(Terminé) Comme la douceur d'une plante [PV Wall-e]

En dehors de ses heures de travail, Paul aimait se balader au jardin botanique, entre autres endroits de la ville qu'il aimait bien. Cela lui permettait de se retrouver au milieu des fleurs sans devoir dépenser de l'argent. En effet, il n'avait pas de jardin où il vivait et cela lui manquait un peu. Il lui arrivait régulièrement d'emmener sa fille avec lui car elle aussi aimait beaucoup profiter de la nature. Mary et lui se ressemblaient sur beaucoup de points et dans beaucoup de domaines. Cela leur permettait de partager de doux moments ensemble et de profiter de la vie entre père et fille. Paul adorait ça.

Mais aujourd'hui, il était tout seul. Sa fille était en classe et il avait un peu de temps entre deux chantiers. Il se promenait donc entre les parterres de fleurs en regardant les personnes autour de lui. Il était toujours curieux des autres personnes qui peuplaient cette ville, de leur passé, de leur nature. Il aimait rencontrer de nouvelles personnes et vivre ces rencontres avec joie et naturel. Il aperçut alors un jeune homme qui lui sembla extrêmement doux et gentil. Il pouvait peut-être se tromper, mais il avait l'impression que c'était quelqu'un de bienveillant auquel il fallait sûrement faire attention pour éviter qu’il ne se fasse avoir.

Il avait des outils tout autour de lui, très occupé à travailler la terre, mais Paul avait l'impression qu'il ne savait pas très bien quoi faire de toutes ses affaires et qu'il en avait trop. Il se demanda s'il ne pourrait pas l'aider un peu avec son organisation et s'approcha de lui. Il avait l'air si doux et si gentil que le jeune homme vraiment le sentiment que c'était quelqu'un de particulièrement innocent et il lui prit l'envie de veiller sur ce jeune homme si celui-ci le lui permettait. Il approcha en lui tendant sa carte.

« Bonjour. Je ne veux pas vous déranger dans votre travail, mais j'ai cru remarquer que vos outils sont empilés les uns sur les autres et je me demandais si cela ne pourrait pas vous aider d'avoir une petite cabane où vous pourriez les ranger. J'en fabrique justement et je serai prêt à vous faire un bon prix. »

Le jeune homme avait l’air un peu simplet. Il n’était pas très à l’aise quand Paul s’approcha de lui pour lui parler. Mais le jeune homme le trouva touchant. Il chercha à dissimuler ce qu’il état en train de faire tout en essayant de comprendre ce que Paul venait faire dans sa vie. C’était attendrissant. Il se demandait si ce n’était pas un enfant que la ville avait subitement vieilli. Il trouvait ce genre de choses un peu triste car les concernés ne pouvaient pas vivre correctement leur enfance et se retrouvaient projetés dans une vie d’adulte pour lequel ils n’étaient pas prêts.

« Vous savez, ce n’est pas si grave s’il y a un peu de terre dessus. Cette carte est à vous maintenant ! »

Le jeune homme n’aurait pas été contre une cabane pour ses outils. L’idée de Paul lui plaisait, mais c’était évidemment le patron du jeune homme qui pouvait lui offrir un peu de travail. Paul avait confiance. Son projet était nécessaire pour le bon travail de celui qu’il venait de rencontrer et il pratiquait des prix raisonnables. Il n’avait aucun doute sur le fait qu’il pourrait convaincre le responsable du jardin de prévoir un espace pour cela. Quand il se présenta, le sourire de Paul s’agrandit un peu. Il le trouvait vraiment chou avec son air un peu mal à l’aise, et il avait envie de lui montrer qu’il pouvait lui faire confiance.

« Paul d’Aubert, enchanté de vous connaître. Vous semblez beaucoup aimer les plantes ! Ne vous inquiétez pas, je verrai cela avec le propriétaire des lieux. »

Paul baissa les yeux sur une plante que le jeune homme était en train de manipuler. Soudain, un petit cafard apparut sur une des feuilles. D’autres que Paul aurait peut-être choisi d’écraser la petite créature mais ce n’était pas le genre du jeune homme. Au contraire, cette vision l’inspira et il sortit un petit couteau. Il récupéra un bout de bois imposant qui traînait et se mit à le tailler et le retailler pour lui donner la forme de la plante avec le petit cafard sur l’une des feuilles. La représentation était assez fidèle, en dehors des couleurs, puisque sculptée directement dans le bois. Paul tendit sa création à Wall-e.

« Tenez, je vous l’offre ! Ca égaiera votre maison ! La nature est source de tant d’inspiration, ne trouvez-vous pas ? »

Le jeune homme devait être une de ces créatures qui avaient pris forme humaine en arrivant dans la ville. Paul en avait entendu parler, mais il n'avait pas encore eu l'occasion d'en croiser. Il s'était souvent demandé à quel point il était difficile de s'adapter à la condition humaine quand on n'y était pas coutumier. Même après quatre ans, ces personnes ne devaient pas avoir la facilité de gérer la situation que pouvaient avoir ceux qui avaient toujours été humains. Ils avaient tout à apprendre et ces choses là n'allaient pas d'instinct. Paul ne savait pas ce que pouvait exactement être Wall-e comme créature, mais il ne faisait aucun doute qui n'était pas facile pour lui de se retrouver à devoir s'adapter à un nouveau mode de fonctionnement.

Il avait envie de l'aider. Non seulement pour qu'il puisse bien faire son travail, mais aussi pour le reste. Le jeune homme était tellement adorable qu'il était persuadé qu’il méritait qu'on prenne soin de lui et qu'on fasse attention à lui. S'il n'était pas adapté à la vie et aux habitudes des autres humains, il fallait l'aider. C'était fort de cette conviction que Paul poursuivait cet échange même s'il n'avait pas la certitude d'obtenir un contrat à cet endroit. Au fond, ce n'était plus le job qui l'intéressait vraiment mais la personne à qui il l'avait proposé. Il avait envie de mieux le connaître.

« Vous n'étiez pas humain avant d'arriver dans cette ville ? Quel genre d'être étiez-vous ? Enfin, si ma question ne vous dérange pas. C’est une bonne chose que vous ayez pu trouver un travail qui vous plaît. Ce n'est déjà pas facile de s'adapter à une condition à laquelle on n'est pas habitué, c'est quand-même mieux en faisant quelque chose d'agréable. »

Le sourire sur le visage de l'attachant jeune homme était le plus beau des cadeaux pour Paul. Il n'avait pas mis longtemps pour lui fabriquer cette décoration d'un sujet qui le fascinait tant, et cela ne représentait pas grand chose pour lui mais c'était un cadeau précieux pour ce petit être qui avait besoin de sentir que sa différence ne faisait pas de lui quelqu'un d'exclu. Il importait à Paul de se montrer bienveillant afin que son interlocuteur se sente à son aise. Il semblait avoir l'innocence d'un enfant malgré le corps d'un adulte, mais ça ne dérangeait pas Paul. Il était d'un naturel curieux et se refusait à porter un jugement.

« Mais oui c'est pour vous, j'ai pensé que ça vous ferait plaisir. Nesquik, c'est le nom de cette petite créature ? C'est votre ami, c'est ça ? »

Paul ne voyait pas pourquoi quelqu'un ne pourrait pas avoir un cafard, un rat, ou même une araignée pour ami. Après tout, l'affection ne se commandait pas et l'amitié se construisait au fil des expériences que l'on ressentait avec les gens ou les créatures. Wall-e avait peut-être une raison particulière d'être attaché à cette petite chose Et il n'appartenait pas à Paul de juger si cela était bien ou non. Si le jeune homme se sentait bien comme ça, alors c'était bien pour lui. Le jeune homme en arrivait même à avoir envie qu'il lui montre comment les choses apparaissaient à travers ses yeux, afin de voir aussi la petite créature de cette même façon.

« Ce n'est pas amusant d'avoir tout à nettoyer. J'espère que vous n'étiez pas tout seul pour le faire quand-même. La solitude est une chose si triste, ne trouvez-vous pas ? Il vaut mieux être entouré d'amis. Bien-sûr, il ne faut pas faire confiance à n'importe qui, mais lorsqu'on se trouve un véritable ami, il n'y a rien de plus précieux. Au moins, vous ne pouvez pas vous tromper avec Nesquik, il ne risque pas de devenir méchant avec vous. c'est un peu ce qui me fait dire que les créatures valent parfois mieux que certains humains. »

Il essaya de deviner son métier et cela avait quelque chose de mignon à nouveau. Ce jeune homme avait beau être anciennement une créature, il était décidément extrêmement attendrissant. Paul éprouvait une certaine envie de lui expliquer comment les choses fonctionnaient et de lui apporter un coup de main dans la vie. Il y avait peut-être d'autres personnes pour l'aider, mais cela ne coûtait rien de le lui proposer.

« Ebéniste, c'est comme ça qu'on appelle ceux qui travaillent le bois. Oui, c'est un peu ce que je suis. En fait, je construis des espaces et des objets en bois qui peuvent décorer les jardins ou apporter quelque chose de plus à l'intérieur, comme une cabane à outils par exemple. Il n'y a pas longtemps, un riche monsieur m'a demandé de construire une grande maison pour les oiseaux très confortable mais qui ne ressemble pas à une prison, vous voyez ? C'était un très joli projet. J'y ai pris beaucoup de plaisir »

Paul n'avait pas envie de mettre les gens qu'il rencontrait mal à l'aise en leur posant des questions, alors il précisait toujours qu'ils avaient le droit de ne pas répondre s'ils ne le voulaient pas. Mais le jeune homme ne sembla pas le prendre mal du tout. Au contraire, il lui avoua son aucune difficulté qu'il avait été un petit robot compacteur. Paul ne trouvait pas ça facile de venir d'une autre époque et d'être dérouté par les nouveautés technologiques, mais il devait être encore plus difficile de n'avoir pas été humain et de se retrouver transformé soudainement. L'adaptation n'était pas facile et il le reconnut lui-même.

Paul était surpris de son côté par le fait que le jeune homme avait un comportement qui n'avait rien de robotique. On ne s'attendrait pas de la part d'un robot à entendre parler de ses amis, même s'il faisait référence à d'autres robots. Et encore, dans ce cas, ce n'était pas du tout cela puisque son interlocuteur parlait de cafards. Paul ne dirait pas qu'il aimait beaucoup les petites bêtes dans ce genre, mais il ne reprocherait certainement pas à Wall-e de les aimer et de les protéger. C’était un ex-robot généreux et sensible, et il trouvait cela beau.

« Excusez-moi, je ne voudrais pas vous offenser, mais je ne vous trouve pas très… », commença Paul en cherchant ses mots pour ne pas être blessant. « robotique disons. Avez-vous toujours été particulièrement… sensible ? »

C’était le mot le plus évident qui correspondait à ce que Paul voulait exprimer et qui n'était pas péjoratif. En effet, le jeune homme n'aurait jamais pu considérer que la sensibilité de son interlocuteur était malvenue ou inadaptée. Au contraire considérait-il la nature de Wall-e comme un petit miracle. Il était curieux de lui comme on pouvait l'être d'une personne dont on projetait de se faire un ami. Sa façon d'aimer les plantes et d'y associer le bien-être de l'humanité était encore plus touchante et le regard de Paul s'adoucit encore.

« Rassurez-vous, je suis persuadé que les humains ne partiront pas d'ici avant très longtemps. Et la plupart seront sûrement ravis de rencontrer quelqu'un qui s'occupe aussi bien de leurs plantes. »

Paul ne connaissait pas tous les habitants de la ville mais il était au moins sincère pour la plupart de ses proches qui seraient certainement touchés par la bienveillance, la gentillesse et la nature candide de l'ancien robot. Il comprit rapidement pourquoi les cafards étaient si importants dans sa vie. C'étaient des animaux résistants qui pouvaient survivre dans des conditions extrêmes et c'était probablement le premier être vivant qu'il avait rencontré après que tous ses semblables aient dysfonctionné. C'était le seul ami qu'il avait alors il l'avait chéri. Il chérissait de même maintenant toutes ces créatures qui lui ressemblaient.

« Je comprends. C'est important d'avoir des amis sur qui on peut compter. Et c'est important de ne pas être seul. Si vous le souhaitez, nous pourrions être amis, vous et moi. Je vous apprécie déjà, et je serais ravi de vous écouter si vous avez besoin de parler. Qu'en dites-vous ? »

En entendant qu'il avait déjà un meilleur ami, Paul se sentit heureux car cela signifiait qu'il avait quelqu'un dans sa vie qui lui permettait de ne pas se sentir seul. La façon dont il avait exprimé la douleur de la solitude avait fortement touché Paul, qui ressentait comme une nécessité de protéger le jeune homme de cette solitude qui lui déplaisait tant. Il ne faisait aucun doute qu'il l'avait éprouvé lors de sa vie de robot alors que l'humanité avait dû déserter la terre. Pour Paul, c'était quelque chose de très triste.

Ce projet de cabane pour les cafards et les rats afin qu'il soit en sécurité et à l'abri des prédateurs se dessinait déjà dans la tête de Paul alors même que le jeune homme en parlait et en voyant ses yeux briller, il décida qu'il aurait son abri, que le robot ait les moyens ou pas de se le payer. Ce n'était pas une construction très compliquée et il avait envie de faire ça pour le petit être qui avait su le toucher. Il s'inquiéta de la faisabilité du projet et Paul le regarda pensivement. Les créatures étaient suffisamment petites pour que cela puisse se faire, mais il allait devoirs réfléchir en détail à la conception.

« Eh bien, il faudrait des ouvertures assez grandes pour vos petits protégés mais suffisamment petite pour que leurs prédateurs ne puissent pas entrer. Cela est très certainement faisable, mais il faudra établir précisément les tailles que nous voulons. Il faudrait aussi se renseigner s'il n'y a pas des plantes ou des matières qui ne dérangent pas les rats et les cafards mais qui dérangent leurs prédateurs. Ça les éloignerait de l'abri en question si on les faisait pousser tout autour. »

Paul était persuadé que l'accès à l'humanité pour la plupart des robots serait un véritable fardeau. En général les intelligences de ce style n’aimaient pas la complexité émotionnelle de l'être humain. Mais il semblerait que son interlocuteur ait eu le temps de s'y confronter dans son état de robot et que cela lui soit donc familier. Paul sourit en entendant le jeune homme affirmer qu'il aimait les comédies musicales et lui demandait s'il les aimait aussi. Paul ne s'était jamais laissé vraiment envahir par la technologie de ce monde, encore moins du fait que sa fille n'en avait pas non plus l'expérience. Il savait ce que signifiait une comédie musicale et en avait même vu des extraits chez certains clients, occasionnellement, mais il n'en avait jamais vraiment vu une. Il en avait néanmoins écouté certains extraits musicaux.

« Eh bien, pour ma part, je viens d'une époque où on ne regardait pas la télé, on n’en avait même pas. Il y avait ce genre de spectacle à Paris, mais moi et mes proches préférions la tranquillité de nos activités et nous n'en voyons pas souvent. De plus, elles ne devaient pas trop ressembler au style que vous connaissez. Mais j'aime beaucoup la musique, alors je pense que ça me plairait. »

Il pourrait comprendre que malgré la capacité à accueillir favorablement les émotions, le fait de les ressentir pleinement en tant qu’être humain était particulier et pas forcément facile. Mais Paul était impressionné par le fait que c'était une difficulté que le petit robot semblait appréhender avec un certain enthousiasme et une envie de bien faire. C'était un petit gars plein d'optimisme, et Paul sentait qu'il serait ravi de l'aider et de lui faire profiter d'une amitié sincère avec une personne qui pourrait répondre à ces questions sans se moquer de lui et sans le juger.

« Si vous avez besoin d'aide pour appréhender certains concepts, ça ne me dérange pas du tout de répondre aux questions que vous vous poseriez. »

Paul sourit devant l'enthousiasme de l'ancien robot. Il semblait évident que se faire des amis était quelque chose qu'il adorait faire. Il demanda aussitôt à Paul tout ce qu'il pouvait aimer. La liste était longue mais les premières choses qui lui vinrent à l'esprit, c’étaient quelques visages souriants qu'il ne connaissait que trop. Il n'y avait jamais rien eu de plus précieux pour Paul que les gens de sa famille ou qu'ils considéraient comme tels. Il avait toujours préféré passer du temps simplement avec les personnes qu'il aimait, les protéger et les chérir, et les voir évoluer pour devenir la meilleure version d'eux-mêmes.

« Du coup, on peut se tutoyer si on est amis ! Je crois que ce que je préfère dans la vie, c'est ma famille. Ma cousine Sophie, ma fiancée que je n'ai pas retrouvée malheureusement. Ma fille Mary que j'ai recueillie à mon arrivée ici. Je crois que ce sont eux que j'aime le plus. Sinon, j'aime beaucoup lire et me promener dans la forêt. Toi qui travailles dans un jardin, je pense que tu seras d'accord avec moi pour dire que la nature est vraiment ce qu'il y a de plus joli dans ce monde. J'ai toujours beaucoup aimé les animaux. Continues-tu à faire des collections ? »

Cela ne dérangeait pas spécialement Paul de construire un abri pour des créatures soi-disant nuisibles. Il se rappelait avec tendresse de l'histoire des hérissons dis nuisibles mais que Sophie et Marguerite avaient voulu sauver. La bienveillance envers un être vivant ne pouvait être qu’encouragé, même s'il ne voulait pas juger trop sévèrement les personnes qui n'étaient pas de cet avis. En attendant, il fallait bien réfléchir à toutes les conditions pour que les petits protégés de son nouvel ami se sentent bien et en sécurité. Quand Paul avait une mission, il l'accomplissait avec professionnalisme jusqu'au bout.

« Je regarderai aussi de mon côté. Il vaut mieux faire toutes les recherches nécessaires pour être sûr de ne rien oublier et que tes petits protégés soient bien à l'abri et en sécurité. Il ne faudrait pas qu'il leur arrive quelque chose alors qu'ils nous ont fait confiance, n'est ce pas ? »

Quand le jeune homme lui demanda s'il avait une maison avec un jardin et des animaux, Paul eut une pensée pour les petites maisons de banlieue qu'il rêvait d'acquérir afin d'offrir une vie meilleure à sa fille. Mais pour le moment, ce n'était pas le cas. Il n'avait qu'un appartement et il allait devoir se contenter de cela pour l'instant, lui, mais aussi le petit chien qu'il avait acheté avec Sophie pour Mary. Il viendrait le jour où il pourrait lui offrir mieux mais ce jour-là n'était pas encore venu.

« Malheureusement non, je loue juste un appartement avec ma fille. Je n'en ai pas les moyens. Mais j’espère qu'un jour je pourrais en avoir une, d'autant que je crois que ça plairait à mon petit chien. »

Ce petit être était vraiment trop mignon. Il disait venir du futur parce que c'était ce qu'on lui avait dit et c'était logique, en soi, si on considérait qu'il avait été un petit robot. Lui-même était d'accord avec la logique de ce principe, mais étant donné le fait qu'il était un robot changé en humain, il devait être à peu près aussi dépaysé que Paul l'était lui-même en venant du passé. De toute façon, tout ce petit monde venait d'univers tellement divers qu'il était logique de considérer que tout le monde avait dû s'adapter d'une manière ou d'une autre. Cela ne rimait à rien de se poser la question de savoir pour qui c’était plus ou moins compliqué.

« C’est ça. Si on considère le niveau technologique et donc l’époque de cette ville, je viens du passé et vous du futur. Mais ça ne rend l’adaptation facile pour personne. »

Il lui proposa de l’emmener voir des comédies musicales. En y songeant, Paul se dit que cela devait être très amusant. Malheureusement, il n’avait pas vraiment la possibilité de se permettre ce genre d’extra. Son travail lui permettait juste de vivre avec Mary, rien de plus. L’offre était gentille mais les réalités financières de Paul le rattrapaient une fois de plus. Il ne pouvait que le constater avec peine. Il savait très bien que ce n'était pas une réalité que tout le monde pouvez comprendre intuitivement, mais il n'était pas forcément à l'aise de le verbaliser.

« J’aimerais beaucoup… », dit-il avec hésitation. « Malheureusement, ce sont des choses que mes moyens ne me permettent pas de faire. »

Ils convinrent de faire le point en ce qui concernait l'habitat des petits protégés de Bruno et Wall-e, et de voir ensuite ce qu'il était possible de faire pour leur créer une maison adaptée à leurs besoins. Les choses auraient peut-être besoin d’un peu de temps pour se mettre en place, mais Paul était persuadé que tout se passerait bien. Il poursuivit la discussion avec Wall-e en parlant de leurs proches, mais le jeune robot ne connaissait pas ou ne se rappelait pas le concept de fiancée. Paul sourit alors que ses yeux devinrent rêveurs.

« C’est la personne avec qui je vais me marier, avec qui j’ai choisi de vivre toute ma vie et peut-être, si on le peut, avec qui je voudrais avoir des enfants. »

Paul sourit en entendant le jeune homme parler de ses collections. Il l’imaginait tellement empaqueter les choses sur les autres. Une idée lui vint à ce sujet. Après tout, cela n’était peut-être qu’une idée en l’air mais il avait l’intuition que cela pourrait plaire à l’ancien robot, s’il aimait voir des collections hétéroclites présentes en tas épars. Et puis, c’était quelque chose qui était davantage dans les options de Paul en ce qui concernait les difficultés budgétaires. Malheureusement, il n’avait pas le choix que de se limiter sur ce point.

« Si vous aimez regarder des objets anciens, vous devriez visiter les musées de la ville. Ils en sont remplis. »

Paul sourit également à la pensée du petit golden qui avait intégré la famille. Sophie avait été très généreuse, mais il n’empêchait qu’elle avait bien l’intention d’en profiter aussi. Mary avait évidemment été la plus comblée par ce présent. Il était heureux de voir son sourire dans un moment aussi troublé que celui qu’ils vivaient actuellement. Cela faisait du bien de pouvoir penser à des choses plus gaies. Elle allait aussi se rendre au cours avec le chien elle-même, ce qui renforcerait leur lien. Elle allait avoir bien des choses à penser qui lui éviteraient le souci de ses soins.

« Il s’appelle … et c’est un adorable chiot. Vous voulez le voir ? En ce qui me concerne, il me tarde de voir votre maison quand vous l’aurez trouvée. Et nous nous occuperons alors de l’abri de vos amis. »