(terminé) Father & Daughter || ft. Artemis Olympus

Artemis n’avait jamais trouvé que son père correspondait aux valeurs qu’elle s’efforçait de véhiculer. La protectrice de la jeune fille, de l’enfant, de la nature et de la chasse avait toujours regardé d’un œil circonspect les frasques de son père, son agacement montant d’un cran quand il tentait de se servir dans sa propre Chasse. D’un autre côté, il était celui qui lui avait offert la possibilité de vivre comme elle l’entendait, et il l’avait empêchée de se venger sur lui. Ils avaient donc eu un accord tacite de non-agression et une certaine complicité qui se teintait régulièrement d’agacement de son côté.

Mais quand elle était arrivée dans ce monde, elle avait perdu ses repères. Ses fidèles Chasseresses n’étaient pas là, la ville était sordide et les humains n’avaient jamais été aussi destructeurs. Elle avait vu ses femmes obligées de vendre leur corps pour survivre. Elle leur avait proposé une alternative, elle les avait entraînées, elle avait forgé son identité dans ce monde. Sa société de sécurité avait bondi dans les starting-blocks et elle avait rapidement pu construire quelque chose de solide, même si la base était constituée de prostituées. Au moins, ses filles n’avaient pas leur langue dans leur poche et savaient en remontrer.

Et là, elle l’avait revu. Son père. Il était venu en personne pour ouvrir un contrat au nom de sa société de holding. Ho ! Zeus n’avait peut-être plus de pouvoir magique, mais du pouvoir et de l’argent, il en avait. Il n’aurait pas été obligé de passer par elle. Son geste lui fit du bien. Il se tenait en sa présence, il restait un père bienveillant, et il avait toujours traité ses filles avec respect, ça lui suffisait pour l’instant. Une fois par an, ils se retrouvaient pour faire le point sur le contrat et éventuellement, faire quelques modifications. Régulièrement, il engageait de nouvelles recrues, surtout quand il avait des cadres qui avaient besoin de protection.

Quand il ouvrit la porte et l’accueillit avec grand enthousiasme, elle ne put retenir un sourire. Son père avait tellement un comportement d’enfant le plus souvent. Il était seulement dommage que ce soit un enfant gâté qu’il ait choisi d’imiter. Artemis entra et déposa un bisou sur la joue de son père. Il était mignon quand il était content de la voir comme ça. Et puis, cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas pris le temps de passer un moment avec lui. Il méritait bien qu’elle se montre un peu douce. Elle savait qu’elle était une des rares du panthéon pour laquelle il n’était vraiment rien de plus qu’un père.

« Bonjour, Papa. Je suis contente de te voir aussi. Ça fait longtemps. On devrait aller dîner un de ces quatre. »

Elle s’installa face au bureau et remarqua une statuette qui représentait une des déesses mineures du panthéon qui avait toujours plu à mon père. Il faisait fonctionner le marché de l’art en peuplant son bureau de souvenirs de notre passé. Je le sentais nostalgique parfois. Il ne devait pas être toujours heureux.

« Je vois que tu as complété la décoration. Ça représente qui ? Hébé ? Thémis ? »

Elle le laissa lui servir un verre et sourit. Il était temps de passer aux choses sérieuses. Autant régler les détails tout-de-suite. Une fois le contrat remis au niveau, ils pourraient évoquer les dernières nouvelles, enfin, s’il y en avait à partager.

« On repars sur la même base, ou tu veux quelques têtes en plus ou en moins ? Je vais être obligée de récupérer quelques filles plus expertes pour des contrats premium avec moins de personnel, mais j’ai d’excellentes postulantes pour les remplacer. L’une d’elle ne sera pas là plus de six mois, cela dit. C’est établi entre nous. Tu veux voir la liste définitive pour ces prochains mois ? »

Aller dîner avec son père dans un bon restaurant était quelque chose d’anodin pour toute jeune femme humaine, normalement, mais pour Artemis, ce n’était pas quelque chose auquel elle avait été habituée. Elle ne pouvait nier que Zeus était parfois venu profiter d’un festin de la Chasse en sa compagnie, même si c’était assez rare, mais ce n’était pas tout à fait la même chose. Mais ici, dans cette vile, elle pouvait nouer ce genre de relation avec son père, le genre de relation où un père et sa fille pouvaient aller dîner dans un restaurant étoilé comme deux chefs d’entreprise, et non comme des dieux.

Elle n’aimait pas le fait de ne plus être vénérée et traitée comme le méritait une déesse, mais Artemis avait toujours eu des valeurs qui l’empêchaient de se sentir offusquée par le comportement d’humains qui ne se souvenaient pas de qui elle était. Tout le monde pouvait prétendre être un dieu ou une déesse et il n’y avait aucune raison de le croire sur parole. La déesse aimait assez la logique et la compréhension pour éviter de se lancer dans des combats perdus d’avance. Alors, elle vivait comme une humaine, mais une humaine de grand standing qui pouvait se prévaloir d’un certain respect.

« Alors c’est dit. On va se programmer ça. »

Elle hocha la tête quand il mentionna Hébé. Elle n’était pas la première de ses sœurs qui finissaient en décoration dans l’entreprise ou la demeure de son père. Elle savait qu’il voudrait être entouré de tous ses enfants, mais ce n’était pas forcément possible. Elle aurait voulu donner satisfaction à son père, mais elle-même n’avait pas retrouvé son propre frère et il lui manquait. Elle contempla son père avec commisération. Elle ne pouvait s’empêcher de compatir à sa douleur, comme à celle de tous ceux qui étaient dans sa situation dans ce monde, dont plusieurs parmi ses employées et amies.

« Je souhaite que nous soyons tous réunis, un jour, Papa. »

Mais le but de cette visite était surtout de refaire le point sur les employées de Zeus, mais aussi sur celles qui allaient pouvoir être ajoutées à la force de défense de l’entreprise paternelle. Le pire quand on était en service clientèle, c’était de ne pas avoir la force de frappe pour satisfaire la demande. Heureusement, son père n’était pas difficile tant que les filles étaient compétentes et respectueuses, du moins, un minimum. Elle avait aussi décidé de lui affecter de nouvelles employées pour permettre leur formation. L’entreprise de son père était parfaite pour ça au vu du nombre de personnes faisant partie du système de sécurité.

« Emma Swan et Sara Lance sont nouvelles, mais je pense qu’elles apprendront vite dans l’équipe qui bosse chez toi. »

Artemis aurait dû se douter que son père jouait les hommes d'affaires en suractivité. Il avait toujours eu un côté mondain. Et si cela ne s'exprimait pas vraiment dans le monde des dieux autrement que par des fêtes où il invitait toute la famille, dans ce monde ci, il devait sûrement passer ses moments de libre à faire le beau dans des soirées quand il n'était pas en train de faire fructifier son entreprise. Artemis en venait à se demander si son père ne s'amusait pas davantage en tant qu’humain dans cette ville qu’en tant que Dieu sur les monts de l'Olympe. Après tout, il avait toujours passé beaucoup de temps dans le monde des hommes à courir voir une mortelle ou une autre. Elle avait toujours pensé que les humains le fascinaient, d'une certaine façon.

Sa mondanité se matérialisa devant elle quand il sortit son agenda avec la ferme intention de programmer le repas et alors qu'il était prêt à prendre des notes pour le faire. Elle ne put retenir un sourire un peu malicieux en se demandant à quel point tout cela était devenu davantage un jeu pour lui qu’un véritable problème de voyage parallèle. Il ne faisait aucun doute, en tout cas, à ses yeux, que son père s'amusait beaucoup. Cela ne la surprenait pas outre-mesure car il avait toujours été un bon vivant et qu'il se faisait fort de dominer chacune des situations dans lesquelles il pouvait se trouver.

« Eh bien, quand tu voudras, Papa. Je ne suis pas aussi occupée que toi. Cela dit, c'est plus facile quand on n’a pas un rendez-vous régulièrement avec une jeune fille différente. Ça doit être difficile de t'organiser pour que tes conquêtes ne se croisent pas. Au fait, tu comptes aller à la soirée de Noël de la ville ? »

Des annonces avaient été faites à ce sujet et Artemis avait décidé de s'y rendre pour promouvoir Artemis Security. Elle avait invité les femmes qui le souhaitaient de sa compagnie à venir avec elle, mais elle n'avait forcé personne. Elle verrait bien le moment venu qui avait décidé de venir l'aider à accomplir son objectif. Mais elle perdit sa malice quand elle se mit à penser à tout ceux qui faisaient partie de leur famille et dont elle ne savait pas si elle les reverrait un jour. En parlant de les retrouver, elle eut une pensée particulière pour son frère Apollon, dont elle ne savait même pas s'il avait été emporté dans ce monde également. Et il lui manquait.

« Je l'espère. Après tout, il s'agit de notre famille. »

Elle était reconnaissante à son père de faire attention à ses penchants lorsqu'il s'agissait de ses employées. Non seulement il se montrait moins irrespectueux et avide de séduction à leur égard, mais il veillait à ce que toutes les nouvelles recrues se sentent à l'aise et soit bien installées quand elles venaient travailler chez lui. Il n'était jamais facile de travailler en clientèle et cela pouvait être tellement aléatoire d'un client à l'autre qu'il était appréciable d'avoir un contexte où elle savait que les jeunes femmes seraient traitées avec bienveillance et respect.

« Je te remercie. C’est toujours plus facile pour moi de faire commencer des jeunes femmes dans tes locaux. Je suis à peu près sûre que les choses se passeront au mieux pour elle. Dommage que tous les clients ne soient pas comme toi. »

AArtemis n'était pas aussi occupée que son père, et elle se faisait parfois la réflexion qu'elle n'était pas assez occupée, pour une personne responsable de sa propre entreprise. Elle aurait peut-être dû avoir plus de moments où elle était en train de la gérer. Mais peu importait. Artemis Security se portait bien et c'était tout ce qui comptait. Pour le moment, cela voulait surtout dire qu'elle n'avait absolument rien de prévu à la date où son père voulait passer un moment avec elle. C'était donc plutôt une bonne nouvelle et cela lui convenait parfaitement. Elle était vraiment touchée qu’il lui consacre du temps.

« Je suis totalement disponible. C’est quand tu veux. »

Elle fut surprise quand il parla du fait que ses conquêtes ne devaient surtout pas rencontrer sa femme. Elle ne se souvenait pas d'avoir croisé l'épouse de son père dans ce monde. Si la déesse mère avait tendance à ne pas trop aimer les enfants des maîtresses de son mari, il y avait moins d'hostilité avec Artemis, probablement parce qu'elle appréciait la sagesse de la jeune déesse et sa volonté de s'abstenir de céder aux doux regards et aux tendres pensées des mortels et des immortels à son égard. Pour autant, elle ne se souvenait pas de l'avoir vue quelque part dans cette ville et cela la troublait.

« Hera est ici ? Je ne me souviens pas l'avoir vue. Cela dit, cela me plairait beaucoup de la revoir. Nous pourrions organiser quelque chose, qu'en dis-tu ? »

À défaut de la présence de Léto, elle serait probablement ce qui se rapprocherait le plus d'une mère aux yeux de Artemis. Mais ce qui la surprenait le plus, c'était la présence de Hera sans qu'elle ne le sache. Elle avait beaucoup vu son père et ils avaient souvent discuté. Il était étonnant qu'il n'ait pas mentionné avoir revu sa femme. Dans tous les cas, la jeune chef d'entreprise serait enchantée de pouvoir passer un moment à bavarder avec la déesse mais également de savoir à quoi elle s'occupait dans ce monde. Elle n'avait pas menti à son père en disant que réunir tout le monde serait quelque chose de formidable à ses yeux.

La réponse de son père au sujet de la façon dont les gens voyaient Noël ne surprit pas Artemis. Elle avait même une opinion plutôt semblable dans l'absolu. Mais il y avait d'autres éléments à prendre en compte quand on était cheffe d'entreprise. Ce qui était le plus étonnant, c'était encore que son père ne l'ait pas du tout mentionné. Il avait certainement d'autres façons de faire la promotion de sa propre entreprise, mais elle aurait quand même cru qu'il essaierait de profiter de toutes les opportunités qu'il pouvait pour atteindre cet objectif. En ce qui la concernait, elle était déterminée à ne rien laisser au hasard suivant les conseils de Regina.

« J'irai. C’est pour la promotion de l'entreprise. Je suis assez d'accord avec toi sur le principe, mais je me dis qu’à l'origine, ceux qui ont mis cette fête en place ont utilisé les dates des cérémonies prévues aux dieux par les populations qui les vénéraient, et cela m'aide à voir les choses d'un autre point de vue. »

Ils avaient tous les deux envie que la famille soit réunie mais il fallait bien reconnaître que Artemis avait certaines personnes dont elle désirait davantage les retrouver que d'autres. Ce n'était sans doute pas bien de faire une différence entre les membres de sa famille, mais c'était un fait qu'elle ne s'entendait pas avec tout le monde de la même façon. Elle était surtout impatiente de retrouver son frère et plusieurs dieux avec qui elle s'entendait vraiment très bien. Elle sourit légèrement tandis que le sujet se déplaçait en direction des clients de Artemis Security. La jeune femme ne pouvait pas nier qu'elle avait dû faire un tri dans sa clientèle parce que certains n'avaient pas compris les valeurs qui étaient celles de l'entreprise. Elle avait fait le nécessaire parce que ses employées comptaient plus pour elle que n'importe quel client.

« Malheureusement, il arrive encore trop régulièrement que certaines employées subissent des remarques graveleuses ou des comportements peu respectueux. Mais je veille à ce que les clients responsables de telles exactions ne puissent plus jamais recourir à nos services. Je me refuse à mettre mes filles en danger pour des individus incapables de les respecter. »

Ça c’était le nouveau Zeus. Passant de dieu à homme d’affaire avec la facilité d’un changement de chemise, il planifiait ses rendez-vous et organisait les évènements avec une facilité déconcertante. Artemis l’admirait un peu. Elle avait eu un peu plus de mal à se faire aux discours des humains, d’autant que contrairement aux autres dieux, elle n’avait pas été vraiment intégrée dans le monde moderne. Elle parcourait la nature avec ses Chasseresses. Elle avait eu du mal à monter une entreprise au début. Mais elle avait fini par y arriver et pour autant, elle ne se voyait pas aussi professionnelle que lui.

« Merci, je prendrai une des miennes. Je demanderai à une des filles de me piloter. C’est gentil de me consacrer du temps. »

Quand elle le questionna sur Hera, il affirma que c’était compliqué et elle ne chercha pas à en savoir plus. Hera et Zeus, ça avait toujours été compliqué. Au début, il ne s’agissait que des folâtreries de son père et des vengeances régulières de la déesse contre les enfants de Zeus. Mais elle savait qu’au fil des siècles, il y avait eu davantage. Plus de conflits, de difficultés et de moments passés à s'affronter à cause du comportement toujours plus dénué de considération du maître de l'olympe. Artemis savait que bien que la majorité des dieux en avaient eu assez de voir ce conflit s’envenimer de jour en jour, mais il n'y avait rien à faire en ce qui concernait ces deux là.

« Je vois. Eh bien, il ne me reste qu'à espérer que les choses ne s'envenimeront pas trop pour toi, même si je pense que cela dépend principalement de la façon dont tu te comporteras. Mais je pense que je ne t'apprends rien n'est-ce pas ? »

C'était la fille qui donnait des leçons à son père, mais ce n'était pas la première fois. Il était arrivé fréquemment que Artemis ait plus de jugement que son père n'en avait. Elle était alors la personne idéale pour lui prodiguer des conseils qu'il était rare de le voir suivre. Mais après tout, s'il voulait continuer de faire l'idiot, elle avait toujours pensé que c'était lui que ça regardait. Ne connaissant pas la nature des problèmes entre Hera et Zeus dans ce monde, elle ne pouvait facilement le conseiller.

Ils discutèrent de la fête prévue à l'occasion de Noël que la ville organisait. Artemis avait décidé d'utiliser cette soirée pour se faire valoir et faire de la publicité pour son entreprise. Ce n'était pas le cas de Zeus mais au lieu de se moquer de son enfant, il la complimenta en affirmant qu’elle avait certainement plus de bon sens que lui, en l'occurrence. Elle avait surtout davantage l'esprit de communication publique depuis qu'elle avait Regina dans son équipe. C'était elle qu'il lui avait fait comprendre à quel point il était important qu'on la voie pour qu'on connaisse son entreprise. Elle n'en était pas enchantée mais elle comprenait à quel point cela pouvait être nécessaire.

« Ca fait marcher les affaires », dit-elle avec simplicité.

Cela exaspérait Artemis lorsque les hommes qui employaient ses équipières se comportaient comme s’ils venaient de contacter une maison de passe et non une entreprise de sécurité. Lorsque cela se produisait, elle interrompait immédiatement ses rapports professionnels avec les responsables. Il n'était pas question que les filles qui travaillaient pour elle se retrouvent en difficulté parce qu'elle avait manqué de jugement. Elle savait très bien que ce n'était pas facile, mais ces valeurs étaient importantes.

« Eh bien qu'ils aillent à la concurrence, je m'en moque. Je refuse simplement que l'on essaye de s'en prendre à mes filles. Le respect est une chose avec laquelle je ne plaisante pas. Tu le sais très bien. »

Zeus lui-même ne faisait pas exception à la règle. Là où elle se rendait compte qu'elle avait réellement de l'importance pour lui, c'était en constatant qu'il se montrait particulièrement attentif à ne pas blesser les employées qui travaillaient pour lui. Artemis n'avait pas retrouvé beaucoup de dieux en dehors de son père mais plus le temps passait, plus elle espérait que ce monde leur offres le privilège de retrouver des personnes chères à son cœur. Elle espérait plus que tout retrouver son frère jumeau.

« J'ai croisé Hadès aussi. Et la jeune Eurydice, une des filles d'Apollon. Mais je n'ai pas encore pu savoir si mon frère était dans le coin. Il me manque terriblement. »