the princess of Corona and the king of Narnia

feat. @Peter Pevensie

Le soleil montre à peine le bout de son nez dehors. Pourtant, la blonde est déjà réveillée et active depuis un moment déjà. Les habitudes de son ancienne vie ne l’ont jamais quittées. Elle se lève tôt, et commence par un brin de ménage avant de se lancer dans toutes les autres tâches matinales dont elle n’arrive pas à se défaire. Pourtant, ici, ce ne sont pas les seules occupations auxquelles elle peut aspirer. Elle peut sortir et faire une multitude de choses dehors. Mais elle s’en tient à ce qu’elle a l’habitude de faire, peut-être parce que cette routine à un côté réconfortant. Elle n’est plus dans le même monde et tout a changé autour d’elle, sauf ça, sauf ce petit rituel du matin qui semble encore la raccrocher à tout ce qu’elle était. Elle est heureuse ici. Pourtant elle se raccroche encore à cette ancienne vie qui n’était pas si rose, dans laquelle elle était captive d’une femme qu’elle pensait être sa mère. Cette vie dans laquelle elle avait pensé avoir trouvé quelque chose de précieux avant de réaliser qu’elle s’était fourvoyée.

Habituellement, nettoyer sa petite maison de fond en combles lui vide l’esprit. Elle chante et elle ne pense plus à rien. Ce matin, elle ne chante pas cependant. Elle pense à toutes ces choses qu’elle avait et qu’elle a perdues. Et à toutes ces choses qu’elle a ici mais qu’elle ne possédait pas là-bas. Elle aime sa nouvelle vie en réalité. Mais elle ne peut pas s’empêcher de se sentir nostalgique. Et c’est ainsi, perdu dans ses pensées et trop peu attentive, en nettoyant le haut d’un meuble, que la maladresse la frappe. Perchée sur sa chaise, elle se met sur la pointe de pieds pour atteindre le sommet du meuble qui a besoin d’un coup de chiffon. L’objet sur lequel elle est installée commence à tanguer et la seconde d’après, la blonde chute. Mauvaise réception du poignet, elle entend un craquement avant de sentir la douleur la traverser comme une décharge électrique. Elle n’est pas douillette et pourtant, elle a mal.

La première solution de mettre de la place sur son poignet ne règle pas le problème. Son membre devient de plus en plus rouge et semble même enfler. Raiponce n’est pas une grande fan des centres médicaux, mais l’hôpital ne se trouve pas si loin et, de toute façon, avec le poignet dans cet état, elle n’est plus capable de faire grand-chose. Elle se résigne donc à se présenter aux urgences peu de temps après la chute. On lui donne un formulaire, qu’elle remplit tant bien que mal d’une main avec laquelle elle sait à peine écrire. Quelle drôle de fatalité que de se blesser au poignet gauche lorsque l’on est gauchère. Elle voit bien au visage de la secrétaire de l’accueil, lorsqu’elle tente de déchiffrer son charabia, qu’elle ne s’en sort pas très bien de sa main droite. Elle lui adresse un petit sourire désolé et va s’installer dans la salle d’attente. Tout autour d’elle, elle peut constater des cas bien plus importants que sa simple blessure au poignet. Elle qui a d’habitude bien du mal à rester en place prend donc son mal en patience le temps que toutes ces priorités soient prises en charge.

Perdue une nouvelle fois dans ses pensées, elle est presque surprise lorsque l’on vient finalement s’approcher d’elle en la saluant. « Bonjour ! » Elle rend à ce médecin le sourire poli qu’il lui adresse. Sauf que le sourire de Raiponce n’est pas seulement poli, il est plein de reconnaissance. « Oui… » Il devait l’avoir lu dans ce dossier pourtant illisible qu’elle avait rempli de sa main non directrice. « C’est un accident bête, vraiment. J’étais sur une chaise pour atteindre un meuble en hauteur et je suis tombée. » Elle tente de faire des gestes tout en s’exprimant pour illustrer son récit, mais la douleur au poignet lui fait parfois arrêter ses gestes en cours de route. « Je me suis réceptionnée sur mon poignet mais… » Elle désigna le poignet désormais encore plus rouge et enflé que précédemment avec un petit sourire maladroit. Il n’avait sans doute pas besoin de tous ces détails d’ailleurs. Raiponce avait tendance à trop parler lorsqu’elle stressait et c’était le cas aujourd’hui.

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feat. @Peter Pevensie

Apprendre qu’elle n’est pas la seule à se blesser d’une façon qu’elle juge assez bête est quelque peu rassurant. Raiponce se sait maladroite mais cela lui permet au moins de se dire qu’elle ne doit pas tout mettre sur ce fait. Son manque de confiance en elle la rattrape souvent et elle doit accepter le fait que parfois, non, cela n’est pas de sa faute si les choses tournent ainsi. C’est encore le cas aujourd’hui. Les mots du médecin l’aident à réaliser qu’elle ne doit pas se blâmer pour si peu. Cela reste néanmoins plus aisé à dire qu’à faire, surtout pour une personne que l’on a enfermée et rabaissée pendant des années. « Difficilement. » Marmonne-t-elle avec une grimace. Pour illustrer sa réponse à la question du médecin, elle tente de bouger un peu le poignet. De simples gestes s’arrêtent cependant en chemin alors que la douleur se réveille dès lors qu’elle tente ne serait-ce que de le pivoter. Elle n’a pas de compétences médicales mais pourtant autant, elle est assez d’accord avec lui lorsqu’il dit que cela ne doit probablement pas être cassé. Tout simplement car elle imagine sans mal qu’elle souffrirait beaucoup plus si c’était le cas.

Une chose est sûre, il faut laisser faire les professionnels. Elle le laisse donc examiner son poignet et le palper malgré la douleur que cela fait remonter par endroits. Elle l’observe, curieuse, sans comprendre comment il peut se faire une idée de l’étendue des dégâts de cette façon. La médecine est bien une science que l’on ne s’improvise pas. Pas vraiment douée pour cacher ses émotions, le médecin semble remarquer aisément le stresse de la jeune femme. Et elle apprécie sa sollicitude lorsqu’il essaye de la rassurer et de lui changer les idées. « Oui, je ne m’étais jamais vraiment blessée depuis que je suis ici, à part quelques petits bleus insignifiants. » Elle aurait pu ajouter que, de là où elle venait, ses cheveux étaient magiques et, en plus de s’illuminer quand elle chante, pouvaient soigner les blessures. Elle n’excluait pas le risque qu’il se demande si elle avait pris un coup sur la tête si elle disait tout ça. Même si tout semblait possible, dans ce monde étrange. « Pourtant, je suis très maladroite, je suis étonnée que ça ne me soit pas arrivée plus tôt. » Elle tente de s’amuser de la situation, mais c’est peine perdue.

Elle passe l’épreuve du scanner avec plus de facilité qu’elle ne l’aurait cru en voyant d’abord la complexité de la machine. C’était finalement assez simple, bien se positionner et ne plus bouger jusqu’à ce que ça soit terminé…Peut-être qu’elle aurait moins stressé si elle avait su. Ne reste à présent plus que l’angoisse des résultats. Elle veut récupérer le plus rapidement possible pour ne pas avoir à arrêter la peinture trop longtemps. Quelques minutes d’attente pour savoir…Ça parait long. « Je veux bien un verre d’eau, merci beaucoup ! » S’hydrater un peu ne pourrait lui faire que du bien. Elle bu d’ailleurs doucement quelques gorgées après que le médecin lui ait tendu son verre. « C’est gentil à vous de me faire parler pour que je ne stresse pas trop. » Glisse-t-elle. « Vous faites parler tous vos patients pour les mettre à l’aise ? » Demande-t-elle avec un éclat de malice dans le regard. « Vous ne voulez pas parler un peu de vous, pour changer ? » Et elle aussi, cela lui garderait l’esprit occupé en attendant les résultats du scanner.

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feat. @Peter Pevensie

« C’est très aimable de votre part. Je suis sûre que tous vos collègues n’ont pas cette sollicitude. » Comme dans toutes les professions, on trouvait des personnes plus ou moins empathiques. Se blesser au poignet n’avait rien d’agréable, mais au moins ce médecin rendait la chose un peu plus sympathique…Autant que cela était possible tout du moins. Mieux valait échanger que de simplement attendre les résultats dans un silence gênant. Et l’échange, justement, supposait que la conversation n'aille pas que dans un seul sens. Raiponce aussi avec cette empathie dont ce médecin semblait ne pas manquer. C’est pour cela qu’elle préférait qu’il s’ouvre lui aussi. Cela ne devait pas être facile d’écouter chaque jour ses patients lui parler d’eux sans qu’aucun ne s’intéresse jamais à lui. Enfin, c’était une supposition.

Elle termine son verre d’eau alors qu’il se prête au jeu et commence à lui parler de lui. Un petit sourire nait bien malgré elle sur le coin de ses lèvres alors que le récit commence doucement à prendre forme. A l’aise jusqu’alors, il commence à montrer quelques signes de nervosité et détourne son regard. Est-ce que c’est parce qu’il est difficile de parler de son passé, ou simplement parce que les circonstances rendent cela difficile ? Raiponce aussi avait du mal à parler d’elle en arrivant ici. Ce n’est même que récemment qu’elle a appris à s’ouvrir plus facilement. Elle aussi, elle avait peur qu’on la prenne pour une folle. Alors que finalement, ici, tout est possible. Elle pose son gobelet vide sur un meuble proche de là où ils sont installés et souffle, après quelques secondes d’hésitation. « J’ai des cheveux magiques qui s’illuminent quand je chante. » Il n’y avait eu qu’une seule personne à qui elle avait avoué ce secret de façon aussi franche…Eugène. Si après ça Peter pense toujours qu’elle peut le prendre pour un fou… « Enfin, j’avais. Ici je n’ai plus aucun pouvoir. Mes cheveux pouvaient soigner les blessures… » Rectifie-t-elle. « Vous pensez toujours que je vais vous prendre pour un fou ? »

De sa main valide, elle replace une mèche de cheveux blonde derrière son oreille. « J’ai vécu toute mon enfance enfermée dans une tour parce que la personne qui m’a élevée et que je pensais être ma mère voulait garder ce pouvoir pour elle. Il s’avère en réalité que cette femme m’a kidnappée à mes parents biologiques lorsque j’étais un bébé. » C’est étrange de raconter tout ça à voix haute. Elle n’avait jamais vraiment raconté son passé auparavant. Ceux qui savaient l’avaient deviné des quelques brides qu’elle avait partagé. « Et si je vous expliquais que mes parents biologiques étaient le roi et la reine du royaume dans lequel je vivais, alors c’est probablement vous qui me prendriez pour une folle. » Elle tente ainsi de tourner en dérision la fin de cette histoire bien trop déprimante pour cet endroit. Malgré tout, elle garde le sourire. Sa vie ne semblait pas idéale, mais elle n’était pas si malheureuse. « Avec un passé comme celui-là je pense que je peux tout entendre, même une histoire qu’on raconte aux enfants. » Ainsi se conclut sa tirade, pour inciter Peter à continuer la sienne.