savoir si tu allais embarquer dans cette folle aventure…

Illogique; évidemment qu’il y avait une différence au niveau de l’intelligence de tout un chacun. Je refuse quelque peu d’accepter que tu parles d’intelligence émotionnelle autant que d’application mathématiques, mais mon cœur refuse – je suis supérieur aux autres en ce sens, et c’est un simple fait, pas une accusation. Mon ton se fait toutefois un peu plus doux; « Il ne t’était pas dédié » dis-je en référence à ce fameux ton que j’ai employé. Un autre n’aurait peut-être pas relevé, mais je commence à accepter le fait que tu sois peut-être capable de repérer facilement les effets de mon comportement, tout comme je ressens une certaine familiarité avec le tiens. « Je pourrais y arriver seul » que e prend quand même la peine de te dire – aucune chance que je te laisse croire que tu m’es indispensable, quoique tu seras sûrement d’une grande aide. « Certains types d’intelligence sont plus efficaces que les autres » que j’ajoute toutefois. « Et si je sais que toi tu es différent, c’est à cause de ton… » petite pause dramatique alors que je zyeute Shocky, un sourcil levé « robot. Ce n'est pas tout le monde qui est capable de programmer des IA aussi développées, et ça, tu dois le savoir. L’humilité ne sert à rien » non; pas quand j’ai l’impression de te connaitre et que je sais de quoi tu es capable. Mais il est trop difficile pour le moment de t’avouer que je connais l’étendue de tes capacités et plus encore – le moment ne semble pas être le bon. Je m’étends dans un mensonge par omission, pour ainsi dire.

« Ce n'est pas grave » dis-je, un peu surpris de voir la timidité sur ton visage. Ça donne envie de te taquiner – et moi je combats cette folie, parce que nous ne sommes rien l’un peu l’autre, peu importe les résultats, n’est-ce pas? Nous avons déjà dansé cette dance, nous nous sommes déjà déchirés pour nos idéaux. Deux facettes de la même pièce, tout aurait été plus simple si on avait pu s’entendre sur le pourquoi du comment. Vite – je prend mon ordinateur portable et je commence à noter tes idées, même si en soit ça tournait autour de ce que je m’étais déjà imaginé. J’ouvre rapidement un diagramme représentant un cerveau humain, une application 3D de ce à quoi le cerveau peut ressembler. « Pour stimuler les mémoires de quelqu’un, il faudrait se rendre à la base de l’’hippocampe, du néocortex et de l’amygdale, pour commencer, comme ils touchent toutes les mémoires explicites,  spécifiquement les événements » dis-je en montrant les zones précises du cerveau. « Et pour être plus efficaces, on pourrait modérer les effets au présent et gérer aussi les noyaux gris centraux et le cervelet » hésitation; « Par contre ça fait beaucoup de zones à gérer et à monitorer. Ce serait moins un problème si ce n’était du fait que les circuits sont délicats et qu’une telle tâche demande une quantité importante d’énergie » oh; j’ai failli dire energon, moi. « et qu’une telle énergie fait invariablement surchauffer l’équipement»

Je pointe l’extincteur qui est situé pas très loin, par mesure de sécurité. C’est mieux si tu sais, après tout. « Les câbles, je peux les commander, ou les fabriquer, ce n’est pas un soucis » dis-je en l’ajoutant à une liste interminable de choses que je dois faire. Pas que je ne me garde pas à jour, mais plutôt parce que je me garde très occupé. « Pas fou, non » dis-je d’un voix plus tendre que d’ordinaire. Toi tu roules roule et roules et je te reconnais là; mon cœur se sert d’un espoir que je n’ai pas le droit de m’accorder, pas après tout le mal que j’ai pu faire. Je maudis Cheetor pour cette moralité étouffante qui m’agresse au détour de chaque action, comme si quelqu’un me jaugeait au loin – mais que cette personne était moi. J’attrape d’un mouvement vif le dessous de ton tabouret, te tirant d’un mouvement vif et brusque vers moi.

Redressé sur mon tabouret, mon visage trop près du tiens, mon œil sondant les tiens, je dis d’une voix grave et basse; « J’ai un intérêt tout particulier en tes souvenirs » c’était la dure réalité, et manipulateur que je suis, j’ajoute; « Parce que je connais aussi ton Shocky » yeux qui n’osent se départir des tiens, mais pourtant qui cherchent ton robot miniature d’un œil insatisfait. « Et que- » à quel point est-ce que je pouvais en dire? J’observe la courbe de ta mâchoire, et pourtant je ne te reconnais pas dans ce corps frêle et chétif, une simple branche dans le vent. « Tes souvenirs reviennent, mais pas assez rapidement à mon goût, c’est tout. Et il y a certaines choses que je voudrais voir de moi-même… » silence dans la salle, je retire ma main de sur ton tabouret. Je me sens brisé, entre l’espoir et l’idée que tu ne dois pas être la bonne personne. Ça se lit dans mes yeux, et pourtant le reste de mon visage est de marbre. Je te laisse rouler là où tu le veux à nouveau.

Je me lève et me dirige vers une grande table de travail, où je glisse mes schémas et t’invite à les regarder d’un mouvement de la main. Pourtant dans mon esprit c’est des ton shampooing sent bon et des tu as de beaux yeux qui n’en finissent plus. Vivement que je perde ce corps; que j’en oublie la douleur causée par les sentiments, les erreurs causées par eux aussi. « Qu’est-ce que t’en dis » dis-je en te pointant la fiche explicative détaillée de mon écriture parfaitement maitrisée.

C’est tellement toi comme réplique. Évidemment que tu vois le bon dans les émotions, tu vois le bien partout, peut-être même en moi. « Ce n’est pas tout le monde qui a la capacité de faire quelque chose de leur intelligence » que je te concède à moitié; « L’ambition doit y être pour quelque chose » mais suis-je ambitieux? Moi, le second de Megatron? Certains diront qu’évidemment, mais dans les faits, ce titre m’en revenu simplement parce que j’étais le plus qualifié pour l’emplois, rien de plus. Je cherche l’excellence – et ce titre n'est que ça, un titre. Il ne me compose pas dans la totalité, comme d’autres sont attachés à leurs titres et positions. Puis; c’est vrai que j’ai déjà vu des Ai plus développées, mais pas ici. Enfin; j'avais toutes une armada de petits robots à mon service, après tout, des versions miniatures de moi-même pas si différentes de ton Shocky miniature, si ce n’est qu’elles sont plus près de ma version véhicule. Pourtant tu piques ma curiosité; qui donc ici a les ressources et les compétences pour faire quelque chose mieux que toi? « Hey bien » dis-je simplement, « J’espère que tu me les présenteras, alors » petite pique pas trop sérieuse, mais sa curiosité était plus grande que sa panse.

« Oui, je suppose que c’est le problème avec le cerveau humain » dis-je, grommelant et insatisfait de mes idées. J’ai l’impression de tourner en rond. Mais dans les faits, même avec un cerveau cybertronien, y’avait des possibilité de dommages assez grands; après tout ais-je tenté d’implanter de faux souvenirs dans la mémoire de Bumblebee quand j’étais dans notre monde. « C’est pourquoi il faut bien choisir la personne que l’on envoi dans nos mémoires » et moi – moi je m’impose pour te le faire faire, comme si c’était un rien, comme si c’était normal. Mais je sais que tu finiras par céder et vouloir tester l’invention toi-même, et c’est là que je gagnerai l’avantage. Et puis – me voilà qui prend des notes, mes doigts fusants sur la clavier de l’ordinateur. Je pointe d’un mouvement sans expression un coin de mon laboratoire qui est occupé par une large machine de confection humaine, si ce n’est que j’y ai fait quelques modification. « J’ai effectivement une génératrice » je lève les yeux vers toi, mi-figue mi-raisin; « Il y a eu quelques plaintes de la part des voisins » sûrement quelque chose que tu pouvais comprendre, même sans te souvenir de Cybertron.

« Bon plan pour les produits refroidissant  »te dit-je sans gêne aucun; il n’y a rien de mal après tout dans le fait de relever l’astuce des autres. « Mmph, oui, c’est plus sécuritaire d’en avoir un » dis-je, pas du tout étranger aux petits feu en tout genre. Déjà que ces appartements ne sont pas faits de la meilleure construction, en soi. Je te tire vers moi et tu es surpris – normal -, me reprenant rapidement. Est-ce que j’ai l’attention d’arrêter, quand ça te tire de si belles réactions? Et je me rends compte avec horreur de l’emprise de mes émotions, je me renfrogne quelque peu et me remets à ma place. Ça ne devrait pas m’amuser, ça ne devrait pas me donner espoir que c’est bien toi qui me fait face. Même si c’était le cas, comment pourrais-tu un jour me pardonner? Pourquoi, de toute manière, le voulais-je? Tu serres Shocky contre toi et je jalouse ce petit être rudimentaire, positivement inférieur. Et puis à voir ton enthousiasme renouvelé, je me doute bien que j’ai touché, au minimum, à un sujet qui t’intéressait, assez peut-être pour te laisser persuader de rester pour quelques expériences.

« Je le connais, oui. Ou en tout cas, une version de lui. Je suppose que tu le sais, ici les univers et les multivers sont en collision. Je ne me sens pas à l’aise de t’en parler, toutefois – justement parce que je ne sais pas de quel univers tu proviens. J’espère que tu comprends la valeur de tes souvenirs, en ce sens. Mais ils sont tiens et je comprends que tu veuilles peut-être ne pas les partager » oh; je ne dis pas ça par délicatesse, loin de là. Ce n'est qu’un énième stratagème pour attiser ta confiance, et, franchement, j’ai l’intention d’aller obtenir tes souvenirs d’une manière ou dune autre. Pourquoi ne pas coopérer, plutôt? Cela te sera bien plus agréable. Tu t’es rapproché et moi, je souris, brisant la monotonie de mes expressions faciles. Je lève la main pour venir caresser ta joue, un réflexe qui n’a pas lieu d’être, mais heureusement tu m’interromps d’une affirmation, puis d’une question, qui me troublent.  « Oh » c’est à mon tour d’être timide. Et, surtout, d’éviter la question « C’est surprenant, comme j’ai un œil invalide » je soulève un peu ma longue chevelure pour t’exposer mon œil gauche, fort d’un voilage blanc qui le recouvre.

Et pour ce qui est de ne pas aller – est-ce vraiment l’impression que je donne? Je tente un sourire pour te rassurer. « Ta perte de mémoire me trouble, tout simplement » c’est n’est qu’un demi mensonge – après tout je m’en inquiète vraiment. « Et puis- il y a… ne serait-ce qu’une possibilité que nous venions du même univers. En mes quatre ans ici, j’ai été plutôt solitaire dans mes entreprises. Je n’ai croisé personne que je connaissais, alors- » regard qui ne t’évite pas pour autant; je fais face à mes problèmes. « mes espoirs reposent sur toi, et tes souvenirs » puis je trouve un problème dans ma logique et je l’adresse aussitôt; « j’ai peut qu’en te parlant de mes propres souvenirs, je ne vienne teinter ta propre perception d’événements clefs de ton univers » voilà; tout était bien expliqué, là. Par contre, pour moi c’est de prendre un risque, parce que tu pourrais te douter que je suis un cybertronien, au minimum – et qu’avec mon nom, il ne sera pas bien long avant que tu fasses deux plus deux. Il te suffirait de si peu pour découvrir qui je suis – et le mal que je peux te faire. Heureusement, nous passons aux schémas.

Sans faire attention, voilà que ma main se cale dans le creux de ton dos alors que je me penche pour te montrer quelque chose de précis sur les schémas produits par l’ordinateur. « Oui, c’est tout le défi de travailler ici. Il me manque pas mal de composantes qui autrement sont faciles d’accès. Peut-être que si j’œuvrais pour une firme, j’aurais plus de facilité, mais j’aurais également moins de contrôle sur mes créations, et ça, je ne trouve pas ça acceptable »

Ton rire qui sonne est doux à mes oreilles, une part d'innocence qu'on chercherait volontier à posséder, pas pour soi, mais comme trophé. « J'aimerais te voir essayer » dis-je d'une voix grave, mes yeux se fermant à demi tel le chat repus; un sourire éphémère sur mes lèvres, je me rappelle les mille et une fois où nous arrions pu éteindre le Spark de l'autre sans le faire. Parce que malgré mon manque d'émotions et mon ambition sans bornes, ça restait illogique de le faire, tout simplement. Qu'importe, si tu ne veux pas me les montrer, je trouverai éventuellement le temps de trouver seul.

« Mmph. Voilà pourquoi je travaille à mon compte, je n'aime pas qu'on se mette dans mes pattes. Au moins ça me permet de te montrer ce sur quoi je travaille sans problème » enfin; ironique à dire quand je les ai toutes mises au placard, mes inventions, pour garder une certaine… confidentialité. Mon expression redevient neutre alors que je te dis: « Les IA de tes robots animaux, c'est ça? » parce que je me souvenais des petits robots dans l'écran de ton téléphone, après tout. « Oui, j'adorerais que tu m'en parles » et puis je tente, juste pour voir; « Sont-ils eux aussi issus de tes souvenirs? » parce que si c'était le cas - non, en fait, ça ne voudrait rien dire. Parce que je suis retourné vers l'Allspark et que toi, tu aurais pu vivre encore des millénaires avant de tomber ici.

Et pourquoi est-ce que ça ne me surprend pas que tu sois encore un danger ambulant? Je me retiens de tout commentaire, quoique je sois légèrement amusé par cette image. Encore, je ne peux pas parler, vu tous les dégâts que j'aie pu causer avec mes expérimentations à même mes collègues cybertroniens. Un léger tiraillement de mes entrailles alors que j'y songe, et pourtant je me convainc que c'était nécessaire. « Bien, ça risque d'être facile d'accès alors. » dis-je d'un hochement de tête appréciatif. Il y avait des avantages certains à se familiariser avec la technologie humaine, aussi archaïque et différent fut-elle de la technologie des décepticon.

« Peut-être moins risqué qu'on pourrait le croire. Après tout ne sommes-nous pas morts, même si changés et incomplets. Enfin, si c'est là que nous sommes. Ça pourrait expliquer l'espace à la fois restreint et infini dans lequel nous nous déplaçons. Ainsi que la présence de personnes de plusieurs temporalité, par exemple » toutes des théories qui ne resteront que ça, des théories. « Et le fait qu'il n'y ait pas d'espace » coeur qui me serre à cette idée, parce que si non là-haut, où est notre Cybertron? Parce qu'avec tous mes défauts (et quelques crimes de guerre), je n'ai jamais voulu autre chose que d'y être. Peut-être était-ce là la source de tous nos problèmes, de refuser de vivre mieux, ailleurs.

Je cache ma surprise comme je peux; évidemment que tu t'attendais à ce que je n'aille qu'un seul oeil fonctionnel. Mais je crois que ça m'handicapait moins dans ma forme cybertronienne, quand même. Les meilleures technologies actuelles? Ah, si j'avais des larbins, j'irais bien les y envoyer, à ton lieu de travail. Rien de mieux qu'un petit larcin ou deux pour égaliser les chances et s'inspirer, vraiment.

Tu te laisses tomber; as-tu besoin d'aide? Je reste là sans bouger, à t'observer gravement. Ais-je même déjà eu la capacité de faire preuve d'empathie? j'en doute, et je ne te réponds même pas. Non, pire- je me tourne et je quitte le laboratoire, t'y laissant seul sans plus un mot. Pourtant dans ma tête, ça fuse. Comment t'aider? Je suis supposé n'être qu'un inconnu, ne pas savoir ce qui est bon pour toi. Mais impossible de te laisser ainsi - ça me fait bien trop mal se te voir en déroute. Et puis je me dis, si tu es bien qui je crois que tu es, ais-je vraiment cherché, par le passé, à vouloir le mieux pour toi? Par manque d'empathie, je me trouve un peu démunis face à ta douleur.

Qu'importe. Je me glisse sans bruits jusqu'à toi et, sans prévenir, je glisse un petit lapin blanc dans tes bras. Il est bien meilleur que moi pour remonter le moral, je le sais par habitude. Je te laisse comme ça, au sol, le temps que tu te sentes mieux. Je ne serai pas très loin quand tu iras mieux, et je pourrai même t'aider à te relever s'il le faut. Je regarde Shocky, outré qu'il me renvoit mon air désemparé. Ce que je déteste cette bestiole…

« Tes souvenirs me sont utiles, tout simplement » qu'il est adroit de ma part de te le glisser pendant que tu n'as pas toute ta tête. «Dans toute histoire il y a trois côtés. Le tiens, le leur, et la vérité. Je suis à la recherche de la vérité»

Seul un grommellement peu majestueux te réponds, moi qui fait mine d’observer mes maquettes. J’oscille ça et là entre deux envies; celles de ne pas voir naitre d’autres dinobots tel que Grimlock, et celle, plus irrésistible, de te proposer de t’aider à les concevoir, juste par plaisir de voir ce que nos deux génies peuvent concevoir ensemble. Mais je conçois que les machines que tu as faites jusqu’ici, dans tes tempes libres en tout cas, n’ont pas la « sophistication » (avec de gros guillemets, Grimlock étant un bourrin) d’un autobot. Mais drôle – ah ça, oui, je te reconnais bien là. Mes inventions à moins sont toutes nées d’une nécessité ou d’une autre, pressé comme je l’étais, comme je le suis, à toujours plus fournir pour la cause des décepticons ou, plus récemment, à juste… pourvoir exister en dehors de ce corps qui ne me sied point. Donc drôle; oui, il fût un temps, bien lointain, où peut-être que je faisais ce genre de prototypes par pur plaisir de la chose. Peut-être qu’avec toi à mes côtés, je pourrais y reprendre goût, mais il serait mal avisé de ma part de croire que tu voudras inventer à mes côtés. Parce que d’une part tu ne me connais pas – et que de l’autre, si tu te souvenais, ça ne te donnerait que plus envie de fuir, n'est-ce pas? C’est une mince ligne à naviguer, en ce moment, mais ta présence à elle seule me donne envie de respirer en bon coup – et de soupirer longuement, pas par dépit mais plutôt de soulagement. Toi qui vois de l’intelligence partout, tu ne vis probablement pas cette solitude pesante que je ressens, que j’ai ressenti à l’idée de ne jamais recroiser un géni tel que le nôtre en cet univers.

Et toi- face à mon mutisme sélectif, tu m’invites chez toi, chez vous. Sakhr; un nom que je ferais bien de retenir. Et pourtant, face à ta bonté et ta bonhomie, le pire de moi ressort, une jalousie sans nom que je ne m’explique pas. « T’invites souvent de parfait étrangers chez vous? » je tente un sourire affable, mais ce n’est pas un mouvement qui me vient facilement, et j’ai sûrement l’air un peu trop crispé pour que cette phrase passe comme pour une blague. Et pour autant- n’est-ce pas moi le premier qui prend ainsi mes aises? À t’inviter chez moi, dans mon laboratoire, avec juste une moitié de piste quant à qui tu es? oh; disons-le franchement, avec juste la moitié d’un espoir quant à qui tu es? Je suis trop prompt à y croire; j’imagine Wheeljack dans tous tes mouvements et certaines façons que tu as de dire les choses ou de rire avec abandon, parce que ce seraient les preuves de qui tu es, plus que toute autre chose. Les choses qu’on fait sans s’en rendre compte, après tout, mentent moins que nous.

Et puis- oh, deux sujets un après l’autre qui me contrarient, je me redresse et te regarde, l’air passablement outré. « Essaie toujours » moins une offre et plus un ordre, à vrai dire. « Toi qui dit que tout le monde a de l’intelligence… semblerait que cette considération s’arrête à moi » haussement de sourcil provocateur alors que je croise les bras sur mon torse. Et puis- oh bordel, pourquoi est-ce que je ne suis pas capable de te parler normalement? Oh; normal, je n’ai jamais été. Toi non plus, d’ailleurs, mais là – j’ai l’impression que tu me fais du mal, même sans le vouloir. Et moi, je suis trop susceptible, alors que les dires des autres ne me font généralement ni chaud, ni froid. « La mort… » murmure un peu plus doux alors que je soupire, venant me gratter la nuque. Je n’en garde pas un bon souvenir, de la mort, qu’importe à quel point je l’ai relativisé à l’époque. « Non, je suppose que ce ne serait pas… fun, comme tu dis. Vaut mieux un simple déplacement d’un univers à l’autre, quoiqu’un rêve douteux serait mieux encore. Pas de chance sur ce point-là. »

Et puis- tu es par terre, tu dis à ton Shocky de se calmer et moi, je ris un bon coup. Évidemment qu’il ne m’aime pas – et que c’est réciproque. « Il sait simplement identifier la compétition » marmonnais-je avant de m’accroupir à votre niveau, à Canard et toi. Accoudé contre mes cuisses dans le asian squat le plus parfait, je t’observe un instant. « Il s’appelle Canard, et moi non plus, je ne pensais pas que j’aimerais les lapins. Enfin celui-là. Avant d’arriver dans ce monde, j’avais… enfin, ce qu’on peut considérer comme plusieurs... animaux? Créations? Canard me fait office de compagnie et d’écho chamber à la fois. » Je tends la main pour venir le caresser entre les oreilles, frôlant ta main au passage. Les poils de mon bras s’hérissent, mais heureusement, ils sont bien cachés par mon pull de laine. Tu semble en proie à… quelque chose? Alors j’attends un peu, et je te dis sans montre le ton; « Bien sûr que tes souvenirs ne seront pas neutres. Comme j’ai dit. Y’a ton côté des choses, l’autre côté, et puis la vérité. La meilleure manière d’arriver à la vérité, c’est déjà de commencer par avoir un échantillonnage de deux côtés divergents » petit moment de pause. « Je m’occupe de trouver le côté divergent, mais voir certains de tes souvenirs, avec ta permission, me permettrait d’établir une ligne de recherche » oui; justifier ces recherches avec le plus de jargon possible, pour atténuer tes réserves.

Et puis - soyons francs, tu ne serais pas Wheeljack à refuser une aventure du genre.

Oh, mon cœur; je croirais être atteint d’une maladie fatale si je n’avais pas reconnu là les affres de l’amour. Une chaleur qui subjugue, partant du cœur pour se répandre dans tous le torse de manière agréable pour se terminer au visage dans un mouvement plus violent, mes joues se colorant légèrement alors que la bouffée de chaleur finit de se répandre. Et moi, tel l’homme qui a été percé fatalement d’une flèche au cœur, je pose ma main droite à l’endroit de ma blessure fictive, comme instinctivement, avec en tête des comme il est mignon sirupeux qui me hantent. Je ne réponds pas de suite – je ne le peux pas. Mais c’est tant mieux, parce que tu as l’air de vraiment souffrir et un peu de silence te fera sans conteste du bien. « Pardon » dis-je dans un souffle de rien; impuissant face au malaise qui te prend et te contrôle. Le premier réflexe serait peut-être de t’ensevelir de as-tu besoin d’eau et de as-tu besoin d’une compresse et puis quoi encore, mais j’opte plutôt pour te laisser gérer ton propre mal, restant à portée pour t’offrir de l’assistance si tu en a besoin. Quand même, c’est toi qui fini par rompre le silence, et ta question, bien qu’évidente, me prend légèrement de court. « Parce que nous avons tous les deux le même sens de la mode » dis-je en pointant mon pull mauve, tentant maladroitement de détourner quelque peu la question. C’était, après tout, pas vraiment la peine d’en faire tout un plat, surtout pas pour une créature si insignifiante.

« ils savaient danser, oui » que je glisse, peut-être l’air un peu plus grave et solennel. « Ils ne m’ont pas suivis ici, et je n’ai pas terminé leur construction, comme j’étais pressé de finir le dispositif psychique cortical » oh; pourquoi est-ce que je parlent d’eux non pas comme mes créations, mais comme mes enfants? Ils ne sont que des constructions sans âme, pourquoi pleurer leur perte? Pourquoi cette émotivité maladive que tu cause en moi? Mais mes mini-moi me manquent; ils rendaient plus faciles l’espionnage industriel, tout comme ma main télékinétique était fort pratique pour aller me chercher mes outils. Toutes des inventions sur lesquelles je comptais me pencher une fois que le dispositif serait complété. Je pourrais te montrer des plans de mes drones, mais – oh, non, ça, c’est bien un sujet que je compte garder pour moi. Oh- et puis mouvement de recul que tu as fait, mais fait faire de même, nos yeux se croisant un instant pour bien cimenter le malaise entre nous. Et puis je me souviens; avec ou sans souvenir, évidemment que ce contact serait dérangeant, alors je ne m’en formalise pas, bien pour une fois.

Canard, au moins, semble faire son travail. « Serais-tu plus confortable dans le salon? Je peux te transporter jusqu’au canapé, Jake, si tu le souhaite. J’ai une jetée toute douce, en plus. » Quoi, c’est pas parce que je suis un génie du mal que je dois avoir des couvertures de laine qui grattent, hein. Que le meilleur pour moi et cette enveloppe sensible qui me porte maintenant. De toute manière, tu m’as déjà donné ce que je voulais, à savoir des pistes quant à la suite des procédures pour le dispositif psychique cortical; tu peux bien te reposer maintenant, il ne sert à rien d’insister. « Ça t’arrive souvent, ce genre de flash? » oh, je ne suis pas médecin, moi, mais ça m’intrigue au moins autant que ça m’inquiète. Ça donne l’impression que ton cerveau d’humain ne peut pas contenir tous tes souvenirs cybertroniens, ça, même si c’est peu probable puisque j’y arrive sans problème. Ais-je perdu, donc, de mes souvenirs? Je n’en ai pas l’impression, mais après tout la mémoire est-elle une faculté qui oublie. « J’ai confiance qu’il soit possible de traiter quelque peu ces épisodes avec le dispositif psychique cortical. Faire le tri entre tes souvenirs, les ramener à toi. Ce n’était pas l’utilisation première de cette invention, mais elle a déjà été utilisée de la sorte » tentais-je de te rassurer. Pas que tu en aies besoin, après.

Un autre aurait pu être outré, blessé. Pas moi; ma patience résiste à bien des choses, et je connais ta propension à la blague. Que tu ne dis pas ça sérieusement, après tout, alors pourquoi m’en faire? J’ouvre la bouche pour te répondre, et puis je la referme. Est-ce qu’il vaut vraiment la peine de te répondre. « Les questions de mode » dis-je doucement, « ne sont pas illogique. Les êtres vivants ont tous des besoins différents; certains utilisent la mode pour se rassembler, d’autres pour se sentir unique » oh; est-ce que je suis en train de justifier mon petit mensonge? Oui. Et voilà la raison pour laquelle il ne servait à absolument rien de te mentir, tu étais trop intelligent pour laisser glisser de petits commentaires. J’hésite; mes lèvres semblent frémir et puis je dis, bien gravement, pesant mes mots au pas possible : « Si ton Shocky et moi on était pas uniques, tu ferais quoi? » bon – manière très détournée de poser la question, et peut-être ne comprendras-tu pas où je peux vouloir en venir. Après tout je ne suis certainement pas une IA miniature et ta création, mais l’idée est là. Je suis Shocky. Un surnom qui fait mal à l’âme, quand il est entendu pour en nommer un autre. Alors oui – ton petit robot, là, je le hais cordialement. Ça n’a pas grand-chose de rationnel, oui, mais ça, je préfère ne pas en parler, ne pas l'avouer. Petit sourire en coin qui se dessine sur mes lippes, suivant tes prochaines paroles. « Oui, je vois ça. Fait attention à ce que Canard ne te chipe pas tes bonbons quand même. Et qu’il ne touche pas au sol, c’est pas très sécuritaire pour lui ici. » oui; mon Canard, j’y tiens comme à la prunelle de mes yeux. Mais tu n’oseras pas lui faire volontairement du mal, je m’en doute (qui le pourrait), alors j’essaie de ne pas trop m’inquiéter. Quand tu iras mieux, j’irai le mettre dans son enclos (l’entièreté du salon).

Et puis- est-ce que tu vois vraiment tes souvenirs, te souviens-tu réellement, ou me mènes-tu en bateau? Tout semble congruer vers toi, et j’ai espoir, et j’ai de la crainte aussi. Parce que je ne veux pas recommencer d’anciennes disputes, parce que je ne veux pas te faire peur, parce que je sais que tu regretteras de m’avoir fait confiance quand tu auras retrouvé les bons souvenirs. C’est comme ça; une fatalité, en soi. Ou en tout cas une itération de toi et je me relève, je tapoche sur mon ordinateur portable pour faire une commande de matériel refroidissant pendant que toi tu calmes tes douleurs au sol. Se sentir impuissant face à ta situation me laisse la tête en bourdonnement, en quelque sorte, parce que mon cerveau s’occupe mais que mon cœur reste avec toi et- n’est-ce pas un peu tôt, tout ça? Ou, à l’inverse, est-ce que ces sentiments arrivent des millénaires trop tard, remisés dans un coin de mon être quand j’ai retiré mon module d’émotions? « À nous deux » acquiesçais-je, « Je sais que nous trouverons une solution à ce petit problème de rien. Déjà le refroidissement des câbles est prioritaire. Parce que des câbles qui fondent, c’est un problème, certes, mais des câbles qui fondent lorsqu’ils sont connectés à des têtes, ça, c’est- enfin je te laisse imaginer les dégâts potentiels. Au moins avec cette version archaïque ne risquons-nous techniquement pas de perdre le conscience de quelqu’un. Je ne crois pas que tu aies envie de vivre le reste de ton existence mortelle avec moi qui flotte dans un des recoins de ta tête »

Tu dis aller mieux, et force est de constater que tu vas mieux. Comme quoi le pouvoir réparateur des sucreries n’est plus à refaire. C’est inquiétant, tout ce même, ces petits épisodes – je n’ai aucun conseil à te donner, mais évidemment j’imagine que tu as dû consulter sur le sujet auparavant. Quoique – tu pourrais aussi avoir prétexté ne pas avoir le temps. Avec toi, on est jamais sûr, je crois.

Plus à aimer! Ah- je vais finir avec de la carie dentaire si tu continues à être tout sucré comme ça. Bon à croquer, même. Je conçois que pour toi, ça ne te fait ni chaud ni froid que quelqu’un te ressemble, et au fond même si je croisais un humain avec la même apparence que moi, je crois que je m’en foutrais aussi (de toute manière, tous les humains se ressemblent, c’est un bordel monstre les différencier), mais- mais mon corps cybertronien, comprends, il m’a fallut bien du temps à l’apprivoiser. Apprendre à en aimer les défauts, la différence qui m’a été imposée. Jusqu’à en faire des copies, certes. On pourrait dire qu’au fond, quelle est la différence entre ton petit robot et mes drones? Elle est tout là : c’est qu’ils ont toujours été une extension de moi. Les petits comme les gros, qu’importe, jusqu’à la fin –ma fin- ils ont été une partie de qui j’étais. Ton robot est peut-être issu de tes souvenirs de moi, aussi flous puissent-ils être, mais il ne fait pas parti de moi. S’il acceptait son statut de possession, de créature remplaçable, là ce serait autre chose, mais évidemment tu as l’air de le gâter pourris et ça, ça n’a pas l’air d’aider sa personnalité. Non; mes drones sont une partie de moi et, en tant que tel, n’ont jamais eu besoin que je les cajole et les rassure. À mon image; logiques et sans émotion. Pas comme ton bidule. Plus comme mon Canard. Autant je comprends le chouchouter; mais Canard, je ne peux pas simplement le réparer s’il tombe malade, lui. Mais tu as raison en au moins un point : nos comportements sont bien différents. Je suppose que je peux être le plus adulte des deux et-

Mon regard tombe sur Shocky. Je cligne rapidement des yeux, incertain. Il est en train… de me montrer son arrière. Je crois qu’il me montre sa lune? Je glisse les yeux vers toi, préférant ne pas m’attarder sur son petit manège sans importance. C’est pas demain que nous nous pardonnerons, en tout cas. « C’est pas ta faute » dis-je simplement, « Les animaux de compagnie sont souvent comme ça. Surtout ceux pourris gâtés qui ont l’habitude de manger de la coriandre direct dans vos mains » toi tu gâtes tes robots, moi mon lapin. Au fond je ne peux pas trop te juger sur ce fait, il fait étonnement plaisir de parfois s’inquiéter de l’avenir d’une créature qui n’est pas soi-même. Fallait bien que je devienne en partie humain pour que je me mette à penser à quelque chose d’aussi absurde. Je remarque ton regard qui insiste, entre ton robot et moi; je ne peux qu’imagine les contours des pensées qui t’activent, et je dis simplement « quand le dispositif sera prêt, nous pourront en deviser plus clairement » parce que je ne veux pas me faire d’espoir, ou te remplir la tête de fausses vérités. Et si ton Shockwave, celui de ton univers, était en fait sur place? Si tu fais un robot à son effigie, alors on peut penser que vous avez une bien meilleure relation que nous deux. Et à quelque part? Ça me donne l’impression d’avoir échoué avec toi, certes, une des rares personne qui me supporte et ne m’insupporte pas, mais aussi, ça me donne l’impression qu’il y a toujours la possibilité que ce soit vrai pour moi.

Et il n’aura fallut que ma mort théorique, ma transformation en humain, ainsi que de se retrouver dans un univers qui n’est pas le notre pour que je m’en rende compte.

Rien que ça.

Et pourtant – est-ce que je changerais ce qui est arrivé, avant la toute fin? Je ne sais pas. Parce que j’y croyais quand j’ai posé les geste que j’ai posé – et seul la réussite finale compte, au fond. Sauf que je l’ai raté, et ça me donne la nette impression d’avoir prit le mauvais chemin à quelque part. Parce que j’étais si près du but – gagner cette guerre maudite qui nous a divisé. « Alors j’ai bien fait de t’inviter ici » que je glisse finalement, rompant le silence pesant qui a pu s’installer entre nous. « Si tu t’occupes de l’alimentation et moi du refroidissement, on devrait aller vite. Écoutes, faisons ça; je te contacte quand je reçois, monte et teste le dispositif psychique cortical, et toi, contactes-moi quand tu auras trouvé ce qu’il te faut pour monter la batterie. Quand ce sera fait, on se retrouvera… ici, ou dans ton laboratoire à la maison, ce qui est le plus pratique. À tout le moins le dispositif devrait-il être plutôt portatif, même avec le liquide de refroidissement. Est-ce que ça te convient? » et puis- tu es toujours sur le sol, même si tu sembles avoir repris du poil de la bête. « Quand même, ce serait pas bien que je te laisse partir alors que tu te remets tout seulement de ton épisode. Si tu veux on monte au salon, et tu pourras donner de la coriandre à Canard, tu deviendras momentanément son meilleur ami. On peut mettre un programme à la télé, et cette douce jetée que je t’ai promise plus tôt. Ça te donnera l’occasion de, euh-»  regard posé sur ton sac de friandise. « manger un peu. Pour reprendre des forces. Bref je ne te lance pas dehors, si tu souhaites rester un peu. Parait que c’est agréable de parler aux gens » petite tentative d’humour que mon sourire tout cassé doit un peu faire sonner comme une menace, en fait.

Tu as hâte, je peux le sentir dans l’air. Après, pas très dur à deviner vu le sourire qui le mouvement qui t’anime, une énergie perpétuelle qui te ressemble si on en oublie ton petit épisode migraineux. Ça a l'air pas mal douloureux, de perdre ses souvenirs, pour toi en tout cas. Était-ce le cas de Bumblebee, quand je suis allé dans les siens? Ou est-ce un dérivé de ta forme humaine qui rend tout plus compliqué? Lui ai-je causé souffrance? Oh- bien sûr que je lui, vous ai causés souffrance, au fond. Avec ça et au-delà de ça. Et moi, si je ne compte pas t’implanter de nouveaux souvenirs – dans quel but, de toute manière? Cybertron est loin -, je compte quand même profiter de ta naïveté pour fouiller dans ta tête pour ainsi dire, sous le déguisement de la personne qui ne veut que bien faire. À d’autres, n’est-ce pas? Il y a bien longtemps que je n’ai pas commis un acte désintéressé; il n’y a que des mouvements calculés. On m’a dit que la logique sans émotion ne peut pas être morale; mais que ferais-je d’un brin de moralité? Il me tord et m’anime et me fait mal, mon brin d’humanité. Il me fait sentir comme un étranger dans mon propre cœur.

« Moi aussi » dis-je finalement, « Il me tarde de savoir qui se cache dans cette tête » oh- oui, je pense à moi et pas à toi, et je me fais un point d’honneur de renforcir cette idée. Comme pour accuser le coup plus tard, comme pour pouvoir te dire mais non, tu vois, j’ai toujours été comme ça. Je me penche pour prendre Canard dans mes bras et, de l’autre, je te tends la main pour t’aider à te relever, puis je te laisse mener la marche vers le haut de mon appartement, te dirigeant vers le salon où je dépose mon lapin dans son grand enclos. Je te fais signe de te poser sur le canapé, et puis je glisse sur ton corps la jetée -mauve, évidemment- toute douce que je t’ai promis. Et puis je passe par la cuisine pour prendre un brin de coriandre que je fais pousser dans un pot, et puis je te la donne pour que tu puisses nourrir quelque peut Canard, qui est très appréciatif de l’attention après qu’on l’ait utilisé comme peluche. Au moins est-il tout doux, autant au niveau du pelage qu’au niveau de sa personnalité.