(Abandonné) Don't close your eyes [Orpheus]

Don't close your eyes

feat. Orpheus

Eurydice avait voulu croire à un mauvais rêve… mais c’est là toute l’ironie de la chose… elle ne rêve justement pas, elle est bien réveillée, et elle sait qu’elle a plus qu’intérêt à le rester. Tout ceci pourrait passer pour un simple jeu sans conséquence, rien d’autre, mais la jeune femme n’y croit pas un seul instant. Elle prend cette situation très au sérieux, bien au contraire. Elle en a trop vu et trop enduré pour ne pas accorder à cette situation tout le crédit qu’elle mérite à juste titre… elle ne veut pas courir le risque de trahir des recommandations qui semblent simples sur le principe, et si complexes à respecter dans les faits. Ne pas se retourner… Ne pas s’endormir…

Comment sont-ils arrivés ici, dans cette pièce aux murs et au sol gris, éclairée seulement par une ampoule à nu pendant du plafond, sans meuble à l’exception d’un lit au matelas épais au centre de la chambre ? Elle n’en a pas la moindre idée. De même qu’elle ne saurait dire à qui appartient cette voix qui leur sommait de ne surtout pas fermer les yeux s’ils ne voulaient pas connaître un sort pire que la mort encore. Morphée en personne semble les mettre à l’épreuve, et cette épreuve est plus difficile que ce que la jeune femme avait cru pour commencer. Lutter contre le sommeil lui demande un effort de tous les instants… Depuis combien de temps sont-ils ici ? Eurydice l’ignore… aucun indicateur de temps à proximité ne leur permet de se faire une idée du temps écoulé, et aucune fenêtre ne leur permet de voir poindre, peut-être, la lumière du jour naissant. Ils ne seront libérés qu’au petit matin, si du moins ils n’ont pas cédé aux sirènes du sommeil… Le défi pourrait sembler simple, il paraît plus éprouvant que jamais à Eurydice… d’autant que cette mélodie lancinante, cette douce berceuse dont elle ne sait trouver l’origine n’arrange rien à son désir de plus en plus tenace de s’endormir, purement et simplement.

Seule consolation, dans cette situation des plus chaotique… Orpheus est avec elle, et ils affrontent cette situation ensemble. Bien sûr, dans un premier temps, ils ont cherché une issue… cela a eu de quoi les occuper, mais aussi de quoi les épuiser, physiquement et mentalement. A présent, ils sont assis côte à côté contre le mur froid… L’envie de rejoindre ce lit et de s’y étaler sur ce lit, juste un instant, fermer les yeux rien que quelques secondes, est plus forte que jamais…

« Chante-moi quelque chose, s’il te plaît, Orpheus. Une chanson pour chasser le sommeil », suggère-t-elle, cherchant auprès de son époux la solution à un problème qu’elle n’est pas capable de résoudre et qu’il ne sera peut-être pas capable de résoudre davantage, en réalité.

Soumis au même stress et aux mêmes conditions physiques et mentales éprouvantes qu’elle, il est plus que probable qu’il ne sache tout simplement pas, lui non plus, les sauver de cette situation ô combien délicate.

Don't close your eyes

feat. Orpheus

Demander à Orpheus de leur chanter une chanson est une parade qui ne saurait les aider très longtemps, car lui demander de chanter, c’est certes les occuper et empêcher le silence d’encourager leur sommeil, mais c’est aussi, peut-être, épuiser le jeune homme plus que de raison. Trop tard pour revenir sur cette possibilité, Eurydice ne trouve pas d’option plus engageante que celle-ci, et entendre la voix de son époux est aussi une chose dont elle a besoin afin de se rassurer, dans une situation qui lui fait très peur. La peur en elle-même devrait éloigner le sommeil, ce n’est pourtant pas le cas. Ses paupières sont si lourdes… c’est insupportable.

Orpheus finit par se plier à l’exercice, et Eurydice constate que sa requête était effectivement dangereuse. Il est si simple, au fond, de se laisser bercer par le son de sa voix, juste ça. La jeune femme, malgré tout, ne se contente pas des sons, de la mélodie, elle focalise toute son attention sur bien autre chose. Elle concentre son intérêt sur les paroles de cette chanson, qui focalisent dès lors toute son attention. Cette chanson raconte une histoire, et pas n’importe laquelle. Cette chanson raconte leur histoire. Elle la raconte sans ambages, et à mesure qu’Eurydice l’écoute, elle sent les larmes lui monter sûrement aux yeux. Elle ne connaît rien de plus beau que ses chansons, elle ne connaît rien de plus fort que leur histoire. Elle se sent transie d’une violente émotion qui parcourt chaque fibre de son être.

« C’est beau », observe Eurydice d’une voix qui n’est presque plus qu’un chuchotement, tandis qu’elle essuie d’un revers de la main une larme venue rouler sur sa joue.

Elle ne sait pas si ça a fonctionné, elle ne sait pas si elle se sent moins fatiguée. Elle sait en revanche que, l’espace d’un instant, elle n’a plus pensé qu’à la voix d’Orpheus, et plus à la menace qui doit peser sur eux si l’un ou l’autre devait finir par trouver le sommeil. Cette pensée la réconforte par bien des aspects, et Eurydice s’y accroche du mieux qu’elle le peut. Ecarter ce sujet d’angoisse pour ne se concentrer que sur eux, voilà ce qu’elle doit faire. Voilà ce qu’elle fera. C’est ce qui doit compter en premier lieu, bien au-delà de tout le reste, bien plus que tout ce qui serait autrement susceptible de les tourmenter.

« Tu viens de l’improviser où tu travailles dessus depuis un moment ? » demande-t-elle par curiosité, et pour surtout étouffer son envie de céder à la fatigue. Tant qu’elle parle, elle ne dort pas. C’est finalement aussi simple que cela.

Don't close your eyes

feat. Orpheus

Sans surprise, Orpheus avait improvisé cette chanson que lui envierait probablement des poètes chevronnés qui auraient travaillé sur ces mélodies et sur ces rimes depuis bien plus longtemps que lui. Orpheus, de sa voix d’ange et de son imagination fertile, est capable de changer la face du monde, de façon très littérale, et le fait qu’il mette ses dons, la beauté de son chant, au service de leur idylle, est une chose qui la réconforte et qui la touche. Elle se sait terriblement chanceuse d’avoir cet homme dans sa vie. Même dans les situations les plus dangereuses et les plus terribles, il sait lui procurer ce sentiment de confiance dont elle a plus que jamais besoin, surtout maintenant, alors qu’elle sent bien que le sommeil pourrait la gagner bien trop facilement, alors que ses paupières sont si lourdes, alors que lutter contre le sommeil devient un effort de tous les instants, et quelque chose qu’elle n’est pas sûre de savoir dépasser en dépit de tous ses efforts.

Elle sourit avec bonheur quand il affirme que sa présence emplit son cœur de notes et de mélodies, qu’elle est sa source d’inspiration première. Orpheus est le fils d’une muse, et avant de le connaître, Eurydice avait considéré ne rien avoir d’une muse, pour sa part… elle aime pourtant croire s’être leurrée, elle prend plaisir à s’imaginer valoir plus que ce que les apparences pourraient laisser présumer, quand il lui confère ce sentiment singulier d’être unique, de jouer un véritable rôle, parce qu’il est à ses côtés, et qu’ils ont chacun le pouvoir de tirer l’autre vers le haut, envers et contre tout.

Il est parvenu à lui insuffler chaleur et confiance, mais dans le même temps, c’est le cœur d’Orpheus qui tout à coup s’assombrit. Le voyant céder à la panique, elle comprend que c’est à son tour de le rassurer. Elle non plus, pourtant, ne sait pas ce qu’ils font ici et comment ils sont arrivés là. Elle ne le dit pas plus que lui, elle n’ose pas articuler la possibilité que cette chambre soit l’équivalent seulement de leur enfer, et n’ait rien d’autre à leur offrir. Elle ne dit pas ce genre de choses, mais il est vrai qu’elle a peine à ne pas le penser, ne serait-ce qu’un peu, et peine, plus encore, à ne pas le reconnaître.

« Tout fera sens au lever du jour, tu verras, cet endroit ne peut pas être si terrible, puisque nous sommes ensemble », tente de le rassurer Eurydice, qui ne veut pas laisser la panique de son époux rejaillir sur elle, mais le fait est pourtant qu’elle est loin, très loin de se sentir réconfortée par cette situation. Oui, ils ne doivent pas succomber à la fatigue. Ils doivent se parler, le silence pourrait bien être leur pire ennemi… « J’ignore pourquoi on nous impose cette épreuve, mais je sais qu’on sera plus forts qu’elle. On n’a pas le choix, pas vrai ? On a une maison à construire, une famille à créer », ajoute-t-elle avec douceur et conviction. « Et si nous faisions un jeu ? Je commence une histoire, et tu la continues, et ainsi de suite jusqu’à l’aube ? » suggère-t-elle.

Elle se redresse, s’installe en tailleur face à Orpheus afin de sonder son regard.

« Il était une fois, un jeune poète à la voix d’or… »

Don't close your eyes

feat. Orpheus

Eurydice se sent rassurée quand elle constate qu’Orpheus, de son côté, se rassure petit à petit. La nuit promet d’être longue, très longue. Ils auront tout intérêt, autant l’un que l’autre, à se relayer quand viendra pour l’un ou pour l’autre le moment de paniquer. Tant qu’il en restera un des deux pour avoir la tête sur les épaules et encourager l’autre, alors tout ira bien… mais peuvent-ils véritablement y compter ? ça… ça n’a rien de si certain. Il n’y aurait rien de surprenant au fait qu’ils finissent par craquer tous les deux en même temps, mais la jeune femme n’a envie de le croire ni de l’entendre. Non, la jeune femme a besoin de s’abreuver de ce qu’elle est encore capable de ressentir d’espoir. Il se peut que ce dernier ne tienne pas bien longtemps, il se peut qu’elle finisse par flancher ,elle en a pertinemment conscience, mais pour le moment, ils parviennent à se montrer suffisamment lucides l’un et l’autre pour parvenir à chasser, du mieux qu’ils le peuvent, un sommeil qui menace à tout instant de les rattraper. Ils ne succomberont pas aux bras de Morphée, c’est tout bonnement hors de question.

Elle ne sait pas combien de temps fonctionnera sa petite stratégie avant qu’elle ne s’en lasse ou qu’il ne le fasse. C’est une chose que de dérouler le fil d’une histoire, mais cela ne suffirait peut-être pas… Pas grave, ils doivent tenter le tout pour le tout malgré tout. Ils n’ont pas vraiment le choix. Ils doivent faire du mieux qu’ils le peuvent afin d’assurer leur survie, et ce n’est pas la suggestion la plus grandiloquente qu’elle ait jamais faite à l’homme qui partage sa vie, après tout.

C’est presque naturellement que les deux se retrouvent à dérouler le fil de leur histoire et de faire d’eux les protagonistes de l’histoire qu’ils se racontent. Peut-être que c’est une démarche un peu égoïste, mais elle n’est certainement pas pour déplaire à Eurydice. Et tant qu’elle fonctionne, après tout… cela ne peut pas faire de mal, n’est-ce pas ? Non, aucun. Aussi, dès lors qu’Orpheus poursuit, Eurydice renchérit très naturellement, et sans aucune forme d’hésitation. Elle sent que cette idée plaît tout autant à son époux qu’à elle-même, et c’est ce qui importe, n’est-ce pas.

« Il la trouva si belle, si intelligente, si courageuse, qu’il ne put que vouloir la garder avec elle pour le restant de ses jours. Alors, audacieux, il la demanda, elle qui ne savait rien de lui, même pas son nom, en mariage », s’amuse-t-elle, forçant tous les traits qu’elle peut, dans l’espoir de voir sourire Orpheus.

Faire de cette situation un jeu, pour oublier que dans des circonstances si incertaines, c’est peut-être leurs vies qu’ils sont en train de jouer, voilà qui ne lui semble pas si inapproprié, après tout. Voilà qui lui semble même plutôt sage, en réalité.

Don't close your eyes

feat. Orpheus

Le sourire qu’Eurydice est parvenu à faire naître sur le visage de son époux a le don de l’apaiser. Dans cette situation complexe, et qui lui fait redouter le pire, elle s’attend, à tout instant, à faire face à une réalité, quelle qu’elle soit, qu’elle ne supportera pas le moins du monde… Mais tant qu’elle parvient à faire sourire Orpheus, elle arrive à penser que tout n’est pas perdu, et qu’ils seront bel et bien capables de survivre à cette étrange nuit. Elle arrive à oublier combien ses paupières sont lourdes quand elle songe au fait que ne serait-ce que cligner des yeux l’empêcher de savourer et apprécier la présence de cet homme qu’elle aime plus que tout au monde, et qui sait, en tout instant, l’apaiser, même dans les instants où tout espoir pouvait sembler perdu.

Loin de contester sa façon évidemment exagérée des faits, Orspheus poursuit son histoire. C’est au tour d’Eurydice de sourire quand Orpheus laissant entendre que dans un premier temps, elle l’avait pris pour un fou… Elle ne peut certainement pas prétendre le contraire, de même qu’elle continue de considérer que oui, il est probablement un peu fou. Mais cette folie douce et légère a toujours fait partie de ce qu’elle aimait le plus, chez lui… Il semblait en dehors des réalités, parfois, mais Orpheus avait aussi le don de rendre réel ce qui semblait ne pouvoir l’être en aucun cas, et c’est une chose q’Eurydice aimait profondément constater.

Oui, sa démarche, au moment de la demander en mariage, avait probablement été folle, mais Eurydice avait probablement été tout aussi folle de lui dire oui. Une folie qu’elle n’a jamais regretté, parce que dès l’instant où il lui avait parlé de lui, et de cette chanson qu’il composait et qui devait permettre le retour du printemps, elle avait été conquise. Elle avait été séduite par le son de sa voix. Elle avait été conquise par sa présence. En réalité, elle avait dû admettre le fait qu’elle aussi l’avait aimé, dès les premiers instants. Mais elle avait également, en effet, été toujours plus pragmatique que l’homme qui lui avait confié son cœur sans la moindre hésitation.

« Pour chacune des réticences qu’elle affichait, il trouvait toujours un mot apaisant, une promesse, un argument qui, quand il venait de lui, paraissait indéniable. Elle était séduite. Elle l’aima avant même de comprendre qu’elle l’aimait… Sans savoir qu’elle était capable d’aimer si fort. »

Elle sourit doucement en attrapant la main d’Orpheus dans la sienne, qu’elle serre aussi fort qu’elle le peut dans la sienne, le plus fort possible, et sans la moindre hésitation.

« Mais elle avait faim, très faim… elle avait froid, si froid… Et lui… Il travaillait sans relâche… »

Don't close your eyes

feat. Orpheus

Peut-être que raconter une histoire qu’ils connaissent déjà n’est pas la meilleure manière de rester éveillé… La conviction de savoir déjà la fin du récit pourrait oublier de les tenir en haleine… c’est ce à quoi songe quand son attention tend à faiblir… Pourtant, Orpheus aurait le don de la captiver, par ses mots, ses regards et ses gestes, quoi qu’il entreprenne… mais Morphée est farceur, et Morphée n’a visiblement pas l’intention de les laisser tranquilles – sous aucun prétexte. Non, en effet, raconter une histoire qu’ils connaissent déjà était une méthode aventureuse, voire même vouée à l’échec, mais en même temps, inventer une histoire alors même qu’ils ont de plus en plus de peine à se concentrer n’a probablement rien non plus pour les encourager à rester éveillé. Pouvant dérouler le fil de l’histoire aisément, ils parlent également constamment, se passant le relai afin de s’assurer que l’autre garde les yeux bien ouvert.

Il y a par ailleurs quelque chose de particulier et d’agréable dans le fait d’entendre l’autre raconter leur histoire sous son propre prisme… Dans la voix d’Orpheus, Eurydice distingue la tristesse qu’il ressent à l’idée de n’avoir su entendre ses cris de détresse, à l’époque… Eurydice ne le lui reproche pas… Elle n’en retire ni regrets, ni amertume, comme Orpheus ne lui a jamais reproché d’avoir cédé à la facilité en se rendant à Hadestown. Ces choix, ces erreurs, font également partie de leur histoire. Ils les acceptent aujourd’hui comme tels. Ils ont ainsi été façonnés… et ils ne se sont aimés que davantage.

« Je ne t’entendais pas… », soupire Eurydice avec un filet de tristesse évident dans la voix. Elle pousse un soupir. « Je n’aime pas cette partie de l’histoire », constate-t-elle, découvrant que ce jeu, même s’il leur permettait de rester éveillés, était en train de devenir un peu trop réel pour elle.

Elle ne veut pas évoquer Hadestown, elle a peur de replonger une fois encore dans ces ténèbres glacées… Bien sûr, ils ont le droit de tricher. Bien sûr, ils pourraient s’inventer une fin heureuse. Mais ce ne serait pas la bonne histoire, alors. Ce ne serait pas réellement eux. Eurydice sait qu’en mettant fin à leur jeu de contes, elle prend un risque. Le silence est dangereux quand la fatigue vous submerge. Elle pourrait cligner vaguement des paupières juste une fraction de seconde, et s’endormir presque aussitôt.

« Pourquoi nous ? » demande-t-elle finalement, réalisant que la fatigue la rend à présent morose, ce qui n’est probablement pas une bonne chose non plus (quoique les névroses existentielles sont plus que susceptibles de vous maintenir éveillé). « Pourquoi le sort s’acharne ? On a tout pour être heureux, alors pourquoi ? »

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feat. Orpheus

Eurydice baisse les yeux. Oui, cette partie de l’histoire en fait partie, elle fait partie d’eux, et ce n’est pas comme s’ils pouvaient l’ignorer, d’autant plus qu’après tout, leur histoire a finalement une fin heureuse, alors peut-être peuvent-ils se permettre malgré tout de goûter à leur bonheur quoi qu’il en soit, pas vrai ? Oui, mais il est des plaies que l’on n’a pas envie de rouvrir malgré tout, et que l’on voudrait voir se cicatriser si possible. Elle doit accepter cette partie de l’histoire, mais elle a bien du mal à ne pas se laisser gagner par l’émotion, d’autant plus qu’il lui est de plus en plus difficile de ne pas se laisser gagner par la fatigue. L’épuisement ajoute beaucoup à ses réactions : Eurydice a les nerfs à vif, et il lui est plus que difficile de faire abstraction de ça. Chacune de ses émotions est comme décuplée, et elle a toutes les difficultés du monde à le supporter.

Elle a besoin d’entendre ce que lui promets Orpheus. Leur amour les a toujours préservés, il n’y a pas de raisons pour que ce ne soit plus le cas, n’est-ce pas ? Elle est heureuse avec lui, elle est heureuse comme elle serait incapable de l’être autrement, c’est un fait. Alors oui, il a raison, elle ne doit surtout pas perdre espoir, sous aucun prétexte. Oh, comme elle voudrait que ça soit aussi simple que ça en a l’air. Ne pas succomber à la mélancolie et à la morosité, d’accord, mais Eurydice a définitivement beaucoup de mal à rire à gorge déployée ou à exploser de bonheur dans des circonstances à ce point déplaisantes. Elle sait qu’elle doit tenir, certes… Et elle tiendra pour lui, mais c’est vraiment, vraiment difficile pour elle.

Le jour se lèvera bientôt, c’est bientôt terminé. C’est ce qu’il lui promet, mais Eurydice ne sait pas vraiment si elle peut se permettre de le croire malgré tout. Parce que la vérité, c’est qu’ils n’ont aucune notion du temps. Eurydice serait bien incapable de dire s’ils sont là depuis plusieurs heures ou depuis seulement quelques minutes. Le temps paraît distendu… et puis, elle n’oublie pas le fait qu’on ne les laissera peut-être pas sortir malgré tout, en dépit de tout ce qu’on a bien pu leur promettre. Ils ne peuvent pas être certains qu’on les laissera sortir. Leur avenir est au-delà d’incertain à l’heure actuelle.

« Et si le jour se levait et que rien ne changeait ? » Eurydice se ressaisit à peine a-t-elle prononcé ces mots. « Désolée… Je crois que je suis au bout de ce que je suis capable d’endurer. »

Fermer les yeux, même une fraction de seconde, lui serait fatal. Oh, comme les bras de Morphée ont l’air accueillants et confortables.