Cela fait un bon moment que la police n’a pas fait appel à mes services, mais ce matin, alors que je me rendais au trois balais, j’ai reçu un appel du commissariat pour me demander de venir. Je sais que mes méthodes ne sont pas toujours appréciées par les gens avec qui je travaille, mais franchement je ne comprends pas pourquoi ? Elles sont plutôt efficaces non, vous ne trouvez pas ? Enfin, bref. Toujours est-il que je me suis rendu au commissariat de Raccoon Square dès que j’ai eu une pause. On m’a vite mis au courant des détails d’une enquête. La police cherche à appréhender un voleur qui sévit dans le quartier des riches, Baker Street Avenue et qui à déjà commis plusieurs cambriolages, dans des maisons mais aussi dans les magasins. La police a déjà envoyé quelques hommes qui ne devraient plus tarder à arriver sur place, mais visiblement cela ne semble pas suffisant. Ils m’ont alors envoyé sur place également, pour aller les aider. Arrivée sur place, je repère rapidement l’homme qui est recherché par les forces de l’ordre, mais pas encore le moindre signe de la présence des policiers envoyé sur l’affaire. Vous savez, ma patience à ses limites et au bout de quelques minutes, je décide d’agir. Je commence alors à suivre l’homme, mais au moment où j’allais lui sauter dessus pour l’arrêter, je remarque un homme en uniforme, un policier pour être plus exact arriver dans le sens opposé et ce qui devait arriver arriva: nos chemins finisse par se croiser et sans le faire exprès, je le bouscule. Je me relève, alors que le suspect est sur le point de s’enfuir. Oh bah ça alors ! Je n’en reviens pas !
« Quoi de neuf, Dan ? Je crois que ton suspect est en train de s’enfuir. Tu sais, si jamais tu as besoin d’un coup de main… je suis là ! »
Naturellement, quand Dan avait entendu « chasseuse de primes », il avait pensé à Maze. Il associerait probablement toujours cette occupation à la démone. Mais le policier ne se faisait pas d’illusion : sur cette île maudite, on jouait avec le destin de tout le monde. Et puis, Maze était encore vivante et était heureuse avec l’élue de son cœur ; Dan ne lui aurait pas souhaité de se retrouver ici, pour être honnête. Si quelqu’un avait bien mérité de faire ce qu’elle voulait avec son âme toute neuve, c’était Mazikeen Smith.
C’est donc avec l’esprit détourné de son amie que Dan se prépara à appréhender le voleur ; un témoin avait vu quelqu’un qui correspondait à sa description dans la rue même où il avait commis ses cambriolages. Il fallait avoir un certain culot ! Il se rendit sur place avec son équipe mais avant d’avoir pu faire état de la situation, se fit bousculer avec la force d’un tank. Le choc le fit perdre l’équilibre et atterrir brutalement sur son arrière-train, mais ce ne fut rien face au choc d’un autre genre.
Quand on parle du loup…
- Maze ! s’exclama Dan avec ravissement.
La stupeur laissa vite place à un immense sourire sur ses lèvres. C’était bien elle, en chair et en os – ou plutôt en couteaux et en cuir. Elle s’était même parée de ses anciens vêtements de chasseuse de prime, et le policier sentit un élan d’affection impossible à ignorer lui monter dans la poitrine. Faites confiance à Mazikeen Smith pour prendre n’importe quelle situation comme elle venait.
Il se releva d’un bond et la prit dans ses bras sans attendre. Que ça faisait du bien de pouvoir la toucher !
A en croire l’expression sur son visage, Dan est content de me voir. On dirait que ça fait une éternité qu’il ne m’a pas vu et pourtant, ce sont juste quelques petites années! Du moins, dans mes souvenirs, il était encore dans notre belle de Los Angeles, avant que je ne sois amené sur cette île par cette mystérieuse lune rouge. Bien que sa réaction me pris par surprise, je dois bien admettre que cela fait toujours plaisir de croiser des gens qui ont partagé notre quotidien, dans notre monde. Je crois bien qu’il est la deuxième personne que je retrouve ici, après Lucifer. Toujours pas de nouvelle de Chloé, Linda ou Eve et des autres, en revanche. Je me demande s’ils sont aussi ici ? Ce serait bien dommage que nous soyons les seuls ! J’en profite pour regarder autour de moi également et je ne vois tellement d’autre homme en uniforme de policier. Est-ce qu’il a été envoyé seul sur cette affaire ? Ce serait vraiment une très mauvaise idée! On ne laisse jamais un policier sur une affaire tout seul voyons !
« Pourquoi est-ce que j’ai soudainement l'impression que ça fait une éternité que tu ne m’as pas vu ? Je suis contente de te voir aussi! Ne me dit pas que tu es tout seul ? »
Alors que le suspect tente de s’enfuir, je me dois d’employer les grands moyens. Ne cherchant pas plus loin, j’utilise ma force pour retenir le suspect en le tirant violemment par le bras. Je profite également pour atteindre les menottes rester accroché à la ceinture de Dan pour boucler le suspect.
Quelque chose semblait légèrement… étrange dans l’attitude de Maze. Dan avait beau être extatique de la revoir, il avait l’impression que quelque chose manquait. Comme une distance qu’il ne pouvait quantifier ni expliquer, qui rendait leurs échanges un peu moins spontanés. Peut-être était-ce la façon dont le corps de Maze s’était légèrement raidi sous la surprise lorsqu’il l’avait enlacée. Peut-être était-ce la désinvolture de la brune plus prononcée que dans ses souvenirs. Peut-être était-ce simplement lui. Il avait bien changé, après tout. Trois ans de d’amertume et de questionnements ne lui avait pas facilité la vie. Dan décida de mettre cette sensation de côté pour accorder toute son attention à sa démone préférée.
- Disons que ça fait plaisir de vraiment te revoir, répondit Dan avec un sourire.
Pouvoir être vu et entendu par les anges et démons avait empêché Dan de devenir fou, mais pouvoir être tangible de nouveau… Cela n’avait pas de prix. Revoir Maze dans ces conditions était un véritable cadeau, et travailler avec elle était quelque chose que Dan avait été persuadé de ne jamais pouvoir refaire. Les perspectives d’avenir, que ce soit en tant que fantôme ou en tant que résident de l’au-delà, étaient assez limitées, après tout.
Ce ne fut qu’à cet instant que Dan se mit à réellement apprécier sa seconde chance. Il n’était pas allé au Paradis ; et alors ? Si le Paradis ne pouvait pas accueillir Maze, il n’était plus si idyllique. Être en face de sa meilleure amie était inestimable. L’esprit soudain bien plus apaisé, le policier enchaîna ensuite :
- J’étais censé être suffisant pour une petite frappe ! Et puis… ajouta-t-il avec un clin d’œil, on m’avait assuré qu’une experte était sur le coup.
La « petite frappe » en question, à présent menottée par Maze, se mit à grommeler de protestation puis à se vanter de ses nombreux cambriolages accompli sous le nez des forces de police. Ça faisait un moment que Dan n’était pas tombé sur un crétin pareil. Par professionnalisme, mais aussi par satisfaction de voir que leur suspect s’était enfoncé tout seul comme un grand, Dan lui débita les droits Miranda :
- Vous avez le droit de garder le silence. Si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous direz pourra être et sera utilisé contre vous devant une cour de justice. Vous avez le droit à un avocat et d’avoir un avocat présent lors de l’interrogatoire. Si vous n’en avez pas les moyens, un avocat vous sera fourni gratuitement. Durant chaque interrogatoire, vous pourrez décider à n’importe quel moment d’exercer ces droits, de ne répondre à aucune question ou de ne faire aucune déposition.
Les paroles étaient automatiques, le discours tellement ancré dans sa mémoire qu'il aurait pu le réciter dans son sommeil. C'était quelque chose de presque réconfortant, une manière d'affimer son identité, qu'il utilisait parfois presque religieusement comme un croyant aurait pu réciter « Notre Père ».
Dan est content de me revoir, mais moi aussi. Le plaisir est partagé. Son enlacement l’a pris par surprise, je dois bien l’avouer. Je ne m’y attendais pas. Mais ce dernier à l’air d’être vraiment content de me revoir, comme si cela faisait une éternité qu’il ne l’avait pas pu vu ou même pris quelqu’un dans ses bras. Alors certes, les trois ans passés sans voir quelqu’un de son monde peuvent être assez long et solitaire, mais tout de même… Il s’en est d'ailleurs passé des choses, en trois ans. Rapidement, je me suis adapté à cette nouvelle vie ici, voulant oublier une certaine Eve, qui m’a fait plus de mal que de bien le jour où elle m’a annoncé vouloir partir, seule, pour se trouver, pour trouver sa place. Je me suis trouvé un boulot, comme barmaid, mais également comme consultant pour la police, ce qui explique ma présence sur les lieux aujourd’hui, malgré le fait que mes méthodes ne fassent pas l'unanimité auprès de tout le monde ! Assez rapidement, je remarque que Dan est le seul policier à avoir été envoyé, seul, sur les lieux. Si vous me demandez mon avis, moi je trouve ça très étrange qu'il ne soit pas au moins accompagné par un collègue, mais bon ! Mon sourire s'agrandit lorsqu’il me parle du fait qu’une experte se trouve déjà sur les lieux. Je sais que c’est de moi dont on parle, évidemment. Qui voulez-vous que ça soit d’autre, franchement ?
« Une experte, hein ? Evidemment, je suis une experte ! »
Le suspect maintenant menotté, ce dernier gigote dans tous les sens. S’il croit pouvoir échapper à la police, c’est qu’il me connaît très mal ! A mon arrivée dans ce monde, j’ai été démuni de mes pouvoirs, mais peu à peu, ces derniers reviennent. Lentement, mais ils reviennent et pour mon grand plaisir. Faire usage de ma force supérieure est parfois très très utile, comme en ce moment-même, pour empêcher le suspect de nous filer entre les doigts, quoi qu’il n’irait pas bien loin non plus ! La façon dont Dan lui récita ses droits ne cesse de m’impressionner, tellement j’ai l’impression qu’il est en train de les réciter sur le bout des doigts, comme il le ferait avec … eh bien avec quelque chose qu’il connaît très bien. Un poème, sans doute ? J’accompagne ensuite Dan jusqu’à son véhicule, pour continuer notre conversation, comme si de rien n’était.
« Tu es ici depuis longtemps ? Comment ça ce fait que je ne t’ai jamais croisé avant au commissariat ? Tu as revu Chloe ? Linda ? Ellen ? … »
Bon je ne vais pas tous les énumérer quand même, non ? Bien sûr, je parle bien de notre chère petite Ella, lorsque je parle d’Ellen. Juste une habitude de l’appeler autrement que par son prénom, mais cela ne m’empêche pas de l’adorer, comme j’adore les autres.
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