Depuis nos retrouvailles, j’essayais de faire partie de la vie quotidienne de Rose. Nous nous échangions des tas de messages, nous nous organisions des sorties ou des soirées tranquilles… et il ne se passait pas un jour sans que je ne ressente cette euphorie un peu étrange à l’idée de voir mon amie.
Je lui avais proposé de donner un coup de boost à ses appareils et j’avais ensuite poursuivi en lui proposant une soirée cinéma et restaurant. C’était le genre de soirée qui pouvait lui plaire et que je ne faisais pas vraiment souvent. Et puis, comme on sortait dans mon quartier, c’était aussi l’occasion de faire découvrir un peu mieux mon environnement à Rose. Quelque chose d’assez inédit pour nous deux… mais c’était à tenter.

Je n’avais pas vraiment cherché à faire quelque chose de vraiment exceptionnel mais quand Rose m’avait confié son ordinateur portable, j’avais fait en sorte de l’améliorer pour de bon. Elle n’avait peut-être pas vraiment besoin de cela, mais je tenais à faire de mon mieux : augmentation de la RAM jusqu’à 64Gb, remplacement du HDD par un SSD de 4To sur lequel j’avais transféré toutes ses données et installé également un des meilleurs antivirus du marché, ainsi que quelques logiciels qui pouvaient lui être utiles, à elle qui aimait tant faire de jolies photos et les publier sur Instagram. J’ajoutais également un accès à l’IPTV, bien que je ne sois pas sûr que Rose soit à fond dedans, je me disais que ça pourrait lui faire plaisir d’avoir accès aux chaines télévisées d’une vingtaine de pays, ainsi qu’aux services de streaming habituels. En plus de cela, j’avais nettoyé tous les circuits et changé la batterie pour en même une dont la longévité n’était plus à prouver. Un must.
J’avais essayé d’établir une connexion interspatiale et intertemporelle, mais, cette fois encore, comme pour le TARDIS, tout semblait coincé sur l’île et à quatre années dans le passé. Moi qui aurais tant aimé offrir à Rose un appareil capable, comme son téléphone, de communiquer des siècles en arrière ou en avant, c’était raté.

Elle allait arriver d’un instant à l’autre à mon appartement pour que nous puissions entamer notre super soirée. J’étais aussi surexcité que lors de ma première visite sur Terre. J’avais de la chance de l’avoir retrouvée, j’en étais bien conscient… Et je savais aussi que la présence de Rose chez moi allait me faire plaisir. Elle n’était encore jamais venue et c’était très tentant de lui faire découvrir mon petit univers, ici, celui dans lequel je vivais… Un quotidien qu’elle ne connaissait pas, me concernant, alors que nous étions si proches, elle et moi…

J’entendis les pas dans l’escalier et j’ouvris la porte immédiatement, un immense sourire sur le visage : « Rose ! »
J’étais toujours prêt à l’accueillir les bras grands ouverts, pour la prendre dans mes bras, la serrer contre moi… C’était un contact que j’aimais beaucoup et que je n’aurais, pour rien au monde, échangé contre autre chose. « Entre vite, je vais te montrer ton nouvel ordinateur ! »

Avec ça, elle allait faire des choses magnifiques ! J’en étais sûr.

Les moments les plus précieux pour moi, sur cette île, c’étaient évidemment ceux que je passais avec Rose. Grâce à elle, j’avais trouvé une excellente raison d’être ici. Elle donnait du sens à cette lune rouge, en un sens, et le fait de pouvoir vivre de nouvelles aventures avec elle, c’était sans aucun doute une chance inouïe. Et puis, je devais bien reconnaître, aussi, que c’était très agréable de la laisser me guider, dans un univers tellement humain et tellement restreint… La petitesse du lieu, les impossibilités temporelles et les restrictions forcées pour le TARDIS (ou la TARDIS, si vous préférez), c’étaient des choses inhabituelles pour moi… Même en quatre ans de présence ici, j’avais toujours un peu l’impression que ce n’était pas un monde très simple. J’avais vu des êtres humains un peu spéciaux, j’avais croisé le chemin de créatures étranges… et tout cela remettait en question pas mal de choses par rapport à ce que j’avais cru savoir jusqu’ici. Peut-être était-ce, en fait, une sorte de leçon d’humilité que l’univers était capable de donner désormais.

Recevoir Rose Tyler dans mon appartement, c’était une grande première. Elle n’avait connu que le TARDIS (ou la TARDIS, si vous préférez) comme lieu de vie associé à moi… et ici, j’avais dû apprendre à vivre comme un humain, avec les humains, alors je m’étais un peu adapté. Juste un peu.

Quand elle arriva, souriante et superbe, ce fut avec un très grand sourire que je la reçus. J’aimais la prendre dans mes bras et l’étreindre, c’était comme si ce contact pouvait m’assurer qu’elle resterait près de moi, ou en tout cas pas trop loin, maintenant que nous nous étions retrouvés. Je savais bien que c’était moi qui l’avais abandonnée par le passé, chose que je regrettais toujours, avec même un soupçon de sentiment de culpabilité, même s’il était très différent des remords que j’éprouvais face à ce que j’avais dû faire encore auparavant pour mettre un terme à la Guerre du Temps… la Dernière Grande Guerre du Temps, celle contre les Daleks. Les regrets et les remords, c’étaient deux sentiments très différents et cette nuance, c’était grâce à Rose que j’avais pu la percevoir.

Sa venue chez moi était un événement. Je n’avais pour autant pas eu à changer d’éléments dans mon appartement. C’était une sorte de garçonnière, avec des décorations allant du gadget humain reçu dans un œuf en chocolat à des reproductions en affiches ou en 3D de systèmes de la galaxie. Je disposais de pièces de vie qui étaient typiquement humaines et qui étaient très petites par rapport à l’intérieur du TARDIS (ou de la TARDIS, si vous préférez)… Il fallait dire qu’ici, quand quelque chose avait l’air petit, on pouvait essayer de vérifier comme on le voulait, c’était toujours petit à l’intérieur. La technologie gallifreyenne qui permettait au TARDIS (vous avez compris, je pense, je ne vais plus repréciser) d’utiliser l’énergie temporelle pour créer de nouvelles pièces, de plus grandes pièces, des pièces de toutes sortes… cela ne fonctionnait pas avec les appartements humains. La seule possibilité d’avoir un plus grand appartement, c’était un salaire conséquent. Mais je me contentais très bien de cet endroit. En soi, pour ce que j’y faisais, j’aurais très bien pu prendre un petit studio trois pièces. Mais j’avais tout de même l’occasion, ici, d’avoir un espace dédié à des recherches, à des expériences techniques et à du bricolage informatique ou électronique.

« Je vais toujours bien ! et toi ? ça s’est bien passé au boulot ? » Au début, j’avais eu un peu de mal à avoir des conversations simples comme cela, parce que c’était peut-être trop simple pour moi… mais j’aimais bien savoir comment allait Rose, ce qu’elle faisait, ce qu’elle vivait, si elle était heureuse…
« Faire des folies, moi ? Tu rigoles ! » Bien sûr que j’avais fait des folies avec son ordinateur. Son pc disposait d’un processeur dernier cri, de stockage très élevé et de mémoire vive plus que très vive. Si nous avions pu le comparer à ceux de la NASA, il y avait des chances que les astronomes américains soient jaloux de mon amie.

Elle voulait visiter ? Je fis une sorte de révérence, un peu comme les majordomes du début du XXe siècle, pour l’inviter à entrer et lui faire faire la visite guidée.
« Bienvenue à bord de mon appart’TARDIS. Pas si TARDIS que ça, parce que non, désolé, ce n’est pas plus grand à l’intérieur… »
Je lui souriais toujours, évidemment, je ne pouvais pas faire autrement : Rose était la source de bien des sourires…

« Alors… il y a… cette pièce qui sert à s’affaler sur le canapé… J’aime bien lire des livres, ici, c’est confortable. » Le salon n’était pas très grand, mais le divan recouvert de tissu couleur charbon était vraiment agréable. J’avais une télévision, aussi, avec pas mal de fils connectés de part et d’autre.

« La cuisine… et salle à manger. Du deux en un, pratique et facile. » Mes électroménagers visibles étaient, comme la télé, affublés de câbles supplémentaires de différentes couleurs. Je n’avais pas de vaisselle sale qui traînait et mon frigo n’était jamais très rempli, mais c’était bien suffisant. A la table de la cuisine, il y avait quatre chaises, dont une seule était utilisée régulièrement.

« Les toilettes sont dans la salle de bain… je n’aime pas trop ça, mais c’est sûrement plus simple pour ceux qui conçoivent les appartements. » Et puis c’était pratique pour se laver les mains, disons.
La salle de bain comportait une cabine de douche sur les parois de verre de laquelle étaient appliqués de motifs qui n’étaient pas sans rappeler le tardis… d’ailleurs, j’avais même inscrit « Police Public Call Box » en haut de la paroi. J’avais trouvé l’idée sympa. Pour le reste de la pièce, il y avait un lavabo blanc, une toilette blanche et les essuies, tapis de bain, gants de toilettes et serviettes étaient de couleur bleue. Mon peignoir était suspendu à des crochets derrière la porte.

« Il y avait deux chambres, mais j’en ai gardé une pour servir de bureau-atelier-observatoire. Ton ordi est par là, d’ailleurs… »

Il y avait quelque chose d’indescriptible dans ce que je ressentis lorsque Rose évoqua le congé de maternité d’une de ses collègue. Je trouvais que la petite attention était vraiment très gentille, c’était sans doute une tradition humaine qui m’était inconnue, mais je trouvais cela vraiment très sympa. Mais, effectivement, le patron de chez Pop’s allait devoir trouver quelqu’un pour reprendre le service de cette collègue, parce que ça risquait de devenir compliqué pour Rose et ses collègues, sinon.
Dans mon travail, c’était plus rare ce genre de situation. D’abord parce qu’il n’y avait pas beaucoup de femmes dans la boîte, ensuite parce qu’il me semblait que ça n’avait jamais été le cas… puis les congés de paternité, c’était plus court que les congés de maternité… Je trouvais ça un peu aberrant, parce que je savais bien que si je devenais père un jour, ça serait difficile pour moi de reprendre le travail en laissant femme et enfant seuls toute la journée… Mais j’imaginais que ce devait être pareil pour de nombreux parents…

Mais nous parlions travail, avant tout, alors j’eus un petit haussement d’épaules :
« Comme d’habitude… Quelques appareils électroménagers de cuisine, une machine à laver, trois téléphones… Mais je trouve ça bien que les gens cherchent à réparer, pendant un moment, j’avais peur que l’obsolescence programmée pousse tout le monde à racheter quelque chose de neuf alors que parfois, ce n’est vraiment pas grand-chose à réparer… » Je songeais parfois à organiser une sorte de « Repair’Café » pour montrer quelques astuces aux gens, parce que je n’étais pas le genre de personne à vouloir m’enrichir sur le dos des autres… Alors si je pouvais enseigner deux-trois petites astuces pour réparer facilement des appareils du quotidien, ça pouvait être utile et sympa en même temps. « Tu penses que chez Pop’s, on pourrait imaginer lancer un Repair’Café ? une fois par mois, par exemple… j’imagine bien une soirée de réparations électriques, électroniques et informatiques où je pourrais montrer à ceux qui veulent comment changer certaines pièces de leurs machines, comment réparer un appareils électrique ou ce genre de choses… »
En plus, ça pouvait vraiment être chouette, comme principe et comme projet. J’étais sûr et certain d’être toujours enthousiaste pour ça et je me voyais déjà expliquer des choses à de jeunes ados qui, plus tard, pourraient se passionner pour tout ça. Le seul hic, dans le projet, c’était qu’il fallait un endroit pour ça. Et que mon appartement n’était pas assez grand.

« Tu ne reconnaîtras pas ton ordinateur, mais tu verras que ce sera super confortable pour plein de choses. »
Tout était amélioré suffisamment pour donner d’excellents résultats. Rose allait pouvoir mettre à jour ses réseaux sociaux dans le plus grand confort, sans se bousiller les yeux, elle pourrait aussi regarder tous les films et toutes les séries qu’elle voulait… De quoi profiter pleinement de son ordi.

Je ris en l’entendant parler de la peinture, bien sûr, ça n’avait rien à voir, mais c’était clair que j’avais eu l’habitude d’avoir beaucoup plus d’espace pour vivre, alors j’avais dû apprendre à vivre dans un endroit restreint.
Et puis, la visite des différentes pièces – ça allait vite, il n’y en avait pas beaucoup – se fit sur le même ton, bonne humeur et sourire au rendez-vous. J’aimais bien le fait que Rose avait apprécié la customisation de la cabine de douche. C’était une idée toute simple, mais je ne me voyais pas vivre dans un environnement totalement humain.

« Tu sais, le TARDIS n’est jamais très loin… J’avais pensé le dématérialiser ici, à la place de la douche, mais ça n’aurait pas été très pratique… »
Selon ses humeurs, j’aurais tout aussi bien pu me retrouver quatre ans en arrière en voulant juste me laver le matin. Mais j’avais préféré opter pour un "parking" à l’extérieur.
« Tu sais que j’aime bien essayer d’améliorer la technologie humaine… En ce moment, j’ai tenté de faire du « deux en un » : combiner machine à café et grille-pain en un seul appareil, par exemple… » Bon, ce n’était pas encore tout à fait au point, mais dans le genre, ça allait permettre des économies d’énergie.

Cependant, je ne me lançais pas dans de grandes explications, car, déjà, Rose attisait ma curiosité en évoquant une surprise qu’elle avait reçue… J’avais toujours un peu peur qu’elle m’annonce qu’elle avait rencontré quelqu’un et qu’elle me sorte une bague de fiançailles en me demandant pour être son témoin. Mais ce ne fut pas du tout ça : je découvris une petite clef qui ne m’était pas du tout inconnue… Une clef agrémentée d’éléments qui venaient de Rose, bien sûr, personnalisant l’objet pour en faire quelque chose d’unique…

« Oh !! Mais… comment… ?» Non, en fait, elle avait raison, cette île jouait des tours, elle jouait avec nos pieds, nos émotions et nos sentiments. « Tu l’as trouvée où ? » J’imaginais déjà un endroit étrange, accessible après un parcours bien compliqué et des obstacles de toutes sortes… « Tu voudrais rouvrir la porte ? »

C’était une façon toute simple de lui proposer de faire un tour en TARDIS. Pas bien loin, bien sûr, que ce soit dans le temps ou dans l’espace, nous étions coincés… mais pour le principe, c’était peut-être une belle idée.

J’avais toujours aimé rencontrer des gens. Les êtres humains étaient tellement passionnants… et leur apprendre des choses, c’était très passionnant aussi ! J’adorais rendre service et réparer un tas de trucs, mais le fait de pouvoir partager mes connaissances avec d’autres, c’était toujours super. Et puis, parfois, des humains pouvaient aussi m’apprendre un tas de choses, c’était toujours sympa aussi.
Cette idée du Repair’Café, ça m’était venu après m’être rendu compte que beaucoup de gens venaient me voir pour essayer de réparer des appareils où il ne fallait changer qu’une petite pièce… beaucoup avaient déjà commandé un appareil de remplacement… c’était une manière pour les entreprises de se faire un bénéfice conséquent, mais je n’aimais pas du tout ce principe de pousser les consommateurs à dépenser toujours plus alors que beaucoup de choses pouvaient être réparables…

« Merci ! En fait, je n’ai pas vraiment aimé me dire qu’il y a des gens qui gagnent de l’argent comme ça… Ce n’est pas correct, j’ai même presque l’impression que c’est une forme d’escroquerie… » J’espérais que le patron de Rose allait être d’accord avec ce projet. De mon côté, j’étais prêt à enseigner aux personnes qui le voulaient comment changer des fusibles, faire une soudure sur un circuit électronique, ouvrir un pc pour accéder à la carte-mère… le tout, sans faire de bêtises, bien sûr.

« Oui, je sais que ce n’est pas un truc auquel on pense… mais selon mes calculs, il y aurait de quoi gagner pas mal d’énergie : pour faire chauffer de l’eau et pour griller des toasts, il faut utiliser plus d’électricité… » Rose me parla d’une jeune fille qui semblait être intéressante… Oui, peut-être bien que ça me plairait de la rencontrer… « Violette, une élève d’Eleven ? Oh, la pauvre… je la plains… Si je peux l’aider avec son invention, tu peux lui donner ma carte, je veux bien y jeter un coup d’œil.»

C’était pas mal, ça, une jeune fille qui avait de l’imagination et l’envie d’inventer de nouvelles choses… les êtres humains me fascinaient toujours, mais là, il y avait vraiment du potentiel.

Cela dit, l’être humain le plus fascinant de tous les temps et de tous les mondes possibles, je l’avais en face de moi. Rose Tyler.
Et elle avait la clef du TARDIS. Une clef qui lui était revenue de façon assez inattendue et surprenante. Apparue sur la table de nuit… C’était aussi simple qu’étrange. Encore un coup de la lune rouge ?

« Oh oui ! C’était des moments extra… Je suis dispo… tout de suite ! et bien sûr que ça me tente ! »
Ce programme pour la soirée était une très bonne idée. Et bien évidemment que j'aurais des tas de choses à dire, à faire, à vivre et à revivre. Avec Rose, tout me tentait toujours.

J'attrapais ma longue veste au crochet pour me préparer à partir. Le TARDIS contenait toujours tout ce dont on pouvait avoir besoin, alors, pas la peine d'embarquer un tas de choses. Peut-être juste...
« Et si on se faisait un pique-nique, plutôt que de faire un truc compliqué ? »
J'aimais bien l'idée de préparer quelque chose de complexe pour Rse et moi, pour lui montrer que je voulais passer du temps avec elle et que je pouvais bien passer du temps pour elle, aussi...
« Je pourrais cuisiner une autre fois... là, tu m'as donné envie de bouger et de faire dans l'imprévu avec toi... Un petit tour en TARDIS et... Allons-y... » Un immense sourire et beaucoup d'attentes vis-à-vis de cette soirée... mais j'aimais beaucoup l'idée de partir en voyage avec mon humaine préférée. « ALONZO ! »

Il suffisait de regarder le visage de Rose pour se rendre compte que le projet l’intéressait. Bien sûr, elle m’avait toujours soutenu dans la plupart de mes projets et de mes décisions (même la pire décision que j’avais dû prendre, elle avait été là, résiliente mais présente) et je n’en attendais pas moins d’elle… mais surtout, c’était important pour moi de savoir qu’elle aimait l’idée et qu’elle était prête à intercéder en ma faveur auprès de son patron.
J’imaginais déjà tout un tas de choses possibles avec la mise en place d’un tel service. Non seulement cela me permettrait d’enseigner des méthodes de réparation efficace aux néophytes mais, en plus (et ce n’était pas négligeable), cela pouvait amener une clientèle nouvelle chez Pop’s.

Que du positif, donc !

Contrairement à ce qui concernait ma régénération. Est-ce que je ne l’appréciais pas ou est-ce que c’était le fait qu’il soit mon futur qui me dérangeait ? C’était difficile de démêler tout ça… Je me grattais un instant le menton comme pour m’aider à réfléchir à la meilleure manière de répondre à cette question.

« En fait… je pense que c’est sa manière de revendiquer qu’il est mon futur moi, alors qu’il porte un horrible noeud papillon et qu’il n’est pas fichu de faire la différence entre des espadrilles et des Converse. » Il n’avait pas arrêté de me rabâcher les oreilles avec ses « chaussures de plage », alors que je m’étais retenu de faire trop de remarques sur son gros menton. Et puis, il semblait vouloir prendre toute la place. Je n’aimais pas ça. C’était limite s’il ne m’avait pas charrié en me disant que son tournevis sonique était plus grand que le mien. Bonjour le niveau. « Il se vante presque d’avoir épousé la fille d’une de ses compagnes de voyage, tandis que moi… »
Je laissais la suite en suspens.

Le mariage, ça avait longtemps été une idée purement théorique pour moi. Je n’avais même jamais pensé à me retrouver dans la situation. Alors savoir qu’une régénération l’avait fait, c’était un peu bizarre.

Heureusement que nous ne nous attardions pas sur le sujet, car Rose était aussi pressée que moi de découvrir les voyages sur l’île et dans cette période temporelle. Cela m’avait semblé très restreint, au début, en termes de possibilités de voyages, mais mon humaine préférée avait réussi à me faire voir le bon côté des choses et à susciter mon intérêt. Enquêter sur le pourquoi du comment… c’était tout à fait ce que j’aimais !

Alors, on avait couru. J’adorais ça, retrouver cette sensation de courir jusqu’au TARDIS, ce ressenti au creux du ventre, le battement caractéristique de mes deux cœurs…
Et puis une fois près du TARDIS, c’était aussi agréable de voir Rose sortir sa clef pour ouvrir la porte. Il y avait si longtemps que je ne l’avais pas vue faire… si longtemps que j’espérais assister à cela à nouveau… le sourire accroché à mes lèvres ne me quitta plus. J’étais heureux.
Et je le fus encore plus lorsque je découvris l’enthousiasme communicatif de Rose et son envie de repartir en voyage avec moi… j’en rêvais !

« Et moi donc ! » Moi aussi ça me faisait vraiment très plaisir de pouvoir voyager de nouveau avec elle. Peu importait l’endroit et l’époque, en fait, ce qui me plaisait, c’était d’être avec Rose. Certaines personnes vivaient beaucoup plus de choses en 20 ans que d’autres en 80. Ce n’était pas le temps qui comptait, c’était la personne avec qui on le passait.

« 4 ans en arrière, le soir de la lune rouge…» Je tournais un bouton, appuyais sur quelques autres, tirais sur un fil et poussais un levier, le tout sans me départir de mon sourire et sans cesser d’être heureux. « Accroche-toi, Rose ! »

Il y eut le bruit, enfin les bruits plutôt, et les secousses, les lumières et le besoin de se cramponner. Comme avant. Comme au bon vieux temps. Et puis ce fut le silence.

« 4 mars 2019 ! Nous y sommes ! » m’écriai-je aussitôt.
Enfin… j’espérais que c’était la bonne date. Il m’arrivait parfois de petits couacs de navigation et je pouvais alors atterrir à un autre moment ou dans un autre lieu… mais en ouvrant la porte, dans le ciel de nuit, la lune rouge et pleine nous faisait face, comme si elle nous attendait…

Parler de ma régénération, ce n’était pas ce que je préférais, mais avec Rose, je savais que tous les sujets pouvaient être abordés et je savais aussi que je ne devais pas prendre de gants pour dire ce que j’avais à dire ou ce que je pensais.
Je regrettais souvent le passé, parce que je savais bien que choisir, c’était renoncer, et que j’avais toujours rêvé d’une existence où il n’aurait pas été nécessaire de faire ce maudit choix, celui qui m’avait rendu si triste durant bien longtemps…
J’étais assez d’accord avec l’idée qu’elle avançait, concernant les différents Docteurs. Nous étions semblables et différents en même temps, parce que nos vécus n’étaient pas les mêmes et que nos ressentis l’étaient encore moins.

Et puis, le temps passant, nous avions décidé de bouger, de remettre à plus tard cette soirée cuisine au calme pour partir à l’aventure. Une aventure pas bien loin dans le temps et l’espace, mais une aventure tout de même.
Je ne savais pas trop comment réagir au petit bisou de Rose alors… eh bien je n’y réagis pas. J’avais sans doute tort, mais je n’avais pas l’habitude de ce genre de choses et je n’avais jamais envisagé que quoi que ce soit puisse être possible. Et pourtant…

Voyager à travers le temps et l’espace, ça m’avait manqué, et pouvoir le faire à nouveau et avec Rose, qui plus est, ça me rendait un peu euphorique. Intérieurement, j’étais si heureux que je ne pouvais me défaire de cet immense sourire qui prenait toute la place sur mon visage.
Avec le TARDIS et Rose, le voyage fut rapide, puisque nous ne pouvions pas remonter bien loin, et quand nous fûmes arrivés à destination, le 4 mars 2019, j’écoutai les paroles de Rose avec attention. La lune rouge était là, magnifique, rareté de l’univers, et mon amie m’expliqua ce qu’elle avait ressenti cette nuit-là.

« Encore tout perdu ? » Je tiquai surtout pour le mot « encore ». Je n’aimais pas l’idée que Rose Tyler puisse être triste, je n’aimais pas l’idée qu’elle puisse vivre des malheurs… Et si je pouvais l’en protéger, c’était évident que je le ferais ! « Cette nuit-là, le TARDIS était incontrôlable.»

Les commandes répondaient à peine et j’avais bien cru que nous allions simplement nous écraser au sol. Mais ce ne fut pas tout à fait le cas.
« Tu te souviens de quel côté de l’île tu es arrivée ? » Pour éviter que la Rose Tyler d’aujourd’hui ne croise la Rose Tyler d’hier, c’était peut-être plus pratique de ne pas aller dans certaines zones.

Mais Rose, toujours aussi surprenante et imprévisible, se mit à courir pour suivre une silhouette que je ne connaissais pas. Elle m’avait déjà parlé de son ami Heracles, j’avais même déjà échangé quelques messages avec lui, mais je ne l’avais jamais rencontré jusqu’à présent.
Cela ne dura que quelques instants et Rose revint très rapidement vers moi.

« Qu’est-ce qui se passe ? Qu’as-tu promis ? » Peut-être que je pouvais aider, moi aussi… A moins qu’il valait mieux éviter de m’en mêler ? Aucune idée…
Et déjà, mon amie me proposer d’aller vérifier si la ville était identique.

« Oui ! on fait ça… mais… Attends… le p’tit frère un peu lourd m’a parlé d’une boutique qui avait comme de mauvaises ondes, au début de sa présence ici. On pourrait peut-être aussi aller voir ça de plus près ? »

C’était une boutique de jouets pour enfants, plus spécialement de poupées, et je m’étais même demandé s’il n’y avait pas la Conscience Nestene là-dessous… Mais quand je m’étais rendu sur les lieux, ça ne semblait pas être le cas. Ou plus le cas. « Combien étions-nous, ce 4 mars 2019 ? » Je n’avais pas la moindre idée de combien d’habitants étaient sur l’île en 2023, mais j’avais l’impression que nous étions de plus en plus nombreux. Et pourtant, sans être les uns sur les autres. Un peu comme le TARDIS qui est plus grand à l'intérieur que ce qu'on pouvait penser au départ...

Je pris la main de Rose pour aller voir un peu plus loin. Les limites de l'île, hier et aujourd'hui, le fait qu'on ne puisse pas partir d'ici... Il devaient bien y avoir des explications à tout cela.

Une petite voix au fond de moi avait l’impression que ce encore était quelque chose que je devais prendre au sérieux. Dans le sens où la première fois, c’était à cause de moi si Rose avait tout perdu… Et elle n’avait pas tort de me souffler ça, cette petite voix, car, au fond, j’avais apporté à Rose autant que je lui avais pris.
Je m’en voulais pour beaucoup de choses, au cours de l’histoire, au travers de l’univers et par l’intermédiaire de mes diverses régénérations. J’aurais voulu pouvoir arranger les choses, faire parfois d’autres choix, pouvoir faire ce qu’il fallait pour que tout se passe pour le mieux… Oui, je m’en voulais, j’avais bon nombre de regrets, de remords, aussi, et même si j’essayais à présent d’être une meilleure version de moi-même, ce qui avait été fait ne pouvait pas être changé. Si j’avais pu, j’aurais sans doute voyagé dans le passé, j’aurais changé les choses, pris une autre décision et fait en sorte de ne pas devoir abandonner Rose comme j’avais dû le faire… Mais c’était inimaginable. Et je ne pouvais plus rien changer à présent. Encore moins maintenant que nous étions sur cette île où il n’était pas possible de remonter bien loin en arrière…

Mais comme nous avions pu nous retrouver, comme nous avions la chance de pouvoir passer du temps ensemble, vivre de nouveau des aventures de toutes sortes, parfois aussi dingues qu’impossibles, nous avions aussi là l’occasion de voir ce qu’aurait pu être la vie si nous n’avions pas dû être séparés… Car, bien sûr, comme l’alpiniste voit mieux la montagne à gravir depuis la plaine, l’absence de Rose Tyler dans ma vie m’avait permis de comprendre à quel point elle était importante pour moi. J’avais même légèrement bassiné Martha et Donna avec ce sujet de conversation…

Je n’eus pas vraiment l’occasion jusqu’ici de parler de tout cela avec elle. Peut-être parce que nous avions tous les deux cette idée en tête, celle de nos retrouvailles, de l’amitié retrouvée et partagée à nouveau… Mais quand elle se mit à courir vers un homme, à vrai dire, je me sentis un peu… bête, peut-être. J’étais là avec elle, mais elle courait après un autre. Je n’avais rien à dire là-dessus. Mais ça me faisait toujours quelque chose de bizarre au niveau de mes deux cœurs.
Mais quand elle revint vers moi et m’expliqua qu’elle agissait pour son ami, je me sentis un peu soulagé. Un peu, seulement, car je ne pouvais m’empêcher de me sentir un peu de trop quand c’était comme ça.
« Super, alors, si tu as pu avoir les informations qu’il te fallait pour aider ton ami Héraclès. »

Que pouvais-je dire de plus ? Je n’étais pas toujours très adroit avec tout cela, parce que j’étais peut-être trop vite impliqué au niveau des émotions et des sentiments. J’avais beaucoup de difficultés avec ce genre de choses et ce n’était pas simple de faire avec.

Puis elle accepta de me prendre la main pour me suivre sur cette piste très étrange des poupées et des auras obscures. « Oh oui, je sais parfaitement où ça se trouve ! » Cette boutique, cette histoire, ces manigances et ces impressions… Il y avait beaucoup de choses à dire de cet endroit.

Ce n’était peut-être pas la plus joyeuse des pistes, mais j’avais envie de vérifier sur place et puis comme Rose le disait, c’était un jour terrible pour tout le monde…
De temps à autre, Rose me lâchait la main pour aller aider des gens. Elle avait toujours eu le cœur sur la main et ne pouvait s’empêcher de tout faire pour les autres. Elle avait toujours tendance à privilégier les autres et à les faire passer avant elle-même. Puis elle revenait vers moi, heureusement.

« C’est bizarre… La ville est comme… » Je cherchais la meilleure comparaison possible. « Tu sais, les poissons rouges qui grandissent en fonction de la taille de leur aquarium ? Ici, on dirait que c’est l’inverse, la ville et l’île grandissent au fur et à mesure qu’elles se remplissent de population… »

Mais cette population, justement, c’était tout aussi étrange. Des personnes enlevées à leur quotidien… des morts qui revenaient à la vie… des créatures qui devenaient humaines… C’était un truc de fou !

Chemin faisant, nous finîmes par arriver dans le quartier de le boutique et… après un petit moment à regarder la vitrine, Rose finit par ouvrir la porte.

« Moi non plus… Surtout celles-là, regarde ça ! Comment des enfants peuvent jouer avec ces choses ? »
Je ne savais pas ce qui poussait les humains à concevoir des jouets comme ceux-là, car je ne voyais pas ce qui pouvait être agréable dans des jeux qui avaient des yeux aussi glauques.
La porte était ouverte alors nous étions entrés. J’eus un sourire aux propos de mon amie.
« Bien sûr que je l’ai ! Je ne m’en sépare jamais, tu sais bien… » Mon tournevis sonique était mon plus grand allié dans toutes mes aventures. Alors évidemment, je n’allais pas ne pas m’en servir. Je sortis mon tournevis et commençais à chercher des zones qui pouvaient faire réagir mon instrument au son si caractéristique. Rose, quant à elle, alluma la lampe de son téléphone pour éclairer un peu le chemin, ce qui n’était pas plus mal car avec seulement la lumière bleutée de mon tournevis, ce n’était pas vraiment suffisant. « Même si c’est un peu flippant… je suis content qu’on soit ensemble sur cette affaire ! »

Rose... Quand je la voyais, mon cœur – enfin, mes cœurs – battaient plus fort. Elle était brillante, absolument fantastique! Elle m'avait sauvé, pas seulement du danger, mais d'une solitude qui me pesait. Lorsque je la regardais, je me sentais plus vivant, plus humain. Elle m'avait rappelé ce que c'était que d'avoir quelqu'un à ses côtés, quelqu'un qui vous comprend. Mais, un jour, alors que nous courions main dans la main, une fissure dans l'univers nous sépara. Je la perdis. J'avais voulu lui dire tant de choses, mais les mots ne sortirent jamais. Elle était ma meilleure amie, mon étoile brillante dans un univers sombre. Oh, Rose Tyler... la retrouver dans cet autre monde... C'était comme si l'univers m'avait donné une seconde chance, une chance que je n'aurais jamais cru possible. Lorsque je l’avais revue, mon cœur s'était emballée et je m’étais senti submergé par un mélange d'espoir et de mélancolie. L'idée de pouvoir avoir un avenir avec elle, de pouvoir vivre une vie "normale", c'était à la fois terrifiant et exaltant. Je me demandais souvent ce que cela signifierait pour nous deux. Pourrais-je vraiment m'installer et vivre une vie humaine? Mais avec Rose à mes côtés, tout semblait possible. Elle avait cette capacité à me faire voir le monde sous un jour nouveau. L'univers était vaste et plein de merveilles, mais avec Rose, chaque moment semblait encore plus précieux.

Même quand je la voyais au loin, parler à un autre homme, je ne pouvais m’empêcher de la suivre des yeux et d’imaginer tout un tas de choses que j’aurais aimé vivre avec elle. Et, au fond, depuis que j’avais retrouvé Rose Tyler, j’avais envie de croire que nous avions peut-être une chance de vivre quelque chose, ici. Mais je n’étais pas sûr de savoir ce qu’elle voulait. Et puis… avais-je le droit de vouloir lui offrir cette vie alors que je lui avais retiré…
La séparation avec Rose... C'était comme si on m'avait arraché une partie de moi-même. Chaque fois que j'y pensais, une douleur sourde s'emparait de mes cœurs. Elle n'était pas juste une compagne, elle était mon amie, ma confidente, celle qui m'avait aidé à me retrouver après la Guerre du Temps… et elle était bien plus que cela, la seule humaine à avoir la capacité de comprendre le TARDIS…
La laisser dans cet autre univers, sans pouvoir la toucher, lui parler, c'était insupportable. Je me souviens du moment où nos mains se sont séparées, de la façon dont elle a crié mon nom, et de la douleur dans ses yeux. C'était comme une blessure qui ne guérirait jamais. J'ai voyagé à travers le temps et l'espace, j'ai vu des merveilles et des horreurs, mais rien ne m'a jamais fait autant de mal que de perdre Rose. Et même si j'essayais de continuer, de sourire, de faire le fou, cette douleur était toujours là, tapie dans l'ombre. Oh, Rose... Si seulement j'avais pu changer le cours des événements... Mais le temps, parfois, était vraiment cruel.

Je ne voulais plus la perdre, ça, c’était une certitude. Jamais de la vie. Je ne voulais plus jamais souffrir comme cela. Et je ne voulais plus jamais la voir souffrir et encore moins la faire souffrir.

Bref.
Nous nous étions dirigés vers la boutique de poupées et j’avais expliqué à Rose cette drôle d’impression que m’avait faite cet endroit la première fois que j’y étais venu. C’était d’ailleurs le jour où j’avais rencontré ma régénération suivante, mais je préférais ne pas y penser.
Je trouvais que Rose avait raison, d’ailleurs, quand elle évoquait le fait que ces poupées de porcelaine étaient vraiment flippantes.

« Je ne sais pas si ce sont leurs yeux ou bien leur sourire qui fait ça… »
Ou peut-être que c’était le tout, en fait. C’était assez étrange de se dire que les humains avaient conçu ces poupées pour l’amusement des enfants…
Mais oui, avec Rose à mes côtés, tout allait bien se passer. Nous étions effectivement un duo de choc et nous allions pouvoir à nouveau faire en sorte que le monde aille mieux ! On faisait ça très bien, elle et moi…

Du côté de l’entrée, nous avions vite trouvé comment nous allions pouvoir visiter ces lieux et intervenir. Si intervention il fallait.
Je trouvais Rose terriblement jolie quand elle souriait et quand elle faisait des clins d’œil comme ça. Je lui rendis son sourire et je m’avançais avec elle.

Mon tournevis émit alors un son caractéristique. Un bruit que j’avais souvent entendu et que Rose connaissait aussi bien que moi. Il y avait quelque chose. De cette armoire qui émettait quelque chose, je m’attendais à voir surgir n’importe quoi, mais il n’y avait rien… alors, comme mon amie, je me mis à analyser mon côté du meuble, mais ce fut elle qui trouva le loquet.
Le grincement était digne de celui d’un film d’horreur. Le genre de bruit que faisaient les vieilles portes qui n’avaient pas bougé depuis des années… voire des siècles.
« Fais quand même attention… »

Le grincement et les poupées, c’était déjà suffisamment glauque pour ne pas se sentir à l’aise, alors, forcément, je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter un peu. Même si j’étais prêt à tout pour protéger Rose Tyler, évidemment. Et quand elle sursauta, je sursautai, moi aussi, en même temps qu’elle, soit à cause de son cri, soit à cause du masque… c’était difficile à dire, mais voilà, le fait était là.

« Bon sang ! On dirait un Abzorbaloff ! » Comment ce visage pouvait-il se retrouver ici, c’était une autre question ! On était tellement loin de Raxacoricofallapatorius…

Je pris la main de Rose, parce que ça me semblait être la meilleure chose à faire et parce que j’avais le sentiment que cela pourrait nous permettre de rester soudés. Ensemble, on était plus forts. Ensemble, on était ce duo de choc. Ensemble…
J’avais des choses à lui dire. Mais dire ces mots, surtout pour un Seigneur du Temps, c’était... c'était énorme. Mais si je devais le faire, si je devais vraiment dire à Rose ce que je ressentais, je la regarderais droit dans les yeux, prendrais une grande inspiration et dirais : "Rose Tyler... Je..." Et puis, bien sûr, quelque chose d'absolument typique se produirait pour interrompre ce moment, comme un Dalek apparaissant ou le TARDIS faisant des siennes. Mais j'espérais, j'espérais vraiment qu'elle saurait, qu'elle sentirait ce que je voulais dire. Parce que les mots, parfois, ne suffisaient pas pour exprimer ce que l'on ressentait vraiment.
« Je n’ai vraiment pas envie qu’un alien comme celui-là puisse t’absorber ! Je te protégerai, Rose, je… »

Et comme c’était écrit quelque part, un bruit derrière nous attira immédiatement notre attention, interrompant instantanément ce que je m’apprêtais à lui dire, même si je n’étais pas tout à fait sûr des mots que j’allais utiliser pour ça.

« Tu as entendu ? » Bien sûr qu’elle avait entendu. Rose avait l’ouïe fine et un véritable instinct. Alors je me doutais bien que mon amie n’allait pas passer à côté d’un truc pareil. Je pointais mon tournevis dans la direction du bruit. « Mes cœurs battent aussi vite que lorsqu’on a été séparés ! »

Elle avait raison, en fait, ces poupées étaient glauques et flippantes, dans chaque petite parcelle de leur corps de jouet. C’était d’ailleurs presque surprenant que les Daleks n’aient jamais essayé d’utiliser ces jeux pour tenter de mener leurs plans à bien… ou alors c’était trop flagrant ? Ou trop finaud ?
Dans tous les cas, je préférais qu’il n’y ait aucun Dalek derrière tout cela, c’était bien mieux pour tout le monde. Même si Rose était capable de contrer ces aliens comme personne.

L’atmosphère de certains lieux gardaient une trace d’une activité maléfique, on pouvait parfois retrouver des particules minuscules qui nous montraient ce qu’il y avait à voir. J’espérais que ce serait le cas, que nous allions vite découvrir ce qui se cachait dans les entrailles de cette boutique… et s’il y avait une activité extraterrestre là derrière, nous la trouverions ! C’était ce que nous faisions, Rose et moi, traquer ces menaces à travers le temps et l’espace, puis empêcher des catastrophes…
Et puis… je ressentais toujours une gamme complexe d'émotions lors de mes moments avec Rose. J'étais profondément attaché à elle, mon affection et ma loyauté transparaissaient dans chaque geste, chaque regard. Je me débattais intérieurement, conscient de la fugacité des relations humaines face à ma propre longévité. Mon esprit oscillait entre émerveillement face à la force et la résilience de Rose et mélancolie, sachant que ces instants partagés étaient éphémères.

Je veillais sur elle avec une protection presque paternelle, prêt à intervenir à la moindre alerte. Et pourtant, j'admirais son indépendance, sa capacité à affronter les plus grands dangers. Cette admiration se teintait d'une tristesse douce-amère en réalisant qu'elle continuait d'évoluer, parfois en s'éloignant du chemin que nous avions tracé ensemble.

Lorsque nous étions confrontés au danger, je me sentais en vie, mon esprit s'illuminait, mes deux cœurs battaient au rythme de l'aventure. Mais dans le silence, en particulier lorsque nous étions enveloppés d'une tension non dite, l'incertitude m'envahissait. J'avais envie de partager mes sentiments avec elle, de révéler la profondeur de mon attachement, mais la peur de l'effet de ces révélations me retenait. La peur de précipiter son départ me hantait.

Chaque seconde avec Rose était d'une valeur inestimable. Je souhaitais que chaque aventure que nous partagions soit mémorable, pleinement conscient que chacune pourrait être notre dernière. C'était un mélange délicat de joie et d'appréhension, d'enthousiasme et de réserve, qui teintait chaque décision, chaque mot échangé entre nous…

Je réfléchis aux paroles de ma chère Rose au sujet des aliens… Oui, en fait, j’avais sans doute parlé un peu trop vite. En ce premier jour sur l’île, en ce lendemain de la lune rouge, tout le monde ici était humain. Y compris les pires espèces extraterrestres que nous aurions pu croiser. Je me pris le menton comme pour mieux me concentrer.

« C’est vrai, j’avais oublié ce détail ! Je n’arrive pas à savoir si c’est la lune rouge ou l’île qui produit cet effet, mais c’est quelque chose qui mérite d’être approfondi… »
Il allait falloir que j’étudie ça de près. Je ne savais pas encore quand ni comment, mais il allait bien falloir le faire. « Et j’espère bien que tu ne te feras jamais absorber par qui ou quoi que ce soit ! »
Je n’étais pas sûr que je pourrais encore vivre, si cela devait arriver. C’était inimaginable de perdre Rose après l’avoir retrouvée. Je ne pouvais pas y penser.

Je scrutais chaque poupée de ces étagères poussiéreuses, la tête penchée, l'esprit en alerte. Curieux endroit pour une enquête… Mais entre la tension du lieu, le bonheur d’être avec Rose et l’euphorie à l’idée de trouver quelque chose, je souriais, mes yeux pétillant d'un mélange d'amusement et de suspicion. Les poupées, avec leurs yeux de verre fixés dans le vide, semblaient presque nous observer, mais c'était l'aventure, après tout !
J'effleurais une poupée à la robe d'époque, l'examinant de près, avant de noter une anomalie dans la texture de la robe. Je tournai la poupée pour lui montrer le tissu, un fil brillant qui ne correspondait pas à l'époque supposée de la poupée. Ça n’était pas du tout banal…

Mais après le chat noir qui s’enfuit en se faufilant à travers nos jambes, ce fut une autre silhouette et un tout autre bruit qui nous firent faire volte-face. Je pointai aussitôt mon tournevis sonique en direction du bonhomme et de sa chaise.

Puis, je levai les mains en signe de paix, un sourire désarmant aux lèvres, et m'interposai entre l'homme et Rose.
« Whoa, monsieur, doucement avec cette chaise, s'il vous plaît. Nous sommes pas des rôdeurs, nous sommes... des collectionneurs! Oui, des collectionneurs de poupées anciennes. »
J’adressai un clin d’œil complice à Rose, espérant qu'elle suivrait mon improvisation, et je sortis mon papier psychique de ma poche, pour l’agiter quelques instants sous le nez de l’homme..
Je détournai légèrement le regard, m'assurant que Rose était en sécurité, tout en gardant un œil sur notre hôte impromptu.

« Nous sommes simplement venus voir votre incroyable collection. Elle est... époustouflante ! » dis-je, en faisant un geste vers les étagères remplies de poupées, espérant détourner son attention de son intention de nous attaquer.

Alors que l'homme baissait doucement sa chaise, je me tournai vers Rose, un sourire mi-inquiet mi-amusé sur le visage. « Rose, tu vas bien? » demandai-je avec une note de sérieux sous-jacent à l'humour.
« Ces petites escapades ne manquent jamais de piquant, n'est-ce pas?» J'observai sa réaction avec attention, sachant que ses pensées étaient peut-être aussi tumultueuses que le vortex temporel.

« Alors, monsieur, dites-nous tout… Vous avez fait l’acquisition de ces poupées il y a longtemps ? Est-ce qu’elles étaient déjà ici quand vous êtes arrivé, il y a quelques heures ? » Je jetai un regard à l’heure. « Oui, l’île n’est pas encore très peuplée, tous les habitants viennent à peu près d’arriver… mais vous avez atterri directement ici ? Ou bien vous avez vu la porte ouverte et vous êtes juste entré ? »

Une question en entrainait une autre et je ne pouvais m’empêcher de les poser à l’homme. Peut-être qu’il allait pouvoir nous aider à comprendre ce qui se passait sur cette île…
« Est-ce qu’on peut vous aider, monsieur ? »

Je contemplais l'homme assis devant nous, une énigme incarnée, perdu dans ses pensées, les yeux fixant un point invisible. Il y avait quelque chose dans son regard, un mélange de confusion et de peur, qui m'interpellait profondément. Je me mis à réfléchir à toute vitesse, analysant chaque détail de cette scène insolite. Que faisait cet homme ici, dans une boutique de poupées, apparemment blessé et désorienté ? Cela ne pouvait être une coïncidence.

Rose, toujours aussi intuitive et courageuse, s'était empressée de lui venir en aide, nettoyant sa blessure avec une douceur maternelle. Sa présence, son énergie, était un phare dans l'obscurité de l'inconnu, un rappel constant de la beauté et de la force de l'humanité. Je me sentais à la fois protecteur et émerveillé par elle, par notre complicité grandissante et notre capacité à affronter ensemble les mystères de l'univers.

Alors que je l'observais s'occuper de l'homme, je ne pouvais m'empêcher de ressentir un mélange d'admiration et de mélancolie. La fugacité de la vie humaine contrastait vivement avec ma propre longévité. J'étais profondément attaché à Rose, mais je savais que notre temps ensemble était précieux et probablement limité. Chaque moment partagé était un trésor, une aventure à chérir. Je me demandais parfois ce que l'avenir nous réservait, sachant que nos chemins pourraient un jour se séparer.

Néanmoins, ces pensées mélancoliques étaient rapidement balayées par l'urgence du moment. L'homme devant nous était peut-être la clé d'un mystère plus grand, d'une énigme qui se cachait derrière les murs de cette boutique de poupées. J'examinais attentivement sa blessure, utilisant mon tournevis sonique pour effectuer un scan rapide. Rien de trop grave, heureusement, mais suffisamment sérieux pour nécessiter des soins.
En le soutenant, je me sentais comme un gardien, non seulement de l'univers, mais aussi des personnes qui y vivaient. Mon esprit s'agitait, jonglant entre mille et une pensées. Qui était cet homme ? Comment était-il arrivé ici ? Et surtout, quel mystère se cachait derrière ces poupées aux yeux de verre ?

Il ne me comprenait pas ? Mon regard glissait sur l’air hagard de l’homme et je ne pus m’empêcher de me dire que Rose avait sans doute raison. Cet homme devait avoir plus qu’un souci, mais ça, je ne pouvais pas y faire grand-chose pour le moment… d’autant que Rose se mit bientôt à courir, entrainant l’homme avec elle pour déguerpir le plus vite possible…

« Ne t'inquiète pas, Rose, » dis-je en m'ajustant pour mieux soutenir l'homme. « On ne va pas se laisser rattraper par... euh… quoi que ce soit, peu importe ce que c'est, on va lui échapper ! » Mon ton était rassurant, mais au fond, une vague d'inquiétude me traversait. Qu'est-ce qui nous poursuivait ? Et pourquoi ? L’avantage de la fuite, c’était que l’on pouvait courir… j’adorais ça, c’était toujours une sensation agréable pour moi que de courir, ça me remplissait toujours d’enthousiasme, mes deux cœurs pulsaient comme jamais… C’était comme si chaque fibre de mon être se synchronisait avec le rythme effréné de l'existence elle-même.

En sortant de la boutique, je sentais le poids de l'atmosphère changer. C'était comme quitter un monde pour en entrer dans un autre. Je me retournai, jetant un dernier regard aux poupées. Elles semblaient nous observer, leurs yeux de verre suivant notre départ. Un frisson me parcourut l'échine.

À l'extérieur, la lumière du jour semblait presque irréelle après l'obscurité de la boutique. Je posai l'homme sur un banc proche, sortant un kit médical de ma poche. « On dirait qu'il a été heurté à la tête, mais rien de trop grave, je pense,» On dirait qu'il a été heurté à la tête, mais rien de trop grave, je pense,

Je balayais l'endroit du regard, chaque coin, chaque recoin. Les poupées, alignées sur leurs étagères, semblaient presque vivantes, leurs yeux brillants fixés sur nous. C'était comme si elles avaient une histoire à raconter, une histoire qui n'attendait que d'être découverte.
Je me concentrais sur le visage de l'homme, essayant de déchiffrer les mots qu'il murmurait. "Miroir", avait-il dit. Un mot intrigant, surtout dans un lieu rempli de poupées anciennes et de poussière.
« Miroir ?» me demandai-je. C'était intrigant. Un miroir dans une boutique de poupées... Quelle pouvait en être la signification ? Mon esprit bouillonnait de théories, de possibilités. Un miroir... Cela pourrait être une porte, un portail vers un autre monde, ou peut-être le reflet d'une réalité cachée.

Je me tournai vers Rose, mes yeux pétillants de curiosité. « Rose, il dit quelque chose sur un miroir. Je pense que c'est un indice.» Je me levai, prêt à retourner à l'intérieur. « Un miroir dans une boutique de poupées. Ça pourrait être la clé de ce mystère. »

Mais je m'arrêtai, réalisant que je ne devais pas laisser Rose seule. « Rose, tu veux qu'on aille voir ensemble ? » proposai-je, tendant ma main vers elle. « Je sens que ce miroir pourrait nous révéler bien des secrets. »

En reprenant notre chemin vers la boutique, une vague d'anticipation me submergeait. Je ressentais ce mélange d'excitation et d'appréhension qui précédait toujours les grandes découvertes. À chaque pas, l'air semblait se densifier, comme si nous nous enfoncions dans un brouillard de mystères et d'énigmes.
En entrant à nouveau dans la boutique, l'atmosphère avait changé. Les poupées semblaient nous observer avec plus d'intensité, leurs yeux de verre brillant d'une lumière étrange. Je parcourais les étagères du regard, cherchant ce fameux miroir. Et là, dans un coin sombre, je l'aperçus.

C'était un miroir ancien, son cadre orné de motifs complexes, presque hypnotiques. Je m'approchai, Rose à mes côtés, et je sentis une énergie émaner de lui. C'était comme si le miroir palpitait d'une vie propre, ses reflets dansant et ondulant d'une manière presque surnaturelle.

Je tendis la main vers le miroir, hésitant un instant. Que révélerait-il ? Un secret caché ? Une porte vers un autre monde ? Ou quelque chose de bien plus dangereux ? Je sentais mon cœur battre la chamade, mes deux cœurs synchronisés dans leur anticipation.

« Rose, tu es prête ?» demandai-je, ma voix teintée d'excitation et de nervosité.  « On ne sait jamais ce qu'on va trouver de l'autre côté d'un miroir, surtout dans un endroit comme celui-ci.»

Et alors que je posais ma main sur le miroir, le monde sembla basculer. Une lumière éblouissante jaillit de sa surface, engloutissant tout autour de nous. Dans cette lumière, je vis des ombres se mouvoir, des formes indistinctes qui semblaient nous appeler.

Puis, tout devint noir. Un noir absolu, sans son, sans lumière, sans temps. Un vide complet où seuls restaient Rose et moi, flottant dans l'inconnu, face à un mystère qui dépassait tout ce que nous avions connu auparavant.

Une fois dehors, si la sensation de l’air frais nous faisait du bien, je devais quand même avouer que je n’étais pas tranquille. Je ne supportais pas l’idée de passer à côté de quelqu’un à sauver… Alors, oui, forcément, retourner dans la boutique pour essayer de sauver ce qui devait ou pouvait l’être.
Je contemplais le miroir avec une inquiétude croissante, tenant fermement la main de Rose. Nous étions entourés d'une obscurité oppressante, seulement percée par la lumière vacillante de notre unique espoir de sortie.  

Les différentes silhouettes semblaient bouger et essayer de communiquer, mais je n’étais pas sûr que ce soient des présences amies… Et si c’était des ennemis, justement ? des ombres qui s’approchaient pour aspirer nos âmes ou notre énergie ?

« Reste près de moi, Rose, » murmurai-je, tentant de masquer mon inquiétude. De toute façon, les silhouettes ne répondaient pas… C’était étrange, mais nous n’avions pas vraiment le choix, il fallait agir.

Lorsque nous traversâmes le miroir, nous nous retrouvâmes dans un couloir sombre et étroit. J'avais espéré que ce passage nous mènerait à la sécurité, mais je réalisai rapidement mon erreur. Le couloir se mit à trembler violemment, des pierres et de la poussière tombant du plafond.

« Vite, par ici ! » criai-je, espérant échapper à un éventuel effondrement.

Nous courions à travers le couloir, lorsque soudain, une porte apparut sur notre gauche. Sans réfléchir, je l'ouvris, pensant que cela nous offrirait un refuge. Mais au lieu de cela, un torrent d'eau s'échappa, nous renversant et nous entraînant dans un courant furieux.

« Rose ! » hurlai-je, tout en luttant pour reprendre mon souffle et la retenir.

L'eau nous emporta dans un autre couloir, nos corps ballotés comme de simples fétus de paille. Je me maudissais intérieurement pour mon choix précipité. Finalement, l'eau se calma, nous laissant épuisés et trempés sur un sol humide.

Nous reprenions à peine nos esprits quand un grondement sourd nous fit sursauter. Une section du mur s'effondra, révélant une immense salle remplie de créatures ressemblant à des araignées géantes. Je sentis Rose se crisper à côté de moi.

« Ne bougeons pas, » chuchotai-je, espérant que les créatures ne nous remarqueraient pas.

Mais, dans ma nervosité, je fis tomber mon tournevis sonique, qui s'activa au contact du sol, émettant un son aigu. Les araignées se tournèrent instantanément vers nous, leurs yeux luisant dans l'obscurité.
« Courons ! » criai-je, réalisant que j'avais une fois de plus aggravé la situation.

Nous courions à travers la salle, les araignées sur nos talons. Je regrettai amèrement d'avoir activé accidentellement le tournevis. Nous parvînmes à échapper de justesse à leurs griffes, trouvant refuge dans un petit passage étroit.

Essoufflés et terrifiés, nous continuâmes notre chemin, espérant désespérément trouver une issue. Après ce qui sembla une éternité, nous débouchâmes dans une autre salle, où trônait un autre miroir, semblable à celui par lequel nous étions entrés.

Je m'approchai du miroir, examinant sa surface.
« Peut-être que cette fois-ci, nous aurons plus de chance, » dis-je à Rose, essayant de retrouver un semblant de confiance. Mais, alors que je posais ma main sur le miroir, une décharge électrique jaillit, me projetant en arrière. « Aïe !  » m'écriai-je, secoué mais indemne.

Je scrutais le miroir, frustré et résolu. « On ne peut pas abandonner maintenant. » Je me relevai péniblement, puis je pris une profonde inspiration, déterminé à ne pas commettre une nouvelle erreur…

« Allons-y, Rose. Cette fois, on le fait ensemble, mais avec prudence.» Nous posâmes nos mains sur le miroir, prêts à affronter ce qui nous attendait de l'autre côté, en espérant tout de même que cette tentative serait la bonne, sans provoquer plus de catastrophes.

Alors que Rose me retenait, une vague de réalisation me submergeait. Elle avait raison. Nous étions pris dans une toile d'événements aussi imprévisibles que dangereux, et chaque décision précipitée semblait nous plonger davantage dans le chaos. Je sentais son étreinte, ferme et déterminée, un rare moment de calme dans le tumulte incessant de notre aventure.

« Tu as raison, Rose, » dis-je en me détendant dans son étreinte. « On doit prendre un moment, observer, réfléchir. C’est notre seule chance. » Je lui souriais, reconnaissant sa sagesse et sa force, même dans les moments les plus sombres.

Nous nous séparâmes, et je suivis son regard autour de la salle. Rose avait ce don unique de voir ce que d'autres ne voyaient pas, et aujourd'hui, cela pourrait bien être notre salut. Nous examinions les murs, frappant ici et là, testant leur solidité. Elle me montrait un endroit qui sonnait creux. Je sortis mon tournevis sonique, l'activant pour ouvrir la paroi secrète. Derrière, une autre salle, sombre et poussiéreuse, se révélait, avec un miroir drapé dans un vieux tissu.

« Intéressant, » murmurais-je, tout en m'approchant du miroir. Rose me tendit la main, m'invitant à la suivre. Je ne pouvais m'empêcher de sourire devant son initiative. Elle était incroyable, vraiment.

Nous traversâmes le miroir, nous retrouvant à nouveau dans la boutique de poupées. Cet endroit avait quelque chose de sinistrement familier, mais aussi de profondément troublant. Rose suggéra de cacher le miroir pour éviter qu'il ne cause plus de mal.

« C’est une excellente idée, » répondis-je. « On doit le mettre hors d'état de nuire. Et puis, on pourra reprendre nos recherches, trouver ce qui a causé tout ce désordre. »

Nous nous mîmes à l'œuvre, cherchant quelque chose pour recouvrir le miroir. Je scrutais les alentours, cherchant quelque chose qui pourrait nous aider. C'est alors que je vis quelque chose d'étrange, une poupée qui n'était pas là auparavant. Elle semblait nous observer, ses yeux brillant d'une lueur étrange.

« Rose, regarde ça,» dis-je en pointant la poupée. Elle s'approcha, et nous examinions la poupée ensemble. Il y avait quelque chose d'inhabituel à son sujet, quelque chose de presque vivant.

« Ça pourrait être lié à tout ce qui se passe, » suggérai-je. « Peut-être que c'est la clé de tout ce mystère. »

Nous décidâmes d'explorer davantage la boutique, cherchant des indices sur la poupée et sur la façon dont elle pouvait être connectée aux événements étranges auxquels nous avions été confrontés. Alors que nous fouillions, je sentais l'excitation monter en moi. C'était ça, l'aventure, le mystère, la découverte. Avec Rose à mes côtés, je me sentais invincible, prêt à affronter n'importe quel danger.

« Rose,» dis-je, « quoi qu'il arrive, on va le résoudre. Ensemble. »
Je savais que, ensemble, nous étions prêts à faire face à tout ce qui nous attendait.
Peut-être qu’à présent, il ne nous fallait plus que sortir d’ici pour être libérés de tout ça, Peut-être même que nous pourrions nous poser vraiment, souffler un peu et essayer de comprendre en prenant du recul… mais ce n’était pas gagné. Ici, les choses avaient tendance à être difficilement explicables et encore moins logiques.

lors, face à l'observation de Rose, un frisson d'excitation me parcourait l'échine. Sa perspicacité ne cessait de m'étonner, et ce moment ne faisait pas exception.

« Rose, tu es brillante ! » m'exclamais-je, mes yeux brillant d'admiration et d'enthousiasme. « Les symboles sur ces poupées et leur correspondance avec ceux encadrant le miroir ne peuvent pas être une coïncidence. C’est un puzzle, un jeu d'esprit ! Et si nous le résolvons, je parie que nous trouverons la clé pour neutraliser le miroir. »

Je me penchais vers les poupées, scrutant les symboles avec une curiosité dévorante.
« Chaque poupée doit avoir une place spécifique dans cette pièce, une manière de les aligner qui reflète les symboles sur le miroir. C'est comme un mécanisme de sécurité, un verrou qui, une fois ouvert, pourrait bien changer la donne.  »

Je ramassais la poupée à la rose brodée, l'observant attentivement.
« oyons, cette rose... elle doit être la clé de l'énigme. La nature, la vie, la croissance... peut-être symbolise-t-elle le point de départ ? » Je plaçais la poupée près du miroir, là où un symbole de rose était gravé sur le cadre.

Puis, je m'attaquais aux autres poupées, chaque placement étant une tentative d'harmoniser les symboles avec leurs emplacements dans la pièce. « Le corbeau, symbole de mystère, de transformation... » murmurais-je en plaçant la poupée correspondante dans un coin sombre, là où l'ombre semblait danser avec la lumière.

Rose me suivait, ses yeux scrutant la pièce, cherchant des indices que j'aurais pu manquer.
« Et si la disposition des poupées était une sorte de formule, un code à déchiffrer pour verrouiller le miroir dans son état actuel, l'empêchant de nuire ? » proposais-je, plus à moi-même qu'à elle, tout en ajustant l'emplacement d'une poupée tenant un miroir miniature.

Après avoir placé la dernière poupée, un silence s'installa, lourd d'anticipation. Nous reculâmes, observant le miroir, guettant un signe de changement.
« Maintenant, voyons si cette théorie tient la route. » Je sortis mon tournevis sonique, le pointant vers le miroir. « Si ces poupées sont vraiment la clé, alors...  »

Je l'activais, envoyant une douce vibration vers le miroir. Un moment passa, sans aucun effet visible. Puis, soudainement, une lueur émana du miroir, les symboles sur le cadre se mettant à briller, reflétant les placements des poupées.
« Ça fonctionne, Rose ! Regarde ! Les symboles s'illuminent ! » m'écriais-je, un large sourire triomphant éclairant mon visage.

La lueur s'intensifia, enveloppant le miroir d'une aura presque palpable. Et puis, aussi soudainement qu'elle était apparue, la lumière s'estompait, laissant le miroir apparemment inchangé, mais pourtant, on sentait une différence. Une paix, une quiétude s'était installée dans la pièce, comme si un grand danger venait d'être écarté.

Je me tournais vers Rose, l'excitation palpable dans ma voix.
« Nous l'avons fait ! Le miroir est neutralisé, grâce à toi et à ton esprit vif. C'était un travail d'équipe magnifique ! » Je lui offrais un clin d'œil complice. « Maintenant, nous pouvons enfin respirer, sortir prendre cette bouffée d'air frais dont tu parlais… Et ensuite, qui sait ? Le TARDIS nous attend ! »

Je m'approchais de la porte, prêt à ouvrir un nouveau chapitre de nos aventures.
« Alors, Rose, où veux-tu aller ? Quel mystère de cette île désires-tu explorer ? Avec toi, je suis prêt à affronter n'importe quelle énigme, à travers le temps et l'espace ! » Mon sourire s'élargissait, impatient de continuer notre voyage, ensemble, toujours à la recherche de l'inconnu, de l'extraordinaire. C’était peut-être le moment de lui dire ? Mais comment ? « Parce que, tu vois, avec toi, chaque moment est une aventure. Chaque défi, une chance de découvrir quelque chose de nouveau. Et je ne changerais ça pour rien au monde. »
Mon regard se posait sur elle, empli d'admiration, d'affection, d’amour, même, et d'une pointe de malice, j’étais prêt à me lancer dans le vaste inconnu qui nous attendait, main dans la main.