(Abandonné) On se rencontre enfin ! Martha&Rose

Martha sait bien toutes les critiques portées à l’encontre de la gastronomie anglaise. Certains disent que les sujets de la reine Elizabeth II (C’est Charles III maintenant, faut être à jour !) auraient un palais de « rottwieler ». Leur cuisine est souvent jugée comme peu appétissante, surtout à la vue de ces gros tas de nourriture mélangé ensemble et qui ne donnerait envie à personne. Pourtant, notre médecin aimait sincèrement les plats originaires de son pays. Quelque chose n’a pas besoin d’être esthétique pour être bon ! Et puis dans tous les cas quand les aliments arrivent dans l’estomac ils sont en bouillis non ? Cet avis négatif n’empêchera pas Martha de se régaler aujourd’hui après que son « English Breakfast » soit arrivée sous son nez. Elle était sortie de chez-elle pour re-goûter à des sensations longuement perdues. La demoiselle n’était pas de service aujourd’hui, elle pouvait donc bien s’accorder ce genre de petit plaisir.

L’odeur des pois blancs chatouille ses narines. A la vue, cela n’a pas l’air bien ragoutant. La fourchette de la jeune femme plonge tout de même dans son plat. Alors qu’elle s’apprêtait à prendre une bouchée, elle remarque qu’il manque quelque chose… Mais oui ! Une boisson chaude ! Sa main se lève dans l’optique de faire signe à une serveuse. Son couvert retombe mollement dans son assiette, le petit bruit cristallin que crée ce mouvement est masqué par le brouhaha ambiant de la pièce. Comment peut-elle profiter de son petit-déjeuner sans un bon thé ? Elle avait oublié de le commander plus tôt, pourtant, ce n’est pas le genre de Martha d’être tête en l’air. Que voulez-vous ? Cela arrive mêmes aux meilleurs. Une jeune femme à la crinière rousse s’approche pour prendre sa commande. L'ex-compagnonne lui sourit et présente poliment ses excuses s’en voulant de donner du travail supplémentaire et inutile à l’équipe en charge de la salle. Elle attend donc, son repas refroidit à vue d’œil mais bon, son estomac s'y fera. Pour se divertir, elle sort son téléphone mais cela la stresse plus qu’autre chose en voyant tous ces mails auxquels elle doit répondre. Son esprit aurait pu rester concentrer sur cette simple tâche, pourtant, une interjection l’obligea à faire un peu plus attention à son environnement. Évitant de justesse une goute de thé noir brûlant sur l’un de ses doigts. Ce n’est pas bien grave, elle lève les yeux pour remercier gracieusement la blonde qui lui a ramené sa boisson chaude.

« Oui ? »

Elle l’interroge en souriant légèrement. Cette jeune femme la connait ? Martha n’a pourtant aucun souvenir de la blonde. Une patiente de l’hôpital ? Elle en croise tant, il est difficile pour le médecin de retenir tous les visages qu'elle voit. Néanmoins, l’anglaise était convaincue que si elle s’était rencontrée dans le cadre d’une intervention médicale, l’inconnue l’aurait plutôt appelé « Docteur Jones ». Légèrement perdue, il ne fallut pas attendre bien longtemps pour que la jeune femme obtienne des réponses à son interrogation.

« Rose… La Rose !? Celle du Docteur ? »

Martha avait chuchoté le nom du Seigneur du temps, se rapprochant donc légèrement de la jeune femme pour avoir la garantie qu’elle entende ses dires. Ce n’était pas possible… La Rose ! Celle dont le médecin avait été si jalousie. Une légère honte s’installa en elle tandis que certains souvenirs de sa vie passée lui reviennent. Oh, elle et son béguin pour le Docteur… Il avait mis dans de sacré beau drap. Ce n’était peut-être pas la fameuse compagnonne qui avait nourri tant de ses complexes. Elle avait peut-être rencontré une autre Rose, blonde également… Les probabilités étaient faibles mais pas nulles.

« Oh, je vais bien ! Je voulais déguster un petit-déjeuner anglais pour une fois. Et toi comment vas-tu ? Tu travailles ici ? »

Martha parlait à cette jeune femme comme si elle venait de retrouver une vieille amie. Pourtant, elles ne s’étaient jamais rencontrées du moins… normalement ? Rose n’avait été que ce personnage des histoires racontées par le Docteur. Alors, comment la demoiselle pouvait-elle la connaitre ? Elle fronce légèrement les sourcils, maintenant perdue.

« Excuse-moi, comment est-ce que tu me connais ? »

« Oh oui, si tu savais, tu es vraiment « La Rose » ! J’ai tellement entendu parler de toi ! »

En venant s’asseoir dans ce restaurant jamais au grand jamais le médecin n’aurait pu imaginer qu’elle rencontrerait Rose Tyler. La Rose Tyler ! Celle du Docteur, celle avec qui le seigneur du temps avait vécu mille et une aventures, celle dont Martha fut si jalouse… En la regardant, notre anglaise pouvait comprendre pourquoi cette jeune femme fut le sujet de temps de passion. Elle est magnifique, la blondeur de ses cheveux faisait parfaitement ressortir le bleu de ses yeux. Et puis, dès une première rencontre, la serveuse était souriante, sociable, elle savait parfaitement comment mettre à l’aise son interlocuteur et le médecin était persuadée qu’elle ne le faisait pas exprès… Revoilà ses insécurités qui pointaient à nouveau le bout de leurs nez ! Ses sentiments pour le Docteur appartenaient au passé pourtant ! Pourquoi avait-elle besoin de se comparer sans cesse à une si charmante demoiselle qui n'avait absolument rien demander ? Elle qui pensait avoir suffisamment travaillée sur elle-même, il y avait encore du chemin à faire…

« C’est chouette alors que malgré cette situation difficile tu es pu te trouver une place qui te correspond. »

Le médecin lui sourit. Oui, cette île les avait piégés ici. Loin de tout ce qu’ils avaient toujours connu. Que Rose puisse s’en sortir à sa façon la rend heureuse. Elle ne la connaissait pas, cependant, malgré les problèmes de confiance en soi que Martha se créait en sa présence, elle ne se voyait pas lui souhaiter du mal. Surtout lorsque la blonde avait l’air si sympathique !

« Ca me dit absolument rien et à ta description j’ai l’impression que ce n’est pas un évènement que j’aurais pu oublier. »

Les sourcils de Martha se froncèrent tandis qu’elle tentait de faire remonter des souvenirs à la surface en vain. Elle a tenté de sauver la Terre. Elle a réussi ! Mais ce fut après une année entière à voyager à travers un monde dystopique qui désirait sa peau. Rose n’avait jamais été mêlée de près ou de loin à ces histoires… Les yeux de son interlocutrice ne laissaient pas penser à un mensonge éhonté. Il devait avoir une autre explication rationnelle à tout cela.

« Je n’en ai aucun souvenir peut-être parce que je ne l’ai pas encore vécu ? Comment le Docteur le disait déjà ? Ces bidules timey-whimey wibbly blobly ? »

En tant qu’ancienne voyageuse temporelle, le concept de flux temporel inter-croisé ne lui était pas étranger. Bon, le médecin ne pourrait probablement pas utiliser de terme technique pour en parler mais elle en avait conscience à un certain degré. Certaines personnes peuvent venir d’époques différentes et ne pas avoir vécu exactement la même chose alors qu’elles auraient dû. Le temps est une constante compliquée que l’univers doit supporter. Si vous combinez cela avec cette ville haut en couleur, nous ne sommes clairement pas l’abri de surprise.

« Oh et bien je n’ai pas quitté le milieu médical, je suis devenue médecin urgentiste à l’hôpital. »

Un métier qui lui va selon elle à merveille. Oui, il était épuisant, cependant, Martha avait toujours aimé venir en aide aux autres parfois même au péril de sa propre vie. Alors malgré les efforts et aussi l’ingratitude que peuvent recevoir les métiers dans ce domaine, la jeune femme ne pensait pas à une réorientation professionnelle de si tôt.

« C’est sûre que tout parait plus simple lorsque c’est le Docteur qui l’explique en parlant beaucoup trop vite. »

Des souvenirs vinrent s’amuser avec son cerveau et Martha sourit presque contre son gré. Ce fut la nostalgie qui fit étirer les lèvres de la jeune femme. Une conséquence attendue. Il était certainement normal pour deux compagnons de parler du Seigneur du Temps et donc fatalement faire remonter de vieilles reliques du passé à la surface. Si son départ du TARDIS aurait pu être bien moins tendu, il n’empêchait que le Docteur manquait à la jeune femme. Elle avait travaillé sur elle-même pour faire disparaitre des sentiments nocifs pour sa personne, cependant, le médecin avait gardé en elle la forte amitié qu’elle ressentait à l’égard de l’extraterrestre. Oui, ils étaient toujours amis et oui, Martha serait toujours prête à beaucoup de chose pour lui.

« Tu ne l’as pas retrouvé ici ? »

Le médecin n’avait pas précisé de qui elle parlait, néanmoins, l’identité de la personne qu’elle venait d’évoquer était assez claire. Rose avait peut-être des nouvelles. Après tout, cette île était le meilleur moyen pour les deux « amis » de se retrouver. Il n’y avait plus d’univers qui les séparait, si le Docteur était aussi coincé dans cette ville, le médecin était persuadée que la blonde serait l’une des premières au courant. C’était logique, ils étaient proches, bien trop, du moins d’après une Martha bien plus jeune et jalouse. Le Seigneur du Temps n’aurait-il pas fait toutes les recherches du monde pour s’assurer de la présence de sa chère Rose en ces lieux ? Elle surestimait probablement de son ami, surtout lorsque ses sentiments envers sa première compagne (sous cette incarnation) était en jeu.

« Moi aussi ! C’est un plaisir d’enfin te connaitre ! »

La jeune femme ne mentait pas. Bon, les forts piques de jalousie que Martha avait ressentie à chaque fois que Rose avait été évoquée n’étaient plus à démontrer. Même aujourd’hui, la beauté, la gentillesse et la forte confiance en elle que la blonde dégageait l’intimidait et faisait revenir sur le tapis quelques vieux complexes enterrées depuis pourtant des années. Mais justement, elle était gentille et si sociable. Lui parler était un véritable plaisir. Le visage de sa compatriote anglaise rayonnait alors qu’elle lui affirmait qu’elle avait été ravie de la rencontrer. Le sourire que le médecin tentait de lui partager le même sentiment.

« Oh et bien, c’est un sacré sacerdoce mais je m’y fais. Pour moi venir en aide à mon prochain reste important. Mais attend, il t’a parlé de notre aventure à l’hôpital ? »

L’anglaise était surprise. Ce n’était certainement qu’une petite anecdote parmi tant d’autre. Elle ne s’était tout de même pas attendue à ce que le Seigneur du Temps n’évoque ne serait qu’une seule de leurs aventures auprès de la blonde. Son égo s’en vit booster. Ce n’était rien, mais pourtant, savoir que leurs péripéties avaient eu une légère importance, tellement qu’il en avait parlé avec « La Rose », la rendit un peu heureuse.

« Mais non ne t’inquiètes pas, tes questions ne me dérangent absolument pas ! Au contraire, je te trouve amusante. J’habite à Hogwart Place, c’est beaucoup moins cher qu’à Baker Street. Je suis venue ici à la recherche d’un petit déjeuner typiquement anglais. Je ne sais pas pourquoi c’est si difficile à trouver en ville. Et toi ? Tu résides dans ce quartier ?»

Tandis que le médecin se mit également à s’intéresser à la vie de la jolie demoiselle assise en face d’elle, Martha décida également de prendre une bonne bouchée de son plat maintenant tiède, quasiment froid. Ses haricots bancs finirent dans sa bouche et la jeune femme profita de l’explosion de saveur qu’ils créèrent.

« Oups, pardon, je ne voulais pas être impolie et manger devant toi ! Je peux te payer quelque chose ?»

Tant de compassion s’afficha sur le visage du médecin alors que Rose lui apprenait qu’elle n’avait pas revu le Docteur. Même cet univers était donc réticent à les réunir. La vie est injuste. Il n’y a pas à tortillé, ils tiennent tant l’un à l’autre, si une personne est courant de l’affection que le seigneur du temps ressentait envers la blonde c’est bel et bien Martha. Elle sait donc que ces deux pauvres âmes devraient déjà être réunis et parcourir l’espace et le temps ensemble. La jeune femme compatissante posa sa main sur l’avant-bras de son interlocutrice quelques secondes pour lui apporter du soutient.

« Vous vous retrouverez j’en suis certaine ! »

Soyons honnête, il y avait de quoi en douter. Cependant, la demoiselle préférait miser sur l’espoir.  Et puis, si Rose revoyait leur ami en commun, il n’y avait absolument aucune raison que ce ne soit pas son cas également. Au fond, cette réponse la décevait légèrement. Martha aspirait aussi à retrouver le Docteur. Il lui avait manqué durant ces quatre années. Elle avait tout bonnement espéré que la blonde puisse lui donner quelques nouvelles de son vieil ami.

« C’est  vrai ? Il te l’a dit ? Il parlait tellement de toi, j’ai toujours cru que… bref ! Cela n’a pas d’importance ! »

Le médecin arrêta sa phrase au bon moment. Elle n’allait pas enquiquiner Rose avec ses problèmes d’estime personnels ! Elle en avait déjà bien trop dévoilés. La surprise eut raison de son bon sens cette fois. La jeune femme ne s’y était pas attendue. Elle n’avait jamais pensé que le Docteur avait hait voyager en sa compagnie. Si cela avait été le cas, il aurait tout simplement laissé sur Terre après quelques aventures. L’anglaise avait juste sous-estimé l’importance de ces périples. Pour elle, ce fut les plus beaux instants de sa vie, pour le seigneur du temps, des mardis banals. Entendre « La Rose » affirmer le contraire lui fit du bien.

« Oh mais c’est vrai que tu as été vendeuse ! J’admire ton courage, j’ai dû l’être quelque temps en 1969. Une longue histoire qui inclut des anges pleureurs, bref, les clients étaient si rudes avec moi, ce n’était clairement pas toujours facile. J’aimerais être aussi douée que toi, tu as l’air d’avoir un talent naturel dès qu’il s’agit de sociabiliser. »

Martha n’était pas non plus quelqu’un d’introvertie mais comparée à Rose elle n’était clairement pas aussi bien logée. L’autre compagne semblait avoir un talent naturel pour la sociabilité. Elle était sincèrement admirative de cette magnifique qualité que la demoiselle arborait depuis le début de leur échange. Martha, elle, aurait presque été impolie en dégustant son petit-déjeuner devant les yeux de la pauvre serveuse. Bien que son interlocutrice lui signifia que ce n’était pas bien et que son thé lui suffisait, le médecin se refusait de reprendre ne serait qu’une bouchée de pois blanc. Au lieu de cela, elle imita la blonde et attrapa la lance de sa tasse pour se désaltérer avec quelques gorgées de son délicieux thé.

« J’en serai ravie ! Je connais quelques adresses de restau sympa si tu veux ! Il y en a un où ils font de magnifiques prestations ! »

Les lèvres de la jeune femme s’étendirent. C’est bête mais elle désirait sincèrement revoir Rose. Elles venaient de se rencontrer et pourtant le médecin avait déjà commencé à s’attacher. C’était certainement cela le charme de mademoiselle Tyler.