[Terminé] I swear I didn't miss you, at all.

Seulement mardi et déjà c’est la catastrophe; encore une tentative ratée pour le dispositif psychique cortical que j’essaie de bâter; il n’y a simplement pas un alliage assez pur pour permettre le transfert de donné, tout en était assez résistant et, par pitié, sans partie de feu dans mon laboratoire. Qu’importe; je sors l’extincteur -je vais devoir en racheter un autre, encore- après un soupir de découragement pour disperser sa mousse sur le feu, puis je m’assois pour noter le résultat de ma dernière tentative. Pourquoi faire tout ça, vraiment, quand je sais pertinemment que je ne peux pas le brancher à cette enveloppe humaine que je possède? Mais il faut bien commencer quelque part, et dans ce monde un peu étrange, on a déjà entendu parler de cybertroniens qui ont retrouvés leur forme -la mienne viendra bien assez vite, ce n’est qu’une question de temps. N’est-ce pas bien, d’être sûr de soi? Mes notes complétés sur mon ordinateur portable, je remets mon haut, un pull de laine simple et doux d’un mauve vibrant, et je ferme la caméra qui enregistre mes faits et gestes pour une certaine clientèle. Est-ce que j’ai peur qu’on me vole mon travail? Si; c’est pour ça que toutes mes notes sont faites dans un angle où l’on ne peut pas voir ce que j’écris, et que je ne filme pas le processus de construction de mes inventions.

Fort de cette déception, me voilà qui démonte ce qui a besoin d’être démonté, puis qui se débarrasse de ce qui n'est plus utilisable, avant de passer au prochain alliage conductible de ma liste. Il me faudrait du cuivre, c’est ce qui fonctionne le mieux juste qu’à maintenant; satisfait de mon plan d’action, je ferme le laboratoire du sous-sol avec le verrous électronique et je prends mes clefs pour quitter mon appartement, direction la quincaillerie avec ma « liste d’épicerie ». Jamais je n’avais eu besoin de faire ce genre de tâche, dans mon temps avec le décepticons, et même avant la guerre, mais prendre un peu d’air permettait de se mettre de l’ordre dans les idées. Et puis, on évite de se retrouver avec de moins bons matériaux; les sous-fifres sont généralement doués pour se tromper (après-tout ne seraient-ils probablement pas des sous-fifres s’ils avaient plus de deux neurones fonctionnels), alors que moi, je ne me trompe jamais, réduisant le taux d’erreur de mes expériences considérablement.

Mais ce que je ne donnerais pas pour des métaux et alliages plus difficiles de se procurer dans cet univers.

Panier pris à la quincaillerie, je fais mine de ne pas remarquer l’horriblement grincement des roues alors que je me dirige vers certaines allées avec la précision de celui qui passe trop de temps à acheter des matériaux dans le coin. Des fils de cuivre, des gaines de plastique à chauffer, et puis une fois le gros de ma liste complétée, je me dirige vers l’allée des outils pour remplacer ma soudeuse défectueuse, cherchant un outil à la bonne précision pour travailler de petites surfaces sans donner un résultat horrible – je suis quelque peu perfectionniste ne ce sens. Délaissant mon caddie le temps de chercher le bon modèle, je tends la main, heureux -heureux! Horreur; quelle faiblesse, et un sentiment d’un telle inutilité- d’avoir trouvé ce que je cherche. Dans l’angle mort causé par cet œil défectueux, je n’ai toutefois pas remarqué qu’une autre personne était en train de tendre la main pour le même outils, nos mains en course-collision.

« Oh, non, absolument pas » dis-je en me tournant pour mieux apercevoir qui me faisait cet affront. Je ne perds pas patience – simplement, il est logique de laisser les attentes claires. « C’est le dernier » fais-je remarquer; « il vous faudra chercher ailleurs » et comme les humains répondent généralement très bien à l’intimidation, et que l’autre en avant est comme une petit branche sèche, je roule un peu du biceps, sans toutefois que mon expression faciale laisse transparaitre de colère. Je n’en ressentais pas, après tout, mais ce n'est pas un-

Oh, Frag.

Là, qui dépasse de son caddie. Un petit robot. Mauve. Avec des antennes blanches. Qui déplace son visage pour me regarder. Une copie exacte de mon corps cybertronien, si ce n’est qu’il est miniaturisé au pas possible. Je le prend dans mes mains sans me presser, tentant de rester visiblement calme alors que la panique me prend peu à peu. « Expliquez. Maintenant. »

Pour l’instant, je me formalise très peu de la mine outrée de ce robot, si ce n’est que mon cerveau me lance un après l’autre des je ne ressemble pas à ça et des il a tout à fait manqué ma démarche, mais en soit c'est seulement ma manière d’essayer de me détacher de la chose. Mmph; être jaloux d’un robot miniature, n’est-ce pas ridicule? Pourtant, cette forme, même miniaturisée, me manque. Peu importe à quel point j’essayerai de sculpter ce corps, jamais il me fera sentir comme avant. Est-ce que j’aimais mon ancien corps tant que ça? Ma relation à ce dernier est compliquée, mais tout logiquement, disons qu’il m'a servi et me servira encore. Pourtant – ce n'est pas le corps que j’ai toujours eu. Non; même si j’en ai fait ma maison et ma fierté, il m’a été imposé comme punition et ça – ça je n’oublierai jamais. Qu’importe; ceci est mon troisième corps et comme auparavant, j’en ferai ma maison. Pourtant je regarde ce robot et- force est de constater que la personne qui l’a créé devait me connaitre assez bien, s’il n’avait pas des plans de construction très avancés, et encore là. Jusqu’à la couleur de la peinture ou la manière que son œil unique a de bouger… mais sa personnalité ne me ressemble pas, ne me représente pas, même si on se fiait à un modèle où je n’étais pas encore moi-même – dénué d’émotions. Le bon temps, on pourrait dire. Et dès lors que je me dis cela – un pincement au cœur qui me dit que je me mens, et je grimace légèrement. Ah, cette moralité étouffante, j’ai bien hâte de m’en débarrasser. Enfin, revenons à toi.

« Qui êtes-vous? » oui, parce qu’au fond, c’était une bien meilleure question à poser que de demander le comment du pourquoi; je pourrai extrapoler le reste moi-même. Quand même; peu d’humains ici possèdent la capacité de créer des choses aussi sophistiquées, et les mouvements de ma version miniature sont bien trop fluides pour être dus au hasard. Par contre – il ne possède certainement pas ma patience, parce qu’offusqué d’être ainsi manipulé, le voilà qui subitement pointe son canon vers moi – heureusement, seulement un vive lumière en sort – et me donne un coup de son pied pour que je le lâche. Plus surpris qu’autre chose, j’ouvre ma main et le laisse tomber à nouveau dans le caddie, et le voilà qui grimpe dans tes futurs achats pour se diriger vers toi. Si mignon que ça me donne mal au cœur; cet attachement évident qu’il a pour toi m’indique qu’il n’est pas vraiment une copie exacte de moi, au fond. Alors pourquoi est-ce que ça ne me rassure pas? Dans un rêve et moi, je suis supposé de croire ça? « Vous avez des rêves incroyablement détaillés » dis-je, me renfrognant quelque peu – ça ne se voit qu’à la manière que j’ai de me redresser pour me rendre un peu plus droit, dans la manière que j’ai de te regarder de haut.

Et puis- ah. Ça ne me ressemble pas, de m’exposer ainsi. De redouter la suite logique de ma petite pique; à savoir pourquoi je pensais que ses rêves sont précis, cette manière que j’avais de déclarer subrepticement que je connaissait ce design. Peut-être seras-tu trop bête pour tirer ce genre de conclusion – tu as cet air un peu benêt qui irait bien avec cela, mais j’ai déjà connu quelqu’un qui était comme ça et que je pourrais pourtant considérer comme mon égal au niveau du génie qui nous habite. Qu’importe- tu n’es pas là et je ne suis plus vraiment moi. « C’est surprenant, comme création » je tente de me corriger, mais aucun sourire n’apparait sur mes lèvres pour adoucir mes paroles. « Vous êtes en avance sur votre temps » parce que la technologie humaine est défaillante – mais que je sais pertinemment qu’ici, il a bien plus qu’une bande d’humains incapables, bêtes et faibles. Es-tu un genre de city speaker, qui peut voyager à travers les rêves et pensées des autres? Vaut mieux m’informer pour deviser un plan. Parce que l’anonymité d’un nom comme Waverly Shock ne me durera pas longtemps.

Un rire m’échappe. Un rire grave – parce que sûrement que tout ceci est une blague. Une fabrication d’un ennemi pour me confondre, un piège tendu par quelqu’un qui me voudrait du mal. Même ce nom – Jack Wheel, Wheeljack – a tout du grossier. Pourtant- je me rappelle que j’ai endossé le nom de Waverly Shock, et que je ne peux donc pas vraiment me prononcer sur le sujet sans qu’il n’y ait d’ironie, n'est-ce pas? Mon rire s’estompe et mon œil valide plonge dans ton regard. Tu ne bouges pas sur ta réponse; peut-être même as-tu l’air un peu confus de ma réaction. Admettons que tu sois Wheeljack. Tu as un air de petit chiot bien adorable, mais est-ce que ça te ressemble? Je doute; le Wheeljack que je connais a plein d’énergie, est l’incarnation même du génie et du chaos, mais je ne crois pas qu’il m’est déjà regardé avec cet air là, aussi confus que détaché. Mais peut-être es-tu d’un autre univers au miens, tout simplement. Une pâle imitation du Wheeljack que je connais, et pourtant- oh, pourtant je me dis que tu pourrais m’être si utile. Si quelqu’un peut m’aider à perfectionner le Dispositif psychique cortical, c’est lui – toi. Et puis tu dis que tu as perdu tes souvenirs, et je commence à réfléchir. À ce qui me sied le mieux – de t’avoir avec ou ses tes souvenirs. Et puis de penser aux manières que je pourrais utiliser pour te les rendre. « Intéressant » dis-je simplement; « Je travaille dans un domaine connexe » parce que quelles étaient les chances? Tu ne finis pas ta phrase, mais tu n’en as pas besoin, il ne suffit pas de grand-chose pour comprendre qu’ils sont probablement tes souvenirs. D’où cette effigie de moi; et je me demande, de tous tes souvenirs, pourquoi c’est de moi que tu aurais fait une miniature.

Et puis je m’étouffe; Shocky. Un nom que je n’ai pas entendu depuis longtemps, depuis une période avant la guerre où être ensemble était synonyme de grandes choses. Un léger rose me prend aux joues alors que je ressens une bouffée de chaleur, qui heureusement est cachée derrière une partie de cette barbe que j’entretiens. Tant mieux si elle m’est utile. Je te regarde traiter ton petit robot comme un être aimé, et je ne sais pas trop qu’en penser. As-tu déjà été si protecteur à mon égard? Je l’ignore et peut-être est-ce mieux ainsi, parce que mon cœur me dit que j’ai probablement gâché quelque chose d’important. Je ne crois pas aux secondes chances -et pourtant en voilà une pour moi, mais moi je ne sais pas comment en faire quelque chose de bien, alors aussi décidais-je d’en faire quelque chose de profitable. « Surprenant » dis-je d’un ton posé, « Parce que je connais l’inspiration de votre œuvre » une vérité, une mensonge en même temps, qu’importe. C’était une réponse en soit, et peut-être t’en contenteras-tu. « Moi? Quelqu’un qui veut une soudeuse » dis-je avant de la mettre dans mon caddie, sourire satisfait sur mes lippes. « et qui peut-être peut vous aidez avec deux trois trucs, pour autant que l’aide est partagée ». Est-ce que j’allais vraiment pouvoir t’aider à retrouver tes mémoires? Est-ce que je le souhaitait vraiment? Et pourtant – si j’arrivais à faire fonctionner le dispositif psychique cortical, ça règlerait deux de nos problèmes en même temps, et si j’allais dans tes souvenirs, alors peut-être pourrais-je choisir ceux que tu regagneras pour tourner tout ça à mon avantage – et déterminer si tu es mon Wheeljack ou pas. « Mais vous pouvez m’appeler Waverly » dis-je simplement – parce que trop de mystère tuerais toute semblance de confiance entre nous.

Quel domaine? Ah, ça- « Je suis à mon compte, donc en ce moment je suis chargé de tout. Programmation, conceptualisation, construction » pas étonnant que tout me prenne du temps, n’est-ce pas? Et puis- après tout étais-je une créature millénaire, quatre ans de vie, ce n’est vraiment rien pour moi. Étonnant quand même que la personne devant moi ne semble absolument pas dérangée par mon attitude ou ma manière de lui répondre – la plupart des gens réagissent habituellement à ce genre de provocation, soit en ajoutant leur propre huile sur le feu, soit en s’écrasant. Et tout naturellement, je me dis que c’est bien toi; trop intelligent pour ton bien, mais confiant aussi en ta capacité à faire face aux problèmes que la vie te lance. Petit à petit, je commence à y croire. Il suffit d’éliminer l’impossible, et ce qu’il reste après, nécessairement, doit être la réponse. « Je ne prétends pas le connaitre » dis-je en te reprenant; « mais je pourrais vous aider à le retrouver. Je suis en train de conceptualise… » hésitation marquée. Je n’allais quand même pas tout déballer ici. « Quelque chose qui pourrait justement aider en ce sens. » n’est-il pas illogique de fondre face à l’espoir que tu entretiens? Alors que moi, j’aurais probablement préféré ne pas savoir qui je suis; la relation de haine envers ma nouvelle condition m’affectant plus que je ne veux l’avouer. « Peut-être. Peut-être pas. Rien n’est impossible dans ce bout d’univers » dis-je un peu mystiquement. Te mentir aurait été plus facile – et pourtant je pensais au long terme. Te mentir ouvertement, c’était risquer que tu te souviennes et que je doive faire face à tes émotions, et j’ai bien franchement autre chose à faire de mon temps. Gagner ta confiance serait plus pertinent.

Ah- dès que ça parle d’invention, là, j’ai bien toute ton attention. Mais tu es homme occupé, il semblerait, et ça me dérange. Mais qu’est-ce que je voudrais, que tu laisses tout tomber pour venir m’aider? Peut-être. Peut-être qu’il est bon de savoir que tu avais de quoi t’occuper – la vie ici peut être bien solitaire. Donc le week-end, les soir et la nuit, t’es occupé. Ça laisse quand? Je tends la main et me saisie du téléphone dans les tiennes, remarquant au passage ton fond d’écran avec des robots que je ne reconnais pas, des formes animales surtout. Dommage; ça aurait pu me donner plus d’informations sur toi et tes souvenirs. Je pianote rapidement sur ton écran, ouvrant tes contacts pour y entrer mes informations sous le nom de Waverly et, même, prendre une photo pour que tu me replaces plus tard. Je te le tends à nouveau, disant : « Voici mes informations de contact, ce sera plus simple. Comme je travaille à mon compte, mon horaire semble plus flexible que le vôtre. Il vous suffira de me contacter quand vous en aurez le temps »

Et puis- serrement au cœur. Allais-je vraiment arrêter notre communication ici? « … pareillement » dis-je, pas du tout surpris par ta bonne humeur, qui elle est on brand dira-t-on. Semblerait que je n’ai d’autre choix que de considérer que tu es réellement Wheeljack. Peut-être pas le miens, mais une itération de lui, en tout cas. « À la prochaine, Jack » dis-je, un peu trop doucement, avant de me diriger vers mon caddie et de partir – c’est mieux ainsi, je crois. Tu reviendras inévitablement vers moi – c’est une certitude.

Est-ce un petit sourire satisfait qui s’étire sur mes lèvres alors que je quitte la quincaillerie après avoir dûment payé mes comptes? La soudeuse est un acquis bien pensé, mais la possibilité que j’aie un Wheeljack au bout des doigts – oh, ça, ça n’avait pas de prix. S’il y avait bien quelqu’un qui pouvait me permettre de trouver des options pour mes tentatives pour le dispositif psychique cortical (et pour mes autres inventions en banque), c’était bien lui. De tous les bots, autobots comme décepticons, sur lequel je pouvais tomber, après tout ce temps, pourquoi lui? Avais-je une bonne étoile quelque part? Ou était-ce là le commencement réel de mes ennuis? Parce qu’après tous, là où il y a un bot, il y en a d’autres. Évidemment, je savais que je n’étais pas le seul en ces terres maudites, mais… non; il me suffira de planifier comme moi seul sait le faire, et j’aurai une chance de gagner la main, comme toujours.

Si quelqu’un peut le faire, c'est moi.

Et puis- oh, il ne faut pas bien longtemps avant que je reçoive une première notification de ta part. j’enregistre le contact sous ton nom d’emprunt, Jack Wheel, parce qu’on ne sait jamais qui pourrait tomber sur ces données – toi, ou pire, un décepticon de la tranche de Soundwave. S’il y en a bien un que je ne souhaite pas particulièrement recroiser, surtout sous cette forme, c’est bien lui! Arrivé à la maison, je laisse mon téléphone gire sur un coin de table à mon labo – sans te répondre, parce que j’ai de grandes choses à préparer avant ton arrivée ici. Après tout ne puis-je pas éliminer la possibilité que tu sois en train de mentir, aussi peu probable cela puisse-t-il sembler. C’est bien le problème de ces enveloppes corporelles – elles ne font ni queue ni sens, et on ne peut pas associer des composantes physiques au bot associé. Sinon, tu aurais probablement une grosse barbe comme la mienne – et moi je n’en aurais pas. Mais il est trop facile pour les humains de changer d’apparence.