Trois ans, trois fichues années et je n’ai jamais une seule fois pensé à chercher le nom des autres parce que dans ma tête j’étais clairement la seule et unique personne pouvant vivre dans cet endroit. Peut-être je n’avais pas non plus désirer me faire de faux espoirs. Il faut dire que j’avais gardé espoir, aussi mince était-il à la toute fin, de ramener l’ensemble des personnes qui avait disparu après le Snap de Thalos. J’avais arrêté de mettre tous mes espoirs sans avoir quelque chose de tangible. Les années avaient été difficiles et j’avais eu la chance d’avoir au moins une bonne personne à mes côtés. Ça avait aidé j’imagine à ne pas tomber dans un cycle de vengeance comme l’avait fait Clint de son côté. Steve avait fini par avoir une bonne influence sur moi il faut croire puisque je me suis retrouvé à m’éloigner des années en tant qu’assassin pour un rôle bien plus noble. Même si la moitié du monde avait disparu à l’époque, il restait bon nombre d'enfoirés dans l’autre moitié et les gens avaient toujours besoin des Avengers pour leur donner espoir. M’occuper du complexe avait été une tâche difficile qui prit beaucoup d’énergie et ce chaque jour. Les couloirs étaient souvent vides de toute vie. Le silence de ce grand bâtiment autrefois le centre de tellement d’activités. Des gens qui couraient dans tous les sens chacun avec le désir de pouvoir venir en aide à son prochain d’une manière oû d’une autre. Tout ça est soudainement devenu une autre époque. Beaucoup de gens avaient préféré changer de vie ou se concentrer sur leur famille ou être toujours vivants. Jamais je ne pourrais leur en vouloir, j’imagine que si Yelena avait toujours été vivante, je serais partie pour la rejoindre afin que nous restions ensemble. Je lui avais promis que je reviendrais vers elle, que nous nous reverrions bientôt, mais je n’avais pas pu revenir.


Je me suis demandé à de nombreuses reprises ce qui s'était passé pour les autres après ma chute. Pour moi, le monde s’était arrêté alors que je tombais sous le regard suppliant et horrifié de mon meilleur ami. Je m’en veux qu’il ait dû me regarder mourir de la sorte. J’aurais aimé pouvoir lui épargner ce genre de vision et j'espère sincèrement qu’il a pu retrouver sa famille afin d’avoir la paix qu’il méritait. Ça a toujours été un homme bon même quand il était perdu dans son chagrin. Chaque fois que mes pensées m'amènent à un souvenir de mon ancien partenaire, je ne peux m’empêcher de toucher le médaillon en forme de flèche que j’ai autour du cou. Un cadeau remontant au tout premier noël que j’avais passé avec les Barton. À l’époque, Cooper n’était qu’un tout petit bambin maladroit qui rampait partout alors que Lila n’était pas encore au monde. Ça remonte à si loin maintenant que j’ai l’impression que c’était une toute autre vie. Je soupire en me rendant compte que je me suis à nouveau perdu dans mes pensées. Je dois arrêter d’avoir ce genre de comportement et me focuser sur la raison pour laquelle je traîne dans le coin.


Il y a plusieurs jours maintenant, j’étais passé dans le même secteur par hasard. Je ne viens pas souvent dans le coin. En fait, j’évite généralement la plupart des quartiers de la ville préférant rester en reclu chez moi. J’en ai fini des foules, mais avec mon nouveau travail, je n’ai pas trop le choix de me pointer en ville ou d’aller venir à la demande de mes clients. C’est durant une escorte de routine que j'ai vu un visage qui me semblait familier. J’avais d’abord pensé que mes yeux me jouaient des tours, j’avais de gros doute, mais non. J’avais bien vu Steve Rogers alias Captain America se promener dans la rue comme si de rien n’était. Le souffle m’avait manqué. Si je n’avais pas été en plein milieu de quelque chose, j’aurais tourné les talons pour courir après lui. Malheureusement, je ne pouvais pas. Je n’allais pas risqué la vie du gamin que je devais me traîné comme charge pour Steve. Il fallait aussi que je m’assure que c’était bien lui. Le soir même, j’avais demandé une journée de congé afin de pouvoir trouver plus d’informations sur cet homme.


Mes compétences en espionnage étaient toujours au top et il ne me fallut même pas la moitié du temps pour confirmer que c’était bel et bien le grand symbole de l'Amérique que j’avais vu, mais surtout quelqu’un que je considérais comme un ami. Je dirais même peut-être mon meilleur ami vu ce que nous avons tous les deux traverser ensemble. C,est pourquoi c’était si important pour moi d’avoir l’assurance que c’était lui avant de m'approcher. Savait-il ce qui s’était produit sur Vormir? Est-ce que Clint avait pu revenir avec la pierre ? Est-ce qu’ils avaient ramené tout le monde? Cette histoire de lune rouge était tellement bizarre que je ne pouvais rien confirmer. J’étais limite fébrile à l’idée de savoir la fin de l’histoire. Pour la toute première fois de ma vie, j’avais besoin de savoir que j’avais pu faire quelque chose de bien, qu’on avait gagné en bout de ligne contre Thanos. C’est ce qui m’a poussé jusqu’ici aujourd’hui. Un visage familier et le désir de réponse, de fermeture. Trouver l’appartement de Steve fut facile puisqu’il ne se cachait définitivement pas. J’ai hésité pendant plusieurs secondes le poing levé comme figé dans le temps avant de finalement frapper contre le bois. Je pouvais très clairement entendre les pas lourds de Steve alors qu’il approchait comptant les secondes avant l’ouverture de la porte. Quand finalement celle-ci s’ouvrit, je pouvais sentir la nervosité s’emparer de moi. Un sourire en coin et les mains légèrement tremblantes, j’ouvris la bouche pour briser le silence. « Salut Captain, ça fait un moment. »

La première fois que j’avais rencontré Steve Rogers en chair et en os, je dois avouer que je voulais le détester parce que je me souvenais de l’obsession d’Alexei pour cet homme et son désir sans fin de le dépasser dans tout. Le visage de l'Amérique comme beaucoup l’avait appelé. Coulson avait été comme un enfant le matin de noël quand la rumeur comme quoi Rogers avait été retrouvé figé dans la glace et qu’il était toujours bien vivant aussi surprenant que cela puisse paraître. Puis, je devais avoué avoir voulu le détester un tout petit peu parce que Dreykov avait tenté de reproduire le sérum de super soldat afin de nous le donner. La version donnée au veuve était très diluée ne nous offrant qu’un faible avantage sur le terrain ou pour guérir à la plus grande déception de ce monstre. Il avait créé Alexei et lui avait bourrer le crâne avec tout un tas de conneries… Par Thor, je n’ose imaginer ce que ça aurait pu donner plus d’hommes ou de femmes comme mon père adoptif fictif. La simple pensée me fait d’ailleurs frissonner de peur. Ils y avaient tellement de gens faible d’esprit ou avide de célébrité illusoire que Dreykov pouvait manipuler pour obtenir ce qu’il voulait. Heureusement, il est devenu un problème du passé.

Tout ça pour dire que j’avais rapidement changé d’idée sur le grand héros de l’Amérique quand j’ai commencé à travailler plus étroitement en tandem avec l’homme. Je n’étais pas particulièrement heureuse qu’on me sépare de Clint qui avait été mon partenaire depuis mon arrivée. Nous nous connaissions très bien après toutes ses années et surtout, il me faisait confiance sans jamais remettre en question mes actions. Il savait que parfois Fury me donnait des missions de plus qu’il n’était pas au courant, comme il lui arrivait de s’en voir confier de son côté. Avec Steve, tout était toujours une question de confiance et il n’était pas du tout ce faire tenir dans le noir ce qui m’avait clairement ennuyer au début de notre collaboration. Fury, comme Maria, avait tout deux insister comme quoi nous étions une très bonne équipe, sur papier tout du moins. Il avait fallu la chute du chute aux mains d’Hydra pour que la confiance réelle s'installe entre nous deux. Je ne pouvais pas lui en vouloir d’avoir douter avant de moi, je ne m’aurais sans doute pas fait pleinement confiance. Les expériences communes avec des moments d'honnêteté des deux côtés, surtout du plus mien que du sien. J’avais fini par lui faire part de certaines choses que je n’avais pas nécessairement dit à quelqu’un d’autre que Maria, ce qui était normal dans une relation amoureuse selon Laura. Avoir un autre ami n’était pas si mal… jusqu’au moment où Tony et lui décident de se faire la guerre et que je me retrouve au milieu. Je ne voulais pas prendre partie parce que pour la première fois de mon existence j’avais l'impression d'avoir un semblant de vie normal même si être un Avengers était tout sauf être normal. Mais au final, je n’avais pas pu tourner le dos à Steve.

Je n’avais jamais pu, c'est pourquoi j’avais mis tellement d'efforts dans mes recherches. Ça et parce qu’il avait été mon confort pendant les années où tout le monde avait disparu. Ce n’était bien souvent que nous deux dans ce qui servait autrefois de quartier général des Avengers. J’étais terriblement nerveuse quand la porte s’est ouverte le trouvant de l’autre côté un air surpris sur son visage. J’imagine qu’il ne s'attendait sans doute pas à me revoir surtout si pour lui j’étais morte. Ce qui voulait dire que Clint était revenu avec la pierre. Peut-être alors Maria et Yelena étaient toutes les deux revenues. Ça me rassurait. - Nat... je-je n'arrive pas à y croire. Je pensais ne jamais plus te revoir. Je n’avais jamais été la personne la plus tactile, surtout pas avec un autre avengers que Clint et encore moins devant qui que ce soit. Mais je ne pouvais pas me retenir. J'enroule mes bras autour de son cou pour le serrer en lui faisant un câlin. « Je ne pensais pas non plus te revoir. » Je m’éloigne de lui pour effacer rapidement les quelques larmes qui se formaient au coin de mes yeux. Je n’avais jamais aimé montrer aux autres que j’étais capable de pleurer comme tout être humain normal. Ça allait contre l’image insensible que j’avais construit comme Black Widow avec celle de la grande charmeuse. « J’ai besoin de savoir que vous avez réussi après… après Vomir. » Mes yeux étaient sans doute toujours remplis de larmes non versées alors que je lui posais la question allant droit au but comme toujours. Ma voix était elle aussi remplie d'émotions mal contenues.

C’était étrange de retrouver Steve après aussi longtemps sans le voir. Après le Blip, il avait été une des seules et uniques constances dans ma vie qui m’avait empêcher de complètement s'effondrer parce que je sentais la culpabilité de notre échec me peser si fort sur les épaules. Il semblait en forme après un coup d'œil rapide sur sa personne. J’avais appris très jeune que l’espoir pouvait être plus dommageable que toutes autres choses. Combien de fois durant mon enfance j’avais espéré que je ne retournerais plus jamais dans la chambre rouge alors que je vivais en Ohio… J’avais espéré chaque jour qui s’était écoulé pour finalement voir tous mes espoirs voler en éclat à cause du même homme que j’avais considéré même un court instant comme mon père à défaut d’avoir connu le mien. Alexei est devenu un souvenir oublié comme Melina avec le temps. Seul Yelena était resté à la surface, mais je m’avais toujours fait très attention pour garder tout ce qui me rappelait ma jeune sœur en bouteille de peur que le désir de la retrouver soit trop fort. Je ne voulais pas retourner chaque coin de ce monde pour finalement découvrir qu’elle était morte il y a des années. Bien entendu, parce que le destin est cruel avec moi depuis toujours, ma jeune sœur avait survécu tout ce temps et elle avait clairement dit m’en vouloir lors de nos retrouvailles. Je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir d’être en colère contre moi. Je l’avais abandonné pour me construire ailleurs. J’avais forcé tous mes souvenirs au plus profond de ma mémoire pour ne pas être dévoré tous les jours par ma culpabilité et la colère que je ressentais contre moi-même. Ces sentiments avaient été amplifier après le Blip, après que tout le monde avait disparu ne me laissant aucune chance de pouvoir réellement me faire pardonner ou d’apprendre à connaître la femme qu’était devenu Yelena.

Steve avait été là quand j’avais découvert pour Yelena, pour Maria, pour tout le monde. Il avait été une présence constante rassurante qui malgré ses propres douleurs, peurs et culpabilités, m'avait tenu la main en me donnant la force de continuer. - En même temps, qui l'aurait cru ? C'est... c'est tellement dingue. Mais je t'en prie, entre. Je ne pouvais qu’être d’accord avec ce qu’il venait de dire. Je suis entré dans son appartement après lui avoir offert un sourire ainsi qu’une tape amicale sur l’épaule. L’endroit ressemblait assez à ce qu’on pouvait attendre de Steve. « C’est fou en effet. Merci. C’est très toi tout ça. » Je me suis promené un peu dans l’entrée. Je le suis quand il me montre le chemin vers le salon et j’y prend place. Pendant un instant, c’est comme si tout était normal. On est tous les deux de nouveau assis en train de profiter d’une boisson comme on l’avait souvent fait par le passé. Je me sens un peu mal au début de lui poser la question qui tue parce que ça semble tellement douloureux. La peur d’avoir encore échoué me tord l’estomac. Quand Steve me prend la main et me sourit finalement, je sens mon cœur se remettre à battre. C’est bon signe n’est-ce pas? - Oui, nous avons grâce à toi Nat. Mais aussi grâce à Tony. Je le regarde fixement attendant la suite. - Nous avons aussi perdu Tony, Nat. Il s'est également sacrifié pour sauver l'univers tout entier. Alors, oui nous avons réussi après Vormir grâce à vous deux. Seulement, ce n'était pas le plan. À l'avenir, promet-moi de ne plus recommencer, d'accord ? Autant je m’étais senti soulagé sur le coup, mon cœur se brise quand je comprends que Tony a aussi sacrifié sa vie dans le processus. Je pense à la petite Morgane qui a perdu son père et Pepper son mari. Par Thor… quelle horeure. Je ferme les yeux en baissant la tête alors que je serre la main de Steve. « Bon sang non… Tony… Je ne peux pas imaginer à quel point Pepper et Morgane devaient être dévaster… » Je secoue la tête. Ma voix est remplie d’émotion. « Je suis désolé Steve. Nous avons compris ce qu’il fallait faire une fois sur Vormir. Je ne pouvais pas laisser Clint se sacrifier. Ses enfants méritaient d’avoir leur père à leur retour. Je sais que je n’ai pas suivi le plan, mais tu sais que souvent les plans ne tiennent pas durant la bataille, mais non je n’ai plus l’intention de le refaire à moins que ça soit nécessaire. »J’ai levé les yeux afin de le regarder directement alors que je finis de parler. Je me sens tellement désolée de lui avoir causé de la peine même si au final nous avons finalement pu ramener tout le monde. Malgré la douleur, malgré le chagrin, ça en valait la peine.